Clavière (Italie) le lieu autogéré « chez Jésus » menacé d’expulsion

CHEZ JESUS SOUS EXPULSION

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Le refuge autogéré Chez Jesus, salle paroissiale occupée sous l’église de Claviere, est menacée d’expulsion.
Une plainte a été déposée depuis plus de deux mois et il semblerait que le Préfet exerce toujours plus de pressions pour faire évacuer. Dans le même temps, État et Église sont en train de «s’engager » pour trouver une « alternative ». Un lieu appartenant aux salésiens, loué par la fondation Magnetto et géré par deux employés de la fondation Talità Kum. Une sorte d’espace de transit qui ouvrira à Oulx, à 15 km de la frontière. Un lieu qui aura 15 places pour dormir et une petite cuisine pour qui est de passage.
« Une alternative » à Chez Jesus, comme nous le répète le prêtre engagé dans ce projet. Comme si un lieu géré par une fondation privée, à 15 km de la frontière, qui a pour seule fonction d’être un dortoir avec des employés payés pour faire de l’assistance, pouvait être une « alternative » à tout se qui existe Chez Jesus. Depuis des mois, il y a au refuge des centaines de personnes qui passent, qui restent, qui vivent ensemble sur ce lieu en partageant le quotidien avec les solidaires, en partageant expériences et conseils précieux ; en trouvant toujours une porte ouverte après refoulement, en trouvant la possibilité d’échanger des témoignages après chaque abus de la police et trouver les moyens d’éviter de les subir à nouveau.
À Oulx, le projet devrait démarrer à la mi-septembre. L’idée serait que l’ouverture d’un lieu géré et contrôlé, uniquement « humanitaire », permettrait d’expulser plus tranquillement la salle occupée de Claviere qui, à l’opposé, vit en autogestion et a toujours refusé le principe de gestion des personnes de passage.
Église et État s’accordent pour mettre un terme à cette expérience et le font en s’en lavant les mains avec l’ouverture de ce nouvel espace, clairement inutile aux yeux de ceux qui sont présents sur la frontière cette dernière année.
Le refuge autogéré pose problème à l’État français et sa police qui l’« accuse » d’abriter des passeurs et de faciliter le passage des « sans-papiers » en France. De compliquer les activités commerciales à Claviere, riche commune de montagne dont l’économie dépend largement du tourisme, et qui craint de perdre ses ressources avec l’image d’une montagne devenue route migratoire. Qui contrarie l’Église, qui se retrouve avec une salle paroissiale occupée et des factures d’eau et d’électricité à payer.
Il pose aussi problème à l’État italien, dont le ministre de l’Intérieur revendique la fermeture des frontières aux migrants et joue au dur avec Macron. Un ministre qui a comme cheval de bataille la fermeture des lieux occupés et la guerre aux migrants, et qui a réunit récemment les préfets pour renforcer et rendre effective sa ligne répressive.
La fondation Magnetto (financeur du nouveau projet sur Oulx) : « a été pensée comme une continuation dans le temps de son engagement sur le territoire et modèle de l’engagement social d’un entrepreneur moderne. La fondation, créée et soutenue par la Famille (Magnetto), intervient préférentiellement dans le lieu d’origine du chevalier, la vallée de Susa. Les contributions sont rarement d’origine privée. »
La fondation Talita Kum est directement liée aux intérêts économiques de l’Église. Elle-même a cherché et obtenu le financement par la fondation privée Magnetto. Nous ne voulons pas en tirer de conclusion hâtive. Mais nous nous posons évidement quelques questions. En l’occurrence, nous savons qu’une discussion est ouverte entre mairies et évêché sur le paiement des factures de Chez Jesus. Le préfet demande l’expulsion parce qu’il est l’objet de « diverses pressions » mais aimerait apparaître politiquement correct. On parle néanmoins d’expulser par la force une salle paroissiale occupée où passent des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants. Un lieu qui cet hiver a protégé tant de personnes en cherchant à éviter les morts. Ce refuge permet de s’organiser face à la violence systémique et sélective de la frontière.
L’État ne veut plus de nous dans ces montagnes. Peut-être n’accepte-t-il pas un lieu où personne n’est identifiable, où il n’y a ni gestion ni contrôle, mais où on s’auto-organise en toute liberté. L’Église cède volontiers aux pressions et est bien contente finalement de se débarrasser du problème de Claviere, de la question des factures et du conflit politique avec la mairie et la préfecture.
Les salésiens jusqu’à ce jour n’étaient pas actifs sur la question des migrants traversant la haute vallée de Susa. C’est seulement maintenant qu’on commence à parler d’intérêts économiques qu’ils paraissent s’intéresser à la situation.
De Claviere nous ne partirons pas. Et nous  continuons à dénoncer l’instrumentalisation qui eera  faite de cette expulsion.

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