Archives mensuelles : septembre 2015

Allemagne [ Rhénanie-Palatinat]Jus est toujours emprisonné pour l’occupation de la Forêt d’Hambach

La forêt se met en marche…

« Depuis le 14 avril 2012 des activistes occupent à nouveau une partie de la forêt de Hambach. Située à mi-chemin entre Aix-la-Chapelle et Cologne, cette forêt, qui faisait à l’origine 5500 hectares, a été en grande partie détruite par l’extension de la mine de charbon (lignite) à ciel ouvert Hambach I. Si rien n’est fait pour stopper les plans de RWE [conglomérat producteur et distributeur d’énergie], les 1000 hectares restants seront à leur tour engloutis par la mine.
RWE déploie tous ses efforts, avec la complicité des institutions publiques, pour faire accepter à la population l’exploitation du lignite, les centrales à charbon et les conséquences néfastes qui en découlent pour la biodiversité, la santé et le climat.

À chaque action policière – que ce soit une expulsion, l’arrestation de militant-e-s, les contrôles d’identité incessants ou la perturbation du camp climat – la colère s’étend. Cela fait longtemps que la résistance locale s’organise de diverses manières. En 2012, une partie de la forêt avait été occupée par des activistes pendant huit mois. Suite à leur expulsion, les activistes se sont installé-e-s sur une prairie en lisière de forêt, terre agricole également menacée par la mine. Cette année, la tenue du camp climat et du camp Reclaim The Fields, à quelques kilomètres de là, a donné une nouvelle impulsion à la lutte et a permis de relancer l’occupation des arbres.

Notre mouvement va au-delà de la résistance contre RWE, les mines de lignite et les centrales à charbon. Il ne s’agit pas seulement de protéger les arbres et les écosystèmes, il s’agit en même temps de rejeter les logiques de croissance capitaliste qui font passer la destruction de milliers d’hectares de forêt pour une « action rationnelle ». La réoccupation de la forêt de Hambach vise également à créer un lieu de ralliement pour les opposant-e-s au projet, un lieu d’échange et de rencontre en dehors de l’économie capitaliste, un lieu où faire fructifier les idées et les solidarités… un lieu où la résistance est fertile ! Rejoignez-nous dans la forêt de Hambach et soutenez la réoccupation !

Pour nous contacter ou nous rejoindre, pour faire un don
ou suivre nos actualités, rendez-vous sur notre BLOG. »


Petit résumé de la situatio
n (septembre 2015) :
7 septembre 2015
Allemagne : Jus est toujours emprisonné pour l’occupation de la Forêt d’Hambach
A Hambach, une forêt vieille de 12.000 ans est menacée par la plus grande mine de charbon à ciel ouvert. A partir d’avril 2012, des militants ont occupé la forêt pour empêcher sa déforestation avant d’être évacués une première fois par la police à la fin du mois de mars 2014. Le 26 avril 2014, les occupants sont revenus, et le 22 juillet dernier la « Tour Rémi » (nommée en mémoire de Rémi Fraisse) était la dernière barricade encore debout a être évacuée, quatre personnes avaient alors été arrêtées. L’une d’entre elles est toujours emprisonnée à l’heure actuelle, accusée d’avoir résisté à l’arrestation et d’avoir brisé la vitre d’un bulldozer. Les trois premières semaines, Jus était en grève de la faim car l’administration prétendait que son avocat n’était pas enregistré, à présent il n’a pas accès aux activités de groupes dans la prison, car l’administration prétend qu’il est ’particulièrement violent’. L’argument invoqué pour le garder emprisonné est qu’il n’aurait pas de domicile en Allemagne.

Pour lui écrire
:
Dariusz (Jus) Brzeski 3236156
JVA Köln
Rochusstr. 350
50827 Köln
Allemagne
Germany
Écrivez-lui ! Il peut lire l’anglais et le polonais. Les livres et magazines ne sont pas autorisés, mais des articles ou des chapitres d’un livre.

contre le nucléaire et son monde
Brûlez toutes les prisons!
Liberté pour Jus !
Liberté pour tous les prisonnier
s !
Rémi on t’oublie pas !

Grenoble [isère]Rassemblement de soutien aux squats(mis à jour)

Rassemblement de soutien aux squats (occupation de maisons vides ou abandonnées pour y loger ou développer des activités), le 4 septembre à 18h à la gare de Grenoble. Ce rassemblement a été suivi d’une longue ballade devant des lieux murés .. lieux murés, mais camarade – déprime n’était pas présent ce soir là dans la ballade. C’était pas moins de 200 personnes qui déambulaient à Grenoble avec une sono tractée par un vélo, les gens qui circulaient à côté de la dés-rives n’étaient pas hostile aux tracts distribués. Mais le risque de l’entre -soi est constant, on a colporté la bonne parole avec tags,pochoirs et .. quelque trop rares cris en forme de slogan ont parcouru la ballade ponctuée par des pétards. Mais c’est un travail de fourmi qui va manger le béton qui nous sépare . .Tout cette déambulation est terminée au 102 rue d’Alembert avec un concert(1), une soirée formidable..
(1) -moon bandits( anarho folk, los angeles)https://www.youtube.com/watch?v=rJFKSiwziMc
Giz medium (folk unk Nice) Giz Medium
Old Treees (anarco punk, partout)Old Trees

Solidarité aux squats en lutte à Romans et à Fontaine… !

Voici l’appel du rassemblement :

« Depuis quelques mois, l’État et ses défenseurs redoublent de virulence contre les pauvres et précaires. Comme toujours, en situation de crise économique et de violence sociale, les puissantEs de ce monde cherchent à diviser les plus vulnérables en alarmant la conscience publique et en montant en épingle des faits divers sortis de leur contexte et présentés par les médias à charge comme par exemple « l’affaire Maryvonne ». De plus, l’État et les médias font largement le jeu du racisme anti-rrom en discriminant cette population et en renforçant leur paupérisation, ceci étant bien souvent facteur de leur ostracisation sociale.

Le procédé est vieux comme le monde, mais fonctionne à merveille. On crie au loup, favorise l’émotion publique et l’affect et on regarde les plus nécessiteux-ses se déchirer entre eux/elles. Bien sur, tout le profit va aux décideur-euse-s qui peuvent asseoir leur pouvoir et consolider leurs intérêts. Localement, depuis plusieurs mois, nous constatons une augmentation de la répression envers les squatteurs, qui, bien sur, occupent des bâtiments laissés vides par des privés et publics depuis de long mois, au mieux, voire bien souvent depuis des années. Entre des expulsions illégales, des violences lors de ces mêmes expulsions, des intimidations, des expulsions dites « propres » mais laissant les occupantEs tout autant démuniEs… rien ne semble aller vers une politique sociale qui permet à chacunes et chacuns de vivre décemment. Nous constatons également que s’intensifie la stigmatisation de celles et ceux qui sont les plus touchés par les attaques sociales, subissant déjà les dominations et oppressions du dictat politique mais aussi l’opprobre populaire et les discours moralisants des médias. Nous entendons bien dénoncer et lutter contre les systèmes qui divisent nos forces et cherchent à créer des boucs émissaires, là où nous ne pouvons que chercher des solutions nous-même, créer un front social, et reprendre du pouvoir sur nos vies et nos espoirs.

Aujourd’hui, la médiatisation de l’affaire Maryvonne permet une attaque contre les pratiques de squat, en se focalisant sur une vision réactionnaire et paranoïaque, qui ne prend pas en compte le minimum de réalisme social et sont basés sur des éléments mensongers. Même si rien de concret n’a, pour l’instant changé au niveau légal, nous avons pu constater un renforcement de la répression pratiques et nous attendons à voir la situation empirer. Parce qu’au delà des divers projets de loi et des polices, c’est bien une attaque sociale qui se perpétue, touchant les plus pauvres et niant la légitimité de s’approprier un toit, tout simplement. Nous espérons que se renforcent les initiatives qui unissent les précariséEs de ce monde contre le pouvoir et ses valets et que nous sentions, pour une fois, leur impunité et leur vanité vaciller.

[ Eygliers] Hautes Alpes Week-end contre la THT le 19-20 septembre 2015

Week-end contre la THT le 19-20 septembre 2015
Posted on 16/08/2015

Les collectifs de la vallée contre les lignes à Très Haute Tension propose de se retrouver le 19 et 20 septembre pour manifester, discuter, camper ensemble, participer ou proposer des ateliers, se balader…

MANIFESTATION le dimanche 20 septembre à 11h
Départ de la gare d’Eygliers -Montdauphin

RASSEMBLEMENT-CAMPEMENT le samedi 19 à partir de 14h
au plan d’eau d’Eygliers
-assemblée de vallée-discussions-repas-ateliers-spectacles-
Tout ça, parce que les lignes THT, on n’en veut pas ici, ni ailleurs!

Parce que ce qu’une infrastructure en amène d’autres,
parce que les lignes à Très Haute Tension transportent de l’énergie nucléaire sur des milliers de kilomètres,
parce que le nucléaire c’est la guerre et le cancer,
parce que le réseau THT construit le grand marché capitaliste européen de l’électricité,
parce que les lignes THT sont nocives pour la vie,
parce qu’elles vont défigurer un peu plus la vallée,
parce qu’on veut reprendre de l’autonomie,
parce que la lutte nous rend plus fort-e-s et plus solidaires,
parce qu’il n’y a que l’Etat et les patrons qui s’en frottent les mains,
parce que nous pouvons empêcher leurs projets!

Comme au Val Susa, à Notre Dame des Landes, à St Victor et Mélvieu , et partout ailleurs,
retrouvons les sentiers de la résistance, pour la solidarité, la liberté et la dignité.
Un programme plus précis à venir début septembre.
plus d’infos: notht05@riseup.net

La Seyne-sur-Mer (Var)/Lillers (Pas-de-Calais)/Pontivy (Bretagne) : Chaque âge saccage la rentrée scolaire

La Seyne-sur-Mer : Une école vandalisée ce samedi à La Seyne

Var Matin, 05 septembre 2015 à 20h02

Des individus ont saccagé l’école Victor-Hugo de la Seyne, ce samedi après-midi. Une enquête est toujours en cours.

L’école primaire seynoise Victor-Hugo a été vandalisée ce samedi après-midi. Des individus dont le nombre, l’âge et l’identité restent encore inconnus, ont pénétré dans les salles de classe, usant notamment d’un extincteur pour casser une vitre.

Deux extincteurs ont été vidés et le sol serait jonché de bris de verre. Les salles de classe ont été « chavirées », nous a confié un témoin.

Un acte « inadmissible »

« Du mobilier a aussi été cassé« , déplore de son côté le maire de La Seyne. Très vite sur place en présence de nombreuses forces de police, Marc Vuillemot s’est dit « révolté » par cet acte qui s’apparente à du vandalisme gratuit.

« J’ai une seule chose à dire, c’est très grave et qui que ce soit, c’est inadmissible« , a réagi le premier magistrat. « Quand on touche à l’école, on touche au sacré de la république. La police est présente, l’identité judiciaire fait son travail, ils ont relevé de quoi identifier les auteurs et il va falloir qu’ils soient sévèrement punis. Je vous garantis qu’ils (NDLR : la police et l’identité judiciaire) mettent le paquet« , a prévenu Marc Vuillemot.


Lillers : le lycée Flora-Tristan saccagé la veille de la rentrée

La Voix du Nord, 03/09/2015

Des jours de préparation pour que la rentrée scolaire se déroule bien ont été réduits à néant la nuit précédant le jour J au lycée Flora-Tristan… Plusieurs individus ont pénétré dans l’établissement scolaire vers 23 h, lundi…

Ils sont entrés dans les locaux administratifs où ils ont commis d’importantes dégradations : ordinateurs jetés au sol, armoires fouillées, documents administratifs dispersés et les extincteurs vidés au-dessus de tout ça. On imagine le désarroi du personnel en découvrant la scène juste avant la rentrée des élèves.

Les visiteurs ont également essayé de voler un petit utilitaire garé dans l’enceinte de l’établissement mais ils ont juste réussi à l’encastrer dans un portail.

Cinq mineurs interpellés

Vers 1 h 30, les policiers ont interpellé cinq mineurs lillérois du côté de la gare. Placés en garde à vue, ils ont été laissés libre mais l’enquête des policiers auchellois se poursuit. Du côté du lycée, ces événements n’ont pas empêché les élèves d’effectuer leur rentrée mais ont mis un coup de stress supplémentaire à l’équipe éducative.


Pontivy. L’école Paul-Langevin victime de dégradations gratuites

Le Télégramme, 4 septembre 2015

Alors que la rentrée s’était passée au mieux pour les élèves de l’école publique Paul-Langevin de Pontivy, un ou plusieurs individus sont entrés par effraction dans l’enceinte de l’établissement dans la nuit de mardi et mercredi et, de nouveau, mercredi en fin d’après-midi. De nombreuses dégradations ont été constatées dans les locaux après leur passage. Pour l’essentiel, c’est la cuisine et la salle qui sert de réserve qui ont été saccagées. A priori rien n’aurait été dérobé.

Des dégradations à répétition

Les élus et l’inspecteur de l’Éducation nationale du secteur se sont rendus sur les lieux, hier matin, pour constater les dégâts. « Une porte a visiblement été forcée. Dans la cuisine et la réserve, tout a été jeté par terre dont des bouteilles d’huile. C’était dans un état assez lamentable. Il y a eu des dégradations aussi dans une classe de l’école maternelle. Le tapis d’accueil a été déchiré, des éléments jetés, ils ont même uriné dans la pièce où les petits font la sieste », énumère Olivier Le Mercier, l’inspecteur de l’Éducation nationale. « Ces dégradations gratuites et à répétition sont inadmissibles et doivent cesser ! Au-delà de l’atteinte portée à l’institution publique qu’est l’école de la République, elles représentent aussi un coût important pour la collectivité qui ne doit pas être négligé », s’indigne Christine Le Strat, maire de Pontivy…

 

Les anarchistes espagnols et la résistance

commentaire cette page « les anarchistes espagnols et la résistance » pour essayer de lutter  contre les confusions   semées par un livre: « affinités révolutionnaires »collection Mille. et. une. nuits, et de construire malgré celà…..

Les anarchistes espagnols et la résistance

 

« Ce n’est pas la patrie française qui est en danger, ni la liberté de la France qui est en jeu, c’est la Liberté, la culture et la paix mondiale »
Francisco Ponzan Vidal, dit « François Vidal », militant de la CNT, résistant exécuté par les nazis le 17 août 1944.

 

Les espagnols sont plus de 500’000 à fuir Franco entre le mois d’août 1938 et le 12 février 1939. Parmi eux, beaucoup de miliciens aguerris aux armes et à la guerre, la tête pleine de compagnons tombés au front, d’amies violées, de parents massacrés ; des combattants défaits qui ne survivent que par leur haine du fascisme, sous la neige, dans des prés entourés de barbelés où sévit la dysenterie et la famine, appelés déjà « camps de concentrations », symbolisant à eux seuls l’hospitalité française fidèle à l’attitude criminelle des démocraties occidentales vis-à-vis du peuple espagnol durant la guerre civile. Ces militants ont eu du poids dans la résistance, un poids que l’on cache souvent. Pourtant la célèbre 2ème Division Blindée (DB) du Général Leclerc est composée d’espagnols à plus de 60% [1] ; dans tous les maquis, ils sont des premiers résistants.

Parmi eux, les anarcho-syndicalistes — courant majoritaire durant la guerre civile — sont encore présents dans la lutte en France. Il n’est pas simple de suivre leur trajectoire. La victoire de Franco, c’est d’abord leur défaite militaire et politique. Durant toute la résistance (et même après) l’empreinte de cette défaite influe sur les décisions prises et celles qui ne le sont pas… Ce courant est aussi celui qui a le plus souffert et qui souffre encore, car il est isolé. Dans les camps, les militants du PCE noyautent les instances avec l’aide du PCF et discriminent les anarchistes. Par ailleurs, le gouvernement français les hait plus que tout et certains de leurs représentants les plus illustres, comme Juan Peiro, sont livrés à Franco par Dalladier et fusillés. Le courant anarcho-syndicaliste doit se réorganiser, il a du mal ; il doit faire face à une situation nouvelle… Comme toujours, dans les organisations libertaires, le vide organique est remplacé par la spontanéité des militants qui finissent par réorganiser le mouvement. Cela pose aussi des problèmes à qui veut en faire une rétrospective : la complexité due à la multitude des expériences parfois contradictoires.

Deux périodes distinctes apparaissent : la période de réorganisation où il faut faire la distinction entre le mouvement qui s’organise et l’action concrète des militants dans la lutte ; et la période des huit derniers mois avant la libération où se pose le problème d’adhérer ou non à la Union Nacíonal Española (UNE). Une organisation tenue par les militants du parti communiste espagnol (PCE) et du parti socialiste unifié de Catalogne (PSUC) qui se veut hégémonique parmi les résistants espagnols.

 Un mouvement qui s’organise tant bien que mal

Dès le 25 février 1939, le mouvement tente de se réorganiser. Le comité national de la CNT et les comités péninsulaires de la FAI et de la FIJL [2] s’unissent dans une seule et même organisation : le Mouvement libertaire en exil (MLE). Dans le Conseil général du MLE, figurent des noms déjà célèbres et qui ont de l’importance durant toute la période tels que : Germinal de Souza, Mariano Rodriguez Vasquez, Gresco Isgleas, Germinal Esgleas (compagnon de Frederica Montseny), Pedro Herrera, Juan Gallego Crespo et Juan Manuel Molina (Juanel) qui est responsable des liaisons avec les camps de concentration. Par la suite et durant la guerre, le MLE s’organise, s’étend par le biais de plusieurs commissions en zone libre et en zone occupée qui représentent des groupes de militants affiliés dans des villes ou des lieux géographiques. Ainsi une des commissions les plus actives dans la reconstruction du mouvement libertaire est celle du Barrage de l’Aigle où, nous le verrons, le maquis est tenu par la CNT espagnole.

Il faut souligner que les mêmes militants sont partie prenante de la résistance et de la réorganisation du mouvement, ce qui est peu adéquat à l’action clandestine. Ainsi actions armées et structures organiques se chevauchent parfois, ce qui a des conséquences fâcheuses lors des arrestations. D’autant que le gouvernement de Vichy a fait de la neutralisation du MLE une priorité. Ainsi, dès fin 1941, la répression s’abat sur le MLE. C’est le premier mouvement de résistance espagnol qui subit un tel coup (les autres subissent le même sort par la suite). Les principaux responsables du MLE, c’est-à-dire les militants les plus aguerris qui ne sont pas encore emprisonnés ou morts, sont arrêtés. On reconnaît les noms de Germinal Esgleas (secrétaire du MLE), Federica Montseny, Germinal de Souza (secrétaire de la FAI), Francisco Isgleas Pierman, Valerien Mas Casas, Pedro Herra Camarero (membre du Comité péninsulaire de la FAI et délégué au Conseil général de SIA [3]) ainsi que des membres des « amis de Londres » (des anarchistes qui ont préféré agir directement avec les Anglais) tels que Manuel Gonzalez Marin « Marin Manuel », Eduardo Val Basco et Francisco Ponzan Vidal (dont nous reparlerons). Les premiers sont déportés en Afrique, afin de prévenir les tentatives d’évasions et empêcher tout contact avec le MLE. Celui-ci met du temps à se réorganiser après un tel coup.

Ce n’est que le 6 Juin 1943 qu’a lieu un plénum [4] du MLE où, pour la première fois, on aborde le thème de l’action conjointe avec la résistance française. Mais ce plénum n’apporte pas de solution. Il faut faire ici une parenthèse pour expliquer les problèmes qui se posent alors dans l’organisation. Cela nous évitera de tomber dans quelques erreurs faites par bon nombre d’historiens même aussi honnête que Marie-Claude Rafaneau Boj.

Le Mouvement Libertaire voit apparaître, dans ce plénum, deux tendances distinctes qui vont s’affronter durant une dizaine d’années allant jusqu’à la scission. Il s’agit d’une part, de la tendance « collaborationniste » ou « politique » et d’autre part, de la tendance « maximaliste » ou « apolitique » (c’est-à-dire anti-politique). Les premiers affirment que les conditions historiques de la guerre d’Espagne sont toujours d’actualité et que, par conséquent, la CNT doit prendre part au gouvernement républicain en exil, dans le cadre d’une stratégie frontiste de reprise de l’Espagne ; les seconds considèrent qu’il faut revenir aux positions rupturistes de la CNT et baser le renversement de Franco sur un combat insurrectionnel du peuple espagnol. Cette deuxième tendance souligne qu’il faut analyser les leçons de la défaite.

Ces deux tendances sont très marquées et le MLE se trouvera par la suite avec deux comités à sa tête : celui de Juanel (du nom d’un des leader du courant collaborationniste) et celui de Bézier (composé par les « apolitiques »). L’erreur trop répandue est de calquer sur ces deux tendances, les positions pour ou contre l’action dans la résistance française. On croit souvent que les « collaborationnistes » appelaient à rentrer dans la résistance alors que les « apolitiques » refusaient de prendre part à une guerre bourgeoise entre des gens qui avaient laissé massacrer le peuple espagnol. Or la réalité est bien différente. Le sous-comité national (comité de la zone occupée) qui regroupe les deux tendances pour cette partie du territoire français se prononce contre l’entrée dans la résistance dans des proportions qui ne recoupent pas le poids respectif des deux tendances en présence. Il y aurait beaucoup de recherches à faire pour retracer une ligne exacte de ce qui s’est passé au sein du MLE vis-à-vis de la résistance, indépendamment des autres problèmes que se posait le mouvement. Par contre, au plénum de Marseille, en décembre 1943, le MLE conseille « à tous les militants de la CNT et du MLE de rejoindre la résistance française plutôt que de se laisser emmener en Allemagne » [5].

Le MLE venait d’entériner une situation de fait, puisque bon nombre de militants avaient déjà rejoint la résistance française. Mais nous le verrons tout à l’heure, la réorganisation tardive du MLE qui l’amène à ratifier des situations de faits, au lieu d’agir directement sur le cours des choses, le met dans une situation difficile dans les derniers mois de la guerre lorsque l’UNE aura des prétentions hégémoniques.

 La présence des anarchistes.

Dans les maquis, dans les réseaux, à Londres, dans la 2ème DB du général Leclerc, les anarchistes espagnols ont joué un rôle important dans la libération de la France et de l’Allemagne. Ils l’ont fait par conviction anti-fasciste, mais aussi dans l’espoir que De Gaulle tiendrait sa promesse : ouvrir les frontières et chasser Franco. Les grands hommes ont le geste noble : les Espagnols morts pour la France ont reçu des médailles, leurs noms sont gravés sur les monuments aux morts. Comme une insulte, chaque 8 mai, cynique, une gerbe tricolore vient honorer leur sacrifice. En 1945, De Gaulle a envoyé un émissaire pour normaliser les relations avec le Caudillo. En 1975, Franco est mort dans son lit, toujours au pouvoir, 30 ans après…

Parmi les nombreux militants anonymes, certains ont joué un rôle important dans la guerre d’Espagne, d’autre resteront à jamais inscrits dans les pages de la résistance. Ainsi Antonio Ortiz s’engage dans les corps francs d’Afrique, blessé il est hospitalisé, avant de repartir dans les « commandos d’Afrique » du Général Leclerc, puis dans le premier bataillon de choc comme instructeur du premier commando lourd. Il débarque à Saint-Tropez, participe à la bataille de Belfort et fait la campagne d’Allemagne où il est grièvement blessé. Ortiz n’est pas un inconnu de l’histoire de l’Espagne, le 24 juillet 1936, juste après la colonne Durruti, il avait pris la tête de la colonne de la CNT-FAI qui a porté son nom. C’était la deuxième colonne qui s’est levée contre Franco. Ces deux colonnes réalisèrent ce que personne d’autre ne fît : elles reprirent durablement du terrain sur les factieux (sur le front d’Aragon).

Ramon Villa Capdevilla avait lui aussi montré son courage durant la guerre civile. Il s’enfuit du camp d’Argelès et devient, en 1940, un des tous premiers résistants de la région. Il est plus connu sous le surnom de « commandant Raymond ». Spécialiste en explosif, son aide est précieuse pour le déraillement des trains, il commande deux cents résistants espagnols. Ce sont eux qui anéantissent la garnison qui avait massacré les habitants d’Oradour. Lui et ses compagnons rejoignent ensuite le bataillon « Libertad ». Ramon Villa Capdevilla est mort en 1963, dans une rixe avec des franquistes, alors qu’il était un des meilleurs passeurs d’hommes de la CNT et que depuis 1945, il faisait partie des groupes d’action qui n’ont de cessé de harceler le régime franquiste.

Enfin, avant de parler des résistants anarchistes espagnols de façon plus générale, il nous faut encore évoquer le parcours d’une figure exemplaire, qui fut la pierre angulaire du plus grand réseau de passeurs de la résistance, le réseau Pat O’Leary. Il s’agit de Francisco Ponzan Vidal, plus connu sous le nom de François Vidal. Militant de la CNT, il avait été responsable d’une comarcal [6] de la CNT en Aragon durant la guerre civile, puis il avait fait partie du groupe « Libertador » de la CNT, spécialisé dans la recherche d’informations militaires et dans les actions de sabotage derrière les lignes franquistes. Ce groupe fut, par la suite, intégré aux services secrets de la République espagnole. A partir de mai 1939, Vidal organise un réseau de passeurs d’hommes dans les Pyrénées pour faire sortir d’Espagne les militants en danger. Dès le début de la guerre ce groupe de cénétistes se met au service de la résistance et travaille activement avec l’Intelligence service et le Bureau central de renseignement et d’action (BCRA) de Gaulle, mais aussi avec le réseau Sabot et le groupe Combat. Ce réseau permet l’évasion de 1’500 personnes dont plus de 700 aviateurs alliés [7] et le passage de nombreux documents (sans compter tout ce qui sert la CNT et la lutte anti-franquiste). Le réseau couvre une zone qui va de Bruxelles à Lisbonne. Fait prisonnier en 1944 par la police française, Francisco Ponzan Vidal est livré aux Allemands et exécuté le 17 août 1944 par les nazis qui gardent la prison où il est enfermé à Toulouse.

D’une manière générale les anarcho-syndicalistes ont participé à pratiquement tous les réseaux de passeurs des Pyrénées (on en décompte une vingtaine). On les voit aussi dans les maquis. Voici la liste de ceux où leur présence fut suffisamment significative pour laisser des traces : le maquis de Dordogne, de la Montagne Noire, de Querigut (dans l’Aude), les maquis de l’Aveyron, du Pic Violent, de Savoie, les maquis du Lot, de Loches, de Belves, de l’Isère, de la Gouzette (Saint Girons), de Privas, les maquis du Cantal et de Corrèze, de Maleterne, de Bagnères, des Landes, du Rouergue, des Glières, du Limousin, le maquis Bidon 5 et le maquis du Vercors et n’oublions pas le maquis du COFRA (à moitié cénétistes) et du Barrage de Aigle (où les anarchistes sont hégémoniques).

Nous connaissons la présence d’anarchistes dans d’autres maquis, mais il s’agit souvent d’individus essaimés de-ci de-là sans lien entre eux. Notons aussi leur présence dans le réseau Robul Alfred et leur présence massive dans le Bataillon de la mort. Certains se retrouvent avec des responsabilité comme La Rey, membre de la CNT et responsable de la résistance à Montluçon ou Emilio Castro Ballesta qui, avec sa compagne, le commandant Pariset et l’épouse de Tavet dirigent, à l’arrestation de ce dernier, le maquis du Limousin. Dans le Gers, la moitié des résistants de l’UNE sont confédéraux et ce n’est pas un cas isolé. Faute d’organisation nationale de résistance, les anarchistes apparaissent peu, bien qu’ils soient très présents. Citons tout de même le maquis du Barrage de L’Aigle, dirigé par José German Gonzalez militant de la CNT, qui est un haut lieu de la reconstruction de la CNT en exil et un des maquis les plus actifs de la résistance. Ce maquis est pratiquement à 100% confédéral, tout comme le maquis de Bort les Orgues. D’une manière générale, les maquis du Massif Central sont en forte proportion composés d’anarchistes espagnols tout comme ceux issus des chantiers de barrages sur la Dordogne, des barrages de Marèges et de Chastang.

Bon nombre de ces maquisards se retrouveront dans le bataillon « Libertad » sous la responsabilité de l’anarchiste Santos. Ce bataillon atteint par la suite la pointe de Grave et libère le Lot et Cahors. Enfin, la présence anarchiste est particulièrement remarquable (et superbement ignorée) dans la 2ème DB du Général Leclerc. A plus de 60% espagnole, la 2ème DB compte bon nombre d’anarcho-syndicalistes tant et si bien qu’ils sont hégémoniques dans la 9ème compagnie du 3ème RMT, « la nueve », uniquement composée d’espagnols à l’exception du Capitaine Dronne qui la commande. C’est elle qui rentre la première dans Paris. Les premiers blindés portent des noms qui rappellent l’Espagne, les deux premiers se nomment « Ascaso » et « Durruti » rappelant les illustres solidarios (militants de la CNT), un autre s’appelle « Casas Viejas » pour ne pas oublier la répression anti-cénétiste de 1931 et un autre encore « Teruel » en référence à une grande bataille de la guerre civile. Les militants de la CNT-FAI sont bel et bien présents, la nueve installe un premier canon, nommé « El Abuelo », dans l’Hôtel de ville de Paris ainsi que le premier drapeau… ironie du sort. Cette présence est complètement occultée par bon nombre d’historiens tel Lapierre et Collins dans Paris brûle-t-il ? (édition R. Laffont 1964), Adrien Dansette dans Histoire de la libération de Paris (édition Fayard, 1946) où encore Henri Michel dans La libération de Paris (édition Comps, 1980). Même le Capitaine Dronne semble frappé d’amnésie dans son livre La libération de Paris alors que dans son journal de marche, il évoquait abondamment les combattants issus de la CNT-FAI [8]. Les six derniers mois de la guerre sont ceux d’un courage qui est effacé par un manque d’organisation nationale en réseau de résistance, qui condamne les anarchistes à l’oubli, pour certains à la mort.

 L’UNE, l’hégémonie dans le sang

Le mouvement libertaire est empêtré dans ses problèmes internes qui tournent autour de la question de savoir s’il faut participer ou non au gouvernement de la république espagnole en exil. La défaite contre Franco est encore dans tous les esprits et la question gouvernementale, qu’il aurait fallu trancher en juillet 1936, les anarchistes se la posent toujours au point de négliger des aspects importants. Le plus dramatique est certainement cette absence totale d’organisation des anarcho-syndicalistes espagnols en tant que corps dans la résistance. Rien pour faire valoir leurs droits, aucune structure pour assurer l’arrivée d’armes, de ravitaillement : les anarcho-syndicalistes se sont fondus dans la résistance comme nul autre, sans se soucier un seul instant de leurs intérêts propres.

D’autres sont plus réalistes. Les communistes dirigent la UNE qui se veut hégémonique et se présente comme « l’unique mouvement de résistance espagnole ». Sur un plan historiographique, cette situation a permis aux historiens de passer allègrement sur la complexité des courants d’idées qui animaient les résistants espagnols en les décrivant comme de simples anti-franquistes voire carrément des communistes. Cette conséquence n’est que la moins dramatique, car les volontés hégémoniques de l’UNE ne s’arrêtent pas là.

Les militants anarchistes n’ont pas rejoint unanimement la UNE. Certains y sont rentrés à contre cœur, d’autres dans l’idée de contrecarrer l’influence des communistes, tels les militants de la Agnupacíon Cenetista en la Union Nacional (ACUN). Si certains, quoique méfiants, sont tentés par la reconquête de l’Espagne proposée par la UNE, beaucoup d’anarchistes y adhèrent sous la menace et par peur des représailles. Les groupes de militants les plus avertis ont préféré intégrer les Forces françaises de l’intérieur (FFI), notamment dans le bataillon « Libertad ». Il faut souligner ici le travail essentiel fait dans ce sens par José German Gonzalez, commandant du maquis du Barrage de l’Aigle qui organisa, à travers les Groupes de travailleurs étrangers (GTE), l’entrée des cénétistes directement dans la résistance française.

C’est que les réticences envers la UNE étaient grandes. Comme le disait Pierre Bertaux très cyniquement « le Parti communiste n’a pas de rancune, il n’a que des tactiques ». La phrase convient à merveille au Parti communiste espagnol. On trouve dans la UNE des communistes certes, mais aussi des anti-franquistes très tardifs comme certains requetes, ces monarchistes absolutistes qui ont toujours brillé par leur conservatisme, et aussi les membres de la CEDA de Gil Robles. La CEDA, c’est la droite espagnole qui était au pouvoir durant le bieno negro, ces années de toutes les répressions anti-anarchistes d’avant 1936, quand le mot d’ordre était « pas de blessé, tirez au ventre ». Les anarcho-syndicalistes espagnols ont tous en tête les actes de répression d’avant la guerre, au point que « Casas viejas » transpire sur leurs chars. Et surtout la UNE est tenue par les communistes, ceux qui ont tué Berneri, Nin et tant d’autres. La UNE, c’est le gouvernement de Negrin, c’est la telefónica… [9]

La suite des événements va prouver que les inquiétudes des anarchistes n’étaient pas vaines. La UNE se sert d’appuis pour éliminer ses adversaires de toujours. Le 20 septembre 1944, Santos, qui dirige le bataillon « Libertad », reçoit l’ordre du colonel Ravanel de transférer 350 de ses hommes à la UNE. En même temps, l’ordre est donné de ne plus ravitailler le bataillon « Libertad ». En cas de refus, le bataillon devait être désarmé par la UNE. Celui-ci préfère alors se dissoudre. Mais la UNE n’en reste pas là, elle fait pression, elle menace et elle tue ceux qui ne veulent pas se joindre à elle (anarchistes en particulier mais pas seulement, on connaît des cas de socialistes qui subirent le même sort). Angel Aransaez, secrétaire du comité régional CNT de l’Aveyron dénombre pour son département 56 exécutions sommaire. On en compte 13 dans l’Aude (crimes que des ex-guerilleros de la UNE avoueront en octobre 1953). Certains meurtres sont relatés dans Le Républicain du Midi d’août et novembre 1944. Tous sont commis sur des résistants socialistes et anarchistes en conflits avec la UNE. A Lavelanet, Francisco Alberich et Mercedes Miralles sont retrouvés morts après avoir été appréhendés par des guérilleros de la UNE. A Manse dans l’Ariège, Belmonte, anarchiste responsable d’une exploitation forestière où se cachent des réfractaires est abattu avec son compagnon Molina pour avoir refusé que la UNE vienne contrôler leur organisation. On peut aussi s’interroger sur toute la série d’exécutions sommaires d’anarchistes commises par des inconnus dans le Lot, dont celle de l’agent de liaison de tous les maquis du Lot : José Mana dit « Martins ». A Saint Girons, Royo et un de ses compagnons de la CNT, qui étaient en conflit avec la UNE, échappent miraculeusement à l’incendie et le mitraillage de la maison de Royo. Sa compagne, ses deux enfants et trois de ses amis n’ont pas eu la même chance… En Août 1945, Antonio Tellez, militant de la FIJL, lieutenant de la 9ème brigade des FFI de l’Aveyron, avertit Angel Aransaez que la UNE a prévu d’envoyer un commando à Decazeville, contre le Comité Régional de la CNT. Le capitaine espagnol Bariso, traducteur du commandant français du 412ème GTE, est enlevé. Aransaez va voir le responsable de la résistance Degoy dit « Valzergues » qui lui déclare « pas d’objection pour les traîtres ». Ce qui montre une fois de plus la collusion de certaines instances de la résistance avec la UNE. Aransaez et les principaux responsables de la CNT sont arrêtés par les Francs tireurs et partisans, mais ils sont libérés sous la pression des résistants libertaires qui les menacent d’insurrection armée (Aransaez était dans les FFI au barrage de l’Aigle).

Toute une série de cas similaires ont été répertoriés. On peut consulter à ce sujet Les dossiers noirs d’une certaine résistance, (Perpignan, Ed du CES, 1984) ainsi que le livre de Marie-Claude Rafaneau Boj, Odyssée pour la liberté. Les camps de prisonniers espagnols (Paris, Denoël, 1993) dans lesquels sont relatés les cas les plus flagrants, mais ces ouvrages ne tiennent pas compte de tous les charniers inconnus et de toutes les disparitions. Il est un fait historique qui prouve la gravité et l’importance de ces méthodes expéditives. Il s’agit du rassemblement de l’essentiel du camp républicain espagnol qui se réalise contre la UNE. Cette union se fait au sein de la Alianza Democratica Española (ADE) avec la participation de la Gauche républicaine, de l’Union républicaine, du Parti républicain fédéral démocratique, du Parti socialiste ouvrier espagnol, de la Gauche républicaine de Catalogne, du mouvement libertaire et des centrales syndicales UGT et CNT. L’ADE dénonce les agissements de la UNE au gouvernement provisoire de la République française en mentionnant, dans un communiqué officiel en 1944, toute une série d’exécutions sommaires, détentions abusives, pressions en tous genres perpétrées par la UNE.

Fin 1944, la famille Soler est brûlée vive dans sa ferme. Le fils en réchappe et parvient à contacter la CNT. Un plénum national est organisé et un ultimatum des plus menaçants est adressé au PCE : « à partir de cette communication, la CNT n’est plus disposée à tolérer ni une brutalité, ni un attentat de plus. Elle rend directement responsable la direction du PCE en la personne de ses dirigeants de ce qui pourrait arriver ». La vague d’attentats s’arrête…

Après ce bref aperçu qui ne prétend pas couvrir l’ensemble de la réalité, on peut se faire une idée de la complexité de la période, une complexité accentuée par la situation d’un mouvement libertaire qui se cherche, qui n’est pas remis de sa défaite. Le mouvement est en pleine reconstruction avec tout ce que cela implique de conflits, il n’a pas l’efficacité nécessaire au niveau national, ne serait-ce que pour protéger ses militants. Dans le même temps, les militants qui le composent sont des combattants aguerris, qui ont des réflexes de lutte, d’organisation clandestine au niveau local et qui sont très précieux pour la résistance.

Si bien que l’on se retrouve devant un paradoxe : le mouvement libertaire est en plein dans la résistance, mais ses préoccupations semblent ailleurs, dans un passé récent qu’il cherche à comprendre. Cela lui coûte cher… mais il n’a pas fini de souffrir. Pire que la lutte, il y a l’exil. Un exil de quarante ans, d’une vie.

Qu’ils étaient dignes ces Espagnols que l’on rencontrait parfois dans la rue (que l’on rencontre encore quand on a de la chance). Souvent raillés, souvent pauvres. Ils n’ont pas haï les Français, ils n’ont pas confondu la trahison de ceux qui dirigent à la bête ignorance du petit qui subit. Ils ne lui ont même pas reproché son ignorance. On a laissé Franco les massacrer, bourgeoisement, poliment, sans trop de vagues. On leur a promis l’Espagne pour qu’ils apprennent aux Français à se battre. On a envoyé des émissaires auprès de Franco. Et quand, ces résistants anarchistes espagnols qui se sont battus pour la France, les Sabaté, les Facerias, les Ramon Capdevilla, plutôt que de se venger sur ceux qui les ont toujours trahis, sont repartis combattre Franco, seuls avec ceux d’Espagne qui maîtrisaient encore leur peur, les gouvernements français de la quatrième et de la cinquième République, les ministres de l’intérieur de ces gouvernements de gauche comme de droite, « résistants » comme Mitterand, ces gouvernements ont collaboré avec la police franquiste et ont permis qu’ils soient abattus comme des chiens. Honneur aux braves !

[Extrait de L’Affranchi n°14, printemps – été 1997.]

P.-S.

Complément bibliographique

  • J. Borras, Politicas de los exilados españoles, 1944-1945, Paris, Ruedo Ibérico, 1976.
  • A. Tellez Sola, Sabaté, Toulouse, Repère-Siléna, 1990.
  • Les anarchistes espagnols dans la tourmente (1939-1945), Bulletin du Centre international de recherche sur l’anarchisme, Marseille, 1er trimestre 1989.
  • F. Montseny, Seis años de mi vida (1939-1945), Barcelone, Ed. Galba, 1978.
  • D. Wingeate Pike, Jours de gloire, jours de honte : le parti communiste d’Espagne en France…, Paris, SEDES, 1984.

Notes

[1NdNF : Chiffres inexacts puisque c’est surtout dans la « nueve » que se trouvaient la plus grande partie des espagnols de la 2ème DB.

[2Confédération nationale du travail (CNT) qui constitue l’organisation syndicale, la Fédération anarchiste ibérique (FAI) et la Fédération ibérique des jeunesses libertaires (FIJL).

[3Solidarité internationale antifasciste (SIA) est une organisation de soutien à la lutte antifranquiste qui est proche de la CNT espagnole. Après la guerre, des personnalités comme Jean Rostand, Louis Lecoin et Albert Camus adhèrent à SIA

[4Dans les organisations libertaires espagnoles, le plénum réunit les délégués mandatés par leurs régions respectives et les organes représentatifs de l’organisation (tel le Comité national) dont le mandat et le travail est alors vérifié. Le plénum gère administrativement l’organisation, donne des directives et peut prendre des décisions ponctuelles.

[5Déclaration du plénum de Marseille du MLE (déc 1943).

[6Une comarcal est un regroupement de fédérations locales de la CNT espagnole, que l’on pourrait comparer, par la taille, à une union départementale.

[7Sur le réseau Pat O’Leary, voir Henri Michel, La guerre de l’ombre, Paris, Grasset, 1970.

[8Ce journal de marche est reproduit par Antonio Villanova dans son livre Los Olvidados, Paris, Ruedo Iberico, 1969, pp. 371-450.

[9Camillo Berneri, anarchiste italien et Andres Nin, leader du Partido obrero de unificacíon marxista (POUM) furent assassinés à la suite des événements de la centrale téléphonique de Barcelone, en mai 1937, lorsque les communistes lancèrent une offensive contre le POUM et la CNT-FAI.

 

[Allemagne] Attaques antifascistes en solidarité avec les migrants

[Hambourg] Attaque aux domiciles de néonazis

En guise de préparation de la marche nazie du 12 septembre prochain, nous avons rendu visite à des néonazis d’Hambourg bien connus dans la nuit de lundi 31 août 2015. Les voitures de jan-steffen holthusen (NPD) [adresse: schlagboom 19c, 22179 hh], torben klebe (NPD) [adresse: glindwiese 1a, 22177 hh], et denis ackermann (GSD hamburg) à windmühle 10, 21109 hh ont eu leurs pneus crevés, leurs vitres détruites et/ou ont été incendiées. A la maison de Willi Wegner (NPD, ex-FAP, terroriste d’extrême-droite) localisée  saseler strasse 193, 22159 hh, de la peinture et des bris de verre ont été laissés.

par “Antifa s’appelle attaque”

Traduit de l’allemand de linksunten, 31/08/2015

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Chemnitz: double attaque contre deux magasins de fachos

Dans la nuit du 27 au 28 août à Chemnitz*, la porte d’entrée de la boutique ‘Thor Steinar’ (marque de fringues néonazis, NdT) de la Mühlenstraße a été incendiée, provoquant de gros dégâts. Quelques rues plus loin, un magasin de fringues militaire situé à la Theaterstraße a aussi été fortement endommagé par l’incendie d’un container de carton qui s’est propagé à un container en plastique. C’est la face arrière du commerce qui a subi le plus de dégâts. Un vigile qui surveillait le bâtiment dans le cadre de la fête de la ville a remarqué les flammes et empêché qu’elles se propagent. Un hôtel situé à proximité a du être évacué. La police a ouvert une enquête pour incendies criminels.

151697

151698

Reformulé de la presse allemande, 28/08/2015

NdT:

* Ville de Saxe; connue de 1953 à 1990 comme la “ville Karl Marx”. Située entre Dresde et Leipzig

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Münich: attaque à la peinture sur l’office fédéral à l’immigration

Dans la nuit du 27 août, des militant-es antiracistes ont repeint la façade de l’agence münichoise de l’office fédéral pour la migration et les réfugiés avec de la peinture et décoré avec les slogans “Stop Deportation! Refugees welcome!”. L’action est un geste contre la mobilisation raciste des partis, des autorités et des nazis contre les migrants en Allemagne et en Europe. […]

1er paragraphe du communiqué de l’action traduit de linksunten indymedia

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Schrobenhausen: attaque contre un tatoueur fasciste

Dans la nuit de jeudi 20 août 2015, les fenêtres en verre du studio de tatouage “Mosquito Tattoo-Piercing” à Schrobenhausen* ont été pétées et le bâtiment marqué à la peinture. La raison de cela a été que, depuis peu, Elisa Fischer (aussi connu sous son pseudonyme “Mara Inkperial”) travaille dans ce studio.

Fischer se distingue entre autre par des symboles néonazis. Un coup d’oeil sur son profil facebook montre qu’elle ne limite pas seulement son idéologie au niveau professionnel. Parmi les indications de “ce qui lui plaît” se trouvent différentes pages racistes et nationalistes présentes en nombre comme par exemple: Werbetechnik T-Frenck, Nordic Brotherhood Germany, German Defense League – Kassel Division, Schrobenhausen braucht keine Moschee [‘Schrobenhausen n’a pas besoin de mosquée”],

Nous ne voulons et n’allons pas l’accepter.

L’action s’applique aussi comme réponse aux deux attaques incendiaires contre des logements de demandeurs d’asile de la région, ainsi que la présence en forte augmentatiobn des structures d’extrême-droite dans les environs d’Ingolstadt.

Nous ne laisserons pas ces structures en paix, mais décidés d’agir contre elles !

Alerta Antifascista !

Traduit de linksunten indymedia, 26 août 2015

source le chat noir émeutier

Louvain (Belgique) : incendie volontaire contre un centre de nanotechnologies et de technologie chimique

LOUVAIN – La nuit dernière, vers 3h20, un incendie s’est déclaré à l’extérieur d’un bâtiment de laboratoires et de recherche de l’Université Catholique de Louvain dans la Celestijnenlaan. L’alarme automatique s’est déclenchée, ce qui a favorisé l’arrivée rapide des pompiers. Le parquet a désigné un expert et le labo pour déterminer la cause de l’incendie. Il est clair qu’il s’agit d’un incendie criminel. Un sac avec des produits inflammables a été déposé à l’extérieur du bâtiment, du côté de la chambre des machines, et mis à feu. L’extérieur du bâtiment a été endommagé par les flammes atteignant six mètres de hauteur. L’incendie était particulièrement violent. Le feu a fait un trou dans la façade et a consommé l’isolation. Par contre, les flammes n’ont pas pénétré à l’intérieur de la chambre de machines, ce qui, selon le porte-parole de l’Université, aurait entraîné un arrêt total des laboratoires.

Le bâtiment abrite le nouveau centre de recherche sur les nanotechnologies et la technologie chimique de l’Université de Louvain. La première pierre a été posée en octobre 2012. Le centre devrait officiellement ouvrir ses portes à la fin de l’année. Mais une centaine de scientifiques y travaillent déjà.

[Traduit de la presse flamande, Het Nieuwsblad
(http://www.nieuwsblad.be/cnt/dmf20150827_01837782),
Leuven Actueel
(http://www.leuvenactueel.be/brandstichting-aan-gebouw-ku-leuven/#.VeBk3yXtmko)
et la télé régionale ROB TV
(vidéo sur http://www.robtv.be/nieuws/leuven/brand-aan-scheikundelab-ku-leuven)]

source: Brèves du Désordre