Lyon:Compte-rendu de l’AG Gilets jaunes -Lyon Bourse du 1er juillet 2019

le laboratoire:on relaye une  note d’un gilet jaune : » ça serait mieux que  les AG  des gilets jaunes soient moins fragmentées  3 AG pour valence et bourg les valence dans des lieux différents c’est trop compliqué. ».


Compte-rendu de l’AG Gilets jaunes -Lyon Bourse du 1er juillet 2019

Environ 80 personnes. Comme il fallait s’y attendre à part une personne de TEO et une de Tarare, toutes les deux présentes à Montceau-les-Mines, c’est une AG lyonnaise stricto sensu pour ne pas dire une AG du groupe Lyon-centre aux trois-quarts puisque diverses personnes, dont certaines du « journal de bord » nous ont fait part de leur volonté de ne plus s’y rendre et de ne plus aller qu’aux interdépartementales.

Une affiche gigantesque barre toute la tribune en référence à la lutte des Canuts et appelle à l’action les hospitaliers, pompiers, etc., tout cela en écriture inclusive, pour la première fois depuis le début du mouvement à Lyon et évidemment sans que cela ait été discuté et encore moins voté. On a les putschs qu’on peut à Lyon-centre !

La séance commence par un compte-rendu de la manifestation de ce dernier samedi où une personne qui est de toutes les manifestations et actions se déclare insatisfaite de celle de samedi qui se serait avérée contre-productive parce qu’elle n’a pas amélioré notre visibilité (la police nous a ignorés pendant un long moment) ; qu’elle aurait attiré la colère des commerçants et donc qu’elle aurait nui à notre image (même rengaine que la semaine dernière). Ce spécialiste du « Gilets jaunes quel est votre métier : aouh, aouh, aouh » trouve tout à coup ça trop simpliste, comme d’ailleurs les « On va aller te chercher » surtout vu notre petit nombre actuel qui rend ce dernier slogan complètement déplacé. Mais de ce constat qui n’est pas faux, il conclut qu’il faut maintenant s’adapter. On ne saura pas à quoi au juste, mais force est de reconnaître le changement d’accent puisque jusqu’à maintenant, c’est le gouvernement qui avait dû s’adapter. Or un mouvement qui a eu la force des Gilets jaunes ne s’adapte pas : il gagne ou il meurt. Cette dernière possibilité n’est certes guère réjouissante, surtout pour celui qui a beaucoup « donné », mais ça ne sert à rien de se bercer d’illusions.

Un autre protagoniste très actif depuis le début du mouvement soutient plutôt que la manifestation a été réussie puisqu’il y a eu, par exemple des affiches placardées contre l’Hôtel de Ville et que la rue Joseph-Serlin a même été rebaptisée du nom de Zineb Redouane, décédée des suites des blessures causées par un tir de grenade policière en plein visage, à Marseille, à une réserve près qui est que renverser des barrières est là aussi assez contre-productif quand on est un si petit nombre, que les gens extérieurs ne comprennent pas.

À noter qu’à chaque critique ou réserve sur la manifestation de samedi, la « claque » de Lyon-centre se fait entendre, marquant bien par là son opposition actuelle à toute manifestation du samedi non déclarée et y opposant comme modèle sa prise du rond-point de l’hôpital Croix-Rousse comme si les deux actions ne pouvaient pas s’avérer complémentaires. D’ailleurs certains Lyon-centre ont bel et bien participé au début de la manifestation de Bellecour.

L’AG passe ensuite au compte-rendu de l’AG des AG de Montceau-les-Mines où environ 50 % des délégués provenaient de la région Rhône-Alpes-Auvergne d’après le délégué de TEO.

Les AG des AG seraient des exemples d’expérimentation de la démocratie directe sur le modèle du théoricien libertaire et écologiste Murray Bookchin. Un processus qui n’est pas celui de tous les Gilets jaunes nous dit-on1.

On passe ensuite aux axes de travail développés en commençant par le RIP dont on apprend avec une certaine surprise qu’il est comme le « bébé du RIC » alors qu’on aurait plutôt pensé le contraire puisque son inscription dans la Constitution date de 2008. On apprend aussi que si 2/3 des délégués sont favorables au RIC, cela laisse quand même 1/3 de défavorables ce qui est beaucoup. On n’aura pas de précision sur les motivations des « contre » mais on apprend que parmi les pour, 20 % le pensent comme une recette magique.

Le second axe oppose les partisans d’un capitalisme vertueux à ceux qui sont pour une sortie du capitalisme. Apparemment, une opposition entre principes dont on ne voit pas comment elle est reliée aux luttes actuelles et particulièrement à la lutte des Gilets jaunes. Une discussion qui, comme à Saint-Nazaire, n’aboutira à aucune synthèse finale.

Le troisième axe est celui de la tenue d’assemblées citoyennes. La notion « d’assemblée populaire » semble être passée à la trappe ou alors il faudrait faire un distinguo entre assemblées populaires de Gilets jaunes et assemblées citoyennes organisées à l’initiative des Gilets jaunes. En l’état actuel du compte-rendu on n’en saura rien.

Le quatrième axe est celui de l’occupation du terrain. Cela passe par tout un tas d’actions, mais qui ne peuvent être révélées comme cela, publiquement. On n’a pourtant pas l’impression qu’il s’agisse d’action de commandos à tenir secrètes, mais enfin…
Pour tous, le maître mot semble être : Comment durer ?

En vrac, dans ce qui est rendu public ; une manifestation le 14 juillet en jaune (l’idée initiale d’une marche-relai Montceau-Paris, du 1er au 14 juillet, semble avoir disparu des écrans, une action pour la nuit du 4 août aussi !) ; une manifestation le 15 juillet devant les tribunaux ; d’autres actions sont en projet mais controversées, comme une action pendant ou contre le Tour de France ; sur les plages et contre le G7 de Biarritz.

Un autre axe sur le type de manifestation : déclarée ou pas.

Et enfin l’axe convergence des luttes qui, si on comprend bien la synthèse qui nous est faite voit les Gilets jaunes passer de la ligne « Tous Gilets jaunes » (qui est effectivement défaite), à une ligne extension du mouvement par participation aux luttes des autres. Le travail sur cet axe semble avoir été rendu difficile par la présence, parmi les délégués Gilets jaunes, de nombreux cégétistes.

Les délégués membres de Lyon-centre concluent de façon optimiste leur compte-rendu. C’est un peu moins le cas du délégué de TEO qui signale la différence entre un samedi assez productif et un dimanche très difficile et marqué par les divergences et le peu de travail de synthèse.
Un membre de Fakir-jaune vient ensuite faire la promotion de son tract « a-partisan » pour faire voter le RIP, une action qui serait devenue maintenant centrale parce qu’elle pourrait, s’il était obtenu, constituer une victoire contre Macron et le « système ». Les Gilets jaunes doivent donc participer comme des petites mains à cette campagne et faire signer des pétitions partout où ils sont, pour une action qu’ils n’ont pas initiée et surtout pour un ersatz de RIC, alors même qu’ils ne sont pas tous d’accord sur le RIC.

Puisque le bébé RIC n’est pas encore né occupons-nous donc de la mère RIP pour l’instant semblent penser les Gilets jaunes Lyon-centre qui se précipitant vers le tract. Un mauvais esprit fera bien remarquer que Ruffin n’est pas vraiment apolitique, mais bon, de toute façon tout est politique comme dit l’ami P.

Quelques voix s’élèvent bien du côté du petit groupe Black-Bloc-Gilets jaunes lyonnais pour qui tout ça n’est pas de « l’action ». Le ton monte très vite avec les rapporteurs de Montceau-les-Mines qui en appellent au « respect ». L. intervient pour le BB-Gilets jaunes en disant que des actions très différentes peuvent être complémentaires et que le mouvement des Gilets jaunes se caractérise justement par sa capacité à englober le tout. Un autre membre du groupe lit alors un assez long Manifeste de leur groupe.

Une personne présente à Montceau réitère l’idée qu’on ne peut parler de l’action en AG, car c’est le travail de la commission action ; ce qui fait bondir J. qui l’interpelle en disant qu’il n’y a plus personne à cette commission depuis presque un mois (à part un membre de TEO et deux ou trois du « journal de bord »). J. est appelé à expliciter son point de vue, mais comme il l’a déjà fait à l’interdépartementale (car le problème dépasse largement l’attitude/position du groupe Lyon-centre) la semaine précédente, en pure perte, il ne répond pas à cette demande qui, de toute façon, provient d’une déléguée qui n’a jamais participé à cette commission, mais à la commission revendication-débat. Les membres du groupe Lyon-centre qui participaient auparavant à la commission action se gardent bien d’intervenir puisqu’ils sont partie prenante de la mort de cette commission. Devant tant de mauvaise foi ou de calcul politique. J. et d’autres du « journal de bord » ou proches décident de quitter l’AG qui de toute façon est entrée dans son dernier quart d’heure. Peut être est-ce une erreur de ne pas avoir saisi l’occasion de remettre en route la commission au sein de l’AG de Lyon cette fois, mais l’usure pousse plus à l’aquoibonisme qu’à envisager des coups tactiques.

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