Archives mensuelles : novembre 2016

Dresden[ Allemagne]: attaque incendiaire contre un véhicule appartenant à des profiteurs de guerre ThyssenKrupp

 

dresden

 Dresde:la guerre commence ici

Comme le rapporte la presse ce jeudi 3 novembre, un véhicule utilitaire a cramé. C’était nous! Malheureusement, l’article et le rapport de la police n’ont pas révélé de quelle voiture il s’agissait, nous nous voyons donc contraints d’expliquer l’incendie. Ce n’était pas un véhicule « normal » que nous avons cramé, mais une voiture de ‘Thyssenkrupp’ (une entreprise de l’industrie d’armement).

Contre les profiteurs de guerre et l’Allemagne !

En juillet à Hambourg, attaquons le G20 !

[Traduit de l’allemand de linksunten indymedia,  8. November 2016]

Gênes (Italie) : trois distributeurs de billets incendiés en solidarité

Brèves du Désordre

texte revendication en italien:

VERBA VOLANT,SCRIPTA MANENT,IGNIS ARDENS. Genova 01/11. Bruciati 2 postamat e 1 bancomat. Lo Stato incarcera, Mistral Air deporta, Unicredit finanzia Erdogan. Poste e banche continueranno ad essere attaccate. Solidarietà con Alfredo, Nicola, Sandro, Marco, Anna, Valentina, Danilo, Daniele e Divine”

Gênes. Sabotage de distributeurs de billets en solidarité avec les anarchistes emprisonné.e.s

« VERBA VOLANT, SCRIPTA MANENT, IGNIS ARDENS¹. Gênes 1er novembre 2016. Deux distributeurs de billets de La Poste et un DAB de banque brûlés. L’Etat incarcère, « Mistral Air » [filiale de la Poste italienne, NdT] déporte, « Unicredit » finance Erdogan. Poste et banques continueront à être attaquées. Solidarité avec Alfredo, Nicola, Sandro, Marco, Anna, Valentina, Danilo, Daniele et Divine ».

NdT :
¹ « Les paroles s’envolent, les écrits restent, les flammes sont vives ». « Scripta manent » est le nom donné à la dernière opération répressive contre les anarchistes en Italie.

[Traduit de l’italien par Lechatnoiremeutier de informa-azione, Lun, 07/11/2016 – 11:02]


“La rage entre les dents et le sourire sur les lèvres”

Indy Nantes, 2 novembre 2016

“Lorsque les foules subissent les gouvernements, végétant dans la paix sainte et honteuse de leur propre résignation, l’individu anarchiste se dresse contre la société, parce qu’entre elle et lui la guerre est éternelle et ne connaît pas de trêve, niais quand à un détour de l’histoire il croise la foule en révolte, il hisse son drapeau noir et, avec eux, lance sa dynamite. L’individualiste anarchiste s’avère dans la Révolution sociale, non un démagogue, mais un élément démolisseur, non un apôtre, mais une force vive, agissante, destructrice…”
Renzo Novatore 1919

Le matin du 6 septembre 2016, sur ordre d’un juge d’instruction, les chiens de la DIGOS de Turin (services de renseignement – police politique italienne) ont fait irruption chez une trentaine d’anarchistes dans différentes villes du pays, avec des mandats de dépôt pour 7 d’entre eux. Deux étaient déjà en prison pour l’attaque contre le dirigeant d’Ansaldo Nucleare, une entreprise qui fait partie des principaux acteur de l’industrie nucléaire en Italie. Un huitième compagnon a été arrêté suite à la découverte de matériel électrique au cours de la perquisition de son domicile. Cette opération, surnommée « Scripta Manent » n’est que l’énième manœuvre policière contre les anarchistes en Italie, depuis l’opération Marini des années 1990. Prison préventive, perquisitions, filatures, micros dans les voitures et les appartements et interceptions environnementales sont les instruments mobilisés par l’État dans ces opérations anti-anarchistes. Les inculpés ont été placés dans différentes prisons éparpillées sur le territoire national et soumis au régime d’isolement, avec censure sur la correspondance et l’interdiction de rencontre. Début octobre Alfredo Cospito et Anna Beniamino ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur condition d’isolement. Ils y ont mis fin le 22 octobre, suite à la satisfaction de leur revendication, la fin de l’isolement.

Ces compagnons sont accusés d’avoir formé une « association subversive avec finalité terroriste » qui aurait réalisé plusieurs attaques ou tentatives d’attaque, avec des armes et des explosifs, contre des flics, des casernes, des dirigeants et des structures d’entreprises (une entreprise du nucléaire, un journal, une société immobilière impliquée dans la restructuration d’un Centre de Rétention Administratif), des hommes d’État et le directeur d’un centre d’enfermement pour personnes sans papiers. Des attaques qui eurent lieu entre 2005 à 2012 et qui ont toutes été revendiquées par des sigles anarchistes de groupes adhérant au projet de la Fédération Anarchiste Informelle- Front Révolutionnaire International (FAI-FRI).

Accusés de renvoyer au pouvoir un peu de sa violence quotidienne, celle qui s’exerce constamment sur des millions de personnes et qui garantie l’existence d’un ordre basé sur l’autorité et l’exploitation. La violence des frontières, de l’empoisonnement de la terre, du travail, de la guerre et de la terreur, du contrôle policier, du totalitarisme technologique et médiatique, de tout forme d’enfermement et de domination. La même violence qui s’acharne contre ceux qui osent lever la tête et se rebeller, individuellement ou collectivement, défiant la loi et l’ordre social.

L’innocence et la culpabilité sont des critères que nous laissons volontiers aux charognards de l’État. Nous partageons avec ces anarchistes arrêtés l’amour pour la liberté et la haine pour le pouvoir. Nous partageons avec eux l’idée qu’une révolte violente et destructrice est nécessaire face à la violence quotidienne du pouvoir. Nous partageons avec eux la conviction qu’il est possible d’agir, ici et maintenant, contre les responsables de l’oppression. Sans compromis et sans rechercher à tout prix le consensus de la masse citoyenne.

Solidarité avec Anna, Marco, Sandro, Alfredo, Danilo, Valentina, Nicola et Daniele !

[Tract diffusé à Montreuil pendant le « week end de solidarité avec les prisonniers de la guerre sociale« ]

Laurent Wauquiez et Gérard Collomb s’en vont à Rome voir le pape, comme Henri IV de Germanie à Canossa ?

Le roi des Romains venant à Canossa pour que le Pape Grégoire VII lui pardonne

« Laurent WAUQUIEZ s’y rendra-t-il comme à Canossa? J’aimerais l’imaginer à genoux, toquant au heurtoir du Vatican pour qu’on lui ouvre une porte tandis que, lui, il préféra la fermer au nez des malheureux qui croupirent à Calais. »


extrait du communiqué de la Libre Pensée

Les masques finissent toujours par tomber un jour. Les médias informent que l’archevêque de Lyon, Philippe Barbarin (impliqué dans des affaires de pédophilie, mais couvert par le Pape) a
décidé de convier 260 Élus politiques de tous bords, dans le cadre d’un pèlerinage catholique au
Vatican pour fêter « le pèlerinage de la miséricorde », cette sortie cultuelle sera ponctuée par une
audience du pape François.
Les organisateurs de ce charmant voyage épiscopal indiquent que : « Ce pèlerinage à Rome
constituera un point de départ pour d’autres rencontres locales sur les thèmes de la Doctrine sociale de l’église comme l’économie, l’écologie, la famille, le travail… ». On comprend bien que l’évêque de Vichy soit aussi de la partie : Travail, Famille, Patrie, cela doit rappeler des souvenirs à ses ouailles.
Le Maire de Lyon, Gérard Collomb (Parti socialiste et aussi le  sparring-partner d’Emmanuel
Macron – membre du Comité de rédaction de la revue Esprit des Jésuites) sera accompagné de
Laurent Wauquiez (Les Républicains, dont les positions sont plutôt à droite de « monseigneur » Lefebvre). Dans le voyage pontifical, il y aura aussi Christophe Guilloteau(Président LR du Conseil départemental du Rhône).
Mais que vont-ils faire à Rome ?
La réponse est donnée par l’église dans son invitation aux Élus : « Parfois les Élus peuvent se
retrouver écartelés entre les décisions qu’ils doivent prendre, et – le cas échéant – leur engagement politique.
Comment concilier les deux ? Notre déplacement au Vatican a pour but de les aider à trouver des
réponses. »
L’évêque Pascal Roland de Belley-Ars précise : « Chaque évêque accompagnera les Élus de son diocèse et nous nous retrouverons tous ensemble pour partager des moments de ressourcements et de prière (Messe,veillée, audience avec le pape), rencontrer des cardinaux dont la fonction n’est pas étrangère à votre propre mission, visiter des sites et des lieux habituellement inaccessibles au grand public. »
Il s’agit clairement pour ces Élus politiques d’aller chercher leurs ordres de mission pour faire
triompher le point de vue du Vatican dans les affaires politiques et institutionnelles françaises.
C’est le retour du cléricalisme le plus pur en violation de la loi de Séparation des Églises et de
l’État de 1905.
Entendons-nous bien : que des Élus politiques A TITRE PRIVE aillent au Vatican voir le Pape,
sur leurs deniers personnels (ce qui est loin d’être le cas, si l’on en croit la presse), la Libre Pensée n’aurait rien à y redire. Il s’agirait de l’exercice de la pleine liberté de conscience. Mais là, il est clair que ce sont des Élus politiques ES-QUALITES qui vont voir le Pape. C’est une violation de
la laïcité institutionnelle.
Une bien triste comédie du pouvoir
Ces mêmes « Élus » n’ont que réprobation pour les « supposés musulmans », mais ils ont les yeux de Chimène pour l’Église catholique. Ils ont chacun leur candidat pour l’élection présidentielle, mais ils se retrouvent tous dans le soutien à la Doctrine sociale de l’église (inspirée sans doute par le Très-Haut).
Doctrine dont le dernier avatar s’appelle la loi El Khomri qui, en visant à détruire le Code du
Travail, tente de remettre en place le corporatisme qui fut si cher au Régime de Vichy et qui
s’appelait la Charte du Travail. Il n’est pas étonnant que la CFDT ait porté cette loi antisociale sur
les fonts baptismaux du gouvernement Hollande/Valls/Macron/ Gattaz/Berger. Tous les élus
concernés par le tourisme papal n’ont rien à trouver à redire sur cette tentative de destruction du
Code du Travail, laquelle a suscité une mobilisation syndicale d’ampleur et dans l’unité ouvrière.
Côté cour : on se dispute aux élections
Côté jardin : on va ensemble au Vatican !

Privas [Ardèche] Un prisonnier met le feu à son matelas pour protester contre son transfert au mitard

le dauphiné libéré

Image result for photo de la maison d'arrêt de privas

Dimanche  6 novembre à 10 heures du matin  une quinzaine de pompiers  sont intervenus à la maison d’arrêt de Privas . Un prisonnier de 25 ans a mis le feu à son matelas. D’après le communiqué de la pénitentiaire ( le directeur de l’établissement): « c’est un acte commis pour « échapper au quartier disciplinaire »

Le prisonnier a été transféré au centre hospitalier des Vals d’Ardèche…..

« Qu’elles soient vétustes ou modernes, les cages du pouvoir ont la même fonction : tenter de briser certains individus et imposer aux pauvres et révoltées potentiel-les, par la peur et la résignation, ce monde basé sur la domination et l’exploitation, la compétition et le fric.
En réduisant encore les contacts entre détenu-es, en utilisant vidéo-surveillance et informatique pour « sécuriser » la prison et protéger davantage les maton-nes, l’État tente de bannir les évasions, actes de rébellions et mutineries susceptibles de saper son autorité et de nourrir des chemins de révolte de chaque côté du mur. »

Note:  extrait  tissus  d’une affiche trouvée à Privas sur les murs de la ville . Tu peux la télécharger en Pdf  ici

 

 

[Athénes] le premier novembre dans la matinée rassemblement en soutien du quartier occupé Prosfygika

lu contra info

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Le lundi 31 octobre 2016, un groupe de camarades du squat 58 Themistokleous. Elles Ils étaient également présents dans le  quartier occupé Prosfygika pour aider la défense du quartier face aux attaques coordonnées des flics et des nazis. Nous avons pris position dans la guerre sociale en cours avec des pierres, des escarmouches corps à corps et nos convictions antipatriotiques qui résonnent lors des affrontements avec les flics.

Solidité factuelle avec le quartier occupé de Prosfygika

Force à tous ceux qui se sont affrontés avec la vermine en uniforme de la démocratie grecque.

Libération immédiate de toutes et tous les prisonnier-E-s

Et demain, le 1er novembre, soyons préparés pour tout.

Themistokleous 58 Squat

*

Note de traduction: Les quartier occupé de Prosfygika sont situés sur l’avenue Alexandras, à proximité du quartier général de la police d’Athènes et du palais de justice de la rue Degleri, où se déroule actuellement le méga-procès contre la Golden Dawn. Tôt dans la matinée du 31 octobre, des forces de police anti-terroristes ont pris d’assaut le Prosfygika conjointement avec un grand groupe de nazis. Plus tard, les camarades parviennent à repousser les flics (en uniforme et en civil), et de forts affrontements s’ensuivent. Plusieurs pcompagnon-E-s ont été détenues tout au long de la journée (au moins deux des personnes arrêtées, qui ont été accusées, lourdement battues). Divers collectifs et individus en solidarité avec l’appel Prosfygika pour une rassemblement   le matin le 1er Novembre dont  le but était la défense du quartier.

note: 1917 Les mutins du camp de la Courtine (creuse)

trouvé le texte ci dessous sur internet:

En décembre 1915, devant l’hécatombe dans les rangs français, le sénateur Paul Doumer se rend, à la demande du général en chef Joffre, en Russie. Il y rencontre le tsar Nicolas II afin de demander l’envoi d’un corps expéditionnaire russe pour renforcer les armées françaises en difficulté. En parallèle, la France conclue la livraison de matériels et armes aux troupes russes.

Le tsar envoi quatre brigades de plus de 40 000 hommes dont 750 officiers. Deux brigades (1ère et 2ème) sont envoyées en France tandis que les deux autres (2ème et 4ème) rejoignent l’armée d’Orient dans les Balkans.

La première brigade, commandée par le général Lokhvitski, est composée majoritairement d’ouvriers et de paysans moscovites. Elle arrive à Marseille via le Canal de Suez le 20 avril 1916. Elle est rejointe par la troisième brigade, commandée par le général Marouchevski, qui débarque à Brest fin août 1916. Reçus comme des sauveurs par la population française, les soldats du tsar subissent dès leur arrivée une formation à l’acclimatation à la guerre sur le front occidental dans le camp de Mailly, dans l’Aube.

Arrivée de la première brigade russe à Marseille en avril 1916

Arrivée de la première brigade russe à Marseille en avril 1916

Au cours de l’été 1916, la 1ère brigade spéciale russe est envoyée au front dans le secteur de Suippes et participe également à la défense du Fort de la Pompelle. Relevée par la 3ème brigade russe, elle compte plus de 500 morts ou blessés.

Au début de l’année 1917, les deux brigades sont réunies au sein de la Vème Armée du général Mazel. Elles participent aux combats du Chemin des Dames (Offensive Nivelle) où, placées en première ligne, elles subissent de nombreuses pertes humaines. Les Russes se retrouvent ensuite affectés au 7ème Corps d’Armée dans le secteur de la défense de Reims. Ils paient une fois de plus un lourd tribut lors de la prise du Mont Spin et de Sapigneul.

Relevées par des unités françaises, un élan révolutionnaire se propage au sein des deux brigades, après l’annonce tardive de la Révolution russe de février (mars 1917) et la chute du tsar Nicolas II. La propagande révolutionnaire affirme que le tsar a vendu les brigades spéciales contre du matériel de guerre.

Pour éviter une mutinerie, les Russes sont envoyés au repos, dans un premier temps, au camp de Neufchâteau (Vosges) et à Blaye (Marne). Loyalistes partisans du nouveau gouvernement et communistes s’opposent, poussant l’état-major français à les éloigner du front fin juin début juillet 1917 au camp militaire de La Courtine, dans la Creuse.

Une mutinerie réprimée par les armes

Plus de 16 000 s’installent à La Courtine où rapidement une crise éclate entre la 1ère brigade composée majoritairement de communistes et la 3ème composée de loyalistes. Cette dernière, pour éviter tout débordement, est envoyée au village de Felletin, à 25 kilomètres de La Courtine.

Craignant une contagion dans les rangs français, l’état-major français achemine dans la nuit du 3 au 4 août 1917 des troupes françaises pour rétablir l’ordre à La Courtine. Le ministre de la Guerre, Paul Painlevé, décide d’organiser un blocus avec l’aide des Russes loyalistes. Face à ce nouvel échec, la 3ème brigade est envoyée à partir du 10 août au camp de Courneau, près de Bordeaux. Le 12 septembre, la population civile voisine est évacuée et un dernier ultimatum de soumission avant le 16 septembre est lancé. Les mutins le rejettent une nouvelle fois.

Camp de La Courtine

Camp de La Courtine

Le camp de La Courtine devient alors un camp autogéré par les hommes de troupe et des sous-officiers, près de 10 000 soldats qui exigent du gouvernement provisoire de rentrer en Russie. Ils désignent eux-mêmes leurs chefs. Baltaïs négocie sans résultat avec les émissaires de Kerenski leur retour en Russie, puis est arrêté le 25 juillet. C’est un Ukrainien, Afanasie Globa, qui prend ensuite la tête des rebelles

Le commandement français décide d’utiliser la force et, le 16 septembre 1917, vers 10 heures, le premier coup de canon de 75 contre le camp de La Courtine retentit.. Les mutins, répondent en jouant la Marseillaise et la Marche funèbre de Frédéric Chopin. À 14 heures, le premier obus à shrapnels éclate près des musiciens. Stupéfaits, les mutins se protègent dans les casernes. Le canon tonne seulement toutes les heures, pour laisser aux rebelles le temps de relever leurs blessés et de se rendre. Le tir dure jusque 20 heures, mais aucune reddition n’intervient, à l’exception de quelques hommes qui s’enfuient sous les tirs de leurs ex-camarades. Le lendemain à 10 heures, les coups de canons, plus rapides, reprennent. À 14 heures la véritable reddition commence. Jusqu’au soir ce sont plus de 7 500 hommes qui se rendent à l’église de La Courtine, sans armes et en agitant des drapeaux blancs. Les mutins ont jusque là 3 tués et 36 blessés. Il reste toutefois les irréductibles, environ 500 hommes Au soir du 17 septembre, 7 500 mutins se rendent, les derniers irréductibles résistant jusqu’au 19 septembre. Les chiffres font état d’une dizaine de morts et d’une cinquantaine de blessés chez les mutins et de 2 morts et de 4 blessés dans les rangs loyalistes et français. Pourtant, encore aujourd’hui, le nombre de morts n’a toujours pas pu être évalué avec précision,  Mais plusieurs recoupements donnent à penser qu’il fut « réellement » de plus d’une centaine de morts. Pendant longtemps, les autorités françaises ont tenu secrète cette rébellion. Conscients que cet épisode ne pouvait, par son exemple, que susciter d’autres troubles, le haut commandement militaire décide la dissolution des deux brigades. Les autorités russes vont classer les mutins en 3 catégories selon leur engagement. Ceux qui sont jugés les plus coupables, 81 hommes, dont Globa, Baltaïs, Saraïkine et Kediaïev, sont envoyés en détention au fort Liédot sur l’Île-d’Aix. Trois soldats, morts par noyade au cours d’une tentative d’évasion, sont enterrés dans le petit cimetière de l’île.

Après la révolution bolchévique d’octobre 1917 (novembre 1917), le gouvernement français offre alors aux soldats russes trois alternatives : s’engager dans l’armée française, être volontaires comme travailleurs militaires ou être transférés dans un camp en Afrique du Nord pour les réfractaires. Plus de 10 000 sont volontaires pour le travail, 4 800 sont envoyés en Algérie tandis que plus de 400 Russes forment une légion russe de volontaires.

Les réfractaires et les travailleurs russes le désirant seront rapatriés en 1919 à Odessa.

 

[Azerbaïdjan] un anarchiste Giyas Ibrahim condamné à 10 ans de prison

voici ce que disaient en anglais  un compagnon  sur ces arrestations de compagnons en ‘Azerbaïdjan  écouter ici

ci dessous ce que disait un site anarchiste  sur ce montage policier:

« Ce dernier est passible d’une peine d’emprisonnement allant jusqu’à un an maximum (ce qui, pour le régime Aliyev est une peine « trop légère »), tandis que les charges relatives à la possession illégale d’héroïne sont passibles d’un maximum de douze ans d’emprisonnement. Le fait même que la police ait « découvert » près de trois kilos d’héroïne en possession de chacun des détenus au moment de l’arrestation atteste le fait que l’affaire a été inventée de toutes pièces (penseriez-vous qu’une personne saine d’esprit se promènerait en ville avec une telle quantité d’héroïne cachée dans les poches ?).La police a placé sur eux de la drogue, évitant ainsi l’accusation pour simple motif de hooliganisme. »

voilà ce montage  repris la justice au service de l’état d’Azerbaïdjan’:

Donc Gyas Ibrahim a été condamné à 10 ans de prison..

il ne suffit plus  de se contenter d’une  lithanie incantatoire contre ce jugement monstrueux..

source de l’information

 

 

[Tchéquie]Maintenez la communication et entretenez-la (Lukáš B.)

lu sur antifenix.noblogs.org

On a reçu une nouvelle lettre de la part Lukas, qui est enfermé dans la prison de Litomerice. Il y parle de l’importance de l’échange du courrier avec les personnes derrière les barreaux. Il mentionne aussi son compte en banque et il explique pourquoi il trouve que le soutien financier n’est pas le plus important. Enfin, Lukas décrit la situation avec la nourriture vegan qui, comme dans le cas de Martin, est très défavorable et non seulement pour son état de santé.

Ça m’arrive de me souvenir des moments collectifs d’écriture de lettres aux anarchistes emprisonné.es dans différents coins du monde qu’on organisait au centre Aténeo à Most. Et je ne peux pas non plus oublier l’ambiance des actions semblables à l’Infocafé Sale (à Prague) suite aux événements pendant lesquels la police a attrapé dans ses filets les camarades Ales Koci, Martin Ignacak, Petr Sova et Igor Sevcov. A l’époque, je comprenais déjà comment c’est important de communiquer à travers l’écriture de lettres avec les emprisonné.es, de les encourager et exprimer le soutien qu’on leur portait.

Maintenant, je me trouve de l’autre coté des barreaux. J’ai la possibilité de vivre réellement la situation dont je me faisais des représentations seulement floues. Et là, je confirme encore plus la conviction que l’écriture des lettres aux prisonnier.es a une grande importance. C’est encourageant pour l’emprisonné.e. Une seule lettre peut des fois apporter énormément de joie et d’énergie à la personne dans la cellule. Je veux donc vous demander de m’écrire des lettres et d’accorder cette même beauté à d’autres personnes emprisonnées. Vous pouvez m’écrire à l’adresse qui suit. Vous trouverez les contacts d’autres prisonnier.es auprès des collectifs de l’Anarchist Black Cross (ABC). Et n’oubliez pas que la prison écrase la dignité non seulement des soi-disant prisonnier.es « politiques », mais aussi de tou.te.s les autres. Illes vont sûrement apprécier une lettre et des nouvelles de l’extérieur. S’il vous plaît, ecrivez des lettres si vous en avez la possibilité.

Lukas Borl 1.3.1982
Vazebni veznice Litomerice
Veitova 1
412 81 Litomerice

République tchèque
J’ajoute mon compte bancaire en prison, où il est possible de m’envoyer des contributions financières :
6015-20632881/0710
820301/2763
(Note : ce compte ne fonctionne qu’avec des comptes de République tchèque, depuis l’étranger il faut utiliser le compte de l’ABC.)

J’ajoute quelques infos :

1) Je n’attends pas et je ne souhaite pas que vous m’envoyiez des grandes sommes d’argent. Si quelqu’un.e veut contribuer avec plus d’argent, je préfère que la somme soit divisée parmi plusieurs prisonnier.es. Ou que la personne soutienne l’ABC, l’Antifénix ou d’autres projets du mouvement anarchiste.

2) Je peux utiliser l’argent du compte seulement pour m’acheter des choses dans le magasin de la prison. J’achète des cartes de téléphone, des journaux, des enveloppes, des timbres, du café et quelques aliments vegans qu’on y trouve à une échelle assez restreinte.

3) Plutôt que l’argent sur le compte, j’apprécierais que vous achetiez les choses dont j’aurais besoin pour me les envoyer. Ecrivez-moi une lettre auparavant pour qu’on puisse voir ensemble ce qui me manque éventuellement au moment donné. Ce qui sera le plus demandé, ce seront sûrement toujours des bouquins et d’autres publications, les fournitures pour écrire des lettres (papiers, enveloppes, timbres, stylos) et des produits d’hygiène. Je vais encore plus apprécier des choses qui n’ont pas été achetées, mais qui ont été acquises de manière « subversive ».

La lutte pour la nourriture vegan à la prison de Litomerice

Depuis le début de ma détention, je demande à recevoir de la nourriture vegan. Mais je reçois toujours de la nourriture avec une grande teneur en viande, en œufs et en « produits » laitiers. Donc, je mange à peu près un tiers des repas en prison. Le règlement de la prison dit que la prison tient compte des traditions culturelles d’alimentation des prisonnier.es, mais d’après ma propre expérience je sais que c’est juste une phrase vide que personne ne prend en compte.

Il y a cinq jours, j’ai parlé avec l’adjoint du directeur. Il prétendait qu’illes ne peuvent me donner que de la nourriture végétarienne et non une nourriture vegan. Jusqu’à présent je n’ai rien du tout. Je trouve l’argumentation contre la nourriture vegan hypocrite. Apparemment, illes ont un budget restreint pour les repas d’un.e prisonnier.e et la nourriture vegan ne pourrait pas rentrer dans celui-ci. Absurde ! Je ne leur demande rien en plus. Je veux seulement qu’illes n’ajoutent pas des cadavres et des « produits » animaliers dans les matières végétales qu’illes utilisent d’habitude. Avec un effort minimal, ça ne doit pas forcément être financièrement plus lourd que de la nourriture non-vegan.

L’adjoint a voulu me convaincre que le budget limité ne permet pas d’acheter une nourriture vegan qui correspondrait aux normes nutritionnelles exigées. Encore une absurdité ! Un repas vegan nutritionnellement équilibré peut être cuisiné à partir d’un mélange de fruits, de légumes, de noix, de céréales et de légumineuses. Donc à partir des aliments qui n’ont pas forcément un prix d’achat plus élevé que les « produits » à base de viande, de lait et des œufs.
Là, l’hypocrisie est clairement énorme. Illes disent qu’illes sont obligé.es de me donner un repas équilibré, mais illes me donnent un repas non-vegan en sachant que par rapport à mon éthique vegan, je ne mangerai pas les deux tiers du plat. Donc je n’aurai pas une nourriture équilibrée.

Où est-il donc ce respect des traditions culturelles d’alimentation des prisonnier.es, quand maintenant illes me disent que je dois soit accepter leur culture qui tue et force les animaux soit avoir faim ? Les hypocrites d’un tel niveau m’inspirent de la colère. Illes peuvent être sûr.es que ma colère explosera dans la bonne direction. Contre elleux et contre l’oppression institutionnelle qu’illes favorisent.

Une pression sur les administrations peut être réalisée de plusieurs manières. Même sans un théâtre bureaucratique inutile. On sait tou.te.s que ça sert au final surtout à ce que le système paraisse légitime. Pourtant il est illégitime déjà dans son principe de base.

Déployons tous les efforts pour que la nourriture vegan me soit assurée, ainsi qu’à tou.te.s les vegans.

Pas de compromis dans la lutte contre celleux qui tuent et forcent les animaux.

Pas de concession envers celleux qui proclament qu’on doit choisir entre le soutien à cette violence et la faim.

Continuez la lutte pour la nourriture sans souffrance. Elle va continuer jusqu’à ce qu’elle soit accomplie !

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affiche en PDF

Retour sur l’agression prétendue antiraciste menée à Mille Bâbords

Bonjour,

Je fais suivre cette mise au point d’un compagnon ayant participé à la discussion attaquée dans les locaux de Mille babords. Pour mémoire, Milla babords est un local qui accueille des groupes politiques et syndicaux, anarchistes, communistes, syndicaliste révolutionnaires, etc. Il héberge également des assemblées de lutte, notamment occasionnellement celle du collectif El Maba investi dans l’ouverture de squat et la solidarité avec les migrant-e-s, la lutte contre les frontières. C’est donc un lieu assez large. Il y a quelques jours le lieu accueillait une discussion autour du refus de la « racilisation » de plus en plus présente dans nos milieux. Une vingtaine de personnes ont décidé, au nom des minorités opprimées qu’elles entendent représenter empêcher la discussion de se tenir. S’en est suivi un pugilat, une vitrine de pétée, et des tables de presse foutue en l’air. un compagnon nous fait donc suivre sa mise au point.

Une mise  au point de solidarité et des propositions concrètes sur des bases sensiblement identiques que celle du compagnon devraient suivre dans le jours qui suivent, pour exprimer notre solidarité. Je suis personnellement atterré du soutien apporté aux assaillants et assaillantes sur la liste de diffusion Caen-Luttes à la suite d’un premier compte-rendu. Faut-il que la théorie des premiers et des premières concernées face perdre tout rapport à la réalité et permettent tout à ceux et celles qui s’en proclament les représentant-e-s d’imposer leur point de vue à coup de gazeuses ? Ca rappelle les plus belles heures du Parti Communiste.

Un rétif.


Salut,
je fais suivre un petit texte que j’ai écris depuis Marseille, il est à
diffuser le plus largement possible. Il est en pièce jointe avec des
photos et d’autres communiqués. Si vous m’envoyez des courriers de
solidarité j’essayerais de les diffuser sur Marseille.

Pour rappel : un groupe d’une vingtaine de personnes, composés de gens
de Marseille mais aussi de gens d’autres villes, avec des tendances
diverses, notamment proche du PIRe, mais aussi communistes, anars,
féministes…, est venu sur la base d’un appel sur Indymedia Nantes à
saboter la discut du 28/10 à Mille Bâbords autour des questions de la « race ».
https://mars-infos.org/a-propos-de-la-soiree-du-28-1792
https://mars-infos.org/communique-de-mille-babords-suite-1785

« C’est du délire
Retour sur l’agression prétendue antiraciste menée à Mille Bâbords

le texte pour facilter la lecture   en PDF:

Pour en finir avec la mise en mesure du monde

note: nous antnucléaires conséquent on ne  veut pas participer aux CLI à la cogestion  du nucléaire contrairement à stop nucléaire 26 07. Pour nous cogérer c’est co-détruire , stop nucléaire 26 07 est une organisation  à double face,  une appendice  gauchiste stérile du stalinisme.Que nous importe de savoir ce qui se dit dans les ClI .

 texte trouvé sur indymedia.nantes

Pour en finir avec la mise en mesure du monde

 

Dans les forêts de Tchernobyl ou les plaines de la région de Fukushima, il ne suffit pas d’être attentif pour percevoir le danger. Quand la pluie tombe, quand le vent se lève, quand on chute, la figure à même le sol, ce qui nous vient à la gueule, ce n’est pas une nature brute, mais l’effet d’une technologie qui nous pénètre. Nous ne sentons pas plus notre peau brûler que nos vêtements mouillés, nous ne voyons pas de loin un nuage de poussière s’approcher, nous ne respirons pas l’odeur d’un incendie. En territoire contaminé, c’est l’invisible qui porte le danger pour qui n’a pas les moyens de lire les signes de cet imperceptible. Notre relation est dénaturée. Le paysan qui connaît la terre qu’il travaille, sait lire son acidité, sa fertilité, tandis que l’ignorant ne voit que de la terre indistinctement. L’ami sait lire dans les traits de l’autre son inquiétude ou son mensonge. Nous pouvons apprendre à lire les nuages, à reconnaître ceux qui portent la pluie de ceux qui apportent le beau temps. Rien de tout cela en territoire contaminé, vous aurez beau plisser les yeux, rester des mois entiers à renifler l’air, vous ne percevrez jamais rien, n’apprendrez jamais rien : votre corps et votre expérience ne suffiront jamais à vous faire comprendre ce qui vous environne. Vous marchez dans un monde en étranger, en tumeur que la nature viciée s’efforce de répandre. Pour comprendre ce monde dans lequel vous errez, il faut se mettre à sa mesure. À la mesure d’un monde qui est créé par la technologie dans laquelle vous êtes sommé de devenir un de ses outils, un produit de sa production. Agir selon les instructions d’une machine ou bien être maudit par l’imperceptible : voici ce qu’offre la vie en territoire contaminé.

Dans les forêts de Tchernobyl ou les plaines de la région de Fukushima,
il ne suffit pas d’être attentif pour percevoir le danger. Quand la pluie
tombe, quand le vent se lève, quand on chute, la figure à même le sol,
ce qui nous vient à la gueule, ce n’est pas une nature brute, mais l’effet d’une
technologie qui nous pénètre. Nous ne sentons pas plus notre peau brûler que
nos vêtements mouillés, nous ne voyons pas de loin un nuage de poussière s’approcher,
nous ne respirons pas l’odeur d’un incendie. En territoire contaminé,
c’est l’invisible qui porte le danger pour qui n’a pas les moyens de lire les signes
de cet imperceptible. Notre relation est dénaturée. Le paysan qui connaît la terre
qu’il travaille, sait lire son acidité, sa fertilité, tandis que l’ignorant ne voit que
de la terre indistinctement. L’ami sait lire dans les traits de l’autre son inquiétude
ou son mensonge. Nous pouvons apprendre à lire les nuages, à reconnaître
ceux qui portent la pluie de ceux qui apportent le beau temps. Rien de tout
cela en territoire contaminé, vous aurez beau plisser les yeux, rester des mois
entiers à renifler l’air, vous ne percevrez jamais rien, n’apprendrez jamais rien :
votre corps et votre expérience ne suffiront jamais à vous faire comprendre ce
qui vous environne. Vous marchez dans un monde en étranger, en tumeur que
la nature viciée s’efforce de répandre. Pour comprendre ce monde dans lequel
vous errez, il faut se mettre à sa mesure. À la mesure d’un monde qui est créé
par la technologie dans laquelle vous êtes sommé de devenir un de ses outils,
un produit de sa production. Agir selon les instructions d’une machine ou bien
être maudit par l’imperceptible : voici ce qu’offre la vie en territoire contaminé.

Depuis quelque temps, le monde médiatique régurgite le thème de la vie
en territoire contaminé, films et livres se font ainsi l’écho de territoires fascinants.
Entre retours de notre monde à un état sauvage post-apocalyptique et
témoignages selon lesquels on survit tout de même dans ces territoires, les représentations
morbides nous inondent. Depuis Fukushima, l’heure n’est plus à
cacher toutes les conséquences de la catastrophe pour les apôtres du nucléaire, il
s’agit maintenant d’approfondir cyniquement les effets de son extension. Nous
ne verrons plus des blouses blanches nous assurer à la télé, sans sourciller et
légèrement déconfites, qu’il n’y a pas de catastrophe tout en organisant notre
évacuation. Mais des experts nous inviteront tout sourires à regagner nos foyers,
puisque le pire est prévu. Si, à Fukushima, il existe effectivement des zones interdites
au retour, le gouvernement incite néanmoins leurs exilés à retrouver leurs
maisons et la population japonaise à consommer à nouveau les produits de la
région. Dès les premières semaines, l’État japonais avait présenté la catastrophe
nucléaire sur le registre du séisme qui l’avait précédée : celui d’une catastrophe
naturelle. À ce titre, il fallait aider provisoirement les victimes en rendant leurs
foyers habitables au plus vite. Mais la différence est de taille. Si le séisme et le
tsunami dévastent les terres et les corps, cette eau s’en retourne dans l’océan et
la culture humaine peut s’établir à nouveau, tandis que les explosions des réacteurs
engendrent un dégagement radioactif qui perdure et se fiche dans les terres,
dans les corps et dans l’océan en les empoisonnant pour des millénaires. C’est
pourquoi la culture humaine appelée à retourner sur ces terres s’en voit elle aussi
radicalement transformée. S’adapter en subissant ou subir en s’adaptant, choisis
ton camp citoyen !

La contamination du territoire, c’est bien là l’entreprise nucléaire. Nous
ne pouvons pas la comprendre sans les structures qui permettent une technologie
si poussée, une spécialisation des tâches où certains et certaines peuvent
être des physiciens nucléaires, d’autres des ingénieurs, et d’autres encore des
exploités de l’industrie et des mines de cobalt, d’or, d’uranium, de coltan, etc.
qui permettent aux appareils de mesure et aux laboratoires d’exister. On peut
vivre dans un territoire contaminé. L’État y organise notre quotidien et s’occupe
de notre santé. La catastrophe ne gêne pas l’État, bien au contraire, elle le
rend incontournable. Et il nous faut accepter, comme dans les villes japonaises,
de croiser des dosimètres plantés dans les rues, d’entendre les consignes quotidiennes
rythmant les ramassages de salades et les moments où il est recommandé
d’étendre son linge. Il faut accepter de faire analyser régulièrement son
urine, de craindre la pluie porteuse de radioactivité, d’écouter les préconisations
gouvernementales, de nous fier au dosimètre qu’on porte autour du cou. Oui !
Vous pourrez rire et aimer en zone contaminée, mais à la merci d’un savoir
qui vous dépasse comme jamais. La médiation scientifique devient le tissu de
toute expérience. Vous pourrez boire un verre là où le bar n’est pas trop soumis
aux radiations selon les mesures rendues publiques par les autorités civiles ce
soir-là. Vous pourrez manger au restaurant, mais vous éviterez les champignons
puisque vous avez mangé de la salade à midi, ce que votre « dosimaître » n’a
pas aimé. Quand vous embrasserez quelqu’un sous la pluie vous aurez peut-être
un instant de frayeur en entendant biper vos dosimètres. « Pure radiophobie »,
dira votre coach en développement personnel. L’expertise d’autrui dominera
toute votre existence. Sans elle vous n’oserez pas sortir. Et qui se risquerait à la
remettre en cause ?

L’entreprise nucléaire est claire, d’une certaine transparence… Nous présenter
la vie en territoire contaminé c’est nous habituer à l’état de catastrophe. Ne
sommes-nous pas déjà habitués à vivre en territoire où la mesure élabore la
norme ? À calculer la qualité de l’air, de l’eau dans laquelle on nage ou que l’on
boit, l’empreinte carbone de nos achats, le débit d’électricité que nous consommons
? À pucer nos poubelles pour contrôler le tri des déchets, les animaux
pour vérifier leur conformité sanitaire ? La transparence pour le contrôle, c’est
la mesure du conforme, de l’ordre, de la norme. Et cette norme nous échappera
toujours, elle n’est que ce que la science peut mesurer. Un poisson normal doit
mesurer tant, n’avoir pas plus de tant en métaux lourds. Une eau normale ne
dépasse pas tel seuil de pollution. Comment pourrions-nous, sans ces intermédiaires,
reconnaître la pollution de l’eau du robinet que nous buvons si son goût
n’en est pas altéré ? Quoi répondre au scientifique qui nous dit de cette eau :
« C’est normal qu’elle ait trop de bidule mais en termes du trucs, elle est dans
la norme : y-a-pas-d’souci ! » ? Nous avons appris à laisser d’autres avoir prise
sur notre environnement. Cette dépossession résulte du capitalisme et de l’État.
Ce couple permet la réalisation de cette mise en mesure du monde et s’y déploie
sans limite. La représentation a avancé d’un pas : le monde ne se regarde plus,
il se mesure. En territoire contaminé cet énoncé ne relève ni de la théorie ni de
l’idéologie, mais de la réalité quotidienne la plus commune.

Au fond, ce que le désastre permet c’est d’en arriver directement au
moment où la mise en mesure du monde est la nécessité dictée par l’État pour
« survivre ». La gestion du nucléaire aura révélé l’essence même du monde
qui l’aura rendu possible. Nucléarisé, le capitalisme ne laisse exister le monde
qu’au travers de la mesure, il n’offre pas de choix entre une existence dans une
société ou une autre, par exemple primitiviste ou communiste. Il est univoque.
Le nucléaire est un signal de l’expansion continue de l’économie à tous les
aspects de l’existence. « Soyez, en toutes choses, les petits comptables de vos
existences et de vos productions ! » nous dit l’économie. C’est ainsi que Rifkin,
le parangon de l’économie connectée, a beau jeu de prédire la fin capitaliste
du capitalisme. Il propose aux gouvernements son modèle social, horizontalement
démocratique, où chacun sera libre de vendre l’énergie électrique de son
éolienne et pourra louer sa friteuse et ses chemises, son puits, son potager et
son poumon droit, nous libérant ainsi – en mode BlaBla Car – d’EDF, de H&M
et de Veolia puisque nous serons devenus nous-mêmes des entreprises à visage
humain. Le monde connecté de l’hyper-horizontalité n’est jamais que le monde
où tous les rapports sont médiés par un référentiel universel auquel nous serions
tous étrangers. Après le temps de travail pour le capital, après le temps de travail
et le temps de loisir, pour le capital, toute la vie au service du capital. Tous les
rapports sont désormais perçus sous l’angle de la rentabilité. Quel argent perdu
quand je sors de chez moi sans louer mon appartement, et à quoi me servent
ces pantalons si je ne les porte pas, et ma voiture, mon savoir ? Dans ce monde
hyperconnecté seuls le sont ceux et celles qui ont quelque chose à étaler sur le
plan de la mesure, les autres restent en dehors. La vie au stade technologique est
une vie sous assistance numérique, basée sur l’anticipation des comportements
et la programmation du devenir. Ce qui est absent de cette communauté interconnectée,
c’est la vie avec ses inutilités, son désordre et ses frictions. L’étalage
universel de la mesure est le schème du monde de l’économie. Le maillage du
vivant.

Nous reste-t-il à nous morfondre de notre défaite totale en comptant les
derniers soubresauts d’une vie abandonnée ? Certainement pas. Nous croyons
au contraire que la vie ne peut pas se laisser enserrer dans les cages de la mesure
et qu’il nous est possible d’attaquer ces dernières. Que nous ayons à faire avec
les désastres nucléaires pour des millénaires est un fait, et nous n’entendons
pas les autogérer. Ce que pourront faire les individus libérés de l’économie et
de l’État leur appartiendra. Préservation des connaissances nucléaires en vue
de son éradication ? Signalement des zones néfastes pour la vie ? Les idées ne
manqueront pas, et s’il faut mettre des nucléocrates à la piscine pour qu’ils se
mouillent dans le démantèlement nous saurons leur trouver un maillot. Dénoncer
ces instruments pour ce qu’ils sont. Saboter les machines. Détruire leurs
relais de comptabilité. Quand les puces de poubelles sont désactivées, quand les
pointeuses sont brisées à coups de masses, quand les capteurs d’air sont détruits,
l’emprise se relâche. Quand on refuse le puçage des brebis ou les normes d’hygiène,
les normes sanitaires et les pesticides, quand on refuse d’être évalués,
quand on brûle les piquets de repère à la construction d’un pylône THT ou
d’une prison, l’emprise se relâche.

La mesure est partout, chacun saura où la trouver.

Septembre 2016,

Groupe sanguin rhésus négatif

Pièces jointes

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