Service National Universel : une nouvelle technique de mise au pas de la jeunesse

 

Journée-type, uniforme, présence des militaires… Gabriel Attal, secrétaire d’Etat chargé du dossier, a donné mercredi quelques éléments concrets sur ce « moment de communion républicaine », qui n’a rien, selon lui, d’un « service militaire ».
Cette première promotion sera constituée de 3000 volontaires âgés de 16 ans, soit 200 par département pilote. Chaque préfet a donc reçu pour mission de « cartographier la jeunesse » afin que soit recrutés, pêle-mêle, « des jeunes scolarisés, des apprentis, des décrocheurs et des jeunes en situation de handicap ». Ces appels seront relayés « autant par les établissements scolaires que par les CFA [centres de formation d’apprentis] ou encore les missions locales », assure le secrétaire d’Etat.
Les premiers centres SNU seront implantés dans les Ardennes, le Cher, la Creuse, l’Eure, la Guyane, les Hautes-Pyrénées, la Haute-Saône, la Loire-Atlantique, le Morbihan, le Nord, le Puy-de-Dôme, le Vaucluse et le Val-d’Oise pour l’Ile-de-France.

Pour répondre à la volonté affichée de « brassage social et géographique », les jeunes ne seront pas accueillis dans leur département mais répartis sur l’ensemble des autres sites.
« Dès 2020, tous les départements seront en mesure d’accueillir des jeunes », indique Gabriel Attal, sans donner de date butoir sur le déploiement intégral du dispositif.
Ils vivront dans des internats, des centres de formation ou des bâtiments de l’armée. Et seront regroupés par groupe de dix, en maisonnée. Chaque volontaire recevra un trousseau de clés. C’est au sein de ces unités que devra se régler la gestion des tâches de vie, comme le ménage ou la cuisine, auxquelles les jeunes devront participer.

Symbole de cette volonté de mixité sociale, le port de l’uniforme est confirmé. Il ne s’agira toutefois pas d’un treillis ou autre tenue militaire, précise au Parisien le ministère de l’Education. « Des écoles de graphisme vont être sollicitées afin de créer un polo ou un sweat-shirt spécial. L’idée est que les jeunes puissent conserver la tenue après », nous indique-t-on.

[La journée type, on l’aura deviné] aura quelques airs militaires, avec un réveil à 7 heures et une levée des couleurs avec hymne national de 8 heures à 8h30. Ensuite, les adolescents participeront à différents modules, 24 au total sur les deux semaines.
Les activités se divisent en deux pôles. Un premier baptisé « citoyen », autour des thèmes du secourisme, de l’environnement, de la culture ou du patrimoine. A ce sujet, le ministère dit privilégier des activités de pédagogie « active », notamment des activités en pleine nature, des jeux de rôle, des simulations, des débats ». Le second pôle se concentre, lui, sur le suivi personnalisé des engagés. Seront ainsi réalisés un bilan de santé complet, une évaluation de maîtrise du français, des compétences numériques mais aussi une première orientation professionnelle. Ces deux semaines devraient se conclure par « une cérémonie républicaine présidée par le préfet ».
Chaque maisonnée sera animée par un « tuteur », disposant du Bafa ou sous contrat éducatif. Ce dernier s’occupera aussi du lien avec les familles. Un échelon plus haut, se trouveront les « cadres », c’est-à-dire des animateurs plus chevronnés, des opérateurs associatifs mais aussi des militaires. Ils superviseront les activités proposées et veilleront à la bonne gestion du centre.

La seconde phase, celle de la mission d’intérêt général, devrait s’effectuer entre juillet 2019 et juin 2020. Il s’agira de 15 jours consécutifs, ou disséminés tout au long de l’année au sein d’une association, d’une collectivité locale ou d’un corps en uniforme. Les plus motivés pourront, à partir de 18 ans, prolonger l’aventure autour d’un service civique. Cette phase optionnelle durera entre trois à douze mois.

[…] Le rapport du général Daniel Ménaouine, qui a servi de base au projet, propose qu’il soit effectif au plus tard en 2026. « Nous travaillons à des scénarios qui nous permettent d’aller un peu plus vite », ajoute le secrétaire d’Etat. […]

extraits du Parisien / jeudi 17 janvier 2019