Archives mensuelles : décembre 2016

[Grèce] Quelques brèves d’attaque de cette fin d’année

Le Chat Noir Émeutier

[Athènes] Attaque contre une société de vigile

Dans la matinée du 30 novembre 2016, nous avons attaqué avec des marteaux et du feu le bureau de l’entreprise de sécurité S.C.S, situé dans le quartier de Zografou à Athènes.

Les entreprises de sécurité privée joue un rôle de para-police, faisant leur profit en vendant de la  peur, en encourageant à balancer et à collaborer avec la police.

Pour ces raisons, et pas seulement, ce n’était pas difficile pour nous de les choisir comme cible. De plus, nous avons montré par notre action que cette entreprise est inutile et que ses services sont juste une illusion, puisquils n’ont même pas été capables d’assurer leur protection. Aucun de leurs outils de contrôle, humains ou mécaniques ne peut arrêter celles et ceux qui ont le désir d’attaquer l’existant. Par cette action, nous voulons soutenir l’appel contre le sommet du G20 qui aura lieu les 7 et 8 juillet 2017 à Hambourg.

Que ce soit les 7 et 8 juillet comme les mois précédents, ces moments peuvent être un point de rencontres entre compagnon-nes du monde entier. et en même temps un point de lancement pour une campagne où l’on contribue à aiguiser les tensions et à créer de nouveaux points de ruptures, sans limitation dans le temps ou par-delà les frontières.

Nous tenons à préciser que nous ne soutiendrons pas cet appel parce que nous voulons un « monde meilleur », pas plus qu’un gouvernement plus juste, des lois plus humanitaires et un meilleur Etat. Toutes ces valeurs charitables chrétiennes et réformistes peuvent aller en enfer !

Nous soutenons l’appel parce que nous croyons qu’à travers l’échange de sentiments, de moments et d’expériences entre compagnon-nes qui viennent de différents endroits qui ont des parcours et des contextes différents, nous sommes capables de construire les conditions qui nous permettront de ne pas avoir à attendre les sommets.

Notre position n’est pas et ne sera jamais défensive !

Guerre par tous les moyens !

Des incendiaires antisociaux

[Traduit de l’anglais de Traces of Fire]

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[Hania, Crête] Incendie de l’arbre de Noël

Dans le cadre de la journée de la sinistre commémoration du meurtre d’Alexis Grigoropoulos commis par le flic Korkoneas, quelques compagnon-nes ont choisi de donner une autre signification à cette nuit en mettant notre propre pierre à l’édifice du conflit. Comme signe minimal de protestation contre tout ce que nous subissons et la mode consumériste de Noël, avec l’aide de produit inflammable et notre volonté de quitter les discussions et les absurdités des cafés, nous avons continué à agir. Juste avant le début de la manif, nous avons incendié l’arbre de Noël de la place principale du marché d’Hania et qui représente la frénésie consumériste prenant le contrôle des cerveaux de zombies de ce pays et pas seulement. Dès qu’il a commencé à brûler, un groupe de commerçants, dont les magasins étaient hors de portée des flammes, se sont précipités avec des seaux et des tuyaux d’arrosage pour éteindre les flammes, ces petits-bourgeois étant incapables de comprendre le sens de cet acte, qui s’est soldé par l’incendie partiel de l’arbre.

A chaque Noël, le citoyen servile compte, dans ses poches vides, les miettes que leur ont filées les bourgeois pour qu’ils puissent vivre, comme un gigantesque troupeau de moutons ils se ruent dans les magasins des multinationales pour du matériel sans âme, non par besoin mais par habitude. Nous, en tant qu’anarchistes, déclarons que nous assisterons pas aux fêtes de Noël de la ville car nous trouvons non seulemet que ces „offres“ de Noël correspondent à un jeu visant à faire encore plus de profit pour les riches mais parce que la dignité humaine est au-dessus de tous les autres moyens de transaction. Le maire de la ville,Tasos Vamvoukas, et sa petite troupe encore une année de plus à la tête de la municipalité, pensent que la ville devrait être parée pour les festivités, ce qui est insignifiant pour les gens qui dorment dehors sur des bancs dans des conditions misérables et qui meurent même de froid et de maladies.

Nous sommes contre une quelconque sorte de mécanismes, qu’ils soient de l’État ou non, qui visent à dominer nos vies.

Feu au shopping !

Nous voulons vivre !

Décembre est un mois d’insurrection et de lutte ! Vive l’anarchie !

Des anarchistes.

[Traduit de l’anglais de Act for Freedom Now]

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[Athènes] Incendie solidaire avec la lutte contre le projet de RTE dans la forêt d’Hambach (Alemagne) et les compagnon-nes incarcéré-es:

Dans les premières du 2 décembre 2016, à l’ange de la rue ‘Akadimias’ et de la rue ‘Themistokleous’. Un bulldozer ne pouvant plus supporter le fait d’être au service de la société d’électricité DEI a décidé d’en finir avec sa routine automatisée. Avant son immolation, la pauvre machine aurait dit :

« Solidarité avec les compagnon-nes Siao, Hodey et Maya, récemment arrêté-e-s pour avoir défendu la forêt de Hambach.

Force à l’anarchiste Natalia Collado, emprisonnée au Chili parce qu’elle a libéré un bus Transantiago par le feu ! »

[Traduit de l’allemand de contrainfo, 10 décembre 2016]

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[Athènes] Attaque d’une banque en mémoire de Sebastian Oversluij et pour la compagnonne incarcérée Tamara Sol au Chili

Dans la soirée du 16 décembre, peu avant 20h00, nous avons décidé de rendre visite à l’agence de la ‘Piraeus Bank’ de la place ‘Canningo’. Après avoir détruit au marteau l’écran du DAB et les fenêtres de l’agence qui se trouvaient à proximité, nous avons versé de l’essence sur l’automate et y avons mis le feu. Avant de partir, nous avons également lancé un cocktail molotov sur l’ancien ministère du commerce situé en face de l’agence.

Cette action est dédiée en mémoire de l’anarcho-nihiliste Sebastian Oversluij, qui a été abattu le 11 décembre 2013 lors d’une tentative d’expropriation d’une agence de la ‘Banco Estado’ à Santiago du Chili.

C’est aussi un acte de complicité avec l’anarchiste Tamara Sol Farías Vergara qui est maintenu en captivité dans les geôles chiliennes parce qu’elle s’est vengée de la perte de Sebastian Oversluij en ouvrant le feu sur un autre gardien de sécurité privée de la même banque.

Mémoire et lutte pour les compagnon-nes tombé-es et incarcéré-es ! Coordination informelle et attaque par tous les moyens !

[Traduit de l’allemand de contrainfo, 18 décembre 2016]

Marseille [Bouches du Rhônes] Non à la fermeture administrative du Molotov ! On a besoin de vous !

note info ici

reçu par mail:

Quelques jours après l’annonce du renouveau de Marseille Capital culturelle 2018, le Molotov, salle de concert reconnue, est menacé de fermeture.

 

Le 19 novembre, un contrôle de police a eu lieu au Molotov. Ce soir là, peu de monde dans notre salle lors d’une soirée de soutien humanitaire organisée par la fanfare de l’école centrale « Note away ». Divers demandes de papiers et vérifications ont été effectuées et tout était en règle. Rien ne nous a été signifié à la fin du contrôle.

Suite à ce contrôle nous avons reçu hier un courrier du préfet nous notifiant une volonté de fermeture administrative.

Les raisons invoqué sont « un fort bruit de musique amplifiée » et un « trouble à la tranquillité publique » due a la présence de gens à l’extérieur. Bien que nous ayons l’autorisation de musique amplifiée ainsi qu’une étude d’impact sonore positive depuis 2012, ce soir là, le concert était acoustique. Le Molotov se situe sur une place publique avec d’autres commerces qui l’entourent, il est difficile de définir l’origine des gens dehors, la place Paul Cézanne étant un carrefour de passage, une zone de circulation libre et vivante grâce à ces divers commerces. La notion de « bruit »et de « trouble à la tranquillité » due à la présence de passants est bien subjective lors de ce contrôle.

Depuis maintenant 4 ans, le Molotov est devenu un acteur culturel incontournable, nous avons accueilli plus de 900 concerts et plusieurs milliers d’artistes venus du monde entier.

Nous avons soutenu de nombreuses associations dont le rôle est reconnu dans notre ville.

En 900 concerts nous n’avons jamais eu de problème avec notre voisinage. Comme le démontre cette pétition, nous avons le soutien de nos voisins directs ainsi que l’ensemble des commerçants du quartier élargi. Notre salle est aussi reconnue par une multitude d’institutions, partenaires culturels, associations, médias locaux et nationaux… Nous pensons malheureusement, que le problème n’émane pas du « bruit » ni de notre rapport envers notre voisinage  Nous serons dans la capacité de vous en dire plus bientôt.

Le Molotov sollicite  votre soutien, vos signatures, partages sur les réseaux sociaux, et votre mobilisation.

En Haute Durance et ailleurs contre la THT, le nucléaire et son monde; FLASH SPECIAL RTE LEAKS

Dernières infos: communiqué de presse No THT 05 et Avenir Haute Durance

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Ce samedi 17 décembre 2016 avait lieu le Noël No THT à La Roche de Rame, une date qui marque un tournant dans la lutte contre les lignes à très haute tension dans la vallée de la Durance. Les opposants avaient choisi ce moment pour dévoiler un rapport de manquement administratif faisant état des contrôles réalisés par divers organismes sur les différents sites de travaux. Ce rapport confirme ce qui est dénoncé depuis longtemps, à savoir des irrégularités sur les chantiers. Plus de 80% des pistes d’accès sont non conformes aux autorisations, 58% de ces pistes sont non conformes également à l’atlas travaux et ne respectent donc pas les enjeux écologiques, 55% des zones de défrichement travaillées sans arrêté… la liste est longue et la conclusion sans appel « il nous semble que ces écarts constituent des éléments de nature à fragiliser les arrêtés préfectoraux délivrés en matière de défrichement et de dérogation espèces protégées dans un contexte de contentieux ». Les opposants subissent une répression de plus en plus forte des forces de l’ordre, RTE pour sa part n’est jamais inquiétée. Une entreprise qui ne respecte rien, qui ment à tout le monde, ne doit plus exercer, nous demandons l’arrêt immédiat des travaux.

C’est par un magnifique feu d’artifice que cette journée s’est clôturée, après la distribution des cadeaux, aux grands et aux petits.
https://youtu.be/8OcI-C7A68o

 

rte rte2 rte3 rte4Et rien d’autre à dire que…rte6Et que fait la police?…ça crève les yeux!

Non à l’état d’urgence permanent !

Terrorisme d’Etat] : l’état d’urgence prolongé jusqu’au… 15 juillet 2017

lire la page de Brèves du Désordre


reçu par mail

L’état d’urgence vient d’être prolongé, et ce jusqu’au 15 juillet 2017.

Avec cette cinquième prolongation depuis le 13 novembre 2015, l’État pérennise un régime d’exception hautement liberticide. Au 15 juillet, cela fera 20 mois, soit plus d’un an et demi, que nous vivrons sous état d’urgence. Sans compter que la loi Urvoas, adoptée en mai dernier, a déjà intégré dans le droit commun une partie des mesures spécifiques à l’état d’exception. Nous devons refuser cette dangereuse banalisation de la restriction de nos libertés soumises à l’arbitraire du pouvoir politique et de sa police.

Au cours de l’été dernier, nous avons dramatiquement constaté que l’application de l’état d’urgence n’a pas empêché des attentats d’être commis. En revanche, il a bel et bien permis de rendre illégales un certain nombre de manifestations (en solidarité aux migrant-e-s, contre la COP 21, contre la loi travail, etc.), de prononcer des interdictions de manifester et/ou des assignations à résidence de militant-e-s, d’entretenir un climat raciste où les musulman-e-s et supposé-e-s tel-le-s sont stigmatisé-e-s, avec des milliers de perquisitions administratives de jour comme de nuit dans les quartiers populaires, la plupart sans justification. Et il a installé l’armée dans nos rues.

S’il est vrai que toutes les dispositions de l’état d’urgence n’ont pas été appliquées, c’est bien parce que les réactions contre celui-ci ont été larges et fortes ; nous ne devons donc pas cesser notre vigilance. Surtout, accepter le maintien de l’état d’urgence, c’est permettre à l’État de se servir de ces mesures quand bon lui semble. Dans un contexte électoral qui favorise la surenchère sécuritaire, on ne peut qu’être inquiet-ète de laisser se perpétuer un arsenal législatif aussi liberticide. Quel-le que soit le gagnant ou la gagnante des élections présidentielles, les régressions sociales sortiront des urnes, et certainement avec rapidité et brusquerie. Laisser l’État disposer d’un socle légal pour réprimer toute velléité de résistance est dangereux.

L’ensemble des travailleurs-euses et précaires doit se sentir concerné par ces atteintes à nos libertés, car l’état d’exception permanent n’est pas qu’une mesure sécuritaire de plus. Au-delà se joue la fin d’un état de fait, arraché par plus d’un siècle de luttes qui avaient contraint la démocratie bourgeoise à acheter la paix sociale, en échangeant la domination de quelques uns sur tou-te-s les autres contre un minimum de redistribution des richesses produites, et contre la liberté, précaire, certes, d’affirmer son opposition.

Cela fait plusieurs années maintenant que lois anti-sociales et mesures sécuritaires s’empilent, détruisant brique par brique ce qui avait été conquis. Mais l’accélération des attaques, toujours plus profondes, tant sur les droits sociaux que sur les libertés, opère un basculement qui laisse entrevoir un changement de régime, porteur en germe d’un niveau de violence sociale et politique comme la France n’en avait pas connu depuis des décennies. Ce sont nos luttes, et ce sont nos vies qui sont menacées. Le pire n’est jamais certain, alors ne nous y trompons pas. Si la classe dominante peut se permettre aujourd’hui de se passer de contreparties, aussi insatisfaisantes soient-elles, c’est qu’elle ne craint plus un rapport de force qui s’est trop estompé. La période est difficile, mais il doit y avoir de vieux chemins à emprunter à nouveau, de nouvelles formes à inventer, car seules les luttes collectives pourront nous offrir des perspectives émancipatrices à l’opposé de l’abîme que l’on nous promet.

Nous devons donc continuer à dénoncer et combattre l’état d’urgence et l’ensemble des mesures sécuritaires et antisociales qui avancent main dans la main, mais au-delà nous devons dénoncer l’État en tant que tel, car il est le garant et le bras armé des intérêts de la classe dominante. Quand ses pouvoirs augmentent, nos libertés diminuent. Face à lui, construisons et affirmons une solidarité de classe sur le terrain social et non sur celui des urnes, développons l’auto-organisation des luttes !

 

Le 18 décembre 2016,

les Relations Extérieures de la CGA

Espagne : La peine contre les compagnon-ne-s anarchistes Francisco Solar et Mónica Caballero réduite à 4 ans et demi de prison

Brèves du Désordre https://cettesemaine.info

La peine contre les compagnon-ne-s anarchistes Francisco Solar et Mónica
Caballero
réduite à 4 ans et demi de prison

Le 19 octobre dernier a eu lieu l’audience d’appel de la condamnation à 12 ans infligée aux anarchistes Francisco Solar et Mónica Caballero pour l’explosion dans la Basilique del Pilar en octobre 2013. L’argumentation de la défense se basait sur différents points, dont les suivants :
• Manque d’impartialité du tribunal qui les avait jugé.
• Manque de preuves catégoriques.
• Faire tomber le délit de “dégâts terroristes”, puisqu’aucun bien artistique, culturel ou historique n’avait été touché.
• Changer l’accusation de “blessures terroristes”, puisqu’il ne pouvait s’agir au maximum que d’un “délit”.
• Disproportion des condamnations données en première instance.

Aujourd’hui, le 16 décembre 2016, a été rendue publique la décision du Tribunal Suprême qui fait baisser la peine de nos compagnon-ne-s à 4 ans et demi de prison pour chacun-e, en plus de 143.317 euros d’indemnisation pour les dégâts causés. Vu qu’il et elle ont déjà purgé trois ans de prison, il leur resterait un an et demi de plus à faire dans les geôles de l’Etat. Mais, comme ils sont étranger-e-s et que la peine est inférieure à 6 ans, il existe la possibilité qu’ils puissent être expulsé-e-s au Chili et remis-e-s en liberté là-bas avant ce délai.

Notre joie est immense, mais pas complète puisqu’ils se trouvent dans les griffes de l’ennemi depuis trois longues années déjà, sans que nous puissions les serrer dans nos bras. Jusqu’à les voir de nouveau dans les rues et même après cela, nous continuerons à lutter contre l’enfermement, l’État et la domination, car l’amour pour nos compagnon-ne-s est aussi grand que la haine contre ceux qui les enferment.

Mort à l’État et vive l’Anarchie !
Nous les voulons tous et toutes libres !

[Traduit de l’espagnol de contrainfo, 17 diciembre 2016 ]

Téléthon : Aux larmes citoyens !

 

repris tardivement  sur non fides http://www.non-fides.fr

Les 8 et 9 décembre derniers, le Téléthon a célébré ses vingt ans d’existence en France. L’Association Française contre les Myopathies (AFM) a été créée en 1957 à l’époque où l’état, plus marqué en France qu’ailleurs par l’idéologie pasteurienne de la médecine infectieuse, considérait que les cas particuliers, réels ou supposés, qui ne relevaient pas de telles pathologies, étaient négligeables. Les politiques sanitaires de l’état visaient, pour l’essentiel, à maintenir la force de travail et à éviter les épidémies qui lui étaient préjudiciables. Les myopathes, entre autres, mouraient alors isolés dans l’indifférence générale, entretenue par ailleurs par les dirigeants de l’Assistance Publique [1] . En 1986, la rencontre de l’AFM avec le CEPH (Centre d’étude du Polymorphisme Humain), laboratoire en manque de reconnaissance sociale et de financement, produira le premier téléthon. Dès 1987, un virage à 90° est pris [2] et les myopathes vont servir de vitrine larmoyante au complexe génético-industriel à grand renfort de mobilisations de masse, partout relayées par des mairies, des écoles, les entreprises, des groupes sportifs, des artistes, des militaires et même des détenus. à travers le Téléthon, l’objectif visé est la construction de l’acceptation sociale de la génétique et de son expansion à tous les domaines : à commencer par la médecine, dans laquelle on généralise l’approche génétique à toutes les maladies, l’agriculture avec les OGM ou encore la police avec les tests ADN.

 

Voilà comment, dans leur monde à l’envers, les généticiens escamotent l’essentiel, ou le considèrent comme annexe : les conditions de vie destructrices qui sont les nôtres aujourd’hui nous prédisposent à nombre de maladies, et même à des mutations plus dangereuses, bien plus que notre héritage génétique. Avec l’accélération de l’industrialisation du monde, les maladies se multiplient : d’anciennes épidémies reviennent au galop, comme la tuberculose ; de nouvelles apparaissent comme le sida. Le cancer est en expansion rapide, en particulier à cause de l’accumulation de facteurs mutagènes, des pesticides [3] aux radiations nucléaires. Cette vision réductionniste de la vie et de la maladie présente l’avantage pour les gestionnaires de la domination de rechercher dans le génome de l’individu isolé la cause essentielle de son « dysfonctionnement », voire les outils de sa « réparation ».

La peur de la maladie alimente la demande croissante de sécurité et de contrôle. Au besoin, les généticiens inventent des gènes ad hoc, comme celui de l’obésité, de l’homosexualité, du suicide, du crime… La peur est le fonds de commerce des mécanos de choc du Généthon. Ils nous invitent à nous faire tester pour déterminer ce qui est hors normes dans nos corps et dans nos esprits, et quelles précautions nous devons prendre au jour le jour en fonction de nos « prédispositions », comme citoyens responsables de notre « capital santé » face à la société, grâce au « conseil génétique ». Police en blouse blanche, chargée de détecter nos « déviances » et nos « faiblesses », les généticiens comptent bien échanger leurs fichiers contre le financement de leurs activités [4] . L’état moderne a toujours fait appel à la médecine pour justifier la coercition qu’il exerce. Pour adapter les hommes aux cloaques urbains créés par la révolution industrielle, la santé est devenue affaire d’état. Les biotechnologies à usage médical poussent encore plus loin la « gestion » des hommes comme du bétail tout juste bon à être domestiqué puisque, de l’aveu de Daniel Cohen [5] , c’est « notre cerveau qui est en dessous de l’évolution de la société ». Leur programme reprend celui de la génétique agricole, qui se propose avec les OGM d’adapter la plante à la surenchère des pesticides. Il s’agit dès à présent d’adapter les individus à l’environnement social devenu invivable, quitte à manipuler leur génome. Derrière l’écran de fumée de la philanthropie, leur objectif apparaît clairement : c’est ce qu’il reste de capacité de résistances à la domination qu’elles veulent briser.

Le Téléthon donne bonne conscience aux citoyens modèles, pétris de bonnes intentions moralisatrices qui trouvent plus confortable aujourd’hui de croire que les maladies sont dans les gènes, comme ils ont cru hier qu’elles étaient dans les microbes, de verser quelques larmes de crocodile et de mettre la main au portefeuille sans plus se poser de questions. Sous le vernis du progrès médical, le monde que les biotechnologies participent à mettre en place n’est pas celui d’individus et de communautés libres, capables d’affronter de façon aussi consciente et autonome que possible ce qu’il y a de douloureux dans l’existence humaine, à commencer par la maladie et la mort. C’est celui des tartuffes scientistes qui annoncent sans rire le règne de la santé parfaite pour la fin du siècle… au milieu des décombres.

[Cet article est fortement inspiré par un très bon quatre pages de « Quelques ennemis du meilleur des mondes », à lire ici.]

titre documents joints

  • info document (PDF – 39.7 ko)
  • Notes

    [1« Contre tous les dos tournés, la ville hostile, la médecine absente, la recherche timorée, la presse silencieuse, j’ai décidé de mener ce combat, le refus de la mort annoncée », Bemard Barataud, cofondateur de l’AFM.

    [2« Faute de pouvoir attaquer la localisation de nos quarante maladies, nous en sommes venus à financer la cartographie du génome humain. », B. Barataud.

    [3Fait symptomatique : le projet Génome Humain est né dans le département américain de l’énergie, responsable du programme nucléaire des états-Unis, dans le cadre d’études sur l’identification des séquelles génétiques dues à l’irradiation après Hiroshima et Nagasaki.

    [4L’accès aux fichiers médicaux, y compris génétiques, a permis aux compagnies d’assurance californiennes de rayer les « personnes à risques » de fonds de pension. En France, la CNAM (Caisse Nationale d’Assurance Maladie) a lancé un programme de recherche sur les bases biologiques et génétiques des prédispositions à certaines maladies professionnelles.

    [5Daniel Cohen, créateur du Téléthon, trouve dans son livre Les gènes de l’espoir un certain charme à Galton, biologiste anglais, inventeur de l’« Eugénisme » à qui il ne reproche qu’une connotation raciste « somme toute marginale ».

 

Adieu René-Pierre, camarade et ami

lu sur le site de l’Organisation communiste libertaire http://www.oclibertaire.lautre.net/

Vivre Mai 68 à 20 ans avait évidemment marqué René-Pierre à jamais, comme bien d’autres, et il aurait atteint ses cinquante ans d’un engagement aussi actif que tenace dans des collectifs militants et des luttes sociales si un véhicule n’était venu stopper net, et absurdement, le cours de son existence en le renversant mercredi 7 décembre à Lyon.

Au cours de la décennie 1970, René-Pierre Carriol baigna dans les multiples mouvements contestataires de la période, militant particulièrement pour une écologie sociale et politique et dans les milieux antinucléaires, et s’intéressant aux expériences communautaires dans la vie quotidienne. Il aimait arpenter seul les rivières en pêchant à la mouche (au Pays basque, en Suède ou ailleurs) mais aussi partir se promener en fourgonnette à l’aventure avec une copine ; il aimait écouter des chanteurs engagés – par exemple Morice Benin (Il faudrait toujours pénétrer les gens par leur porte de service…) –, aller rire aux spectacles de Font et Val (à l’époque où ce dernier n’était pas encore infâme), lire, aller au cinéma, faire de la photo, collectionner les journaux militants…

Après avoir été étudiant pendant plusieurs années en sciences à Jussieu, il avait choisi d’échapper au service militaire en partant enseigner comme coopérant dans un petit village au pied de la Kabylie, en Algérie – pays où il conserva des ami-e-s, la fidélité dans ses relations étant une de ses qualités, et pour lequel il garda un intérêt et un attachement certains. Il avait ainsi connu Vital Michalon, professeur dans le même établissement que lui, qui participa comme lui à la grande manifestation de Creys-Malville, dans l’Isère, contre le projet de centrale nucléaire de Superphénix le 31 juillet 1977, et qui y fut tué par la déflagration d’une grenade offensive.
De retour en France, René-Pierre sillonna avant la mode Paris à vélo, pour participer aux actions de nombreux comités de lutte ou pour vendre La Gueule ouverte (mensuel qui deviendra hebdo, fondé en 1972 par Pierre Fournier, et animé par Cavanna, Cabu, Reiser, Wolinski…) et le Charlie Hebdo de la bonne époque. Il fit également partie de divers collectifs vendant ou réalisant des publications d’extrême gauche et libertaires. Des librairies telles que La Boulangerie, à Montrouge (en 1977), et La Gryffe, à Lyon (il en suivit l’expérience dès sa création en 1978, et en fut longtemps un des animateurs quand il eut emménagé dans cette ville au milieu des années 1990). Et surtout des revues : René-Pierre intégra le groupe anarchiste qui publiait La Lanterne noire (trimestriel ayant paru de 1974 à 1978, réa- lisé par des anciens d’Informations et correspondances ouvrières et de Noir & Rouge, et où il signait Consort). Il connut également, lors de campings internationaux libertaires, des membres du collectif lyonnais qui concoctait, sur les pentes de la Croix-Rousse, Informations rassemblées à Lyon (IRL), et se mit à suivre ses assemblées générales et à aider à sa diffusion. Quand la rédaction d’IRL souhaita du renfort, au début des années 1980, René-Pierre créa avec d’autres une rédaction parisienne et IRL fut rebaptisé Informations et réflexions libertaires. Cette collaboration dura jusqu’en 1986, où le groupe lyonnais d’IRL poursuivit quelque temps seul sa route (ainsi que les productions de l’Atelier de création libertaire) avant d’arrêter ce journal, tandis que le groupe parisien fondait le bimensuel de réflexion libertaire Noir & Rouge (appelé ainsi en hommage à la première revue de ce nom) en sep- tembre. N&R se voulait un « outil militant pour toutes les personnes en lutte contre l’exploitation et l’oppression » et visait à « favoriser la réactualisation de la pensée libertaire par sa confrontation à la réalité sociale ». 33 numéros virent ainsi le jour jusqu’en 1995.

Ce qui frappait chez René-Pierre, quand on le rencontrait, c’était son rire sonore et ce regard qui semblait vous étudier – un peu comme si vous vous trouviez sous un microscope électronique à balayage à la place de ses petits crustacés préférés, les balanes. Ayant fini par présenter une thèse d’Etat en paléontologie, René-Pierre était en effet devenu un des rares spécialistes de ces bestioles au niveau international, et il passait dès qu’il le pouvait quelques heures en chercheur libre au Muséum national d’histoire naturelle à Paris – tout en gagnant sa vie comme professeur de SVT dans un lycée de la région parisienne puis dans un collège à Lyon, et ensuite en étant à la retraite.

La Nouvelle-Calédonie fut aussi un terrain militant pour lui, avec les « événements » qui s’y dé- roulèrent à partir de 1984 : après la création du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) en septembre et sa décision de boycotter les élections territoriales de novembre (80 % d’abs- tentions chez les Kanak), l’assassinat en janvier 1985 d’Eloi Machoro et de Marcel Nonnaro, figures du mouvement indépendantiste kanak, par deux tireurs du (GIGN) ouvrit une longue série de meur- tres commis dans la plus parfaite impunité par les forces de l’ordre (jusqu’au massacre des indépen- dantistes kanak se trouvant dans la grotte d’Ouvéa, le 4 mai 1988). Comme nombre d’autres militant-e-s libertaires et d’extrême gauche, René-Pierre s’investit alors des années durant dans le soutien au peuple kanak – à travers l’Association information et soutien aux droits du peuple kanak (AISDPK) mais aussi dans la Coordination libertaire anticapitaliste (CLA), qui réunissait des membres de divers groupes et organisations anarchistes, ou encore par le biais de l’émission « Peuples en lutte » sur Radio-Libertaire.

Et puis René-Pierre prit une part active à l’expérience du local Des libertaires éditent (DLE), à Pantin : il s’agissait de favoriser la diffusion des publications libertaires par la gestion d’un lieu en commun. DLE accueillit pendant quatre ans, à partir de 1990, divers collectifs parisiens – comme N&R, OCL-Paris ou le groupe de discussion Berneri (ancêtre de l’actuel Socialisme ou Barbarie, dit SouBis) – et lyonnais, comme Temps critiques ; mais ce local servit également au stockage de titres de l’ACL, de La Digitale ou de Nautilus, et de périodiques tels que la revue Iztok sur les pays de l’Est.

Après quoi, René-Pierre partit s’installer à Lyon avec Cecilia, devenue sa compagne quelques années auparavant. Il adhéra alors à l’Organisation communiste libertaire (OCL), dont il se sentait proche depuis sa création sur le plan des idées comme de la pratique. Dans la lignée de ses préoccupations militantes premières, René-Pierre tenait depuis quelque temps la rubrique « Vertement écolo » dans Courant alternatif, sous la signature de Scylla. L’OCL gagna avec lui un militant assez discret dans les réunions, mais toujours ferme dans ses avis et sérieux dans le suivi des tâches dont il se chargeait. Les camarades et ami-e-s que René-Pierre y comptaient ne sont toujours pas revenu-e-s de sa brutale disparition, qui les laissent sans voix, et partagent avec Cecilia, la compagne de René-Pierre pendant quelque vingt-cinq ans, sa profonde affliction.

Organisation communiste libertaire

Tunisie : Jemna, ou la résistance d’une communauté dépossédée de ses terres agricoles

 reçu par mail
http://www.autogestion.asso.fr/wp-content/uploads/2016/10/jemna.jpg

Périodiquement, certain-e-s annoncent avec aplomb qu’en Tunisie, le « printemps » de 2011 est définitivement clos. L’expérience des travailleurs agricoles de Jemna ici commentée par Habib Ayeb et relatée dans un reportage de Nawaat démontre, à elle seule, qu’il n’en est rien. Leur combat est en effet celui pour la dignité et la justice sociale qui, au même titre que la liberté, faisait partie du slogan central de la révolution inachevée de 2011. Ce sont les mêmes objectif que poursuivent les dizaines de milliers de salariés ayant participé aux vagues de grèves de 2015, ou encore les jeunes chômeurs bloquant périodiquement la production de phosphate dans le bassin minier de Gafsa ou plus récemment l’exploitation du gaz dans l’île de Kerkennah.

Ce qui est particulièrement intéressant dans le cas de Jemna est qu’y perdure, depuis 2011 :
– occupation des terres dont leurs ancêtres avaient été spoliés,
– auto-organisation des travailleurs agricoles,
– gestion collective de la production sous contrôle populaire.

Dans le reste du pays, un début de processus comparable s’était amorcé début 2011 1, mais  il s’était rapidement enrayé. En ce qui les concerne, les travailleurs agricoles de Jemna ont maintenu et approfondi ce cap depuis près de six ans.

Face à la crise économique, financière, politique et sociale considérable que traverse la Tunisie, leur lutte esquisse en effet en filigrane ce qui pourrait être une alternative à la politique néo-libérale menée par les gouvernements qui se sont succédés depuis 2011.

Les travailleurs agricoles de Jemna démontrent qu’en prenant leurs propres affaires en mains, ils sont parvenus non seulement à sortir en partie de la misère, mais également à financer un certain nombre de services publics locaux dont la population est cruellement privée.

Il n’est pas étonnant dans ces conditions que leur action déclenche une campagne haineuse des possédants et corrompus hantés par le spectre que la terre appartienne à ceux qui la travaille. Du côté du pouvoir néo-libéral, l’opposition est frontale face à une expérience dont il craint une propagation dans l’ensemble du pays.

Alain Baron, Union syndicale Solidaires

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La loi peut-elle supplanter la légitimité ?

Depuis quelques semaines les tunisiens dirigent leurs regards vers une petite oasis appelée Jemna située dans le désert tunisien, quelque part entre les oasis de Kebili, au nord, et celles de Douz, au sud 2.

– Certains, notamment du côté du gouvernement, d’une partie de la « classe » politique et des médias dominants, y voient un exemple type du manquement flagrant à la loi et une atteinte impardonnable à l’autorité et à l’haybat (prestige) de l’État. Pour eux, ce qui se passe à Jemna relève d’une forme de banditisme organisé qu’il faut condamner et sanctionner.
– D’autres, notamment les habitants de l’oasis, y voient une occupation légitime de terres qui leur reviennent de droit.
– D’autres encore, y voient l’occasion inespérée de s’opposer aux pouvoirs actuels et d’organiser des mobilisations politiques avec des objectifs et des visions diverses et parfois même contradictoires.

Pour dépasser, un tant soit peu, les polémiques et les discours qui font surface depuis ces dernières semaines, il importe de revisiter, même brièvement, l’histoire de cette petite oasis qui est en train de devenir un point de cristallisations politiques qui dépasse, à bien des égards, la nature du problème et la situation réelle sur le terrain.

Jemna, un problème « colonial »

Jemna, est « née », au début du xxe siècle, à peine quelques années après le début de la colonisation française qui a été, d’abord, une colonisation foncière 3. Alors que la grande partie des colons avaient fait le choix de s’installer dans le nord et le nord-ouest, d’autres ont préféré aller vers le sud, probablement pour le soleil, mais plus sûrement pour se spécialiser dans la production de dattes dont l’exportation vers la France était forcément plus facile puisqu’elle ne subissait pas la concurrence de productions « locales » (en France métropolitaine). L’originalité du produit était de toute évidence un élément central dans le choix de ces derniers.

C’est ainsi que Maus de Rolley, s’est installé à Jemna et a crée, en 1937, la nouvelle palmeraie, une « extension » à l’extérieur de l’oasis ancienne. Aujourd’hui la palmeraie couvre environ 306 hectares dont 185 plantés en palmiers dattiers avec presque 10 000 pieds 4.

Bien que je n’aie pas pu le vérifier dans des documents d’archives, il est clair que les populations locales, qui détenaient les terres concernées en propriété collective et indivisible, n’ont bénéficié d’aucune sorte de compensation. Une pure et simple dépossession qui est restée inscrite dans la mémoire collective locale pendant plusieurs décennies, avant de réapparaître avec force à quelques reprises pendant la période post-coloniale et particulièrement à partir de 2011 et la chute du régime de Ben Ali. J’y reviendrai.

Au moment de l’indépendance, les nouvelles autorités du pays avaient le projet de continuer la « modernisation » technique du secteur agricole en adoptant pleinement le modèle colonial, basé sur la grande propriété privée, la mécanisation, l’usage intensif des intrants chimiques (engrais, insecticides, pesticides, semences et plants sélectionnés…), la concentration de la terre agricole, l’élargissement de l’irrigation et l’intensification des cultures. Ce choix a été résumé par les membres influents de l’élite politique de l’époque, avec à leur tête Habib Bourguiba qui déclarait, lors d’un discours public tenu dans l’oasis de Tozeur en 1964, que « … Pour tirer de la terre ce qu’elle peut donner, il est nécessaire de mettre à profit les techniques modernes […] l’exemple des anciens colons français est là pour nous édifier ». A elle seule, cette déclaration, qui érige l’agriculture coloniale comme « le modèle à suivre », révèle la vision « moderniste » du nouveau président et de ses amis de l’époque, dont un certain Beji Kaid Sebsi qui occupe depuis presque deux ans le palais de Carthage.

Ainsi, pendant 7 décennies, le pouvoir n’a eu de cesse d’orienter le secteur agricole vers la modernisation technique dans une démarche politique qui rompt avec les structures sociales locales, le droit traditionnel, les savoir-faire locaux et les formes variées d’appropriations collectives, considérés comme archaïques et surtout comme contraintes et freins au développement économique du pays. Des ruptures qui expliquent en très grande partie les conflits actuels autour du foncier qui se multiplient un peu partout dans le pays et pas uniquement à Jemna.

En 1964, quand le pouvoir se résout, enfin, à nationaliser les terres, dites coloniales, il décide de les regrouper en propriété exclusive de l’État, ce qu’on appelle aujourd’hui les « terres domaniales 5 » ou, encore les terres « socialistes » (aradhi ichtirakyya ), au lieu de les « rendre » aux héritiers des anciens propriétaires ou de les redistribuer au bénéfice des petits paysans et des paysans sans terres. Ce choix fut renforcé par la politique des « coopératives » qui visait à regrouper les terres agricoles sous des structures copiées sur le modèle des kolkhozes soviétiques et à supprimer les propriétés privées à commencer par les petites exploitations paysannes et les terres collectives, dites tribales.

Au lendemain des années 60, le pays s’engage dans une politique de libéralisation de l’agriculture qui ira en s’accélérant jusqu’à nos jours à la faveur d’un plan d’ajustement structurel agricole (PASA) imposé en 1986 par la Banque mondiale et le FMI, au lendemain des émeutes du pain de 1984. Pendant cette longue période l’agriculture tunisienne s’inscrit pleinement dans un modèle intensif, productiviste et principalement orienté vers l’export en application « aveugle » de la théorie des « avantages comparatifs 7 ». Le choix de développer la production des dattes et d’étendre les surfaces des palmeraies entre parfaitement dans ce cadre, le sud tunisien bénéficiant de conditions climatiques favorables à la monoculture 8 du palmier dattier.
Parallèlement, une partie des terres domaniales fut attribuée, en propriétés privées ou en locations de longues durées, à des investisseurs privées, généralement issus des cercles du pouvoir et proches au parti unique 9. C’est ainsi qu’entre 1974 et 2002, la palmeraie était gérée par la société STIL (Société Tunisienne des Industries Laitières), qui a fait faillite en 2002, avant de passer sous le contrôle de deux proches de Ben Ali, un entrepreneur de travaux publics et un haut cadre du ministère de l’intérieur, avec un nouveau contrat de location.

Pendant toutes ces années, les habitants de Jemna ont essayé de récupérer la palmeraie en s’adressant aux différents responsables politiques en charge du dossier et notamment des terres domaniales. De nombreuses correspondances ont été envoyées, mais en vain. La position officielle du pouvoir ne change pas : les terres appartiennent à l’État et il n’y a donc rien à négocier.

Article original : https://habibayeb.wordpress.com/2016/10/03/jemna-ou-la-resistance-dune-communaute-depossedee-de-ses-terres-agricoles/

Madrid: Rassemblement de solidarité avec les prisonnières de Hambach

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Mercredi, Décembre 14, un groupe de personnes se sont rassemblées devant l’ambassade d’Allemagne à Madrid pour hurler de rage contre les représentants de l’État qui détient compagnons captifs pour avoir participé au projet organisé la résistance à la forêt Hambach contre la multinationale RWE.

Nous voulons partager avec vous ces images, car ils multiplient les gestes de solidarité avec ceux qui luttent pour la libération. Nous vous invitons à diffuser les informations sur le projet ou les cas de répression et de montrer votre solidarité avec les compagnons et votre haine de ce système destructeur et dominateur de la nature et de tous * ceux qui l’habitent.

Jusqu’à ce que nous sommes * tous *  libre!

Siao, et Maya Hodei dehors !!
Détruisons les murs de toutes les prisons !!

contra info

Résister à la gestion et l’informatisation de nos vies; Plate-forme Écran total

Résister à la gestion et l’informatisation de nos vies

Depuis 2011, un certain nombre d’éleveuses de brebis et d’éleveurs de chèvres désobéissent à la directive européenne qui les oblige à poser des puces électroniques à l’oreille de leurs bêtes. Ils refusent de gérer leur troupeau par ordinateur et de se conformer aux nécessités de la production industrielle, comme la traçabilité. Ils s’organisent entre collègues, voisins, amis, pour répondre collectivement aux contrôles qu’exerce l’administration sur leur travail, et faire face aux sanctions financières qui leur sont infligées en conséquence.

De 2011 à 2013, des assistantes sociales ont boycotté le rendu annuel de statistiques, qui sert autant à évaluer leur travail qu’à collecter plus de données confidentielles sur les « usagers ». Elles affirment l’inutilité de l’informatique dans la relation d’aide. Elles dénoncent un des objectifs de l’administration et ses managers : celui de faire entrer l’obligation de résultats dans leur métier. Elles refusent qu’à chaque situation singulière doivent répondre des actions standard en un temps limité.

Dans les années 2000, des directeurs d’école et des parents d’élèves se sont opposés à la collecte de données personnelles sur tous les enfants scolarisés via le logiciel Base-élèves. Fin 2015, des personnels de l’éducation nationale ont dénoncé publiquement l’informatisation de l’école, par l’Appel de Beauchastel. Ils refusent de résumer leur enseignement à une pédagogie assistée par ordinateur, destinée à occuper la jeunesse en attente d’entrer sur le marché du travail.

En 2013 est né un réseau, baptisé « Écran total », pour fédérer ce type de résistances. Il réunit des personnes de toute la France travaillant dans l’élevage, l’éducation, le travail social, la médecine, la boulangerie, le maraîchage, la menuiserie ou les métiers du livre… Mais aussi des gens au chômage, au RSA ou sans activité. En comparant nos situations, nous avons reconnu une même logique à l’œuvre : l’informatique et la gestion détruisent nos métiers et dégradent les relations sociales. Nous nous y opposons ensemble, et appelons toutes celles et ceux qui vivent la même chose à rejoindre Écran total.

Nous critiquons l’emprise grandissante des logiques gestionnaires. Qu’elles se présentent comme innovation technique, organisation scientifique du travail ou management, ces formes de pouvoir attaquent notre dignité et nous opposent les uns aux autres. Nous voyons disparaître les marges de liberté qui nous permettent d’échapper aux impératifs de la rentabilité. D’après le discours dominant, il s’agit là d’un progrès. Mais pour les humains que nous sommes encore, loin de mettre un terme aux travaux pénibles, ce processus est le progrès de notre dépossession.

Que nous fait l’informatique ? Elle vise à optimiser le temps productif et prétend nous simplifier la vie, mais en réalité, elle prend du temps et de l’attention au travail vivant en démultipliant les tâches administratives. Elle nous oblige à saisir des données. Elle produit ensuite des statistiques et des algorithmes pour découper, standardiser et contrôler le travail. C’est du taylorisme assisté par ordinateur. Le savoir-faire est confisqué, le métier devient l’application machinale de protocoles déposés dans des logiciels par des experts. Ce qui n’est pas nommable ou quantifiable disparaît : il y a de moins en moins de place pour la sensibilité, la singularité, le contact direct, pourtant essentiels à l’enseignement, le soin l’agriculture, l’artisanat… Par la mesure constante des performances, nous finissons enfermés dans l’alternative infernale : subir la pression ou se faire éjecter. Bien souvent, ce sera les deux. Pendant que les usines ferment, même les activités qui en sont les plus éloignées sont gagnées par l’absurdité et la violence du modèle industriel.

Au-delà du travail, c’est toute notre vie intime et commune qui est affectée : elle perd ce qu’elle a d’incalculable. Dans l’administration, les services publics, les transports, en tant qu’étrangers, élèves, patients, clients, nous sommes réduits à des flux, identifiés, surveillés, numérisés. Les machines deviennent nos seuls interlocuteurs. Les dispositifs électroniques intégrés à toutes choses masquent les rapports de pouvoir sous une apparence d’objectivité. L’enthousiasme pour les écrans façonne un monde où tout s’aplatit, s’accélère et se disperse. La saturation d’informations entrave la pensée et les moyens de communication nous coupent la parole. Mettre en valeur les savoir-faire autonomes et le temps de leur élaboration est devenu une lutte quotidienne. La prétendue dématérialisation consacre en fait la surexploitation des ressources : composants métalliques et plastiques des ordinateurs, data centers en surchauffe, câblages géants… Le tout est fabriqué par les forçats du monde industriel et échoue dans les décharges qui se multiplient au Sud de la planète.

Écran total s’est réuni à plusieurs reprises, le temps d’un week-end, à la ville comme à la campagne. Autant de rencontres au cours desquelles nous partageons des témoignages sur la dégradation de nos métiers et des situations de conflit au travail ou face à l’administration. Certains tentent de préserver du sens dans l’exercice d’un métier qu’ils reconnaissent de moins en moins. D’autres ne veulent plus lutter sur le terrain de leur activité professionnelle, démissionnent et s’engagent sur des chemins de traverse. Le chômage peut alors être un moyen de réfléchir et d’agir hors de la production et du travail salarié. Nous mettons en mots ces conflits et ces parcours pour sortir de l’isolement et de l’impuissance dans lesquelles les gestionnaires veulent nous enfermer. Partant de l’analyse de ce que nous vivons, nous construisons une parole politique commune et nous imaginons de nouvelles formes de lutte et d’autres manières de travailler.

Nous mettons au centre de notre démarche un problème qui n’est jamais porté collectivement, celui du rôle et du contenu du travail. Il nous importe par exemple de pouvoir juger du caractère inutile, voire nuisible, de certains métiers et de la misère humaine qu’ils induisent. Nous constatons que les syndicats ont renoncé à le faire. Ils se bornent le plus souvent à une défense corporatiste de l’emploi, à lutter pour défendre des statuts et des conditions de travail, sans remettre en cause le sens des productions et des activités pour lesquelles les travailleurs sont payés. Ils se font ainsi les cogérants de l’organisation sociale à l’origine des maux qu’ils combattent.

Dans le cadre de la lutte contre le puçage électronique des animaux d’élevage, des fermes sanctionnées de plusieurs milliers d’euros ont bénéficié de la solidarité de centaines de personnes. Ces dernières ont aussi bien organisé des concerts de soutien ou des débats, envoyé de l’argent aux éleveurs, écrit des lettres de protestation aux administrations et occupé celles-ci, accueilli en nombre les contrôleurs sur les fermes. Les refuseurs du puçage sont ainsi en mesure jusqu’ici de tenir leur position.

Nous voulons continuer à nous soutenir dans nos luttes en affirmant des choix communs et en coordonnant nos actions publiques : désobéir de manière concertée, faire face collectivement aux sanctions, mettre en œuvre un soutien matériel et humain entre les métiers et les régions.

Au-delà, nous voulons retrouver de l’autonomie, redéfinir nos besoins, nous réapproprier des savoir-faire. Bref : décider de la forme et du sens de nos activités et de notre vie.

Ce sont ces buts et ces pratiques que nous vous invitons à partager et approfondir au sein d’Écran total.

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