Critique de l’« immédiatisme

piqure de rappel:
Nous vous invitons à des écoutes collectives des montages sonores antinucléaires “la fabrique de l’oubli “
que vous pouvez aussi retrouver sur internet à l’adresse suivante :
http://lafabriquedeloubli.noblogs.org/

lors des permanences du labo, les mercredi à 17h30, autour d’un thé ( par exemple)

les 14 et 28 janvier  / 11 et 25 février  /  11 mars…

n’hésitez pas non plus a faire tourner l’info autour de vous !

Dans le blog du laboratoire, une  publication d’ un texte du CAN mais la publication de ce texte  ci dessous s’impose à nous

L’immédiatisme est le dernier mot que se sont donnés les survivalistes
pour lesquels « L’incontournable urgence n’est malheureusement pas
d’attendre un changement de société ou de modèle économique pour un monde
meilleur. L’urgence est de sauver nos vies ! » .

 

La revendication d’un arrêt immédiat du nucléaire va de soi d’un point de
vue antinucléaire. Elle devrait aller sans dire. Deux choses sont
étonnantes. La première est que l’arrêt soit pourvu d’un adjectif – « 
immédiat » – comme si « progressif » avait jamais eu un sens en matière
nucléaire. La seconde que la formulation « arrêt immédiat » devienne un
slogan. Ce qui amène directement à forger une appellation, « immédiatistes
 », et une catégorie, « immédiatisme ».

Les auteurs de l’Appel pour des rencontres autour de l’arrêt immédiat du
nucléaire
du 9 juin 2012 s’expriment explicitement « en tant
qu’immédiatistes [2] ». Les rencontres de Culles-les-Roches posent ainsi un
point de vue et dessinent une position politique.

même ces rencontres, ce point de vue et cette position se déduisent
aisément : elles se satisfont d’emblée de contredire les tenants de la
sortie progressive du nucléaire. Il ne saurait donc en sortir que la
revendication d’une sortie la plus rapide possible puisque l’Appel du 9
juin pose « l’arrêt immédiat » comme un « mot d’ordre [qui] constitue une
position maximaliste n’excluant pas, pour certains, une sortie
progressive. »

Ce que jouent ces rencontres de Culles n’est rien d’autre qu’une
négociation sur les délais. Culles nous apparaît comme une tentative de
constituer une mouvance, sinon une fédération, « basiste », afin de
rejouer la scène fondatrice de Sortir du nucléaire. Alors même que
certains immédiatistes viendraient d’en… sortir. Il est significatif que,
lorsque apparaît l’idée d’un dépassement de la question strictement
nucléaire, elle s’exprime par une formulation aussi vague que « critique
de la société industrielle et technologique ». Et pas même comme un
préalable mais en tant qu’« axe de réflexion ».

Demander l’immédiateté de l’arrêt du nucléaire revient à poser les
questions « à qui ? » et « sur quel ton ? ». Or, s’agissant d’une
infrastructure d’ampleur étatique aux finalités capitalistes, et
inversement, la demande ne peut que prendre la forme politique des
revendications traditionnelles. Tant que le nucléaire est envisagé comme
un objectif unique et séparé, les conditions d’existence qui le rendent
nécessaires passent à l’arrière-plan. Dans ce monde, une diminution
progressive du nucléaire, d’ailleurs pas nécessairement contradictoire
avec son intensification (voir ASTRID [3]), peut tout à fait être
contemporaine de la progression d’autres formes d’exploitation des
ressources et des hommes via des produits estampillés de labels
alternatifs. Telles qu’elles sont annoncées, les rencontres de Culles
demeureront enfermées dans des formes de luttes spécialisées où les
médiations envisagées ne sont pas radicalement critiquées.

Aux « questions organisationnelles » – « comment prendre en compte les
organisations antinucléaires de type lobby, ONG, ou partis politiques dans
la préparation d’actions directes se voulant massives ? » – il y a belle
lurette que nous avons répondu : sans elles et contre elles. Et pas
seulement parce que ces organisations sont contradictoires avec des
actions directes massives.

Discuter du temps de refroidissement de la soupe dans la marmite de
l’avenir ne nous intéresse pas. Le nucléaire concentre le rêve absurde et
inhumain d’une exploitation de la terre qui semble atténuer celle des
hommes. Son utopie mensongère nous raconte que des brigades d’ouvriers
experts se substitueraient moins malheureusement aux armées de mineurs de
fond silicosés d’antan, et que les retombées radioactives ne sont
qu’accidentelles. Mais la contradiction de ce seul mensonge est
insuffisante si elle n’est pas étayée par une critique de la dépossession
qu’induit l’automation totalitaire qui lui est préalable dans l’ensemble
des aspects de l’existence moderne. Dans un monde devenu véritable
poubelle de l’histoire, ce qui nous importe ce sont plutôt les conditions
de l’usage du monde par les hommes. Autrement dit, les conditions réelles
et non réalisées de la liberté. Nous laissons le compte à rebours du
dépoussiérage en cours à ceux qui veulent avoir prise sur le chronomètre
et influer sur la mesure d’une agonie indéfinie devenue idéologie.

Ce présent dure trop à notre goût.

Le 3 septembre 2012
Association contre le nucléaire et son monde,
acnm@no-log.org