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50 nuances de jaune
Si le mouvement Gilets jaunes exprime un rejet des directions syndicales, des partis politiques et des associations, sa cohésion et sa survie dépendent de sa capacité de rejeter également les directions nationalistes
La décision du parti politique les Patriotes de Florian Philippot de déposer la marque Gilets jaunes en vue de rafler quelques sièges lors des élections européennes du mois de mai, démontre un opportunisme prévisible, une hypocrisie risible -il se présente pour une bonne place dans une institution qu’à travers son Frexit, il veut quitter, et surtout un manque de respect total pour ce mouvement singulièrement non-partisan.
A la fin des manifestations, on entonne comme lors d’un match de foot une Marseillaise triomphante, tricolores à l’appui, certes, mais on voit partout également les A cerclés anarchistes et des slogans libertaires tels Ni patrie, ni patron ou Rien pour nous, tout pour tou-tes ! Qui plus est, pendant une AG de Gilets jaunes dernièrement à Montélimar sud, un militant fut chaleureusement applaudi pour avoir proposé de diffuser à la sono devant les CRS qui samedi prochain, protégeront la Préfecture de Valence lors de l’Acte VIII, le Déserteur de Boris Vian dont le poème d’origine comporte les lignes suivantes : Monsieur le président / Si vous me poursuivez / Prévenez vos gendarmes / Que j’emporte des armes / Et que je sais tirer.
L’Assemblé générale des Gilets jaunes de la Drôme qui cherche à se créer dans les semaines à venir, doit avant tout défendre son nuancier de jaunes multiples et variés, rejeter la récupération nationaliste et condamner sans ambiguïté la démarche de Florian Philippot. A défaut, le mouvement perdra son âme et se cantonnera à quelques actions commando de libération de péages, là où il y a une occasion en or de changer de société grâce à une démarche réellement démocratique et autogestionnaire.