reçu par mail du collectif sans nom:
Bonjour,
Tout d’abord quelques nouvelles de la personne interpellée mardi. Elle passera en procès en avril pour participation à un rassemblement interdit, le visage masqué avec une arme, en l’occurrence un couteau…
Quelques nouvelles de la journée d’hier, le 17 mars.
photo d’un blocage du tram
A 7h30, nous sommes une quarantaine à bloquer de l’extérieur le bâtiment A (ex-bâtiment lettre du campus 1). Les agent-e-s de sécurité spécialement embauché-e-s pour l’occasion ne reçoivent pas l’ordre de nous déloger, mais juste d’éviter que nous organisions une occupation des bâtiments. Dès le matin, les lycées Malherbe, Charles de gaulles (centre-ville Caen) et Allende (Hérouville St clair) sont bloqués. Sur cette journée aucun lycée pro ou technique ne semble pour le moment touché. Sans doute le fait que la mobilisation conserve pour le moment un ton très militant, avec ses langages, ses codes, ses réseaux… A Malherbe une assemblée générale avait réunie 150 personnes la veille. Sur de gaulle la mobilisation semble avoir davantage fonctionné de proche en proche et par les nouveaux modes de communication.
A 10 heures nous sommes 300 en AG de lutte à la fac. L’AG tourne pas mal de la loi travail, autour du blocage et des modalités de mobilisation, de la coordination étudiante nationale.
Sur la loi travail, ces modalités sont rappelées. Certains tentent d’en profiter pour proposer que nous défendions des propositions alternatives tout en les qualifiant de révolutionnaires. Nous sommes quelques-un-e-s à rappeler que si nous nous opposons à cette loi c’est parce qu’elle précarise encore davantage nos conditions de vie et de taf, mais qu’en aucun cas nous ne voulons sauvegarder le code du travail qui sanctionne juste un rapport de force dans le rapport d’exploitation, et qu’être révolutionnaire c’est viser d’abattre le salariat, l’Etat et l’exploitation.
Autour du blocage, les éternelles discussions sur son aspect non démocratique et sur le fait qu’il faille viser les lieux de pouvoir sont de nouveau à l’ordre du jour, et sont tranchées rapidement. Sur les modes de fonctionnement, une militante de l’UNEF tente de faire croire que la décision de ne pas déclarer nos manifs et de ne pas négocier leur parcours avec les autorités aurait été prise unilatéralement et que ce serait la raison des attaques policières. Il lui est rappelé que cette décision a été prise en assemblée et que ça vise à pouvoir maintenir les possibilités de blocages, d’occupations… Il est évident que la stratégie policière cherche à nous faire adopter par le peur les formes pacifiées de mobilisation habituellement administrées par les syndicats?
Une discussion s’engage également sur la participation à la coordination nationale étudiante. Il est rappelé que nous ne sommes pas une assemblée étudiante, mais une assemblée de lutte regroupant tous ceux et celles qui ont envie de s’y associer pour combattre la loi travail, mais également la précarisation de nos conditions de vie, le délire sécuritaire qui l’accompagne, et la chasse aux migrant-e-s… L’assemblée vote tout de même la participation à cette coordination. UNEF, UNL et NPA défendent des mandats semi-impératifs sur les modalités et les journées d’action, mais également sur des textes qui pourraient sortir de cette coordination. Quand on connaît leur position centré sur la loi travail, on imagine que le semi-impératif reviendrait à réviser les positions de l’assemblée. Des mandats impératifs sont confirmés, mais UNEF et NPA seront du voyage.
13h30, nous sommes environ 2000 en manif. Des lycéen-ne-s, des étudiant-e-s, quelques salarié-é-s syndiqué-e-s, quelques grévistes, et quelques chômeur-se-s. Déambulation dans les rues avec récup’ politcarde : JLM 2017, Communistes, et consorts font des jeunes présent-e-s de la chair à autocs.
Arrivé-e-s aux ponts de l’orne que nous souhaitions bloquer, nous sommes attendus par la brigade d’intervention une nouvelle fois dirigée par notre désormais célèbre inspecteur Derrick, JF Papineau. Toujours ceint de son écharpe tricolore – dort-il avec ? – il ordonne la dispersion. Le cortège tente alors de se diriger vers le second pont que la bleusaille s’empresse de rejoindre. Là un face à face de quelques minutes. Encore démuni-e-s d’une force collective et d’expérience commune nous rebroussons chemin pour remonter vers le campus.
Le long du cortège notre fier inspecteur Harry remonte seul muni d’un casque, suivis à quelques mètres de la BAC. Il cherche du monde, désigne des gens, provoque. Il lui faut des interpels’.
Arrivés sur le campus, les flics restent très présents, rodent autour du Gaillon, effectuent quelques contrôles d’identité et embarquent un mineur soit disant masqué durant la manif. Une autre personne alcoolisée qui aurait fait un doigt d’honneur au flic – comme quoi c’est utile d’être masqué parfois – a également été interpellée (source Ouest-France). Sur le campus tous les bâtiments ont été vidés et fermés. C’est l’occupation qui est crainte.
Ce qui semble clair, c’est que le pouvoir poursuit dans sa volonté de stopper le mouvement par le peur. Il maintient une ambiance répressive et tente de rendre impossible toute prise d’espace et tout blocage ou occupation. Comme à Tolbiac ou un amphi occupé a été vidé. La stratégie de la tension particulièrement bien menée par JF Papineau n’est que l’expression locale de cette stratégie. Il semble que le relatif manque de réaction suite à la mort d’un manifestant à Sivens ait servi de laboratoire du nouvel ordre répressif mis en place par Cazeneuve et Valls. et qu’anti-terrorisme et Etat d’urgence serve d’ossature idéologique à cette petite entreprise répressive…
Aujourd’hui 18 mars quatre lycées demeurent bloqués. Mais dans la matinée des échauffourées entre forces de l’ordre et lycéen-ne-s auraient éclaté à Rostand (lycée général et technologique) et Jules Verne (lycée technologique et professionnel), lycées non bloqués. Des blesssé-e-s et des interpellations auraient eu lieu.
Un du collectif sans nom.
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