note:on cete adresse a été publié sur le blog du laboratoire et on peut trouver une [Chronologie établie à partir de la presse italienne,
et de Terra Selvaggia n°12, mars 2003] ici et aussi cette information le procés de Billy, Costa et Silvia continue à Turin après l’audience du 13 janvier,une semaine d’action contre les technosciences et les nanobiotechnologie et les neurosciences est prévu dans toute l’italie du 22 au 28 février.. La prochaine audience du procès sera le 2 Mars
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Marco Camenisch emprisonné en Italie et en Suisse depuis 1991 et dont la peine devrait se terminer au plus tard en 2018 a été transféré dans une « prison ouverte » (où des congés pénitentiaires peuvent être octroyés).
Qui veut penser a un cerveau, qui veut comprendre, comprend le langage de l’humanité et de la vie. Les cadavres vivants comprennent uniquement la langue de l’argent, de la richesse, du pouvoir, de la loi. À ceux-là, je ne peux que dire : en considérant que vous n’écoutez que les canons, que vous ne comprenez pas d’autres langues, nous avons décidé qu’il faut tourner les canons contre vous.
Marco, après une expérience de vie à l’alpage, développe la conscience de l’impossibilité de vivre l’illusion de l’ “île paradisiaque” : sa place est dans les luttes qui, dans les années ’70, enflammèrent l’Europe. La conviction que combattre les projets de dévastation de l’industrie nucléaire et hydroélectrique soit un engagement de lutte incontournable mûrit en lui. En novembre 1979, un pylône à haute tension de la NOK est endommagé à l’explosif, en décembre de la même année, les transformateurs de la centrale hydroélectrique Sarelli subissent le même sort. Les autorités grisonnes mettent une récompense de 10’000 francs suisses sur la tête des personnes ayant perpétré les attentats. A cause d’un délateur, en janvier 1980, Marco Camenisch et René Moser sont arrêtés, et en un mois, ils sont les deux condamnés pour les sabotages à respectivement 10 et 7 ans de prison ferme.
Le rêve de chaque détenu est celui de sortir de prison : il y a ceux qui attendent la fin de la peine et ceux qui, par contre, décident de sauter le mur d’enceinte. Après les premiers jours d’enfermement passés à l’isolement, Marco essaie par deux fois de reconquérir la liberté : en comptant sur la facilité plus grande de fuir des secteurs hospitaliers, une première fois, il simule une crise nerveuse, et la deuxième fois, il s’automutile. Les deux tentatives échouent à cause de la surveillance particulière qui lui est appliquée. Deux années plus tard, le 17 décembre 1981, il réussit à s’évader de la prison
de Regensdorf avec cinq autres détenus. Un coup de spray aveuglant à la face d’un garde, un pied pour tenir la porte ouverte en attendant ses compagnons, un échelle appuyée sur le mur de l’enceinte, et c’est parti pour la liberté… C’est le début d’une longue période de clandestinité, entre nuits sous les étoiles, sentiers de lutte et nouveaux liens qui se tissent…
Après dix années de cavale, la liberté de Marco a été interrompue par un banal contrôle des carabiniers dans une localité aux alentours de Massa (Toscane). A la demande de ses papiers, Marco extrait un semi-automatique ; dans la fusillade qui suit, touché aux deux jambes, il est contraint de se rendre. Un carabinier est blessé. Martino, c’est comme ça que Marco se fait appeler en Italie, est arrêté avec un compagnon qui était avec lui cet après-midi là. L’identité de Marco reste inconnue pendant plusieurs jours. Dans la tentative de l’identifier, des interrogatoires brutaux ont lieu afin d’extorquer par la force cette information. Pendant l’été 1992, le procès se déroule au tribunal de Massa : à Marco sont imputés d’une part la blessure au carabinier et d’autre part divers sabotages sur des pylônes à haute tension ayant eu lieu en Toscane, avant et après son arrestation… La condamnation à 12 années est « exemplaire » : un signal des autorités face à la multiplication des sabotages contre des usines nocives en elles-mêmes ainsi que pour le modèle de vie qu’elles alimentent.
Pendant ses près de douze années de réclusion en Italie, Marco a connu différentes prisons et secteurs spéciaux comme ceux de Novara et Biella aménagés spécifiquement dans une démarche de casser l’activité et la résistance des prisonniers politiques révolutionnaires. Les transferts fréquents sont une des méthodes utilisées par la répression pour épuiser les prisonniers et entraver les rapports avec la famille et les personnes solidaires. Les années de privations, les quartiers de haute sécurité, les tortures n’ont pour autant pas étouffé son esprit rebelle et de lutte. Cela n’a pas non plus coupé ce lien qui unit – dans la tension pour la liberté – les insoumis d’un côté et de l’autre des barreaux et des murs des prisons. Au contraire, depuis l’intérieur de la prison, Marco a toujours été un stimulant très important pour le développement des luttes radicales contre les injustices et les venins de cette société.
Depuis dehors, au cours des années, les actions de solidarité, faites de rassemblement et de sabotages, tractages et incendies, ont été innombrables.
Chronologie
21 JANVIER 1952
Marco Camenisch naît en Suisse à Sichers, un village des Alpes rhétiques situé
dans le canton des Grisons.
13 NOVEMBRE 1979
Un pylône de haute tension de l’entreprise NOK est saboté par Marco Camenisch et René Moser.
25 DÉCEMBRE 1979
Marco et René s’en prennent à la centrale hydroélectrique Sarelli, en détruisant un pylône en ciment et les transformateurs.
8 JANVIER 1980
Marco et René sont arrêtés dans le canton de St-Gall.
30 JANVIER 1981.
Le tribunal de Coire condamne René à sept ans et demi et Marco à dix.
17 DÉCEMBRE 1981
Évasion rocambolesque de la prison de Regensdorf dans la région de Zurich. Marco escalade le mur avec un groupe de détenus du milieu criminel de Bergamo. Un échange de coups de feu a lieu entre un prisonnier en fugue et les matons. Un maton meurt et un autre est blessé. Bien que Marco n’est pas armé, il est reconnu responsable du meurtre. Commence alors la longue cavale sous la marque de danger public.
3 DÉCEMBRE 1989
A Brusio, dans la vallée Poschiavo (GR), Marco, suite à une visite discrète sur la tombe de son père, mort deux mois auparavant, est contraint à une fugue précipitée en Italie.
Durant la matinée, Kurt Moser, un garde frontière suisse, est tué à coups de pistolets. Les gendarmes distribuent aux habitants de la zone des photos de Marco signalement et intimident sa mère et son frère.
5 NOVEMBRE 1991
Après dix ans de liberté, la course de Marco se termine. Lors d’un banal
contrôle d’identité dans la commune de Montignoso (Toscane), au pied des Alpes apuanes, la patrouille de carabiniers est sommée de s’arrêter sous la menace d’un revolver dégainé pour assurer sa fugue. La réaction d’un des deux militaires déclenche toutefois une fusillade qui se conclu avec une blessure au bras d’un carabinier et aux jambes de Marco qui est alors arrêté.
12 JUIN 1992
Solidaires à Marco, de nombreux-euses compagnons se rassemblent au tribunal de
Massa (Toscane) à l’occasion du procès. Dans les mois qui suivent, en Toscane, le nombre de pylônes et de systèmes de communication abattus augmentent vertigineusement. La solidarité envers Marco est constante dans les revendications qui accompagnent les actes de sabotage. En octobre, accusés de certains de ces attentats, 6 anars sont arrêtés et successivement relâchés.
FÉVRIER 1993
Marco fait une grève de la faim dans la prison de San Vittore (Milan).
AVRIL 1993
Il entame encore 40 jours de grève de la faim pour obtenir son transfert dans une
autre prison.
OCTOBRE 1993
Grève du plateau et du travail conduite collectivement par les détenus de la zone
spéciale de Novara (Piémont).
26 NOVEMBRE 1993
Sentence de la Cour d’Appel de Gênes : les 12 ans de condamnation sont confirmés pour délits à l’explosif, lésions simples, recel et falsification de documents.
JANVIER 1996
Prison de Novara : 18 jours de grève de la faim pour protester contre les
conditions d’enfermement.
17 SEPTEMBRE 1996
Les carabiniers du ROS [Regroupement opératif spécial, ce sont les flics politiques de l’armée] notifient à Marco, à la prison de Novara, un ordre de mesures de précaution pour l’enquête contre le mouvement anarchiste amenée par le procureur Marini. Pendant le procès il sera acquitté.
25 JUILLET 1999
Manifestation de solidarité à Novara devant la prison.
25 JUIN 2001
Environ 150 compagnons participent à un rassemblement solidaire devant la prison
de Biella.
18 AVRIL 2002
Extradition : Marco est transféré de la prison de Côme (Lombardie) à celle de Pfäffikon, près de Zurich, où il lui est imposé l’isolement total sans parloir.
1 JUIN 2002
Rassemblement solidaire devant la prison de Pfäffikon.
AOÛT 2002
Manifestations de solidarité pour Marco en Suède et en Belgique.
13 SEPTEMBRE 2002
Journée de mobilisation internationale avec des rassemblements solidaires.
En Italie, Suisse et dans d’autres pays : nombreuses initiatives d’agitation et de sabotage en soutien à Marco. Des actions et des manifestations en tous genres se déroulent aussi pendant les semaines précédentes et les suivantes.
DÉCEMBRE 2002
La revendication de l’envoi d’un colis avec des projectiles à l’ambassadeur
suisse à Rome est transmise à la presse anarchiste. L’action réclame la liberté pour Marco et revendique, dans le même document, l’incendie d’un magasin Benetton à Rome en solidarité avec le peuple Mapuche.
12 DÉCEMBRE 2002
Marco est transferé à la sombre prison-forteresse de Thorberg. L’intention d’anéantissement de la part des autorités helvétiques est claire. Marco entreprend une longue grève de la faim contre les insoutenables conditions d’enfermement.
16 DÉCEMBRE 2002
Manifestation de solidarité devant la prison de Thorberg (Canton de Berne).
JANVIER 2003
Les autorités desserrent l’étau, d’un côté par crainte que Marco puisse mener jusqu’au bout sa grève de la faim, de l’autre à cause des nombreuses actions de solidarité dans tout le monde qui brisent le silence de l’isolement. Actions qui culminent avec l’incendie de la télécabine à l’Abetone. Marco est transféré à Pfäffikon.
4 FÉVRIER 2003
Transfert à Coire. Après plus de vingts ans, Marco retourne dans les Alpes
rhétiques, prisonnier dans ces montagnes qui ont vu naître et grandir sa vie rebelle.
9 FÉVRIER 2003
Rassemblement devant la prison de Coire.
FÉVRIER 2003
Les attaques incendiaires en solidarité à Marco continuent dans plusieurs localités
italiennes.
24 SEPTEMBRE 2003
Opération « Black Out » du Parquet de Gênes et des ROS de Florence et de Livorno : 50 perquisitions et 12 avis d’ouverture d’enquête pour association de malfaiteurs. Marco est parmi les personnes sous enquêtes et sa cellule est fouillée grâce à une commission rogatoire internationale. Il sera finalement acquitté tout comme les autres prévenus.
29 OCTOBRE 2003
Marco est transféré à la prison de Kloten, près de l’aéroport international de Zurich.
2 NOVEMBRE 2003
Rassemblement devant la prison de Kloten.
NOVEMBRE 2003
Paris, Istanbul, Bruxelles : encore des initiatives d’agitation en solidarité avec Marco et les prisonniers en lutte.
AVRIL 2004
Prison de Kloten : grève de la faim en vue du début du procès.
8 MAI 2004
Cortège international non autorisé dans les rues de Zurich. Beaucoup d’interpellations
et quelques arrestations pour résistance.
10 MAI 2004
L’Etat suisse présente l’addition : le procès contre Marco débute à Zurich. L’accusation la plus grave est celle du meurtre du garde-frontière Kurt Moser. Après quelques jours la cour sanctionne Marco à une condamnation à dix-sept ans.
10 MAI 2004
Pendant le procès de Marco, la présence bruyante de compagnons solidaires
provoque l’évacuation forcée de la salle. Bagarres.
25 MAI 2004
À Zurich, la tour principale de la télévision SF DRS est incendiée. Les transmissions
restent interrompues pendant quelques heures et les journaux locaux relatent que l’action est en soutien à Marco, en procès les mêmes jours à Zurich.
En Italie aussi, les jours du procès sont marqués par quelques attaques incendiaires.
11 JUIN 2004
Une nouvelle boucle se boucle pour Marco, à savoir le retour à Regensdorf, la
prison de la grande fugue.
ÉTÉ 2004
Inlande, Zurich et encore Italie : sabotages contre les nuisances et la répression en solidarité avec Marco.
11 JANVIER 2005
Des maisons secrètes dans la campagne où s’entraînent les forces de l’ordre sont brûlées. Il s’agit des lieux d’entraînements des flics engagés contre les mobilisations à Davos, pendant la manifestation pour Marco réprimée durement en mai 2004 ainsi que pour les cortèges du premier mai.
22 MAI 2005
Manifestation internationale devant la prison de Regensdorf.
JUILLET 2006
14 jours de grève de la faim à Regensdorf en solidarité avec les compagnons turcs
touchés par la répression. La mobilisation en soutien à la grève de la faim s’exprimera dans plusieurs localités suisses avec des dégâts et de la peinture contre des cibles financières et institutionnelles suisses et turques. Ces actions continuèrent plusieurs mois et, en octobre, le même sort touchera aussi le consulat suisse de Salonique en Grèce.
JANVIER 2007
Actions à Berne et à Zurich encore en soutien à la grève de la faim de Marco et
d’Erdogan (un prisonnier turc dans les prisons suisses qui risque l’extradition) et contre le Forum Économique Mondial (WEF) de Davos.
12 MARS 2007
Le commando « Marco libre » revendique l’attaque à la BKW Énergie à Berne.
13 MARS 2007
La Cour d’appel du tribunal de Zurich réduit la peine de Marco de dix-sept à huit
ans. La requête du procureur d’une expertise psychiatrique dans la volonté persecutive d’obtenir. l’internement à vie de Marco est réjétée.
19 SEPTEMBRE 2007
Radio Lora à Zurich est occupée en solidarité à Marco qui est en grève de
la faim.
DÉCEMBRE 2007
Prison de Regensdorf : grève de la faim symbolique de 3 jours en soutien aux
prisonniers turcs.
FÉVRIER 2008
Marco participe à la grève de la faim internationale en soutien aux prisonniers
mapuche et turcs.
AOÛT 2008
Toujours à Regensdorf, une semaine de grève de la faim en soutien aux prisonniers
allemands. Depuis le Canada la grève est saluée avec l’incendie de deux véhicules de la police.
SEPTEMBRE 2008
La multinationale MAN, fournisseur de véhicules militaires à différentes
armées, est enflammée à Regensdorf. L’action est en solidarité à Marco et à d’autres prisonniers révolutionnaires en Allemagne et en Italie.
DÉCEMBRE 2008
Encore 21 jours de grève de la faim dans la prison de Regensdorf.
AUTOMNE 2009
Mobilisation anarchiste internationale en solidarité à plusieurs prisonniers
politiques : Marco contribue avec deux semaines de grève de la faim. De nombreuses attaques indiciaires et à l’explosif au Mexique et au Chili lui sont dédiées ainsi qu’à d’autres révolutionnaires prisonniers.
10 MARS 2010
Neuquen (Argentine), attaque à l’explosif contre le bureau d’une organisation
privée pour l’exploitation du gaz et du pétrole. Action revendiquée par la Cellule Armée pour la Défense de la Patchamama « Marco Camenisch ». Pendant le printemps, les sabotages en solidarité à Marco continuent aussi au Mexique et au Chili.
23 JUIN 2010
Suisse : sabotage d’un champ OGM en solidarité à Marco, Costa, Silvia et Billy.
SEPTEMBRE 2010
Grève de la faim collective de Silvia, Costa, Billy et Marco.
18-19 SEPTEMBRE 2010
Journée d’action internationale en solidarité à Marco.
24 SEPTEMBRE 2010
Manifestation devant la prison de Berne en solidarité avec Costa, Silvia, Billy et Marco.
28 SEPTEMBRE 2010
Madrid : sabotages en solidarité avec les compagnons anarchistes détenus au Chili et en Suisse.
4 OCTOBRE 2010
Rome, action contre l’Ambassade suisse en solidarité avec Costa, Billy, Silvia et Marco.
10 OCTOBRE 2010
Transfert de Marco à la prison de Bochuz (Orbe).
6 NOVEMBRE 2010
Manifestation anti-carcérale à Bochuz où Marco a été transféré.
DÉCEMBRE 2010
Sabotages dans différentes villes italiennes en solidarité avec Marco, Billy, Costa, Silvia, et des autres prisonniers. À Lisbonne (Portugal) l’entrée de l’Ambassade suisse est
scellée.
FÉVRIER 2011
Attaques dans plusieurs villes italiennes contre les intérêts du colosse énergétique. Dans les revendications les pensées vont souvent aux anars prisonniers en Suisse et à d’autres prisonniers.
AVRIL 2011
Madrid (Espagne) : dégâts matériels et attaque incendiaire contre les nuisances et en solidarité avec les prisonniers anars.
MAI 2011
Grève de la faim en relais (7 jours chacun) de Marco, Costa, Billy et Silvia.
MAI 2011
Encore à Madrid et en Italie, actions en solidarité avec les prisonniers en grève de la
faim dans les taules suisses.
AOÛT-NOVEMBRE 2011
Sabotages et incendies en solidarité avec les compagnons dans les prisons suisses, au détriment des véhicules de certaines grandes entreprises de l’énergie et du ciment en Italie et à Madrid.
JANVIER 2012
10 jours de grève de la faim de Marco comme contribution sociale aux protestations contre le Forum Économique Mondial de Davos.
FÉVRIER 2012
Deux antennes de téléphonie mobile sont brûlées au sud de Moscou. Dans la révendication l’action est dédiée à Marco et à d’autres prisonniers anars.
MAI 2012
Grève de la faim collective de 5 jours en soutien aux mobilisations pour le premier mai.
13 JUIN 2012
Italie : représailles des carabiniers contre les anars. Avec l’accusation d’être en lien avec la Fédération Anarchiste Informelle – Front Révolutionnaire International, 8 compagnons en Italie sont arrêtés. L’ordre de garde à vue concerne aussi Marco et Gabriel Pombo Da Silva (anar prisonnier en Allemagne).
2012 – à aujourd’hui
De nombreuses actions de solidarités ont eu lieu et ont toujours lieu, un peu partout, un peu tout le temps.
Nous sommes encore nombreux aux côtés de Marco Camenisch, comme nous l’avons été pendant toutes ces années d’emprisonnement, de lutte et de solidarité. Car choisir de quel côté on est, veut aussi dire, nécessairement, ne pas abandonner nos propres compagnons. Dans le contexte des luttes, cet engagement se traduit aussi dans le fait de ne pas oublier ceux qui, en luttant, finissent enchaînés.
Dans son parcours caractérisé par une cohérence constante entre les idées et la vie vécue, Marco a été parmi les premiers à reconnaître l’ennemi, non seulement dans l’Etat et ses émanations, mais aussi dans les projets du progrès. Ce dernier est affiché comme une libération, mais il est en réalité porteur de nouvelles formes d’esclavage, du productivisme qui consume les êtres vivants et les territoires, de la technologie. Les tentacules mortifères du progrès enferment les consciences et la planète entière. Marco a su identifier et combattre tout cela dans l’optique d’une transformation concrète et radicale de l’existant. Le fait de ne pas se plier à survivre passivement à la prison, d’être présent dans les luttes, et ses nombreuses suggestions que le mouvement révolutionnaire international a faites siennes, c’est cela, la vie de Marco. Et cela fait aussi partie de la notre et de celle de tous ceux qui sentent l’appel de la rébellion et de la liberté.
Libération anticipée
Jusqu’à il y a une dizaine d’années, la procédure pénitentiaire suisse prévoyait la possibilité pour le détenu de sortir une fois les deux tiers de la peine effectuée. L’octroi de cette réduction était presqueautomatique, tant qu’il n’y avait pas de signalement de « mauvaise conduite » du détenu de la part des autorités pénitentiaires.
Progressivement, l’application de cette libération anticipée est devenue de plus en plus restrictive, spécialement suite à l’introduction d’une commission spécifique qui évalue si le détenu a été suffisamment « rééduqué ». Les critères décisionnels ne se basent pas exclusivement sur l’absence d’infractions au règlement carcéral, mais vont jusqu’au point de mettre en examen l’individu, aussi dans sa sphère plus intime, en lui imposant par exemple une expertise psychiatrique.
Naturellement, dans le cas de Marco, le « repentir » comprend la renonciation à son identité politique de révolutionnaire prisonnier.
La fin de la peine est prévue pour mai 2018, la libération anticipée aurait donc été possible en mai 2012.
En janvier 2012, l’annonce du rejet de sa demande est tombée.
Voici sa nouvelle adresse pour lui écrire :
Marco Camenisch
PF 1
CH – 9466 Sennwald
(Switzerland)
P.-S.
À qui ne me connaît pas directement, un petit avertissement à prendre avec un sourire bienveillant mais aussi au sérieux : ne vous faites pas ensorceler par ce que je représente comme figure. J’ai aussi essayé, à ma propre mesure, d’aller jusqu’au bout en me mettant en jeux. Chose que, pourtant, on ne devrait pas considérer comme exceptionnelle, mais comme une normalité si on se mesure de manière terre à terre à ce qu’on sait, veut, devons être.
Marco Camenisch
prison de Lenzburg, 10 avril 2012