Migrants : les guides alpins alertent sur les dangers de la traversée en montagne
Après avoir traversé la Méditerranée, certains migrants originaires d’Afrique de l’Ouest sont de plus en plus nombreux à tenter de franchir les Alpes pour rejoindre la France. Au péril de leur vie. Sans équipement et craignant les forces de l’ordre postées en montagne , ils seront bientôt confrontés aux rigueurs de l’hiver en altitude. Plusieurs associations de montagnards appellent les autorités à sauver ces candidats à l’asile. Le point avec Yannick Vallençant, président du syndicat professionnel de la montagne et vice-président fondateur de Guides sans frontières.En août dernier, deux migrants ont fait une chute au col de l’Echelle (Hautes Alpes), en tentant d’éviter la police. Celle-ci patrouille dans la montagne, sur les routes de migration des réfugiés africains. D’autres migrants ont eu les doigts et les orteils amputés en raison des gelures. Le manque d’équipement, la persécution policière, les conditions météorologiques rudes en montagne mettent en péril la santé et la vie de ces candidats à l’asile.
A la veille de l’entrée dans l’hiver et face à cette inquiétante situation d’ordre humanitaire, un groupe de professionnels de la montagne a décidé d’écrire au Président de la République, Emmanuel Macron. Dans ce courrier, ils dénoncent « la situation dramatique qui affecte des groupes de migrants au passage des frontières alpines dans les secteurs du Mercantour, de Briançon et de Modane ». Le froid, l’altitude… « Aux difficultés et aux risques inhérents à l’évolution en terrain de montagne s’ajoutent la crainte de croiser et la volonté d’échapper par tous les moyens aux forces de police », poursuivent les signataires.
Gelures, hypothermie, accidents
La montagne est dangereuse. Toute l’année, « même lorsqu’on est équipé de 4 couches de vêtements, de chaussures techniques et qu’on est entraîné, c’est dangereux. Et en hiver tout se complique », souligne Yannick Vallençant. Outre le mal des montagnes qui peut affecter différemment les personnes, le froid augmente aussi à ces hauteurs. Le col de l’Echelle se situe à 1 700 m d’altitude. En montagne, « on perd facilement 1°C tous les 100 m », précise-t-il.
« Dernièrement nous avons eu autour de -7°C, mais cela peut facilement descendre à -15°C et parfois -20°C en hiver », soulève-t-il. Le risque de gelures, entrainant jusqu’à l’amputation, est réel. Sans parler de l’hypothermie qui peut provoquer la mort. Les migrants, absolument pas équipés (certains traversent en espadrilles) souffrent d’une fatigue supplémentaire due à un état de santé déjà détérioré au cours de leur parcours et des conditions de leur transit. En outre, la plupart viennent de pays chauds…
Enfin, la montagne en hiver expose à des risques d’avalanches et de chutes dans les ravins. « En particulier si l’on s’écarte des chemins balisés », note Yannick Vallençant. « Ce que les forces de l’ordre les obligent à faire par leur seule présence. »
L’esprit de cordée
Habités de l’esprit de cordées synonyme de missions de sécurité, de secours et de solidarité, les signataires de la lettre estiment « impensable de laisser les migrants à leur sort ». C’est « le sens même de notre métier de guide d’assurer la sécurité de tous en montagne, sans discrimination ».« Nous souhaitons que les responsables politiques prennent conscience de la réalité du terrain », poursuit-il. Pour ce faire, « nous leur proposons de venir personnellement se rendre compte sur place des risques très concrets encourus ».
Le 17 décembre prochain, une caravane de secours sera installée dans la vallée de la Clarée. Ouverte à toutes et tous, « elle permettra d’avoir une vision claire des réalités de l’un de ces parcours à hauts risques ».
https://refugeeswelcome05.noblogs.org/