Rome (Italie) : engin explosif devant une caserne des Carabinieri

Anarhija.info / jeudi 7 décembre 2017

Dans une époque de paix sociale et d’attentisme, il n’y pas de meilleure réponse que l’action. Une stimulation, une continuité et une secousse pour réveiller ceux et celles qui dorment.
Agir de son propre chef brise l’attentisme et l’immobilité et met le feu à ceux et celles qui ont le sang qui bouillonne.
La praxis anarchiste de l’attaque doit être la stimulation de base de l’anarchie, sinon il s’agit d’un mort qui marche. Une pratique d’action nécessaire pour nous rendre vivant.e.s dans les formes que nous pensons adéquates, hors de tout programme, de toute structure hiérarchique et verticale. Plusieurs pratiques révolutionnaires sont issues de l’anarchisme, de ses entrailles.
Nous avons décidé de prendre en main notre vie en brisant la paix oppressante qui nous entoure.

La nuit du 6/7 décembre on a posé un thermos d’acier rempli d’1,6 kg d’explosif devant la caserne des Carabinieri du quartier San Giovanni [à Rome, NdAtt.].


Nos attentions se sont portées aux principaux gardiens de l’ordre mortifère du capitalisme : les forces de l’ordre. Sans celles-ci, les privilèges, l’arrogance, les richesses amassées par les patrons se réduiraient à néant. Puisqu’elles ont, depuis toujours, la fonction de réprimer, enfermer, déporter, torturer et tuer ceux et celles qui, par choix ou par nécessité, se retrouve en dehors de leur loi.
La lutte contre l’État n’est pas simple et ne peut pas se réduire à des formules magiques. Mais les objectifs sont là et on ne peut pas toujours continuer à faire des théories et de bavardages de circonstance. Chaque individu libre, par désir et par nécessité, met en œuvre l’action directe, ici et maintenant. Il n’y a pas de délégation dans la lutte pour la liberté.
Il ne faut pas se laisser prendre par le découragement, que cette époque inculque à grandes doses.
Qu’est-ce que ces années auraient-elles été si une minorité de réfractaires n’avait pas pris en main le flambeau de l’anarchie ? Si ces compagnon.ne.s avaient attendu des temps meilleurs ? L’ancien président de la Commission Européenne en sait quelque chose, dont le Noël a été gâché [le 21 décembre 2003 deux bombes explosent à Bologna, en bas de l’appartement du président de la Commission Européenne, Romano Prodi – la revendication, qu’on peut trouver entre autre ici, signe le début de l’aventure de la Fédération Anarchiste Informelle ; NdAtt.]. Le vampire Equitalia en sait quelque chose, mutilé de quelques-unes de ses griffes [Equitalia, qui était l’agence d’encaissement des impôts de l’État italien, a été ciblée en décembre 2011, en période de crise et de restructuration capitaliste – son PDG a été légèrement blessé par un colis piégé signé par des compas de la FAI, tandis que d’autres attaques non signés ont suivi; NdAtt.]. Il doit l’avoir senti fort à la jambe, la chaleur du flambeau de l’anarchie, le sorcier du nucléaire d’Ansaldo Nucleare [R. Adinolfi, PDG d’Ansaldo Nucleare, blessé par balle à un genou le 7 mai 2012 par le noyau Olga de la FAI/FRI – les compagnons Alfredo Cospito e Nicola Gai sont en prison pour cette action ; NdAtt.].
Aujourd’hui c’est à nous de prendre en main le flambeau de l’anarchie, demain ce sera le tour de quelqu’un d’autre. Pourvu que ça ne s’éteigne pas !

Ceux et celles qui veulent rester à regarder, resteront à regarder. Ceux et celles qui ne veulent pas agir en se donnant des justifications politiques, continueront à ne pas agir. Nous n’attendons aucun train de l’espoir, nos n’attendons pas des temps mûrs. Les conditions changent grâce à la lutte. Le mouvement est mouvement s’il agit, faute de quoi il reste immobile. L’émancipation de l’individu vis-à-vis de l’autorité et de l’exploitation est faite par le premier concerné.
Et pourtant, ceux et celles qui attaquent motivent ceux et celles qui sentent l’envie. C’est ça la propagande par le fait.
Contre les flics, les politiciens et leur larbins. Contre les ingénieurs de la science et de l’industrie. Contre tous les patrons, mais aussi contre tous les esclaves. Contre les rangs des honnêtes citoyens de la societé-prison.
Cela ne nous intéresse pas de perdre du temps et de l’énergie dans la critique des réformistes… Même si nous ne nous considérons pas comme une minorité élitiste, en tant qu’anarchistes nous avons nos actions et nos revendications. Notre propagande. Chaque individu et chaque groupe d’affinité développe et renforce ses expériences dans le lien fraternel. Sans aucun spécialisme et sans vouloir imposer une méthode. Nous avons choisi celui-ci. Que chacun trouve son chemin dans l’action. L’organisation hiérarchique structurée, en plus d’écraser la liberté des individus, nous expose davantage à la réaction de la répression.
L’organisation anarchiste informelle est l’instrument que nous avons trouvé le plus approprié en ce moment, pour cette action spécifique, parce qu’elle nous permet de faire aller ensemble notre irréductible individualité, le dialogue avec d’autres rebelles à travers la revendication, et pour finir la propagande faite par l’écho de l’explosion.
Cela n’est pas et ne veut pas être un instrument absolu ni définitif.
Un groupe d’action naît et se développe sur la connaissance, sur la confiance. Mais d’autres groupes et individus peuvent partager, même de façon simplement temporaire, une projectualité, un débat, sans se connaître personnellement. On communique directement à travers l’action.

L’action directe destructrice est la réponse élémentaire face à la répression. Mais pas que. La praxis anarchiste est aussi une relance, une proposition qui va au-delà de la solidarité, brisant la spirale répression-action-répression. Les actions de solidarité sont importantes, mais nous ne pouvons pas nous enfermer dans la critique, bien que armée, d’une quelconque action répressive o d’un quelconque procès.
Les compagnon.ne.s emprisonné.e.s sont partie de la lutte, ils/elle sont à nos côtés et nous donnent de la force. Mais il faut agir et s’organiser. Le progrès du développement technologique, les politiques de contrôle et répression ne laissent pas beaucoup d’espace d’appréciation sur ce qu’il faut faire. Ils sont en train de redessiner la vie et la répression dans le métropoles. Bouger, agir, peut devenir de plus en plus compliqué.
Contrairement aux « manifs-émeutes », souvent annoncées à l’avance par un certain « mouvement antagoniste », l’imprévisibilité est la meilleure arme contre la société du contrôle. Frapper là où ils ne t’attendent pas. Aujourd’hui nous frappons au cœur de la capitale militarisée, pour défier les délires sécuritaires. Demain, qui sait, peut-être en banlieue, où vous ne vous l’imaginez pas. Ne pas laisser de trêve, mais en choisissant nous-mêmes ces moments. C’est depuis toujours le principe même de la guerilla métropolitaine. Avec la différence que la conspiration des noyaux informels ne connaît pas de hiérarchies ni de directions stratégiques. Et, grâce à cela, elle est encore moins prévisible.

L’État italien est à la pointe dans les politiques répressives et militaires. A cause de son emplacement géographique, il se trouve souvent à faire le sale travail de défense de la Europe forteresse.
Les accords récents entre le ministre [de l’Intérieur ; NdAtt.] Minniti et les sanguinaires colonels libyens en sont la dernière démonstration. Étant donné qu’ici on a atteint le nombre d’esclaves nécessaires « exploitons-les chez eux » : voilà ce qui, en plus d’être populaire, est toujours une bonne affaire.
La nuit dernière, nous avons porté la guerre chez le ministre Minniti. Les responsables directs, en uniforme, ceux qui obéissent sans discuter et crèvent sans discuter [« Usi obbedir tacendo e tacendo morir » (Habitués à obéir sans discuter et à mourir sans discuter ) était l’ancienne devise des Carabinieri ; NdAtt.], ont reçu un avant-goût de ce qu’ils méritent.

Avec cette action nous lançons une campagne internationale d’attaque contre les hommes, les structures et les moyens de la répression. Chacun.e avec l’instrument qu’il/elle considère le plus approprié et, s’il/elle le désire, en participant au débat.