Archives mensuelles : janvier 2016

Multiplication des actions de sabotage contre la frontière entre la Croatie et la Slovénie

Brèves du désordre
Multiplication des actions de sabotage contre la frontière entre la Croatie et la Slovénie

Alors que des barrières en fils barbelés sont érigées par les Etats à travers l’Europe, migrants et no borders agissent pour les abattre. Récemment, des personnes se sont attaquées à la frontière entre la Croatie et la Slovénie… Et des actions du même type se multiplient.

Une fois la nuit venue, des groupes de personnes s’attaquent aux barrières tranchantes de la frontière à l’aide pinces coupantes, tout en prenant soin de se masquer le visage et de s’équiper de gants épais. L’initiative a commencé en Istrie du côté croate pour s’étendre tout le le long de la frontière avec la Slovénie. Après une action à Hrvatsko Zagorje (région croate située au nord-ouest de Zagreb, NdT), l’idée de saboter les frontières s’est répandue de l’autre côté de la frontière, rapporte le Jutarnji List le 31 décembre dernier.

Si au début les actions contre la frontière restaient symboliques (en décorant les barbelés avec des ornements de Noël, en jouant au volley par dessus les barrières, suspension de banderoles, concerts de violons, etc..), la construction d’une clôture de barbelés près de la ville croate ‘Matulji’ a poussé des personnes à les abattre.

Certains détaillent la façon dont ils agissent : de nuit, deux personnes coupent les fils barbelés à l’aide de grande pinces en moins d’un quart d’heure puis se font récupérer par un complice en voiture qui vient les rechercher une fois le sabotage terminé. Les fils tranchants sont également enlevés, afin que personne ne se blesse en tentant de passer ou de s’approcher. Car, en plus de dissuader et de tuer les migrants qui tentent de s’affranchir des Etats et de leurs frontières, il y aurait eu apparemment un grand nombre de cerfs morts après avoir été pris dans les fils barbelés [Note de Rabble].

Ces actions contre les frontières augmentent du côté slovène, notamment dans la région de la capitale Ljubljana.

[Repris par lechatnoiremeutier de Rabble, 10. January 2016]

Avis aux amateurs : les collabos du camp de Calais

aperçu sur brèves du désordre
Pour tenter d’éradiquer la jungle de Calais et ses près de 4000 migrants, l’Etat avait annoncé le 31 août 2015 l’ouverture d’un gigantesque camp pour 5 ans afin d’y clôturer 1500 migrants. Un camp constitué de 125 conteneurs de 12 places chacun en lits superposés, 2.33m² par personne, sans cuisine, grillagé, vidéosurveillé, gardé et accès filtré par reconnaissance palmaire. Il a été inauguré le 11 janvier par l’entrée de 50 premiers d’entre eux dans ces containers (ce sera le rythme quotidien pour le remplir).
Et puisqu’on sait depuis un bail que dans la bouche de l’Etat la guerre c’est la paix, sa dénomination officielle est « camp humanitaire ». Après les grillages et les flics, c’est la dernière couche du dispositif pour briser l’auto-organisation des migrants et les empêcher de tenter de passer la frontière vers l’Angleterre. Si à court terme le démantèlement de la jungle reste annoncé pour mars 2016 – signifiant donc dégager et disperser les 2500 autres –, ce véritable camp étatique de triage et de confinement qui sert de caution va donc en encadrer 1500 en les contrôlant, les enregistrant, les identifiant, les enfermant la nuit, afin de les forcer à déposer une demande d’asile ici. Un dispositif qui dépossède de toute autonomie et facilite aussi l’expulsion rapide des déboutés du statut (ou de ceux qui refuseraient de faire une demande), et plus tard encore de ceux qui n’y auront plus droit (d’où la durée de 5 ans).
Pour rappel, entre octobre et décembre 2015 près de 1000 migrants ont été déportés de façon sauvage via l’aérodrome de Calais vers les CRA de Metz, Marseille, Rouen, Paris, Toulouse ou Nîmes lors de vols groupés.

« Il s’agira d’un camp fermé, équipé de caméras de vidéosurveillance. Pour y entrer, les migrants volontaires et retenus par La Vie Active devront donner leur nom. Ils devront justifier d’un code d’accès grâce à un dispositif de reconnaissance biométrique, à l’image de ceux utilisés dans des entreprises. « C’est un système choisi par l’opérateur de l’État, La Vie Active », indique la préfecture du Pas-de-Calais. Il utilise la morphologie de la main en 3D, est complété par un code d’accès. « Il ne s’agit pas d’empreintes digitales. Les données ne sont pas conservées. Rien à voir avec les bornes Eurodac », précise-t-elle. Ce dispositif a été préféré aux badges, utilisés à l’époque du camp de Sangatte, fermé en 2002. »
(La Voix du Nord, 17/12/2015 )

Les entreprises qui collaborent à ce projet en se partageant les 18 millions d’euros du gâteau (aménagement, fonctionnement) :

Logistic Solution : fournisseur des conteneurs
Launay des Moulins / 35390 Grand-Fougeray (Ille-et-Vilaine)

La PME Logistic Solution est en réalité un vieux partenaire des flics et militaires, puisqu’elle fournit déjà les containers du chantier sur Mururoa en association avec Sodexo Defense Services (contrat à 30 millions d’euros), et l’avait fait pour le ministère français de la Défense lors de l’exercice de certification de 5000 militaires de l’OTAN Steady fast Jazz, en Pologne (novembre 2013). C’est aussi un fournisseur de l’armée égyptienne. Sur son site, à la rubrique partenaire, elle a trankillou posé les logos de l’OTAN, de la Marine nationale et de l’Economat des armées.
Logistic Solution livre ses containers à Calais depuis le 7 décembre 2015, pour une ouverture du camp prévue pour le début du mois de janvier. Elle livrait 21 containers par jour la première semaine de janvier.

Groupe CW (Clôtures Michel Willoquaux) : Grillages du camp
Marques déposées : Clonor et Clowill
Famille Willoquaux : Michel (Président du conseil d’administration), Christophe (directeur général), Stéphane (directeur général délégué), Andrée (vice-président)
7/21 Route Nationale / 59152, Tressin

ATMG : surveillance du site pendant les travaux
Habitués de la ,surveillance des chantiers Eiffage, Bouygues, etc.
PDG : Bardadi Beddiaf
Rue Roger Salengro / Route De Oignies Espace Tertiaire Bata / 62710 Courrières

Biro Sécurité : Dispositif biométrique du camp & surveillance du centre d’accueil de jour Jules-Ferry et de la zone « tampon » depuis mars 2015 (30 agents de sécurité et maîtres-chiens recrutés)
« « C’est un marché très important pour la société, assure le Calaisien. Et qui crée de l’emploi ». Avec le nouveau camp pour 1 500 réfugiés, Biro compte recruter six nouveaux agents. L’entreprise fournit aussi à La Vie Active le dispositif d’accès biométrique sécurisé au camp humanitaire de 1 500 migrants. »
(La Voix du Nord, 15/12/2015)
Par ailleurs, Biro Sécurité s’enrichit de tous côtés en montant pour des transporteurs des « parkings sécurisés » en aval près de la rocade de Calais pour empêcher les migrants de monter dans les camions, et en amont comme sur l’aire d’autoroute de Saint-Laurent à Steenvoorde (Belgique, à 70 km de Calais).

PDG : Axel Guillaume Biro
251 Avenue Antoine de Saint-Exupéry, 62100 Calais

Béton : SOGEA, filière de Vinci

ONG ACTED (Agence d’Aide à la Coopération Technique et au Développement) : a été aperçue en train d’escorter un semi-remorque hors de la jungle, semi remorque qui sert à transporter les conteneurs en question.
33 Rue Godot de Mauroy, 75009 Paris

Association La Vie Active
: gestionnaire du camp (choisie en octobre 2015, elle était candidate en concurrence avec La Croix rouge sur ce marché)
Directeur général : Guillaume Alexandre.
Président du conseil d’administration : Alain Duconseil.
Suivi du camp : Stéphane Duval
La vie active, grosse « association d’utilité publique », plus gère de 70 établissements et sites, « dans les secteurs de la Petite enfance (crèche d’entreprises, CAMSP), l’Enfance (IEM, IME, ITEP, SESSAD), le Social (MECS, clubs de prévention, service tutélaire, CHRS, PAEJ) les Adultes handicapés (foyers de vie, SAJ, SAVS), les Personnes âgées (EHPAD, SSIAD), la Formation ».
La Vie Active
4, Rue Beffara
62 000 Arras

Sans fleurs ni couronnes

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« Les mots n’ont pas de valeur en soi, mais pour le sens qui leur est attribué. Il faut donc toujours bien se mettre d’accord sur le sens des mots utilisés, et faire attention à ce que des gens sans scrupules ne fassent pas usage des mots qui ont le plus de popularité, à travers lesquels ils font passer sous une fausse étiquette la marchandise avariée de leurs propres intérêts économiques et politiques. »

Max Sartin, La magia e il senso delle parole, 1935

I. Autonomie

Chacun sait que le langage n’est pas neutre. Que c’est un moyen souvent insatisfaisant pour exprimer ses idées. Pourtant, si on veut pouvoir les communiquer à d’autres et en approfondir le contenu, il vaut mieux s’entendre sur le sens des mots. Dans les milieux anti-autoritaires comme ailleurs, cela va de moins en moins de soi. Une même idée, courante, emprunte même parfois des significations si éloignées les unes des autres (en assemblée par exemple), qu’on en vient à se demander s’il s’agit juste d’une banale incompréhension ou si ce n’est pas la manifestation d’une confusion généralisée en progrès constants. Prenons parmi tant d’autres le mot “liberté“, régulièrement transformé en conquête ou préservation de droits garantis par l’Etat (comme la fameuse “liberté de“) ou exprimé sous forme d’oxymore (comme dans la défense du “marché libre” des biffins). Mais la liberté peut-elle vraiment être quelque chose de quantifiable, le synonyme abstrait d’une augmentation des choix possibles, ou n’est-ce pas au contraire l’expression de toutes les possibilités différentes qui peuvent se déployer dans le rapport avec les autres ? La liberté ne peut pas être enfermée à l’intérieur de lois et de règles valables pour tous, elle peut seulement naître du libre accord entre individus, en l’absence donc de tout système ou rapport autoritaire (Etat, capitalisme, religion, patriarcat).
Que le langage ne soit pas neutre, ne soit pas simplement descriptif, les autoritaires en tout genre l’ont compris depuis longtemps. Celui qui contrôle le sens des mots peut s’assurer d’une capacité considérable de maîtrise des esprits. Le pouvoir a ainsi toujours cherché à leur donner le sens qui l’arrange, qu’on songe par exemple à celui de terrorisme, qu’il dégaine d’un jet ininterrompu et à tout va depuis bien trop longtemps*. Partout où il y a une masse à manoeuvrer (ou une illusion de), on peut retrouver cet art de la politique qui consiste à travestir les faits en changeant les mots, y compris donc dans le soi-disant mouvement anti-autoritaire où les idées gauchistes font un retour en force depuis quelques années.
Dans leur miroir déformant, réduire les individus à leur couleur de peau n’est ainsi plus du racisme, mais devient une lutte contre les privilèges. Justifier la soumission à un code de loi gravé dans un vieux bouquin n’est plus une manifestation par excellence de l’autoritarisme (à combattre), mais devient une simple manifestation culturelle (à soutenir) ou une banale opinion (à tolérer). Jeter des pierres sur des journalistes ou des élus en toute occasion ne signifie plus manifester son hostilité irréductible avec le pouvoir, mais devient un manque d’intelligence tactique dans la composition avec lui. Dans la vague actuelle de renversement des contenus et de leur instrumentalisation au sein du mouvement, il n’est alors pas étonnant que même des concepts jusqu’à hier chers à beaucoup, comme l’autonomie ou l’auto-organisation, soient à leur tour vidés de leur sens par leurs partisans mêmes, neutralisant leur force pratique et les privant de leur portée potentiellement subversive. Faute de perspective révolutionnaire, au nom du pragmatisme ou de l’efficacité, de l’élargissement ou de l’ancrage sur un territoire, par esprit de grégarisme ou d’adaptation à un existant toujours plus trouble, l’heure semble de moins en moins à la diffusion de pratiques anti-autoritaires, et toujours plus à leur dilution au sein d’alliances de circonstance avec des politiciens de service (mais dans le respect de la diversité de chacun, hein !).
Et c’est peut-être comme cela, petit à petit, que l’éditeur officiel de tout un ramassis d’ordures a pu soudain se transformer en une opportunité à saisir pour d’anciens amateurs de la guerre sociale.

II. Le sens plutôt que la règle

« Forger et utiliser ses propres moyens de lutte placerait-il de fait en-dehors du champ des luttes sociales ? C’est le discours que tiennent l’Etat et ses relais directs car ils défendent leurs intérêts… »

Kalimero Paris, février 2008

En matière d’autonomie et d’auto-organisation, prenons le dernier cas d’école en date, à savoir les “membres” d’un collectif francilien qui participent “à des luttes ou à des mouvements sociaux“, et qui ont décidé de commercialiser leurs travaux en janvier 2016 chez Syllepse, une maison tolérante dont l’ouverture d’esprit avait été jusque là trop négligée par une partie du mouvement. Certes, prôner l’auto-organisation et la critique de la marchandise tout en alimentant de ses analyses les étals des supermarchés n’est pas nouveau, et ils n’ont pas beaucoup de mérite. Les stratèges blanquistes de la composition avaient déjà rouvert cette voie fructueuse avec l’éditeur de flic et de juge La Fabrique en 2007, avant que des vendeurs de mauvaise soupe ne les imitent en 2014 avec leurs trajectoires alternatives débitées chez l’éditeur du Mieux vaut moins, mais mieux de Lénine (ed. l’éclat). Mais tout de même, si des critiques du langage et de l’idéologie de la procédure pénale ont fait le choix d’un éditeur comme Syllepse, qui avait publié en 2011 un ouvrage coordonné par une magistrate dénonçant une “politique qui échoue à lutter contre la délinquance et qui désorganise la police et la justice” avant de suggérer “de nombreuses propositions alternatives en matière de fichage et de vidéo-surveillance” **, c’est qu’il doit bien y avoir une raison ou une cohérence quelque part. D’autant plus que leurs réunions se déroulent depuis des années dans un local dont les participants affichent justement leur ambition de “subvertir les rapports sociaux,c’est-à-dire remettre en cause cette société et la renverser“, à travers une “autonomie” définie comme une manière de s’organiser “hors des syndicats, des partis, des structures hiérarchiques“.

Afin de lever toute ambiguïté et pour ne pas en rester sur ce qui relève manifestement d’un télescopage malheureux au sein des collections de Syllepse -un peu comme si l’auteur d’un bouquin titré Mort à la démocratie donnait une interview à une grande radio d’Etat pour en faire la promotion-, faisons donc un rapide tour du propriétaire. Pour commencer, on pourrait consulter la quarantaine d’ouvrages de la Fondation Copernic publiés ces quinze dernières années par l’”alter-éditeur, engagé et non partisan“, mais aucun estomac n’y résisterait bien longtemps. Et de toutes façons, pour connaître les idées professées par ladite Fondation, inutile de se plonger dans l’écoeurante mixture qui mijote sous la bannière de “l’anti-libéralisme”. Le parcours de ses présidents successifs (1998-2015) suffira amplement : Yves Salesse (ex dirigeant national de la LCR, ex du cabinet du ministre communiste des transports Gayssot, ex porte-parole de Bové à la Présidentielle), Évelyne Sire-Marin (vice-présidente du TGI de Paris, ex Présidente du Syndicat de la magistrature et soutien de Mélenchon à la Présidentielle), Roger Martelli (membre du Parti communiste et ex de son Comité central), Caroline Mécary (ex conseillère régionale EELV et toujours conseillère de Paris), Janette Habel (ex du bureau politique de la LCR et signataire du Mouvement pour la sixième République), Pierre Khalfa (ex porte-parole de l’Union syndicale Solidaires et membre du Conseil scientifique d’Attac). N’en jetez plus, la poubelle déborde !
La “forme grammaticale qui privilégie les accords fondés sur le sens plutôt que sur la règle“, à laquelle Syllepse a emprunté son nom, a certainement trouvé avec la Fondation Copernic un accord à la hauteur de ses ambitions : être l’éditeur privilégié d’un des principaux laboratoires de la main gauche de l’Etat. Le genre de laboratoire indispensable pour redorer la façade craquelée du pouvoir, tenter d’éteindre les incendies qui couvent à sa base et imaginer comment lui assurer un semblant de légitimité sociale en temps de restructurations économiques. Tout de même, drôle d’endroit pour une Caisse d’auto-défense collective. A moins que ce ne soit leur désir commun de mouvement social et de collectif qui les ait réunis, puisque l’éditeur précisait dès son Manifeste de juin 2004 vouloir offrir “une caisse de garantie qui permet à tous nos auteurs de mener leur projet à bien et une caisse de résonance pour leurs idées“, ou encore que “notre force tient aussi à notre lien avec les mouvements sociaux“. Mais le problème, quand on nie à ce point l’individu, c’est qu’on finit très vite mal accompagnés,

Oublions donc vite fait cette collection particulière, Notes et Documents de la Fondation Copernic, et tentons de trouver un peu d’air frais du côté des dizaines d’autres collections du nouveau venu dans l’ex mouvance autonome. Là, surprise ou pas, on tombe sur des spécialistes de la vie des autres (dont des psys en tout genre), des prêcheurs d’Etat (universitaires ou de lycée) et autres autoritaires historiques (avec une prédilection pour les auteurs trotskystes, dont les 944 pages du boucher de Kronstadt parues en avril 2015 pour rappeler l’importance du front unique antifasciste***). Les autres collections remarquables de Syllepse se nomment par exemple ATTAC, Contretemps (revue dont le n°14 de 2012 contenait cet immanquable article titré “Syriza ou l’espoir retrouvé“), Espaces Marx, Les Cahiers de Critique Communiste, Mille marxismes (avec ces magnifiques “La politique comme art stratégique” et “Le dernier combat de Lénine” de 2011 et 2015) ou encore Séminaire marxiste… Réconcilier la rigidité théorique du passé avec le meilleur du réformisme du présent, en voilà bien un projet qui semble avoir trouvé son marché, si on en juge par les centaines d’ouvrages sortis chez Syllepse depuis 1989. En même temps, c’est vrai qu’à force de fréquenter les allées du pouvoir, on se perd moins dans le dédale de ses financements.
Mais comme il serait ingrat de demeurer en si mauvaise compagnie sans faire un détour par LA collection qui se veut un peu plus terre-à-terre, jetons un dernier coup d’oeil sur Arguments et Mouvements, dont le postulat est que les “acteurs du mouvement social et les mouvements sociaux produisent des idées, émettent des propositions, interprètent le monde et agissent sur lui” (merci pour eux). Des idées et des propositions qu’il aurait en effet été trop bête de gâcher en ne les récupérant pas au sein des différents rackets de la gauche de la gauche. Mais qu’on se rassure, la conception du mouvement social de Syllepse n’a même plus de quoi incendier un Palais d’Hiver, et va au mieux réclamer quelques miettes tout en pacifiant le rapport capital/travail : on retrouve pêle-mêle dans cette collection qui vient donc d’éditer Face à la police/Face à la justice de la Caisse d’auto-défense collective de Paris/Banlieue (Cadecol), des livres signés Syndicat Solidaires des finances publiques, Syndicat national des chercheurs scientifiques, Syndicat National Unifié des Impôts, Sud-Étudiant ou encore VISA (“association intersyndicale unitaire composée d’une cinquantaine de structures syndicales : la FSU et plusieurs de ses syndicats, l’Union syndicale Solidaires et plusieurs de ses syndicats, des fédérations et des syndicats de la CGT, de la CFDT, de la CNT, de l’UNEF et le Syndicat de la magistrature“).
Arrivés à ce stade, on se dit que, franchement, ce n’est pas juste un mauvais hasard ou de la naïveté, mais un véritable choix tactique qui a fait s’accoupler dans un ballet abject le livre de la caisse des autonomes franciliens avec (notamment) celui de la vice-présidente du tribunal de grande instance de Paris, grâce à un éditeur commun qui annonce clairement ses intentions : “nos livres parlent séparément mais frappent ensemble” (à la porte des institutions), parce que leurs multiples langues débouchent “vers des compréhensions communes, vers une langue partagée, vers un sens commun, vers des « tous ensemble » de la pensée et de l’action“.

III. Les moyens de leurs fins

Dans son court texte de présentation technique, Cadecol se définit comme un outil à “utiliser de manière autonome afin se donner en amont les moyens de s’organiser le plus efficacement possible contre la répression“. Si ce collectif apporte à son tour sa petite pierre pour vider à sa manière le mot autonome de la charge subversive qu’il pouvait encore contenir -comme d’autres l’ont fait avant lui-, ne peuvent pourtant rester surpris que celles et ceux qui s’étaient arrêtés au début de la phrase. Car que peut bien vouloir dire une expression aussi absolue que “le plus efficacement possible“, sinon déconnecter absolument les fameux moyens des fins ? C’est un vieux truc qui permet de tout justifier au nom d’un intérêt commun supérieur (le maximum d’efficacité supposée… et donc l’art du calcul spéculatif), laissant le champ libre à une poignée de fins dialecticiens qui viendront nous éclairer du haut de leur clairvoyance. Le Comité invisible, qui en connaît un rayon sur le sujet, avait logiquement choisi de vendre sa soupe chez un fana de Lénine. La Caisse francilienne a choisi de son côté de se donner des moyens de s’organiser en amont en s’offrant à un fana de Trotsky. Une différence qu’on ne s’explique autrement que par la composition des assemblées du dit “mouvement social” selon les périodes et le sujet du moment (la CGT des raffineries, c’est pas le NPA des réfugiés).

Quant aux autres, tous les autres, pour qui la fin ne justifiera jamais les moyens, pour qui un éditeur de centaines de conseillers du prince restera toujours un ennemi à combattre plutôt qu’un allié provisoire à utiliser ou avec lequel s’accoquiner, pour qui s’organiser de façon autonome signifie s’associer entre individus révolté-e-s dans un espace de lutte anti-autoritaire où les mots et leur sens ne sont pas mutilés…
…l’horizon de la solidarité et de l’offensive sera toujours bien plus vaste et bien plus respirable que tous les marigots du plus efficacement possible.

Sans fleurs ni couronnes,
Bagnolet, début janvier 2016

* Car si le terrorisme signifie frapper dans le tas de manière indiscriminée pour tenter de préserver ou conquérir le pouvoir, et que l’Etat n’en a pas toujours le monopole exclusif, une affiche rappelait également fort à propos il y a quelques années à quel point ce terme avait été biaisé et restreint de manière instrumentale : “Dans ce monde à l’envers, le terrorisme ce n’est pas contraindre des milliards d’êtres humains à survivre dans des conditions inacceptables, ce n’est pas empoisonner la terre. Ce n’est pas continuer une recherche scientifique et technologique qui soumet toujours plus nos vies, pénètre nos corps et modifie la nature de façon irréversible. Ce n’est pas enfermer et déporter des êtres humains parce qu’ils sont dépourvus du petit bout de papier adéquat. Ce n’est pas nous tuer et mutiler au travail pour que les patrons s’enrichissent à l’infini. Ce n’est pas même bombarder des populations entières. Tout cela, ils l’appellent économie, civilisation, démocratie, progrès, ordre public.”
(Qui sont les terroristes ?, avril 2008)
** Selon le résumé promotionnel disponible sur le site de l’éditeur. Ficher, filmer, enfermer, vers une société de surveillance ?, coordonné par Evelyne Sire-Marin, ed. Syllepse, février 2011
*** Une position toujours défendue par l’un des coordinateurs du livre de Trotsky et fondateur historique toujours en place de Syllepse, Patrick Silberstein, par ailleurs pétitionnaire multirécidiviste en compagnie d’élus de gôche, ex dirigeant de Ras l’Front et un des animateurs de la campagne.présidentielle de Bové.

[Publié sur indymedia nantes, 09/01/2016]

Valence (26), 9 janvier 2016, pour les paysan-nes de Notre Dame des Landes

Selon le communiqué reçu sur la boite mail du laboratoire, mais d’autres version circulent
Nous étions 130 personnes à se réunir ce jour à 16h30 à Valence, sur le champ de mars, pour manifester contre les expulsions à Notre Dame des Landes.
Ici comme à Nantes et ailleurs, nous sommes déterminé-es à empêcher la procédure
que Vinci a relancé contre les habitant-es historiques des terres du bocage.
Après une brève prise de parole reprenant le texte de COPAIN 44 concernant la journée de mobilisation nationale, la manifestation festive s’est dirigée vers le palais de justice au son de la batucada, avec fanfare et chorale improvisée.
Cotillons et chapeaux pointus venaient faire un pied de nez aux déplorables “résolutions”du gouvernement. Et malgré la présence insistante de la Police municipale, la joie de manifester l’a emporté sur ces intimidations et nous avons pu déambuler en plein centre ville commercial jusqu’à la nuit.
Nous nous réjouissons car, même face à cette organisation au pied levé et en plein état d’urgence, la mobilisation s’est montrée vivante, réactive, bel et bien relancée.
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paru sur indymedia. grenoble
Valence, samedi 9 janvier 2015, 17h. Nous sommes presque 150 personnes devant le kiosque du champ de Mars, avec des banderoles soutenant les occupants de Notre-Dame des Landes.

Nous décidons de partir en cortège vers le palais de Justice derrière une Batucada, escortés par les motos de la police municipale. Après quelques mètres dans les rues commerçantes ils nous barrent le passage. Mais nous prenons un autre itinéraire pour rejoindre le Palais de Justice, destination symbolique mais plutôt déserte. Nous repartons alors vers les rues commerçantes, toujours accompagnés des flics municipaux plutot nerveux. L’un d’eux coupe le cortège avec sa moto, risquant de nous écraser. Notre cortège bruyant et bariolé intrigue visiblement les badauds, nous crions quelques slogans et frappons dans nos mains.

Alors que nous sommes presque revenus à notre point de départ pour nous disperser, les municipaux attrapent un camarade, qui aurait soi-disant « poussé » ou « déstabilisé » un des motards (sans doute celui qui a failli nous écraser quelques minutes avant ??). Nous nous regroupons alors autour de la petite dizaine de flics qui l’entourent, pour exiger sa libération. Après quelques minutes de face-à-face (débats, chansons…), ils le laissent repartir et nous rejoignons ensemble le kiosque à musique.

Contents d’avoir un peu « repris la rue » à l’état d’urgence, à ses interdictions absurdes et à ses serviteurs en bleu !

Acte de révolte, bien privé ?

Une question rôde à Valence depuis le premier janvier 2016, après l’attaque contre des militaires à Fontbarlette: qui sont les terroristes?

copier coller de brèves du désordre

Certes, jusqu’au dernier millénaire, les choses étaient plus simples. Face à un acte de révolte, les uns condamnaient et prenaient publiquement leurs distances, les autres mettaient la tête dans le sable et faisaient mine de rien, et les derniers le défendaient ouvertement. On ne parle pas ici des revendications diffusées par les auteurs de ces actes. On parle de tous ceux qui exprimaient publiquement leur propre approbation, leur propre appui, leur propre solidarité avec ces actions. Prendre la défense de la révolte, lui donner toute les raisons, en exprimer toutes les passions ne devrait-il pas tenir à cœur de tout subversif ? Et prendre cette liberté de pensée et de parole ne devrait-il pas être le minimum à faire ?

Vu la difficulté d’identifier les auteurs matériels de ces actes, mais connaissant bien l’identité de ceux qui les défendaient publiquement, les enquêteurs ont commencé assez souvent à incriminer les seconds en leur imputant la paternité du fait. En se basant sur une hypothèse, naturellement, vu que la correspondance entre les premiers et les seconds ne va certes pas de soi. Peut-être oui, peut-être non, peut-être seulement pour certains, peut-être seulement dans certains cas. Mais pour un flic, qu’est-ce que voulez-vous que cela lui fasse ? Un flic ne fait pas tant de différences, et au fond, freiner l’idée est déjà quelque chose, c’est déjà un premier pas pour entraver et endiguer y compris l’action. A titre d’exemple, combien d’anarchistes ont-ils été mis sous enquête parce que coupables de rédiger des publications où on se réjouissait d’actes de révolte ou de désordre ? Il est facile de comprendre la question qui passe dans la tête d’un inquisiteur : pourquoi ceux-là défendent-ils ouvertement de tels actes ? C’est clair qu’aucune personne comme il faut ne le ferait. Un tel comportement est louche, suspect… en somme, ça doit avoir été eux, et si ce n’est pas le cas, ils n’en sont pas loin !

La mise en cause policière de cette idée, avec tous les ennuis que cela comporte, n’est probablement pas étrangère au développement depuis des années d’une habitude alors peu présente à l’époque : aujourd’hui, face à un acte de révolte, il y a encore ceux qui condamnent et se dissocient (une couardise qui n’est ailleurs plus seulement réservée aux rangs des organisations militantes les plus momifiées), et ceux qui affichent leur indifférence. Quant aux autres, beaucoup ont commencé à rendre compte de ce qu’ils considèrent comme le plus enthousiasmant en se limitant à reproduire scrupuleusement ce qui était écrit par des journalistes, précisant la provenance de la source. Le résultat est à présent que les subversifs qui prennent publiquement la défense des actes de révolte ont quasi disparu, tandis que prolifèrent ceux qui au mieux copient-collent ce qui est écrit par les agences de presse.

Tout cela a eu pour effet un nouveau renforcement de la vieille supposition policière selon laquelle une infraction à la loi ne peut être ouvertement appréciée que par ceux qui l’ont accomplie. Il suffit de penser aux journalistes, qui depuis quelques temps sont les seuls à définir « revendication » tout texte favorable à un acte de révolte. Ou bien il suffit de penser à ces petits chefs milicons* qui il y a un an nous ont publiquement indiqués comme responsables de certains sabotages contre la Grande Vitesse en tant qu’animateurs d’un site qui a toujours défendu une telle pratique. C’est en train de devenir un lieu commun : seuls ceux qui accomplissent certains actes de révolte peuvent défendre ouvertement de tels actes de révolte. Personne d’autre. Tous les autres —s’ils ne les condamnent ou ne s’en dissocient pas— doivent se taire, faire mine de rien, ne pas s’exprimer, et au mieux reporter l’info de la manière la plus ascétique possible en la reprenant de la presse du régime.

Eh bien, on vient juste de découvrir qu’à ce qu’il paraît, cette brillante logique ne rebondit pas seulement dans la désolante cervelle des flics et de leurs serviteurs, mais brasse aussi dans la petite tête de certains anarchistes. La chose — par les temps qui courent — ne nous a pas étonnés plus que cela.
Prenons-en acte. Mais pour nous, défendre un acte de révolte n’a rien à voir non seulement avec le fait de répéter mot à mot les paroles des mass médias, et même pas non plus avec le fait de plaire aux auteurs matériels de cet acte. Certainement pas, en tout cas, lorsqu’ils formulent exactement la même exigence que ceux qui voudraient qu’en dehors des condamnations, du silence et du papier-carbone existent uniquement des revendications (et même pas si cette prétention était défendue « de bonne foi », inopiné effet collatéral d’un caprice).

Voilà, il ne manquait plus que ça. Après le citoyennisme qui voudrait transformer les lueurs nocturnes collectives en bien commun, se pointe un certain nihilisme qui voudrait transformer les lueurs nocturnes individuelles en bien privé. Et sur cette question aussi, non, en effet, nous ne sommes pas d’accord. A notre avis, défendre les actes de révolte devrait être l’oeuvre de tous les compagnons, et pas seulement de ceux qui les accomplissent. Et puisqu’il est souhaitable que les compagnons singuliers n’aient pas une pensée unique et un langage unique, il est d’autant plus souhaitable que chacun défende la révolte comme mieux lui semble. Les raisons de l’acte comme ses passions n’en ressortiront en effet pas égratignées ou instrumentalisées parce que peu respectueuses des droits d’auteur, mais enrichies, amplifiées, diversifiées. Soutenir, défendre, élargir les raisons de la révolte signifie la mettre à disposition de tous, cela signifie chercher une brèche pour l’amener dans le coeur de chacun, cela signifie tenter de faire qu’elle s’étende et se généralise. Une hypothèse qui évidemment n’intéresse pas les contemplatifs de leur propre image, selon lesquels ce qu’ils font ne peut être apprécié que par eux-mêmes et par ceux qui en recopient chaque lettre. Comme si un acte de révolte était un fait privé, propriété exclusive de ceux qui sont en mesure d’en certifier la paternité.

Mais si la révolte est comme la poésie et doit être faite par tous, si la meilleure manière de défendre la liberté de pensée et de parole est de l’exercer, alors nous espérons de notre côté que soit abandonné l’insignifiant copier-coller et qu’on commence (ou revienne) à défendre ouvertement les actes de révolte en utilisant chacun son propre langage et ses propres raisons. Les défenseurs de l’ordre public iront à la chasse aux sorcières, c’est possible. Les démagogues du mouvement iront à la chasse aux provocateurs, c’est probable. Les révolutionnaires armés AOC iront à la chasse aux infidèles de la ligne, c’est vraisemblable.
Et alors ?

NdT : jeu de mots entre « militante » (militant) et « tonto » (imbécile).

[Traduit de l’italien de Finimondo, 8/1/16]

Île-de-France, Marseille, Coquelles, Toulouse : Solidarité contre l’enfermement

note du laboratoire du 10/01/:2016:  le nouveau centre pénitentiaire de valence , Après le transfert des prisonniers de la maison d’arrêt de l’avenue de chabeuil au mois de novembre et au mois de janvier des  prisonniers  longues peine dans « la maison centrale » ont commencé d’être enfermés dans ce centre pénitentiaire.Le silence de la presse locale , des organisations ,des anticarcéraux continuent d’être de mise face à cet horrible système??…..  Et même mieux la ville de Valence a laissé depuis deux mois les panneaux directionnel  vers l’ancienne  maison  d’arrêt……!! Aucun panneau indicatif vers le centre pénitentiaire même à une sortie de la Lacra ( contournement de valence) proche du centre pénitentiaire..

Région parisienne : 31 décembre 2015 – nouvel an solidaires des enfermé.es

Paris-luttes.info / lundi 4 janvier 2016

Des feux d’artifice et des cris de liberté ont été lancés le soir du réveillon par-dessus les murs du centre de rétention de Vincennes, de la maison d’arrêt de Fresnes et de la maison d’arrêt des femmes de Fleury-Mérogis.
À l’intérieur des prisonnier.es ont répondu avec enthousiasme dans un joyeux boucan.
Le lendemain, petit rassemblement et feux d’artifice devant l’hôpital psychiatrique rue du général Lassalle (paris 19e arrondissement)

Force courage et détermination
Liberté pour tou.tes, avec ou sans papiers

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Marseille – Nouvel an : à minuit devant les Baumettes

mars-info.org / mardi 5 janvier 2016

Pétards, feux d’artifice et solidarité pour les prisonnier-ère-s…
Pour cette soirée de nouvel an, on était une trentaine de personnes à minuit devant la prison des Baumettes pour lancer pétards, feux d’artifice et crier notre solidarité envers les personnes incarcérées.
Nous avons entendu nettement les filles de la MAF (Maison d’arrêt pour femmes) ainsi que les hommes des bâtiments qui donnent sur l’extérieur.

Liberté pour tou-te-s !
Détruisons toutes les prisons et cet horrible système qui les produit !

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Compte-rendu de la manif bruyante du nouvel an au centre de rétention de Coquelles [au sud-ouest de Calais]

coquellesHier après-midi, environ 80 personnes se sont rassemblées pour une manif bruyante à l’extérieur du commissariat / centre de rétention de Coquelles afin de protester contre la violence du régime des frontières. Ils ont été rejoints par une bande de flics et quelques fascistes locaux du groupe “Calaisiens en colère”, qui ne se sont pas démerdés pour rester incognito.

La manif a rassemblé un mélange de personnes – certaines reliées à ‘Calais Migrant Solidarity’, des militants antifa, des militants et bénévoles des équipes de distribution, et des personnes avec ou sans-papiers vivant à Calais – qui ont tous voulu exprimer leur solidarité avec ceux qui sont emprisonnés dans le centre de rétention et exprimer leur colère vis-à-vis de ce système qui les a enfermer.

coquelles2Rassemblée devant l’entrée du poste de police, la foule a fait une cacophonie féroce et joyeuse avec des casseroles et des instruments de musique, accompagnées d’un trombone et d’un sound system jouant des airs classiques de la “jungle”. Des banderoles ont été accrochées sur les clôtures autour de la prison, avec des slogans tels que: “Du conflit à la cage: bienvenue en Europe!”, “Liberté de mouvement pour tous!”, “Libérez le tunnel sous la Manche 3” et “No borders, No Nations, Stop Deportations”.

Le groupe s’est déplacé aux abords de la prison, puis vers l’arrière du bâtiment, là où les gens sont maintenus en rétention et a marché jusqu’aux lignes de flics qui attendaient la foule avec leurs bombonnes de gaz lacrymo en mains. La foule est restée à l’extérieur, faisant une déclaration passionnée de solidarité avec ceux internés lors de la nuit du réveillon, solidarité, qui s’est fortement faite ressentir. La fête a duré plusieurs heures jusqu’à ce que tout le monde ait décidé de partir. Des discours ont été faits, qui ont également exprimé le sentiment du rassemblement: que ce n’est pas fini tant qu’il restera quelqu’un derrière les barreaux du centre de rétention de Coquelles.

[Traduit librement par Le Chat Noir Emeutier de Calais migrant solidarity]

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Toulouse : Feux solidaires pour la nouvelle année

Dans la nuit du 31 décembre au 1° janvier, des feux d’artifice ont éclaté devant le centre de rétention administratif de Cornebarrieu ainsi que devant le centre de détention de Seysse, en solidarité avec les prisonnières et les prisonniers.

[autodérision on]
Au cours d’une nuit incandescente, des engins pyrotechniques ont pris leur envol afin d’ouvrir une brêche dans l’existant et d’égayer un court instant le triste ciel des invisibles.
[autodérision off]
Feu à toutes les prisons.
Que crève l’état.

Athènes [Grèce] entreprise Samsung , Une voiture brûlée

Le lundi 4 Janvier, à l’aube, a été mis le feu à une voiture de la compagnie Samsung qui était garée en face d’un magasin de la même société au 3 rue Septemvriou. Bien que toutes les raisons des voitures brûlent, le choix de ce cas particulier était facile, puisque Samsung est directement impliqué dans le développement de technologies de contrôle tels que des caméras avec la reconnaissance faciale ou l’identification des individus par le biais d’appels téléphoniques .
Pour la destruction de la société de la prison et de la civilisation techno-industrielle.
d’après contra info es..

[Notre-Dame-des-Landes] Grande journée de mobilisation de lutte contre l’aéroport le samedi 9 janvier

note du laboratoire; bien que nous nous sommes fermement opposé-e-s à l’entreprise technologique Face book, on relaye cet appel pour continuer à discuter

Suite aux procès ’ajournés’ du 10 décembre visant à expulser les habitant.e.s historiques, et dans un climat d’annonces d’expulsions et de reprise de travaux au début de l’année 2016, montrons à l’Etat et Vinci que nous ne nous laisserons pas faire. Le mouvement contre l’aéroport appelle à une grande journée de mobilisation le samedi 9 janvier.
« RENDEZ-VOUS SAMEDI 9 JANVIER à 16H30 sur le champ de mars à VALENCEbanderoles, cotillons et masques de carnaval seront stratégiquement les bienvenus pour fêter l’abandon du projet !

Faites tourner dans vos réseaux valentinois, romanais, etc… »
reçu par mail:

Nous sommes un groupe d’occupant-e-s de la ZAD qui participe
aux assemblées d’organisation du 9 janvier. Ce texte a l’ambition
d’énoncer, depuis notre position dans le mouvement, quelle dynamique
on souhaite pour ce moment. Il s’agit à la fois de diffuser le
consensus d’action élaboré dans les assemblées, et de partager des
réflexions pour contribuer à se tenir ensemble ce jour là.

Le procès du 13 janvier est une attaque sans précédent contre
les habitants et paysans résistants de la ZAD. Une attaque du même
ordre que celle de l’automne 2012, même si elle ne prend pas cette
fois ci la forme d’une intervention policière, du moins pour
l’instant. AGO-VINCI veut à tout prix acculer les habitant-e-s au
départ, en les menaçant d’expulsion sans délai, de saisie de leur bien
et de leur cheptel et en réclamant qu’ils soient condamnés à des
amendes journalières exorbitantes.

Le 9 janvier, nous voulons arracher l’abandon des procédures
d’expulsions et d’expropriations à l’encontre des habitant-e-s dits
historiques de la ZAD. Nous voulons reprendre l’initiative et
l’offensive, face aux attaques répétées de ces derniers mois contre le
mouvement : relance des procédures contre les habitant-e-s, nouveaux
appels d’offres pour les travaux, campagne médiatique contre la ZAD…
Le 9 Janvier est donc un jour décisif. Pourtant, nous ne l’envisageons
pas comme un coup d’éclat sans lendemain mais plutôt comme le début
d’une montée en puissance afin d’arracher l’abandon du projet dans les
deux années qui viennent.

Pour la journée du 9 janvier, l’assemblée du mouvement a
imaginé une forme spécifique qui n’a pas vocation à devenir une ligne
figée. Le mouvement pourra en utiliser d’autres, que ce soit en cas
d’attaque sur la zone ou de futures mobilisations. Ce 9 janvier,
plusieurs convois de vélos et de tracteurs convergeront des 4 points
de la région pour faire un grand banquet au pied du pont de Cheviré,
ils seront rejoints par un manif piétonne au départ de Neustrie. Si
les autorités cherchent à nous en empêcher, nous trouverons ensemble
le moyen de nous déployer sur les axes de circulation de diverses
autres manières, en divers points. Cette forme, est un pari audacieux.
L’action conjointe, ce jour là, de différents convois, avec les
paysans solidaires et les comités locaux, préfigurera le blocage
décentralisé de la région en cas d’expulsion de la ZAD ou de démarrage
des travaux. Ce 9 janvier est organisé dans la plus grande urgence,
mais nous en ferons néanmoins une démonstration de force.

Dans ce contexte de menace renforcées, le blocage est – avec
l’occupation – l’une des pratiques à même de dépasser les désaccords
qui traversent régulièrement le mouvement autour des formes et
objectifs des manifestations de rue. Tiraillé par ces divergences
stratégiques, celui-ci a eu trop tendance à se replier sur ce qui se
construit à l’intérieur de la ZAD. Ce qui s’y joue est passionnant et
crucial pour l’avenir mais insuffisant pour obtenir en soit l’abandon
du projet. Ces derniers mois, la volonté de mener de nouveau des
actions unitaires à l’extérieur de la zone, facilitée par
l’acharnement de Manuel Valls contre la ZAD et ses habitants, a permis
à la lutte de reprendre progressivement du poil de la bête et de
sortir de l’attente d’une intervention. Se sont succédés un
rassemblement à Angers contre les naturalistes collabos du GECCO, un
blocage de l’usine Nobelsport de Pont de Buis avec les comités de
soutien du Finistère, un convoi « CAP sur la COP » qui a bravé l’état
d’urgence jusqu’aux portes du palais de Versailles. Alors que l’État
cherche à resserrer l’étau, il est vital d’amplifier cette dynamique.

Nous invitons donc, ce 9 janvier, toutes celles et ceux qui
veulent renforcer cette lutte à faire preuve d’une attention
particulière aux différentes composantes du mouvement : aux
habitant-e-s concerné-es par ces procédures qui portent avec nous
cette action mais dont la plupart ne souhaitent pas que ça tourne à
l’émeute ; aux paysan-nes qui mettent leur outil de travail en jeu sur
le periph ; mais encore à toutes celles et ceux qui seront à nos côtés
ce jour là.

Avoir une attention particulière à se tenir ensemble, dans
notre diversité, c’est par exemple ne pas chercher à déclencher un
affrontement direct avec la police, ce qui serait absolument
anti-stratégique ce jour là. Mais c’est aussi savoir faire bloc en cas
de charge pour éviter les arrestations. C’est ne pas chasser les
journalistes dont la présence est perçue comme nécessaire par nombre
d’entre nous dans ce contexte. Mais c’est aussi ne pas harceler les
personnes qui se masquent parce qu’elles ne veulent pas être prises en
photos par la police. C’est être en capacité de dialoguer tout en
gardant en tête les objectifs communs de la journée : que ce soit face
à un automobiliste exaspéré, face à un citoyen qui entreprend de
démontrer en quoi peindre un slogan sur la route serait une « action
violente », ou face à quelqu’un qui se laisserait emporter par la
colère qu’attisent les provocations policières. Le succès de cette
action repose sur notre capacité à faire qu’au fil de la journée les
diverses initiatives soient comprises et portées ensemble.

Ce qui fait notre force c’est de nous être mis d’accord en
assemblée du mouvement sur l’objectif du 9 janvier et sur l’ambiance
que nous y voulons. Ce jour-là, ce n’est qu’en faisant preuve d’une
intelligence collective transversale aux différentes sensibilités qui
font cette lutte, que nous parviendrons à constituer une puissance à
même de faire plier le gouvernement.

Des occupant-e-s de la ZAD

Nous reprenons l’attaque contre les technosciences Semaine de mobilisation contre les bionanotechnologies

traduit à partir d’un texte d’informa azione

Voici quelques’uns des points de vue formulés lors de la rencontre du 29 novembre à radio blackout
Pour preparer le procès qui s’ouvrira à Turin le 13 janvier contre Billy Silvia et Costa. Etaient presents des compagnons et des compagnonnes de Turin, Milan et Padoue, principalement.

Même dans les contextes radicaux et de leur opposition au système, on perçoit un défaut dans la critique qui ne va pas au fond des choses, qui sache mettre en evidence les interconnexions et comprendre l’urgence de s’opposer aux nouveaux totalitarisme crée par la technoscience.

Il ne faudrait pas focaliser notre attention sur le seul côté répressif, mais en partant de lui transmettre le sens et le contenu de ce qu’il fait pour le transformer en une nouvelle possibilité de critique et de lutte.

On a rappelé que celui qui présente un travail sur la solidarité aux compagnons et aux compagnonnes n’est pas pour autant un spécialiste de la solidarité, mais il présente d’autres parcours.

Comment se poser le problème de la manière de communiquer à propos de questions difficiles et d’interconnexion, hors de contextes restreints ou de mouvements. Certainement en sortant de la logique du pouvoir et de son approche techniciste. Sans être à notre tour technicien ou se conduire en expert, Il n’est pas nécessaire d’adopter une approche techniciste pour transmettre nos raisons , c’est à dire un refus total des nuisances non seulement pour des raisons environnementales , mais parce qu’elles sont l’expression meme de la domination.

On s’est aussi posé la question de la communication avec des personnes ou dans des situations déjà sensibles, même s’il n’y a pas encore de critique radicale. En mettant en avant nos références et nos objectifs. L’objectif devrait être de développer une opposition à cette société bâtie sur l’exploitation et donc, pour les uns les références sont des situations déjà sensibles, pour les autres il ne faut jamais rompre le dialogue avec tout le monde. 

Les paroles sont importantes, et nous devrions nous entendre sur leur sens : si elles travaillent à la construction d’une nouvelle théorie ou à la congestion des nuisances avec les exploiteurs, ou au contraire si ells poussent à une radicalistation de la critique et nous préparent au prochain conflit.

Les OGM pourraient être un bon début en liaison soit avec des personnes, soit avec des groupes environnementaux, des gens engagés dans l’agriculture… qui s’en occupent déjà . Ce sera à nous ensuite à ne pas nous limiter aux modification génétiques pour l’alimentation, il nous faudra transmettre une opposition à toute l’ingénérie génétique et la relier avec la critique des autres technosciences.

Notre argumentation ne se fondera certainement pas sur la démonstration que les OGM ou les nanoparticules sont nuisibles à la santé , comme la vivisection, abstraction faite de l’utilité ou des dangers pour la santé, elle sera une critique à la racine et au problème en soi. Cette nuisance est une nuisance systémique à cause de son irréversibilité , de ses mutations, et de sa globalité.

Livres et texte s d’analyse sont important , malheureusement nous nous trouvons dans une période dans laquelle peu de gens lisent et approfondissent les problèmes

Des moments de confrontation et de discussion comme cette réunion sont très important..

Le nanomonde est déjà là , réfléchir à des scénarios futuristes nous fait oublier celui qui se realise sous nos yeux déjà depuis longtemps.

Nano technologie et biotechnologie font partie d’une vision et d’une sensibilité écologiste radicale plus large pour celui qui veut se battre contre ce système.

La recherche génétique a plusieurs visages : s’en prendre à la recherche génétique dans un contexte médical peut être intéressant pour faire comprendre qu’elle n’a pas d’application positive et parce que précisément à travers la santé un contexte d’acceptation se crée.

Des événements comme le nano bioforum pourraient être des occasions importantes pour organiser des initiatives de protestation.

A partir de ces réflexions et d’autres, est née l’idée de construire une semaine de mobilisation contre les bionanotechnologies et les sciences associées dans leur ensemble, semaine à lier à une prochaine audience du procès Billy Silvia et Costa et où chaque composante pourra organiser des initiatives sur son territoire
Pour en reparler ensemble et commencer à la structure, la prochaine rencontre sera :

samedi 9 janvier
à 10 heure
El Paso via Passo Buole , 47
Turin

A tous les homophobes citant la Bible …

De nombreux livres de la collection: Ni patrie ni frontières peuvent être empruntés à la bibliothèque du laboratoire anarchiste ainsi on a lu sur mondialisme.orget écrit par aussi par yves ici

Texte très drôle et en même temps très…. sérieux trouvé sur https://brouillonsdeculture.wordpress.com/2011/08/07/a-tous-les-homophobes-citant-la-bible/

Suite à la lettre d’un lecteur qui se demandait quelle pouvait bien être la religion de cette animatrice et si elle avait vraiment existé, j’ai essayé de vérifier s’il ne s’agissait pas d’un « hoax », d’un bobard marrant mais aussi fictif que l’épisode de la série  » West Wing » qui l’a inspiré. Il semble que cette animatrice de radio était une docteure en psychologie et conseillère conjugale sans compétences particulières en matière théologique. Après avoir été prise pour cible par cet article qui a beaucoup circulé aux Etats-Unis et ailleurs, mais aussi dans la série américaine, Laura Schlessinger présenta des excuses partielles aux homosexuels et aux lesbiennes quelques mois plus tard pour avoir « mal choisi ses mots » en expliquant que les gays étaient une « erreur de la nature ». Cf. l’article en anglais ci-dessous.
http://www.snopes.com/politics/religion/drlaura.asp

Y.C., 28/12/2015

Lors d’une de ses émissions, une célèbre animatrice radio états-unienne fit remarquer que l’homosexualité est une perversion. « C’est ce que dit la Bible dans le livre du Lévitique, chapitre 18, verset 22 : « Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme : ce serait une abomination ». La Bible le dit. Un point c’est tout », affirma-t-elle.

Quelques jours plus tard, un auditeur lui adressa une lettre ouverte qui disait :

« Merci de mettre autant de ferveur à éduquer les gens à la Loi de Dieu. J’apprends beaucoup à l’écoute de votre programme et j’essaie d’en faire profiter tout le monde. Mais j’aurais besoin de conseils quant à d’autres lois bibliques.

Par exemple, je souhaiterais vendre ma fille comme servante, tel que c’est indiqué dans le livre de l’Exode, chapitre 21, verset 7. A votre avis, quel serait le meilleur prix ?

Le Lévitique aussi, chapitre 25, verset 44, enseigne que je peux posséder des esclaves, hommes ou femmes, à condition qu’ils soient achetés dans des nations voisines. Un ami affirme que ceci est applicable aux mexicains, mais pas aux canadiens. Pourriez-vous m’éclairer sur ce point ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas posséder des esclaves canadiens ?

J’ai un voisin qui tient à travailler le samedi. L’Exode, chapitre 35, verset 2, dit clairement qu’il doit être condamné à mort. Je suis obligé de le tuer moi-même ? Pourriez-vous me soulager de cette question gênante d’une quelconque manière ?

Autre chose : le Lévitique, chapitre 21, verset 18, dit qu’on ne peut pas s’approcher de l’autel de Dieu si on a des problèmes de vue. J’ai besoin de lunettes pour lire. Mon acuité visuelle doit-elle être de 100% ? Serait-il possible de revoir cette exigence à la baisse ?

Un de mes amis pense que même si c’est abominable de manger des fruits de mer (Lévitique 11:10), l’homosexualité est encore plus abominable. Je ne suis pas d’accord. Pouvez-vous régler notre différend ?

La plupart de mes amis de sexe masculin se font couper les cheveux, y compris autour des tempes, alors que c’est expressément interdit par Le Lévitique (19:27). Comment doivent-ils mourir ?

Je sais que l’on ne me permet aucun contact avec une femme tant qu’elle est dans sa période de règles (Levitique. 15:19-24). Le problème est : comment le dire ? J’ai essayé de demander, mais la plupart des femmes s’en offusquent…

Quand je brûle un taureau sur l’autel du sacrifice, je sais que l’odeur qui se dégage est apaisante pour le Seigneur (Levitique. 1:9). Le problème, c’est mes voisins : ils trouvent que cette odeur n’est pas apaisante pour eux. Dois-je les châtier en les frappant ?

Un dernier conseil. Mon oncle ne respecte pas ce que dit le Lévitique, chapitre 19, verset 19, en plantant deux types de culture différents dans le même champ, de même que sa femme qui porte des vêtements faits de différents tissus, coton et polyester. De plus, il passe ses journées à médire et à blasphémer. Est-il nécessaire d’aller jusqu’au bout de la procédure embarrassante de réunir tous les habitants du village pour lapider mon oncle et ma tante, comme le prescrit le Lévitique, chapitre 24, versets 10 à 16 ? On ne pourrait pas plutôt les brûler vifs au cours d’une simple réunion familiale privée, comme ça se fait avec ceux qui dorment avec des parents proches, tel qu’il est indiqué dans le livre sacré, chapitre 20, verset 14 ?

Je sais que vous avez étudié à fond tous ces cas, aussi ai-je confiance en votre aide.

Merci encore de nous rappeler que la loi de Dieu est éternelle et inaltérable.

Votre disciple dévoué et fan admiratif. »