« Squatter… c’est lutter » (Paris, 1984)

Présentation d’une brochure publiée sur infokiosques.net, éditée en août 2015 par Zanzara athée. Il s’agit d’un texte parisien qui, bien qu’il date d’il y a plus de 30 ans, a gardé toute sa fraîcheur.

En 1984, des squatteur-euse-s parisien-ne-s affirment la nécessité de squatter, et la nécessité de lier le squat à la lutte. Plus de trente ans après, la question du logement est toujours actuelle …il suffit d’essayer de joindre le 115, parfois c’est Privas qui répond au lieu de Valence. Combien de femmes avec enfants en bas age sont rejetées par l’accueil d’urgence ( Valence au saint Didier par exemple) et asil .com qui vire à la rue des gens en plein hiver.

Brochure à lire et télécharger sur infokiosques.net. En PDF version cahier imprimable (pour brochure A6) et version page par page (à lire sur l’écran).

Extraits :

La galère. Être jeune et coincé chez ses parents faute de fric pour se louer une chambre. Être chômeur et dormir à la rue parce que les loyers sont trop chers. Bosser au noir ou en intérim et s’incruster chez les copains parce que les propriétaires exigent des feuilles de paye. Être immigré et devoir dégager en lointaine banlieue – quand ce n’est pas sous d’autres cieux – parce que dans le quartier, on restructure. La galère.

La galère pour 50 000 Parisiens sans maison. La galère pour 15 000 d’entre eux à qui il ne reste que les squares et les quais du métro. La galère pour 300 000 autres qui attendent depuis des mois d’improbables « logements sociaux ». Sans compter les millions qui crèvent la dalle pour se payer une piaule ou qui, faute de mieux, pourrissent dans des taudis.

La galère, et 300 000 logements vides rien qu’à Paris. Des vieux, des neufs, des grands, des petits, des propres et des crades. Tout ce dont ou pourrait rêver. Sauf que…

Sauf que la ville de demain, Ils la veulent propre, ordonnée, disciplinée et rentable. Tu passes là où on te dit de passer. Tu pointes là où on te dit de pointer. Tu payes là où on te dit de payer. Tu crèches là où on te dit d’habiter. Chacun dans son coin. Tous bien dispersés, bien isolés, bien surveillés, bien contrôlés. Inoffensifs.

(…)

Un squat, aujourd’hui, ça ne peut pas vivre seul. Ça ne peut pas tenir seul. Parce que loin d’être une simple question de logement, c’est aussi, nécessairement, une histoire de boulot, de chômage, de carte de séjour, de vie de quartier, de bouffe, de fête.

Un squat, aujourd’hui, ça ne peut survivre que si ça s’affronte aussi aux problèmes de taf, de fric, de contrôle, de vie collective. Ça ne peut survivre que si d’autres s’y reconnaissent, chômeurs, prolos, immigrés, squatteurs ou pas, s’ils sont là pour l’appuyer, pour le défendre.

Un squat aujourd’hui, si c’est un ghetto parmi les ghettos, ça crève. Pour que ça marche, une seule condition : que ça lutte.

Ce texte a été publié la première fois dans le zine Molotov & Confetti n°1 (Paris, 1984).
relu sur marseille information autonome et complété par nous