Archives mensuelles : mai 2017

Grenoble: Le 7 mai, A bas l’État, les flics et les fascistes, Ni Macron Ni Le Pen

La presse de Louis Richerot

http://www.ledauphine.com

20 h 45 : Plusieurs centaines ( 800 ) de personnes parties  de la place de Verdun manifestent actuellement dans les rues de Grenoble aux cris de « A bas l’Etat, les flics et les fascistes » et « Ni Macron, ni Le Pen ». Cette manifestation non autorisée est remontée par la rue Lesdiguières et s’est trouvée face à un cordon de police qui l’a repoussée vers 20 H 40 à coups de grenades lacrymogènes à poivre   à l’intersection du cours Berriat et du boulevard Gambetta es cours. Les policiers ont ensuite chargé pour tenter de disperser les manifestants.

20 h 50 : Plusieurs dizaines[NDR)  grenades lacrymogènes ont encore été tirées par les forces de l’ordre dans le secteur des rues Lakanal et Genissieu. Comme l’a constaté une équipe du Dauphiné Libéré sur place, les manifestants se sont plus ou moins dispersés et forment actuellement un cortège d’à peine plusieurs dizaines de personnes, qui a rejoint les espaces piétonniers de l’ancienne caserne de Bonne.

21 heures : Les secours et la police interviennent actuellement rue Turenne pour un début d’incendie de voiture sur l’itinéraire emprunté il y a quelques minutes par les manifestants. Un début de feu aurait été éteint( sic) sur cette voiture par des fonctionnaires de police. Pour l’instant, le cortège a été dispersé par la police dans le secteur de l’ancienne caserne de  Bonne.

 

 

elles et ils ont voté et après..

Valence:assemblée le 7 mai à 20 h 30 place Saint-Jean, quels que soient les résultats, pour en discuter et faire  la suite.
Tou.te.s ensemble !


Lundi 8 mai 2017 : projection du documentaire La bataille de l’eau noire à 20h00, à la Marquise – Roybon

Vous êtes toutes et tous conviés pour fêter dignement l’arrivée du nouveau président ou nouvelle présidente de la République lundi 08 mai.

Pour ce faire le célèbre café-restaurant gastronomique de la Marquise, dit le Fouquet’s de Roybon, vous invite à une bouffe végane à 19h00.

Puis à 20h00, en guise de programme pour les 5 prochaines années, sera projeté le doc « La bataille de l’Eau Noire ».

Ce doc de Benjamin Hennot (2015-73 min) raconte la résistance victorieuse en 1978, de tout un village en Belgique contre l’implantation d’un barrage sur leur territoire. Cette lutte hyper inventive a utilisé tous les moyens à sa disposition pour mettre finalement KO l’État belge.

https://www.labatailledeleaunoire.com/synopsis

NI PESTE NI CHOLERA BOYCOTT !!! NI PATRIE, NI PATRONS NI LE PEN, NI MACRON

 Note:le texte ci dessous trouvé sur les murs trop blanc des  villes de Valence et Bourg les Valence


Nous ne sommes plus dans les années 1930 où la bourgeoisie avait besoin du fascisme et du nazisme pour briser le mouvement révolutionnaire… qui n’existe quasiment plus aujourd’hui.
Nous ne sommes plus en 2002 où nous étions haïs pour oser refuser de céder aux sirènes antifascistes nous intimant à voter Chirac ! Nous n’étions pas nombreux alors à refuser ce front antifasciste.
En 2017, sur le plan économique, Le Pen est un problème pour … les patrons qui d’ailleurs ne s’en cachent même pas ! Par contre, le capital et la bourgeoisie ont davantage besoin d’un Macron qui va encore aller plus loin dans l’ubérisation des emplois, la casse du droit du travail et la liquidation des acquis de nos luttes !
Nous ne céderons pas aux sirènes républicaines ! Tous ceux et toutes celles qui se sont mobilisé-e-s contre la loi travail ne peuvent pas oublier que Macron veut aller encore plus loin dans « l’assouplissement » des règles du droit du travail pour satisfaire les appétits de la bourgeoisie.
Une réponse à cette mascarade électorale, qui nous fait gerber, a été ébauchée. Pour la première fois, une initiative a été menée la veille d’un 1er tour d’une élection présidentielle où une manifestation regroupant plusieurs milliers de personnes de tous les secteurs en luttes, des métiers du travail social aux livreurs à vélo en passant par des appels syndicaux de structures de base, a eu lieu à Paris. C’était un « premier tour social à notre sauce » qui en appelle un deuxième et plus encore.

Contre le futur président Macron de notre République bananière, nous n’aurons pas d’autres choix de participer activement à la naissance de mouvements sociaux remettant en cause les fondements mêmes de ce système capitaliste.
Quant aux idées de Le Pen, dont la dynastie fait partie de la bourgeoisie qui pue le rance, coller sur sa gueule des croix gammées ne sert à rien. Cela fait 30 ans que cela se pratique et pourtant le FN monte… Des électeurs/trices se trompent de révolte et rejoignent les beaufs racistes, sexistes, homophobes, … nostalgiques du temps des colonies qui ont toujours existé dans la France profonde.
Face à ces phénomènes, nous n’avons pas d’autres choix que de développer des combats de classe tout en accueillant les réfugiés, ici et maintenant. Nous appelons également avec détermination à soutenir en masse le mouvement antinucléaire à BURE qui est menacé ces jours même d’une expulsion par l’ANDRA et ses forces armées pour imposer son projet mortifère de poubelle nucléaire ! Soutenir en masse la ZAD de Roybon !

NI PATRIE, NI PATRONS
NI LE PEN, NI MACRON

texte repris et modifié d’un tract de l’Organisation Communiste Libertaire

Notes Critiques:Pour essayer de comprendre un mythe fondateur

L’Anarcho-syndicaliste – n°64
mars-avril 2001
Union des anarcho-syndicalistes
REFONDATION SOCIALE»OU«RÉNOVATION NATIONALE»
.

Personnellement, je tiens le mythe pour l’expression la plus achevée du mensonge, et l’affirmation selon laquelle «les peuples ont besoin de mythes»comme l’expression la plus achevée du mépris des imbéciles à l’égard de leurs semblables.Bien évidemment, cette opinion, toute personnelle, n’empêche les petits malins de proposer au bon peuple des mythes tous plus mystificateurs les uns des autres.Ainsi, en est-il du mythe de la refondation sociale (ou politique ), proposé par les dirigeants du MEDEF, au nombre desquels, il est vrai, figure le dénommé Kessler, naguère fervent partisan du mythe maoïste, et pieux admirateur du «petit livre rouge»de Mao.Zeev Sternhell dans son ouvrage sur «La Droite Révolutionnaire»1, sur lequel il y aurait par ailleurs beaucoup à dire, démonte le mécanisme du mythe de la «refondation». Il écrit: »Assurément, chaque société cultive et entretient ses mythes fondateurs. Souvent, à la suite d’une grande crise et d’une césure dans son histoire, une société éprouve le besoin de se donner un mythe de retour aux sources ou un mythe refondateur. Tel a été le cas de la France au lendemain de la Libération. Non seulement, il fallait que l’épopée de la France libre et de la Résistance fût celle de la France… La Révolution française, qui, depuis la débâcle de 1870 jusqu’au désastre de 1940 portait aux yeux de vastes secteurs de l’opinion publique la responsabilité de l’irrémédiable décadence du pays, devenait le point de ralliement par excellence. Le mythe de refondation en venait à commander toute l’interprétation de l’histoire du 20èmesiècle français. C’est ainsi qu’un extraordinaire effort historiographique a été entrepris pendant un demi-siècle pour dissocier la société française de Vichy, pour évacuer la Révolution Nationale de l’histoire de la  France…». Autrement dit, le mythe de la «refondation»a été utilisé par tous les réactionnaires nostalgiques de Vichy.Le simple fait que certains hommes du MEDEF ainsi que certains politiques le reprennent à leur compte, éclaire d’un jour cru l’idéologie à laquelle il se réfère.J’ajoute que, selon moi, un certain anti-fascisme»qui prétend ignorer les différences entre, par exemple,le régime de Salazar et Franco, celui de Mussolini et enfin lenazisme, participe de la même volonté de masquer la réalité qui peut se résumer de la façon suivante: le danger mortel pour les civilisations et le devenir de l’humanité est le totalitarisme qui oppose la société organique à l’individu et qui affirme la nécessité de «la soumission de la partie au tout».Après avoir noté que, pour Taine, la «société civile»:«constitue un corps organique et non un ensemble d’individus» Sternhell dénonce le rôle joué par l’école d’Uriage créée par Vichy pour fournir les futurs cadres de la «Révolution Nationale».Il écrit:«La dernière phase des activités organisées de l’équipe d’Uriage n’est pas la moins intéressante. A la fermeture de l’École(2), le noyau de ses cadres décide de former un Ordre destiné à perpétuer la communauté d’Uriage. Beuve-Méry est l’un des trois membres du Conseil de l’Ordre et remplit les fonctions de second de Segonzac, le chef indiscuté qui exige et obtient une obéissance totale. L’Ordre d’Uriage se disposait alors beaucoup moins au combat pour la libération du territoire qu’à répondre à «la crise de la civilisation». En fait, les hommes d’Uriage se préparaient à la situation révolutionnaire qui ne manquerait pas de se produire avec la défaite de l’Allemagne. Ils entendaient fournir au pays les nouveaux cadres qui appliqueraient la pensée de l’Ordre.L’idéologie proposée par l’Ordre aux communautés du réseau d’Uriage qui, à la veille de la Libération, se trouvent sur l’ensemble du territoire de Marseille et Toulouse jusqu’à Paris, Roubaix et Rennes en passant par Lyon, Grenoble et Saint-Étienne – était toujours la même: antilibérale, anticommuniste, anti-individualiste, antimaçonnique, élitiste, quelque peu sexiste. L’Ordre ne menait pas de politique ouvertement antisémite mais les juifs en étaient fermement exclus. Ailleurs, dans un document intitulé: «la Politique de l’Ordre», on flétrit ceux des Français chez qui «les intérêts d’une internationale soit capitaliste, soit juive, soit franc-maçonne, soit communiste» priment sur «les intérêts nationaux».La défaite des nazis n’a pas permis aux futurs cadres de la «Révolution Nationale»d’être parmi les«subsidiaires»de «l’Ordre Nouveau»promis par Hitler. Pour autant, elle n’a pas stoppé des carrières qui s’annonçaient prometteuses et se poursuivirent après la «libération», notamment grâce au journal «Le Monde» et à son directeur, Beuve Méry, auquel on pourrait ajouter par exemple, (la liste n’est pas exhaustive), Emmanuel Mounier et la revue Esprit,Peuple et Culture….Cela étant, il nous faut bien reconnaître que, grâce à la victoire«historique»du vichyste François Mitterrand, l’Union Européenne et la théologie de la subsidiarité, sont, pour l’instant, admis par des hommes qui, hier encore, se réclamaient des «idéaux»de la Révolution Française.Certains semblent même considérer, comme définitivement acquises, la destruction des États Nationaux et l’émergence des«communautés». C’est faire bon marché de l’existence et de la volonté des peuples de défendre leur droit à l’existence. Les grèves et les mouvements de colère qui s’expriment de plus en plus nombreux dans toutes les couches de la population devraient pourtant, au moins pour ceux qui se veulent «révolutionnaires», rappeler que les sociétés ne sont pas immuables!..

.Et qu’il arrive parfois que  les «collaborateurs»aient des comptes à rendre!

Alexandre Hébert 2001

1Zeev Sternhell«La Droite Révolutionnaire – Les origines françaises du fascisme»- Édition Fayard.

‘(2) l’école d’uriage  fondé par de Segonzac, celle -ci a été remplacé par le milicien Laval et elle s’est implanté ensuite au château des Murinais .. Mais  un fait est passé sous silence dans ce texte. De Segonzac à partir de ce lieu impulsa l’idéologie des FFI du vercors et des plateaux des Glières ce que dit wwikipedia ici

[ITALIE-TURIN] Perquisitions et Arrestations ( mise à jour)

ihttps://nantes.indymedia.org

A 06h30, le 3 mai, plusieurs équipes d’agents de police coordonnées par le ROS( gendarmes contrelacriminalité organisée et anti-terrorisme) et la Digos ( renseignement), ont fait irruption à l’Asilo, aux squats Corso Giulio Cesare et Borgo Dora et dans deux maisons à Turin et Barge;

A 06h30, le 3 mai, plusieurs équipes d’agents de police coordonnées par le ROS( brigade contre la criminalité organisée et anti-terrorisme) et la Digos (police de renseignement), ont fait irruption à l’Asilo, aux squats Corso Giulio Cesare et Borgo Dora et dans deux maisons à Turin et Barge; Les médias locaux font également référence à une perquisition effectuée à Bologne et dans  Cuneo dont nous n’avons pas obtenu la confirmation.
Le prétexte pour cette opération répressive qui voit six compagnons et compagnonnes arrêté-es, serait une bagarre contre trois patrouilles de carabiniers advenue devant l’Asilo en février dernier en fin de soirée. Les accusations sont séquestration, dégradations aggravées et résistance à agent publique. Antonio de Lecce, Antonio de Sardaigne, Camille, Fabiola, Fran, et Giada sont incarcéré-es à la Vallette (prison de Turin) tandis qu’on parle d’un septième interpellé non confirmé.
Dans le même temps vu que les flics prennent leurs aises et ne partent pas malgré les arrestations déjà effectué, nous relançons l’invitation des occupants encore sur le toit à rejoindre le rassemblement réunie corso  Brescia à l’angle de via Alessandria.

Mise à jour à 10.20:le renseignement et les anti-émeutes sont toujours sur place, menant une perquisition de tout les espaces de l’Asilo à propos d’une dégradation contre le siège de Lavazza ; Ainsi que des ouvrier du fournisseur d’électricité pour couper le courant. Quelques occupant-es restent sur le toi, et continue d’appeler à aller au rassemblement.

Pour leur écrire ( il n’est pas encore confirmé qu’iels sont tout-es dans la prison Turinoise :
Antonio Rizzo
Antonio Pittalis
Camille Casteran
Giada Volpacchio
Fabiola Costanzo
Francisco Esteban
c/o CASA CIRCONDARIALE – Via Maria Adelaide Aglietta, 35 – 10151 Torino

voir site :informa azione


[Torino] Presidio solidale con arrestat* sotto il carcere

Dimanche 7 mai à 15h

rassemblement   devan la prison de la  Vallette en solidarité avecles arrestate/i et tous les prisonnier–e-s

Appuntamento alla fermata del tram 3 alle 15.00


voir une meilleure traduction sur non fides

Lille: Assassinat de notre camarade Hervé Rybarczyk par les identitaires :

note: à Lille comme ailleurs.  c’est notre volonté de mobilisation contre ces fascistes..: La prison n’est pas la solution. .. Nous on va coller avant le 7 mai 2017  déjà ce texte en PDF et nous n’avons rien à attendre de  la démocratie  Nous continuerons à  être présents dans la rue chaque fois que ce sera nécessaire pour dire notre refus des idées de l’extrême droite et de la
violence de l’état capitaliste.

Suite à la révélation de l’assassinat de notre camarade Hervé Rybarczyk par les fascistes lillois, rassemblement hommage vendredi 12 mai à 19h sur la Grand Place de Lille (plus d’infos à la fin de l’article).

Ci-après l’article revenant sur ces évènements, et les zones d’ombres de l’affaire publié par l’AFA NP2C.

La police couvrait-elle les assassins identitaires lillois qui ont également armé le terroriste de l’Hyper Cacher Amedy Coulibaly ?

Edit : Libération révèle que la police était au courant depuis au moins l’automne 2015 mais n’avait pas donné suite.

3 fascistes nordistes connus pour leurs nombreux méfaits viennent d’être emprisonnés [1] [2]. Ils sont accusés d’avoir assassiné Hervé Rybarczyk, guitariste du célèbre groupe de rock’n’roll « Ashtones » mais surtout infatigable militant révolutionnaire et antifasciste.

Hervé a mystérieusement disparu dans la nuit du 11 au 12 novembre 2011 après un concert à La Chimère (Boulevard Montebello à Lille). A l’époque le parquet de Lille n’envisageait pas « l’hypothèse d’un crime » [3] (nous y reviendrons).
Pourtant, suite au récent procès du tortionnaire néo-nazi Jérémy Mourain [4], l’enquête sur la disparition de Hervé et des 4 autres victimes dites « du pousseur de la Deûle » fut réouverte. En effet, Mourain, alors en prison, déclare « Pourvu que le juge n’aille pas chercher trop loin dans ma période lilloise. » [5] ou encore « À ma période lilloise, j’ai tué un homme, là-bas. ». La Voix du Nord abonde : « [Cette] bagarre se serait terminée dans la Deûle » [6].

Hier, 3 membres de la mouvance identitaire lilloise ont été placés en détention à la suite de ces révélations.

Pour bien comprendre le sens de ces informations, il s’agit de les replacer dans leur contexte de l’époque.

Mourain était alors un membre important de Troisième Voie. Ce groupuscule néo-nazi fut dissout après que l’un de ses nervis, Esteban Morillo, a assassiné Clément Méric, un jeune membre de l’AFA Paris Banlieue et du syndicat SUD étudiant-es. Morillo comme Mourain étaient originaires de Picardie.

Mourain était le bras droit de Serge Ayoub en Picardie (le chef de Troisième Voie et de son service Action, les « Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires »).
A son arrivée dans le groupuscule, il fut « parrainé » par le lillois Yohan Mutte [7], un membre de Troisième Voie et des JNR déjà condamné pour avoir attaqué le bar gay « Le Vice Versa » en marge d’une « Manif pour tous » [8]. Il a également participé à de nombreuses actions violentes dans la métropole comme les attaques du bar « le Resto Soleil » [9] (au cours d’une desquelles était présent… Jérémy Mourain) ou encore celle ayant visé le local du syndicat CNT (opérations toujours mises en échec par les antifascistes présents).

Yohan Mutte est l’un des 3 interpellés d’hier… Il semble qu’au moins l’une de ces ratonnades a entrainé la mort d’un homme, celle d’Hervé.

Mais ce n’est pas tout. A l’époque, Troisième Voie travaillait en étroite collaboration avec la Maison de l’Identité Flamande (Vlaams Huis), l’ancêtre de La Citadelle, au sein du « Front Populaire Solidariste ».

La Maison de l’Identité, comme le mouvement identitaire lillois, furent fondés par le tristement célèbre Claude Hermant, un indic et barbouze formé au service Action du Front National [10]. La Vlaams Huis servait de point de rendez-vous aux néo-nazis de Troisième Voie, aux identitaires d’Opstaan (l’ancêtre de « Génération Identitaire »), aux autres groupuscules de l’extrême-droite nordiste… mais aussi aux forces de sécurité.
Le lieu pouvait compter parmi ses adhérents le chef de la police municipale de Lambersart et des policiers y fêtaient même leurs anniversaires. [11]
Les flics sympathisants n’hésitaient pas non plus à renseigner les néo-nazis sur les militants de gauche (on verra que le trafic d’armes a dû créer des liens étroits entre fascistes et flics) ; ainsi la Maison Flamande publia à plusieurs reprises des noms et adresses de militants libertaires collectés suite à des interpellations [12]. Une plainte collective fut déposée mais cette affaire fut – bien entendu – classée sans suite.
Est-ce par ce biais que les assassins d’Hervé ont ciblé leur victime ? Nous ne le saurons probablement jamais… Ce qui est certain c’est qu’Hervé avait été identifié par les fascistes comme « antifa ».

Au sein de ce panier de crabes on retrouvait bien sûr Mourain et Mutte, mais aussi Aurélien Verhassel (qui participait fréquemment aux activités – dont les tournois de boxe – organisées par « la Vlaams ») et Antoine Denevi.

Verhassel est l’actuel chef de Génération Identitaire Lille et de « La Citadelle ». Il a lui aussi un casier judiciaire chargé : « violences aggravées, violation de domicile, violences avec préméditation et usage d’une arme… Et même une peine de 80 jours/amende en Allemagne pour «détention et importation de substance explosive» et «utilisation de caractéristiques d’organisations anticonstitutionnelles» » (Libération [13]). Sa proximité avec Troisième Voie, Mutte et Mourain n’est pas récente. Déjà en 2014, Verhassel avait été épinglé pour sa proximité avec les ex du groupuscule dissous. Les mêmes aujourd’hui accusés d’avoir assassiné Hervé [14].
Depuis, les choses ne se sont pas arrangées. Leur nouveau local « La Citadelle » héberge fréquemment des membres de cette bande néo-nazie. Il sert également de base arrière pour leurs ratonnades, comme celle ayant ciblé des étudiants des Jeunes Communistes en novembre dernier [15].

Abordons maintenant le cas de Denevi et découvrons pourquoi la police avait tant intérêt à étouffer l’affaire « du pousseur de la Deûle » : Denevi était le chef de Troisième Voie dans le Nord de La France. Mourain et Mutte (tous deux membres de l’organisation dans le Nord) étaient donc sous son autorité. Mais Denevi ne se contentait pas de ratonner : comme l’a révélé il y a quelques semaines Mediapart, il participait à un important trafic d’armes de guerre dont était à la tête… Claude Hermant [16]. Le réseau Hermant-Denevi (c’est à dire le groupe de personnes également accusé d’avoir assassiné Hervé) a, semble-t-il, procuré au djihadiste Amedy Coulibaly le fusil d’assaut et les pistolets Tokarev qui lui ont servi à massacrer des juifs à l’Hyper Cacher, près de la porte de Vincennes à Paris.

L’histoire ne s’arrête pas là : Hermant était en fait un indic de la police et dit avoir livré ces armes sur demande des forces de sécurité. Comme l’ont révélé Mediapart et la Voix du Nord, rien de moins que la police, la DCRI, la gendarmerie et la douane étaient impliquées dans ce trafic [17]. L’enquête de Mediapart est surréaliste, extrait :

« À Mediapart, le commissaire divisionnaire Patisson, chef du SDIG du Nord de 2008 à 2011, avant de diriger le CCPD de Tournai, confirme que Christophe Dubroeuq, alias « Monstro », a été l’un de ses informateurs sur l’extrême droite radicale lilloise, et qu’il a communiqué des informations sensibles, avant de devenir « un bon copain ». « Je m’inquiétais de ne pas avoir de nouvelles de “Tof”, dit-il. Puis j’ai appris par mes collègues qu’il avait été interpellé en République tchèque. Je lui avais dit clairement quelques jours avant : “Tu ne mets pas ton nez là-dedans.” On savait que ces armes slovaques avaient été retrouvées dans la filière Kouachi. »

Quelques années plus tôt, l’ancien chef des RG du Nord avait réussi, par le truchement de « Tof », à approcher Claude Hermant, ancien militaire, figure de l’extrême droite identitaire locale et lui-même informateur de la gendarmerie et des douanes, identifié comme l’un des acheteurs officiels d’une partie des armes slovaques retrouvées entre les mains d’Amedy Coulibaly, en janvier 2015. »

Résumons, Hervé Rybarczyk (et peut-être d’autres victimes) a probablement été assassiné par un groupe de néo-nazis également trafiquants d’armes. Ces néo-nazis trafiquants d’armes étaient aussi des indics, et ils ont armé Daesh avec l’aval des forces de police.
Bien qu’il soit invraisemblable que 5 personnes soient accidentellement mortes noyées dans la Deûle en quelques mois alors que cela n’était jamais arrivé (et n’est plus arrivé depuis) ; malgré le vent de panique qui avait alors parcouru la ville ; le parquet n’envisageait pas à l’époque « l’hypothèse d’un crime » et évoquait « la loi des séries ». Or dans le même temps, les services de sécurité couvraient le groupe dans le cadre de son trafic d’armes…

Encore aujourd’hui, des membres de ce groupe se réunissent toutes les semaines dans le bar raciste qu’ils ont ouvert à l’automne, « La Citadelle », situé 8 rue des Arts à Lille. Malgré les nombreuses manifestations et protestations de la population, ni Martine Aubry ni la police n’a jugé opportun de fermer ce lieu.
Est-ce que la révélation du meurtre d’Hervé suffira à faire fermer La Citadelle [18] (mais aussi « la Friterie » [19], commerce appartenant à Claude Hermant, rue Solférino à Lille) ou faudra-t-il que les fascistes pro-FN tuent encore ?

Rendez-vous vendredi 12 mai à 19h sur la Grand Place de Lille afin de rendre hommage à notre camarade Hervé et rappeler aux assassins fascistes que nous leur rendrons coups pour coups.

Ce texte est ouvert à signature.

Action Antifasciste NP2C

[1] http://www.liberation.fr/direct/element/trois-jeunes-hommes-proches-de-lextreme-droite-mis-en-examen-dans-laffaire-des-noyes-de-la-deule_63107/
[2] http://www.lavoixdunord.fr/157289/article/2017-05-03/l-affaire-des-noyes-de-la-deule-relancee-arrestations-au-sein-de-l-ultra-droite
[3] http://musique.jeuxactu.com/news-ashtones-mysterieuse-disparition-du-guitariste-herve-rybarczyk-9648.htm
[4] http://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/picardie/somme/amiens/proces-wwk-amiens-neuf-ans-prison-jeremy-mourain-relaxe-serge-ayoub-1225085.html
[5] http://www.lavoixdunord.fr/139941/article/2017-03-28/le-leader-du-groupe-d-ultra-droite-est-il-l-auteur-d-un-meurtre-impuni-lille
[6] http://www.lavoixdunord.fr/139572/article/2017-03-28/quand-est-dans-cette-ideologie-de-haine-peut-devenir-tres-violent
[7] https://www.streetpress.com/sujet/1485772451-le-white-wolf-klan-groupe-neonazi
[8] http://www.liberation.fr/societe/2013/09/04/lille-j-ai-entendu-fils-de-pute-encule-pede_929519
[9] https://luttennord.wordpress.com/2012/12/10/le-resto-soleil-une-nouvelle-fois-attaque-par-les-nazillons-lillois/
[10] http://lahorde.samizdat.net/2013/04/23/portraits-et-relations-des-neo-nazis-ayant-attaque-le-bar-gay-du-vieux-lille/
[11] https://lille.indymedia.org/spip.php?article17732&lang=fr
[12] http://cettesemaine.info/spip/article.php3_id_article=2505.html
[13] http://www.liberation.fr/apps/2017/04/generation-identitaire-a-decouvert/
[14] https://luttennord.wordpress.com/2014/05/25/tribann-identitaires-nazi-et-fiers/
[15] http://www.lavoixdunord.fr/75067/article/2016-11-16/des-jeunes-communistes-agresses-dans-un-bar-samedi-
[16] https://www.mediapart.fr/journal/france/070516/quatre-services-de-securite-connaissaient-les-fournisseurs-d-armes-de-coulibaly?onglet=full
[17] https://www.mediapart.fr/journal/france/120317/informee-la-police-n-rien-fait
[18] https://www.facebook.com/fermonslacitadelle/
[19] https://www.facebook.com/FermetureLaFriteRitLille/

[Publication] : sortie de « Paris sous tension » n°9, avril/mai 2017

Brèves du Désordre:

Le n°9 de Paris sous tension (avril/mai 2017), journal anarchiste sur Paris et au-delà, est sorti il y a quelques jours. On peut le lire et se l’imprimer, ainsi que les huit premiers numéros, sur :

http://parissoustension.noblogs.org


(M)épris de la police ?

La foule : « … et tout ! le monde ! déteste la police !  »
Une passante : « Oh mais… comment peut-on détester… Non mais franchement, dans quel monde vivons-nous ?!! »

On peut en arriver à pester contre la police pour de bien diverses raisons. La prendre à partie, la toiser du regard, lui déballer énergiquement son répertoire d’insultes ne signifie pas nécessairement souhaiter sa disparition pure et simple. Le citoyen grommelle suite à une énième et fâcheuse contravention ; le dealer jure contre les patrouilles qui importunent ses affaires ; le commerçant dénonce le manque de zèle à l’encontre des « voleurs » ainsi que des vendeurs à la sauvette ; le patriotard n’en manque pas une pour vociférer contre « le laxisme » de l’Etat face au fléau sur la nâââtion qu’incarnent, pêle-mêle, « délinquants, parasites bénéficiant des aides sociales, immigrés, terroristes et casseurs » ; un quelconque manifestant ou badaud dégaine piteusement, souvent pour contre-attaquer (sur le terrain de la joute verbale), comme si c’était une imparable répartie : « Vous feriez mieux d’aller arrêter les violeurs ! » Le flic de base lui-même a son coup de gueule contre sa hiérarchie à cause de qui il estime ne pas pouvoir bien faire son travail.

Mais nous ne voulons pas une « meilleure police ». Parce que pour nous le problème, ce n’est pas seulement que la police fasse souvent son travail de manière raciste, sexiste, xénophobe, qu’elle bafoue sans aucun scrupule les droits, qu’elle exerce parfois une violence excessivement brutale voire mortelle, harcèle, intimide et humilie certaines gens…ah, et le tout « en toute impunité »… Ces critiques auxquelles il peut nous arriver de tendre l’oreille ne sont souvent que partielles, superficielles, moralistes, légalistes, parfois opportunistes et politiciennes. Pour nous le problème fondamental c’est l’existence même de la police.

S’il est bien sûr faux que « tout le monde déteste la police », on voit très bien pourquoi certains la désirent, s’en accommodent ou la considèrent comme nécessaire –malgré tout. Sans les œillères que beaucoup se mettent et/ou veulent nous mettre, il n’est pas difficile de voir que la police est essentiellement la violence qui permet les autres. Autrement, comment les riches pourraient continuer à faire bombance, à parader entre les restos chics et leur grosse voiture, comment les marchands pourraient continuer à se faire du fric tandis que des pauvres crèvent de faim de l’autre côté des vitrines et étalages abondamment remplis, comment les propriétaires pourraient-ils continuer à se faire du fric sur notre besoin d’avoir un toit, comment les scientifiques pourraient-ils continuer à faire joujou avec le nucléaire, comment les politicien-ne-s pourraient-ils continuer à jouer avec nos vies comme si on était des pions, comment les juges pourraient-ils faire croupir des gens en prison, etc., s’il n’y avait pas la police pour maintenir et permettre ces rapports, pour défendre le riche et le politicien, pour protéger la propriété et les bâtiments du pouvoir, en terrorisant, traquant, humiliant, enfermant, brutalisant et au besoin en tuant celles et ceux au détriment desquels le « meilleur des mondes » fonctionne, et notamment celles et ceux qui s’opposent à une telle réalité ?

On est ainsi ailleurs que sur le terrain de la polémique médiatique focalisant l’attention sur l’usage d’une arme ou la pratique d’une technique « disproportionnées », la couleur de peau sur laquelle s’abat trop souvent la matraque dans certains quartiers, ou le manque de respect, de « dignité », de « transparence » omis d’une manière par trop méprisante envers nous qui bénéficions de ce « service public ».

Montrer et s’attarder sur l’arbre pour cacher la forêt. La police est avant tout une bande organisée de parfaits inconnus en uniforme très obéissants et puissamment armés, non « au service de la population » mais à celui de l’Etat, et sans laquelle ce monde pétri d’inégalités et de violences sociales ne pourrait continuer à fonctionner.

Si elle effraie par ses armes (et le juge, la prison et leurs assommantes lois qu’on devine accompagnant leur mains gantées), en prétendant appliquer des lois qu’on n’a pas demandées, la police (et par là l’Etat) s’immisce dans différents aspects de nos vies, dans des différends et problèmes plus ou moins graves. Cette instance grégairement perçue comme nécessaire et s’immiscant (toujours un peu plus) dans nos vies nous empêche ainsi de développer notre autonomie et de nous entendre avec d’autres.

Par ailleurs, les rapports sociaux sont gangrenés par un flicage qui s’exerce à divers niveaux : du politicien au grand frère en passant par le « chef » de famille, du citoyen balance au concierge, du médecin à l’éducateur, du porte-parole de Dieu à la pub et aux médias, jusqu’au collègue de travail et au camarade de classe, qui tous à un moment nous disent « fais pas ci fais pas ça, fais comme les autres, mieux vaut se taire, tu ne peux rien faire, résignes-toi, etc. ». La voilà la « meilleure des polices » : celle qui ne porte pas l’uniforme, mais prend des formes plus insidieuses, familières, et plus facilement tolérées.

Si nous voulons la suppression de la Police, et par là celle de l’Etat, c’est pour ne plus avoir aucune police, aucune autorité qui mutile et atrophie nos vies, nos corps, nos rapports et qui cherche à imposer ses lois.

Tant qu’il y aura des humains il y aura des conflits, certes… Mais après tout, un conflit ne débouche pas nécessairement sur une violence sans limite, l’usage et le développement d’armes sophistiquées comme celles qu’utilisent flics et militaires pour des conneries comme la patrie, la religion ou l’appartenance supposée à une communauté quelconque. On connaît les sempiternelles réponses que le formatage démocratique nous a inculquées : « sans autorité à laquelle sont soumis tous les membres de la communauté, ce serait inévitablement la guerre de tous contre tous ». Un mensonge profondément enfoncé dans nos têtes dont le véritable message est de menacer d’anéantissement celles et ceux qui voudraient expérimenter des relations sans dominants ni dominés, sans exploiteurs ni exploités. Bref, la liberté dans sa plénitude et dans sa complexité, foisonnante d’inconnu et de possibilités.

La liberté commence là où la police est arrêtée – là où elle est devenue indésirable, inutile, nuisible.
Du mépris pour la police, toutes les polices, car épris de liberté.

[Paris sous tension n°9, avril/mai 2017, p.4]

le 12/05 LECTURE-DÉBAT AUTOUR DE L’ŒUVRE D’ARMAND ROBIN

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LECTURE-DEBAT AUTOUR DE L’ŒUVRE D’ARMAND ROBIN
Lecture-débat au Laboratoire anarchiste, 8, place Saint Jean, à Valence,
le vendredi 12 mai 2017 à partir de 20.00.
Lecture de textes choisis d’Armand Robin, précédée d’une présentation de sa vie et de son
œuvre, par Jean-Marie Sauvage, enseignant à l’École supérieure d’art et design Grenoble-
Valence.


Armand Robin (1912-1961) est né dans une très modeste famille de cultivateurs bretons dont il est le huitième et dernier enfant. Très doué dans l’apprentissage des langues étrangères, il traduira en français une centaine d’auteurs à partir d’une vingtaine de langues différentes (allemand, russe, arabe,chinois, etc.).
Grâce à ce fabuleux bagage, il va pouvoir se mettre, à partir de 1941, à l’écoute des radios étrangères et rédiger des bulletins spécialisés dans l’analyse de la situation politique internationale.En 1945, il adhère à la Fédération anarchiste et collabore jusqu’en 1955 au journal Le Libertaire.
Figure importante du groupe du XVe arrondissement, il y fait la connaissance de Georges Brassens.Sa définition de l’anarchie sera : être « purifié volontairement, par une révolution intérieure, de toute pensée et de tout comportement pouvant d’une façon quelconque impliquer domination sur res consciences ».
Arrêté le 28 mars 1961, il est conduit au commissariat de son quartier, puis à l’infirmerie du dépôt dela préfecture de police, et meurt le lendemain dans des circonstances qui n’ont jamais été élucidées.

                                                         Jean-Marie Sauvage

Bibliographie sommaire :
Ma vie sans moi suivi de Le monde d’une voix et de Le programme en quelques siècles, Editions Gallimard,
1970, et Poésie/Gallimard, 2004, 254 p.
La fausse parole, Editions de Minuit, 1953 et Le temps qu’il fait, 1979, 143 p.
Expertise de la fausse parole, Editions Ubacs, 1990, 163 p.

Errico MALATESTA -LETTRE À LUIGI FABBRI SUR LA «DICTATURE DU PROLÉTARIAT» …

http://www.antimythes.fr

Articoli e scritti varii

– 30 juillet 1919

Cher Fabbri,

Sur la question qui te préoccupe tant, la dictature du prolétariat, il m’apparaît que nous sommes fondamentalement d’accord.Il me semble que sur cette question, l’opinion des anarchistes ne peut faire aucun doute et, de fait, elle ne faisait aucun doute pour personne avant la Révolution bolchévique. Anarchie signifieront gouvernement et donc, à plus forte raison, non dictature, la dictature étant le gouvernement absolu, sans contrôle ni limites constitutionnels.

Mais, quand la Révolution bolchévique a éclaté, plusieurs de nos amis ont confondu ce qui était révolution contre le gouvernement précédent et ce qui était un nouveau gouvernement qui entendait s’imposer à la révolution pour la freiner et la diriger vers les buts particuliers d’un parti – et ils se sont presque déclarés bolchéviks eux aussi.

Or les bolchéviks sont tout simplement des marxistes, qui sont honnêtement et logiquement restés marxistes, à la différence de leurs maîtres et modèles, les Guesde, les Plekanoff, les Hyndmann, lesScheidemann, les Noske, etc… qui ont fini comme tu sais. Nous avons du respect pour leur sincérité et nous admirons leur énergie, mais comme nous n’avons jamais été d’accord avec eux sur le plan théorique, nous ne saurions nous solidariser avec eux quand de la théorie on passe à la pratique.

Mais ce qui s’est sans doute passé, c’est que nos amis bolchévisants entendent simplement par l’expression «dictature du prolétariat»le fait révolutionnaire pour les travailleurs de prendre possession de la terre et des instruments de travail et de chercher à construire une société, à organiser un mode de vie où il n’y ait pas de place pour une classe qui exploite et opprime les producteurs.

Ainsi comprise, la «dictature du prolétariat»serait le pouvoir effectif de tous les travailleurs visant à abattre la société capitaliste et elle deviendrait l’anarchie dès que la résistance réactionnaire aurait cessé et que personne ne pourrait plus prétendre obliger par la force la masse à lui obéir et à travailler pour lui. Dans ce cas, notre divergence ne serait plus qu’une question de mots. Dictature du prolétariat, cela voudrait dire dictature de tous, ce qui revient à dire que ce ne serait plus une dictature, de même que le gouvernement de tous n’est plus un gouvernement, au sens autoritaire, historique et pratique du terme.

Mais les véritables partisans de la «dictature du prolétariat»ne l’entendent pas de cette façon-là et ils le font bien voir en Russie. Le prolétariat, naturellement, n’entre en ligne de compte que comme le peuple dans les régimes démocratiques, c’est-à-dire tout simplement pour cacher l’essence réelle des choses.En réalité, il s’agit de la dictature d’un parti, ou plutôt des chefs d’un parti; et c’est une dictature véritable, au sens propre du terme, avec ses décrets, avec ses sanctions pénales, avec ses agents d’exécution et surtout avec sa force armée qui sert, aujourd’hui encore, à défendre la révolution contre l’ennemi extérieur mais qui, demain, servira à imposer aux travailleurs la volonté des dictateurs, à donner un coup d’arrêt à la révolution, à consolider les nouveaux intérêts qui se créent peu à peu et à défendre contre la masse une nouvelle classe privilégiée.

Le général Bonaparte aussi a servi à défendre la Révolution française contre la réaction européenne mais en la défendant, il l’a étranglée. Lénine, Trotsky et compagnie sont certainement des révolutionnaires sincères, par rapport à leur façon de comprendre la révolution, et ils ne trahiront pas; mais ils préparent les cadres gouvernementaux qui serviront à ceux qui viendront ensuite profiter de la révolution et la tuer. Ils seront les premiers à être victimes de leur méthode, et la révolution tombera avec eux, j’en ai bien peur. C’est l’Histoire qui se répète: mutatis mutandis,

c’est la dictature de Robespierre qui mène Robespierre à l’échafaud et qui prépare la voie à Napoléon.Voilà ce que je pense en ligne générale des événements de Russie.

Quant aux détails, les nouvelles que nous avons sont encore trop variées et contradictoires pour pouvoir risquer un jugement. Il peut encore se faire que beaucoup de choses qui nous paraissent mauvaises soient le fruit de la situation et que, dans les circonstances propres à la Russie, il n’ait pas été possible de faire autrement qu’ils n’ont fait. Il vaut mieux attendre, dautant plus que ce que nous pourrions dire ne peut avoir aucune influence sur le déroulement des faits en Russie et pourrait être, en Italie, mal- -interprété et nous donner l’air de faire écho aux calomnies intéressés de la réaction.L’important, c’est ce que nous devons faire, nous – mais nous sommes toujours là, je suis loin et dans l’impossibilité d’apporter ma contribution…

Londres, le 30 juillet 1919.

Errico MALATESTA.

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