Premier retour sur la nouvelle prison de Marche-en-Famenne

des 2 côtés de cette saloperie de murs.

La prison de Marche-en-Famenne, inaugurée à la mi-octobre 2013, a été vendue au grand public comme contre-exemple de tout ce qui ne va pas dans les prisons actuelles : il n’y aurait pas de surpopulation, les conditions de détention seraient « humaines », les cellules propres et même « luxueuses ». Plusieurs réactionnaires de ce pays s’étaient alors indignés à l’annonce des nouvelles cellules trop « confortables » dans lesquelles les détenus allaient être enfermés à Marche : douche, téléphone et même internet en cellule. Mais ils peuvent désormais se réjouir, cette soi-disant amélioration n’est qu’une illusion de plus derrière laquelle se cache un isolement accru des détenus et un pouvoir renforcé de l’administration pénitentiaire. Les premiers retours dressent ainsi un autre bilan : haute sécurité, atomisation des détenus et fausses améliorations des conditions de détention.

 

Les douches en cellule : on a le droit qu’à 15-20 minutes d’eau par jour, à une heure déterminée par l’administration. Si on rate ce moment (préau, parloir, activité, sommeil) tant pis, pas de douche. Ce fonctionnement n’offre donc aucune autonomie au prisonnier, il ne sert qu’à supprimer les mouvements vers les douches et donc empêcher cette possibilité de rencontre entre détenus.
Le téléphone en cellule : on ne peut appeler que certains numéros approuvés par l’administration, pendant des durées limitées, avec un nombre de minutes fixées par jour.
Internet : seuls les sites qui donnent accès à la recherche d’emploi, de formations ou d’autres choses liées à la « réinsertion » sont autorisés. Tout autre site est censuré.

Il n’y a pas de plaque chauffante en cellule. Une pièce par aile fait fonction de cuisine collective, et comme il y a trop de gens qui cuisinent à la fois, il y a des difficultés à pouvoir se faire à manger.
Pour ceux qui veulent suivre une formation ou effectuer un boulot, il y a déjà de longues listes d’attente comme partout ailleurs.
La prison de Marche est conçue sur une idée de haute sécurité, le contact avec le personnel est réduit au strict minimum, et le détenu est davantage livré à lui-même. Toute communication passe par le télécom. On a néanmoins entendu qu’une première agression envers le personnel n’a pas tardé à avoir lieu, juste quelques mois après son entrée en service.

L’inauguration de cette nouvelle prison n’est pas une bonne nouvelle. Elle ne sert qu’à enfermer encore plus de détenus, dans des conditions de détention encore plus strictes. Chaque ouverture de prison est pour la Justice une occasion de mettre en place ses derniers gadgets technologiques et d’assurer une plus grande sécurité à son infrastructure.

Nous n’avons pas oublié comment des personnes avaient exprimé leur désaccord en posant des engins incendiaires sur le chantier en juin 2012. On peut continuer ce chemin de révolte en refusant d’être transféré à cette prison, en refusant les fausses carottes octroyées par l’administration pénitentiaire qui ne sert qu’à camoufler une augmentation de la répression de plus.

[Repris de Le Cavale.]