Parution du livre « Hors Service, recueil d’articles du journal anarchiste, 2010-2014 »

On peut trouver le livre dans les lieux de diffusion habituels (dont le laboratoire anarchiste), ou le commander via tumult_anarchie@riseup.net A partir de 3 exemplaires, s’applique une réduction de 25% sur le prix. Plus d’infos sur tumult.noblogs.org

L’introduction au livre :

Après la fin de l’aventure du journal Hors Service, force est de constater que nous non plus, nous n’avons pas « trouvé » la Toison d’or. On l’a voulue, désirée, rêvée. On a combattu, on s’est obstiné, on a reçu des coups. On s’est mis en péril, on s’est mis à nu en entreprenant ce voyage, on s’est hasardé dans des terres inconnues. Si notre bateau n’est pas arrivé à destination, c’est que la destination doit être le voyage même.

Le journal que nous avons commencé à éditer en cet hiver 2010 a été un beau voilier pour poursuivre nos rêves. Parfois les vents sont venus bousculer nos cartographies et les tempêtes ont bien secoué les voyageurs. Tant mieux, c’est la tempête qu’on voulait ! La tempête en nous, la bataille têtue contre un monde de morts. On a brisé le carcan des conventions et du moindre mal pour laisser s’enflammer nos coeurs. Et ils ont brûlé, toujours cherchant à porter le feu non seulement devant les portes des ennemis de la liberté, mais aussi dans les corps de nos contemporains.

La parole est une compagne de voyage capricieuse. Elle cherche à jeter des ponts, à ouvrir des brèches dans ce qui a toujours été la cible première de l’autorité : l’esprit et le coeur des hommes. Généralement elle échoue, errant dans le désert. Mais parfois elle peut devenir cri, blessant la chair infestée d’idéologies, de croyances, d’obéissances. Il n’y a pas de forme qui soit plus propice qu’une autre, car c’est toujours une blessure individuelle, un coup de couteau dans le ventre du singulier. Sinon, la parole ne serait qu’artifice de propagande intéressée, de recrutement, d’embrigadement.

Est-il encore possible aujourd’hui d’utiliser la parole pour diffuser les idées anarchistes ? Y a-t-il encore un sens à entreprendre des aventures telles que l’édition d’un journal ? Est-ce que nos mots pourraient encore être compris par d’autres ? Ces questions ne devraient pas recevoir une réponse trop rapide et méritent une réflexion plus approfondie. Les montagnes de mensonges et de manipulation accumulées par le pouvoir, son programme d’annihilation de la vie intérieure de l’homme, de sa sensibilité et de son imagination, de sa capacité à raisonner et à aimer pourraient rendre de telles oeuvres absolument obsolètes et désespérées. On serait amené à croire que la seule parole qui devrait encore être lancée en défi aux esclaves de ce monde devrait être la foudre et le feu. Pour tout détruire. Pour tout raser au sol. Au péril d’y succomber nous aussi. Mais la destruction risque de rester prisonnière de ce monde si elle ne développe pas en même temps l’imagination, la sensibilité justement, de la liberté. Si elle ne peut pas voir dans les flammes ravageuses aussi la joie de sa liberté à l’oeuvre, une promesse prométhéenne. Pas d’un monde comme on l’a décrit maintes fois par le passé dans les livres anarchistes, pas d’une utopie qui fait miroiter un paradis dans l’au-delà, mais l’exigence vitale de ne pas être réduit à un rien qui sème du rien autour de soi. Nos armes doivent être chargées de futur, et la parole pourrait encore jouer un rôle là-dedans.

Le journal Hors Service ne s’est certainement pas, on l’espère bien, distingué par sa volonté d’édifier un quelconque paradis ou lexique de l’anarchisme. Mais nous n’avons pas non plus laissé nos désirs devant le seuil de la porte. On a conçu ce journal comme une petite barque qui nous permettait d’aller explorer des îles perdues, des jungles sauvages, de hautes montagnes dans le brouillard. Mais toujours en cherchant à suggérer quelque chose, quelque chose de particulier. Une petite chose, dirait-on. Une petite chose qui s’appelle attaque. Et pas juste une attaque générique qui s’approcherait de la vacuité des catéchismes de l’anarchisme, mais des attaques précises, frappant les responsabilités précises, l’attaque qui intervient comme un hôte inattendu dans le monde des choses et des hommes pour y porter la destruction et la désorganisation. C’est sans doute un aspect fondamental de ce que pourrait être aujourd’hui une diffusion des idées anarchistes : la suggestion de l’attaque, les informations précises nécessaires à son développement, la défense des actes qui sèment le trouble dans la marche du pouvoir. Pour être capable de faire cela, de s’y essayer en tout cas, il faut certains ingrédients qui sont les mêmes que tout autre projet de lutte anarchiste : la connaissance du terrain, l’analyse des rapports sociaux, l’étude des moyens de lutte. C’est peut-être avec ce petit extra que des anarchistes pourraient contribuer à nourrir ce qui couve dans le ventre de la société.

Hors Service, épinglé dans deux enquêtes anti-terroristes qui ont visé des anarchistes et anti-autoritaires en Belgique, ne s’est pas d’abord adressé aux autres anarchistes, ce journal était justement un vaisseau pour intervenir dans les réalités sociales, notamment dans les quartiers populaires de Bruxelles. Sa diffusion se faisait tous les mois (et pendant quelque temps, on a sorti des numéros toutes les deux semaines), à quelques milliers d’exemplaires, de main en main dans la rue. La façon d’écrire, la taille des articles, les angles d’attaque, la forme, les langages n’ont pas pris le dessus sur les idées qu’on a voulu défendre ; le journal a donc été anti-politique. Mais cela ne nous a pas empêché de saisir beaucoup mieux l’infinité des possibles du langage, tout en se heurtant aussi à ces limites. Nous croyons que cette expérience peut démentir autant ceux qui prétendent qu’il n’y a plus rien à dire, que toute parole est devenue inerte et donc superflue, que ceux qui face au défi de la diffusion des idées anarchistes, se disent qu’il vaut mieux tout adapter, tout rabaisser, tout niveler afin d’accroître les chances de pouvoir jeter ce fameux pont de la communication et du dialogue. Cette dernière hypothèse est tout simplement fausse. Appliquer des procédés politiques à la diffusion de l’idée anarchiste n’ouvre qu’une seule voie : rentrer dans les rangs dans l’« opposition critique », et ultérieurement, inévitablement, dans les girons du pouvoir. On croit pouvoir affirmer que l’expérience de Hors Service prouve qu’il reste possible de parler aux autres des idées anarchistes sans devoir les diluer, de proposer des suggestions de lutte sans faire des calculs avec le code pénal en tête, de développer des analyses propres qui ne tanguent pas à gauche et à droite dans l’illusion d’ainsi combler le prétendu « vide théorique » des anarchistes. Il faut juste oser et ne pas avoir peur de finir sur les récifs.

Dans ce recueil, nous avons repris une sélection d’articles parus dans le journal. Il n’a pas été facile d’établir les critères de ce choix, ni de les suivre toujours.

« Contre l’odieux accouplement du conformisme et de la terreur, contre la dictature des « moyens » oublieux des fins dont ils se recommandent, la Joconde de l’utopie peut, non pas l’emporter, mais faire planer à nouveau son sourire et rendre aux hommes l’étincelle prométhéenne à quoi se reconnaîtra leur liberté recouvrée. »
Georges Henein, 17 août 1945, Le Caire.

Berlin, Allemagne : Un compagnon en prison

Le 18 octobre 2017 à Berlin a eu lieu le procès contre notre ami et compagnon Nero au tribunal de Moabit. On l’accuse d’avoir aveuglé un hélicoptère de la police avec un laser. Le soir-même, un concert a eu lieu à la Rigaer strasse, ce qui a conduit à des affrontements dans la rue. Nero a été arrêté dans la partie sud du quartier de Friedrichshain, frappé au commissariat et relâché le lendemain matin. Un mois plus tard, des flics en civil l’ont attendu sur son lieu de travail et l’ont arrêté à son arrivée. Depuis lors, cela fait trois mois qu’il est en détention provisoire à la prison de Moabit. Quelques flics en uniforme étaient déjà positionnés devant le tribunal et des flics en civil rôdaient dans le quartier pour harceler les personnes venues en soutien. Journalistes et flics venus témoigner au procès se sont réunis devant la salle du tribunal. Le procès était censé débuter à 9h20, mais il a fallu plus d’une heure pour que la presse et les personnes solidaires [1] puissent entrer dans la salle.

Après avoir lu les accusations, le juge a déclaré qu’un accord avait été conclu, stipulant que la peine n’irait pas au-delà de 2 mois de prison si l’accusé reconnaissait les faits. Les aveux comprenait le fait de reconnaître l’aveuglement de l’hélico des flics dans le but de soutenir les émeutes dans la Rigaer Str. Ceci est un crime et la peine encourue peut aller de 1 à 15 ans de prison. Par un simple „oui“ sous pression, la peine était fixé entre 16 et 20 mois.

Ensuite, le pilote de l’hélico a été appelé à la barre pour témoigner. Angelo Koepp n’est pourtant pas que pilote mais aussi un grand acteur. Visiblement, il a longuement préparé sa mise-en-scène afin de s’imaginer des scènes les plus dramatiques possibles et d’obtenir la plus lourde condamnation possible pour notre ami. Sans évoquer une seule source, il a parlé d’un collègue rendu invalide à long terme qui, après une attaque similaire, aurait toujours besoin d’aide pour lire. De plus, il a expliqué qu’habituellement les hélicoptères de la police ne sont pourvus que d’un pilote et d’un assistant qui, en cas d’urgence, serait dans l’incapacité de piloter l’engin. Mais comme le hasard fait bien les choses, deux pilotes se trouvaient à bord lors de toutes ces attaques au laser, rendant quasi improbable un éventuel crash. Angelo n’avait pas trop de mal à s’imaginer des scènes d’horreur en cas de crash de l’hélico en expliquant comment les 330 litres de kérosène à bord auraient pu créer une énorme boule de feu. Etrange qu’aucune boule de feu n’ait été visible lorsque deux hélicoptères sont entrés en collision au stade olympique, même s’il y avait bien plus de kérosène en jeu à ce moment-là. Cette boule de feu a très certainement pu être évité en raison du fait que le laser ait été dirigé à un des angles escarpés de l’hélicoptère. S’il avait été ciblé d’une plus grande distance, l’hélicoptère aurait du changer de direction. Les pilotes ont pourtant pu suivre Nero et retourner à la Rigaer Strasse après son arrestation. Avant le début de l’intervention, il avait été communiqué aux flics qu’ils devaient s’attendre à des attaques au laser. C’est bien l’endroit où l’hélicoptère des flics terrorise le quartier depuis des décennies, et pas seulement les squatteurs mais aussi tou.te.s les autres habitant.e.s du quartier qui en ont ras le bol de cette surveillance. A la fin, il a été demandé au témoin de parler du nombre d’intervention dans la Rigaer Str. mais il n’a pas été en capacité de répondre en raison du fait qui lui manquait l’autorisation pour témoigner.

Après qu’Angelo a terminé sa représentation théâtrale, il s’est assis parmi les personnes solidaires irritées pour suivre la suite du procès. Après cela, tout le monde était d’accord sur le fait qu’il n’était pas nécessaire d’entendre d’autres témoins. Un ami a justement été entendu pour affirmer que Nero habitait chez lui et n’était absolument pas sans-abri mais une personne parmi tant d’autres dans cette ville qui galère à trouver un logement et qui, en tant que travailleur, passe une bonne partie de son temps (plusieurs jours par semaine) à galérer dans les files d’attente devant les „Bezirksämter“ [2] afin de notifier ses changements d’adresse. Mis à part les questions sans intérêt venant de l’assesseur, il n’y a rien eu d’autre à dire et les juges se sont retirés jusqu’au délibéré à 11h30.

Lorsque les portes de la salle 101 se sont rouvertes, tous les flics venus témoigner étaient assis sur les places des personnes solidaires, bien que ce ne soit plus nécessaire. C’était les trois flics qui étaient dans l’hélico (le vieux avec le maillot vert, sa fonction?) et M. Habedank, enquêteur en chef de la LKA 5, qui ne s’est pas privé de montrer certaines personnes solidaires afin de leur faire savoir qu’il les connaissait parfaitement. Tous étaient excités de joie et tendu au moment du jugement.

Lors du rendu, le juge ne s’est visiblement pas privé de tenir un discours moralisateur interminable en direction du public et d’inclure dans son jugement tous les scénarios d’horreur interprété par le pilote à la barre du tribunal. Il a exprimé son accord avec les réquisitions du procureur, à savoir une peine de 18 mois de prison qu’il estime indispensable, sans liberté conditionnelle, puisque cela permettrait à Nero de continuer à „lutter contre la police“. Espérons qu’il puisse la mener avec autant de succès de l’intérieur, comme il l’a fait lorsqu’il était dehors. Le juge a finalement refusé de libérer Nero pour un certain temps avant que sa peine ne débute. Un long rapport a également précédé le jugement. Puisque notre ami n’a montré aucun regret pour son geste, celui-ci a été vu comme un risque de réitération et le fait qui lui manque un contrat de location, sans prendre en considération la situation actuelle du marché du logement à Berlin, a été classé comme un motif pour prendre la fuite. Donc notre ami est et restera en prison.

Faisons sauter les prisons, les palais et les flics !

Reçu le 9 novembre 2017

[Traduit de l’allemand de contrainfo, 10.11.2017]

NdT :

[1] A « visiteur-euse-s » nous avons préféré l’emploi de « personnes solidaires » pour des simplifications grammaticales mais également parce qu’à chaque fois il est question des personnes venues en soutien du compagnon Nero.

[2] Le « Bezirksamt“ est une autorité administrative présente dans chaque quartier. Berlin en compte 12. Elle est soumise à l’autorité du sénat, qui est l’institution qui administre la ville.

Appel de la CNT à la grève et à la manifestation le 16 novembre 2017

note:  le 16/11  la CNT stp 26  appel au rassemblement  syndical à 14h devant la préfecture de la Drome ( si  le rassemblement syndical+ nombreux que 500 personnes) on part en manif en ville.

-On met le texte publié par l’ UD CNT 69

Avec l’élection de Macron, on savait que la rentrée serait rude.
Les ordonnances qui passent en force pour démanteler le code du travail, les suppressions de postes dans la fonction publique ou les attaques renouvelées contre les retraites et l’assurance chômage, les insultes envers les travailleuses et travailleurs, les attaques réactionnaires contre l’éducation nationale et supérieure, ce ne sont pas les sujets qui manquent pour se mobiliser !

C’EST NOUS QUI PRODUISONS, C’EST NOUS QUI SUBISSONS !
Compétition, évaluation permanente, suprématie des chef·fe·s sur les salarié·e·s, individualisme et consommation forcenée… Chacun·e est contraint·e, au mieux de défendre son confort, au pire d’organiser sa survie, alors que quelques-un·e·s s’accaparent tout.

Dans le service Public
Dans l’éducation, les hôpitaux, les collectivités territoriales et les autres secteurs, depuis longtemps mesures et réformes rétrogrades se succèdent et détruisent nos conditions de travail alors que nous nous démenons pour continuer d’assurer nos missions. Mais cela devient de plus en plus dur : réduction des postes, manque de remplaçant·e·s, précarisation des personnels pourtant essentiels, manque de formation, salaires dérisoires,
personnels jeté·e·s à la fin de leurs contrats, détresse des collègues et des usagers, flicage tous azimuts, réformes déconnectées de nos besoins, baisse de nos budgets, petit·e·s chef·fe·s rompu.e.s au management, répression des syndicalistes, des manifestant.es ou de celles et ceux qui osent résister dans la rue, dans les ZAD, dans les quartiers populaires ou au travail.

Dans le privé
Dans le privé, la loi travail XXL c’est l’inversion de la hiérarchie des normes avec des conséquences catastrophiques sur les employé-e-s laissé-e-s seul-e-s face à leur employeur. Contrairement à la communication gouvernementale, ce n’est pas une relation d’égal à égal avec son patron mais un lien de subordination fort.
De plus, l’affaiblissement des syndicats et de leur place dans l’entreprise par cette loi (ex : fusion des instances du représentatives du personnels avec la suppression CHSCT) rendra les discussions encore plus asymétriques toujours à l’avantage du patronat. En pratique, c’est la possibilité de remettre en cause les acquis de toutes les luttes antérieures qui sera possible comme les congés maternités, les primes, etc.. La rupture conventionnelle collective et la prise en compte des résultats des entreprises uniquement en France sont une porte ouverte à des licenciements massifs au bon vouloir des patrons et sans aucun contrôle. Et même au delà, c’est la possibilité dans les branches de créer encore plus de précarité avec la remise en cause des contrats de travail.
Le CDD pourra être allongé jusqu’à 4 ans ! Les CDI de chantier pourront être généralisés. Ce sont des “super” CDD pouvant durer le temps d’une mission (concept vague et pouvant aller au delà des 4 ans) qui finiront d’achever le CDI. C’est bien des travailleurs toujours plus précaires, corvéables et sous payer qui est le but du gouvernement Macron.

Chez les lycéens et les étudiants
Pour les lycéens et les étudiants, le gouvernement Macron veut leur faire subir les mêmes réformes pour une société toujours plus libérale et individualiste. Cela prend la forme d’évaluation dès le plus jeune âge (dès les premières semaines du CP) mais aussi l’utilisation des nouvelles méthodes de managements avec les conséquences catastrophiques que nous connaissons bien. Mais c’est aussi la fin du baccalauréat comme premier diplôme universitaire permettant un libre accès à l’enseignement supérieur.
Pour la rentrée 2018, le gouvernement nous prépare un baccalauréat comme concours de sélections des admissions post-bac. C’est également la précarisation toujours plus forte des étudiant-e-s avec la réduction des APL et la suppression de la sécurité sociale étudiante. Pour finir, via des baisses budgétaires (à étudiants constants), c’est la paupérisation de l’Université et logique mercantile qui est imposé dans l’enseignement supérieur et un retour à des méthodes pédagogiques et autoritaires d’il y a plus de 50 ans.

PUBLIC, PRIVE, PRECAIRES, ETUDIANTES, RETRAITEES : MEME COMBAT !
Le gouvernement décide de frapper un grand coup contre le code du travail, les retraites, la fonction publique et les protections sociales, tout en fliquant encore davantage nos vies et en réprimant les résistances. Il est urgent et nécessaire de nous organiser pour nous retrouver le plus nombreux possible dans la rue contre la régression généralisée.
Macron, c’est aussi le président des (ultras) riches ! Les suppressions de l’ISF est un premier pas vers des réformes fiscales toujours plus avantageuses pour les classes dirigeantes et faisant porter les largesses fiscales en direction des entreprises sur les autres !
C’est un fait : Macron nous déclare la guerre, à l’instar du mépris avec lequel des milliers de contrats aidés viennent d’être supprimés.

AFFIRMONS NOS SOLIDARITES : CONSTRUISONS LA GREVE GENERALE !
Construisons la grève du 16 novembre, donnons-lui des suites, organisons-nous pour mettre en place des solidarités entre nous tou·te·s : public, privé, retraité ·e·s, jeunes, chômeuses et chômeurs. Pour cela, discutons avec tous nos collègues, retrouvons-nous en AG, reconstruisons ensemble du collectif et des solidarités interprofessionnelles, reprenons le pouvoir sur nos outils de travail, réinventons nos vies et notre société.
Certes, tout cela prend du temps et de l’énergie. Mais est-ce plus dur que de se retrouver isolé·e·s dans nos difficultés ou se sentir seul·e contre tou·te·s ?
Prenons le temps de construire ensemble les outils et les bases d’une société plus juste. On ne transformera rien en un jour, ni non plus en déléguant notre voix à l’un·e ou l’autre leader plus ou moins charismatique…

P.-S.

Jeudi 16 novembre 2017 – EN GREVE pour le retrait des ordonnances « Loi Travail »
MANIFESTATION – 11H30 – Place Ch. Béraudier (Parvis – gare Part-Dieu) jusqu’à la Place Bellecour –

Au local de la CNT :
Jeudi 16/11/2017 – 19h : Rencontre/discussion autour du Syndicalisme Révolutionnaire
Dimanche 19/11/2017 – 16h : « Les Lascars LEP » Projection/débat sur le mouvement étudiant et lycéen contre la loi Devaquet en 1986 + Concert « Guillaume Allardi »

Documents associés à l’article :

Kara, libérée après avoir passé la totalité de sa peine à l’isolement

Ce matin, 14 novembre 2017, Kara, incarcérée depuis le 26 mai 2016 et condamnée à 2 ans de prison ferme et 2 avec sursis dans l’affaire du quai de Valmy est sortie de Fleury-Merogis.

 

Il n’y a pas eu d’appel des condamnations prononcées le 11 octobre dans l’affaire de la keufmobile brûlée le 18 mai 2016. Celles-ci sont donc définitives. Seule la personne jugée en son absence pourrait encore « faire opposition » si elle était arrêtée. Cet éventuel nouveau procès ne changerait pas les peines prononcées pour les 8 autres inculpé.e.s.

Après le rendu du verdict, deux personnes étaient restées en détention.

Ce matin, Kara, incarcérée depuis le 26 mai 2016 et condamnée à 2 ans de prison ferme et 2 avec sursis pour avoir lancé un plot sur le pare-brise de la voiture est sortie de Fleury-Merogis. L’autre personne est toujours enfermée.

Kara sort libre (sans aménagement, bracelet ou autre) car elle est arrivée en fin de peine. Cette libération intervient près de 18 mois après son arrestation. La justice aura gardé Kara enfermée tout au long de l’instruction et Kara ne se sera vue octroyer qu’une partie des remises de peines supplémentaires auxquelles elle pouvait prétendre. Malgré des conditions de détention particulièrement difficiles, Kara ayant effectué la totalité de sa peine à l’isolement, la justice a donc décidé de la garder le plus longtemps possible enfermée.

Solidarité avec les personnes pour qui la répression continue dans cette affaire !

 

Defcol.
lu sur Non fides

 

[zad-chambarans] Weekend projection 18-19/11

rappel  le mercredi 15 novembre à 19h30 au laboratoire anarchiste

Apéro- discussion autour du procès mercredi 15 novembre à 19h30


Bonjour à tout-es!
Nous avons passé une très belle semaine de chantiers, clôturée samedi en
beauté! Nous mettrons bientôt quelques photos sur le site wordpress pour
que vous puissiez vous rendre un peu compte de ce qui s’est passé cette
semaine 🙂
On envoie ce mail pour vous prévenir que le weekend prochain sera aussi
un weekend animé à la Marquise.
En effet, nous prévoyons une soirée de projections sur l’anarchisme le
samedi, plus des chants, des pizzas, des discussions, etc.
(Re)viendez! Youpi!

 

Ci-dessous, le descriptif du weekend:

 

Pizz’anarchiste sur fond des meutes

Samedi :

15h-17h discussions autour de l’anarchisme aujourd’hui

18-19h30 projection du doc « Ni dieu ni maître, une histoire de l’anarchisme » 1ère partie

19h30-21h Pizza party (ramène ta boisson)au son des meutes (chorale de Die)

21h-22h30 2ème partie du doc « Ni dieu ni maître, une histoire de l’anarchisme »

Dimanche :

A partir de 10h Atelier pain ( pour tous les âges)

Suivant les envies on peut poursuivre les discussions,chanter,se balader…

———–

Pour les discussions, l’idée est de partir d’extraits de texte puis d’échanger nos idées et nos connaissances autour de la variété des tendances anarchistes et de leur évolution ces dernières années.

La chorale « les meutes » sera présente et répétera dès le samedi après midi et ce pour tout le we, elle invite toutes les personnes ayant envie de chanter à les rejoindre.

Les boulangères seront présentes avec leur four mobile pour les pizzas et l’atelier du dimanche.

Possibilité de dormir sur place.

A bientôt dans les bois

[reçu par mail]

Les Mujeres Libres et la question de la « non-mixité »

 note: une brochure  à disposition  dans l’infokiosque au laboratoire anarchiste

Mujeres Libres, c’est une organisation libertaire espagnole de masse qui a existé de 1936 à 1939 pendant la guerre civile espagnole et la révolution… Mais les Mujeres Libres, c’est aussi, et à ça ces 20 000 femmes ne peuvent plus grand-chose, une des quelques nouvelles coqueluches d’un certain féminisme d’aujourd’hui et en particulier des défenseurs des pratiques de « non-mixité » qui cherchent, en dépit de tout, à enraciner leur proposition politique dans une histoire des luttes révolutionnaires. A croire que s’inscrire dans une tradition historique (aussi éloignée soit-elle) est un moyen de palier à la faiblesse argumentative qui peut parfois même la masquer.
Elles n’y peuvent rien, mais pourtant leurs textes peuvent encore parler. C’est pourquoi nous sommes naïvement retournés lire ces textes, et ce que nous y avons trouvé nous semble justifier la réédition présente, assortie d’une introduction et débarrassée des notes qui, dans une édition récente, se sont donné pour étrange objectif de « corriger » les textes et d’orienter leur lecture pour les faire rentrer dans les schémas de pensée actuels de la postmodernité. Des schémas qui pourtant n’ont pas d’autre perspective que d’en finir avec celle des Mujeres Libres : la révolution (en l’occurrence, « sociale et libertaire », car il s’agit bien de militantes anarcho-syndicalistes).
Libre à chacun ainsi de relire Lucia Sanchez Saornil et de se faire un avis sur ce qu’il y aurait aujourd’hui à faire et à dire des textes de ces femmes dont la perspective explicite, comme les textes publiés ici le montrent, est d’imposer leur participation « en mixité » (avec des hommes, donc) à la lutte révolutionnaire, alors en cours dans l’Espagne des années 30.

Brochure éditée par Ravage Editions en collaboration avec le groupe de lecture de la bibliothèque Les Fleurs Arctiques à Paris, octobre 2017.

Sommaire :

  • Faire entrer les Mujeres Libres au panthéon du féminisme libéral ? 20 000 femmes, ça fait beaucoup… Notes de lectures sur les Mujeres Libres, la question de la « non-mixité » et le féminisme – P. 4
  • La récupération : Cas d’école – P.18
  • La Question féminine dans nos milieux Par Lucía Sánchez Saornil (1935) – p.22
  • Annexe : La non-mixité en question – Être en lutte ou être lutte ? – P.40

 

Télécharger MujeresLiberes-44p-A5.pdf

France] : Le numéro 1 de Kairos – Journal anarchiste, vient de paraître

 » En grec ancien, kairos désigne l’idée du moment opportun à saisir, ce l’occasion favorable, de l’instant propice qui permet le réussite d’une action au milieu des aléas du monde et des incertitudes des circonstances extérieures. pour cela, il est nécessaire de passer à la pratique, d’apprendre à saisir ce kairos, d’une part en cherchant à le reconnaitre sans se cacher derrière l’alibi facile des circonstances, d’autre part en se préparant à agir afin de ne pas laisser s’échapper cette occasion.
En somme, ce journal est un outil pour sortir de la pure abstraction des idées et inscrire notre discours dans une perspective pratique, dans une volonté de propager l’action offensive anarchiste et de tendre vers l’insurrection et le bouleversement de ce monde… »I

Cliquez sur l’image pour télécharger le PDF

Disponible aussi sur le site : kairosjournal

[ reçu par mail]

Vienne, Autriche : Attaques incendiaires contre les transports urbains et un collabo de la nouvelle centrale électrique à Graz

Vienne, Autriche: Attaque contre PORR et les « Wiener Linien »

Il y a près de deux semaines, nous avons mis le feu à un distributeur des « Wiener Linien » à la station de la ligne 4 „Schottenring“. Le distributeur a brûlé, détruisant certainement les tickets et l’argent…

Les Wiener Linien renforcent la surveillance par caméras dans les trains et les stations, ont depuis peu mis en place leur propre troupe d’agents de sécurité et le prix des tickets va de nouveau augmenter à partir de janvier prochain […]

Par ailleurs, nous avons incendié un bulldozer de l’entreprise PORR qui est entre autres responsable en partie de la destruction du fleuve de la Mur à Graz en construisant à cet endroit une énième centrale électrique. Ainsi nous voulons soutenir par une petite contribution la lutte des personnes en lutte contre le projet de centrale électrique à Graz. Malheureusement, l’incendie a été rapidement éteint par des citoyens vigilants qui passaient tout près, ce qui explique pourquoi le véhicule n’a pas totalement brûlé.

Nous voulons également faire part du fait que nous ne nous distançons en aucun cas des „délits“ commis à Graz et ailleurs.. (se reporter à l’article „Graz : Attaque contre les évictions et leur monde technologique), qui se dirigent contre le chantier de la centrale électrique, comme tant d’individus et de groupes l’ont fait.

En nous distanciant, nous rendons service uniquement à l’Etat et à ses sbires. La lutte est ainsi divisée en „bien“ (légale) et en „mal“ (illégale), ce qui fait uniquement obstacle à un mouvement large, déligitime les actions (peut-être parce que nous n’osons pas nous-mêmes?) et est totalement anti-solidaire. Nous ne parlons pas avec les autorités, pas même pour nous distancer.

Lutte contre la centrale électrique, par tous les moyens!

Et à bas cette société de merde…

 s[Traduit de l’allemand par sans attendre de contrainfo, 10. November 2017]

Paris, France : Compte-rendu du procès du 8 novembre pour provocation

Le 8 novembre 2017, devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris composée de juges spécialisés dans le domaine des délits de presse, devait passer un compagnon accusé d’une double provocation.

Les sourires du crime
Un compte-rendu du procès du 8 novembre à Paris pour provocation

Le 8 novembre 2017, devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris composée de juges spécialisés dans le domaine des délits de presse, devait passer un compagnon accusé d’une double provocation. Une première portant «à la commission de dégradations et détériorations volontaires dangereuses pour les personnes», et une seconde portant «à la commission d’une atteinte volontaire à la vie». En langage ordinaire cela donne «appel à la destruction» et «appel au meurtre de flics», pour d’avoir reproduit le 18 février sur le site cettesemaine.info une invitation passée la veille sur Indymedia Nantes, et invitant à un apéro-discussion solidaire avec les inculpés de l’attaque incendiaire de la keufmobile en mai 2016. Inculpés qui ont pris en septembre dernier de lourdes condamnations de 1 à 7 ans de prison.

Deux mots sur le dossier

Comme il n’est pas forcément inutile par les temps qui courent d’apporter quelques précisions techniques, on posera simplement ici le déroulé de la construction du dossier judiciaire. Tout d’abord, il s’agit d’une plainte initiée par le ministère de l’Intérieur contre un site anarchiste.

Le 18 février, jour même de reproduction du texte sur cettesemaine.info, la plate-forme PHAROS reçoit une dénonciation anonyme, se saisit de l’affaire, et c’est donc tout d’abord l’OCLTIC (Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication) basé à Nanterre qui gère l’affaire. Les deux phrases incriminées resteront les mêmes du début à la fin. Rappelons-les une fois pour toutes : « Nous ne demanderons pas justice, pas plus que nous ne parlerons d’ «innocence» ou de «culpabilité» car nous détestons la justice autant que les flics et l’ordre qu’ils défendent. Répandons plutôt le désordre et le feu partout où ces ordures nous pourrissent la vie ! » ; et « À la 1ère, à la 2ème, à la 3ème voiture brulée, on aime tou-te-s les grillades de condés ! » Dénichant rapidement un IP et un domicile qui lui correspond suite à une demande à l’hébergeur commercial de ce site (OVH), le seul IP qui s’est connecté à la partie administration du site en question ce jour-là, l’OCLTIC boucle son sale travail dès le 22 février. Il retient initialement la qualification d’ « apologie de terrorisme » puis finalement celle qui restera, de « provocation non suivie d’effet au crime ou au délit ». Cela tombe d’ailleurs bien, puisque l’IP correspond à celui d’un ennemi déclaré de l’Etat, un « individu connu des services de Police pour des faits de violences volontaires, vol avec effractions et de nombreuses destructions/dégradations en qualité de mis en cause», selon le fichier de Traitement des Antécédents Judiciaires reproduit avec délectation dans la procédure.

Puis, sur instructions officielles de l’Etat-Major de la police judiciaire de la préfecture de Paris, l’OPJ zélée transmet directement la procédure à… la Direction du Renseignement de la dite préfecture (DRPP), soit la section locale de la DCRI. Ce sont ces derniers, dont la réputation en matière de terrorisme d’Etat n’est plus à faire, qui vont garder sous le coude la procédure du 22 février au 5 avril, sans jamais plus apparaître dans le dossier. C’est aussi chez eux que s’opère un second choix : celui de continuer les poursuites, en confiant début avril l’enquête préliminaire à une seconde brigade, la BRDP (Brigade de répression de la délinquance à la personne).

La BRDP va travailler du 5 avril au 23 juin 2017 en étudiant de nombreuses pistes qui ne la mèneront nulle part : étude de la carte prépayée et du téléphone laissé pour payer le serveur, étude du titulaire de la boîte postale ouverte en province au nom du journal «Cette Semaine» qui a précédé le site incriminé, étude du mail de contact du site et du mail de contact avec le serveur, etc. Pour tenter d’y voir plus clair à partir de l’IP déniché, seul élément en leur possession, la BRDP va directement demander une perquisition au domicile de l’anarchiste concerné. Pour la justifier auprès du procureur et du JLD, elle va arguer que l’intéressé est «susceptible de ne pas répondre aux convocations» et préciser que «cet individu appartient à la mouvance anarcho-autonome, pouvant se livrer à des actions violentes, et refusant systématiquement de coopérer avec les services de l’Etat». La date choisie est celle de l’entre-deux tours à l’élection présidentielle, le 26 avril, et l’anarchiste notoire étant absent, elle défoncera les maigres panneaux de bois de la porte, s’emparera du matériel désiré et désignera deux témoins d’office pour la perquisition. Un récit existe déjà ici. Le compagnon se rendra dans leurs services pour savoir de quoi il en retourne (un simple numéro de téléphone avait été scotché sur les restes de la porte) le 10 mai, et, notera le brigadier de service dans ses conclusions, « Monsieur X refusait, comme attendu, de coopérer avec nos services, refusant de répondre à toute question ». Au cours de l’été arriveront une série de recommandés postaux des huissiers de justice, fixant une audience-relais le 11 octobre devant la 17e chambre, puis une audience de fond le 8 novembre dernier. Pour ne pas interférer avec le procès du quai de Valmy en septembre bien que les deux soient en partie liés puisque le point de départ technique est un texte solidaire avec l’incendie de la keufmobile, le compagnon choisira plutôt de rendre public la seconde date, et libre à chacun-e de s’en emparer à sa manière.

Plusieurs textes anonymes ont ainsi circulé en octobre, comme cet appel à une discussion publique à Paris le 31 octobre « pour discuter de comment continuer à poser des mots solidaires sur les actes de révolte qui nous parlent, sans transiger avec la nécessité de porter des idées et sans nous cacher derrière la défense de la liberté d’expression » ou encore cet Almanach illustré du soir tiré à des milliers d’exemplaires, mais aussi deux appels à se rendre au procès («ne laissons pas [la justice] accomplir sa sale besogne dans le calme»), sans compter les autocollants reproduisant dans la rue les phrases incriminées (et qu’on retrouvera aussi dans le tribunal).

Deux mots sur le procès

Les boiseries de la 17e chambre étaient noires ce 8 novembre. Noires de nuées de robes d’avocats qui discutent avec le président pour des histoires de reportage télé, d’injures ou de diffamations, noires aussi de la colère d’une vingtaine d’anarchistes et anti-autoritaires sur les bancs du public habituellement déserts. Après une demie-heure technique où tout ce beau monde fixe des dates, le président Thomas Rondeau, Môssieur police-de-l’audience bien campé derrière ses petites lunettes dorées d’arrogance et de pouvoir, décide que la première des trois plaidoiries sera la nôtre.

Le compagnon est appelé à la barre. C’est un assesseur qui mène les débats. Il assène que tout cela doit rester serein, et l’inculpé lui répond immédiatement que cela dépend largement d’eux aussi, qu’il y a deux côtés antagoniques. Commence la formalité de l’identité, et plutôt que de la décliner en demandant des «oui» de confirmation à l’intéressé, l’assesseur tente un mode flic : nom, prénom, date de naissance, adresse. Ca commence donc forcément à coincer, et dès la date de naissance. -«C’est écrit un peu partout dans le dossier !», -«oui mais j’ai besoin de vous l’entendre dire», – «vous sous-entendez que la police a utilisé des faux-papiers dans le dossier ? c’est xx/xx/xxx», – «dites-la normalement !» et voici que le compagnon se met à épeler lettre par lettre le mois le plus long de l’année, le président police-de-l’audience et son assesseur commencent à bouillir. -«votre adresse ?» -«celle où vos collègues sont venus perquistionner, c’est écrit dans le dossier» -«c’est bien la votre ?» -«Mettez donc adresse présumée dans vos fiches, c’est xx». Puis l’assesseur commence la lecture du résumé de l’affaire en lisant les phrases incriminées. – « Répandez le désordre et le feu…» – «Non, c’est Répandons !» – «Vous aurez la parole tout à l’heure !» – «Oui, mais c’est Répandons, pas Répandez !» recoupe l’inculpé avec un petit sourire. Et c’est bien tout ce qui se passera à la barre ce jour-là en présence du compagnon. Sur ce second petit moment de confrontation avec les règles tacites d’une justice bien rendue où on doit s’écraser sans broncher, le président police-de-l’audience saisit soudain son micro et demande aux deux gendarmes présents d’expulser trois solidaires assis dans le public qui ont souri. Ces derniers protestent et refusent de bouger. – « On ne sourit pas, l’audience doit se dérouler dans le calme. L’audience est suspendue jusqu’à votre expulsion !» Puis la cour se barre dans son arrière-salle.
S’en suit un moment de stupéfaction, où les deux gendarmes tentent en vain de parlementer sous les quolibets, puis sont renforcés en vain par trois autres, qui devant leur impuissance appellent des renforts. Des commentaires fusent à haute voix dans la salle contre la démocratie, la justice. Le compagnon inculpé a quitté la barre immédiatement et rejoint les solidaires. Il tente une phrase sur la situation. – « Une justice protégée par des militaires en arme en dit long sur… » – « Outrage, outrage ! » gueule aussitôt la procureure restée au fond pour tchatcher avec la greffière, avant même d’avoir entendu la suite outrageante. – « Ca en dit long sur ce que vous alliez plaider au nom du ministère de l’Intérieur et de la DRPP ! » – « Je note, monsieur X, je note vos propos ! » Elle ne la ferme que lorsqu’elle est assaillie de tutoiements venus du public qui la prennent à partie, et se retire à son tour à l’abri des regards et des quolibets.
Une petite troupe de gendarmes énervés déboule alors dans la salle, certains reconnaissent des visages connus pour s’être confrontés à eux tout au long du procès de la keufmobile cramée qui s’est déroulé un mois et demi plus tôt. Ils tentent de se saisir des trois importuns au sourire narquois, une grande partie du public se lève alors et intervient (l’inculpé y compris). Ils sont plus nombreux, gantés et énervés (mais pas plus que nous), poussent et bousculent tout le monde vers la sortie de la salle, puis décident de nous accompagner jusqu’à la sortie du tribunal dans la rue. Résonne alors en choeur dans le palais d’infâmie le slogan «tout le monde déteste la justice» jusque dans la cour, tandis que des centaines de papillons reproduisant les phrases incriminées volent dans les airs, avant un ultime « De Limoges à Grenoble, vivent les casernes de gendarmerie en feu» lancé à la face des hommes en uniforme avant de franchir les grilles. On apprend par la suite que les gendarmes chargés de l’entrée au tribunal ont sévèrement filtré plusieurs solidaires, conduisant à les retarder ou pour l’un à l’accompagner physiquement jusque dans la chapelle du tribunal, vu qu’il avait emprunté la file des touristes pour gagner du temps.

Du côté de la salle quasi-déserte, ça pue un peu qu’à l’ordinaire. Des boules puantes ont appesanti l’atmosphère, et la suspension d’audience sera plus longue que prévue, les gendarmes ayant été contraints d’ouvrir les fenêtres. Les petites souris solidaires qui sont restées pour entendre le reste du procès sont fouillées pour re-rentrer dans la salle, sauf le RG qui présente simplement et sans vergogne sa carte police aux gendarmes. L’assesseur reprend alors son résumé de l’affaire, insistant sur le fait que le compagnon a été entendu par les services de police mais n’a répondu à aucune question, qu’il a installé un logiciel du «dark net» sur son ordinateur, etc. En l’absence de la plupart du public, de l’inculpé et de son avocat, le procès est plus facile, et c’est au tour de la procureure de faire son show vengeur. Elle met en avant l’ «extrême gravité des propos», aggravée par l’attitude du compagnon inculpé, concluant par un «de toute façon je ne m’attendais à aucune décence de la part de la défense». Toute sa plaidoirie va s’articuler autour d’un point de droit pour récuser les conclusions écrites de la défense (à défaut d’être orales), puis d’un second sur cette question de la «décence».
Concernant la première phrase, «Nous détestons… Répandons plutôt…», elle repousse les jurisprudences utilisées par la défense comme trop anciennes, qui disent que pour être directe, la provocation doit être précise. La procureure s’indigne ainsi qu’on ait osé invoquer la chanson de Johnny Hallyday «Allumer le feu» pour mettre en avant le côté festif et agitateur de cette pratique. La salle ne peut s’empêcher de rire, et même un juge est contaminé, sans toutefois être expulsé… Elle reprend en disant que ces propos interviennent dans le contexte de l’affaire du quai de Valmy, et que «répandre le feu» concerne le fait de brûler des voitures de flics, sachant que sa jurisprudence à elle en matière de provocation concerne avant tout «l’état d’esprit propre à susciter le crime». Les anarchistes étant décidément bien trop «indécents» à son goût et dotés d’un «état d’esprit» rédhibitoire, elle demande la condamnation.
Concernant la seconde phrase sur les «on aime tous-te-s les grillades de condés», elle en revient d’abord à la «décence». La défense s’est en effet permis de faire remarquer que l’emploi du verbe «aimer» peut se référer au plaisir de griller des policiers ou encore au plaisir qu’ont les policiers à faire des grillades et que ma foi, en matière de goûts, hein… Face à «l’indécence» de cet argumentaire, elle affirme d’une part qu’il s’agit d’une apologie, et d’autre part que comme le début de la phrase est «à la première, à la deuxième, à la troisième voiture», il s’agit en réalité bien d’une provocation, demandant là-aussi une condamnation.
Cerise sur le gâteau, elle conclut en disant être bien consciente que le compagnon n’a pas écrit ces propos puisqu’ils ont été repris d’Indymedia Nantes, un site qui ne fournit jamais les IP et publie ce genre «d’articles poubelle», mais que cela n’y change rien puisqu’il les a repris à son compte.

La procureure demande donc une condamnation volontairement sévère, selon ses dires, à un an de prison avec sursis, précisant que l’absence de casier de l’intéressé a été pris en compte, et que sinon elle aurait demandé plus. Les juges fixent ensuite la date du rendu, ce sera le 21 décembre à 13h30, même chambre.

Cette affaire, gérée du début à la fin par le ministère de l’Intérieur est révélatrice de la pression et du chantage que l’Etat entend désormais aussi renforcer contre les subversifs anti-autoritaires. La classique manoeuvre d’en choisir quelques-uns pour adresser un message à tous, de tenter de briser les vases communicants entre des idées et des actes de révolte et plus généralement de punir par un moyen ou un autre celles et ceux qui s’opposent à lui, qui plus est lorsqu’ils ne s’en cachent pas, ne changera pas la donne. Les actes d’insoumission n’ont besoin d’aucune provocation ou incitation pour se répandre, et les idées qui les défendent sont bien trop libres pour passer sous les fourches caudines du code pénal et de toute justice. Ce procès n’a été qu’un (tout) petit moment de conflictualité dans un monde où les puissants s’engraissent à l’infini sur la misère et l’exploitation, où ils empoisonnent la terre au nom du profit et assassinent des milliers d’êtres humains à leurs frontières parce qu’ils n’ont pas le petit bout de papier nécessaire. Un monde d’autorité qu’il est plus que temps de détruire.

La solidarité c’est l’attaque, avec indécence et un état d’esprit bien acéré
Vive l’anarchie !

[Publié sur indymedia nantes, jeudi 9 novembre 2017]

Stickers vus sur les murs du tribunal de Paris, le jour du procès du 8 nov. 2017

Le procès avait à peine commencé que des frictions verbales ont eu lieu entre un des juges (un des « assesseurs ») et le copain inculpé, sur des trucs assez futiles. Dans la salle, deux-trois personnes ont esquissé un sourire, et le juge principal/central a pété les plombs direct: « les trois là-bas, vous sortez ! ». Refus logique et serein des trois personnes visées. Le juge appelle les gendarmes présents dans la salle à les faire dégager, et comme les trois personnes refusent encore et encore, le juge suspend la séance et des gendarmes déboulent en nombre dans la salle pour expulser les trois personnes-qui-ont-souri (outrage ! scandale ! rébellion !?). Une grande majorité des personnes présentes se lèvent en solidarité avec les personnes-qui-ont-souri, s’interposent entre elles et les gendarmes, et au final c’est pratiquement tout le monde qui sort du tribunal, y compris le copain inculpé.

Les gendarmes raccompagnent tout le monde vers la sortie, sous les colibets et les slogans hostiles à la Justice, des petits papiers avec une punchline contre la Justice sont lancés ici et là.

Peu de temps après, le procès reprend comme si de rien n’était, sans le prévenu/inculpé, sans avocat, pratiquement sans « public », mais avec quelques gendarmes au cas où.

Ça parle de cettesemaine.info, d’adresse IP, de perquise, de saisie de matériel informatique, d’indices condordants. Ça parle aussi de tor-browser (mais visiblement pas utilisé systématiquement) et de ces satanés sites Indymedia, connus pour ne lâcher aucune info à la police ou à la Justice, leur opacité faisant rager la proc’ (gros bisous aux Indymedias ! ça faisait plaisir d’entendre ça).

La proc’ a essayé de faire comprendre pourquoi cette affaire est sérieuse en dénonçant l’ironie du dossier de la défense qui compare le texte incriminé à la chanson de Johnny Hallyday « Allumer le feu ». Elle a même reproché à un des juges d’en sourire (qui pour le coup était à deux doigts de se faire sortir !).

Elle a terminé son discours en demandant aux juges « d’entrer en voie de condamnation », « très sévèrement » malgré le casier vierge de l’inculpé: douze mois de prison avec sursis.

Délibéré, jeudi 21 décembre, à 13h30.

[Publié sur Indymedia Nantes (publié en commentaire à l’appel « Rendez-vous au procès contre le texte appelant à un apéro-discussion« ), mercredi 8 novembre 2017]

Apéro- discussion autour du procès mercredi 15 novembre à 19h30 au Laboratoire anarchiste

En juillet 2017, une discussion «  contre la prison et ses adorateurs » s’est déroulée au laboratoire

Retrouvons-nous mercredi  15 novembre à 19 h 30, pour discuter de comment continuer à poser des mots solidaires sur les actes de révolte qui nous parlent.

Les causeries qui se déroulent dans ce lieu ont pour but de s’auto-former sur différents sujets politiques dans un cadre convivial et sans que personne ne détienne une position de pouvoir qui s’apparenterait à celle d’un juge.
A tour de rôle et à haute voix on lit l’un des textes proposés (sans obligations évidemment), on se l’explique et débat dessus avant de prendre une pause pour manger papoter et enchaîner sur un autre texte et ainsi de suite.

Une brochure de Pierre KropotkineL’organisation de la vindicte populaire appelée justice,100 portraits contre l’État policier du collectif Case Rebelle et une autre brochure de Marina. Lettre depuis la MAF de Fleury-Mérogis

L’ordre de lecture sera tiré au hasard, mais la plupart des textes seront imprimés et vous pourrez repartir avec !

tu peux faire circuler l’affiche de la soirée

Pierre Kropotkine L’organisation de la vindicte populaire appelée justice,

« L’étude du développement des institutions amène forcément à la conclusion que l’Etat et la Justice — c’est-à-dire le juge, le tribunal, institués spéciale­ment pour établir la justice dans la société — sont deux institutions qui, non seulement coexistent dans l’histoire, mais sont intimement liées entre elles par des liens de cause et effet. L’institution de juges spécialement désignés pour appliquer les punitions de la loi à ceux qui l’auront violée, amène nécessai­rement la constitution de l’Etat. Et quiconque admet la nécessité du juge et du tribunal spécialement désignés pour cette fonction, avec tout le système de lois et de punitions qui en découlent, admet par cela même la nécessité de l’Etat. Il a besoin d’un corps qui édicte les lois, de l’uniformité des codes, de l’université pour enseigner l’interprétation et la fabrication des lois, d’un système de geôles et de bourreaux, de la police et d’une armée au service de l’Etat.

 

Nous qualifions de vol ou d’u­surpation légalisée les droits de propriété sur le sol et le capital social ; nous nions ces droits. Nous qualifions de monopoles, constitués par une Mafia gouvernante, les droits acquis par les sociétés d’actionnaires des chemins de fer, de gaz, etc. Nous qualifions d’usurpateurs nos gouvernants puissam­ment organisés pour nous tenir sous leur tutelle. Et nous qualifions de brigands les Etats qui se ruent les uns sur les autres avec des buts de conquête.

(…)

Alors l’Etat — la force qui est placée au-dessus de la Société et qui fatalement cherche à centraliser, à agrandir ses pouvoirs — est constitué et durera, jusqu’à ce qu’une nouvelle révolution vienne le renverser.

(…)

Et si nous croyons l’homme capable d’arriver un jour à se passer de patrons, c’est simplement par habitude et par pa­resse de la pensée que nous ne sommes pas arrivés à comprendre que les hommes qui se passeront de patrons seront assez intelligents pour se passer de patrons en morale — des juges et de la police. Tout comme ils chercheront et trouveront le moyen de satisfaire leurs besoins sans patrons, ils sauront trouver les moyens (déjà amplement indiqués) d’aug­menter la sociabilité humaine et d’empêcher les êtres trop emportés ou antisociables par nature (existent-ils seulement ?) d’être un danger pour la société.

(…)

La vindicte sociétaire organisée, appelée Jus­tice, est une survivance d’un passé de servitude, développée d’une part par les intérêts des classes privilégiées et d’autre part par les idées du droit romain et celles de vengeance divine qui font tout aussi bien l’essence du christianisme que ses idées de pardon et sa négation de la vengeance humaine.

L’organisation de la vengeance sociétaire sous le nom de Justice est corrélative dans l’histoire avec la phase Etat. Logiquement aussi, elle en est insé­parable.