Round Robin / vendredi 11 octobre 2019
Le 4 octobre 2019, à l’aube, les ROS [la brigade des Carabinieri qui « s’occupe » de criminalité organisée et de terrorisme ; NdAtt.] de Gênes se sont pointés avec des mandats de perquisition chez deux compagnonnes anarchistes. Puis, il sont revnu chez l’une des deux le 10 octobre, pour saisir du matériel informatique oublié la fois d’avant : ordinateur, deux modems, une clef USB, le brouillon sur papier de cet écrit.
Sur le mandat on peut lire : « sous enquête pour les délits listés dans les articles 110, 423, 270bis [dans l’ordre: « concours en délit », « incendie » et le bien connu « association avec finalité de terrorisme » ; NdAtt.] du Code pénal, perpétrés à Gênes le 30 juillet 2019 ».
En lisant les journaux locaux en ligne on apprend qu’on est accusées de l’incendie d’une voiture d’ENI, une action suivie par une revendication publiée sur des sites de contre-information.
Les flics cherchaient (on cite depuis le mandat) : « toute chose et matériel lié au délit en question (en particulier les habits utilisés pour se couvrir lors de la commission du délit, en plus du matériel, sur support papier et/ou informatique, lié à la revendication du délit ) ».
Les flics sortent d’une des deux maisons avec un ordinateur, de l’autre avec du papier (courrier de détenus, notes personnelles, brochures, tracts et un document d’un cours anti-incendie)… La seule chose qui est saisie est une brochure (« Les bourreaux de la mer et du désert – la politique du gouvernement italien en Libye »).
Tout cela, en plus de mettre en désordre deux maisons, enfin, plus encore de ce qu’elles l’étaient déjà, nous a fait perdre des nombreuses heures dans leur caserne.
Comme cela arrive souvent, lors d’opérations répressives contre des compagnons et des compagnonnes, dans ce cas aussi ce qui est sous accusation est le fait que nous sommes anarchistes, qu’on fréquente des milieux anti-autoritaires, qu’on exprime notre solidarité à nos amis et compagnons frappés par la répression.
Leur objectif n’est pas seulement de nous coller des années de taule et de nous contrôle, mais aussi d’instiller la peur parmi les ennemis déclarés de l’État, en faisant en sorte qu’ils se sentent observés et étroitement contrôlés, dans l’espoir d’arriver à les annihiler et à les pousser à se ranger à une vie frustrée mais confortable, qui ne soit pas une épine dans le pied pour eux et ceux qu’ils défendent. Parfois ils obtiennent des résultats, comme des dissociations et des prises de distance, qui de facto font le jeu du pouvoir, même en essayant, comme c’est souvent le cas, de masquer derrière des positions politiques le fait que quelqu’un est simplement un faux cul.
Pour ce qui nous concerne, nous deux nous allons rester nous-mêmes, fortes de nos idées et entourées par ceux qui nous sont solidaires, désintéressés par l’attribution d’innocence ou culpabilité pour les faits dont nous sommes accusées.
Le fait de voir les nombreuses actions directes qui ont lieu partout dans le monde, ainsi que des actes de révolte contre ce que nous haïssons, nous replissait de joie avant et nous remplit de joie maintenant aussi.
Cela ne nous intéresse pas d’avoir comme interlocuteurs des procureurs, des juges et des journaflics.
Nous avons choisi de nous faire défendre par un avocat, c’est donc sa tâche de démontrer l’inconsistance des preuves qu’ils disent avoir contre nous.
Ça ne seront pas quelques fouineurs à la recherche de promotions ou la sentence d’un juge qui ébranleront notre dignité.
Le matin du 7 octobre, la maison d’un autre compagnon a été perquisitionné, à Gênes. Grâce à un vil 41TULPS (l’article qui permet à tout flic de rentrer chez toi sans le mandat d’un juge [le soupçon qu’on y cache des armes, munitions ou explosif ou de la drogue leur suffit; NdAtt.]), les flics de la DIGOS de Turin sont entrés dans l’appartement, à la recherche d’armes, munitions ou explosif. Leur recherche a été vaine. Pour l’instant le compagnon n’est sous le coup d’aucune enquête.