Nous relayons le message d’étudiantEs des Beaux-Arts qui ont installé une tour en bambou mardi soir place du Capitole.
Mardi, après l’agitation au McDonald’s, nous avons profité du départ vers le commissariat pour introduire place du Capitole une tour en bambous de six mètres de haut.
Sorti de l’école des Beaux-Arts, l’édifice ne passe pas inaperçu. Rue Tamponière, nous croisons une voiture de la police nationale. Quinze personnes portant la structure au pas de course, trois étudiantes se jettent sur la voiture pour l’empêcher de bloquer la route. Nous passons. Rue Saint-Rome, dernière ligne droite. La cadence accélère encore. La tour est dressée, et on se passe les parpaings prévus pour la stabiliser.
Un étendard flotte fièrement : « Lançons l’alerte ».
Quand les copains reviennent du comico, c’est un village qui nait peu à peu Place du Capitole. Une yourte et un tipi surgissent ; on se retrouve au coin du braséro. Les chants emplissent la nuit, et la place recouvre la vie dont elle est si souvent dépossédée. Nous savons tous que l’espace publique n’existe pas et que le pouvoir y est seul intervenant. La question est par quels moyens le reprendre.
Ici se constitue une tentative, faible mais belle, d’un refuge imprenable, d’un donjon assiégeant la métropole de l’intérieur.
Au petit matin nous serons vingt à avoir dormi dans nos huttes. Une étincelle nouvelle à Toulouse. Le marché se met en place, et bientôt la tour n’est plus qu’un îlot flottant au-dessus de la routine citadine. Les CRS sortis par la porte de la Mairie nous prennent par surprise. Seuls deux d’entre nous ont le temps de se percher au sommet. Le jeu tiendra jusqu’à l’arrivée de la nacelle des pompiers.
La stratégie est simple. Chat perché. La plus grande qualité du condé moyen, c’est qu’il ne peut agir au-dessus de 2,50 m du sol. Les interventions en hauteur sont délicates, elles mettent nos vies en jeu autant que les leurs. Et l’on connaît l’impact médiatique de la mort d’un étudiant blanc. A six mètres de haut, surplombant les forces de l’ordre on se sent libre, même encercléEs. Bâtissons des villes sur d’immenses pilotis pour que les institutions et les lois ne nous rattrapent jamais. Cabanes dans les arbres, tours, occupations des toits, sont les meilleurs moyens de rencontrer le GIGN au moins une fois dans sa vie. Il est arrivé, à Nantes par exemple, que de telles stratégies fonctionnent et donnent suite à une véritable occupation. Notre tentative a échoué. Sa seule chance de perdurer est de faire germer quelques idées dans vos têtes.
En mai, construis ce qu’il te plait.
- Source photo : CAMé.