« L’amour à trois, Soral, Zemmour, De Benoist » Interview de Nicolas Bonanni

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Suite à la manifestation antifasciste de la semaine dernière, et pour poursuivre le débat ouvert avec « Sale Race ? », Haro vous propose un petit détour du côté de l’extrême-droite.

Suite à la manifestation antifasciste de la semaine dernière, et pour poursuivre le débat ouvert avec « Sale Race ? », Haro vous propose un petit détour du côté de l’extrême-droite.

Vous connaissez Alain Soral et Eric Zemmour. Mais les avez-vous lu ? Et savez-vous qui est Alain de Benoist ? Non ? Ce n’est pas grave. Oui ? Cet article est fait pour vous. Parce qu’un petit livre vient de paraître aux éditions Le monde à l’envers intitulé L’amour à trois. Alain Soral, Eric Zemmour, Alain de Benoist. Son auteur, Nicolas Bonanni, lui, a lu ces trois penseurs de l’extrême-droite – ce qui nous arrange bien parce qu’on préfère lire des choses plus intéressantes. Il propose une lecture critique des thèses anti-universalistes, inégalitaires et misogynes de ces intellectuels de « l’autre droite ». Thèses qui irriguent toute la société, et en premier lieu le Front national. Nous lui avons posé quelques questions.

Tu as publié récemment L’amour à trois aux éditions Le monde à l’envers. De quoi s’agit-il ?

Je viens en effet de publier une tentative de décryptage de la pensée de trois intellectuels d’extrême-droite : Alain Soral, Eric Zemmour et Alain de Benoist.
Il faut d’abord revenir sur l’arrière plan de leur succès. Depuis une quarantaine d’années, nous sommes dans une période de crises et de bouleversements, où l’histoire s’accélère. Parmi les phénomènes majeurs, la financiarisation, la robotisation et la crise environnementale créent des tensions sociales qui déstabilisent les systèmes établis… et la vie des individus. Confrontés à un système en crise, à un marché du travail de plus en plus dur et de plus en plus précaire, à l’érosion du lien social et des solidarités traditionnelles, les gens cherchent des échappatoires (télévision, médicaments), ou des réponses politiques.
C’est sur cette toile de fond que ces trois idéologues modernisent le discours traditionnel de l’extrême-droite. Alain Soral agite principalement internet, avec des vidéos très regardées. Eric Zemmour a une forte audience à la télévision, et il a vendu 400 000 exemplaires de son livre Le suicide français. Alain de Benoist, lui, s’occupe de publier des ouvrages érudits et des revues confidentielles, ce qui explique qu’il est moins connu que les deux autres. Leur point commun, c’est de donner une réponse « de droite » à la crise sociale : un repli sur les identités, la mythification d’un passé ou tout était « en ordre ». Il faut selon moi prendre acte que la modernité a dérivé vers un techno-capitalisme destructeur. Mais face à cet état de fait, ils proposent un retour aux aliénations pré-modernes, à la morale religieuse. Ce qui explique leur succès, c’est qu’au moins ils proposent un discours, des analyses critiques, dans un vide politique généralisé.

Dans ton livre tu montres que Soral, Zemmour et De Benoist expriment dans leurs écrits un mépris terrifiant pour les femmes à qui ils prêtent « une mentalité directement issue de leur anatomie ». Parce qu’elles sont nées femmes, elles sont, selon eux, naturellement « sans vision sociale, sans projet politique ». Tu peux nous en dire plus ?

Le sexisme de ces individus est en effet sidérant. Mais leur argumentation est
finalement assez limitée : les hommes sont des hommes parce qu’ils sont nés comme ça, les femmes sont des femmes parce qu’elles sont nées comme ça. Pour eux, les hommes seraient naturellement tournés vers la conquête parce qu’ils ont des organes génitaux extérieurs, et les femmes seraient naturellement sans vision politique parce qu’elles ont des organes génitaux intérieurs.
Remettons les choses en contexte. Cela fait plusieurs dizaines d’années que des recherches ont mis en avant l’importance de penser, en parallèle de l’approche biologique (le sexe), la construction sociale des identités féminine et masculine (le genre). Les deux éléments ne correspondent pas nécessairement : tout le monde connaît des femmes « masculines » et des hommes « féminins ». C’est que ces identités de genre n’ont qu’un rapport léger avec l’appartenance sexuée. Il nous manque d’ailleurs des mots pour mieux penser cette disjonction : il faudrait des adjectifs qui renvoient à mâle et femelle (les aspects sexués) et d’autres qui renvoient à homme et femme (les aspects genrés) – alors qu’on emploie les termes de masculin et féminin pour les deux, ce qui entretient la confusion.
Toutes ces recherches sur le genre sont ignorées, ou moquées, ou caricaturées, ou combattues, par les trois idéologues que j’ai étudié, qui réassignent systématiquement les individus à leur sexe. Genre = sexe, sexe = genre, et l’ordre traditionnel sera préservé.

Par opposition, tu expliques que leur argumentaire visant à justifier les inégalités entre les « races » est plus subtil.

Sur le terrain du racisme, ils procèdent aux mêmes assignations que pour le sexisme, mais « à l’envers », ce qui leur donne un vernis de respectabilité : ils ne parlent jamais de « races », mais toujours de cultures, de civilisations ou de religions. Peu importe, au fond, puisque pour eux race = civilisation et civilisation = race. Pour eux, les individus appartiennent quasi-mécaniquement à des blocs culturels, homogènes et statiques, attachés à des territoires – une sorte de « race sociale ». Pour eux, la Culture est une seconde nature, à laquelle on ne peut échapper. Ce qui est faux, évidemment, mais qui a l’attrait des simplifications.
Ensuite, ils ne développent jamais un argumentaire en termes « d’inégalité ». Ils se contentent d’un différentialisme radical. Entre leurs « blocs culturels », les différences sont tellement importantes qu’elles prennent le pas sur le commun. Pour eux, les individus appartiennent à leur culture avant d’appartenir à l’espèce humaine. C’est un argumentaire assez malin, puisqu’une fois admis que les individus ne partagent pas une nature commune, il devient finalement impossible de penser l’égalité : on ne peut être égaux que si l’on se reconnaît une appartenance commune – appartenance que le différentialisme se charge de dissoudre.

Si je ne me trompe pas, ce « racisme culturel » a imprégné petit à petit toute la droite. Tu montres que le Front national a récupéré cet argumentaire. Mais n’est-ce pas aussi le cas d’une bonne partie de la droite libérale ? Il n’y a qu’à voir les derniers discours de Sarkozy. Le problème, ce ne sont plus les arabes, mais les musulmans – et on comprend bien qu’au fond il assimile les uns aux autres.

La question des discriminations subies par les maghrébins en France est intéressante. Il est clair que derrière la polarisation du débat public sur les questions de religion, de laïcité (et particulier sur la question de l’Islam) il y a tout le passif non réglé des politiques coloniales et néo-coloniales de la France.
Le débat public français vole assez bas : il n’y a qu’à voir les polémiques ridicules autour du burkini l’été dernier. Les amalgames répétés entre Daech et l’Islam, entre musulmans et arabes, entre immigration et « insécurité » ne font que créer de la confusion, et on sent que le travail de « lepénisation des esprits » dénoncé dans les années 1990 a porté ses fruits. Aujourd’hui, une bonne partie de la classe politique – et des Français – pratiquent ces amalgames. Ce qui ne revient pas à dire que tous les Français sont racistes, mais ces discours produisent des effets. C’est en partie pour cela que de nombreux arabes français se rapprochent de la religion musulmane, même s’ils en étaient éloignés à l’origine. Tant qu’à être assigné à une identité discriminée, autant l’assumer et retourner le stigmate ! [1]
Le discours différentialiste est performatif. En prétendant que les identités culturelles sont homogènes et statiques, que culture = civilisation = religion, que tous les arabes sont musulmans, et en opposant des blocs culturels les uns aux autres, il participe à créer sa propre réalité.

D’ailleurs, est-ce qu’il s’agit d’une vraie mutation idéologique ou est-ce juste une stratégie de façade pour s’adapter à l’antiracisme et au fait qu’il est plus difficile de dire aujourd’hui (et heureusement ) « dehors les arabes » ?

Pour moi, le virage « culturaliste » des questions « raciales » n’est pas une stratégie de façade, mais une vraie modernisation. Alain de Benoist et tout le courant de la Nouvelle droite ont bataillé ferme pour imposer ces nouvelles idées à l’extrême-droite, ce qui leur a valu des inimités durables.
Cette évolution « culturelle » n’est pas propre à quelques idéologues d’extrême-droite. Dans les années 1970, toutes les formations politiques avec un minimum de réflexion ont intégré dans leur pensée des analyses tirées des sciences sociales. Et ont donc mis en avant des déterminismes culturels là où l’on ne voyait auparavant que des déterminismes naturels. La catégorie « race » est aujourd’hui bannie du discours public au profit des mots « religion » ou « culture », tout comme la catégorie « sexe » est systématiquement remplacée par le mot « genre ». Trop souvent, on ne fait que remplacer un mot par l’autre, sans rien changer à l’analyse. Remplacer un déterminisme par un autre n’a jamais fait avancer les idées – cela permet tout au plus de moderniser les structures oppressives.

Ce qui est plus surprenant, ce sont certaines similitudes entre le discours de Soral ou de de Benoist et le discours d’une partie de la gauche influencée par les post-colonial studies, et proche en France d’un parti comme le PIR [Note post-interview : on pense ici à la remise en cause de l’universalisme, la prépondérance d’une sorte de déterminisme culturel, la mise en avant d’identités culturelles ou religieuses… ] Y a t-il similitude entre ces deux discours ? Qu’est-ce qui les différencie ?

La critique de l’universalisme est un thème en vogue. Les mouvements anti-racistes et féministes contestent depuis longtemps – à raison – à l’Occident sa tendance à se croire le centre du monde, et à se confondre avec l’Universel (au nom duquel il doit donc apporter au reste du monde la démocratie, ses droits de l’homme et ses droits des femmes, éventuellement les armes à la main). Cette critique de l’universalisme républicain est pertinente, car tous ces beaux discours ont servi à enrober le colonialisme et une réaction d’autodéfense intellectuelle est évidemment salutaire. Mais elle débouche parfois sur des discours qui prétendent que l’universalisme est nécessairement un faux nez de la domination occidentale ou de la domination masculine. Je crois que si on pousse la logique au bout, si on refuse toute idée d’universalité des conditions ou des valeurs, alors on se prive de toute possibilité de penser l’idée même d’égalité – qui est pourtant le but affiché et explicite des mouvements anti-racistes et féministes. On ne peut être égaux qu’avec des individus avec lesquels on se reconnaît une nature commune : penser l’égalité entre une pomme et une chaise n’a pas de sens, entre deux pommes cela en a un. C’est en cela que l’idée d’humanité commune est précieuse.
C’est cette idée de nature humaine que les idéologues d’extrême-droite ont décidé de détruire, en insistant sur les différences et les particularités. En arrimant chacun à son « identité » (réelle ou fantasmée), qui est censée être plus réelle, plus fondamentale que l’humanité. C’est une de leurs obsessions : découper l’humanité en blocs étanches. Les hommes et les femmes, les européens et les africains… D’ailleurs, quand les arguments culturalistes ne suffisent plus, ils se rabattent sur les vieux arguments « scientifiques ». Voir par exemple le numéro 159 de la revue Eléments qui se fait l’écho de théories scientifiques en faveur d’une origine multirégionale de l’humanité (postulant « l’existence de foyers d’homnisation indépendants, mais non totalement séparés »). En un mot : l’espèce humaine n’en est pas une, mais une collection de différentes espèces hybridables – et remise en cause du « dogme de l’unité du genre humain ». Chassez le racisme biologique, il revient par la fenêtre.
Je pense que l’universalisme, l’idée que les êtres humains partagent une condition commune, c’est l’appui nécessaire pour toute politique qui se veut émancipatrice et égalitaire. À condition de ne pas oublier leur extrême diversité, et sans confondre l’universalisme avec le fait de tout mesurer à l’étalon monétaire.
Je défends simplement l’idée que ce qui réunit les êtres humains, au delà de leurs différences biologiques ou culturelles, est plus fort que ce qui les différencie, mais que ces singularités existent. Pour penser l’égalité, il faut se savoir doté d’une même nature. Penser cette nature commune ne doit pas nous faire croire que nous sommes tous identiques.

Tu disais : « Ce qui explique leur succès, c’est qu’au moins ils proposent quelque chose, dans un vide politique généralisé ». À quoi penses-tu concrètement ? De qui leur succès est-il l’échec ?
Au début des années 1970, une partie non-négligeable de la population mondiale, au Nord comme au Sud, avait de bonnes raisons de mettre ses espoirs dans une révolution qui aurait abattu le capitalisme et rebattu les cartes sociales. Dans les années qui ont suivi, ces espoirs se sont effondrés. Le Capital a repris l’initiative : répression militaire et policière des mouvements révolutionnaires (en Amérique du sud, en Afrique, en Europe, au Japon, aux Etats-Unis….) précarisation du marché du travail, mécanisation, informatisation, financiarisation. Aujourd’hui, on peut dire que ceux qui portent des rêves de justice sociale sont dans le brouillard. Quand on prétend porter ensemble égalité et liberté, et non les opposer, on est un peu démuni : que proposer ? La dépolitisation des rapports sociaux est à son maximum. On baigne dans un individualisme généralisé, alors que les causes de notre exploitation, de notre aliénation et d’un grand nombre de nos problèmes sont avant tout sociales.
La majorité de la population ne croit plus à des possibilités de changement radical de société. C’est le sens du vote PS ou LR. Aucune ambition, aucune idée, aucun programme, aucune différence entre les programmes, c’est cela le vide politique. Ça ne veut pas dire que tout le monde est satisfait de la situation, loin de là, mais tout ce qui peut s’exprimer l’est en négatif. C’est à mon avis le sens d’une partie du vote Front national par exemple – comme le raconte Didier Eribon dans son livre Retour à Reims. Un rejet des élites, du « système », mais qui s’exprime dans le cadre de ce système et sur des thèmes qui ne peuvent permettre aucune émancipation.
Reste un tout petit espace pour celles et ceux qui cherchent à conjuguer liberté et égalité, émancipation collective et émancipation individuelle. Évidemment, cet espace ne se trouve pas dans les urnes. Objecteurs de croissance, presse libre, « cortège de tête », Amaps, contestation anti-Linky, lutte contre l’Etat d’Urgence, Zads, syndicats autogestionnaires… il se passe beaucoup de choses mais l’audience de ces mouvements est mince. Le succès de l’extrême-droite, c’est à mon avis l’échec de cette gauche à porter des propos et des pratiques cohérentes qui rencontrent les préoccupations des gens « d’en bas ». Et puis, il faut bien dire que les discours simplistes fonctionnent toujours mieux que ceux qui essayent de saisir le réel dans toute sa diversité. Il est plus facile de dénoncer quelques boucs émissaires, de jouer sur la peur ou d’en appeler à une « identité » prétendument menacée que de porter une critique véritablement sociale.

Dans L’amour à trois, tu expliques que la critique du capitalisme par Zemmour, Soral et de Benoist n’est que théorie, ou mauvaise foi. Est-ce que ces idéologues ont modifié les rapports triangulaires entre économie, valeurs de gauche et valeurs de droite ?
Le capitalisme a brisé mille liens qui liaient les hommes les uns aux autres, et à leur environnement, pour les remplacer par des liens monétaires. Ce qu’on attendait hier de la solidarité familiale, amicale ou de voisinage, on l’attend de plus en plus des services marchands – éventuellement des services publics. Converties aux valeurs du capitalisme, assimilant libéralisme et liberté, la sociale démocratie comme la droite libérale ont pour unique programme de demander au capitalisme de tenir ses promesses et d’achever de briser tous les liens.
La droite anti-libérale, celle du trio, porte un discours critique du capitalisme, ou du moins de certaines de ses facettes. Mais c’est avant tout un discours moral, éthique et romantique, une critique des « valeurs » du capitalisme qui déracine le hommes. Ils proposent essentiellement d’en revenir au stade « d’avant », ou à ce qu’ils nous présentent comme le stade d’avant – avec toutes les mythifications nécessaires. Avant le capitalisme, avant la modernité, quand les hommes étaient enracinés, pris dans des structures sociales organiques hiérarchiques stables. Hélas (ou heureusement), comme on ne revient jamais en arrière, je pense que la seule conséquence de leur activisme peut être d’ajouter l’aliénation nationaliste ou religieuse à l’aliénation capitaliste ; les tensions identitaires, racistes et sexistes à l’exploitation capitaliste. Ils n’ont rien modifié, seulement mis au goût du jour la critique de droite du capitalisme, qui existe depuis un siècle et demi et qui était traditionnellement portée par les aristocrates et l’Eglise.
En dehors de la droite anti-libérale, de la droite libérale et de la gauche libérale, il reste un espace pour une gauche révolutionnaire, qui couplerait critique sociale et critique culturelle, critique de l’exploitation et de l’aliénation [2]. Une critique du capitalisme qui renoue avec les expériences des anarchistes espagnols, des situationnistes, des briseurs de machines du XIXème siècle. À mon avis, cela implique de sortir du techno-progressisme obligatoire (« on n’arrête pas le progrès »), de s’intéresser aux expériences concrètes et marginales (les squats, la simplicité volontaire…) ainsi qu’aux expériences pré-capitalistes ou non-européennes au lieu de réclamer systématiquement plus d’Etat contre le capitalisme. Cela implique également de porter clairement une pensée libertaire qui ne soit pas libérale. Et de sortir des ghettos militants, et d’appuyer tout effort politique sur les préoccupations populaires (trop souvent caricaturées en « trucs de beaufs »).


Nicolas Bonanni
L’amour à trois
Alain Soral, Eric Zemmour, Alain de Benoist

Novembre 2016
10x14cm, 72 pages, 3 euros

[1Houria Bouteldja dans Nouvelles questions féministes, février 2006.

[2A ce sujet, lire l’article de Mathieu Amiech, « L’indispensable alliage » dans la revue L’inventaire n°3 (hiver 2015).

 


CNT 69] Communiqué de soutien à la librairie « la plume noire » suite à une agression fasciste

note: le laboratoire anarchiste , a déjà commencé l’appel à la solidarité financière avec un  point de dépôt de solidarité financière  est ouvert au bar » le club » rue bouffier valence.  Cet  argent sera transmis à la plume noire pour remettre en état le local et le pérenniser,


Les syndicats de la CNT tiennent à manifester leur soutien à la librairie « la plume noire », victime d’une agression fasciste samedi 17 novembre

Suite à une manifestation d’extrême droite ( GUD, Action Française, Parti Nationaliste Français …) pour s’opposer au projet de reconversion de l’église Saint-Bernard, un groupe de fascistes, casqués et armés, a attaqué la librairie la plume noire, en tentant de pénétrer violemment dans le local : cassage des vitres et d’un volet, blessant des personnes présentes.

Le contexte nauséabond actuel (chasse aux émigrés et aux pauvres, surenchérissement dans les mesures sécuritaires, discours pour séduire l’électorat du front-national, banalisation du racisme, de l’homophobie et du sexisme…) ne peut qu’encourager ces militants fascistes. Ils doivent se sentir forts quand ils peuvent venir armés et casqués, à un rassemblement interdit par la préfecture mais protégé par la police. Ce laissez-faire est un signal d’autorisation ! Cette même police qui s’en prend violemment à la jeunesse qui manifeste contre la politique de gouvernement notamment lors du mouvement contre la loi travail. Cette même extrême droite qui a tenté d’attaquer les cortèges syndicaux au niveau de la manufacture des tabacs. Cette même police qui, en plein cortège syndical, a contrôlé l’identité des militant-es de la CGA, sous prétexte qu’ils et elles étaient regroupés sous la bannière de la CGA ! Cette même extrême droite qui a attaquée à plusieurs reprise le local militant la Ruche à Villefranche. Cette même police qui est intervenu violemment dans un local de la CNT à Lille. Cette même police qui empêche les militant-es antifascistes de manifester à Saint-Jean, territoire réservé aux fascistes. Par cette attaque, c’est l’ensemble du mouvement des travailleurs et travailleuses qui est attaqué, ceux et celles qui luttent contre cette société, contre les inégalités, l’arbitraire, la violence et les discriminations qu’elle génère. Ne nous y trompons pas, si la police laisse faire, c’est que les autorités, dont le rôle est de défendre l’ordre établi, l’ont bien compris. Gageons qu’une fois de plus, la préfecture va faire passer cette complaisance envers les militants d’extrême droite, pour de la neutralité. Ce sont des camarades de lutte qui ont été agressé-e-s. Nous répondons positivement à leur appel à la solidarité et à une réaction large de toutes les composantes du camp progressiste. Un coup contre l’un-e d’entre nous est un coup contre tous !

L’Union Départementale de la CNT 69

Marseille, « métropole militaire » ?

 lu surmars-infos.org

La région marseillaise participe-t-elle à la grande marche à la guerre ? Il semblerait que oui,… Cet article tiré de la feuille d’agitation anarchiste « Du pain sur la planche » revient sur la logique de la militarisation de la métropole marseillaise, sur les industries de l’armemement locales et sur l’encasernement croissant.

Jamais en rang, jamais à genoux ! A bas toutes les armées !

L’atmosphère est réellement irrespirable ces temps-ci : comme des vagues tempétueuses qui remuent la vase, les sommations à se mettre au garde-à-vous derrière le drapeau national se succèdent. État d’urgence prolongé de mois en mois, durcissement continu du code pénal, pouvoirs sans cesse élargis de la police, perquisitions à tout-va et assignations à résidence distribuées à la pelle…

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L’État, qui multiplie depuis des années ses interventions dans les guerres et les conflits aux quatre coins du monde (Afghanistan, Liban, Côte d’Ivoire, Centrafrique, Libye, Mali, Irak, Syrie…), à chaque fois pour consolider des positions jugées stratégiques et accompagner des logiques d’exploitation et de pillage des territoires, étend sa rhétorique et son arsenal de guerre ici même, au prétexte de la lutte « anti-terroriste » et de la chasse à l’« ennemi intérieur ».

Voilà donc que l’armée se réorganise autour d’un plan dénommé « Au contact  », tout un programme… L’objectif affiché est de « faire face à une menace plus dure, plus diffuse, plus proche », mais aussi de « s’adapter au combat de mouvement, y compris en milieu urbain ». En d’autres termes, se déployer sur le territoire français, défini officiellement comme un terrain de guerre. L’État a lancé fin 2014 un programme appelé « Scorpion », afin de moderniser et d’optimiser ses capacités d’intervention militaire, tout en les rendant plus « souples » et « réactives ». Ces plans viennent confirmer les perspectives développées depuis plusieurs années au sein de l’OTAN, tablant sur l’utilisation des armées dans des opérations de maintien de l’ordre de type contre-insurrectionnelles.

Le gros de l’armée de terre va désormais s’organiser autour de deux nouvelles divisions : la première et la troisième, dont les commandements sont respectivement basés à Besançon et à Marseille, représentant 25000 militaires chacune, réparti-es en régiments. Hourra ! Hourra !, « Marseille redevient une place militaire de premier rang », «  une véritable métropole militaire est née », s’écrie toute la fine fleur des passionné-es du militarisme, rédacteurs et journalistes aux ordres, celles et ceux qui déblayent le terrain avant que les bottes y prennent place. Ces larbin-es du pouvoir assurent même un rôle d’agence de pub pour les différentes campagnes de recrutement, avec ces derniers mois des appels renouvelés à s’engager dans la réserve opérationnelle, pour porter ses effectifs de 24000 à 40000. Avec la réserve et, à terme, la Garde nationale [1], c’est un pas de plus qui est franchi dans le processus de militarisation de la société : il ne s’agit plus des recrutements habituels pour stabiliser les effectifs d’une armée dite « de métier », mais bien de mettre en ordre de marche, de manière durable et intensive, une véritable offensive nationaliste et autoritaire. Non content d’exiger de chacun-e toujours plus de soumission, et de pousser les « citoyen-nes » à agir en auxiliaires de police (pensons aux Voisin-es Vigilant-es par exemple), l’État invite désormais les plus zélé-es à revétir directement l’uniforme. Pour ne rien gâcher, les différents supports de propagande mettent en avant l’idée de transposer dans les entreprises, donc au service de l’exploitation capitaliste, tout l’esprit militaire que les réservistes acquerront au cours de leur formation.

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Le 20 juin dernier, c’est tout un gratin de politiques, de soldat-es, d’officier-es et des mange-merde de la presse, 1400 personnes au total, qui se pavanait sur les pelouses du jardin du Pharo pour officialiser la création de la 3ème division, dont le quartier-général est installé au quartier Rendu à Sainte-Marguerite dans le 9ème arrondissement.

Marseille, « métropole militaire » ? Mis à part tout le bruit fait autour de l’événement, celui-ci marque une étape supplémentaire dans le déploiement des uniformes, présents en masse depuis longtemps dans cette ville, à travers d’innombrables casernes et anciens forts militaires, le centre EPIDE [2] dans le 15ème arrondissement, le quartier de la Légion étrangère à Maldormé, les patrouilles de Vigipirate et de Sentinelle, dont les effectifs ont quasi-doublé après la tuerie de Nice. En réalité, c’est toute la région qui est saturée et en grande partie organisée autour de structures consacrées à la guerre : base aérienne à Istres, camps d’entraînement de Carpiagne et de Canjuers (le plus grand d’Europe, situé au nord de Draguignan), bases de Miramas, Nîmes, Hyères et de Fréjus, base navale de Toulon, et on en passe. Des structures qui sont souvent reliées par des moyens de transport spécifiques (voies ferrées, plate-formes portuaires, gares et routes spéciales) pour acheminer soldat-es et matériel.

Les soldat-es viennent resserrer les mailles du contrôle étatique, que ce soit pour verrouiller les frontières (entre Menton et Vintimille par exemple), ou au sein des métropoles, dans les rues et les gares, en complément des flics et autres vigiles, pour rendre plus compliquées certaines insoumissions quotidiennes (vols en magasins, fraudes…), et dissuader les velléités de révolte.

La guerre des puissant-es ne fait pas que des morts civils par centaines et par milliers, elle n’est pas qu’une machine à écraser les individus et de mise au pas des populations sous le sceau de l’autorité et de la hiérarchie, elle est aussi une manne économique énorme pour nombre d’entreprises de production d’équipements, de systèmes de renseignement et d’armement. Nous n’en citeront que quelques-unes ici : Bull, Nexter, Renault Truck Defense, Dassault, Thalès, le tout sous l’égide de la DGA (délégation générale à l’armement). Rappelons au passage que ces charognard-es comptent sur une myriade de sous-traitants pour arriver à leurs fins, et que cette production serait impossible sans tous les laboratoires de recherche (privée comme publique) qui perfectionnent les outils de mort.

L’armée prévoit déjà un «  gigantesque salon militaire » l’an prochain à Marseille, « afin de marquer les esprits » et de « conforter le lien armée-nation ». Bloquer, perturber, empêcher concrètement cette parade qui vise tant le recrutement que la propagande, est une idée qui vient immédiatement à celles et ceux qui refusent obstinément d’être enrégimenté-es.

Pas question de suivre au pas leurs marches militaires morbides qui annoncent et alimentent autant de massacres que de soumission. Quand la sale ombre des képis s’étend, et que la mode du kaki devient virale, saboter en mots et en actes, dans la rue, avec entrain et imagination, tout cet immonde effort de guerre pourrait aussi être un terrain fertile pour propager nos désirs d’une liberté démesurée, sans nations ni États, sans limites et sans frontières.


Notes

[1La Garde nationale serait constituée de toutes les réserves des forces de police, de gendarmes et de militaires, comprenant agents à la retraite et volontaires civils, soit 200000 personnes en tout. A titre d’exemple, la garde nationale américaine a été déployée aussi bien dans des guerres «  extérieures  », que pour mater des révoltes, comme celle de Ferguson en 2014.

[2Les centres Epide (pour Établissement Pour l’Insertion Dans l’Emploi) sont des sortes de maison de redressement que le pouvoir a créées pour y placer des « jeunes volontaires » (sic) susceptibles de trop développer leur allergie au travail, à la discipline scolaire et à l’obéissance. D’où un régime basé sur le port de l’uniforme, des horaires stricts et un encadrement en mode militaire. Le passage dans ces centres est censé déboucher sur un emploi ou une formation, en partenariat avec Pôle emploi.


Roybon(Isère) Contre Center Parcs et Compagnie le 2-3-4 Décembre : IIIème hiver d’occupation à Roybon

lu et copié zadroybon

Bonjour à toutEs,

L’occupation se poursuit à Roybon et entame son 3ème hiver. Pour faire écho aux rencontres sur la forêt qui avaient eu lieu l’année dernière à la même époque, rassemblons nous les 2-3-4 décembre pour échanger, planter, construire, danser, chanter…

3iem-hiverAffiche en jpg

A diffuser largement et à coller  en PDF

Vendredi 2 décembre

Rendez-vous à la Marquise à partir de 18h pour un repas vegan suivi de projections/débats à 20h sur des luttes d’ici et d’ailleurs.

Samedi 3 décembre

de 10h à 12h et de 14h30 à 18h30

10h – 12h: Discussions interluttes avec des camarades d’ici et d’ailleurs / Plantations d’arbres fruitiers

12h: Repas végan

14h30 – 18h30: Discussions interluttes avec des camarades d’ici et d’ailleurs / Atelier bois

19h: Repas vegan

20h00 : Interlude conte

Concert de Zoulouzbek Band

 

Dimanche 4 décembre

11h: Ballade dans les sous-bois des Avenières

14h Contes avec Pistil (anciennement Pustule l’Ardéchois)

Suite autogérée des discussions de la veille.

Toute la journée: Chantier bois et terre-paille à la barricade sud.

brkd-sud

N’hésitez pas à ramener du matériel pour les divers chantiers.

A très vite dans les bois!

Parution du numéro 2 du journal Rhizome

Rhizome, journal anarchiste suisse pour diffuser la résistance contre le génie génétique et son monde, sort son deuxième numéro. Avec des communiqués et compte-rendus d’actions, des nouvelles du champ d’OGM de Zurich, des infos et analyses sur les nouvelles technologies génétiques, un retour historique sur la science moderne et la domination, l’histoire de l’inflitration par des néo-fascistes de la manif contre Monsanto à Morges..

On peut le télécharger sur le blog https://rhizom.noblogs.org/

Editorial du numéro 2 :

A qui profite le temps ?

Le moratoire sur le génie génétique est prolongé1 jusqu’en 2021. Une raison de se réjouir où même de faire la fête ?
Plutôt une raison de réfléchir ; pourquoi maintenant ? Que va-t-il se passer ensuite ?

Ainsi s’exprime le pouvoir d’État le 18.12.2015 : « Lors de sa séance d’aujourd’hui, le Conseil fédéral a décidé de maintenir l’interdiction de cultiver des organismes génétiquement modifiés (OGM). Le moratoire actuel devrait être prolongé jusqu’en 2021 dans la loi sur le génie génétique (LGG). Le Conseil fédéral demande par ailleurs que soient précisés les principes garantissant la protection des cultures conventionnelles ainsi que le libre choix des consommateurs (coexistence), et que soient créées les conditions permettant de définir des périmètres de culture réservés aux OGM. »2

Cette déclaration montre clairement quelle intention se cache derrière cette prolongation ; gagner du temps pour imposer les produits modifiés génétiquement sur les marchés de la manière la moins conflictuelle possible, stratégie déjà en œuvre au début du moratoire, lorsque des sommes d’argent énormes ont étés investies dans le programme de recherche national PNR 59. Ces recherches ont, entre autres, porté sur la meilleure manière de briser la résistance dans la population, spécialement chez les femmes qui seraient plus critiques et chez la population paysanne qui serait méfiante pour des motifs irrationnels (voir „Le champ du contrôle“). Aujourd’hui, nous comprenons encore mieux que le temps est le meilleur allié quand il s’agit d’habituer les gens à l’instauration d’une nouvelle technologie controversée.

Qui croit encore au régime démocratique comme moyen pour avoir droit à la parole, doit vite se raviser. Qui croit encore qu’un moratoire peut empêcher le développement international de l’installation des OGMs oublie que seul l’argent importe dans la société, ou plutôt dans l’économie.
Le fait que le conseil fédéral prolonge le moratoire parallèlement à ce qu’il négocie, au plan international, le traité de libre-échange qui permettra l’instauration des OGMs en Europe, montre clairement l’hypocrisie du pouvoir démocratique. En outre, cette prolongation n’est même pas encore définitivement sûre puisque le parlement ne s’est pas encore prononcé dessus. Et les lobbys y disposent de bien des moyens d’influence.

Il s’agit d’instaurer la technologie génétique, avec le maximum de profit et le minimum de résistance.
Il y a donc l’opportunité pour quelques-un·e·s de s’asseoir à table des négociations avec les autorités et peut-être d’en sortir avec quelques concessions accordées. Il est même possible que certain·e·s opposant·e·s aux génie génétique négocient avec les autorités les contours de l’introduction des OGMs. Comme par exemple la petite ONG romande StopOGM qui croit que s’il existe des zones spécifiques où les OGMs seront autorisés, elle pourra s’opposer efficacement à toutes demandes d’autorisations de plantes génétiquement modifiés. Quelle sorte de stratégie est-ce que cela ?
C’est toujours le même petit jeu ! Certaines personnes ou ONGs, qui se plaisent à se voir comme représentants de l’ensemble d’un mouvement, finissent par vouloir dominer l’ensemble de la contestation et poignardent dans le dos des militant·e·s plus radicaux en s’asseyant à la table des négociations puis en nous vendant ensuite leur compromis moisi comme la meilleure victoire possible. Le seul gain de tels agissements sont pour la carrière des ces bureaucrates – qu’elle soit politique ou économique – et non pas pour le mouvement de résistance, notre environnement et sûrement pas pour la lutte pour un monde sans génie génétique.

Si nous voulons vraiment nous engager pour un monde sans génie génétique, nous ne pouvons pas déléguer nos responsabilités dans les mains de politicien·ne·s où de chercheurs et chercheuses faussement neutre. Nous devons tous et toutes prendre nos responsabilités individuelles en main. Un mouvement qui se positionne contre la technologie génétique se doit de placer ses perspectives de manière plus globale.
On ne viendra pas à bout de la technologie génétique en faisant appel aux capitalistes, dont la première priorité est et reste le profit, ni au politicien·ne·s dont la première priorité est et reste « la gestion de la société », soit la préservation de leur propre intérêt carriériste.

Cela devient intéressant lorsque nous nous organisons librement pour des actions directes et que nous luttons pour une vie définie librement, sans génie génétique, en vue d’un monde sans domination.

C’est vers cet horizon que Rhizome se veut de contribuer à avancer. Bien du plaisir avec la deuxième édition.

rizoma2

È uscito il secondo numero di Rizoma, bollettino anarchico ecologista incentrato nella lotta contro l’ingegneria genetica in Svizzera.

tu peux trouver  RIZOMEE in italiano, francese e tedesco sul blog: rhizom.noblogs.org
où sinon tu peux demander des copies à rizom@immerda.ch

 

[ Italie] Opération “Scripta Manent”: transfert de Sandrone à Ferrara

traduction de CNA

ils continuent les transferts continuels  d’une prison à l’autre des camarades arrêté pour l’opération « Scripta Manent.Encore un nouveau déplacement pour le camarade Alessandro Mercogliano  de la prison d’Alexandrie il a été transféré  dans  celle  de Ferrara, toujours e dans le quartier AS2, où sont déjà séquestrés les camarades Nicola Gais et Alfredo Cospito .

Ils continuent, ainsi, les nuits insomniaques et paranoïaques du misérable pm Roberto Sparagna que pour obtenir quelque preuve, étant donné qu’il n’en a pas non plus, il s’amuse en torturant les camarades par les « interdiction de se  rencontrer »,  (en souvenant  que pour Sandro et Marco à Alexandrie comme Danilo et Daniele au Terni il n’a jamais été possible de se rencontrer en prison), et  des déplacements continuels.

 En dehors de quelconque  logique  de « innocence » ou « culpabilité » j’exprime ma totale solidarité et complicité inconditionnelle au Sandrone et à tous camarades arrêtés pour l’opération « scripta manent. »

RadioAzione, 21 novembre 2016

 adresses mise à jour

BISESTI MARCO: Casa Circondariale San Michele – Strada Casale, 50/A – 15121  Alessandria (AL)

MERCOGLIANO ALESSANDRO: Via Arginone, 327 – 44122 Ferrara

BENIAMINO ANNA: Via Aspromonte, 100  –  04100 – Latina LT

CREMONESE DANILO EMILIANO:  Str. delle Campore, 32  –  05100 Terni TR

SPEZIALE VALENTINA: Via Aspromonte, 100  –  04100 – Latina LT

ALFREDO COSPITO: Via Arginone, 327 – 44122 Ferrara

NICOLA GAI: Via Arginone, 327 – 44122 Ferrara

CORTELLI DANIELE: Str. delle Campore, 32  –  05100 Terni TR

 

 

Attaque fasciste sur la Croix Rousse et contre la librairie libertaire la Plume Noire communiqué de la CGA Lyon

note: suite  de la page : solidarité active avec l’espace anarchiste la Plume Noire,

lu et copié:http:cgalyon.ouvaton.org

Ce samedi 19 novembre 2016 en milieu d’après-midi, des catholiques intégristes et d’autres militants d’extrême-droite appelaient à un rassemblement place Colbert, pour s’opposer au projet de reconversion de l’église Saint-Bernard (actuellement désaffectée) en centre d’affaires et exiger qu’elle soit confiée à la fraternité saint Pie X, une organisation catholique particulièrement réactionnaire et proche des milieux fascistes.

Ce rassemblement avait fait l’objet d’une interdiction de la préfecture, qui invoquait dans son communiqué le risque de trouble à l’ordre public et renvoyait honteusement dos à dos fascistes aux méthodes violentes et militant·e·s progressistes et antifascistes présent·e·s dans le quartier.

Le rassemblement a pourtant eu lieu malgré l’interdiction, comprenant des membres du GUD, de l’Action Française et du Parti Nationaliste Français lourdement casqués et armés, qui ont fait une première apparition devant notre local, la librairie la Plume Noire, au début de l’après-midi.

Ces militants fascistes, ouvertement préparés à mener des actions violentes, n’ont pas été inquiétés ou contrôlés par les nombreux policiers présents, qui ont d’ailleurs assuré la protection du rassemblement en tenant à distance militant·e·s antifascistes et autres habitant·e·s du quartier.

Nous ne nous étonnons malheureusement pas d’une telle complaisance y compris dans le cadre de l’état d’urgence, alors même que celui-ci sert notamment de cache-misère à la répression accrue des mouvements sociaux progressistes. Rappelons qu’il y a quelques semaines, la police manifestait de nuit dans les rues lyonnaises main dans la main avec cette même extrême-droite.

Vers 18h, alors que le rassemblement des intégristes s’était dispersé, une vingtaine de fascistes toujours massivement équipés ont remonté les pentes de la Croix-Rousse et ont brutalement convergé vers la Plume Noire, où se trouvaient une douzaine de nos camarades.

Les personnes présentes dans le local ont baissé le rideau pour se protéger, mais les fascistes ont réussi à le relever et à enfoncer un autre volet métallique, détruisant également les vitres qui se trouvaient derrière.

La résistance de nos camarades a empêché les fascistes de pénétrer physiquement dans le local, mais n’a pu éviter les dégâts matériels que sont la destruction de la totalité des vitres et d’une partie du volet. Plusieurs personnes ont également subi des blessures légères durant cette agression qui a duré de longues minutes, notamment à cause de projectiles (pierres, outils métalliques, bouteilles en verre) lancés par les fascistes. Lors de leur arrivée puis de leur départ, les fascistes ont hurlé « on est chez nous », « la France au Français » et « morts aux juifs », comme signe de ralliement et de dispersion.

Cette attaque odieuse n’est pas un fait isolé. Près de 20 ans après l’incendie du précédent local de la Plume Noire par l’extrême-droite en 1997, elle s’inscrit dans la montée en puissance actuelle de l’extrême-droite et du fascisme, qui se traduit par une multiplication des agressions contre les minorités, des militantes et militants du mouvement syndical, féministe, antiraciste, LGBT et progressiste.

Ces attaques sont favorisées par l’ouverture de nouveaux locaux fascistes dans plusieurs villes françaises comme Lille et Lyon, qui servent de lieux d’organisations à cette stratégie d’intimidation fasciste. À Lyon, il y a maintenant 4 locaux (PNF, GUD, Action Française et les identitaires), sans réaction réelle des autorités et de la ville de Lyon.

Face à ce constat, nous réaffirmons que nous ne nous laisserons pas intimider et nous en appelons à la solidarité et à une réaction large de toutes les composantes du camp progressiste.

Le groupe de Lyon de la Coordination des Groupes Anarchistes

Note: solidarité active avec l’espace anarchiste la Plume Noire

les faits relevé sur rebellyon.info

L’extrême-droite s’est rassemblée cette après-midi pour tenter d’occuper la Croix-Rousse dans leur logique de reconquête de l’église Saint-Bernard. Ce rassemblement leur a surtout permis d’organiser une attaque violente en règle contre la librairie La plume noire, local de la Coordination des Groupes Anarchiste à Lyon.

Après un première tentative d’intimidation dans l’après-midi, c’est un groupe d’une quinzaine de fafs casqués qui a attaqué la librairie en fin de journée. Malgré les grilles baissées et la résistance des camarades présents, il ont pu briser les vitrines de la devanture. Plusieurs personne ont été légèrement blessés dans cette attaque.

Peu avant cette attaque, les fachos étaient protégés place Colbert par un déploiement policier conséquent – malgré l’interdiction par le préfet, flic en chef, dudit rassemblement !

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La police stationne   place Colbert située à 50 mètres de l’espace anarchiste la  Plume Noire pendant l’attaque des fachos

communiqué:

Ce samedi 19 novembre 2016, aux alentours de 18h, la librairie libertaire « La plume noire » à Lyon a subi une attaque en règle en marge d’une manifestation d’extrême-droite. Un commando d’une quinzaine de nervis casqués ont brisé la devanture et blessé, fort heureusement légèrement, quelques personnes qui ont eu le malheur de se trouver là.

Le laboratoire anarchiste tient à dénoncer ces violences contre un lieu de culture militante. Il s’agit là d’exactions clairement préméditées pour terroriser, commis par  des ecclésiastes qui sévissent aujourd’hui et des fascistes organisés ,contre ceux  et celles qui ont à cœur la solidarité internationale et la lutte contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression.

Nous tienons à assurer de son entière solidarité les personnes qui ont été victimes de ces violences ainsi que les animateurs et animatrices de la librairie La Plume noire En tant qu’anarchistes nous ne plierons jamais,  toujours en train  de pratiquer  et de revendiquer  fièrement  notre anarchisme et les pratiques  qui nous appartiennent , sans médiation ni récupération.Nous sommes aux côté de nos compagnon-e-s  de la Plume Noire

 

 

[Un délit de solidarité

lu et copié sur aubanar.lautre.net

» Nous qui n’acceptons les passeurs et l’accueil des clandestins que pendant le lointain temps de l’occupation. Nous qui sommes jugés si nous ouvrons nos portes. » extrait de l’intervention faite il y a deux jours…

Reçu aujourd’hui :

Pourquoi j’ai secouru des réfugiés

J’ai 45 ans et 2 enfants. Je suis fonctionnaire de l’Éducation Nationale, Ingénieur d’Études dans un laboratoire de recherche du CNRS / Université Nice Sophia Antipolis. Je suis également enseignant au département de Géographie de la Faculté des Sciences et Membre du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel Provence Alpes Côte d’Azur. Je n’étais pas jusqu’à présent militant politique ou associatif.

Dans ma famille on est Corse. J’ai passé toutes mes vacances au village dans la maison de mon grand-père, le médecin du canton qui faisait ses visites à cheval. Au village, presque 50 ans après sa mort, les gens en parlent encore car que ce soit en pleine nuit à l’autre bout du canton, que ce soit un bandit blessé ou un paysan qui n’ait pas de quoi payer, il soignait. Dans les récits que me racontait mon père et dans les expériences que j’ai vécu là-bas, j’ai appris et compris qu’on ne laisse pas quelqu’un en danger sur le bord de la route, d’abord parce que c’est la montagne mais aussi parce que c’est une question de dignité. Ou d’honneur comme on dit.
J’ai la chance d’avoir des enfants et en tant que père avec la garde partagée, j’ai pris cette tâche pas évidente très au sérieux. Pas évidente car aujourd’hui le monde va mal que ce soit d’un point de vue social ou environnemental alors au delà d’une “bonne situation”, ce que je souhaite pour mes enfants, c’est qu’ils soient l’espoir d’un monde meilleur.

Le Dimanche 16 octobre en rentrant en voiture de la fête de la brebis à la Brigue avec ma fille de 12 ans, nous avons secourus 4 jeunes du Darfour. Ce village français est dans la vallée de la Roya qui est frontalière de Vintimille en Italie. C’est dans cette vallée que sont régulièrement secourus hommes mais surtout femmes et enfants qui se trouvent sur ces routes de montagnes et qu’on appelle migrants. Ces 4 jeunes étaient complètement perdus et se dirigeaient à pied, certains en bermuda, vers les montagnes enneigées. Avec ma fille on les a ramené à Nice, ils ont mangé et dormi avec nous dans mon appartement de 40m². Le lendemain comme tous les jours d’école nous nous sommes levés à 6h15. Ils sont venus avec moi déposer ma fille à l’école puis je les ai déposé dans une petite gare peu surveillée par la police et je leur ai payé un billet de train pour la première partie du trajet. Ils devaient retrouver leur famille à Marseille.
C’était ma première action de secours envers ces “migrants”. Pourquoi je l’ai fait ce jour là ? Jusqu’à présent avec mes enfants j’avais déposé des vêtements à la croix rouge à Vintimille, des chaussures, un sac à dos, pour aider mais aussi pour leur montrer qu’il y a des injustices dans le monde et que chacun de nous peut faire quelque chose… Là c’était la deuxième fois que je voyais un groupe sur le bord de la route. La première fois j’avais hésité, je n’avais pas eu le courage, mais cette fois ci il y avait ma fille et j’ai pu lui montrer l’exemple.

Le lendemain lundi 17 octobre, après une soirée chez des amis dans cette même vallée, sur le retour vers Nice, je décide de m’arrêter dans ce camp pour migrant à  St Dalmas de Tende, un bâtiment désaffecté pour colonies de vacances de la SNCF qui a été ouvert en urgence quelques heures auparavant, sans autorisation, par un collectif d’associations dont la Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty International et un tas d’associations nationales et locales. L’ouverture de ce lieu à fait l’objet d’un communiqué de ces associations dans les médias. Je sais bien que mon retour vers Nice est une opportunité d’en sortir quelques-un de ce lieu sans eau ni électricité et ou la température en pleine nuit ne doit pas dépasser 10 degrés. Je décide d’en ramener chez moi et de les déposer à la gare le lendemain.

Ce sont 3 filles qu’on vient d’aller chercher à l’étage. Elles sont contentes de ma proposition me dit-on car elles sont attendues par une association à Marseille pour être soignées. Quand je les vois mon coeur se déchire. Elles ont peur, elles ont froid, elles sont épuisées, elles ont des pansements aux mains, aux jambes, l’une boite en faisant des grimaces de douleurs et l’autre ne peut pas porter son sac avec sa main blessée. J’apprendrais plus tard que l’une d’elles est la cousine de la jeune fille tuée sur l’autoroute vers Menton quelques semaines avant. Elles ne parlent ni français, ni anglais. Il faut marcher une centaine de mètres pour rejoindre ma voiture et cela prend très longtemps car l’une marche très difficilement. J’en profite pour essayer de savoir de quel pays elles sont. Érythrée. Une fois dans la voiture, je constate qu’elles n’ont jamais utilisé de ceinture de sécurité. Je suis dans l’embarras de m’approcher d’elles qui ont peur pour leur mettre la ceinture. Elles n’ont pas peur de moi mais dans leurs yeux je lis qu’elles savent que rien n’est gagné. Il ne faut pas être un génie pour comprendre qu’au long des 6000 km qu’elles ont fait pour arriver jusqu’ici, elles ont fréquenté la mort et le cortège d’horreurs qu’on n’ose imaginer. Je démarre avec à mon bord ces filles dont je dois prendre soin et que je dois amener à bon port. J’éteins la radio, la situation est suffisamment incroyable.
Nous n’arriverons pas à Nice. Au péage de la Turbie les gendarmes nous arrêtent et nous conduisent à la Police de l’Air et des Frontières. Ils m’ont séparé des Érythréennes. Ce n’est pas clair ce qu’ils ont fait d’elles mais je ne crois pas qu’elles aient été soignées. Elles auraient été renvoyées au sud de l’Italie comme ça se fait souvent. Les policiers m’ont dit qu’au moins l’une d’elle était mineure. Je n’ai pas réussi à les protéger.

Après 36h de garde à vue, j’ai été libéré sous contrôle judiciaire. Ma voiture a été saisie ainsi que mon téléphone et je n’ai pas le droit de quitter Nice sauf pour emmener mes enfants à l’école mais il n’y pas de transport en commun à moins de les réveiller à 5h30 du matin. Mon procès est renvoyé au 23 novembre 2016 à 13h30 à la même audience que Cédric Herrou membre d’associations humanitaires qui est également poursuivi pour avoir aidé des étrangers.

Le lendemain de ma libération, alors que, coup du sort, j’effectuais un point de compression sur un accidenté de la route qui se vidait de son sang en bas de chez moi, un “jeune migrant” est mort percuté par une voiture sur l’autoroute à Menton, il a été projeté par dessus le parapet du viaduc et a fait une chute de plusieurs dizaines de mètres. Venu du bout du monde, perdu sur l’autoroute et mort à 20 km de chez moi.

Mon geste n’est ni politique, ni militant, il est simplement humain et n’importe quel citoyen lambda aurait pu le faire et que ce soit pour l’honneur de notre patrie, pour notre dignité d’hommes libres, pour nos valeurs, nos croyances, par amour ou par compassion nous ne devons pas laisser des victimes mourir devant nos portes. L’histoire et l’actualité nous montrent suffisamment que la discrimination mène aux plus grandes horreurs et pour que l’histoire ne se répète plus, nous devons valoriser la solidarité et éduquer nos enfants par l’exemple.

Pierre-Alain Mannoni

 

 

Allex ( Drôme) 19/11 Un Samedi sur un Air de kermesse

Note d’ambiance: »On avait envie d’agir et de se sentir utile, c’est ça la vraie image de la France ».

Note du laboratoire    En dehors de la kermesse à la table de presse on a donné des infos  de la situation actuelle à Calais  ( avec des arrestations de réfugiés, des personnes qui n’ont pas le bon papier pour rester dans cet hexagone et aussi le nouvel appel d’offre pour organiser  la répression et les expulsions ) un peu d’infos ici

France bleu Drôme Ardèche samedi 19 novembre 2016 à 22:01

Des centaines de personnes à Allex pour rencontrer les réfugiés

Tables rondes sur le thème de l’accueil des migrants et des sans-papiers - Radio France