Montreuil (Seine-Saint-Denis) : Attaque d’un architecte de la domination

Indymedia Nantes / vendredi 11 mars 2016

Dans la nuit du 8 au 9 mars 2016, à l’aide de bennes à ordure et de produits inflammables, nous avons foutu le feu à la devanture du cabinet d’architectes Archi 5 rue Voltaire dans le centre de la ville de Montreuil-sous-Bois. Archi 5 se vante sur son site d’avoir réalisé, ou d’être en train de réaliser, à côté de constructions anodines, la liste des projets macabres suivants :
Centres pénitentiaires de Bourg en Bresse, de Draguignan, de Mont de Marsan, de Rennes, les taules de Condé-sur-Sarthe et de Vendin le Veil, le Pôle de la Police judiciaire de Cergy-Pontoise, le commissariat de Clichy-sous-Bois, le Tribunal de Grande Instance de Chartres, le centre de détention de la Polynésie française à Tahiti.

Nous dédions cette action à toutes les personnes qui se battent pour la liberté et contre toute autorité, en particulier aux compagnons anarchistes Monica Caballero et Francisco Solar entre les griffes de l’Etat espagnol et qui bien qu’encourant de très lourdes peines de prison, ne renient pas un mot de ce qu’ils pensent ni de ce qu’ils sont.

Feu aux prisons.

Brochure : Une nuit de décembre à Brescia. Acte de révolte, bien privé ?

 

Brèves du désordre

Introduction

En guise de premier des «  textes théoriques » à venir pour « contribuer à approfondir la réflexion », le site Attaque a choisi de livrer à ses lecteurs le 9 mars 2016 la traduction française d’un texte italien nommé « Propriété de la révolte ou spécialistes de la parole ? ». Un texte qui entend relancer la question de la revendication des actions directes, en partant de la critique d’un article paru pour défendre l’attaque (alors) anonyme d’une caserne à Brescia en décembre dernier, revendiquée 15 jours plus tard par la Cellule Anarchiste Acca.

Au premier abord, il peut sembler curieux qu’un site de brèves qui reprend abondamment des articles de journaux ait choisi de traduire et de mettre en avant un long texte dont la thèse principale est au contraire d’affirmer que les actions ne parlent pas d’elles mêmes. Mieux encore, c’est un texte qui affirme que, mêmes anonymes, elles appartiennent toujours à leurs auteurs et pas à tous ceux qui s’y reconnaissent. Parce que peut-être un jour, dans un futur plus ou moins lointain, ces auteurs viendront certifier leur paternité à travers un communiqué pour leur donner enfin leur seul et véritable sens !
Cette façon de penser s’oppose de fait à la pratique de nombreux journaux et sites anarchistes qui diffusent, commentent ou recensent des actions directes anonymes qu’ils se font fort d’interpréter à leur sauce (rien que par leur sélection, les titres qu’ils leur donnent ou la rubrique dans laquelle ils les classent), malgré le fait qu’ils ignorent –comme tout un chacun– absolument tout de leurs auteurs. Des actions directes qui semblent en tout cas suffisamment parler d’elles-mêmes pour que, même déformées par les porte-parole du pouvoir, elles puissent avoir l’honneur d’alimenter le flux permanent d’un site comme Attaque.
Alors, peut-on librement défendre une action directe anonyme en lui donnant le sens qui nous parle afin de la porter plus loin encore, ou ne s’agit-il que d’une méthode d’agitation dangereusement porteuse d’« élucubrations » et de « contes de fées romantiques », qui nous pousse à «  fantasmer sur des accidents ou des faits douteux » ? Rien que ça ! Attaque 2014-2015, ou Attaque 2016 ?

Et là où la question devient définitivement problématique dans le choix serpentueux de nos chroniqueurs de la guerre sociale, c’est quand ils prétendent en outre ouvrir un « débat » avec leur traduction de la sommation du garant des droits d’auteurs de la Cellule Acca. Car ils se sont bien gardés d’y adjoindre celle de l’article initial contesté (Sotto pressione), mais aussi et surtout la réponse des intéressés au texte qu’ils viennent de faire leur, bien qu’elle soit sortie le même jour (3 mars) au même endroit que là où ils ont déniché leur nouvelle illumination « théorique ». Une illumination entachée d’accusations mensongères, qui en fait ni plus ni moins un texte essentiellement calomnieux.

Ce petit recueil de l’ensemble des textes en question, traduits de l’italien, n’a pas pour objectif de combler les oublis volontaires d’Attaque, mais de permettre à chacun de se faire sa propre idée sur la question. Et d’en tirer les conséquences.


Sommaire

- Le « débat théorique » façon Attaque
- Brescia (Italie) : 200 flics réveillés de bon matin et de mauvaise humeur
(19 décembre 2015)
- Sous pression
(18 décembre 2015)
- Communiqués de la Cellule Anarchiste Acca (CAA)
(4 janvier 2016)
- Acte de révolte, bien privé ?
(8 janvier 2016)
- Propriété de la révolte ou spécialistes de la parole ?
(1er mars 2016)
- Spécialistes de la parole ou garants du copyright ?
(3 mars 2016)

Faits douteux :
- Feux sacrés (août 2015)

Buenos Aires (Argentine) : sabotages solidaires de distributeurs de billets avec Mónica et Francisco

brèves du Désorde

Lundi 7 mars entre 2h et 4 du matin, à la veille du jugement que prétend enterrer vivants (le procureur demande 44 ans de prison) les compagnons anarchistes Monica Caballero y Francisco Solar, en préventive depuis plus de 2 ans, nous avons mis hors-service plusieurs distributeurs de billets de la banque Santander (d’origine espagnole) à coups de marteaux, de peinture et de gros pétards dans les agences :
calle 13-32 La Plata
Boedo 805
Moreno 2300 Capital.

Nous avons laissé des tracts sur place mentionnant les compagnons.
Par ce geste, nous nous solidarisons avec ceux qui affrontent le pouvoir et son monde.
Liberté pour Monica et Francisco !

Cariño y aliento… Vive le sabotage

[Traduit de l’espagnol de contrainfo, 10 marzo 2016]

Radiocane – Espagne: sur le procès à Monica et Francisco

Entre le 8 et le 10 mars 2016 se tiendra à Madrid le procès  à l’encontre de Monica Caballero et Francisco  Solar depuis bientôt deux ans et demie en prison préventive, avec l’accusation de destruction, conspiration et appartenance à un groupe avec finalité de terrorisme. Leur cas est,  par de nombreux  éléments, très important. ce qui a fonctionné en Espagne  précurseur pour les multiples opération contre les anarchistes espagnols( à partir de l’affaire judiciaire   Pandora) d’un autre côté met en évidence une tentative  d’une approche internationale du théorème antiterroriste( dans le cas spécifique les arrangements entre les autorités espagnoles  et celles du chili)Pour ces événements nous nous sommes faits raconter par une compagne de Barcelone.

écouter l’émission ici

traduction d‘informa azione

 

 

« Loi Travail » : affrontements avec les flics, attaque du PS, de banques et de caméras, c’est parti !

dauphiné libéré 09/03/2016 à 13:13  

À Valence, des centaines de lycéens de Camille-Vernet ont organisé un blocus ce mercredi matin devant leur établissement pour dénoncer le projet de loi Travail….

Brèves du Désordre

 

Manifestation-loi Travail : incidents en cours place Bellecour

Lyon Capitale, 09/03/2016 à 16:00

Alors que la manifestation contre la loi El Khomry se passait dans le calme, des altercations avec les forces de l’ordre ont eu lieu à la Guillotière et sur la place Bellecour où des affrontements sont toujours en cours.

Manifestation utilisation gaz lacrymogènes

Au moins 7000 personnes étaient venues manifester ce jeudi à Lyon. Tout s’était passé dans le calme jusqu’à l’arrivée du cortège à Jean Macé qui devait être le lieu de dispersion du cortège. Environ 1000 personnes ont pourtant continué leur chemin en remontant l’avenue Jean Jaures vers la Guillotière. Près de la fédération PS du Rhône, des altercations ont eu lieu entre manifestants et force de l’ordre vers 15h30.

Ces derniers se sont échangés jets de projectiles et de gaz lacrymogène. Alors que la situation s’était un peu calmée, le cortège a poursuivi sa route pour retourner place Bellecour.

Sur la grande place de Lyon, la police a de nouveau utilisé des gaz lacrymogènes. La place est actuellement bouclée. De nouveaux affrontements sont en cours. Les policiers ont chargé. Un hélicoptère est sur zone. Le gaz s’est répandu sur toute la place et gène particulièrement les personnes qui s’y trouvent.


Mobilisation Loi Travail : légers débordements lors du rassemblement lycéen à Paris

France Info mercredi 9 mars 2016 12:36

Le rassemblement lycéen à l’appel de l’UNL et de la FIDL, prévu à 11 heures place de la Nation à Paris, s’est transformé en manifestation spontanée. Certains des participants ont pris de court les CRS déployés en masse sur la place, et ont pris le chemin de la place de la République où un grand rassemblement est prévu à partir de 14 heures à l’appel des syndicats.

Comme l’a constaté l’envoyée spéciale de France Info Alice Serrano sur place, les manifestants ont bloqué la circulation sur les bords de Seine. Des actes de violence ont été commis en marge de ce cortège improvisé, des jeunes cagoulés et vêtus de noir ont jetté des oeufs sur des agences bancaires, plusieurs distributeurs automatiques de billets ont été cassés à coup de matraque, une caméra de vidéo-surveillance a également été détruite. Des devantures de boutiques ont été taggées.

Parmi les manifestants se trouvent des membres de groupes de gauche radicale dont les slogans dépassent le mot d’ordre de la mobilisation initiale, demandant le retrait du projet de loi El Khomri. Des slogans hostiles à la prolongation de l’état d’urgence et plus généralement au gouvernement accusé de « ne plus être de gauche » ont également été entendus.


Niort (Deux-Sèvres) : le PS et la BAC

Dans les Deux-Sèvres, le siège de la fédération socialiste a également été prise pour cible à Niort, dans la nuit de mardi à mercredi. La devanture a été taguée. La fédération du PS a décidé de porter plainte.
(France Info mercredi 9 mars 2016 12:50)

Ce mercredi à 13 h 10 juste devant les halles de Niort, un jeune homme a été interpellé par les policiers de la brigade anti-criminalité : il est suspecté d’avoir dégradé trois véhicules de police en passant devant la préfecture, deux pneus crevés sur l’un et des tags sur les deux autres.

Un cortège s’est formé en direction de l’hôtel de ville puis du siège du Medef, rue du Petit-Banc. Les portes du site étaient fermées mais des manifestants ont escaladé les grilles pour forcer leur ouverture. Le flot des manifestants s’est répandue dans la cour aux cris de  » Ce n’est pas le Medef qui fait la loi « , un cordon de policiers empêchant une intrusion à l’intérieur des locaux.
(La Nouvelle République, 09/03/2016 13:25)


Rouen : le PS

En marge de cette mobilisation, à Rouen des manifestants s’en sont pris aux locaux du Parti socialiste de Seine-Maritime. La façade a été dégradée, de la peinture noire et des tags recouvrent l’entrée principale.


(France Info, mercredi 9 mars 2016 12:50)

Sous la menace – Notes sur quelques évolutions répressives sur le terrain de la guerre sociale

« Face à l’évolution de la domination, les auteurs de gauche s’indignent. Une dérive totalitaire. L’élimination de la sphère privée. La suspension des droits fondamentaux. L’état d’exception. Si à la fin du 19ème siècle, les lois instaurées en France pour réprimer le mouvement anarchiste sont communément connues sous l’appellation « lois scélérates », cela implique bel et bien qu’il y existerait des lois qui ne seraient pas « scélérates ». La plupart des anarchistes de l’époque ont adopté cette dénomination, même si dans leurs cœurs et dans leurs esprits, ils ont toujours cru que, pour le dire avec Albert Libertad, « toutes les lois sont scélérates ». Mais quand l’État serre les vis, il est facile de se réchauffer avec un sentiment de nostalgie pourtant bien déplacé. »

Liste des documents liés à la contribution
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sous_la_menace.p(…).pdf
trouvé dans indymedia bruxsel

[Mémoire]11 mars 1972 – Attaque d’un congrès fasciste à Milan

 trouvé  dans Oreste Scalzone contre la montre

Au printemps 1971, Potere Operaio tient un congrès à Rome. Refusant autant toute forme de réformisme que d’être acculé à la clandestinité, les milliers de partisans de l’organisation appellent à « construire le parti de l’insurrection ».

Il ne s’agit pas de tomber dans le piège évident de « l’insurrection dans un seul pays » mais plutôt de donner un « caractère, une qualité insurrectionnelle, aux luttes ».

« Le passage entre le pouvoir constituant et le pouvoir constitué ayant été la tragédie de toute révolution, peut-être pourrait on essayer une puissance destituante ».

C’est aussi à cette période qu’apparaissent les premières tentatives de lutte armée.
Il y a les GAP de l’éditeur Feltrinelli qui attaquent ou sabotent les chantiers sur lesquels des ouvriers sont morts. Leur première action est signé GAP Brigade Valentino Canossi du nom d’un ouvrier du bâtiment mort dans un accident du travail.

Il y a aussi le Collectif politique métropolitain qui plus tard, débouchera sur la création des Brigades Rouges. Sa composition est très hétérogène : des universitaires, des figures des comités de base de lutte dans les grandes usines, des étudiants travailleurs du soir, des ouvriers, des occupants de quartiers squattés. Un « prisme composite entre un maoïsme plus ou moins imaginaire et la contre culture américaine ». Dans l’année, ils adoptent le nom de Sinistra Operaia (la gauche prolétarienne) et sont en contacts avec les premiers noyaux de la RAF en Allemagne et des Nouvelles Résistances Populaires en France.

Le 3 février 1972, Idalgo Macchiarini, dirigeant de Siemens est enlevé par Sinistra Operaia. Le 8 mars, ce sont les Nouvelles Résistances Populaires, groupe armé affilié à la Gauche Prolétarienne, qui enlèvent Robert Nogrette, cadre de Renault. Le 21 mars, Ejército Revolucionario del Pueblo en Argentine, enlèvent Oberdan Salustro, directeur de l’antenne locale de la Fiat.
Le 14 mars, Feltrinelli meurt dans un accident alors qu’il était en train d’installer un détonateur au pied d’un pilonne émetteur de télévision.

11 mars 1972 – Attaque du congrès du MSI à Milan

sorte de journal imaginaire  d’Oreste Scalzone

Note d’un individu  du laboratoire anarchiste: le passé éclaire le présent,  celui-ci est gros de l’avenir..

 

 

Le Mesnil-Amelot ( seine et Marne) : des prisonniers du CRA incendient leur matelas – MAJ 7 mars

  le Parisien l06 Mars 2016, 13h32

Afficher l'image d'origine  Deux étrangers du centre de rétention du Mesnil-Amelot ont mis le feu ce samedi midi à leur matelas.
L’un d’entre eux est toujours hospitalisé dans un état grave tandis que le second a été placé ce dimanche en garde à vue pour dégradation et mise en danger de la vie d’autrui. Les fumées se sont propagées dans l’un des trois bâtiments du centre de rétention. Près de 80 personnes ont ainsi été évacuées et dispatchées dans les locaux intacts. Gelé dans un premier temps pour prévenir des intoxications liées aux fumées le bâtiment sinistré ne rouvrira pas tant que les investigations policières n’y auront pas été menées. Deux fonctionnaires de police avaient également été hospitalisés brièvement pour intoxication, ils sont ressortis indemnes après quelques examens de contrôle.

lu sur attaque.noblogs.org

et Les incendies continuent

Le Parisien / lundi 7 mars 2016

Plusieurs départs de feux volontaires ont émaillé le week-end dernier au centre de rétention administrative au Mesnil-Amelot, qui accueille des étrangers en situation irrégulière en attente d’expulsion vers leur pays d’origine, sous la responsabilité de la Police aux frontières (PAF). Deux retenus ont mis le feu, samedi midi, à leur matelas.[…]

Puis, dans la nuit de dimanche à ce lundi, trois départs de feux ont éclaté à partir de 21 h 30 au bâtiment n°2. Puis, lorsque les policiers chargés de la surveillance des lieux sont arrivés sur place, au bâtiment n°3. Et à nouveau dans une chambre du bâtiment n°2 à 2 h 40. Déjà, dans la nuit de samedi à dimanche, des départs de feux avaient eu lieu. Contrairement à la veille, cette série n’a pas fait de blessé mais a provoqué quelques légères intoxications.

Selon le syndicat de police Alliance, qui réagit ce lundi matin, « les effectifs ne sont que huit pour assurer la surveillance et la sécurité de 120 personnes. Et aucun agent de sécurité incendie ». Le syndicat réclame « des effectifs supplémentaires et un agent formé à la sécurité incendie, avant qu’un drame se produise ». […]

 

Quatre abandons et une abolition

Anne Archet

1. Je dois abandonner toute forme d’identité.

L’identité est extérieure à l’individu. Elle est la conséquence de son appartenance imposée à une catégorie sociale qui lui est préexistante. Ces catégories sociales sont arbitraires – pourquoi être femme, noire, lesbienne ou prolétaire sont des catégories sociales et pas le fait d’être yeux-verts, ambidextre, albinos ou intolérant au lactose? – et déterminent si les individus qui y sont classés vont subir ou non de l’oppression. S’identifier à une catégorie, c’est faire sienne son oppression ou alors assumer son rôle de bourreau comme étant constitutif de sa personne.

2. Je dois abandonner toute prétention à l’innocence.

Tout appel à l’innocence est non seulement futile, mais dangereux. Faire valoir qu’une personne mérite la liberté, la protection ou la justice parce qu’elle est innocente – parce qu’elle s’est abstenue de tout péché, de tout crime et de toute transgression – implique qu’il y ait des formes d’oppression qu’on mérite et d’autres qu’on ne mérite pas. Or, l’oppression n’a rien à voir avec le mérite individuel et tout à voir avec l’appartenance de l’individu à une catégorie sociale arbitrairement définie. La violence que les dispositifs du pouvoir exercent sur nous est totalement gratuite ; l’exigence de critères de tenue morale pour que cesse l’oppression est un dispositif du pouvoir.

Il faut libérer tous les prisonniers – même ceux qui sont innocents.

3. Je dois abandonner toute ambition de légitimité.

L’appartenance à une catégorie opprimée étant arbitraire, elle ne peut être source de légitimité. Il faut renoncer à l’idée que le la révolution est faite au nom d’une catégorie opprimée qui serait fondamentalement innocente (et donc, juste) que les révolutionnaires auraient la tâche de représenter. Les catégories sociales opprimées n’ont qu’une fonction: justifier l’oppression. Les prendre à rebours et leur attribuer de la valeur ne fait que préparer les oppressions à venir.

4. Je dois abandonner tout devoir de solidarité.

La seule lutte cohérente et honnête est celle que je mène pour mes propres raisons. C’est une lutte basée de façon immanente sur de mes propres désirs. Toute cause supérieure à moi-même finissant toujours par gouverner ma vie, je dois, à l’instar de Max Stirner, «fonder ma cause sur rien».

Si le fait d’appartenir à une catégorie sociale est arbitraire, le fait d’avoir un ennemi commun est tout aussi arbitraire. J’ai peut-être un ennemi commun avec vous ; cela ne signifie pas que notre expérience de d’oppression soit la même; il se peut même que nous soyons radicalement antagonistes dû à notre appartenance simultanée et parallèle à d’autres catégories sociales. Il vaut donc mieux que nous rejetions tout modèle de solidarité fondée sur l’empathie, la sympathie, la charité, ou l’idée que la communauté d’ennemis crée la communauté d’intérêts.

Si nous nous luttons parce que ce sont nos propres vies nous y obligent et que ce sont nos propres désirs qui orientent cette lutte, que reste-t-il de la solidarité outre une coquille vide moralisatrice ? Marchez à mes côtés seulement si le chemin que j’emprunte mène à la destination que vous avez choisie – avec la conviction que nous ne devons mutuellement rien du tout et que la passion qui nous unit est totalement gratuite.

5. Je dois m’abolir moi-même

S’abolir soi-même signifie se dissocier radicalement de son identité et entrer dans un processus de désidentification. Chaque fois que j’accepte d’être réduite à une catégorie sociale, j’accepte de n’être qu’un fantôme, une moins-que-moi – une moins-que-rien. Le moi que je dois abolir, c’est le corps social, celui qui est strié par toutes les appartenances qui m’ont été imposées – ou que l’on a réussi à me faire croire que j’ai choisies – celui qui est mesuré, compté, jaugé et classé : celui qui est corvéable, redevable, responsable et ultimement, coupable. Ce corps est celui qui opprime et qui est opprimé ; les stries qu’il porte sont aussi les marques du fouet du bourreau.

Voilà à quoi se résume mon programme : devenir si lisse que rien n’arrivera à coller à ma peau – pas même mon nom.

Nucléaire la fabrique de l’oublie Épisode 15 Les Sanctuaires De L’abîme

Published February 24, 2016

https://archive.org/details/Episode15LesSanctuairesDeLabime

Lecture par Nadine Ribault d’extraits du livre Les Sanctuaires de l’abîme.
Nadine et Thierry Ribault, Les Sanctuaires de l’abîme, Chronique du désastre à Fukushima, Editions de l’Encyclopédie des nuisances, Paris, 2012.

Au cours de l’hiver 2015, après quelques mois de correspondance, nous rencontrons Nadine et Thierry Ribault, co-auteurs des Sanctuaires de l’abîme, chronique du désastre à Fukushima en 2012. Ils y décrivent la vie en zone contaminée depuis le 11 mars 2011 et analysent la gestion de la catastrophe de la centrale de Fukushima-Daïchi à la lumière d’une critique de la société industrielle.