Valence le 11 juillet 2019 piqûre de rappel

la saint Ravachol le 11 juillet 2019 cet année au laboratoire

on a choisi ce  livre de  42 page pour essayer de discuter et aller plus loin  que  la simple déclaration du journal anti-carcéral l’envolé : « tous les prisonniers sont  politiques »

Du 14 décembre 1911 (vol de la voiture utilisée la semaine suivante pour leur braquage) au 15 mai 1912 (mort d’Octave Garnier et de René Valet dans l’assaut de la police à leur abri)… L’aventure d’une poignée d’anarchistes illégalistes français n’aura duré que cinq mois, jalonnée de braquages, de fusillades, de meurtres, de fuites et d’arrestations. Cinq mois, c’est tout. Mais cela a suffi pour qu’ils entrent dans l’histoire, grâce à l’appellation que leur a donnée un journaliste : « la Bande à Bonnot ».

À l’époque, le parti de l’ordre est bouleversé par les premiers braqueurs utilisant une voiture pour accomplir leurs coups, et les considère tout de suite comme des criminels féroces qu’il faut exterminer. Rien de moins. Et les amoureux du désordre ? Les anarchistes… Qu’ont-ils dit sur ces compagnons sauvages ? Inutile de cacher que la majorité d’entre eux est restée ahurie, et les considéra comme des provocateurs à blâmer. Rien de moins.

Si leurs actions embarrassèrent même certains individualistes, ils provoquèrent encore plus d’indignation chez les anarchistes les plus calmes et les plus raisonnables. En France, le journal porte-parole du mouvement anarchiste le plus réactionnaire, Les Temps nouveaux, écrivit à propos des illégalistes : « Depuis des années, sous le couvert de la plus surprenante impunité, les chefs, les pontifes et les orateurs du “milieu” excitent à la haine du travail, au dédain de l’amour, au mépris de l’amitié, à la ruse, au sarcasme. Ils célèbrent les beautés et les joies de la monnaie fausse, du vol sournois, du cambriolage nocturne. […] Ils ne sont plus des anarchistes. Hélas ! Ils ne l’ont jamais été ! […] Leur vie, remplie d’erreurs, de faux pas, de gestes sauvages, puis de hantises, d’indignités, de fuites éperdues, de mensonges balbutiés, de supplices moraux et de gênes physiques, je la plaignais, après l’avoir détestée.1 »

Dans le journal géré par Jean Grave, André Girard corrigea le tir en affirmant qu’« au moment où ils ont commis cet acte [le braquage], ils ont cessé d’être anarchistes. De tels actes n’ont rien d’anarchiste, ce sont des actes purement et simplement bourgeois2. » Selon un autre collaborateur du même journal, ils représentaient « l’idéal des dignes fils de cette bourgeoisie, pour qui le plaisir et l’idéal de la luxure ont été formulés par Guizot : s’enrichir ! » La même ligne a été suivie par les syndicalistes comme Alfred Rosmer (La Vie ouvrière) ou par Gustave Hervé (La Guerre sociale), selon lesquels « leurs actions résultent de la mentalité capitaliste, qui a comme but l’accumulation d’argent et la poursuite d’une vie parasitaire ». Les illégalistes étaient des « pseudo-anarchistes, qui déshonorent le noble idéal anarchiste », et en tant qu’assassins de ces « pauvres types travaillant pour cent cinquante francs par mois […] Ils me dégoûtent. Franchement, je préfère Jouin3 » écrivait Hervé.

Et en Italie ? Qu’ont-ils dit à l’époque, les anarchistes, à propos de ce qui se passait de l’autre côté des Alpes ? Seuls les mots de condamnation d’Errico Malatesta, formulés dans son article « Les bandits rouges », paru dans Volontà en 1913, sont de temps en temps exhumés. Et cela doit suffire. Ce qui n’a jamais été exhumé, c’est le débat intégral dans lequel son texte était inséré. Oui, car les gardiens de l’historiographie anarchiste se gardent bien de rappeler que cet article ne fut nullement casuel. Ce n’était que la première intervention de Malatesta, inaugurant une discussion dans laquelle il s’opposa à Giovanni Gavilli, l’anarchiste florentin, à l’époque rédacteur du journal individualiste Gli Scamiciati.

Si la curiosité est un vilain défaut, elle aide parfois à écarter certains lieux communs. La nôtre nous a amenés à aller à la recherche de tous les articles de cette polémique désormais séculaire, et leur lecture nous a laissés pantois. Nous avons découvert que ce qui motiva Malatesta, ce ne fut absolument pas une apologie désintéressée des illégalistes français (qui à l’époque n’étaient pas encore appelés « bande à Bonnot », mais juste « bandits rouges »), mais bien plus une défense aux yeux de la bourgeoisie ! Car, d’un autre côté, Gavilli ne cache pas son désaccord avec un choix, à son avis légitime, digne, mais suicidaire. La deuxième intervention de Malatesta est tout simplement embarrassante. Ici, la logique, le bon goût et malheureusement aussi l’éthique du plus célèbre anarchiste italien s’envolent. Face aux insinuations calomniatrices de Malatesta contre Bonnot, Garnier et les autres compagnons français, le passionné Gavilli ne pouvait que s’énerver et réagir sur le même ton.

Nous avons ici reproduit le débat intégral qui opposa le célèbre rédacteur de Volontà au rédacteur oublié de Gli Scamiciati. Après avoir esquissé ce qu’il a défini comme « politique du suicide », dans un texte où il ne mentionne pas les illégalistes français, Gavilli revient encore sur le sujet avec « Cui gladia ferit, gladia perit ». Il s’agit d’un long article qui s’inspire de certains faits divers, comme on peut le comprendre par l’intitulé, et qui ne concernait pas exclusivement la « bande tragique ». Faute de place, nous proposons uniquement la partie qui leur est explicitement dédiée. C’est cet article qui a poussé Malatesta à réagir et à déclencher en premier la discussion, avec la publication dans Volontà de « bandits rouges », où il ne fait pourtant pas référence au journal individualiste de Novi Ligure. Prudence inutile, car ce sera Gavilli lui-même qui abordera la question et rentrera dans le vif du sujet, provoquant ce que, dans son article final (coupé lui aussi, car dans une deuxième partie il parle de tout autre chose), il nommera « La fuite d’Errico Malatesta ».

Contre l’amputation intéressée de l’histoire du mouvement anarchiste, contre la pensée unique ou l’absence de pensée de ceux qui ne veulent pas entendre de discussions… Bonne lecture.

Les Temps nouveaux, no 52, 18e année, 26 avril 1913.

Les Temps nouveaux, no 36, 17e année, 6 janvier 1912.

L’inspecteur tombé sous le plomb de Bonnot.

Valence, Cruas, Montélimar, Romans: Où sont passés les BD antinucléaire dans ces villes??

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bonjour le laboratoire,
Quelques temps sont passés depuis la dernière news…
AFLALLO Com & Graphisme est toujours là, plus que jamais décidé à mettre son grain de sable dans les rouages de la machine de mort atomique civile (soit-disant) et militaire…
Une nouvelle organisation des liens et menus, de nouveaux articles, des ajouts et améliorations dans la plupart des pages du site, pour une communication graphique antinucléaire radicale!
Bure

http://www.aflallo.fr/index.php/bibliographie-bd-antinucleaires

Un petit historique de la BD antinucléaire.

Dans les années 70 apparaissent en Europe les mouvements antinucléaires, en réaction aux projets alors fulgurant et soudains de constructions de centrales nucléaires.
Certains auteurs de BD s’engagèrent fortement dans cette lutte en marquant leurs créations du sceau de la contestation. lire et regarder la site

On peut relever des grandes tendances dans la BD à connotation antinucléaire en France qui est un reflet des mouvements militants :

  • Des années 70 jusqu’au début des années 80 la dynamique des luttes contre les implantations de sites nucléaires en Europe, le combat contre le surgénérateur SUPERPHÉNIX à Creys-Malville, se retrouva dans le monde de la BD avec une abondante production de BD à fortes connotations antinucléaires dans les magazines de BD adultes (CHARLIE MENSUEL, CHARLIE HEBDO, MÉTAL HURLANT…) dans les fanzines et BD undergrounds (MÉFI ! …) et dans les productions d’albums classiques chez les grands éditeurs (Dupuis, Lombard…), avec des dessinateurs populaires (Franquin, Fournier, Auclair, Chantal Montellier…) !continuer à lire

 

 

Lyon:Compte-rendu de l’AG Gilets jaunes -Lyon Bourse du 1er juillet 2019

le laboratoire:on relaye une  note d’un gilet jaune : » ça serait mieux que  les AG  des gilets jaunes soient moins fragmentées  3 AG pour valence et bourg les valence dans des lieux différents c’est trop compliqué. ».


Compte-rendu de l’AG Gilets jaunes -Lyon Bourse du 1er juillet 2019

Environ 80 personnes. Comme il fallait s’y attendre à part une personne de TEO et une de Tarare, toutes les deux présentes à Montceau-les-Mines, c’est une AG lyonnaise stricto sensu pour ne pas dire une AG du groupe Lyon-centre aux trois-quarts puisque diverses personnes, dont certaines du « journal de bord » nous ont fait part de leur volonté de ne plus s’y rendre et de ne plus aller qu’aux interdépartementales.

Une affiche gigantesque barre toute la tribune en référence à la lutte des Canuts et appelle à l’action les hospitaliers, pompiers, etc., tout cela en écriture inclusive, pour la première fois depuis le début du mouvement à Lyon et évidemment sans que cela ait été discuté et encore moins voté. On a les putschs qu’on peut à Lyon-centre !

La séance commence par un compte-rendu de la manifestation de ce dernier samedi où une personne qui est de toutes les manifestations et actions se déclare insatisfaite de celle de samedi qui se serait avérée contre-productive parce qu’elle n’a pas amélioré notre visibilité (la police nous a ignorés pendant un long moment) ; qu’elle aurait attiré la colère des commerçants et donc qu’elle aurait nui à notre image (même rengaine que la semaine dernière). Ce spécialiste du « Gilets jaunes quel est votre métier : aouh, aouh, aouh » trouve tout à coup ça trop simpliste, comme d’ailleurs les « On va aller te chercher » surtout vu notre petit nombre actuel qui rend ce dernier slogan complètement déplacé. Mais de ce constat qui n’est pas faux, il conclut qu’il faut maintenant s’adapter. On ne saura pas à quoi au juste, mais force est de reconnaître le changement d’accent puisque jusqu’à maintenant, c’est le gouvernement qui avait dû s’adapter. Or un mouvement qui a eu la force des Gilets jaunes ne s’adapte pas : il gagne ou il meurt. Cette dernière possibilité n’est certes guère réjouissante, surtout pour celui qui a beaucoup « donné », mais ça ne sert à rien de se bercer d’illusions.

Un autre protagoniste très actif depuis le début du mouvement soutient plutôt que la manifestation a été réussie puisqu’il y a eu, par exemple des affiches placardées contre l’Hôtel de Ville et que la rue Joseph-Serlin a même été rebaptisée du nom de Zineb Redouane, décédée des suites des blessures causées par un tir de grenade policière en plein visage, à Marseille, à une réserve près qui est que renverser des barrières est là aussi assez contre-productif quand on est un si petit nombre, que les gens extérieurs ne comprennent pas.

À noter qu’à chaque critique ou réserve sur la manifestation de samedi, la « claque » de Lyon-centre se fait entendre, marquant bien par là son opposition actuelle à toute manifestation du samedi non déclarée et y opposant comme modèle sa prise du rond-point de l’hôpital Croix-Rousse comme si les deux actions ne pouvaient pas s’avérer complémentaires. D’ailleurs certains Lyon-centre ont bel et bien participé au début de la manifestation de Bellecour.

L’AG passe ensuite au compte-rendu de l’AG des AG de Montceau-les-Mines où environ 50 % des délégués provenaient de la région Rhône-Alpes-Auvergne d’après le délégué de TEO.

Les AG des AG seraient des exemples d’expérimentation de la démocratie directe sur le modèle du théoricien libertaire et écologiste Murray Bookchin. Un processus qui n’est pas celui de tous les Gilets jaunes nous dit-on1.

On passe ensuite aux axes de travail développés en commençant par le RIP dont on apprend avec une certaine surprise qu’il est comme le « bébé du RIC » alors qu’on aurait plutôt pensé le contraire puisque son inscription dans la Constitution date de 2008. On apprend aussi que si 2/3 des délégués sont favorables au RIC, cela laisse quand même 1/3 de défavorables ce qui est beaucoup. On n’aura pas de précision sur les motivations des « contre » mais on apprend que parmi les pour, 20 % le pensent comme une recette magique.

Le second axe oppose les partisans d’un capitalisme vertueux à ceux qui sont pour une sortie du capitalisme. Apparemment, une opposition entre principes dont on ne voit pas comment elle est reliée aux luttes actuelles et particulièrement à la lutte des Gilets jaunes. Une discussion qui, comme à Saint-Nazaire, n’aboutira à aucune synthèse finale.

Le troisième axe est celui de la tenue d’assemblées citoyennes. La notion « d’assemblée populaire » semble être passée à la trappe ou alors il faudrait faire un distinguo entre assemblées populaires de Gilets jaunes et assemblées citoyennes organisées à l’initiative des Gilets jaunes. En l’état actuel du compte-rendu on n’en saura rien.

Le quatrième axe est celui de l’occupation du terrain. Cela passe par tout un tas d’actions, mais qui ne peuvent être révélées comme cela, publiquement. On n’a pourtant pas l’impression qu’il s’agisse d’action de commandos à tenir secrètes, mais enfin…
Pour tous, le maître mot semble être : Comment durer ?

En vrac, dans ce qui est rendu public ; une manifestation le 14 juillet en jaune (l’idée initiale d’une marche-relai Montceau-Paris, du 1er au 14 juillet, semble avoir disparu des écrans, une action pour la nuit du 4 août aussi !) ; une manifestation le 15 juillet devant les tribunaux ; d’autres actions sont en projet mais controversées, comme une action pendant ou contre le Tour de France ; sur les plages et contre le G7 de Biarritz.

Un autre axe sur le type de manifestation : déclarée ou pas.

Et enfin l’axe convergence des luttes qui, si on comprend bien la synthèse qui nous est faite voit les Gilets jaunes passer de la ligne « Tous Gilets jaunes » (qui est effectivement défaite), à une ligne extension du mouvement par participation aux luttes des autres. Le travail sur cet axe semble avoir été rendu difficile par la présence, parmi les délégués Gilets jaunes, de nombreux cégétistes.

Les délégués membres de Lyon-centre concluent de façon optimiste leur compte-rendu. C’est un peu moins le cas du délégué de TEO qui signale la différence entre un samedi assez productif et un dimanche très difficile et marqué par les divergences et le peu de travail de synthèse.
Un membre de Fakir-jaune vient ensuite faire la promotion de son tract « a-partisan » pour faire voter le RIP, une action qui serait devenue maintenant centrale parce qu’elle pourrait, s’il était obtenu, constituer une victoire contre Macron et le « système ». Les Gilets jaunes doivent donc participer comme des petites mains à cette campagne et faire signer des pétitions partout où ils sont, pour une action qu’ils n’ont pas initiée et surtout pour un ersatz de RIC, alors même qu’ils ne sont pas tous d’accord sur le RIC.

Puisque le bébé RIC n’est pas encore né occupons-nous donc de la mère RIP pour l’instant semblent penser les Gilets jaunes Lyon-centre qui se précipitant vers le tract. Un mauvais esprit fera bien remarquer que Ruffin n’est pas vraiment apolitique, mais bon, de toute façon tout est politique comme dit l’ami P.

Quelques voix s’élèvent bien du côté du petit groupe Black-Bloc-Gilets jaunes lyonnais pour qui tout ça n’est pas de « l’action ». Le ton monte très vite avec les rapporteurs de Montceau-les-Mines qui en appellent au « respect ». L. intervient pour le BB-Gilets jaunes en disant que des actions très différentes peuvent être complémentaires et que le mouvement des Gilets jaunes se caractérise justement par sa capacité à englober le tout. Un autre membre du groupe lit alors un assez long Manifeste de leur groupe.

Une personne présente à Montceau réitère l’idée qu’on ne peut parler de l’action en AG, car c’est le travail de la commission action ; ce qui fait bondir J. qui l’interpelle en disant qu’il n’y a plus personne à cette commission depuis presque un mois (à part un membre de TEO et deux ou trois du « journal de bord »). J. est appelé à expliciter son point de vue, mais comme il l’a déjà fait à l’interdépartementale (car le problème dépasse largement l’attitude/position du groupe Lyon-centre) la semaine précédente, en pure perte, il ne répond pas à cette demande qui, de toute façon, provient d’une déléguée qui n’a jamais participé à cette commission, mais à la commission revendication-débat. Les membres du groupe Lyon-centre qui participaient auparavant à la commission action se gardent bien d’intervenir puisqu’ils sont partie prenante de la mort de cette commission. Devant tant de mauvaise foi ou de calcul politique. J. et d’autres du « journal de bord » ou proches décident de quitter l’AG qui de toute façon est entrée dans son dernier quart d’heure. Peut être est-ce une erreur de ne pas avoir saisi l’occasion de remettre en route la commission au sein de l’AG de Lyon cette fois, mais l’usure pousse plus à l’aquoibonisme qu’à envisager des coups tactiques.

http://blog.tempscritiques.net

 



Appel à soutien du film: « N’effacez pas nos traces »

Nous avons reçu l’appel ci-dessous et à  un du laboratoire semble intéressant de soutenir et relayer cet appel à soutien.

Voici donc l’appel :

Une campagne de financement participatif sur Helloasso a été lancé pour soutenir la post-production du film « N’effacez pas nos traces », un documentaire réalisé par Pedro Fidalgo sur le parcours de la chanteuse libertaire Dominique Grange (« A bas l’Etat policier », « Grève illimitée ») avec la participation de Tardi (et ses dessins !), entre autres.

Le gros des tournages a été réalisé par les propres moyens du réalisateur, mais la post-production coûte cher. C’est pour cette raison que le financement participatif est très important pour la bonne finalisation de ce projet qui fait revivre les luttes depuis Mai 68!.

Bien sûr, des contreparties sont proposées aux donateurs en remerciement de leur soutien.

Si vous pouvez partager cette info autour de votre entourage et envoyer ce message aux gens susceptibles de pouvoir soutenir ce film….

Soutenez sur Helloasso en cliquant sur le lien ci-dessous :
https://www.helloasso.com/associations/a-p-a-c-h-e/collectes/a

Pour plus d’informations sur le film consultez la page officielle:
https://www.kinomargem.net/n-effacez-pas-nos-traces

Extraits du film:
https://vimeo.com/339127134
https://vimeo.com/339503255
https://vimeo.com/339711008

FOIRE DU LIVRE ANARCHISTE – Marseille, 21-22 septembre 2019

Toujours là

Toujours là. À se lancer dans l’aventure sans brides de la pratique anarchiste, dans ce cyclone d’idées libres qui tend vers la tempête de l’action déréglée, du jeu sans prix à gagner, de la vie sans médiations. Toujours là. À l’écart et contre les idéologies promouvant des sujets politiques, contre les lunettes embuées du citoyennisme, contre l’imposition de la vie sécuritaire transformée en habitude et obéissance. Toujours là. Malgré les tentatives de récupération et d’anéantissement de l’idée de liberté. Malgré les réalismes, les moralismes et l’intégration de la logique du pouvoir par ses faux critiques, qui visent la réforme de la domination plutôt que sa destruction. Toujours là. À persister dans la recherche de sentiers pour tisser des complicités pour combattre l’offensive technologique en train de renouveler et d’approfondir la domination, pour s’atteler passionnément à la destruction de l’oppression et de l’exploitation, pour regarder au-delà des horizons de ce présent insipide. Toujours là. Même si les dépendances des prothèses technologiques cherchent à nous détourner de l’annihilation en cours de notre sensibilité et de notre imagination. Même si les rapports virtuels cherchent à nous dépouiller de la complicité et de l’humanité. Toujours là. À revendiquer avec amour et fierté les idées anarchistes, dans une époque où intégration et répression vont main dans la main, obscurcissant toujours plus les horizons de révolte. Deux jours pour se retrouver autour de l’anarchisme et de ses propositions, pour les discuter et les approfondir; autour des livres et de notre presse, témoins de notre patrimoine révolutionnaire, et autour des nouvelles étincelles de papier, prêtes à incendier ce présent tiraillé entre la résignation profonde et la rage occasionnelle. Deux jours et une foire du livre anarchiste, libre de compromis commerciaux et institutionnels. Deux jours trempés d’idées en liberté, loin des anciens et des nouveaux bergers des masses, loin des anciens et des nouveaux suiveurs de troupeaux. Car tout est toujours possible pour celui qui, entre la tension individuelle et la transformation sociale, se sent un individu en lutte réussissant à fusionner les idées et la pratique.

Programme :

Samedi 21 Septembre

10h Ouverture de la Foire du livre anarchiste à Marseille avec en permanence distros, tables de presse, stands d’editeurs anarchistes et exposition autour de la presse anarchiste à Marseille fin du 19eme siècle.

11h Bienvenue : nous saisissons l’occasion de l’ouverture de cet événement pour présenter certains projets anarchistes de Marseille comme le CIRA, Centre International des Recherches sur l’Anarchisme fondé en 1965 et l’imprimerie anarchiste L’Impatience active depuis 2018.

14h Débat : Restructuration du pouvoir et perspectives anarchistes, intervention de Alfredo M. Bonanno

À la fin des années soixante-dix, en pleine période de fermentation révolutionnaire, la domination entamait une vaste restructuration. Les grands bagnes industriels fermaient leurs portes, la production devenait toujours plus automatisée, les discours d’État étaient saupoudrés de participation citoyenne et d’intégration, les marchés se diversifiaient. Plutôt que de subir ce processus, des anarchistes proposaient alors d’aller du centre à la périphérie. Petits groupes affinitaires, auto-organisation des luttes, organisation informelle, luttes spécifiques et attaques diffuses étaient les éléments de base pour élaborer des projectualités insurrectionnelles contre la restructuration en cours. Nous nous trouvons aujourd’hui face à une nouvelle restructuration, ou plutôt, face à un nouveau processus transformant profondément l’ensemble des rapports sociaux. Si l’axe central de ce processus est constitué par la technologie dans le sens le plus ample du terme, il semble être en train de recouvrir la réalité même d’un fin brouillard, où les capacités caractéristiques de l’être humain (comme la sensibilité et la compréhension de la réalité qui l’entoure) tendent à s’effacer en faveur d’un nouveau paradigme. Dans un monde en proie à des guerres sanguinaires, subissant une dévastation environnementale irréversible et une annihilation profonde des capacités de compréhension de la réalité, qu’en est-il d’une proposition anarchiste d’aujourd’hui ? Réfléchir sur les transformations en cours amène l’anarchiste, cet amant de la liberté, à poser la question de la destruction. Et si la destruction révolutionnaire n’est pas un slogan, si ce n’est pas un simple artifice rhétorique, il faut affronter les problèmes qui font le pont entre l’idée et l’agir : comment se battre, par quels moyens, avec quelles formes organisationnelles et quelles projectualités.

17:30 Présentation du livre : Incognito, Expériences qui défient l’identification, ed. Mutineseditions

Ce livre qui parle de clandestinité projette un rayon de lumière dans l’obscurité. Il propose un saut dans le versant inconnu du secret, dans cette dimension parallèle où, souvent, même ce qui peut être dit ne l’est pas. Par excès de précaution, par peur, ou parce qu’on considère la clandestinité comme une question qui ne nous concerne pas. Ou encore, dans certains milieux, et dans le pire des cas, par pur calcul politique. Et pourtant, même si on observe ce monde superficiellement, il ne se présente pas comme une lande désolée, mais plutôt comme un monde peuplé d’êtres vivants, d’expériences et d’idées qui naviguent à nos côtés, dans les aspects les plus misérables et les plus fascinants de notre quotidien, à côté de nos désirs les plus ardents et de nos rêves éveillés les plus passionnés. Les textes rassemblés ici parlent de ce monde, nous en rapportant quelques voix parmi tant d’autres, des voix dont le ton, les émotions et les messages sont certes variés, mais qui vivent ou ont vécu dans la dimension de la clandestinité. Des expériences qui ont été endurées par choix ou bien pour des raisons extérieures à sa propre volonté, suite à un parcours de lutte révolutionnaire pour les uns ou bien d’une condition sociale pour tant d’autres, par tous ceux qui n’ont plus rien à perdre sur les chemins de l’exploitation et de l’atrocité des frontières, pas même une pièce d’identité.

20:30h Repas et soirée musicale

 

Dimanche 22 Septembre

12h Projection : documentaire “Anarchistes en Russie, Ukraine et Biélorussie”

Le film revient sur les dix dernières années d’action anarchiste dans ces contrées. La projection sera suivie de la lecture d’une contribution écrite par des compagnons russes pour l’occasion, contribution qui propose de revenir sur les tensions sociales, la répression et la conflictualité anarchiste en Russie, ce qui ne manquera pas de soulever une discussion sur la solidarité internationale et révolutionnaire.

14h Débat : Autour de la révolution syrienne et l’intervention anarchiste

L’État syrien mène une politique d’extermination massive. En répondant à un mouvement populaire de libération, il n’arrête pas de trouver des moyens plus effectifs pour détruire la révolte. Dans le but de parvenir à une nouvelle situation gouvernable sur son territoire, il a massivement déplacé et aliéné ceux qui ne pouvaient pas être mis au pas. La guerre contre-insurrectionnelle a été utilisée comme exemple pour freiner les soulèvements et les révoltes, notamment en Égypte, en Iran et en Jordanie. En plus, cela a créé une situation dans laquelle des États étrangers se disputent davantage du pouvoir politique et où des corporations font leur business au détriment d’une lutte libératrice. Bien que cela semble être un espace attrayant pour la réflexion, la critique et la solidarité anarchistes, cela ne semble pas se matérialiser dans la pensée de ce dernier ni sur le terrain. La question demeure : avec les conséquences massives de la situation en Syrie, pourquoi n’y a-t-il pas eu un engagement égal avec elle d’un point de vue anarchiste ? Outre le soutien matériel envers les réfugiés, pourquoi les aspects, les aspirations et les combats du mouvement populaire syrien ont-ils été ignorés ? Cette discussion s’agit d’une critique des échecs passés et récents à s’adresser à la situation en Syrie d’une perspective anarchiste. C’est aussi une invitation à réfléchir ensemble à l’intervention anarchiste dans des mouvements populaires qui ne revendiquent pas clairement des propositions anarchistes.

17:30h Présentation du livre : Face à face avec l’ennemi, Severino Di Giovanni et les anarchistes intransigeants dans les annees 1920 et 1930 en Amerique du Sud. ed. Tumult et L’Assoiffé

“De sa jeunesse on ne sait que peu de choses, enfant intelligent, vif, intolérant envers l’autorité familiale…”. Severino di Giovanni naît à Chieti en 1901, dès le plus jeune âge il plonge dans les lectures qui ont nourri et enflammé ses tensions anarchistes. En 1922, il émigre à Buenos Aires avec sa famille, emmenant avec lui le lourd bagage de la misère et de la rancœur dues aux persécutions que les fascistes lui avaient réservé. À vingt-trois ans il incite, dans les colonnes d’un journal anarchiste de Buenos Aires, à “détruire les casernes, les tribunaux, les églises et toute idole en papier mâché”. Aussitôt classé par la police en tant que “redoutable agitateur anarchiste”, il se dédie sans trêve à l’anarchisme le plus intransigeant, l’attente étant la chose la plus éloignée de lui : des journaux, des livres et une bibliothèque, pour faire une brèche dans la marée de crève-la-faim italiens qui avaient émigré là-bas. Mais l’agitation de celui qui vit avec la hâte de brûler dans le feu de la révolte absolue, n’est pas seulement faite de discussions et d’encre. Si d’un côté les théories sont un enrichissement utile, les actions dynamitardes et les expropriations à main armée menées avec ses compagnons ont montré qu’attaquer “l’ennemi face à face” n’est pas seulement possible, mais aussi indispensable pour accélérer le processus révolutionnaire au bénéfice de tout le monde. Arrêté alors qu’il sortait d’une imprimerie en plein cœur de Buenos Aires, Di Giovanni répondit à ceux qui voulaient mettre un terme à sa vie en ouvrant le feu avec son Colt 45. Accablé et finalement capturé, il sera fusillé deux jours après son arrestation, à cinq heures dix du matin. C’était le premier février 1931. Il est mort comme il a vécu, en criant “Vive l’anarchie” devant le peloton d’exécution qui l’a criblé de balles.

La foire se tiendra au 8, rue Venture, 13001 Marseille

foireanarchistemarseille.noblogs.org

foireanarchiste2019@riseup.net

 

https://foireanarchistemarseille.noblogs.org/files/2019/07/programma-fiera-marsiglia.pdf

Privas, Ardèche: Maison d’arrêt, une tentative d’évasion malheureusement découverte

 note du laboratoire:il est préférable de  lire la prose du blog Attaque sur le sujet, Celà nous empêchera aucunement pas qu’on soit présent localement  avant le procès pour la tentative d’évasion. Force et courage aux prisonniers inculpés

radio france bleu

Comme les Dalton dans Lucky-Luke. Mercredi, les surveillants de la maison d’arrêt de Privas ont découvert un tunnel dans une cellule pendant une fouille. Tout est parti d’une bagarre lundi 1er juillet.  Un détenu est envoyé à l’hôpital, frappé très violemment par trois autres prisonnier un des trois prisonnier est placé au mitard La direction de la prison impose une fouille dans la cellule de ces trois détenus Les surveillants vont alors découvrir un trou creusé dans le mur, caché derrière des posters, traversant déjà à l’extérieur sur l’accès promenade. une fouille dans la cellule de ces trois détenus. « C’est à ce moment-là qu’ils découvrent, derrière un poste, ce tunnel de 50 centimètres de large. « Le tunnel mène jusqu’à la cour de promenade, que l’on voit. De l’extérieur, le trou est assez petit, l’équivalent d’une pièce de deux euros » raconte Jérémy Moncelon, délégué syndical Force Ouvrière à la maison d’arrêt de Privas. « On voit que c’était un projet bien avancé » précise Jérémy Moncelon.

Une tentative d’évasion ?

: « L’été commence fort à la maison d’arrêt de Privas!« 

D’après plusieurs medias

soirée pour la saint Ravachol le 11 juillet 2019 à valence au laboratoire anarchiste

après des soubresaut. inhérent à cette ville  tenu en laisse On a décidé de réitérer la soirée du 11juillet 2018. Le 11 juillet c’est la jour de l’exécution de Ravachol le 11 juillet 1892

pour compléter à propos de Ravachol

résultats de la bombe lancée par Ravachol,
le 27 mars 1892, à Paris, 39 rue de Clichy, au domicile
du substitut du procureur Bulot

Pour cette année 2019 déjà prévu une discussion autour du livre de l’édition l’assoiffé les bandits rouges.Alors que le journal l’envolée titre » tous les prisonniers sont des prisonniers politique ». Cette discussion , on espère  pouvoir aborder les divergences claires entre ce nouvel exemplaire du journal  n° 50 et le contenu du livre. les bandits rouge.

la suite du programme sera diffusé en ville et sur le blog du lieu

Italie (et ailleurs) : Chronologie non-exhaustive des actions en solidarité

lu et copié dans cracherdanslasoupe.noblogs.org


Italie (et ailleurs) : Chronologie non-exhaustive des actions en solidarité

(Italie)

Résultat de recherche d'images pour "fumée"Gênes, 25/06/2019 – Une antenne-relais a été incendié en solidarité.

Antenne relai sabotée par le feu.
Solidarité avec tous les prisonniers anarchistes.
Fermer l’AS2 de L’Aquila !
Pour la liberté !
Pour l’anarchie !

Rome, 12/06/2019 – Incendie des pneus d’un camion-antenne relais en solidarité avec Anna et Silvia et les prisonniers anarchistes en grève de la faim. Pour la fermeture de la section AS2 de L’Aquila

Bardonecchia, 20/06/2019 – Une voiture des carabiniers a été endommagée à Bardonecchia, en solidarité à Anna et Silvia, et pour la fermeture de la section AS2 de la prison.

Clavière, 20/06/2019 – Le terrain de golf international entre Montegenèvre et Clavière, propriété du groupe Lavazza, a été endommagé avec de la peinture et du désherbant. En solidarité à Anna, Silvia, et à tout-es les détenu-es, qu’elles soient enfermé-es dans une prison ou dans un centre de rétention, ainsi qu’aux autres luttes du territoire.

L’Aquila, 17/06/2019 – Un groupe de personnes solidaires avec Anna, Silvia, Giova Stecco, Leo, Alfredo, Marco et Ghespe en grève de la faim est monté sur une grue haute de 60 mètres, en Piazza del Duomo, à L’Aquila. Dans le même temps, un autre groupe a occupé la mairie.

Bologne, 17/06/2019 – Un groupe de personnes solidaires a occupé la tour Asinelli à Bologne et a exposé une banderole en solidarité avec les anarchistes en grève de la faim en prison, contre la section AS2 de L’Aquila. Un rassemblement solidaire a également eu lieu avec des prises de parole et la circulation a été bloquée.

Turin, 15/06/2019 – Une banderole a été déployée Piazza Castello.

Turin, 14/06/2019 – Des pneus ont été enflammé dans la matinée Corso Regina Margherita. Un un tag a été laissé sur place.

Rome, 13/06/2019 – Quelques personnes ont rendu visite à Radio Radicale [radio d’un micro parti libéral-bobo,  le Partito Radicale, ndr.], en demandant de lire en direct la déclaration de Silvia et Anna à propos du début de leur grève de la faim.

Gênes, 13/06/2019 – Des tags en solidarité sont apparus sur le siège régional de la RAI [la Télévision nationale, ndr]  en solidarité avec les prisonnièr.es en grève de la faim.

Bologne, 12/06/2019 – Le 12 juin, un groupe de compagnonnes et compagnons a occupé les fréquences de Radio Città del Capo (réseau de Radio Popolare) à Bologne. Les transmissions ont été couvertes par la lecture, dans les studios de la radio, de la déclaration de début de grève de la faim de Silvia et Anna,

Trente, 07/06/2019 – Une dizaine de personnes sont entrées dans les bureau du DAP [Département de l’Administration Pénitentiaire] des slogans ont été criés, des tracts jetés et une banderole a été exposée devant l’entrée, avec écrit : « L’Administration Pénitentiaire torture. Aux côtés de Silvia et Anna, fermeture de la section AS de L’Aquila »

Turin, 06/06/2019 – Le local du quotidien La Stampa a été recouvert d’affiches en solidarité avec Silvia et Anna. Le même jour, une trentaine de personne a été crier des slogans en solidarité avec Anna et Silvia, au Duomo à Turin, pendant la messe, qui a été interrompue pendant une dizaine de minutes. Quand les flics les ont poussé.e.s dehors, iels ont également essayé, sans y réussir, d’entrer dans la halle du marché de Porta Palazzo. Des bus et des trams ont été tagués.

Foligno, 05/06/2019. Des voitures de la Poste ont été dégradées en solidarité avec Anna et Silvia. Des pneus ont été crevés et de la poussière a été mise dans les réservoirs de cinq voitures de la Poste Italienne, en solidarité avec Anna et Silvia, alors que la ville était militarisée à cause de l’arrivée de Salvini,

Trente, 29/05/2019 –  Un groupe de personne a bloqué une des rues du centre villz de Trente avec un câble en acier et du barbelé, iels ont également lancé des tracts, fait des interventions avec un haut-parleur. Des tags ont aussi été fait sur  un magasin de téléphonie Vodafone et une agence de la Deutsche Bank. Une banderole a été posé avec écrit « De la Libye aux prisons : non à la société des camps ».

(France)

Paris, 26/06/2019 – La nuit du 26 au 27 juin une camionnette d’Eiffage a brûlé, rue des Grands Champs à Paris.En solidarité avec les anarchistes en grève de la faim en Italie (et aussi tou.te.s les autres).

Paris, 22/06/2019 – Quelques personnes ont été perturber Eataly, vitrine gastronomique du folklore italien dans le centre huppé de Paris. Ils et elles bloqué les entrées avec des banderoles (« Feu aux prisons et aux tribunaux » et « Solidarité avec les anarchistes en grève de la faim en Italie ») et la lettre de Silvia et Anna a été lue au mégaphone. Les banderoles étaient ensuite visibles sur un pont traversant la Seine, avant d’être retirées par la police fluviale.

(Allemagne)

Leipzig, 24/06/2019 – Un engin de chantier d’Eurovia-Vinci incendié en solidarité avec Anna et Silvia.

Hambourg, 28/05/2019 – Le consulat honoraire d’Italie a été tagué d’un « solidarité avec les prisonniers en Italie ». La plaque du consulat fixée au mur a été aussi brisée et dérobée.

(Australie)

Brisbane, 23/06/2019 – Des tag ont été fait en solidarité à Brisbane « De Brisbane à L’Aquila – Stop à l’isolement » « La santé est en vous » « Solidarité avec les prisonnieres Anna et Silvia, en grève de la faim ».


Dans la prison de L’Aquila des battitures ont lieu tous les jours à midi depuis plus d’une semaine avec des bouteilles en plastique – les objets métalliques ne peuvent pas être gardés dans la cellule – et sont petit à petit devenues un quotidienne (elles ont lieu tous les jours de 12h à 12h30). Des communiqués en solidarité sont également arrivés d’un peu partout, ainsi que des rassemblements devant les prisons comme à L’Aquila Gênes ou à Terni (où est incarcéré Juan), et dans la rue ; des banderoles aussi ont été déployés dans différentes villes.

Prison de L’Aquila (Italie) : Des nouvelles après le premier parloir avec Natascia

Round Robin / jeudi 4 juillet 2019

Lors du parloir de ce matin (mercredi 3 juillet), le premier après un mois et seize jours de détention, Natascia a dit qu’elle va bien; elle a la pêche et le moral est bon, même si les conditions de détention à L’Aquila sont tellement horribles que son expérience à la prison de Rebibbia paraît, en comparaison, un vacance. Les matonnes comptent même les culottes et, à ce qu’il paraît, dans cet univers parallèle en forme de tombeau, une culotte en plus ou en moins c’est un problème. La prisonnière musulmane a été placée en isolement total, dans des conditions tellement inhumaines qu’ils ont beau parler de “droits de l’homme” et autres balivernes.
Au même temps, avec Anna et Silvia, Natascia ne se sent pas seule et cela lui donne encore plus de force. Depuis qu’elles ont arrêté la grève de la faim, elle déjeune avec Anna (Silvia est encore dans la prison des Vallettes à Turin [elle a été transférée pour un procès qui s’est tenu mardi 2; NdAtt.]. Les battages des barreaux continuent tous les jours.
Beaucoup de courrier, arrivée ou en départ, lui est bloqué par la censure. Néanmoins elle demande qu’on continue à lui écrire. À ce propos, elle demande que les gens arrêtent de mettre des timbres postaux dans les enveloppes, parce que les matons les gardent au lieu de les lui donner, de façon à l’obliger à les acheter à la prison. Dans la prison les timbres pour les lettres pour les autres pays d’Europe ne sont pas vendus et puisque ceux qu’on lui a envoyés ont été gardés, c’est un problème, parce qu’elle ne peur pas envoyer du courrier en dehors d’Italie (ce qui pour elle est très important).

La semaine dernière, elle a reçu une visite de la part du ROS [brigade des Carabinieri spécialisée dans la “gestion” de la criminalité organisée et du terrorisme; NdAtt.] : ils sont venus pour prélever son ADN. Au début, Natascia a refusé, puis, acculée, elle a décidé de céder, pourvu que ce soit elle-même qui se met le coton-tige dans la bouche, pour que, au moins, ils ne la touchent pas. Ça s’est passé comme ça.
Elle a aussi raconté de son arrestation brutale à Bordeaux, quand les gendarmes cagoulés ont défoncé la porte de la maison et l’ont amenée. Après, à un certain point ils lui ont mis un bandeau sur les yeux et l’ont laissée comme-ça, elle ne sait pas où, les mains menottées derrière son dos et les yeux bandés, pendant douze heures d’affilée.
Mais elle a aussi raconté de comment ça a été beau et émouvant d’entendre, depuis la taule, la chaleur et le solidarité dehors, le jour du rassemblement devant la prison; elle a aussi reçu les nouvelles à propos de ce qui se passe dehors et elle a bien reçu la solidarité et l’affect.

Le coup de chalumeau dans les vignes du Midi n’est pas une calamité agricole

[reçu par mail]

Texte de mon amie Catherine Bernard que je m’empresse de partager. N’hésitez pas à faire de même.

Le coup de chalumeau dans les vignes du Midi n’est pas une calamité agricole

Je suis vigneronne.
Je n’écris pas en qualité de vigneronne.
Je n’écris pas non plus en qualité de vigneronne victime d’une calamité agricole, d’une catastrophe naturelle ou d’un accident climatique. Ce qui s’est produit dans les vignes du Gard et de l’Hérault vendredi 29 juin, est d’une tout autre nature, d’un tout ordre, ou plus exactement d’un tout autre désordre.
J’écris en qualité de témoin du changement climatique à l’œuvre, qui est en fait un bouleversement, qui ne concerne pas ici des vignerons, là des arboriculteurs, hier des pêcheurs, demain des Parisiens asphyxiés, mais bien tous, citadins ou ruraux, habitants du Sud comme du Nord, de l’Ouest, ou de l’Est.
J’écris en qualité d’hôte de la terre. Nous sommes chacun, individuellement, interdépendants les uns des autres.
J’étais vendredi matin dans les vignes pour faire un tour d’inspection des troupes et ramasser des abricots dans la haie de fruitiers que j’ai plantée en 2010 entre les terret et les cinsault. Il faisait déjà très chaud. Je ne sais pas combien, je ne veux pas ouvrir le livre des records. Je suis rentrée au frais, et je me suis plongée dans la lecture d’un livre passionnant, La vigne et ses plantes compagnes de Léa et Yves Darricau. J’ai repoussé la plantation de 30 ares de vignes à l’origine programmée pour cette année, à plus tard, à quand je saurai comment et quoi planter. Je cherche. A 18 heures, Laurent, mon voisin de vignes avec qui je fais de l’entraide, m’appelle :
– Là-haut à Pioch Long, les syrah sont brûlées.
– Comment ça brûlées ?
– Oui, brûlées, les feuilles, les raisins, comme si on les avait passé au chalumeau.
J’ai pris ma voiture, et je suis allée dans les vignes. Quand j’ai vu à La Carbonelle, les grenaches, feuilles et grappes brûlées, grillées, par zones, sur la pente du coteau exposée sud-ouest, je n’ai pas pensé à la perte de la récolte. J’ai vu que certaines étaient mortes, que d’autres ne survivraient pas. Il faisait encore très très chaud et j’ai été parcourue de frissons. La pensée m’a traversée que c’était là l’annonce de la fin de l’ère climatique que nous connaissons, la manifestation de la limite de l’hospitalité de la terre. Puis je suis passée sur le plateau de Saint-Christol, là où depuis le XIIème siècle l’homme a planté des vignes pour qu’elles bénéficient pleinement des bienfaits du soleil et du vent. Et là, à droite, à gauche, j’ai vu des parcelles de vignes brûlées, grillées dans leur quasi-totalité.
Il y aura des voix, celles des porte-parole des vignerons, chambre d’agriculture, représentants des AOC, et c’est leur rôle, pour évaluer les pertes de récolte, la mortalité des ceps, et demander des indemnisations.
Il y aura les voix invalidantes de la culpabilité, celle des gestes que l’on a faits dans la vigne les jours précédents et que l’on n’aurait peut-être pas dû faire, ou ceux que l’on n’a pas faits et que l’on aurait dû faire. Et si j’aurais su…. A ceux-là, je réponds, les si n’aiment pas les rais.
Il y aura des voix pour dire qu’à cela ne tienne, on va généraliser l’irrigation, et si cela ne suffit pas, eh bien on plantera des vignes, plus haut dans le Nord, ailleurs. Peut-être même y en aura-t-il pour s’en réjouir. A ceux-là, je réponds qu’ils sont, au mieux des autruches, au pire des cyniques absolus et immoraux, dans les deux cas des abrutis aveugles.
Ce qui s’est produit ce vendredi 29 juin dans les vignes du Midi, est un avertissement, un carton rouge. Ce n’est pas seulement les conséquences d’un phénomène caniculaire isolé doublé d’un vent brûlant, mais la résultante de trois années successives de stress hydrique causé par des chaleurs intenses et de longues périodes de sécheresse qui, année après année, comme nous prenons chaque année des rides, ont affaibli les vignes, touchant ce vendredi 29 juin, celles qui étaient plantées dans ce qui était jusqu’alors considéré comme les meilleurs terroirs. C’est aussi la résultante d’un demi-siècle de pratiques anagronomiques.
La Carbonelle est plantée de vignes depuis 1578. C’est un mamelon en forme de parallélogramme bien exposé au vent et soleil. Ce qui s’est passé le 29 juin, dit que l’ordre des choses s’est littéralement inversé. Le vent et soleil ne sont plus des alliés de l’homme. La solution de l’irrigation est la prolongation d’un défi prométhéen. On se souviendra qu’il lui arrive quelques bricoles à Prométhée. Cela dit aussi que le changement va plus vite que la science agronomique et ses recherches appliquées, cela nous précipite dans un inconnu. Il nous faut radicalement changer notre rapport à la terre, ne plus nous en considérer comme des maîtres, mais des hôtes, que l’on soit paysan ou citadin.
Ceux qui voudraient circonscrire à la viticulture du Midi ce qui s’est produit le 29 juin s’illusionnent. Le phylloxéra a été identifié en 1868 à Pujaud dans le Gard. Les vignerons des autres régions ont cru ou feint de croire qu’ils seraient épargnés. En 1880, le puceron avait éradiqué la totalité du vignoble français, et gagné toute l’Europe. Le phylloxéra était lui-même la « récompense » de notre quête du mieux, du plus. Il a été à l’origine de la seule grande émigration française et d’une reconstruction du vignoble qui a profondément changé l’équilibre même de la vigne. Nous en sommes les héritiers directs.
Ceux qui voudraient circonscrire le phénomène à la viticulture se dupent aussi. La vigne nous accompagne, sur notre territoire, depuis plus de deux millénaires, et l’homme depuis plus de 6 000 ans. Sa culture est tout à la fois un pilier et un symbole de notre civilisation. Si la vigne n’a plus sa place dans le Midi, l’homme ne l’aura pas davantage car le soleil et le vent seront brûlure sur sa peau.
Nous, vignerons, devons en tout premier lieu renouer avec la dimension métaphysique de notre lien à la terre et alors, nous pourrons changer radicalement nos pratiques. Mais il faudra autant de temps pour retricoter ce que nous avons détricoté. L’œuvre elle-même est vaine si par ailleurs, nous, vous, moi continuons à prendre l’avion comme nous allons promener le chien, goûtons aux fruits exotiques comme si on les cueillait sur l’arbre, mettons la capsule dans la machine à café comme un timbre sur une lettre, ainsi de suite. Ce que les vignes disent, c’est que notre civilisation elle-même est menacée.
Les abeilles l’ont aussi dit, avant la vigne. Mais nous ne les avons pas entendues.

Catherine Bernard