indymedia bruxellele 20/09/2015
Nous étions bien peu nombreux devant le centre fermé 127bis pour encourager les détenus dont une trentaine sont en grève de la faim. Assez dommage, d’autant que les détenus s’étaient organisés et nous attendaient. Dans la cour du premier bâtiment ils étaient une cinquantaine avec leurs calicots à crier à la liberté, à exprimer leur colère et leur incompréhension face à leur enfermement arbitraire . Ils avaient l’autorisation de la direction d’y rester jusque 14H30. Ils ont alors refusé de rentrer et de longs échanges ont été possibles entre les manifestants et les prisonniers. Ils nous ont raconté l’absurdité de leur détention, la violence dans le centre, leurs arrestations. Il y a beaucoup d’Irakiens qui ont été arrêtés à l’office des Étrangers lors du dépôt de leur demande d’asile. On peut se demander s’il s’agit d’une politique délibérée visant à dissuader les réfugiés irakiens – et notamment ceux encore présents en nombre au parc Maximilien – de demander l’asile en Belgique. En tout état de cause, ces enfermements massifs en auront l’effet. Est-ce une décision du Ministre Francken, ou d’une administration toute puissante que plus personne ne contrôle, cela reste à éclaircir, mais le procédé est inique.
Les détenus demandent, ou leur transfert vers un centre ouvert pour le traitement de leur demande d’asile, ou un Ordre de Quitter le Territoire afin de pouvoir quitter ce “pays de merde” qui ne veut pas d’eux et les “traite comme des animaux”. D’autres sont en Belgique depuis parfois 10 ans et ont femmes et/ou enfants ici. Tous nous disent que le centre est une vraie prison et que cela ne devrait pas exister, que c’est un lieu de non-droit.Certains nous disent qu’ils vont continuer cette grève de la faim et qu’ils ne se déclareront pas vaincus. Un homme est monté sur le toit du centre, y a mis des calicots et criait “Anarchia, Liberta”.
Un cordon de police nous a empêché de rencontrer les prisonniers de la seconde aile. Ils nous ont dit que la tension y était trop forte et que ça risquait de dégénérer à l’intérieur du centre. Vu la proportion de flics et de manifestants, nous n’avons pu que renoncer à passer, et rester plantés devant le rang des pandores cuisant sous le soleil.
Les détenus demandent à parler aux médias. Ils veulent également rencontrer un représentant de l’Office des Étrangers ainsi que Théo Francken, qui se serait empressé de dire qu’il refusait !
A 21 heures les détenus sont toujours dans la cour, et celui monté sur le toit menace de se jeter dans le vide. Un cordon « sécuritaire » très large a été mis en place autour du centre. Trois camarades qui voulaient s’y rendre se sont fait arrêter.
Les 3 copains arrêtés ont eu l’occasion de s’approcher du centre avant leur arrestation. Plusieurs détenus de la deuxième aile étaient dans la cour et tous criaient à la liberté et étaient très contents de voir des nouveaux soutiens. Ces détenus ont été forcés de rentrer vers 23 heures par les “forces spéciales de la police”. Ce matin, les trois militants arrêtés ont été libérés et le détenu encore présent sur le toit capturé puis mis au cachot.
On a également appris que 2 Somaliens sont en grève de la faim depuis leur arrivée au centre et sont très mal. Leurs co-détenus, très inquiets, disent qu’ils se laissent mourir dans le silence! Autre (mauvaise) nouvelle, des “tickets d’avion sont distribués” aux “Dublin” et les expulsions s’accélèrent, un de leurs moyens pour se débarasser de ces trouble-fêtes!
Video ici
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