Archives mensuelles : février 2016

Les tractations politiques, finalement, sont venues et autres textes ( mise à jour)

lu sur le blog : sous la cendre

Indymedia Nantes:

Bien sûr, il n y aura aucune remise en question de la part de « ceux qui sont les seuls à penser la révolution ».

Car, au mieux, à bavarder avec des personnes que l’on a pu considérer un temps comme des compagnons, on aura droit à l’éternel « ce sont des individus qui ont agi de la sorte, pour moi, ce sont des camarades, cela ne signifie pas que l’on partage toujours les mêmes positions ». On se dédouane, on refuse de prendre parti contre celles et ceux qui justement, le revendiquent, ce parti de merde. Il y a un corps qui se forme : tu es dedans ou à l’extérieur, tu suis la ligne ou pas. Gare à celui ou celle qui fera un pas de travers, la vindicte des politiciens plus aguerris risque de s’abattre sur elleux. Excusez-nous de vivre, de mettre en pratique certaines théories parfois assez intéressantes quant à « des formes de vie désirables ».

Au pire, on gerbera après avoir entendu la stratégie politicienne foireuse des plus convaincu.e.s. Non, vraiment, c’est magique. L’Acipa est en train de devenir révolutionnaire. Il n’y a plus de doute. De la même manière, on entend des discours qui inquiètent fondamentalement la République, dans la bouche de certains dirigeants d’Europe Ecologie les Verts. Je pense pas que ça fonctionne ainsi. Les membres du Parti sont en train de se faire absorber par les réformistes. L’Acipa a clairement revu son attitude belliqueuse à la baisse depuis le rendu du procès. Tout le monde est lucide (sauf vous ?) sur le fait que les seul.e.s qui font le beurre en ce moment sont les personnes qui luttent contre l’aéroport. Illes récoltent les bénéfices du grabuge contre les menaces qui planent sur la Zad, mais restent des interlocuteurs tout à fait présentables vis à vis du pouvoir. Jamais, ô grand jamais, ne se mettre en danger, ne se sentir solidaire de celles et ceux qui éprouvent de la rage, qui ne s’inséreront jamais dans cette société pourrie. On en attend pas beaucoup plus des réformistes, à vrai dire.

En revanche, quand ce sont des personnes qui tentent, selon certaines légendes ancestrales, de « répandre l’anarchie », qui viennent sermonner ou tabasser des individu.e.s qui sabotent un bus de l’armée, ou brisent une vitrine de banque, c’est un peu plus gênant. Oui, ce sont des attitudes de flics, il n’y a pas d’autres mots. Si d’aucun.e.s espèrent encore trouver au fond de chacun.e de vous une braise de révolutionnaire, je pense au contraire que vous n’êtes pas mes alliés. Bien évidemment, vous pourrez écrire une nouvelle page de victimisation chaque fois que vous vous ferez traiter comme vous le méritez, que vos magouilles n’aboutiront pas : « vous n’imaginez quand même pas que l’on a des arrières-pensées quand on cherche par tous les moyens possibles et imaginables de manipuler une assemblée générale au sein d’un camp dans lequel nous avons débarqué à 200 sans rien respecter ». Allez, à d’autres… Mais nous sommes nombreux.se.s à prendre la mesure. Notre défiance grandit.

Bordel, vous avez réfléchi à ce que signifie dresser une liste des gens susceptibles de se rendre à un Carnaval ? Politiquement, et peut-être philosophiquement ? Ça vous fait pas trop mal ? Non, encore une fois, vous êtes probablement un cran au-dessus. La fin justifie les moyens, n’est-ce pas ?

Je suppose que l’on aura aussi droit au couplet sur la jalousie, sur la frustration. À cela, je ne répondrai pas. Ou si, brièvement : vos théories ont le mérite d’exister [sic], mais elles ne s’appliquent à rien. Vous écrivez sur du grand vide, et tombez de haut quand il s’agit de se confronter à la vie, et non plus à une grande mascarade construite par une ministre de l’intérieur mégalomane.

Et, pour des raisons de confidentialité évidentes, je ne peux me permettre de faire une liste de toutes les trahisons vécues, que l’on a parfois lues comme des erreurs, des accidents. À un moment donné, il est nécessaire de se méfier de celles et ceux qui les commettent.

Petit questionnaire à choix multiples :

Qui a dit « c’est complètement contre-productif de casser une banque » ?
– un flic
– un membre du front de gauche après 3 verres de rouge et deux sandwiches merguez
– un ami à nous

Qui a dit « il ne faut surtout pas qu’ils soient au courant de la présence des gendarmes mobiles de l’autre côté, ils vont se déchaîner « ?
– un flic
– un membre du front de gauche après 3 verres de rouge et deux sandwiches merguez
– un ami à nous

Qui a hué des copines qui faisaient part de l’absence totale de solidarité par rapport aux dominations de genre, dans un camp où il avait débarqué en se comportant comme à Narbonne Plage ?
– un flic
– un membre du front de gauche après 3 verres de rouge et deux sandwiches merguez
– un ami à nous

Qui a dit : « et vous, vous faites parti de quel groupe, de quelle ville » au moment de débarquer en manif ?
– un flic
– un membre du front de gauche après 3 verres de rouge et deux sandwiches merguez
– un ami à nous

Brèves du désordre :

À nos faux amis

Indy Nantes, 9 février 2016

Samedi 6 février était organisé à Rennes un Karnaval contre l’état d’urgence et pour la victoire de la ZAD. L’appel, autonome et signé par le comité ZAD de Rennes, a attiré un bon millier de personnes venant de toute la fRance et au-delà. Après un bon gueuleton concocté par une cantine végane – à côté de la « cantine des Q de plomb » qui n’a rien trouvé de plus malin que de servir du cadavre de poule en le faisant passer pour un aliment et en annonçant fièrement avoir « égorgé les poulets eux-même » -, la manifestation a décollé vers 15h de la place du Parlement.

Le cortège, bigarré et festif, s’est élancé au rythme des nombreux pétards et fumigènes qui annonçaient la couleur de la manifestation. Rapidement, les vitrines des banques, compagnies d’assurance et agences immobilières sont attaquées à coups de marteaux, d’extincteurs et recouvertes de peinture. La relativement faible présence policière a permis aux manifestant·e·s de continuer à déambuler jusqu’à la place Charles de Gaulle, en continuant à égayer les rues. À partir de là, scindée en différents cortèges, la manifestation s’est prolongée dans plusieurs directions, poursuivie par les flics qui ont tiré des balles en caoutchouc sur les manifestant·e·s, de dos la plupart du temps. C’est dans ce contexte de dispersion qu’ont eu lieu les quelques interpellations, censées calmer les hiérarchies policières et politiques et donner une illusion de maîtrise à la fameuse opinion publique. Probablement une façon pour eux de ne pas perdre la face.

Mais derrière la joie qui nous a animé lorsque les vitrines tombaient se cache une amertume certaine, et de la colère contre des organisateurs du karnaval qui veulent se poser en leaders de révolté·e·s qui n’entendent pas se faire dicter des ordres de la sorte. Le fait que leurs injonctions n’aient pas été respectées ne doit pourtant pas nous empêcher de dénoncer des méthodes odieuses et politiciennes.

La veille de la manifestation, des organisateurs et organisatrices ont, de leur propre aveu, dressé la liste (!) des « groupes venant de loin » susceptibles d’avoir envie d’exprimer leur rage contre ce monde et son aéroport de manière conséquente. Ils et elles ont ensuite expliqué avec autoritarisme le « mot d’ordre » qui les arrangeaient bien, de la farine et de la peinture, mais pas de casse ni de projectiles. Le déroulement de la manifestation a heureusement montré tout le mépris dont leurs directives ont fait l’objet.

La joyeuse balade en ville s’est déroulée quasiment sans heurts au sein du cortège, malgré la « frustration » qu’avaient ses organisateurs de voir le peu de respect que nous avions pour leurs ordres. Malheureusement pour elleux, nous ne sommes ni dociles ni obéissant·e·s. Quelques citoyen·ne·s ont certes exprimé leur désaccord avec les personnes qui cassaient des vitrines, en les accusant, aveuglé·e·s par le discours de l’ordre, de travailler pour les flics (!), d’être contre productifs (encore heureux !), ou que ça ne servaient à rien. Nous briserons des vitrines tant qu’ils briseront nos vies, et manifestement il n’était pas nécessaire d’être masqué·e pour être de cet avis : ces quelques citoyen·ne·s militant·e·s ont souvent été rabroué·e·s par des manifestant·e·s solidaires « les banques te volent tous les jours, c’est la moindre des choses ce qu’ils font ! ». La faible présence policière a permis à quelques révolté·e·s, au-delà des sourires connivents et des éclats de joie au son des vitrines brisées, d’exprimer en actes leur haine de l’État et de ses larbins ; entre ceux qui nous empruntaient nos aérosols pour s’essayer à certaines pratiques et celles qui, encouragées par l’ambiance festive, se mettaient à lancer des projectiles sur les banques et les flics, les complicités ont été nombreuses au sein de la manifestation.

Si certains radicaux se font fort de proclamer sur le papier la nécessité de ne rien négocier avec le pouvoir, ils sont bien capables de « composer » avec des organisations par intérêt politicien. Leur théorie étonnante se résume ainsi : « si nous descendons d’un cran notre radicalité, cela permettra à des paysans, des citoyens, des organisations, de se radicaliser, et progressivement de massifier un « mouvement » qui en aurait besoin ». Alors que les exemples abondent qui décrivent exactement l’inverse de cette assertion, ils et elles sont prêt·e·s à mettre la pression sur des compagnon·ne·s pour ne pas perdre la face auprès des autres orgas de la manifestation. En effet, ils et elles s’étaient engagées auprès de celles-ci qu’il n’y ait pas de casse pendant la promenade, et ielles entendaient bien faire respecter cette loi. La question est de savoir avec qui nous voulons nous associer, et pourquoi certain·e·s privilégient la composition avec des organisation institutionnelles aux complicités spontanées qui émergent toujours des situations où certaines limites sont franchies dans le non-respect de l’ordre et des lois.
Faut-il le répéter, le fameux « contexte local » qu’on serait censé·e connaître avant d’agir est malheureusement le même où que nous allions ; de Rennes à Gaza et de Milan à Athènes, les flics, les juges et les prisons défendent l’État et le capital et nous n’accepterons pas de composer avec celleux qui s’empresseront de nous tirer dessus lorsque les luttes spécifiques qui les intéressent seront « gagnées », c’est-à-dire absorbées et récupérées. Combien seront-ielles, à EELV, à l’ACIPA et ailleurs, à défendre la ZAD lorsque le projet d’aéroport sera abandonné ? Combien reprendront à leur compte le discours du kyste à éradiquer ?

Vers la fin de la manifestation, un des disciples d’un comité pas suffisamment invisible s’en est pris violemment à un anonyme qui s’attaquait à une banque, n’hésitant pas à user de ses poings pour taire l’affront que lui et ses associé·e·s étaient en train d’essuyer depuis le début de la manif. Il fut heureusement rapidement maîtrisé. Après cette manifestation, des compagnon·ne·s ont été approchés par certain·e·s tenant·e·s de cette ligne politique incompréhensible. Après les menaces vinrent les appels à la délation, « qui a cassé les banques ? On veut juste savoir qui c’est, pour leur parler ». On ne peut qu’opposer le silence à d’aussi viles tentatives et leurs logiques policières.

Comment en sont-ils arrivés à une telle arrogance qu’ils ont prétendu pouvoir empêcher des manifestant·e·s d’exprimer leur rage sans concession contre le pouvoir et la normalité ? Au point de proférer des menaces avant et après la manifestation, mais aussi d’aller jusqu’à user de la violence pour défendre les intérêts de leurs accords politiciens ?

Nous ne nous laisserons pas impressionner par leurs manœuvres et nous continuerons à porter en actes un discours et des pratiques sans concession avec la démocratie et ses soldats.

À nos faux amis : notre détermination est intacte. Pas de compromis avec le pouvoir et ses cautions protestataires.
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Vive le Kassnaval

Indy Nantes, 9 février 2016

Plusieurs textes témoignent déjà du déroulé de la manif-Karnaval de Rennes du 6 février. Je voudrais ici parler de quelques choses bien plus choquantes que des tags et des vitrines cassées : la façon dont une partie de ses organisateur-rices ont pensé la gestion de la manif-karnaval en amont, la façon dont elle a été gérée pendant son déroulement, puis après.

En amont certain-e-s organisateur-rices ont dressé « des listes » des différents groupes de personnes susceptibles de créer un désordre « symboliquement supérieur » à celui autorisé par les organisateur-rices de l’évènement. Et de décider de s’entretenir avec ces groupes avant le jour J de manière à prévenir leurs actes vandales non souhaités pour cette occasion. Et bien sûr puisqu’ils-elles connaissent tous-tes les personnes visées par ce listing, elles seront toutes prévenues et donc s’il y a un débordement ils sauront à qui s’adresser, et de partir à la chasse aux traîtres-ses !

En effet il a été décidé que serait toléré les pétards, la peinture (extincteurs, tags, œufs, etc…), les départs d’incendie (au moins) pour brûler les chars et autres marionnettes, mais pas la casse, ah non ! Surtout pas. Et voilà la cause du gazage, des charges de flics, des flash-balls puis de la panique générale. Si on avait simplement repeint la ville, envoyé des pétards et autres boules de pétanques en direction des flics, tout se serait passé comme prévu, on aurait pu faire nos jeux, brûler nos chars et ce dans l’ambiance festive attendue et surtout décidée. Voilà le discours hypocrite de la part de personnes simplement incapables de tout prévoir dans une manif (et heureusement) où bien évidemment les individus n’ont pas tous-tes les mêmes pratiques (et heureusement).

Et vient un autre reproche, ou plutôt une autre façon de le formuler : La cause de ce désordre est due au fait que les « casseurs » n’aient pas su entendre qu’il fallait un moment de retour au calme après le passage place de la République. Voilà la réalité : Des gens jettent de la peinture, cassent des vitrines puis se font hurler dessus, qu’ils sont cons, qu’ils n’ont rien compris, qu’ils sont en train de détruire des mois d’effort à créer des liens avec des gens moins radicaux qu’il faudrait amener à se radicaliser progressivement, par des jets de peintures puis… Mais revoir ma « radicalité » ou mon degré de pratique à la baisse pour permettre à des personnes de elles se radicaliser, ça ne me parle pas, et même plus que ça, je suis persuadée que ça ne marche pas. Il faut arrêter de prendre les gens pour des imbéciles, des personnes à éduquer, vraiment ça me sort par les yeux. Des personnes qui cassent se prennent des coups par certain-es des organisateur-rices.

Après sera posé la question de quand même est-ce que les casseurs ne sont pas venus à leur manif seulement pour casser, sans réflexion derrière ? Que pourtant ils-elles ne sont pas comme la CGT, qu’il n’y a pas de raison de tout casser pendant la leur ? Que des personnes ont osé les traîter de démocrates pendant la manif lorsqu’ils-elles hurlaient/frappaient sur les gens pour stopper la casse. Je ne crois pas qu’il y ait besoin d’argumenter pour soulever l’absurdité de ces propos. Et de nous dire que bien sûr ils-elles sont pour la casse, que même c’aurait été possible plus tard dans la manif (ah ?), question de TEMPORALITÉ. C’est ça, je n’ai pas su saisir l’instant, je n’étais pas dans la bonne temporalité, au temps pour moi.

Ce qui ressort de tout ça, c’est simplement que chacun-e a des pratiques qui lui sont propres, qu’il est impossible de contrôler des personnes et que d’autant plus lors d’une manifestation comme celle-ci il est impossible de promettre qu’il n’y ait aucun débordement et que l’erreur prémière est là. C’est extrêmement prétentieux de penser pouvoir empêcher cela en listant tous les groupes et en les prévenant de ne pas le faire. Comme s’ils-elles détenaient une sorte de parole divine. Annoncer un carnaval festif, sans protection particulière pour les participant-es ne serait-ce que pour les gaz, où les gens ne risquent rien, c’est mentir à partir du moment où il est prévu de repeindre la ville. Un extincteur de peinture suffit à provoquer une charge et un gazage. La question n’est pas dans l’élément déclencheur (peinture, casse, projectiles sur les GM, baston organisateur/casseur ?).

Le réel problème c’est de promettre une chose impossible, de reprocher à des personnes d’en mettre d’autres pas assez protégées en danger en cassant des banques alors que dans tous les cas les flics auraient eu ces réactions-là. De penser connaître tous les groupes susceptibles de venir et d’être capable de s’entretenir avec tous en amont, ce qui ne fut évidemment pas le cas, de n’avoir aucune transparence au niveau du déroulé de la manif en pensant détenir une sorte de parole divine, qui ne pourrait être désobéie, tout en gardant un maximum d’information pour soi, et enfin penser que ces groupes-là leur portent assez d’intérêt pour venir « saboter » leur manif parce qu’ils ne sont pas amis. Ahah, que d’égo.

Mine de rien, on s’est bien amusé, la plupart des gens au sein du Karnaval étaient solidaires des actions, ont rit, applaudit. Les flics ont été dépassé, une partie du centre de la ville à été repeint et cassé et ce dans la bonne humeur ! Les manifestant-es n’ont pas été mis-es en danger. Néanmoins finir le Karnaval sur la place Charles de Gaulle n’était pas une bonne idée, et la dispersion a été désordonnée et trop rapide.

On rira encore,
Vive la ZAD,
Vive la Casse,
Nik Tout.
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Rennes : trois manifestants prennent du ferme et sont incarcérés
Rennes : prison ferme pour trois manifestants contre Notre-Dame-des-Landes

AFP, 09 Févr. 2016, 12h33

La manifestation à Rennes (Ille-et-Vilaine) de samedi contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et l’état d’urgence s’est soldée par des dégradations et des heurts avec les forces de l’ordre. Interpellés, trois manifestants âgés d’une vingtaine d’années ont été condamnés, en comparution immédiate, à de la prison ferme, a-t-on appris mardi de source judiciaire.

Le premier, âgé de 27 ans, poursuivi pour violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique et rébellion, a été condamné à deux mois de prison et placé en détention, à l’issue de sa comparution lundi soir. Le second, âgé de 28 ans, lui aussi poursuivi pour violences volontaires sur les forces de l’ordre, a été condamné à la même peine et incarcéré.

Le troisième manifestant, 23 ans, était poursuivi pour violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique en récidive, rébellion et refus de se soumettre aux prélèvements biologiques. Il a été condamné, au total, à sept mois de prison dont trois mois issus d’un précédent sursis datant de 2014. Il a également été placé en détention. Dans les trois cas, les violences reprochées n’avaient pas entrainé d’interruption de temps de travail pour les membres des forces de l’ordre.

Un autre manifestant prochainement convoqué

Près d’un millier de personnes déguisées (750 selon la préfecture), ont manifesté dans le centre-ville de Rennes lors d’un rassemblement qui se voulait festif. Mais lors du défilé, des tags, jets de peinture et bris de vitrine ont provoqué l’intervention des forces de l’ordre, à grand renfort de grenades lacrymogènes, au milieu de la foule des promeneurs du week-end.

Plusieurs vitrines du centre-ville ont été brisées, principalement des agences bancaires ou d’assurances, selon la préfecture. Les échauffourées avec les forces de l’ordre ont duré environ deux heures dans le centre-ville de la capitale bretonne avant que le « défilé carnaval » ne soit dispersé en fin d’après-midi.

Cinq personnes, dont les trois jugées lundi, soupçonnées de jeter des projectiles sur les forces de l’ordre avaient été interpellées. Deux d’entre elles ont été relâchées dès dimanche et l’une sera convoquées ultérieurement.

NDR: compte rendu du procés

un extrait du compte rendu du procès car ce mercredi 10/02 les personnes présentent au laboratoire anarchiste ont décidé de relayer cet appel à soutien
« Le comité zad s’organise pour soutenir les 3, et c’est possible de passer par la
legal team pour passer des messages de soutien ou de donner des thunes pour
cantiner. Des nouvelles bientôt »

[Lyon]:Réunion d’information et débat le 13/02 sur la lutte contre le Center parc de Roybon

complément d’infos
reçu par mail:

*Pour des Chambarans, sans Center Parc !*

*Réunion d’information et débat sur la lutte contre le Center parc de
Roybon avec l’association « Pour des Chambarans sans Center Parc »*

*Samedi 13 février 2016 à partir de 19 h aux Sarrazineurs, 46, rue de
Cuire 69004 Lyon

Un projet inutile, un de plus, près de chez nous
Depuis 2007, le groupe Pierre et Vacances fait tout pour implanter dans
la zone des Chambarans sur la commune de Roybon (Isère) un de ces pièges
à touristes dont il a le secret : un Center Parc.
Il s’agit de construire un village de vacances privé et clos de 1024
bungalowsen location etune bulle tropicale de 30 000 m³ avec végétation
tropicale, bains à remous, boutiques, restaurants… Bref un véritable
paradis artificiel peint en vert.*

*
Destruction des milieux
*Pour installer cette merveille, il faut de l’eau et des terrains.Cela
tombe bien : les Chambarans sont une zone boisée et aussi une zone
humide. P*our aménager tout cela, il faut donc détruire cet
environnement prétendument sans valeur mais d’une exceptionnelle
richesse écologique.
*

**Privatisation des profits*
Avec ce projet, Pierre et Vacances compte sefaire un maximum d’argent. *

***Comment ? En siphonnant les financements publics, en rachetant à bas
prix la terre agricole pour la revendre au prix du terrain à bâtir et en
louant très cher ses clapiers à touristes.**
*

*Cette destruction irréversible des milieux, de la qualité et des modes
de vie locaux, est appuyée par le Conseil général de l’Isère et la
préfecture, avec la complicité des bureaux d’études spécialisés qui
truquent les résultats des études d’impact et les mesures dites
« compensatoires ».*

**Tout cela est justifié au nom de l’emploi à tout prix avec pour les
habitants les plus chanceux, une viede balayeurs en CDD à temps partiel.
**

*Une situation locale tendue
Dès 2009, les locaux et des opposants extérieurs s’organisent pour
lutter contre ce projet.
De nombreuses manifestations, des actions, des procédures juridiques se
succèdent.
Les pro-center parc s’organisent également et menacent les opposants sur
le terrain.
Une ZAD (Zone À Défendre) se crée sur le site, fin 2014.
En juillet 2015, la justice annule l’arrêté préfectoral pris au titre de
la loi sur l’eau. Pour le moment les travaux sont donc bloqués, mais
Pierre et Vacances conteste la décision.

*Information et solidarité
Nous vous invitons à venir nombreuses et nombreux, afin de faire le
point sur cette lutte complexe, ses buts et moyens et développer la
solidarité et des échanges, car à Roybon comme ailleurs : *

**

*Non aux Center Parcs et à tous les grands travaux inutiles !

Collectif « Confrontations » Contact : **confrontations2@free.fr *

Dedans comme dehors, nique les matons !

Attaque

Le Chat Noir Emeutier / lundi 8 février 2016
Nouvelles dégradations sur les voitures de trois surveillants de la prison d’Evreux

Jeudi 4 février, les véhicules personnels de trois agents pénitentiaires d’Evreux ont été vandalisés. Quatre jours plus tôt, un autre agent avait été physiquement menacé. Les syndicats appellent l’Etat à protéger le personnel des prisons.

Le personnel de la maison d’arrêt d’Evreux s’inquiète suite à la recrudescence dont il est victime. Le syndicat SPS parle “de surveillants en danger”.

Les premiers faits d’importance remontent au 31 janvier dernier. Un surveillant était en route pour prendre son service à la maison d’arrêt. À un feu rouge, il s’est retrouvé « encerclé » par une dizaine d’individus portant des cagoules. Ces derniers ont alors commencé à secouer la voiture de l’agent pénitentiaire. Il a finalement pu se dégager en enclenchant vitesse. Le même jour, un autre surveillant d’Évreux a retrouvé sa voiture avec plusieurs vitres brisées et plusieurs rayures sur la carrosserie.

Quatre jours plus tard, le jeudi 4 février, trois voitures appartenant à des gardiens ont été retrouvées vandalisées. Le syndicat SPS précise que le personnel de l’établissement n’a pas de parking réservé. Il se gare donc le long de la prison, sans aucun contrôle. Il réclame une meilleure protection des agents mais aussi de leurs biens.

france3 normandie, 06/02/2016 à 19h05

Matons
Nantes. Deux surveillants de prison agressés

Ce mardi midi, deux surveillants de la prison de Nantes ont été agressés par un détenu qui ne voulait pas appliquer une mesure de sécurité. Un détenu qui refusait aussi de quitter le quartier disciplinaire. Il a griffé l’un des surveillants au visage; il leur a également craché dessus et a tenté de leur asséner des coups avec son bras plâtré et ses pieds. En fin d’après-midi, ils se sont rendus à l’unité médico-judiciaire avant d’aller déposer plainte. “Le parquet semble souhaiter apporter une réponse rapide”, a indiqué le syndicat SLPFO dans un communiqué.

Le Télégramme, 03/02/2016 à 09h40

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Nancy : Violente agression d’un surveillant de prison

Mercredi 27 janvier, un surveillant pénitentiaire du centre de Nancy-Maxéville a été agressé par un détenu. Dans la cellule de ce dernier, un couteau a été découvert. Le syndicat FO pénitentiaire réclame « une fouille générale de l’établissement » pour que les surveillants puissent venir « travailler en sécurité ».

Les faits se sont déroulés mercredi 27 janvier 2016 vers midi lors de la distribution du repas. Un surveillant qui rentrait dans la cellule d’un détenu était roué de coups de poing lui occasionnant de multiples contusions au niveau de la mâchoire, des côtes ainsi que du bras. Selon le syndicat F.O, le détenu placé en prévention a ensuite continué de tenter d’agresser d’autres surveillants jusqu’au quartier disciplinaire. Le fonctionnaire était quant à lui conduit vers le service des urgences pour réaliser des examens.

Suite à cette nouvelle agression, le syndicat a fait entendre sa voix pour réclamer une « sanction disciplinaire maximale pour ce casseur de surveillants ainsi que des sanctions pénales exemplaires » et révèle qu’après l’agression une fouille permettait de découvrir dans la même cellule, un couteau. Il s’agirait selon le syndicat de la troisième arme blanche découverte lors de fouille ou de projection « en l’espace de quelques mois ». Le syndicat exige une fouille générale de l’établissement pour la sécurité des fonctionnaires qui y travaillent.

Ici-c-nancy.fr, 28/01/2016

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Brest. Des surveillants agressés par des détenus à la maison d’arrêt

La scène, “d’une grande violence”, selon les mots de la direction de l’établissement, a eu lieu, dans la nuit de samedi à dimanche, à la maison d’arrêt de Brest.
Appelés pour des maux de ventre

Vers deux heures du matin, deux hommes de 19 et 20 ans, détenus dans la même cellule, appellent le surveillant de permanence : l’un d’eux souffrirait de maux de ventre.
La procédure habituelle se met en place : le gradé de service, accompagné de deux autres surveillants pénitentiaires, se rendent auprès de ces détenus.
Au moment où ils leur ouvrent la porte, les jeunes hommes leur sautent littéralement dessus. Coups de pieds, de poings… Il faudra l’intervention d’un quatrième gardien, venu en renfort alors qu’il effectuait une ronde, pour parvenir à maintenir les détenus violents, et les placer en quartier disciplinaire.

Le parquet de Brest a été saisi des faits aux fins de poursuites pénales, tandis qu’une procédure disciplinaire interne sera également menée au sein de la maison d’arrêt. […]

Le Télégramme, 25/01/2016 à 12h46

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Perpignan : un surveillant agressé à la prison de Perpignan

C’est le syndicat Force Ouvrière qui l’a fait savoir ce samedi 15 janvier en fin d’après-midi. Un surveillant a été agressé tôt ce matin, lors du contrôle d’appel du matin, par un détenu placé en quartier d’isolement.

Selon le syndicat Force Ouvrière pénitentiaire, il était 7h00, ce samedi matin quand les surveillants se sont faits copieusement insulter et menacer par un détenu placé au quartier d’isolement.

Une fois l’appel terminé, les agents sont retournés voir l’individu et, à nouveau, sans raison apparente selon le syndicat, le détenu s’est remis à les injurier mais cette fois, en se dirigeant vers eux pour les agresser. Il a été maîtrisé mais s’est rebellé encore lors de son placement dans le quartier disciplinaire. C’est à ce moment-là qu’un surveillant s’est blessé au niveau du genou. Après un examen médical, il s’est vu prescrire 2 jours d’arêt de travail. […]

France3 Languedoc-Roussillon, 16/01/2016 à 19h55

Verite-et-justice-pour-Tarek-Belgacem-tué par-la-Police-de-Barbes

sonsenluttes
Vérité et justice pour Tarek Belgacem tué par la Police de Barbès
par Au Fond Près Du Radiateur ⋅ vendredi 5 février 2016

Reportage à la conférence de presse organisée par la FTCR (Fédération des Tunisens pour une citoyenneté des 2 rives) et la famille Belgacem pour obtenir vérité et Justice suite à l’assassinat de Tarek Belgacem abattu par les policiers devant le commissariat de Barbès le 7 janvier 2016.
Ni explosif, ni arme, ni « Allah Akbar » :
La version des policiers, qui semblent avoir présenté Tarek comme un terroriste pour couvrir leur crime, est démenti par la famille et plusieurs témoins.

Diffusion d’extraits de la conférence de presse et discussion avec Montassir qui a recueillit des témoignages devant le commissariat ce 7 janvier.

Par l’équipe de l’émission Au Fond Pres du radiateur, tous les mardis 19h à 20h30 sur Frequence Paris plurielle 106.3FM

Ecouter la conférence de presse ici : 36min 320kbps

Ou télécharger le reportage ici :

MP3 – 76.3 Mo

Ecouter la discussion autour des témoignages des riverains : (10min, 320kbps)

Télécharger le fichier :

MP3 – 23.8 Mo

Rennes : un carnaval moins bouffon qu’à l’ordinaire

lu et copié de Brèves du Désordre

[Pour rappel, les organisateurs -dont le Comité Zad de Rennes- avait choisi comme banderole de tête du défilé de carnaval qui suivait le banquet, l’ignoble slogan « Quand on arrive en ville », tiré du titre de Starmania chanté par Daniel Balavoine et faisant l’apologie du viol (« Qui c’est qui viole les filles/Le soir dans les parkings »… c’est le même « on » qui arrive en ville). Et comme si cela ne suffisait pas, après avoir gueulé au micro que ce carnaval devait rester strictement « militant, festif et sans violence », une partie de ces organisateurs s’est aussi permis d’embrouiller physiquement des anonymes qui ont jeté des bouteilles sur les keufs et lorsqu’ils ont commencé à attaquer des vitrines, tentant ainsi de faire respecter l’ordre de leur clownerie, un ordre pour le coup bien en adéquation avec l’état d’urgence qu’ils entendaient dénoncer symboliquement. Dont acte.]

Rennes. Nombreuses dégradations lors du carnaval des opposants à NDDL

Le Télégramme, 7 février 2016

Hier, à Rennes, la nouvelle mobilisation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (44) a donné lieu à un défilé de carnaval au cours duquel de nombreuses dégradations ont été commises dans les rues du centre-ville. La journée avait pourtant bien débuté. Les opposants de l’aéroport de NDDL, entre 700 et 1.000 personnes, s’étaient donné rendez-vous place du Parlement-de-Bretagne pour un banquet à l’appel de l’association Copain 35, du Collectif 35 contre NDDL et du comité Zad de Rennes qui appelait, lui, à dénoncer également l’état d’urgence à travers un défilé de carnaval dans le centre-ville.

Cinq interpellations

Derrière une banderole « Quand on arrive en ville ! », c’est finalement vers 15 h que le défilé a démarré, rythmé par les percussions d’une batucada. « On veut porter l’enjeu de la lutte de NDDL de manière positive et joyeuse et tourner en dérision le projet », expliquait Camille, du comité Zad de Rennes. Mais la déambulation festive a finalement pris une tournure plus violente.

Aux jets de peinture et de farine ont succédé des tags sur les murs et des bris de vitrines ou de mobiliers urbains. Une agence immobilière et une banque ont, notamment, vu leurs devantures voler en éclats. Les forces de l’ordre, qui ont essuyé des jets de peinture et de divers projectiles dont des boules de pétanque, ont fait usage de gaz lacrymogène et ont chargé les manifestants pour éviter de plus amples débordements. Deux fonctionnaires ont été légèrement blessés lors de ces échauffourées. Les derniers manifestants ont été dispersés vers 17 h 30.

Au total, cinq personnes ont été interpellées et placées en garde à vue pour des violences ou des dégradations. En fin de journée, la maire de Rennes, Nathalie Appéré, a condamné « avec la plus grande fermeté les actes de violence et de vandalisme perpétrés ».
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Carnaval anti-aéroport à Rennes. Trois manifestants jugés demain

Ouest France, 07/02/2016 à 19:38

Samedi après-midi, des heurts ont éclaté lors du carnaval anti-aéroport. Lorsque les manifestants – plus de 800 personnes – ont défilé dans les rues, des casseurs ont commis des dégradations sur les bâtiments et les vitrines des commerces. Les policiers ont alors chargé pour disperser la foule.

Au total, 80 grenades de gaz lacrymogènes et 30 balles de défense ont été tirées [dont beaucoup dans le dos]. Vers 17 h 30, le calme est revenu en ville.

Suites judiciaires ?

Cinq manifestants ont été interpellés au cours de l’après-midi : certains pour violences envers les forces de l’ordre, d’autres pour dégradations.

Ce dimanche, deux d’entre eux ont été remis en liberté. La garde à vue se poursuit pour les trois autres. « Ils seront déférés demain lundi, en vue d’une comparution immédiate devant le tribunal pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique », indique t-on au parquet de Rennes.
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Rennes : lourd bilan après le carnaval anti-aéroport qui a dégénéré

07/02/2016 | 18:53

Au lendemain du carnaval anti aéroport Notre-Dame-Des-Landes à Rennes, l’heure est au bilan. La manifestation, qui a dégénéré, a laissé de nombreux stigmates dans le centre-ville. La maire en appelle « à une décision claire et rapide au plus haut niveau de l’Etat » sur le projet d’aéroport.

Ce dimanche matin, les premiers nettoyages avaient commencé dans l’hyper-centre dont certaines rues ont été défigurées après le passage des casseurs. Pas de repos dominical pour Thierry Guillaume. Le propriétaire de ce commerce est venu nettoyer les tags sur sa vitrine. Samedi après-midi, il était dans sa boutique lorsqu’il s’est fait surprendre par les manifestants.

« J’ai juste eu le temps de baisser le rideau pour éviter la casse », précise le commerçant. « C’est incompréhensible ! », rajoute-t-il.

Des cibles privilégiées

Les casseurs avaient bien choisi leurs cibles : des banques, des compagnies d’assurances, des agences immobilieres ou des agences de voyages. Alors que la manifestation anti-aéroport se voulait festive, elle a très vite dégénéré, des échauffourées opposants forces de l’ordre et manifestants en plusieurs points du centre-ville. Des heurts qui ont duré plus d’une heure et demie mais qui par chance n’ont pas fait de blessés . 5 personnes ont été interpellées.

La maire de Rennes scandalisée

Ce dimanche, la maire de Rennes, venue constater les dégâts, ne cachait pas sa colère : « Le centre-ville a littéralement été saccagé. Le préjudice pour les commerces et pour la ville est considérable ». Et d’ajouter : « Il y a plusieurs dizaines de milliers d’euros de dégâts et ça suffit. Je considère qu’il appartient désormais à l’Etat et au Président de la République de s’exprimer clairement sur ce projet d’aéroport Notre-Dame-Des-Landes ».

Le travail de nettoyage et de remise en état des commerces devrait durer plusieurs jours.

Valence: infotour de la ZAD NDDL – 9 /02 à partir de 19h

reçu l’information sur notre mail:
mardi 9 février 2016 à 19:00
salle de l’atelier libre 13 rue mont plaisir

LE MARDI 9 FEVRIER à partir de 19h l’INFOTOUR de la (ZAD) Zone à défendre de NDDL sera dans la salle de l’ atelier libre pour une soirée d’échanges des occupant-e-s de la ZAD viennent témoigner et discuter des actualités et perspectives de la lutte contre l’aéroport mais aussi des alternatives en actes construites là-bas depuis l’appel à occupation de 2008 : une occasion rêvée d’entendre un son de cloche différent des médias traditionnels, et directement de la bouche de celles et ceux qui vivent et luttent sur place ! Quelques pistes de discussions (à compléter bien sûr selon nos envies le jour J) : – infos sur les récents procès contre les habitant-e-s et paysan-ne-s historiques de la zone, – état des lieux des menaces d’expulsions prochaines et par conséquent des réactions à préparer en cas d’expusion, – réflexions sur le futur partage des terrains repris à Vinci, – pratiques collectives (agricoles, artisanales…) dans les fermes et sur les terres occupées – tentatives de sortie concrète de l’économie marchande – etc. ! Venez avec de quoi grignotter à partir de 19h. Voici l’adresse : 13 Bis rue Montplaisir 26000 VALENCE

Depuis quelques semaines, gouvernement et porteurs de projets se succèdent dans les médias pour annoncer le début prochain du chantier d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Pour toutes celles et ceux qui ont lutté depuis des années contre ce projet, ces déclarations et la campagne de dénigrement qui les accompagne résonnent comme des menaces, mais aussi comme un nouveau défi pour le mouvement de lutte.

Depuis le procès du 13 janvier, dont le rendu a été prononcé le 25 janvier 2016, les opposantEs historiques au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes sont expulsables de la zone prévue pour la construction de l’aéroport. 11 familles et 4 agriculteurs avaient encore jusqu’à ce jour des baux leur permettant de vivre et de travailler sur la zone. C’est un tournant dans l’histoire de 30 années de lutte contre l’aéroport.

Au côté des habitant-e-s historiques de la ZAD et de tous les groupes, organisations, membres du mouvement de lutte, nous, qui sommes « nouveaux occupant-e-s » de la ZAD ne cessons de refuser la fatalité et l’impuissance. Nous sommes déterminéEs à continuer à construire et habiter ce qui nous semble aujourd’hui une expérience sociale, politique et écologique inouïe.

C’est pour en parler de vive voix que nous proposons une soirée d’échanges. Nous pourrons débattre de l’histoire de la lutte contre l’aéroport, en nous concentrant sur ce qui se construit de si particulier sur la ZAD depuis 2008 et l’appel à occupation. Nous pourrons évoquer les réalisations, les perspectives concrètes et les enjeux politiques du mouvement d’occupation.

Enfin, nous aborderons l’avenir du territoire que nous défendons ensemble. Nous réfléchirons sur notre stratégie dans le cas d’une tentative de démarrage de travaux, et surtout, nous parlerons de l’avenir commun que nous souhaitons porter pour obtenir l’abandon du projet d’aéroport dans les mois qui viennent.

La discussion sera illustrée par une expo photo et des brochures.

Le procès de Francisco et Mónica fixé à début mars + une lettre de Mónica

lu et copié sur Brèves du désordre
Dates de procès fixées pour Francisco Solar et Mónica Caballero

L’ Audiencia Nacional a décidé de fixer le procès contre les compagnon-ne-s Mónica et Francisco aux 8, 9 et 10 mars 2016. Nous aurons bientôt plus d’informations.

Les distances nous séparent, le sentiment nous unit …
Liberté pour les anarchistes emprisonné-e-s ! [et pour toutes et tous !, NdT]

[Traduit de l’espagnol d’Indymedia Barcelone, 05 feb 2016]
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A propos des « modules de respect maximun » en vigueur dans les prisons espagnoles

Les moyens de contrôle à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons sont toujours plus subtils et efficaces. Pourquoi installer des caméras de vidéo-surveillance, pourquoi employer plus de matons et de flics, si beaucoup font le travail gratuitement ? Bénéficiant d’une forte adhésion citoyenne, ils sont là pour maintenir l’ordre actuel en vigueur, ils sont partout : ton voisin de la maison ou de la cellule à coté peut être le possible délateur.

Parmi les moyens de contrôle dans les taules, les modules de respect (m-R) ont été lancés comme une initiative expérimentale dans la prison de León, puis le modèle s’est étendu à la grande majorité des prisons espagnoles.
L’idée de base de ces modules est que les prisonniers participent eux-mêmes à la gestion et à la maintenance de l’endroit, de ses activités, etc. afin de créer une sensation d’indépendance et d’appartenance à cet espace. Dans l’idéal, on vise à ce que tous les détenus génèrent des dynamiques et des formes de contraintes contre eux-mêmes et les autres. En plus de récompenser les bonnes conduites, les matons ne sont censés agir dans ce dispositif que dans les cas extrêmes ou exceptionnels.
L’ex-directrice de l’Administration Pénitentiaire, Mercedes Gallizo, faisait allusion à ce type de modules de la manière suivante :”Le simple fait de parvenir à une vie en commun normalisée avec des règles de base acceptées par tous constitue un changement fondamental pour de nombreuses personnes. Cela les aide à perdre la peur de la prison et de leurs camarades. C’est une première étape pour diminuer leur hostilité envers la peur [et en passant envers l’Institution], pour transformer cette peur, ce manque de confiance et cette agressivité, en normalité et en coopération.”

L’exercice de l’autorité est donc pris en charge en premier lieu par les prisonniers eux-mêmes, dans un “commun accord” quant aux bases pour normaliser et coopérer. C’est l’institution carcérale elle même qui fixe et stimule la création des rôles et des comportements avec des méthodes subtiles et/ou sur la base du chantage.
Il est indéniable que beaucoup ont peur en entrant en prison, mais les m-R en profitent et s’en alimentent. Il est par exemple implicite que si tu ne respectes pas les normes des m-R, on te mettra dans un module normal, et cela peut constituer une menace parfois très efficace.
Ces modules comportent différents types de stimulis et/ou de récompenses, pouvant aller de rapports favorables et jusqu’à davantage d’heures de parloirs (intimes ou familiaux), avec de l’autre côté de la balance plus de manières de punir le non-respect des normes.

L’entrée dans ce type de modules est supposée se faire sur la base du volontariat. Lorsque tu arrives, tu t’engages en signant une sorte de contrat stipulant notamment que tu adopteras une bonne conduite, que tu respecteras les normes et que tu résoudras les problèmes en passant par des canaux préétablis. N’importe quelle journée dans un m-R commence alors par une assemblée dirigée par un membre quelconque de l’équipe technique (éducateur, travailleur social et psychologue), Tous les prisonniers doivent y assister, et quelques fois un maton y participe. L’assemblée a pour fonction de résoudre les problèmes quotidiens, c’est le moment idéal pour les balances et pour que l’équipe technique livre un discours pathétique de réinsertion sociale.
Quelques-unes des tâches du module sont les activités programmées ou le ménage. Les premières sont gérées par des prisonniers qui t’obligent à y assister, pour la seconde (ménage) les prisonniers se divisent en petits groupes dirigés par un prisonnier-référent, et c’est ce référent qui dirige les travaux et dans certains cas fait office de porte-parole.
Un autre rouage important dans le fonctionnement de ce genre de modules, ce sont les prisonniers médiateurs qui doivent intervenir dans les conflits ou les bagarres entre détenus pour les résoudre ou, s’ils n’y arrivent pas, prévenir les matons.

Comme on peut s’y attendre, ces pratiques provoquent une perte de la capacité à résoudre soi-même les problèmes. En taule, tu as un médiateur ou un maton, tout comme dans la rue il y a des flics et des juges.

Mónica Caballero,
depuis la prison de Villabona

[Reçu par mail, traduit d’une correspondance avec la compagnonne]

Lancement du site de l’ACNM

lu sur brèves du désordre
L’Association Contre le Nucléaire et son Monde n’est pas une association du type de celles auxquelles on adhère. Depuis des décennies, elle participe aux luttes contre le nucléaire, vérifiant de manière systématique que celui-ci correspond effectivement au monde qui l’a engendré. Elle ne rêve pas d’un nettoyage de printemps après lequel ce monde lustré apparaîtrait sans sa nuisance la plus révélatrice. Parce qu’elle sait que cette nuisance nucléaire, comme d’autres de la même eau d’ailleurs, est sa conséquence. Elle n’ose pas rêver d’un dépassement historique de cet état du monde. Et pourtant elle fait ce qu’elle peut pour le hâter. C’est-à-dire très peu. Ce site n’est pas un blog. Nous donnons à lire certaines archives de textes que nous avons produits ou rencontrés…

On peut lire ces archives ici : http://www.acnm.fr

Au fil de quelques lectures : islamisme, fascisme, choc des civilisations, religions…

reçu par mail l’indication de la parution de l’article trouvable ici:
Au fil de quelques lectures : islamisme, fascisme, choc des civilisations, religions…
Feb.4,2016

Depuis qu’ils pensent trouver dans l’islamisme militant un produit de remplacement à leur ancienne eschatologie marxiste, des individus se réclamant de la Gauche ou de l’extrême gauche rejettent toute analyse qui mette en rapport djihadisme offensif et a fortiori terroriste et religion musulmane. Pour eux toutes les causes du phénomène sont extérieures à l’Islam, à ses traditions, à son histoire et à son actualité. Les médias ne sont d’ailleurs pas en reste qui évitent la critique des religions en général, défendent une laïcité ouverte à tous les vents et, pour faire bonne mesure, n’osent même pas, dans leurs articles, écrire le terme « d’État islamique », se contentant de citer l’acronyme arabe Daech suivi des initiales (EI)1. Voyons cela plus en détail.
L’islamisme radical n’est pas un nouveau fascisme

Alain Badiou est interviewé dans le journal Libération daté du 9-10 janvier 2016 sous le titre : « La frustration d’un désir d’Occident ouvre un espace à l’instinct de mort », à propos d’un petit livre sur le 13 novembre 2015 publié chez Fayard sous le titre, Notre mal vient de plus loin. Il y développe l’idée que pour comprendre l’événement et plus généralement le terrorisme djihadiste, il ne faut pas partir de la critique de la religion car dans ce cas on tomberait obligatoirement sur l’hypothèse de Huntington2 du choc des civilisations ; hypothèse que Badiou juge réactionnaire.

Pour lui, il n’y a pas une islamisation qui entraîne fascisation, mais une fascisation qui entraîne islamisation.

C’est une autre version de la formule d’Olivier Roy sur l’extrémisation politico-sociale qui, aujourd’hui, ne trouverait son débouché que dans l’Islam3. On aurait affaire non pas à un Islam radical, mais à une islamisation de la radicalité.

C’est que, pour Badiou et Roy, il ne peut y avoir de radicalisation interne à l’Islam comme si la religion en général et l’Islam en particulier aujourd’hui ne pouvaient jamais poser problème en tant que puissance idéologique ou force politique. Pour eux, de façon évidente, la critique ou l’interprétation des événements ne doit pas se faire à partir de la critique de la religion. En fait, ils ne comprennent pas que dans la figure de Daech coexistent trois éléments : un Islam de la conversion, peu conventionnel4, une allégeance politique à une figure autocratique et une dimension militaire qui authentifie, et consacre, le nouvel adepte.

Faute de reconnaître cela, ils rabattent donc le religieux sur le social pour Badiou, sur le culturel pour Roy. En cela, ils ne font pas preuve d’originalité puisqu’ils opèrent comme la plupart des sociologues et autres spécialistes des sciences humaines5. Ce faisant, ils négligent la force et l’influence wahhabite, la critique de la séparation entre grand djihad quiétiste et petit djihad guerrier faite par Hassan El Banna et les Frères musulmans, l’existence avérée d’une tendance djihadiste au sein du courant salafiste. Tous ces oublis ou occultations entraînent une difficulté à appréhender un phénomène doublé d’une organisation telle Daech. Objectivement, ils ne peuvent le classer dans les États terroristes puisqu’il n’est pas un État et vue leur position, ils sont obligés de lui dénier le qualificatif d’organisation islamiste.

L’EI ne serait qu’un groupe mafieux (Badiou) un peu particulier et ses membres des « pieds nickelés » (Roy). La radicalisation, si radicalisation il y a, proviendrait, dès lors forcément, d’un événement extérieur (l’occupation de la Palestine, la guerre en Syrie6, l’intervention occidentale au Moyen-Orient) et d’un contexte particulier (le chômage des jeunes d’origine immigrée, les discriminations…) qui serait à l’origine de ce qui va être qualifié de dérive ou de folie meurtrière. En tout cas, tout cela doit être ramené à une cause historique dans l’histoire occidentale. La colonisation en toile de fond permet de développer un discours anti-impérialiste qui sied aussi bien à ceux qui ne voient là que de nouveaux « gauchistes » du djihad (pour Roy ils ne seraient que des nouveaux « brigadistes7 », seule la couleur du drapeau changerait passant du rouge au vert), qu’à ceux qui n’y voient que de nouveaux fascistes (pour Badiou, ils réactivent l’image du lumpenprolétariat dont parlait Marx).

Badiou confond ici des actes qui peuvent s’apparenter au squadrisme fasciste avec un fascisme politique qui implique un mouvement de masse… qu’on ne retrouve justement pas aujourd’hui sous les formes de l’islamisme radical. Le courant salafiste offensif et djihadiste reste très minoritaire et procède tout autrement. Il ne cherche pas à se gagner les masses, mais à les effrayer.

Cette mise à toutes les sauces du fascisme est critiquée par Robert Paxton8, l’historien de la Seconde Guerre mondiale à propos de l’amalgame fait entre des phénomènes comme la campagne présidentielle de Donald Trump aux États-Unis, les Tea party, le FN, l’islamisme radical. Paxton y montre de façon convaincante que Trump défend clairement les millionnaires et que son populisme n’a rien d’anti-capitaliste ; que les Tea party sont pour l’État minimal et relèvent plutôt d’une idéologie libérale/libertaire ; que le FN de Marine Le Pen n’est qu’un mouvement de la Droite européenne et n’est pas assimilable à Aube dorée. À l’inverse, la position de Badiou revient à simplifier des situations afin de tracer des signes équivalents pour donner l’impression d’y voir plus clair. Le nouveau ne serait donc jamais que de l’ancien sous un nouveau jour. Cette position aboutit à essentialiser le fascisme comme une forme non historique dont l’invariance, au moins à l’époque contemporaine, lui permettrait de se glisser dans tous les oripeaux, y compris donc dans celui de l’Islam. Cette supposée invariance du fascisme autorise par là même tous les énoncés anti-fascistes mis en avant par divers groupes d’extrême gauche ou libertaires pour ne pas avoir à prendre position sur la question de l’islamisme radical ou sur la radicalisation de certaines de ses fractions. Mais ces énoncés ne sont que des postures et ils ne débouchent sur aucune action pratique anti-fasciste visant les djihadistes. Et pour cause, car alors ces groupes se retrouveraient dans la même situation que la police. Il leur faudrait mener l’enquête dans des quartiers qu’ils ne connaissent pas, faire le tri entre « bons » et « méchants » et, comme dans la guerre des polices, ils ne seraient jamais d’accord entre eux.

Mais Badiou9 est moins gauchiste et plus communiste que le tout-venant. Il sait que la sortie, si sortie il y a, ne peut provenir que du dégagement d’une autre perspective. C’est là qu’intervient sa croyance en l’idée communiste ou plutôt en le communisme comme idée, manifestant en cela, une fois encore, son indéfectible attachement à la philosophie de Platon.

Pour Badiou, le communisme est semblable à une théorie scientifique qui, elle aussi, doit être expérimentée non pas en laboratoire, mais dans les mouvements de l’histoire. Ce n’est donc qu’une « hypothèse10 » qui demande à être validée ou invalidée par l’expérimentation. En conséquence, les échecs manifestes des révolutions qui au XXe siècle se référaient à cette idée n’impliquent pas pour autant que « l’on jette le bébé avec l’eau du bain ». Il n’y a pas de leçons à tirer des dévastations et des catastrophes engendrées par « l’idée communiste » mais seulement à persévérer dans l’affirmation métaphysique de cette idée en cherchant à l’incarner autrement. Qu’est-ce qui fonde « l’idée communiste » ? C’est le contenu de vérité de son énoncé ; vérité qui trouve sa puissance dans… « les idéalités mathématiques » (cf. Jean-Toussaint Desanti). Nous sommes donc loin de l’affirmation de Marx : « le communisme n’est pas un état de choses qu’il convient d’établir, un idéal auquel la réalité devra se conformer […] le communisme est le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses ».

Ce qui est surprenant aussi, c’est que Badiou, qui est un théoricien de l’événement auquel il attache une grande importance, en vient ici à nier la spécificité du phénomène djihadiste. En effet, le capitalisme et l’impérialisme existent depuis des centaines d’années, l’absence de perspectives pour les jeunes remonte déjà à une bonne trentaine d’années. Mais cela n’explique pas pourquoi, maintenant, disons depuis une quinzaine d’années, des milliers de jeunes Occidentaux (musulmans ou convertis) se tournent justement vers l’islam et pas vers le bouddhisme, l’altermondialisme, le gauchisme ou tout autre débouché politique, idéologique ou religieux, pour tenter de trouver des réponses à leur insatisfaction, mal être ou révolte ?

La comparaison avec le fascisme n’a de sens que si l’on pense que le capitalisme mondial se trouve dans une crise comparable à celle des années 1930, produisant les mêmes effets dévastateurs sur le niveau et les conditions de vie des Occidentaux. Des effets qui ont entraîné à l’époque, une contestation massive des formes parlementaires et démocratiques, au sein de mouvements de masse capables d’infléchir la politique de gouvernements ou même de prendre le pouvoir et de développer des logiques à la fois souverainistes, populistes et nationalistes guerrières. Or, ce que l’on appelle aujourd’hui « la crise » ne présente pas les mêmes caractères. Il s’agit, pour le court terme du moins, d’une crise de basse intensité aussi bien au niveau économique que politique, dont les effets, dans les pays les plus riches, sont limités par des amortisseurs sociaux au sein d’ensembles nationaux interconnectés mondialement (globalisation), au niveau politique comme au niveau économique. Le repli protectionniste et a fortiori guerrier n’est donc pas encore de mise, même si des soubresauts souverainistes se font jour çà et là. Par ailleurs, la contestation massive des formes démocratiques, de la part de l’extrême droite comme de la part de l’extrême gauche, laisse place à une simple désaffection11 (montée de l’absentéisme électoral malgré le ralliement des gauchistes au processus électoral) vis-à-vis de la vie politique et de l’action militante. Contrairement aux années 1930, c’est toute la société qui se « droitise » sans éclosion de mouvements d’extrême droite significatifs qui se manifesteraient sur le terrain autre qu’électoral. Seuls certains pays comme l’Allemagne12, dans son ancienne partie de l’Est surtout, l’Autriche, la Hongrie et les Pays-Bas13 semblent connaître un mouvement de telle nature axé sur la lutte contre les immigrés et les réfugiés.

Quant aux pays dits musulmans, ils sont aussi en « crise » et parfois des crises sociales bien plus graves qu’en Europe, mais cela ne déclenche pas forcément partout un essor de l’Islam politique ou a fortiori du djihadisme. Les « printemps arabes » nous ont plutôt montré le contraire et leur issue décevante n’a pas entraîné une quelconque fascisation mais le retour de formes plus traditionnelles, telles la démocratie confisquée (Tunisie), le putsch militaire (Égypte), le démantèlement de l’État (Libye).

Toutefois, il est bien évident que les organisations djihadistes chercheront à profiter de la nouvelle situation, soit en se présentant comme le seul projet alternatif au retour à l’ordre autocratique ou militaire si celui-ci n’arrive pas à remplir sa fonction politique d’unité (entre chiites et sunnites en Irak et Syrie ; entre groupes tribaux en Libye, etc.) ; soit en cherchant à affirmer leur propre puissance concurrente comme Daech l’a déjà entrepris.
Le retour de la religion et sa critique

Dans son tout récent livre (op. cit.), Raphaël Liogier s’oppose d’emblée à la thèse de Huntington. Il ne s’embarrasse pas de questions philosophiques ou anthropologiques autour de la définition de la notion de civilisation14. En effet, il énonce directement qu’il ne peut y avoir de choc entre civilisations à notre époque puisqu’il n’en existerait qu’une ou plus exactement plus qu’une, la civilisation globale et technologique. C’est une sorte d’ajout technologique et connexionniste à la vision politico-militaire et culturelle de Bush-Blair (cf. supra, note 2). Face à un advenu parachevé (déterritorialisation, mise en réseau), deux néo-fondamentalismes se feraient face, celui des Européens nostalgiques15 de leur ancienne domination et celui des néo-fondamentalistes musulmans exprimant leur frustration vis-à-vis de l’Occident. Ces deux néo-fondamentalismes alimenteraient en fait la thèse du choc des civilisations. Cette argumentation paraît peu convaincante. Les néo-fondamentalistes de Liogier sont en fait des conservateurs, pas des « barbares ». Or, ceux qui ont détruit Palmyre ne proposent pas une autre civilisation ! Les djihadistes ne sont pas des « conservateurs » sans pour cela être des révolutionnaires et c’est bien ce qui pose problème si on veut quand même les qualifier en termes politiques.

Roy, Badiou et Liogier ne veulent pas partir de la religion. D’abord parce qu’ils n’en font pas un sujet de critique essentielle en soi ; ensuite parce que celle-ci serait « de moins en moins facteur d’opposition de valeurs » (op. cit., p. 13). Pour Liogier, elle ne serait qu’un produit comme un autre sur un marché spécial qui est celui de la terreur. La différence entre Al-Qaida et Daech tiendrait dans une stratégie marketing différente, indifférenciée pour Al-Qaida qui s’adresse à tous les musulmans ; ciblée pour Daech qui s’adresse aux sunnites, mais en sachant pertinemment qu’ils représentent la plus grande part de marché16. Les sociologues bourdieusiens sont certes tancés par Valls mais les post-modernes relativistes semblent chercher le fer pour se faire battre quand, comme ici, Liogier réduit la concurrence entre groupes djihadistes à une concurrence entre marques.

Dans la sorte de polémique qui se fait jour concernant les termes de « retour » ou de « recours » à la religion, ces trois-là penchent plutôt pour l’idée d’un recours à la religion d’où leur refus, plus ou moins explicite de partir de la religion pour comprendre le terrorisme islamiste. En élèves bornés de Durkheim, ils veulent attribuer à un phénomène qu’ils jugent absolument social, des causes sociales.

C’est méconnaître la religion comme puissance de représentations17 et comme force politique et surtout qu’elle puisse garder cette force encore aujourd’hui dans des sociétés qui sont officiellement, au moins dans une partie de l’Europe, sorties de la religion. Ce qui était auparavant courant, comme pendant les guerres de religion du XVIe siècle, à savoir qu’il n’y avait pas de séparation entre religion et politique, entre public et privé et que finalement, tout était rapporté à Dieu aurait dû être effacé des mémoires et des structures sociales par des siècles de sécularisation. Si le sentiment religieux n’a pas disparu pour autant, c’est premièrement parce que ces institutions ont été intégrées aux formes modernes de l’État à partir du moment où elles devenaient « raisonnables » et froides, et deuxièmement que les croyances des individus ont résisté à cette sécularisation de façon tout à fait irrationnelle et chaude. Elles peuvent donc déboucher, si le contexte s’y prête, sur des pratiques tout aussi irrationnelles puisque la croyance religieuse n’est pas de l’ordre de la raison. D’ailleurs de nombreux salafistes ont des formations scientifiques ce qui les empêchent nullement de « croire ». Il en va de même pour de grands scientifiques, par ailleurs chrétiens, en Europe ou aux États-Unis.

Cette constatation sur une persistance de l’irrationnel à travers les croyances et particulièrement les croyances religieuses ne concernent d’ailleurs pas que l’Islam, mais l’ensemble des religions dans lesquelles s’expriment ces formes chaudes qui mêlent archaïsme et modernité.
Le capitalisme n’a rien « dépassé »

Il est difficile d’admettre aujourd’hui que le capitalisme n’a rien « dépassé » et qu’il est à nouveau de plus en plus difficile de distinguer conflit politique et conflit religieux, d’autant que ceux-ci prospèrent sur des terres qui connaissent certes le capital et la valeur, mais encore mal le capitalisme et surtout « l’esprit du capitalisme »18. C’est particulièrement net dans le conflit israélo-arabe dont l’origine politique s’est de plus en plus imprégnée d’une coloration religieuse de la part des deux protagonistes ; tonalité qui a rejailli sur de nombreux autres conflits, leur faisant prendre progressivement la même voie théocratique.

Ainsi, on est passé du Fatah nationaliste, socialisant et laïc au Hamas, produit d’une scission au sein des Frères musulmans et qui s’est d’abord livré à une action sociale envers les pauvres, puis a développé une stratégie plus politique au cours de la première « guerre des pierres » contre l’occupation israélienne ; guerre qui s’accompagne d’un volet religieux avec campagne pour le hijab obligatoire sur le territoire contrôlé par le Hamas. Pour cette organisation islamiste, les juifs empiètent sur une terre qui n’est ni palestinienne, ni même arabe, mais musulmane. Une donnée ignorée par la majorité des individus occidentaux qui soutiennent la lutte des Palestiniens pour leur indépendance.

Deux conséquences découlent de cette confusion idéologique.

Tout d’abord un glissement de l’antisionisme à l’antisémitisme19, donc de l’analyse en termes politiques à l’analyse en termes religieux. Ce glissement concerne des musulmans, mais aussi une grande partie de l’extrême gauche pourtant athée et jadis critique par rapport à toute religion qui, pourtant, se rallie aujourd’hui à la « religion des pauvres » par absence de principes ou même par opportunisme et flirte parfois avec l’antisémitisme20. Les Israéliens et plus généralement les juifs cèdent aussi à ce glissement, non pas vers l’antisémitisme bien sûr, mais vers l’analyse en termes religieux, les juifs orthodoxes et les nouveaux colons ayant porté le débat en ces termes, pendant que la droite israélienne soutenait en coulisse le Hamas sunnite afin d’affaiblir les laïcs nationalistes du Fatah.
Un nouvel internationalisme ?

Comme le dit Gilbert Achcar dans Marxisme, orientalisme, cosmopolitisme (Actes-Sud, 2015), l’islamisme, c’est-à-dire l’Islam politique, se présente aujourd’hui comme un nouvel internationalisme21 et surtout comme le dernier et le seul en exercice, ce qui n’est pas rien dans des pays à dominante musulmane dont l’État est en voie de dissolution ou se retrouve très affaibli suite à l’éviction de dictatures sanglantes par les puissances occidentales (Irak, Libye) ou par les luttes de forces d’opposition (Libye, Syrie, Égypte).

Ce n’est pas rien non plus pour des individus bi-nationaux, ou récemment ou peu intégrés à la société occidentale dans laquelle ils vivent, et pour qui ce qui se passe en Syrie avive la tendance à se projeter sur une forme concrète de participation à l’Oumma à travers le « djihad offensif ». Mais contrairement à l’internationalisme socialiste universaliste, l’internationalisme ou l’a-nationalisme islamique n’est pas universaliste mais bien particulariste22. Si on veut trouver un point commun avec un autre internationalisme, c’est plutôt du côté de l’internationalisme fasciste qu’il faut tourner son regard. Celui qui donna lieu à des participations de divisions étrangères à la guerre d’Espagne (la légion allemande Condor et le Corpo Truppe volontarie italien par exemple) ; et à la deuxième guerre mondiale aux côtés des nazis (la division espagnole Azul à partir de 1941 et la légion des volontaires français contre le bolchévisme (LVF) créée en 1941 et qui intégrera la division Charlemagne (créée en 1943) en 1944. Mais il faut relativiser cela. Tout d’abord il serait plus juste de parler d’une internationale fasciste que d’un réel internationalisme ; ensuite, ces troupes de choc s’appuyaient quand même directement sur la puissance d’États fascistes et secondairement sur une idéologie politique mise en pratique par ces mêmes États qui servait de référence. Et de toute façon, si l’on veut parler de la tension entre internationalisme, ethnies, religions c’est plutôt sur le congrès de Bakou de 1920 qu’il faudrait se pencher, mais ça dépasserait l’ambition limitée de ce texte23.

Aujourd’hui, si les groupes djihadistes bénéficient du financement de certains États ou s’ils passent des alliances de circonstance (avec ou contre Bachar, par exemple) et si leurs membres s’apparentent plutôt à des mercenaires à qui l’organisation fournit entraînements militaires poussés, armes, soldes et femmes, ils n’en demeurent pas moins indépendants et fonctionnent en réseaux déterritorialisés même si le mini-califat de l’EI constitue un début de territorialisation dont on ne sait s’il est amené à se « nationaliser » ou bien s’il ne constitue qu’une base provisoire pour une extension future « internationaliste ». Ce qui est sûr, c’est que l’EI et d’autres groupes islamo-militaires profitent à plein d’une situation géopolitique particulière caractérisée par la présence d’États sans nation et de nations sans État avec le cas emblématique des Kurdes.
Crise de l’État-nation et résorption des institutions

Les institutions religieuses subissent, au moins en Europe, car il en va différemment aux États-Unis et en Amérique latine, une perte de crédibilité générale. Tout d’abord parce que la crise de toutes les institutions liées à l’État y est générale et les institutions religieuses n’y échappent pas. Ensuite parce que ces institutions religieuses sont remises en cause de tous les côtés : du côté du réveil spiritualiste de tendance quiétiste parmi les classes moyennes, du côté de la recherche charismatique parmi les pauvres ou les « désaffiliés » en mal de communauté et de convivialité, enfin du côté fondamentaliste réactionnel et frustré chez les personnes marginalisées ou en voie d’exclusion.

Face à cet état de fait, la perspective de l’État français de (re)construire un Islam national s’avère non seulement inadéquate avec la tendance générale à la désinstitutionnalisation dans la société capitalisée, mais entre aussi en contradiction avec le fait que le lien traditionnel Église-État est aujourd’hui supplanté par les relations directes que l’islamisme entretient avec le capitalisme mondial (réseaux/internet). En cela, il est résolument néo-moderne dans certaines de ses pratiques même s’il reste conservateur au niveau idéologique.

Pourtant, Olivier Roy reconnaissait cette dimension en 2004 quand il répondait dans la revue Vacarmes, à Foucault et son apologie de la révolution islamique iranienne : « C’est l’insurrection d’hommes aux mains nues qui veulent soulever le poids formidable qui pèse sur chacun de nous, mais, plus particulièrement sur eux, ces laboureurs du pétrole, ces paysans aux frontières des empires : le poids de l’ordre du monde entier. C’est peut-être la première grande insurrection contre les systèmes planétaires, la forme la plus moderne de la révolte et la plus folle [nous n’inventons rien !, Ndlr]) » (Corriere della Sera, 26/11/1978). Et de rajouter, pour faire bonne mesure dans la fausse prédiction : « Il n’y aura pas de parti de Khomeyni, il n’y aura pas de gouvernement Khomeyni ». On comprend qu’il ait pu ensuite faire la critique de l’intellectuel général et se contenter modestement de la parole des « experts ». Olivier Roy lui répond : « Ce que Foucault ne voit pas, c’est l’islamisme, c’est-à-dire la relecture du religieux en termes d’idéologie politique, laquelle réinsère la révolution iranienne dans une tradition révolutionnaire plus large et cette fois bien millénariste24 ». Cette option d’origine a fait long feu. L’Iran ne cherche plus à mettre le monde à feu et à sang et se conduit comme une puissance régionale comme une autre qui défend son pré carré comme actuellement en Syrie.

Cette tendance au déni de la puissance politique et sociale des religions revient, chez Liogier comme bien d’autres, volontairement ou non, à noyer la montée de l’islamisme radical au milieu des autres montées confessionnelles (new age, next age, néo-pentecôtiste, judaïsme ultra-orthodoxe) alors que ces dernières sont, selon les classifications de Liogier lui-même, à dominante spiritualiste pendant que la première est militante mêlant néo-fondamentalisme et radicalisme anti-système.

Pour Liogier il y a trois formes de « retour » à la religion dans les pays occidentaux :

– la forme spiritualiste qui part des textes et correspond aux couches aisées. Elle déborde parfois sur de nouvelles spiritualités mixant diverses religions comme dans le next age ;

– la forme charismatique qui mêle retour aux textes et dimension émotionnelle et conviviale dont les néo-évangélistes fournissent le modèle, en Amérique du Sud surtout, et qui viserait les classes moyennes ;

– la forme fondamentaliste réactionnelle répondant aux frustrations des plus pauvres et dont le djihadisme de l’EI et autres serait un rejeton. Elle ne se réfère qu’abstraitement aux textes (le Coran comme slogan) parce que c’est le combat seul qui permet l’attribution du qualificatif de musulman.

Cela inclut le processus du terrorisme dans ses formes contemporaines spécifiques qui mêlent étroitement individualisme et communautarisme25. Selon les propres critères de Liogier, c’est donc la notion de fondamentalisme qui semble impropre puisque pour ces groupes islamistes, le djihad n’a aucune signification spirituelle. Il ne s’agit que de guerre sainte et de lutte contre les « croisés » occidentaux et leurs soutiens musulmans (cf. les actions de Merah), c’est-à-dire contre l’ensemble des infidèles26.

Même tendance à noyer le poisson quand Liogier compare la montée de l’influence évangéliste dans le « 93 » et les quartiers nord de Marseille au haut niveau de présence musulmane27. Sa vision de l’hypermodernité religieuse s’apparente à celle de Gilles Lipovetsky sur l’hypermodernité en général. Son appréhension du recours au religieux répond à l’approche de l’individualisme méthodologique qui lui permet de développer l’idée du libre « choix » parmi les « branchées » de la capitale qui portent fièrement le voile28 comme un signe de distinction alors qu’il suffit de prendre les transports en commun en banlieue pour voir des têtes baissées, des airs soumis et qu’il suffit de regarder des images d’Irak, d’Iran ou de Syrie et d’Afghanistan pour voir que là-bas, la « distinction » n’est pas à l’ordre du jour, mais bien plutôt l’uniformité et la soumission imposée par la violence. Une uniformité que G. Kepel relève dans son dernier livre (op. cit)29.

Quand on ne cible pas, comme Liogier, l’esthétique islamiste où l’engagement personnel de certaines, qui existe bel et bien, on a plutôt le développement progressif, mais aujourd’hui massif de ce que décrit Gilles Kepel : « Dans les quartiers populaires, où les marqueurs de l’islamisation sont ostensibles, il est devenu socialement difficile, voire impossible, de rompre le jeûne diurne en public durant le ramadan quand on est musulman de faciès ».

S’abandonner à cette vision d’un islamisme individualisé et qui serait noyé dans les nouvelles formes du new age, c’est aussi tenir pour négligeable celles et ceux qui sont victimes quotidiennement de l’ordre islamique ou qui luttent quotidiennement contre cet ordre, sa police et sa justice, dans les pays de confession dominante musulmane et a fortiori dans ceux où la religion musulmane est religion d’État.

Pour Liogier, le retour du religieux n’est pas vraiment un retour car il se fait sur le mode du revival. Il est donc hypermoderne et toutes les religions seraient concernées. Toutes les religions seraient concernées par ce recadrage individualiste des croyances. Tout étant analysé en terme de postures, toutes ont leur place dans le capitalisme globalisé. Al-Qaida est un franchisé du terrorisme et comme Leclerc il a fait figure de pionnier ; alors que Daech c’est Carrefour (p. 150) au concept plus radical, plus ambitieux, plus mondial !

Tout ce qui se met en réseaux serait donc équivalent. Pas de différence de fond entre maillage commercial et diffusion de la terreur. La critique, si critique il y a, s’en trouve comme aplatie même si elle réapparaît au détour du chemin quand Liogier nous dit que toutes les civilisations ont reposé sur l’idée de limite sauf justement la « civilisation globale ». On assisterait donc, d’après lui, à une sorte de réenchantement du monde à l’opposé de la thèse bien connue de Max Weber. Une hypothèse qui ne tient que si on ne s’occupe que de la dimension individualiste/hédoniste du retour de la religion, mais qui ne tient plus du tout si on accorde toute l’attention aux formes radicalisées de ce retour qui nous apparaissent bien plutôt comme en continuité avec le « désenchantement du monde » wébérien, lequel atteint un niveau bien supérieur à ce qu’imaginait son concepteur.
Une manifestation de la tension individu/communauté

Malgré sa connaissance du terrain et sa description des « nouveaux territoires de la République », Gilles Kepel reprend à son compte cette hypothèse d’un « réenchantement » dans son dernier livre Terreur dans l’hexagone (Gallimard, 2015). Il porte d’abord des assertions vides de contenus, mais à portée fortement médiatiques, sur l’effet terrorisant produit par des individus dont la critique du « système » s’effectuerait sur le modèle du délire. Pas un mot donc sur le fait que ce délire n’est pas abstrait mais qu’il repose sur une croyance et en l’occurrence une croyance religieuse, même si on estime qu’elle est ici travestie ou défigurée. Il réunit ensuite deux phénomènes opposés en apparence, salafisme radical d’un côté et tendances islamophobes de l’autre, mais qui auraient en réalité la même cause. Ils seraient produits par la crise sociale qui aurait vu disparaître la classe ouvrière et son tissu social encadré par le « parti des travailleurs ».

Radicalisation salafiste et islamophobie via le FN constitueraient ainsi des formes de réenchantement du monde parce qu’elles viendraient remplir un vide. Comme nous l’avons dit dans notre critique de Liogier, on ne voit pas en quoi des situations de désespérance sociale participeraient d’un quelconque réenchantement du monde, pas plus d’ailleurs qu’à l’inverse elles seraient portées principalement par un instinct de mort comme le pense Badiou30.

À la limite, il est plus juste de dire comme P. Hassner qu’on assiste à un retour des passions31 si ce n’est de l’Histoire. Une situation dans laquelle la tension individu/communauté s’intensifie. Mais ici elle ne s’intensifie pas dans la perspective de la communauté humaine (même incarnée par une classe) comme dans les processus révolutionnaires du passé (Révolution française et Révolution russe) mais au sein d’identités fermées (les « Nous » contre « Eux » ou contre l’Autre). Kepel et d’autres voient cela comme un repli identitaire, mais on peut tout aussi bien y voir un redéploiement. En tout cas il apparaît très difficile de maintenir son hypothèse d’une explication unique des deux phénomènes qu’il assemble : montée du salafisme radical d’un côté et montée de l’islamophobie de l’autre. Il y aurait repli dans les deux cas que si nous nous trouvions dans une situation de guerre froide entre civilisations entraînant, dans un premier temps, une situation de coexistence séparée de deux ensembles homogènes et fermés hermétiquement. Ce n’est le cas nulle part en Europe.

On ne peut donc tout traiter en terme de repli. C’est particulièrement net en ce qui concerne la question du « retour » de la religion.

Même ceux qui prennent au sérieux la religion comme Yvon Quiniou32 n’en prenne pas toute la mesure ou plutôt sous-estiment son retour. Pour lui, en bon disciple du marxisme, la religion ne peut être qu’une « imposture intellectuelle » ou une « illusion idéologique », mais il n’explique pas pourquoi il y a « retour33 ». Il n’explique rien de ces conceptions du monde, de leur sens, de leur pérennité, alors que la critique doit en tenir compte pour s’introduire dans un « monde » qui lui est immédiatement étranger et dont spontanément elle se met à l’écart au mieux, à l’extérieur au pire34. La critique de Quiniou ne permet pas le « dépassement » de l’opposition entre religion et critique de la religion. Or, tenir compte de l’évolution historique de cette opposition pourrait permettre de déboucher sur une perspective de communauté humaine ouverte et loin de toute idée de « communion35 » dans laquelle il ne pourrait s’y exprimer aucune individualité singulière.

Jacques Wajnsztejn, janvier 2016.

Islamisme, fascisme, choc des civilisations, religions_A5

– Bien sûr, que pour l’instant, l’EI n’existe qu’en tant qu’organisation (et encore, certains comme Olivier Roy n’y voient que le produit d’un grand fantasme de l’organisation islamiste elle-même au prétexte que la vision du futur de Daech serait hautement improbable et comme si ça rendait virtuelles ses actions actuelles) et pas en tant qu’État, mais il n’empêche qu’il y a bien là un usage langagier d’euphémisation typique du discours politiquement correct. [↩]
– Dans un article de 1993 dans la revue Foregn Affairs, intitulé The clash of the civilisazions, Huntington déclare « L’axe central de la politique mondiale à l’avenir risque d’être […] le conflit entre “l’Occident et le reste du monde” et les réponses des civilisations non occidentales aux valeurs et aux pouvoirs occidentaux » (1993). Cette thèse sera reprise dans son livre Le choc des civilisations, traduction française en 2000 aux éditions Odile Jacob. Une thèse qui a fait beaucoup de bruit médiatique et idéologique mais n’a pas eu trop d’effets pratiques dans la mesure où les États dominants l’ont rejetée du fait de leurs alliances avec les dictatures saoudiennes et pakistanaises. Bush et Blair ont en effet inclus ces gendarmes locaux dans le camp de « leur civilisation » qui n’est donc plus définie seulement comme occidentale, mais aussi comme celle qui régit « le capitalisme du sommet » (ce que nous appelons le niveau 1 de la domination au niveau mondial, cf. n° 15 de Temps critiques). [↩]
– Cf. les interviews d’Olivier Roy : « Le djihadisme est une révolte générationnelle et nihiliste » (Le Monde daté du 24/11/2015) et « Le djihad est aujourd’hui la seule cause sur le marché » (Libération du 3/10/2014 [↩]
– Il diffère de la conversion traditionnelle qui impliquait l’intermédiaire de l’institution religieuse ou de son représentant, d’être publique et inscrite dans la loi républicaine ou démocratique du pays d’accueil. [↩]
– Le politicien Valls a alors beau jeu de leur reprocher une « sociologie de l’excuse » qui tendrait à sous-estimer la réalité et l’importance des faits en les subordonnant à la recherche des causes. [↩]
– La mauvaise foi ou encore les œillères idéologiques anti-impérialistes vont jusqu’à faire des néo-conservateurs américains et de l’intervention occidentale en Irak et en Syrie — intervention que nous ne défendons pas — la cause des massacres actuels entre sunnites et chiites ! Ainsi s’est bâtie une légende islamophile et anti-impérialiste selon laquelle ces deux branches de l’Islam auraient auparavant vécu en parfaite harmonie au Moyen-Orient. Or, si nous avons participé au mouvement anti-guerre de 1991 (cf. Temps critiques, n° 3) ce n’est pas pour oublier maintenant que Saddam tenait le même discours à l’époque, massacrant et gazant tranquillement les chiites d’Irak. C’est d’ailleurs pour inverser cette tendance que les Américains ont appuyé un gouvernement chiite dans l’Irak de l’après Saddam avec les résultats que l’on sait : développement immédiat d’une résistance sunnite terroriste d’un côté, vengeance politique chiite de l’autre. Oubliée aussi la guerre Iran-Irak et le rôle qu’y ont joué les ayatollahs chiites d’un côté, les wahhabites sunnites de l’autre ! [↩]
– Même chose pour Raphaël Liogier dans La guerre des civilisations n’aura pas lieu, CNRS, 2016, pour qui les terroristes islamistes reprennent les méthodes de la Fraction armée rouge (RAF) et des Brigades rouges (BR)… sans donner un seul exemple de ces prétendues méthodes communes. Son ignorance lui fait confondre les méthodes de la « Bande à Baader » avec celles des Cellules révolutionnaires (RZ) dont, il est vrai, la fixation sur le conflit israélo-palestinien allait entraîner une dérive antisémite ; les méthodes des fascistes italiens des attentats à la bombe de Milan et de Bologne avec les jambisations des BR ou l’assassinat ciblé de Moro. Il serait, si ce n’est plus juste, en tout cas moins faux, d’établir une comparaison avec les méthodes de l’ETA basque ou de l’IRA irlandaise, mais sans rapport de contenu ni dimension messianique ou eschatologique chez ces deux derniers. [↩]
– Cf. le site du journal Project syndicate, 07/01/2016. [↩]
– Ce passage sur Badiou a été écrit en collaboration avec J. Guigou. [↩]
– Alain Badiou, L’hypothèse communiste, Lignes, 2009. [↩]
– Si on excepte, et dans une certaine mesure seulement, l’Espagne et la Grèce. [↩]
– Là encore si on excepte la Grèce. Quant au FN, il est incapable de faire descendre les gens dans la rue et quand par hasard ils y descendent, c’est sans lui, au moins officiellement, comme dans « la Manif pour tous ». [↩]
– il y a déjà eu quatre manifestations de « citoyens concernés » aux Pays-Bas depuis novembre, manifestations violentes un peu noyautées par l’extrême droite mais à Geldermalsen il y avait 50 fascistes pour 2000 « citoyens concernés ». Les flics néerlandais ont dû tirer en l’air et il y a deux semaines les « citoyens concernés » se sont mis à lancer des cocktails Molotov non plus sur les foyers de réfugiés mais sur la mairie qui devait discuter de l’accueil éventuel des réfugiés. Wilders veut que tous les réfugiés masculins soient interdits de sortie de leurs foyers et il fait distribuer gratuitement dans toute la Hollande des bombes lacrymogènes au poivre pour que les Néerlandaises puissent se défendre contre les réfugiés… [↩]
– Bégayant plus que paraphrasant la phrase devenue culte de Badiou à propos de Sarkozy, Liogier ne se pose qu’une question en titre de sa première partie : « De quoi les “civilisations” sont-elles le nom ? ». [↩]
– Dès l’introduction du livre on peut remarquer certaines incohérences. Toute la première partie du raisonnement repose sur l’hypothèse du déclin de l’Europe et donc de son repli, or dans la seconde partie l’auteur nous dit que l’autre base du néo-fondamentalisme occidental ce sont les sectes protestantes d’origine américaine dont l’influence ne cesse de s’étendre en Amérique du Sud et en Asie ! Y aurait-il aussi déclin de « l’empire américain » alors que « sa » religion s’exporte encore mieux que ses marchandises ? [↩]
– Où on peut voir que la micro-sociologie américaine a enfin pénétré dans l’université française ! [↩]
– Pour Durkheim, le « religieux » ne relève pas du fait social, mais il a un rôle social dans la mesure où il permet de canaliser et organiser les faits sociaux. [↩]
– On n’a pas l’impression d’avoir affaire à un débat théologique de haut vol. D’un côté, il y a des utilisations du Coran et des hadiths par des gens très militants mais qui ne sont pas des théologiens et de l’autre côté, des États musulmans qui ne sont pas vraiment en train de mener une guerre pour un objectif théologique, même si bien sûr ils utilisent des arguments religieux dans la lutte entre puissances régionales (Iran et Arabie saoudite). Sur ce point, cf. notre brochure Soubresauts disponible sur le site. [↩]
– Reconnu et dénoncé par Tarek Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux dans Le Monde daté du 15/01/2016. [↩]
– Cf. les compilations de la revue NPNF sur ce sujet. [↩]
– C’est en 2005 qu’Abou Musab al-Suri lance son « Appel à la résistance islamique mondiale ». Le point le plus discutable du livre d’Achcar (p. 219-220) est qu’il explique ce nouvel internationalisme par ses origines petites bourgeoises, ce qui n’apporte pas grand-chose de nouveau puisque les marxistes interprétaient généralement le nationalisme arabe dans les mêmes termes. Cela n’explique ni le passage du nationalisme à l’islamisme, ni plus globalement l’échec du socialisme. [↩]
– N’en déplaise à Jean Birnbaum qui dans le Monde daté du 24-25 janvier, à propos de son dernier livre Un silence religieux, la gauche face au djihadisme (Seuil, 2016), parle du face à face entre deux universalismes ! Toutefois, sa conclusion reste juste « Partout où il y a de la religion, la gauche ne voit pas trace de politique. Dès que la politique surgit, elle affirme que cela n’a “rien à voir” avec la religion ». [↩]
– Un résumé critique du congrès et de ces tensions peut être consulté sur : http://www.solidariteirak.org/spip.php?article146 (« Les miasmes de Bakou »). [↩]
– Negri, qui a pourtant un bagage politique et militant plus important, en rajoute en déclarant : « Dans la mesure où la révolution iranienne a exprimé un profond rejet du marché mondial, elle pourrait être considérée comme la première révolution post-moderne » (cf. www.lemonde.fr/idées/article/2015/05/08/cette-gauche-qui-n-ose-pas-critiquer-l-islam_4630280_3232.html. La « multitude » a bon et large dos ! [↩]
– Comme le dit Samir Amgar dans M le magazine du Monde du 23 janvier 2016, les djihadistes européens ne sont pas des « fous de Dieu » : « Ils ont le sentiment d’appartenir à une avant-garde éclairée, d’être les acteurs de leur propre histoire, de la grande histoire du réveil islamique ». Il s’agit de changer le monde non pas en partant de sa condition comme dans la vision prolétarienne classiste, mais en changeant de condition comme le montre le cas extrême des convertis et aussi celui des petits délinquants « qui ne fréquentaient pas la mosquée, fumaient et buvaient de l’alcool » comme le racontent souvent leurs voisins ou parents. [↩]
– Considérant que la situation actuelle n’est pas différente de celle de l’époque des anciens Califats, l’EI et les différentes branches d’Al-Qaida ne distinguent pas grand djihad spirituel, petit djihad sur terres musulmanes et djihad offensif/djihad terres non musulmanes. Cette position met dans l’embarras ceux qui maintiennent ces distinctions, à savoir, d’un côté les tenants de l’Islam politique (Hezbollah, Hamas) et de l’autre les réformateurs de l’Islam qui ont peur d’être accusés d’apostasie. [↩]
– Sans doute pense-t-il que c’est à cause de cette présence évangéliste que le directeur du consistoire juif de Marseille a demandé aux juifs marseillais de ne plus porter de signes visibles de judaïté devant la forte croissance des actes antisémites dans cette ville ; sans doute pense-t-il encore que c’est à cause des évangélistes que la cafétéria de l’université Paris VIII de Saint-Denis est maintenant « hallal »… On pourrait égrainer les exemples. [↩]
– De semblables pratiques se retrouvent chez des groupes de féministes allemandes qui non seulement portent régulièrement le voile islamique, puisqu’il est pour elles « un signe d’émancipation » mais pour nombre d’entre elles, la burqua. Cf. « Les événements de Cologne divisent les féministes allemandes », Le Monde, 21/01/2016. [↩]
– Une violence qui gagne les pays occidentaux quand elle s’exerce contre d’autres « choix », d’autres comportements, modes de vie et symboles comme au cours des dernières violences à caractère machiste et sexuel exercées par des migrants à Cologne, Stockholm, Vienne et Helsinki, la nuit de la Saint Sylvestre. [↩]
– Le fait que M. Merah ait proféré un tel discours dans son dernier « échange » avec la police ne nous paraît pas un élément suffisant en ce sens. Se sacrifier pour une cause, aussi bonne ou indigne soit-elle n’a pas grand-chose à voir avec « l’instinct de mort », concept déjà fort discutable en soi. [↩]
– Dans son dernier livre : La revanche des passions (Fayard, 2015), il cite R. Aron : « Ceux qui croient que les peuples suivront leurs intérêts plutôt que leurs passions n’ont rien compris au XXe siècle » et Hassner de rajouter : « Ni au XXIe ». [↩]
– Y. Quiniou, Critique de la religion, La ville brûle, 2014. [↩]
– Cf. la critique qu’en fait André Tosel in contretempslarevuepapier.blogspot.com/2015/01compte-rendu.html. Pour lui, il n’y a pas retour de la religion mais recours à… Nous avons déjà abordé cette question dans notre précédente brochure L’angle mort du 13 novembre http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article336. Finalement, aucune des deux notions ne s’avère suffisante. Le recours est trop unilatéral et de nature fonctionnaliste ; le retour n’est lui pas un véritable retour à ce qui serait une origine ou un ordre immuable encore en place, et auquel des individus ou groupes adhéreraient. Le « retour » est aussi le signe d’une crise du religieux traditionnel tel qu’il apparaît dans la baisse de fréquentation des lieux du culte et tel qu’il est encore porté et légitimé par les Églises sécularisées. Ces dernières qui sont à la fois le fruit d’une évolution au sein des États modernes et des différentes formes de laïcisation de la vie publique d’une part, de la tendance à la résorption générale des institutions dans la société capitalisée d’autre part, se conduisent maintenant comme des associations habilitées à donner leur opinion sur les grands problèmes de société (avortement, manipulation génétique, euthanasie, mariage homosexuel, etc.). [↩]
– « Il est en effet plus facile de trouver par l’analyse le contenu, le noyau terrestre des conceptions nuageuses des religions que de faire voir par voie inverse comment les conditions réelles de la vie revêtent peu à peu une forme éthérée ». Marx : note dans Le Capital, Livre I, chapitre XV. [↩]
– Que développe Régis Debray dans Les communions humaines. Pour en finir avec les religions (Fayard, 2005). Il a bien conscience de la dimension communautaire de la religion mais au lieu de tenter de comprendre la tension individu/communauté quand elle s’exprime pas ce biais, il la réduit à l’affect de la « communion » au sein d’une sorte de groupe fusionnel autour d’une expérience commune intensément ressentie. Il semble confondre communion et émotion et son argumentation ne permet pas de comprendre la pérennité millénaire des religions. Cela ne vaut, à la limite, que pour la fraction du salafisme qui prône le petit djihad, dans la mesure où il offre une expérience religieuse
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[Italie] Des nouvelles du procès contre Billy, Sylvia et Costa [+ Sabotage en solidarité] ( +mise à jour)

source le Chat Noir émeutier

DES NOUVELLES DU PROCÈS CONTRE BILLY, SILVIA ET COSTA

Le 13 janvier à Turin a eu lieu la première audience du procès contre Billy, Silvia et Costa, accusés de possession, transport et recel d’explosif et de tentative de sabotage contre le centre de recherche international sur les nanotechnologies d’IBM à Zurich.
Dans la salle il y a eu une présence solidaire de compagnons et compagnonnes venus de différentes parties d’Italie.
Pour appuyer l’accusation, le Parquet a présenté deux témoins : des inspecteurs de la DIGOS [la police politique ; NdT] de Turin qui ont mené les enquêtes ouvertes juste après l’arrestation des compagnons en Suisse. Seulement l’un de ces deux témoins a été interrogé par l’accusation et la défense.
Apparemment, le procès sera plus rapide que ce à quoi on s’attendait, la prochaine audience a été fixée au 2 mars, et y parleront le Proc’ et la défense.
Pour un compte rendu complet de cette audience, voir ici.
Des rencontres de solidarité en vue du procès est ressortie une forte volonté de continuer un parcours de critique radicale et de lutte contre les technosciences. Du 22 au 28 février aura lieu une semaine d’agitation dans toute l’Italie contre les technosciences et le monde qui les produit. Pour le 26 février est prévu un rassemblement contre l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) devant son siège, à Parme. De nombreux rendez-vous sont programmés dans différentes villes d’Italie.

Pour lire l’appel à la semaine d’agitation et pour contact :

silviabillycostaliberi.noblogs.org

[Traduit de l’italien d’informa-azione]

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Trente: relais téléphoniques incendiés en solidarité avec Billy, Sylvia et Costa

“Le 14 janvier nous avons incendié et détruit deux relais à Trente. Nous arrêtons le contrôle télématique (télécommunications et informatique, dT) et la pollution électromagnétique. Pour Silvia Costa et Billy encore sous procès.”

[traduit d’informa-azione, ven, 29/01/2016 – 17:28]