Comprendre et critiquer l’école et son monde : l’école et la « libération de la parole »

 

Dimanche 14 janvier 2018 à 17h aux Fleurs Arctiques.

Depuis qu’elle existe en tant qu’institution, l’école est au service de la bonne gestion des besoins de l’État et du capital. Elle qualifie quand il y a besoin de qualification, déqualifie quand il faut baisser
le coût du travail, et toujours apprend l’obéissance et domestique la sauvagerie de l’enfance en faisant intégrer, que ce soit à coups de trique ou de pédagogies alternatives, la nécessité d’accepter ce monde
et d’aspirer à y réussir. Elle est aussi le lieu où se rejoue toujours
la possibilité de la révolte et du refus, elle est toujours forcément en
crise, traversée de tensions et de contradictions inhérente à cette
entreprise de gestion de l’ingérable. De la maternelle à l’université,
ce qui s’y passe, les rapports qui y circulent, la manière dont adultes,
enfants, adolescents y interagissent reflète cette fonction
fondamentale.

Si l’école d’hier a pu faire l’objet de critiques variées qui ont eu
leur pertinence et ont été partiellement intégrées (donc désactivées)
dans l’école d’aujourd’hui, celle d’aujourd’hui justement semble laisser
bien démunis et impuissants ceux qui se rendent pourtant compte du
désastre. On s’offusque de divers détails sans trouver le moyen de
remettre en question, ni même simplement de décrire la réalité de ce qui
s’y joue.

On propose d’ouvrir ce vaste chantier, de comprendre ce qui se joue à
l’école en s’aidant de l’expérience de chacun (on y est tous passé,
certains n’en sont jamais sortis …), mais aussi en réfléchissant autour
de divers extraits de documentaires ou de fictions, en particulier
« Entre les murs », « La journée de la jupe » et « Etre et avoir », trois
films qui, chacun à sa manière, donnent une certaine image de l’école,
tout en proposant des points de vue critiquables sur ce qu’il s’y passe
et ce qu’il faudrait en faire. Nous avons choisi ces trois films dans la
perspective de démolir leurs perspectives et d’ouvrir enfin un champ de
réflexion pour une critique radicale de l’école, ce qu’il s’y passe, ce
qu’elle produit et ce qui la produit.

Pour cette première discussion, on s’intéressera particulièrement à la
question de la « libération de la parole » à l’école. La « liberté de
parole » est refusée aux élèves par les pédagogies réactionnaires, parce
qu’elle serait facteur de désordre et éloignerait des savoirs. Les
pédagogues de gauche disent vouloir la favoriser, et l’État la met en
avant pour faire passer sous forme de « débats libres », les heures de
« vie de classe », les cours d’éducation civique, et les cours de morales
institués après les attentats de 2015, et institue des « cafés des
élèves », comme une soupape désactivée qui serait nécessaire pour faire
passer la pilule scolaire et préparer les élèves à s’exercer aux règles
démocratiques et à les accepter. Mais de quelle liberté parle-t-on dans
le cadre scolaire ? A quelles conditions peut-on y parler « librement » ?
Pour parler de quoi ? Qui peut le faire, à quels moments et dans quels
espaces ? Même en faisant abstraction du cadre scolaire, qu’est-ce que
c’est que cette liberté qui ne pourrait être que « parlée » ?
On en parlera en s’appuyant principalement sur le film « Entre les murs »,
qui valorise, dans une perspective au fond très libérale, une libération
de la parole présentée comme subversive, voire risquée, dans le cadre
d’une classe de collège.

[Reçu par mail.]

Voir en ligne : Comprendre et critiquer l’école et son monde

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