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Nous sommes actuellement face aux conséquences de la normalité des conditions existantes : fuites de masse, provoquées par la guerre, par l’exploitation et par l’ordre de ce monde. Des gens sont contraints d’endurer des conditions de vies hallucinantes, des trajets et la fatigue. Puis subir ici même le nationalisme et le patriotisme, la peur de tout perdre caractérisée par le racisme, qui se solde par des centaines d’attaques et d’agressions contre les migrants et centres pour demandeurs d’asile. L’État se présente comme le bon sauveur des sans-défense et s’en vante vis-à-vis des autres États, quant au nombre de personnes qu’il « accueille », alors que dans le même temps de nouvelles lois et restrictions concernant l’accès au droit d’asile sont en train de passer. De nouveaux pays d’origine « sûrs » sont décrétés, c’est-à-dire que des gens de ces pays se font contester la légitimité à fuir, puisque c’est prétendument sûr. Dans le même temps, les hébergements restent temporaires ou bien précaires autant que possible. Ainsi, des personnes sont obligées de vivre dans des campements, bien qu’il y ait des logements vacants en masse. Ou également isolé en province plutôt que dans n’importe quel endroit où ce serait plus facile de nouer des liens, de s’agiter davantage de manière auto-déterminée.
Tous ces faits nous font conclure : nous sommes face à une période d’expulsion de masse. La machine à expulser continue à se perfectionner face à cette « crise ». Comme cela a déjà été le cas jusqu’à présent, une partie des réfugiés, qui sont exploitables pour l’économie, recevront peut-être des papiers. Mais la majeure partie n’en recevra pas. Les gens qui, en principe, viennent des « mauvais » pays d’origine, qui ont violé les lois en raison de leur situation, ou dont les raisons de fuir ou de migrer ne sont pas conformes à la définition de la domination, n’auront plus aucune possibilités (comme ils en avaient déjà très peu). Pour certains groupes de migrants à l’ombre de la crise et dans l’hystérie de la terreur quotidienne, il est désormais convenu qu’ils soient éloignés, comme par exemple pour Rome…
En ce moment, l’idée pourrait voir le jour, qu’il y ait seulement deux positions autour de ces conflits. L’une propage des peurs abstraites comme par exemple « Nous sommes en train d’être submergés ». Ce que ce « nous » pourrait signifier et qui serait précisément submergé, il est impossible de l’expliquer. Si l’on entend par là l’économie, cela présupposerait l’idée fausse selon laquelle celle-ci serait du bien commun et fonctionnerait dans le sens de l’intérêt social. Pourtant, l’ensemble des pauvres pourraient rendre compte du contraire. Malheureusement, beaucoup de ces peurs et incertitudes finissent en racisme. Car ce sont souvent les racistes qui les utilisent pour répandre leur idéologie inhumaine. Beaucoup de ces peurs répandues seraient à expliquer par une communication simpliste, par des informations et une explication irrationnelle.
D’autre part, la deuxième position s’adonne à une « culture de bienvenue » établie qui mise sur le fait que le gouvernement va y remédier. On doit seulement croire à la démocratie de manière suffisamment forte. Il n’y a absolument rien à redire à cela, lorsque beaucoup de personnes font clairement comprendre qu’elles souhaitent la bienvenue aux réfugiés et les aident. Mais si nous regardons de plus près celui qui se présente en partie comme anti-raciste, la question doit être posée, à savoir d’où vient alors la situation actuelle et où se trouvent donc l’ensemble des profiteurs du racisme institutionnel d’hier ? Lorsque des journaux, des politiciens, et habituellement les personnes de la vie publique qui chaque jour répandent de l’agitation raciste, sexiste et même social-chauviniste, sont tout d’un coup anti-racistes, le scepticisme s’avère nécessaire. Est-ce que ça revient vraiment à ces personnes de contester les conditions racistes et oppressives, ceux-là mêmes qui sont responsables de la situation actuelle, des guerres, de la pauvreté et de la misère de ceux qui migrent ? Sûrement pas ! Car il remettrait en cause leur propre monde.
Le problème n’est pas résolu avec la maîtrise de la situation actuelle aux moyens d’infrastructures. Nous vivons en permanence dans un monde qui discrimine les gens en fonction de leurs origines, de leurs conditions sociales, de leurs genres, de leurs sexualités… Un monde dans lequel l’injustice organisée est protégée par les institutions et appareils violents et militaires. Nous disons : Contre ce monde de frontières et de papiers ! Contre ce monde signifie contre les conditions dominantes, ceux qui en ont besoin, qui les produisent et qui se relient ainsi les unes aux autres.
Aujourd’hui comme hier, il y a des politiciens, des institutions et des entreprises, ainsi que des personnes qui sont responsables de la misère d’autres personnes et qui font tout pour que rien de ce qui touche aux conditions existantes et aux problèmes de fond ne puisse changer. Ce sont ces gens auxquels nous devons nous opposer si nous voulons vraiment changer les choses.
Rebels welcome ! [1]
[Traduit de l’allemand de “Attacke”, Anarchistische Zeitung – Nummer 1, Dezember 2015]
NdT:
[1] Comme pour le titre, la formule est en anglais et a été volontairement laissée comme telle dans le texte.