Archives mensuelles : décembre 2014

[Bruxelles] Solidarité incendiaire avec les compagnons en lutte en Grèce et au Chili

Le mardi 2 décembre nous avons incendié trois véhicules appartenant à des membres du parlement européen. L’attaque a eu lieu près de l’avenue général lartigue à Bruxelles.

Cette action est un acte de solidarité offensive avec l’anarchiste Romanos* actuellement en grève de la faim.

Solidarité avec les prisonniers anarchistes et révolutionnaires, en Grèce et partout ailleurs.

Solidarité avec les combats des compagnons au Chili**.

Publié sur indymedia Bruxelles, 03/12/2014

* Le compagnon Nikos Romanos, incarcéré à la prison de Koridallos pour vol/braquage, est rentré en grève de la faim le 10 novembre dernier.

Lire sa dernière lettre en date du 3 décembre 2014

** Lire de,nombreux textes sur la compagnonne Tamara Sol Vergara, arrêtée pour avoir tiré dans la matinée du 21 janvier 2014 sur un garde de sécurité de la Banco Estado à ‘Alameda’ à Santiago du Chiii. Début juillet 2014, trois compagnons ont été condamnés à plusieurs années de prison pour “braquage  de banque et tentative d’homicide sur des flics (Caso Security)

transport d’énergie électrique à travers l’Europe:Une nouvelle ligne 320 000volts entre le Cotentin et le DEVON ( Menuel et Exter), déjà décidée

PROJET RTE ( France) et “FAB” (pour France-Aurigny-Grande Bretagne)

Voici le lien permettant de visualiser le dossier RTE.

http://www.rte-france.com/sites/default/files/2014_11_18_dossier-presentation_fab_v2.4.pdf:
Une nouvelle ligne 320 000 volts entre le COTENTIN et le DEVON ( Menuel et Exter) !

 

1. C’est déjà décidé !..

Le projet a été validé par l’Union européenne ( 14/10/2013) et par le Ministère de l’Ecologie en charge de l’énergie ( 15/07/2014)
Comme à l’habitude, la concertation commence une fois la décision prise, le 19/12/2014, à la Préfecture de la Manche.
Il ne s’agit que de tester l‘acceptabilité du tracé du projet en souterrain et en sous marin par les agriculteurs, le pêcheurs, les élus, les grands donneurs d’ordre et les associations.
C’est une interconnexion entre RTE ( France) et FAB LINK ( Grande Bretagne), sans doute en liaison avec British Energy, achetée par EDF, principale productrice d’électricité en Angleterre.

2.    220 kilomètres de lignes :

–  180 km en mer : 30 en eaux territoriales françaises jusqu’à AURIGNY…40 km en souterrain, dont 25 km entre Menuel, le poste de dispatching de l’électricité produite par les réacteurs de Flamanville et le littoral de l’Ouest Cotentin par un transit maximal de 1,4 GW, soit plus de la production maximale d’un réacteur actuel (1GW=1 gigawatt= 1000 mégawatt).
Les échanges nationaux sont prévus au niveau de 4GW ( un tunnel électrique sous la Manche existe déjà depuis 1985).
–  En mer, il y aurait deux paires de câbles électriques, espacés de 3 fois la hauteur d’eau “ensouillés” ou recouverts d’un matelas de béton et de rochers, sous coquilles métalliques,
–  A terre, ils seraient enfouis à 1, 50 mètre de profondeur sur 1 m de largeur dans des fourreaux enrobés de béton. Des chambres de jonction sont prévues tous les 1000 m. Des stations de conversion entre courant courant continu et courant alternatif. de 3 à 4 hectares sont prévus à chaque extrémité.

3. Aire d’étude pour le passage enterré depuis Menuel ( l’Etang-Bertrand) jusqu’au petit Doué ( Siouville-Héauville) au Nord, jusqu’à Sciotot-Les PIEUX au sud : 22 communes éventuellement concernées

4. Pourquoi un tel projet de liaisons entre la France et la Grande Bretagne?

– Il  existe déjà 3 lignes de 90 000 volts entre ST Rémy des Landes, Pirou et les îles anglo-Normandes.
Selon le document fourni par RTE et la Préfecture de la Manche, il s’agit :
– d’assurer l’approvisionnement électrique des deux pays;

Le Royaume-Uni dispose à l’heure actuelle d’un parc éolien offshore de 3,3 GW de puissance totale installée. A l’horizon 2020, le pays souhaite porter cette capacité à 14 GW. (photo : ©London Array)
– D’anticiper les besoins de raccordement des énergies renouvelables à partir de 2022 ( Parc hydrolien en liaison avec Aurigny)
– Mais RTE le reconnaît, aussi parce que Menuel est un point d’entrée vers la Bretagne ( Ligne-Domloup-Rennes et Cotentin Maine vers les Pays de Loire par Vitré). Des motivations voilées mais apparentes et réelles dans le déséquilibre électrique français .

– L’Etat nucléaire français, AREVA et EDF ( par l’entremise de British Energy, sa filiale privée anglaise) ont deux fers au feu,
vente à la Grande Bretagne de réacteurs  nucléaires,
à défaut, transport des excédents et des manques de production, par le Cotentin.

En effet, L’Etat nucléaire français est victime à la fois:
de sa surproduction d’électricité fournie en “base” par le nucléaire et qu’il faut vendre, souvent même à perte, puisqu’on ne sait pas la stocker massivement;
de sa sous production d’électricité pour fournir les “pointes” à partir de 17H( critiques autour de 19h) due à la spécificité française du tout électrique ( chauffage, électroménager, éclairage, informatique etc…) après le travail. Les économies d’énergie et les renouvelables ne compensent pas l’arrêt des centrales thermiques classiques et la destruction de quelques barrages comme ceux de la Sélune dans le Sud Manche.
Qui pis est, ce déséquilibre, typiquement français, est accentué par la mise en service de l’EPR programmée en 2017/2018 et l’encouragement à l’usage de la voiture électrique, dite abusivement “verte” (  qui s’ajouterait au tout électrique à la maison au retour du travail).

– Et Pour la GRANDE BRETAGNE?

Le choix de partir de Menuel est clair. C’est moins coûteux, pour la “base” de se servir en France que de construire d’autres EPR chez elle : 19 milliards d’euros pour les deux réacteurs EPR contractés d’HINKLEY Point, au sud Est de l’Angleterre . Le coût de cette interconnexion pour la France, ne coûterait que 250 millions. Combien pour la Grande Bretagne? C’est non indiqué dans le document RTE/Préfecture de la Manche, mais certainement beaucoup moins que la construction d’un EPR supplémentaire. Les risques  d’attentats ou d’accidents seraient plus importants pour le Cotentin que pour le sud Anglais, bien que la mer de la Manche soit bordée par les deux nations : qui en paierait les conséquences environnementales, sanitaires et socio-économiques?
Qui devrait gérer les déchets nucléaires résiduels de la production électro-nucléaire pour l’Angleterre, que personne ne veut chez lui?

La liaison comme “participation à la transition énergétique au niveau européen”, “notamment” anticipée par les grands donneurs d’ordre capitalistes d’Etat ou privés n’est qu’un alibi, une tromperie, un petit peu de miel pour faire avaler beaucoup trop d’acide.

5. Les solutions sont ailleurs:

Dans la réduction de la production d‘électricité inutile vers celle qui est nécessaire et l’ encouragement de moyens de substitution déjà opérationnels.
Dans le développement des économies d’énergie.
Dans les énergies renouvelables aux pouvoirs de gestion déconcentrés, gérées de façon décentralisée, localement et régionalement ,..

reçu par mail

1 De même  en est-il de sa forte concentration dans la vallée du Rhône pour vendre ses excédents à l’Italie et à la Catalogne pourtant sortantes du nucléaire et même pour la seconde “autonomiste”.

[France] SPIP : des matons sans uniforme

À la mi-novembre, une conseillère du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) a été agressée juste devant la taule de Villepinte. Alors qu’elle quittait son sale boulot, deux hommes l’ont rouée de coups et, avant de partir, ils lui ont dit de « faire passer le message ».

Mais qu’est-ce que le SPIP ? Ce service dépend de l’Administration Pénitentiaire (AP) et ses conseillers sont formés à l’École Nationale de l’AP d’Agen. Sur les bancs, ils coudoient les surveillants avec qui ils travailleront après, en prison. En effet, les conseillers du SPIP sont de vrais alter-ego des matons, le visage « gentil » de cette machine à broyer les personnes qu’est la prison. Et, tout comme les matons, ils sont indispensables à son bon fonctionnement.

Le but de l’État est d’enfermer toujours plus de monde (comme le montre bien le plan visant à construire 13000 places de plus en taule). Pour cela ils doivent garantir le calme dedans, avec les chantages sur la « bonne conduite », et aussi étendre la prison dehors, avec les « mesures alternatives ».

En taule, ce sont les conseillers du SPIP qui valident les projets de « réinsertion » des détenus. De ce fait, ils ont un grand pouvoir pour ce qui concerne l’acceptation ou pas, de la part du juge, des demandes de libération anticipée ou d’aménagement de peine. Dehors, leur fonction est « l’assistance et le contrôle » des personnes qui ont écopé de sanctions pénales alternatives à l’incarcération, comme la mise à l’épreuve, la liberté conditionnelle, le travail d’intérêt général et autres aménagements de peine (par exemple le placement sous surveillance électronique). Ce sont eux également qui signalent les personnes qui ne respectent pas leurs obligations « alternatives », en les envoyant au trou.

Le SPIP a donc un rôle central dans cette « individualisation de la peine » qui est à la base d’un système de prix et chantages liés aux « alternatives » à l’enfermement pur et simple. Un système qui casse la solidarité entre détenus et pousse chacun à intégrer l’idée que la peine est nécessaire et qu’on ne peut s’en sortir qu’en collaborant avec ses propres bourreaux.

Mais, comme chaque rouage de la machine infernale de la prison, le SPIP n’est pas une entité abstraite. Ses conseillers sont des personnes en chair et en os – et les os sont fragiles… Entendu, le message ?

• SPIP Paris
12-14 rue Charles Fourier, 75013 Paris

• SPIP Seine-Saint-Denis
29-31 rue Délizy, 93500 Pantin

Antenne CSL Gagny :
• Centre de semi-liberté, 38-42 avenue Aristide Briand, 93220 Gagny
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Extrait de Lucioles n°20, bulletin anarchiste de Paris et sa région, décembre 2014.

[valence] un petit inventaire des horreurs du nouveau centre pénitentiaire

l’ancienne  maison  d’arrêt doit disparaitre , Ces murs suintent la mort et les tortures.. » il faudra bien que des personnes s’en chargent pour la raser définitivement »

Visite guidée de la future prison de Valence ( sic)

Où en sont les travaux de la nouvelle prison de Valence ?
Dans la capitale de la Drôme, elle comprendra une maison d’arrêt et une centrale de 460 places 300 salariés travaillent sur le chantier sur 10 hectares(La superficie de la future prison sera de 33000 m²) le chantier sera terminé l’été 2015 (attention les entreprises devront payer des indemnités de retard si les délais prévus ne sont pas respectés( les vautours de l’enfermement devront recracher des billets des euros)
Où se trouve le futur centre pénitentiaire de Valence ?
Ces derniers mois vous ne pouviez pas la manquer. La dernière des grandes grues a été démontée au début du mois de novembre et les travaux se poursuivent dans le quartier Briffaut au nord de Valence à côté de la zone franche ( magasin Métro et divers grossistes en automobiles et des bureaux )et ll sera situé dans le quartier Briffaut à 500 métres du lycée du même nom et aussi l’école d’ingénieurs l’EISISAR, à l’écart du centre ville, sur un terrain de 17 hectares à deux pas de la voie rapide, la Lacra

Le chantier s’étale sur dix hectares. Près de 300 salariés d’une quarantaine d’entreprises se relaient. Ces nouveaux bâtiments accueilleront près de 460 détenus sur plusieurs espaces distincts : un bâtiment accueillera un long parloir, des ateliers pour faire travailler certains prisonniers (selon le choix de la matonerie ) en journée. Il y aura aussi un gymnase.
Dans l’actuelle prison de l’avenue de Chabeuil, c’est une maison d’arrêt … et dans la nouvelle ? Il y aura bien deux gros bâtiments pour abriter la maison d’arrêt, mais aussi une centrale pour l’exécution de longues peines.


A quoi ressembleront les cellules ?
Nous en avons visité une, une pièce blanche de 8 M2 pour une place avec un lit, d’autres disposent de deux lits. La douche et les WC sont intégrés avec une plaque de cuisine et un évier. » Le plus important reste que la centrale -pour les exécutions de peine- ne communique pas avec la maison d’arrêt. Pour cela, les ouvriers achèvent la réalisation d’un mur impressionnant de 6 mètres de haut qui n’autorise aucun vis-à-vis.

Dans cette prison, quelles seront les mesures de sécurité drastiques ?
Il y a SURTOUT d’importantes mesures de sécurité ! On s’interroge aussi sur le manque d’humanité de cette future prison, en effet l’automatisation des ouverture installée par le groupe SPIE (un des aspects majeurs de ses prestations) va réduire le contact avec les gardiens. 600 Caméras, interphones, ouverture et fermeture des portes organisé par des robots et, plus largement, gestion des accès aux bâtiments, ou comment contribuer à l’emprisonnement par les  nouvelles technologies. On le mesure aussi avec ses murs extérieurs de 6 mètres. A l’entrée principale, l’unique porte du centre pénitentiaire, le mur s’élève sur 12 mètres. 4 miradors permettent une surveillance en hauteur des différents bâtiments. Les visiteurs découvrent actuellement le filet de protection au dessus des toits pour éviter les évasions par hélicoptère.

Quand arriveront les premiers détenus dans ce nouveau centre ?
Ce chantier c’est un chantier de 83 millions d’euros. Il est également d’un nouveau style . Spie Batignolles et ses prestataires ont formé et emploient actuellement près d’une trentaine de personnes en insertion, pour la livrer l’été 2015 et permettra d’accueillir les premiers détenus dès l’automne 2015.

article construit à partir des éléments puisés dans différents blogs

Appel du journal l’envolée:Aux lecteurs et lectrices du Journal

Pour commencer à avoir un effet,‭ ‬faut pas dire‭ ‬:‭ « Je compatis au sort des prisonniers‭ »‬,‭ ‬mais‭ ‬:‭ « Je suis d’accord avec eux‭ »‬.‭ » ‬
AHB‭

Depuis quelques temps,‭ ‬nous nous efforçons de faire de l’Envolée un journal à parution régulière.‭ ‬Trimestrielle.‭ ‬A l’heure de faire paraître un nouveau numéro,‭ ‬il nous semble pourtant que l’urgence n’est pas là.‭

En octobre‭ ‬2012,‭ ‬dans le numéro‭ ‬33,‭ ‬nous avons publié plusieurs plates-formes de revendications portées par des mouvements collectifs de prisonniers depuis les maisons d’arrêt de Corbas et de Seysses,‭ ‬les centres de détention de Roanne et Argentan,‭ ‬les centres pénitentiaires de Ducos et de Vézin-le-Coquet et le quartier maison centrale d’Annœulin.‭ ‬Ça faisait longtemps que de telles revendications collectives n’étaient pas sorties de prison.‭

Les prisonniers y dénonçaient la surpopulation,‭ ‬les fouilles à corps,‭ ‬la multiplication des régimes différenciés,‭ ‬le prix délirant des cantines et les salaires honteux imposés par les entreprises privées qui cogèrent la taule,‭ ‬la double peine qui se généralise pour le moindre problème avec l’administration pénitentiaire‭ ‬:‭ ‬le prétoire puis le tribunal du coin‭ – ‬le mitard et des peines de prison supplémentaires.‭ ‬Mais aussi le manque d’activités et de parloirs,‭ ‬le mépris pour les familles,‭ ‬des règlements intérieurs obscurs qui changent d’une prison à l’autre,‭ ‬les aménagements de peine inexistants.‭ ‬Ils exigeaient la fermeture définitive des quartiers d’isolement et des quartiers disciplinaires ainsi que la suppression des régimes fermés dits‭ « ‬B0‭ » ‬ou‭ « ‬D0‭ » – ‬véritables quartiers d’isolement qui ne disent pas leur nom,‭ ‬où l’administration pénitentiaire place les prisonniers pour une durée indéterminée sans avoir à s’embarrasser d’une procédure disciplinaire.‭ ‬Ils demandaient le rapprochement familial,‭ ‬ou au moins un dédommagement financier pour les familles éloignées,‭ ‬le téléphone gratuit pour les indigents,‭ ‬que le code du travail s’applique en détention,‭ ‬l’abolition des expertises psychiatriques.‭ ‬Et surtout,‭ ‬qu’on leur donne enfin toutes les remises de peine auxquelles ils ont droit.‭

Tout ça est resté très confidentiel‭ ‬:‭ ‬nous n’étions pas nombreux à faire écho à ces mouvements,‭ ‬et nous n’étions pas de taille à rivaliser avec le vacarme fait autour de la réforme pénale de Taubira,‭ ‬nouvelle ministre des tribunaux et des prisons.‭ ‬Un brouhaha dont le premier effet a été de couvrir la voix des enfermés.‭..

Rien de neuf‭ ‬:‭ ‬en‭ ‬2006,‭ ‬pour dénoncer l’hypocrisie des peines infinies,‭ ‬dix prisonniers longue peine de Clairvaux sont allés jusqu’à réclamer le rétablissement de la peine de mort pour eux-mêmes,‭ ‬mais déjà à l’époque les effets d’annonce et les débats sur la loi pénitentiaire de Dati avaient étouffé leur parole.‭

En‭ ‬2012,‭ ‬la gauche au pouvoir tentait de surfer encore un peu sur l’antisarkozysme,‭ ‬avec Taubira pour icône.‭ ‬On l’attendait au tournant‭ ‬:‭ ‬tandis que‭ ‬la droite hurlait au laxisme,‭ ‬dans les prisons on se prenait à espérer.‭ ‬Les conclusions du rapport qu’elle avait commandé sur les‭ « ‬causes de la surpopulation carcérale‭ » ‬contenaient quand même quelques vérités sur le système pénal.‭ ‬S’il y a surpopulation,‭ ‬c’est à cause de l’emprisonnement systématique‭ ‬:‭ ‬les comparutions immédiates qui se généralisent,‭ ‬les circonstances aggravantes qui se multiplient,‭ ‬la répression de la récidive qui se durcit,‭ ‬l’amnistie et les grâces qui ont disparu.‭ ‬Le rapport pointait aussi l’exécution systématique des peines et la création de nouveaux délits en pagaille‭ ‬:‭ ‬le racolage passif,‭ ‬la mendicité agressive,‭ ‬l’occupation d’un terrain en réunion,‭ ‬l’occupation en réunion de hall d’immeuble,‭ ‬la vente à la sauvette…‭ ‬Certes.‭ ‬Ce rapport ne disait donc rien de plus que ce pourquoi la France est déjà condamnée par l’Europe,‭ ‬et que l’État ne peut plus nier.‭ ‬Ce que ce rapport ne dit pas,‭ ‬l’essentiel,‭ ‬c’est que les prisonniers font des peines de plus en plus longues,‭ ‬que l’isolement se perfectionne et se généralise et que l’État n’arrêtera jamais de construire de nouvelles prisons.‭ ‬Ce processus d’inflation pénale ne date pas des années Sarkozy.

Le nouveau ministère des prisons et des tribunaux a beau jeu de s’alarmer que‭ ‬1‭ ‬076‭ ‬personnes‭ (‬chiffre officiel,‭ ‬février‭ ‬2014‭) ‬dorment par terre en cellule‭ ‬:‭ ‬ça justifie la construction de toujours plus de cachots modernes.‭ ‬Des prisons gérées par le privé sortent de terre loin des regards,‭ ‬à l’écart des villes.‭ ‬Des grands quartiers d’isolement,‭ ‬ultrasécuritaires,‭ ‬automatisés.‭ ‬Dans le numéro‭ ‬30‭ ‬de l’Envolée,‭ ‬des prisonniers nous décrivaient Roanne,‭ ‬dans les numéros‭ ‬32,‭ ‬34‭ ‬et‭ ‬36‭ ‬c’était Annœullin,‭ ‬et dans le numéro‭ ‬36‭ ‬encore,‭ ‬Mont-de-Marsan‭…

Après la mascarade de la‭ « ‬conférence de consensus sur la prévention de la récidive‭ »‬,‭ ‬qui a fait mine de‭ « ‬consulter‭ » ‬tous les fameux‭ « ‬acteurs‭ » ‬du système pénal‭ – ‬avec deux prisonniers alibi triés sur le volet‭ – ‬pour‭ « ‬réformer‭ » ‬en‭    « ‬profondeur‭ » ‬la justice et la prison,‭ « ‬changer de logique‭»‬,‭ ‬et blabli et blabla…‭ ‬est venue la vraie réforme.‭ ‬En dur.‭ ‬Une réforme que n’aurait pas reniée cette droite qui s’inquiétait.‭

Dans les trois derniers numéros du journal,‭ ‬nous avons tenté d’en analyser la réalité,‭ ‬loin des effets d’annonce.‭ ‬Nous l’avons décortiquée à la lumière de ce que disent ceux et celles qui vivent à l’intérieur.‭ ‬La fameuse‭ « ‬contrainte pénale‭ » ‬vise à ce que toutes les peines soient‭ ‬exécutées.‭ ‬Elle ne fait pas sortir de prison,‭ ‬elle enferme dehors.‭ ‬Elle sert de nouvelle peine pour les nouveaux délits.‭ ‬La loi prétend en outre mieux accompagner la sortie en conditionnelle,‭ ‬quand elle ne fait en réalité qu’allonger la durée effective de la peine en alourdissant encore le contrôle sur la condi et la durée de ce contrôle.‭ ‬Le processus en cours depuis longtemps se poursuit.‭ ‬De plus en plus de personnes sont placées sous main de justice,‭ ‬le bracelet électronique se répand,‭ ‬le contrôle s’intensifie de partout.‭ ‬La prison hors les murs ne fait pas tomber les murs,‭ ‬elle étend leur enceinte.‭ ‬Loin de lutter contre le grand enfermement,‭ ‬la nouvelle loi le perfectionne encore.‭

Et toujours rien pour les longues peines.‭ ‬Sans blague.‭ ‬On sait bien au ministère que ces peines sont infaisables,‭ ‬mais qu’il n’est pas question de les aménager pour autant.‭ ‬Il s’agit donc pour l’administration de gérer un stock grandissant de prisonniers à qui on a enlevé toute perspective d’une sortie imaginable.‭ ‬Alors on construit Condé-sur-Sarthe,‭ ‬prison test,‭ ‬nouveau QHS pour ceux qui ne supportent pas qu’on les enterre vivants.‭ ‬La surenchère sécuritaire pour seule réponse à la folie pénale.‭ ‬Quitte à être dans l’impasse,‭ ‬autant foncer.‭ ‬On a aboli la peine de mort en France pour lui substituer des peines jusqu’à la mort,‭ ‬on construit les tombeaux qui vont avec.‭

Les attentes de l’intérieur ont vite été déçues.‭ ‬Pas par hasard si le numéro‭ ‬37,‭ ‬spécial réforme pénale,‭ ‬a eu un certain succès en détention avec sa carotte en couverture.‭ ‬Mais dur de se faire entendre.‭ ‬Dehors,‭ ‬on n’écoute que les matons et leur syndicats,‭ ‬et c’est leurs éternels mensonges qui sont repris partout en cœur‭ ‬:‭ ‬les prisons sont remplies de violeurs récidivistes qui sortent après quelques pauvres années,‭ ‬et la plupart des délinquants ne font même pas leur peine‭ ; ‬ils se la dorent en quatre étoiles et sortent systématiquement avant la fin de leur peine‭ ; ‬des fous dangereux font des prises d’otages pour un oui pour un non‭ ; ‬les surveillants sont maltraités,‭ ‬désespérés,‭ ‬traumat‭’ ‬de ne plus pouvoir faire respecter la loi face aux nouveaux barbares de quartier‭ ; ‬la société post-soixante-huitarde n’a toujours pas assez de considération pour les victimes et leur besoin de punition.‭ ‬Et quand la matonnerie et ses perroquets reconnaissent quelques‭ « ‬dysfonctionnements‭ » ‬dans les nouvelles prisons,‭ ‬c’est juste pour se plaindre de l’incursion du privé et réclamer plus de moyens,‭ ‬c’est-à-dire des salaires moins minables,‭ ‬plus d’armes,‭ ‬une plus grande marge de manœuvre pour torturer en paix.‭

La télé parle de plus en plus de prison.‭ ‬Il faut bien alimenter toutes ces chaînes du câble en contenus croustillants.‭ ‬Les caméras peuvent maintenant entrer en détention,‭ ‬tant qu’elles sont téléguidées par l’administration pénitentiaire qui change de com‭’ ‬:‭ ‬un peu moins d’opacité pour donner une nouvelle image aux prisons.‭ ‬L’important c’est que les caméras ne captent pas la libre parole des prisonniers.‭ ‬On parle des prisons,‭ ‬beaucoup,‭ ‬et des prisonniers,‭ ‬qu’on n’entend jamais.‭

Au printemps dernier,‭ ‬nous avons tenté de réunir le plus de personnes possible pour lutter contre
ce qui semble s’installer inexorablement‭ ‬:‭ ‬la prison comme seule réponse du pouvoir à tous ceux qui gênent la société capitaliste.‭ ‬Cette tentative a permis quelques rencontres à l’extérieur,‭ ‬mais il y manque l’essentiel‭ ‬:‭ ‬la voix de l’intérieur.‭ ‬Ce journal tente de faire écho aux paroles des prisonniers et prisonnières,‭ ‬c’est sa raison d’être.‭ ‬Impossible pourtant d’imaginer un mouvement qui couvre un tant soit peu le brouhaha des enfermeurs sans parole collective de l’intérieur.‭ ‬Les derniers numéros sont forts des témoignages,‭ ‬de trajectoires individuelles qui disent beaucoup de la réalité vécue par les prisonniers,‭ ‬loin des discours bidon et des réformes carotte.‭ ‬Nous avons reçu beaucoup de courriers depuis,‭ ‬et il va toujours dans le même sens.‭ ‬Dedans,‭ ‬personne n’est dupe.‭ ‬Nous avions largement de quoi faire un nouveau numéro,‭ ‬tout aussi riche que les précédents,‭ ‬mais nous avons décidé de réfléchir aux moyens de mieux diffuser ces paroles.‭ ‬Nous avons donc décidé de publier ces lettres sur le site Internet du journal‭ ‬(www.lenvolee.net‭)‬.‭

Le numéro‭ ‬40‭ ‬du journal sortira en janvier‭ ‬2015.‭

Nous ne renonçons pas à la tentative de s’organiser à l’extérieur.‭ ‬Mais il n’est pas question pour nous de jouer les ventriloques,‭ ‬et d’usurper la parole des prisonniers.‭ ‬Il n’y aura jamais de mouvement efficace contre l’enfermement sans les enfermés eux-mêmes.‭ ‬Il y a régulièrement des mouvements,‭ ‬plus ou moins collectifs,‭ ‬dans les prisons françaises.‭ ‬Des revendications en sortent parfois.‭ ‬Mais voilà bien longtemps que la détention n’a pas parlé d’une seule voix,‭ ‬que n’est pas sortie une plate-forme sur laquelle se retrouvent des prisonniers d’établissements et de régimes différents.‭ ‬Une  plate-forme de revendications qui ne s’adresse pas qu’au pouvoir,‭ ‬mais aussi à tous ceux qui partagent cette condition d’enfermé,‭ ‬dans laquelle se reconnaître,‭ ‬et où trouver de la force.‭ ‬Une plate-forme qui s’adresse non seulement à l’administration pénitentiaire,‭ ‬mais aussi à la société toute entière,‭ ‬et interroge sa fuite en avant dans la punition.‭ ‬Il ne s’agit pas de réformer ce qui n’est pas réformable,‭ ‬de compatir au sort fait aux prisonniers,‭ ‬mais d’affirmer notre accord avec leurs revendications qui portent toutes en elles le refus de l’enfermement sous toutes ses formes.‭ ‬Chaque fois qu’on s’attaque à une des modalités de l’enfermement,‭ ‬c’est à l’enfermement lui-même qu’on s’en prend.‭ ‬La prison isole,‭ ‬et c’est bien contre cet isolement qu’il s’agit de lutter‭ ‬:‭ ‬en le rompant.

UN SALUT FRATERNEL À NOS RÉDACTEURS ET RÉDACTRICES DE L‭’ ‬INTÉRIEUR

FORCE‭ ‬,‭ ‬COURAGE ET DÉTERMINATION‭ !

 

Les caisses de l’Envolée sont vides…‭ ‬Surtout ne risquez rien qui vous conduise à une trop grosse peine de prison,‭ ‬simplement si vous pouviez faire un chèque de réabonnement‭ – ‬15‭ ‬€,‭ ‬voire plus‭ – ‬ce serait super‭ ! ‬Ceux qui sont déjà en prison ne payent pas,‭ ‬bien sûr.‭
‬L’Envolée,‭ ‬43,‭ ‬rue de Stalingrad,‭ ‬93100‭ ‬Montreuil.‭
‬L’adresse mail‭ ‬:‭ ‬Contact@lenvolee.net

Le site Internet‭ ‬:‭ ‬www.lenvolee.net
Le twitter‭ ‬:‭ @‬anticarceral

Après une discussion interrompue par les grenades lacrymogénes: Espagne 36 , la question de l’anti fascisme et la question du pouvoir

« La révolution ne vient pas remplir une nécessité esthétique, mais solutionner une série de problèmes d’ordre social qui sont posés »
Juan Garcia Oliver, juin 1936

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1. Introduction
La thèse fondamentale du livre Barricades à Barcelone (traduit en français à Spartacus, 2009) affirme que l’idéologie d’unité antifasciste a conduit la CNT à accepter le programme politique de la bourgeoisie républicaine et par conséquent à collaborer avec l’État capitaliste, en ayant pour seul objectif celui de gagner la guerre contre le fascisme, en renonçant au préalable à tout programme révolutionnaire.
La situation révolutionnaire en juillet 36 se caractérisait par un pouvoir atomisé en multiples comités révolutionnaires, qui fut asphyxié par le Comité Central des Milices (CCMA), qui ne fut qu’un organisme de collaboration de classes, et qui a vu le jour parce que la CNT a renoncé à prendre le pouvoir.
L’idéologie antifasciste et la participation de la CNT au pouvoir à divers niveaux, responsabilités municipales, ministères de la Généralitat (gouvernement autonome de Catalogne) et même ministères du gouvernement central, ont créé une bureaucratie de comités supérieurs, ayant des intérêts distincts et opposés à ceux des comités révolutionnaires qui s’étaient créés dans les quartiers de Barcelone. Alors que pour les comités supérieurs tout dépendait de la victoire militaire sur le fascisme, les comités de quartier continuaient à faire ondoyer le drapeau du programme de la révolution ouvrière.
Le processus d’institutionnalisation de ces comités supérieurs de la CNT-FAI en a fait des serviteurs de l’État qui considéraient les comités révolutionnaires de quartier comme leurs pires ennemis. La thèse naïve et simpliste qui divise les leaders anarcho-syndicalistes en traitres et en héros, comme si la masse militante était amorphe et sans volonté, n’explique rien. L’affrontement entre les comités supérieurs et les comités révolutionnaires a été un chapitre de plus de la lutte de classes, qui a été sur le point de se terminer par une scission, que la répression sélective stalinienne a finalement résolue par l’anéantissement des révolutionnaires et l’intégration des comités supérieurs dans l’appareil de l’État.
Dans le livre Les Comités de Défense de la CNT (en espagnol à Aldarull, 2011), j’essaie d’expliquer ce qu’étaient ces comités de défense, comment ils ont vaincu l’armée dans les rues de Barcelone les 19 et 20 juillet, comment ils se sont transformés en comités révolutionnaires, comment ils se sont affrontés aux comités supérieurs libertaires, comment ils se sont affrontés au stalinisme en mai 1937. J’essaie également d’expliquer leur évolution postérieure jusqu’à leur dissolution définitive.

2. Qu’était un Comité de défense (CD) ?
Les comités de défense étaient l’organisation militaire clandestine de la CNT, financés par les syndicats de la CNT et leur action était assujettie à ces derniers.
En octobre 1934, le Comité National des Comités de Défense a abandonné la vieille tactique des groupes d’actions pour une préparation révolutionnaire sérieuse et méthodique. Il a élaboré un rapport où il affirmait :
« Il n’y a pas de révolution sans préparation. Il faut en finir avec le préjugé des improvisations. Cette erreur, qui est de croire en l’instinct créateur des masses, nous a coûté très cher. On n’obtient pas, comme par génération spontanée, les moyens de guerre nécessaires pour combattre un État qui a de l’expérience, qui est fortement armé et qui a une plus grande capacité offensive et défensive”.
Le groupe de défense de base devait être constitué de peu de personnes, pour faciliter la clandestinité. Il devait être formé de six militants ayant des fonctions spécifiques :

. Un secrétaire, chargé du contact avec d’autres groupes de défense, de la création de nouveaux groupes et de l’élaboration des rapports.
. Un deuxième militant chargé d’enquêter sur les personnes, d’évaluer le danger des ennemis, tout particulièrement des curés, des militaires et des pistoleros du patronat.
. Un troisième militant se chargeait de repérer les bâtiments, de tracer des plans et d’élaborer des statistiques.
. Un quatrième militant étudiait les points stratégiques et tactiques de la lutte dans les rues.
. Un cinquième se consacrait à l’étude des services publics : électricité, eau, gaz, égouts.
. Et un sixième militant était chargé de trouver des armes, de l’argent et du ravitaillement.

Six était un nombre idéal, mais certains membres pouvaient s’y rajouter pour accomplir des tâches “relativement importantes”. La clandestinité devait être absolue. C’étaient les noyaux de base d’une armée révolutionnaire, capable de mobiliser des groupes secondaires plus nombreux, et ces derniers de mobiliser le peuple dans son ensemble.
Le cadre où chaque groupe de défense devait agir était bien délimité dans chaque quartier et signalée sur un plan de la ville. Le Comité de défense du quartier coordonnait tous ces cadres de défense et recevait un rapport mensuel de chaque secrétaire de groupe.
L’organisation des comités de défense à l’échelle régionale et nationale comprenait entre autres les secteurs de travailleurs des chemins de fer, les conducteurs d’autocar, les travailleurs de la compagnie téléphonique et du télégraphe, les facteurs et enfin, tous ceux qui, par les caractéristiques de leur profession ou organisation, sont présents au niveau national, en soulignant l’importance des communications dans une insurrection révolutionnaire. Une attention toute spéciale était donnée au travail d’infiltration et de propagande pour gagner des sympathisants dans les casernes.
Les comités de défense avaient deux fonctions essentielles : les armes et l’intendance, dans le sens le plus large.
Les Comités de Défense pouvaient être considérés comme la continuité, la réorganisation et l’extension des groupes d’action et d’auto-défense armée des années du pistolérisme (1917-1923).

3. Comment est-on passé des groupes d’action aux comités de défense ?
Les groupes anarchistes Indomables (indomptables), Nervio (Nerf), Nosotros (Nous), Tierra libre (Terre libre) et Germen (Germe), ont fondé à Barcelone le Comité Local de Préparation Révolutionnaire en janvier 1935 à la réunion plénière de la Fédération des Groupes Anarchistes de Barcelone.
Dans un contexte historique vraiment effrayant, la montée du fascisme en Italie, du nazisme en Allemagne, du stalinisme dans la soi-disant Union Soviétique, de la dépression économique avec un chômage massif et permanent aux États-Unis et en Europe, le rapport élaboré à cette réunion plénière présentait l’espoir du prolétariat révolutionnaire.
Ce rapport disait : « Face à la faillite universelle des idées, des partis, des systèmes, il ne reste que le prolétariat révolutionnaire avec son programme de réorganisation des bases du travail, de la réalité économique et sociale et de la solidarité ».
Ce rapport critiquait la vieille tactique de la gymnastique révolutionnaire (LE FAIT DE S’ENTRAÎNER À LA PRATIQUE INSURRECTIONNELLE) et les insurrections improvisées de janvier et de décembre 1933 de cette façon:
« La révolution sociale ne peut être interprétée comme un coup audacieux, dans le style des coups d’État du jacobinisme, elle sera la conséquence et le résultat du dénouement d’une guerre civile inévitable et dont on ne peut prévoir la durée ».
18 mois avant le 19 juillet, la préparation révolutionnaire en vue d’une longue guerre civile devait faire face à de nouveaux défis, impensables pour la vieille tactique des groupes de choc. Le rapport disait :
« Comme il est impossible de disposer à l’avance des stocks d’armes nécessaires à une lutte soutenue, il faut que le Comité de Préparation étudie la façon de transformer, dans certaines zones stratégiques, les industries […] en industries pouvant fournir du matériel de combat pour la révolution».
Là est l’origine de la Commission des industries de guerre, constituée le 7 août 1936 et qui a constitué, du néant le plus absolu, une puissante industrie de guerre grâce aux efforts des travailleurs coordonnés par les militants de la CNT Eugenio Vallejo, travailleur de la métallurgie, Manuel Martí, du syndicat du secteur chimique et Mariano Martín, même si plus tard ce sont des politiciens bourgeois comme Josep Tarradellas qui s’en sont appropriés le succès.
Des groupes d’action et de choc d’avant 1934, pratiquant la gymnastique révolutionnaire, on était passé à la formation de comités d’information et de combat, considérés comme les cellules de base d’une armée révolutionnaire capable de vaincre l’armée et de mener une guerre civile.

4. Les anarchistes pouvaient-ils prendre le pouvoir ?
Au cours des six premiers mois de 1936, le groupe Nosotros s’est affronté aux autres groupes de la FAI en Catalogne dans des débats très durs sur deux conceptions fondamentales, à un moment où l’on savait pertinemment que les militaires se préparaient à un coup d’État sanglant. Ces deux concepts étaient « la prise du pouvoir » et « l’armée révolutionnaire ». Le pragmatisme du groupe Nosotros, plus préoccupé par les techniques insurrectionnelles que par les tabous, se heurtait de plein front aux préjugés idéologiques des autres groupes de la FAI, c’est-à-dire qu’il se heurtait au refus de ce que ces groupes qualifiaient de « dictature anarchiste » et il se heurtait à leur profond antimilitarisme, eux qui subordonnaient tout à la spontanéité créative des travailleurs.
Ce net rejet des « pratiques anarcho-bolcheviques » du groupe Nosotros s’est largement reflété dans la revue Más Lejos (Plus Loin) qui publia les réponses à une enquête qu’elle avait réalisée dans son premier numéro, en avril 1936, et où les lecteurs devaient répondre à deux questions sur l’acceptation ou le refus de l’abstentionnisme électoral et à une troisième question sur la prise du pouvoir ainsi formulée : « Les anarchistes peuvent-ils, suivant les circonstances, et en faisant fi du moindre scrupule, se disposer à la prise du pouvoir, de n’importe quelle façon, afin d’accélérer le rythme de sa marche vers la réalisation de l’Anarchie ? »
Pratiquement tout le monde a répondu négativement. Mais aucune réponse ne proposait d’alternative pratique à ce refus généralisé de la prise du pouvoir. Théorie et pratique anarchistes semblaient en plein divorce, à la veille du coup d’État militaire.
À la réunion plénière des Groupes Anarchistes de Barcelone de juin 1936, García Oliver défendit que l’organisation des groupes de défense, coordonnés en comités de défense de quartier, à Barcelone, était le modèle à suivre, en l’étendant à l’ensemble du territoire espagnol, et en coordonnant cette structure au niveau régional et national, pour constituer une armée révolutionnaire du prolétariat. Cette armée devait être complétée par la création d’unités de guérillas de cent hommes. De nombreux militants se sont opposés aux conceptions de García Oliver, bien plus enclins à la spontanéité des travailleurs qu’à l’organisation révolutionnaire disciplinée. Les convictions antimilitaristes de nombreux groupes d’affinité entraînèrent un refus quasi unanime des thèses du groupe Nosotros, et particulièrement de celles de García Oliver.

5. Comment ces Comités de Défense se sont-ils transformés en Milices Populaires et en Comités révolutionnaires de quartier ?
Le 19 juillet 1936, la garnison militaire de Barcelone comprenait environ six mille hommes, face aux presque deux mille de la Guardia de Asalto (Garde d’assaut) et aux deux cents « mossos d’escuadra » (police catalane). La Guardia Civil, dont personne ne savait avec certitude en faveur de qui elle se décanterait, comptait sur environ trois mille hommes. La CNT-FAI était formée d’environ vingt mille militants, organisés en comités de défense de quartier, prêts à prendre les armes. Elle s’engageait, devant la commission de liaison de la CNT avec la Generalitat et les militaires loyaux à la République, à arrêter les factieux avec seulement mille militants armés.
Ces groupes de défense subirent une double transformation en donnant d’une part les milices populaires qui ont constitué au cours des premières journées le front d’Aragon qui instaura la collectivisation des terres dans les villages d’Aragon libérés ; et, d’autre part, les comités révolutionnaires qui, dans chaque quartier de Barcelone, et dans chaque village de la Catalogne, ont imposé un « nouvel ordre révolutionnaire ». Comme les milices populaires et les comités révolutionnaires provenaient tous deux des groupes de défense, ils furent toujours très unis et en interaction. Ces comités locaux, dans certains villages, étaient le fruit du rapport de forces existant dans chaque localité, et parfois ils pouvaient être purement front populiste, sans aucune aspiration révolutionnaire.
Les comités révolutionnaires assumaient une importante tâche administrative, très variée, de l’émission de bons, de tickets pour la nourriture, de sauf-conduits, de laissez-passer, l’approvisionnement et l’entretien des hôpitaux à l’expropriation de la nourriture, des meubles et des bâtiments, le financement des écoles rationalistes et des ateneos (centres culturels) gérés par les Jeunesses Libertaires, la paie des miliciens ou de leur famille, etc.

6. Les Comités de Défense se sont transformés, à Barcelone, en comités révolutionnaires de quartier
Le vrai pouvoir exécutif était dans la rue, c’était le pouvoir du prolétariat en armes, exercé par les comités locaux, de défense et de contrôle ouvrier, qui expropriaient spontanément les usines, les ateliers, les immeubles et les propriétés ; qui organisaient, armaient et menaient au front les groupes de miliciens volontaires qu’ils venaient de recruter ; qui brûlaient les églises ou les transformaient en écoles ou en magasins ; qui formaient des patrouilles pour étendre la guerre sociale ; qui protégeaient les barricades, véritables frontières de classe contrôlant les allées et venues et représentant le pouvoir des comités ; qui faisaient fonctionner les usines, sans maîtres ni dirigeants, ou qui les transformaient en usines de guerre ; qui réquisitionnaient les voitures et les camions ou la nourriture pour les comités d’approvisionnement ; qui « promenaient » (liquidaient) les bourgeois, les fascistes et les curés ; qui percevaient les impôts révolutionnaires ou qui finançaient des travaux publics pour réduire le chômage ; qui substituaient les mairies républicaines totalement obsolètes en imposant partout leur autorité absolue dans tous les domaines, en ignorant les ordres de la Generalitat et du Comité Central des Milices Antifascistes (CCMA). La situation révolutionnaire se caractérisait par une atomisation du pouvoir.
À Barcelone, les comités de défense, transformés en comités révolutionnaires de quartier, n’ont suivi les consignes d’aucune organisation, quelle qu’elle soit et ont pris les initiatives que chaque situation exigeait. Ils ont organisé les hôpitaux, débordés par l’avalanche de blessés, ils ont créé des cantines populaires, ils ont réquisitionné des voitures, des camions, des armes, ils ont exproprié des usines, des immeubles, ils ont détenu des suspects et ont créé un réseau de Comités d’approvisionnement dans chaque quartier, qui se sont coordonnés en un Comité Central d’Approvisionnement de la ville, au sein duquel le Syndicat de l’Alimentation de la CNT a joué un grand rôle. La contagion révolutionnaire touchait tous les secteurs sociaux et toutes les organisations, qui se décantaient sincèrement en faveur de la nouvelle situation révolutionnaire. Cela a été la seule force réelle du Comité Central des Milices, qui apparaissait aux yeux du prolétariat armé comme l’organisme antifasciste qui devait diriger la guerre et imposer le nouvel ordre révolutionnaire.
Le 21 juillet, une séance plénière des syndicats locaux et régionaux avait renoncé à la prise du pouvoir, comprise comme une dictature des leaders anarchistes, et non point comme l’imposition, la coordination et l’extension du pouvoir que les comités révolutionnaires exerçaient déjà dans la rue. Fut décidée la création d’un Comité Central des Milices Antifascistes, ORGANISME DE COLLABORATION DE CLASSES, formé par l’ensemble des organisations antifascistes.
Le 24 juillet a lieu le départ des deux premières colonnes anarchistes dirigées l’une par Durruti et l’autre par Ortiz. Durruti prononça un discours à la radio où il prévenait qu’il fallait être vigilant face aux tentatives contre-révolutionnaires. Il fallait contrôler la situation révolutionnaire à Barcelone et aller « jusqu’au bout » après la prise de Saragosse.
À la Réunion plénière régionale du 26, il fut confirmé à l’unanimité que la CNT maintiendrait la même position que celle défendue le 21 juillet, celle de participer à l’organisme de collaboration de classes appelé CCMA. Lors de cette réunion du 26 fut créée une Commission d’Approvisionnement, dépendante du CCMA, à laquelle devaient se soumettre les différents comités d’approvisionnement qui avaient surgi un peu partout, et en même temps l’arrêt partiel de la grève générale fut aussi exigé. Le résumé des principaux accords qui se sont conclus à cette réunion plénière fut publié sous forme d’arrêté pour qu’il soit connu de tous et respecté.
Le Comité Central d’Approvisionnement était une institution fondamentale qui jouait un rôle indispensable par rapport aux ouvriers volontaires qui quittaient leur poste de travail pour aller combattre le fascisme en Aragon : assurer en leur absence la nourriture de leurs familles qui ne percevraient plus le salaire hebdomadaire avec lequel elles vivaient.
Ainsi, les comités révolutionnaires de quartier, à Barcelone, étaient formés de deux sections : la section de défense et la section d’approvisionnement, qui répondaient aux deux besoins essentiels du moment : les armes et la nourriture.

7. Qu’étaient les Patrouilles de Contrôle ?
Entre le 21 juillet et la mi-août 36, les patrouilles de contrôle se sont constituées comme police « révolutionnaire » qui dépendait du Comité Central des Milices Antifascistes (CCMA).
Seule la moitié environ de ceux qui faisaient partie des patrouilles de contrôle possédait la carte de la CNT ou faisait partie de la FAI ; l’autre moitié était affiliée aux autres organisations formant le CCMA : fondamentalement le POUM, Esquerra Republicana de Cataluña (ERC) et le PSUC. Sur les onze délégués de section, il n’y en avait que quatre de la CNT : ceux de Pueblo Nuevo, Sants, San Andrés (Armonía) et Clot : quatre étaient de ERC, trois du PSUC et aucun du POUM.
Les patrouilles de Contrôle dépendaient du Comité d’Enquête du CCMA, dirigé par Aurelio Fernández (FAI) et Salvador González (PSUC). Sa section centrale était dirigée par deux délégués de Patrouilles, José Asens (FAI) et Tomás Fábrega (Acció Catalana). Le salaire des membres des patrouilles, de dix pesetas par jour, était payé par la Generalitat. […].

8. Quel a été le bilan du Comité Central des Milices Antifascistes ?
Le 26 septembre fut formé un gouvernement de la Generalitat auquel participaient des « consellers » -des ministres- anarchistes. Le 1er octobre, le CCMA fut dissous.
Les décrets du 9 et 12 octobre déclarèrent que tous les comités locaux qui avaient surgi le 19 juillet étaient dissous et qu’ils devaient être remplacés par de nouvelles mairies. La résistance des militants de la CNT, qui ne faisaient aucun cas des consignes des comités supérieurs ou des ordres du gouvernement de la Generalitat, menaça le pacte antifasciste. Les dirigeants anarchosyndicalistes subissaient la pression de leurs militants qui n’avaient aucune envie de leur obéir et celle des forces antifascistes qui leur exigeaient de respecter et de faire respecter les décrets du gouvernement et de faire entendre raison aux « incontrôlés ».
Voilà quel était le véritable bilan du CCMA après neuf semaines d’existence : la dissolution des comités révolutionnaires locaux qui exerçaient tout le pouvoir dans la rue et les usines en faveur du rétablissement complet du pouvoir de la Generalitat. Il faut ajouter au bilan désastreux du CCMA les décrets signés le 24 octobre sur la militarisation des Milices et le décret sur les Collectivisations, c’est-à-dire la suppression des Milices ouvrières formées de volontaires révolutionnaires et leur transformation en armée bourgeoise classique. Et d’autre part, la transformation des expropriations et du contrôle des usines par le prolétariat en une économie tendant à être entièrement contrôlée et dirigée par la Generalitat.

9. L’hibernation des comités de défense en décembre 1936 et leur réorganisation en mars 1937
Début décembre 1936, la Fédération Locale des Syndicats Uniques de la CNT de Barcelone a débattu du rôle que devaient jouer les comités de défense à Barcelone.
La Fédération Locale imposa une vision strictement syndicale, qui ne voyait pas d’un bon œil l’importance qu’avaient acquise, dans les quartiers, les comités de défense et les comités d’approvisionnement. Elle considérait que leurs fonctions, un fois conclue et l’insurrection révolutionnaire et l’étape immédiatement postérieure, étaient provisoires et qu’elles devaient désormais être assumées par les syndicats.
En décembre 1936, les comités de défense étaient une entrave pour la politique gouvernementaliste des comités supérieurs de la CNT ; ils devaient donc hiberner et se soumettre aux syndicats, comme simples appendices, quelque peu gênants et inutiles.
Ce qui était en jeu, c’était le degré d’autonomie des comités de défense de quartiers par rapport aux syndicats. Il y avait ceux qui pensaient que les Comités Locaux de Défense devaient avoir leur propre personnalité et être totalement indépendants, en les considérant comme LA MILICE DE LA CNT, alors que d’autres pensaient qu’ils devaient entièrement se soumettre aux décisions de la Fédération Locale des Syndicats qui non seulement devait discuter de la situation et décider de comment agir, mais devait en plus garder les armes, contrôler les hommes et financer les Comités de Défense.
Le problème fondamental, d’après le Comité Régional de Catalogne, était le refus généralisé de la consigne de désarmement, de telle sorte qu’il en est arrivé, selon ses propres mots, à constater que « les quartiers sont nos pires ennemis ». Les comités de défense entrèrent alors dans une période d’hibernation.
L’entrée de la CNT dans le gouvernement de la Generalitat avait entraîné, début octobre, la création d’une Assemblée de Sécurité Intérieure, qui se caractérisait par une dualité conflictuelle de pouvoir sur les forces de l’ordre entre la CNT et le gouvernement de la Generatitat. Les Patrouilles de Contrôle perdirent leur autonomie et leur pouvoir de décision, alors que le Commissariat de l’Ordre Public, contrôlé par le PSUC et ERC, voyait son pouvoir de coercition augmenter, grâce au renforcement des corps des Gardes d’Assaut et de la Garde Nationale Républicaine (ancienne Garde Civile).
À la fin du mois de janvier 1937, les miliciens du PSUC-UGT abandonnèrent les Patrouilles de Contrôle et furent substitués par des membres de la CNT, d’ERC et du POUM. La perspective de la fin des Patrouilles de Contrôle, remplacées par un nouveau Corps Unique de Sécurité, ce qui fut décrété le 4 mars 1937, entraînait la fin de l’hégémonie de la CNT sur les tâches policières et répressives à l’arrière.
.Les syndicats comprirent qu’il fallait absolument réorganiser les comités de défense, dans les quartiers, pour organiser l’affrontement qui semblait alors inévitable.

10. Pourquoi le contrôle de l’approvisionnement a-t-il été perdu ? Que fut la « guerre du pain » ?
Le 20 décembre 1936, le stalinien Comorera, Conseller (Ministre) de l’Approvisionnement, prononça un discours important, en catalan, à Barcelone.
Comorera défendit le besoin d’un gouvernement fort, ayant pleins pouvoirs, capable de faire appliquer les décrets pour qu’ils ne restent pas lettre morte, comme cela avait été le cas avec le premier gouvernement Tarradellas, auquel avait participé Nin comme représentant du POUM. Un gouvernement fort, capable de mener à bien une politique militaire efficace, regroupant toutes les forces existantes sur le front.
Comorera attribuait le manque de nourriture et l’augmentation de son prix aux Comités de défense, et non au fait que les grossistes et les commerçants s’en accaparaient et spéculaient. C’était le discours qui justifiait et expliquait le mot d’ordre sur les pancartes et les tracts des manifestations de femmes fin 36, début 37 : « plus de pain et moins de comités », manifestations organisées et manipulées par le PSUC. C’était l’affrontement entre deux politiques d’approvisionnement opposées, celle du PSUC et celle du Syndicat de l’Alimentation de la CNT. Ce dernier, par le bais des treize magasins d’approvisionnements des quartiers, gardés par les comités révolutionnaires de quartier (ou plus exactement par leur section de défense) fournissait gratuitement de la nourriture aux cantines populaires où pouvaient se rendre les chômeurs et les membres de leurs familles. Il s’occupait également de centres d’attention aux réfugiés dont le nombre tournait autour de 220 000 personnes en avril 1937 à Barcelone. C’était un réseau d’approvisionnement qui faisait concurrence aux détaillants qui n’obéissaient qu’à la loi de l’offre et de la demande afin d’éviter surtout l’augmentation du prix des produits qui auraient été alors inaccessibles pour les travailleurs et, cela va de soi, pour les chômeurs et les réfugiés. Le marché noir était la grande affaire des détaillants qui faisaient bombance grâce à la faim de la majorité de la population. La guerre du pain de Comorera contre les comités d’approvisionnement de quartiers ne visait qu’à enlever aux comités de défense toute parcelle de pouvoir, même si cette guerre impliquait le désapprovisionnement de Barcelone et la pénurie alimentaire.
Comorera conclut son discourt par un appel à la responsabilité de toutes les organisations afin d’obtenir une forte unité antifasciste. Pour bien comprendre le discours de Comorera, il faut tenir compte de la stratégie, défendue par Gerö (LE DÉLÉGUÉ DE MOSCOU DANS LE PSUC), de mener une politique SÉLECTIVE par rapport au mouvement anarchiste, qui consistait à intégrer les dirigeants anarchistes dans l’appareil d’État, tout en réprimant de façon terrible les secteurs révolutionnaires qualifiés de façon infamante d’incontrôlés, de gangsters, d’assassins, d’agents provocateurs et d’irresponsables ; secteurs que Comorera identifiait très clairement aux comités de défense.
Les magasins d’approvisionnement des comités de quartier contrôlaient ce que les détaillants allaient recevoir comme marchandises et leur prix de vente au public, après que les besoins « révolutionnaires » du quartier aient été satisfaits, celui, donc, des malades, des enfants, des chômeurs, des cantines populaires, etc.
Comorera défendait le marché libre et la disparition de ces comités révolutionnaires de quartier. Il savait de plus qu’une chose allait de pair avec l’autre et que sans supprimer les comités de défense, le marché libre n’était que chimère.
Un approvisionnement rationnel, prévoyant et suffisant de Barcelone et de la Catalogne aurait signifié l’acceptation des prétentions du Conseller –ministre- de l’économie de la CNT, Fábregas, qui, entre le mois d’octobre et de décembre a bataillé inutilement, dans les réunions ministérielles de la Generalitat, pour obtenir le monopole du commerce extérieur, face à l’opposition des autres forces politiques. Pendant ce temps-là, sur le marché des céréales de Paris, dix ou douze grossistes se faisaient concurrence et faisaient monter les prix. Mais ce monopole du commerce extérieur, qui n’était même pas une mesure de caractère révolutionnaire, mais seulement une mesure adaptée à une situation urgente due à la guerre, allait à l’encontre de la philosophie du marché libre, défendue par Comorera.
Il y avait un lien entre les queues pour acheter du pain à Barcelone et la concurrence irrationnelle des grossistes sur le marché des céréales à Paris. Lien qui aurait été brisé avec le monopole du commerce extérieur. Avec la politique du marché libre de Comorera, ce lien s’est renforcé. Mais qui plus est, le PSUC a encouragé la spéculation des commerçants, qui ont implanté une véritable dictature sur le prix de tous les aliments, en s’enrichissant sur le dos des travailleurs affamés.

11. Comment et pourquoi ces Comités de Défense se sont-ils radicalisés en avril 37 ?
Le dimanche 11 avril, au meeting de l’arène de La Monumental de Barcelone, il y avait des pancartes qui exigeaient la liberté des nombreux prisonniers antifascistes, la plupart de la CNT. Federica Montseny (dirigeante de la CNT) fut huée et sifflée. Les cris favorables à la liberté des prisonniers redoublèrent. Les comités supérieurs accusèrent de « sabotage » le Regroupement des Amis de Durruti. Federica, très offensée, menaça de ne plus faire de meeting à Barcelone.
Le lundi 12 avril 1937 eut lieu à la Casa CNT-FAI une réunion plénière locale des Groupes Anarchistes de Barcelone, à laquelle assistèrent les groupes de Défense de la confédération et des Jeunesses Libertaires.
Le groupe 12, du quartier de Gracia, présenta une proposition par écrit qui disait :
« La réunion, qui a pris en compte, après une large discussion, les résultats de neuf mois de politique ministérielle, qui a constaté l’impossibilité de gagner la lutte armée sur les fronts contre le fascisme sans faire dépendre tous les intérêts particuliers, économiques, politiques et sociaux, de l’objectif suprême de la guerre, qui considère que seule la socialisation totale de l’industrie, du commerce et de l’agriculture permet d’écraser le fascisme, qui considère que n’importe quelle forme de gouvernement est par essence réactionnaire, et donc opposée à la révolution sociale a décidé de :

1. Retirer tous les hommes qui occupent actuellement une place dans les instances antifascistes gouvernementales.
2. S’engager à constituer un comité révolutionnaire antifasciste pour coordonner la lutte armée contre le fascisme.
3. Socialiser immédiatement l’industrie, le commerce et l’agriculture.
4. Implanter une carte de producteur, (carte de rationnement prétendant favoriser les travailleurs au détriment des rentiers et des bourgeois). Mettre en route la mobilisation générale de tous les hommes capables de manier une arme et les instruments de travail sur le front et à l’arrière.
5. Et enfin, faire sentir à tout le monde le poids inflexible de la discipline révolutionnaire pour bien montrer que l’on ne plaisante pas avec les intérêts de la révolution sociale ».
La bureaucratie s’était vue débordée par cette réunion. À cette réunion plénière étaient intervenus les Comités de Défense de Barcelone, ou ce qui revient au même, la délégation des comités révolutionnaires de quartier, ainsi que les Jeunesses Libertaires, qui radicalisèrent, sans aucun doute, les accords qui avaient été pris.
Et cette FAI de Barcelone, avec les sections de défense des comités révolutionnaires de quartier et les Jeunesses Libertaires, malgré la scandaleuse et hystérique opposition de certains bureaucrates, avait décidé d’en finir avec le collaborationnisme, de retirer les ministres anarchistes du gouvernement de la Generalitat et de constituer un Comité révolutionnaire qui dirigerait la guerre contre le fascisme. C’était un pas décisif vers l’insurrection révolutionnaire qui éclata le 3 mai 1937.
La réunion plénière constatait, d’autre part, qu’il y avait un fossé idéologique, pas tant entre la CNT et la FAI, mais entre révolutionnaires et collaborationnistes pouvant aboutir à une scission organisationnelle au sein du mouvement libertaire et qui se manifestait par l’opposition croissante entre les comités de quartier, certains groupes anarchistes et les Jeunesses Libertaires, d’une part, et les comités supérieurs, dont les objectifs étaient totalement différents, d’autre part.
Cette radicalisation était le fuit d’une situation de plus en plus insoutenable dans la rue. Le 14 avril, une manifestation de femmes, qui cette fois n’était pas manipulée par le PSUC, partit de La Torrassa (un quartier d’Hospitalet, banlieue de Barcelone de tradition anarchiste) pour parcourir les différents marchés des quartiers barcelonais de Collblanc, Sants et Hostafrancs, pour protester contre le prix du pain et de la nourriture en général. Cette manifestation s’adressa au Comité Révolutionnaire de la Place España pour qu’il intervienne dans l’affaire. Les manifestations et les protestations s’étendirent à presque tous les marchés de la ville. Plusieurs boutiques et plusieurs boulangeries furent pillées. Les quartiers ouvriers de Barcelone, affamés, étaient sortis dans la rue pour manifester leur indignation et pour exiger des solutions.

12. Quel rôle ont joué les Comités de Défense en mai 1937.
Le lundi 3 mai 1937, vers 14h45, trois camions de gardes d’assauts, armés jusqu’aux dents, s’arrêtèrent devant le siège de la centrale téléphonique, place Catalogne. Ils étaient dirigés par Eusebio Rodríguez Salas, militant du syndicat UGT, stalinien convaincu, responsable officiel du commissariat de l’ordre public. Le bâtiment de la centrale téléphonique avait été exproprié par la CNT le 19 juillet 1936.
Le contrôle des appels téléphoniques, la surveillance des frontières et les patrouilles de contrôle étaient le cheval de bataille qui, depuis janvier, avait provoqué divers incidents entre le gouvernement républicain de la Generalitat et la CNT.
Rodríguez Salas voulut prendre le bâtiment de la centrale téléphonique. Les militants de la CNT des premiers étages, pris par surprise, furent désarmés ; mais les militants de la CNT des étages supérieurs organisèrent leur résistance grâce à une mitraillette placée à un point stratégique. La nouvelle se répandit très rapidement. EN MOINS DE DEUX HEURES, des barricades furent dressées dans toute la ville.
On ne peut pas parler de réaction spontanée de la classe ouvrière de Barcelone, parce que la grève générale, les affrontements armés avec les forces de police et les barricades furent le fruit de l’initiative prise par les comités de défense, qui furent rapidement suivis vu le mécontentement généralisé, les problèmes financiers croissants de la population causés par la vie chère, les queues et le rationnement, et vu les tension chez les militants de base de la CNT entre les collaborationnistes et les révolutionnaires. La lutte dans les rues fut impulsée et menée par les comités de défense des quartiers, sans aucune intervention des COMITÉS SUPÉRIEURS.
Les comités de quartier déchaînèrent et dirigèrent l’insurrection du 3 au 7 mai 1937 à Barcelone. Et il ne faut pas confondre les comités de défense des quartiers avec une « spontanéité des masses » ambigüe et imprécise, dont parle l’historiographie officiel.
Andrés Nin, secrétaire politique du POUM, dans un article écrit le 19 mai 1937, en parle ainsi:« Les journées de mai à Barcelone ont fait revivre certains organismes qui, au cours de ces derniers mois, avaient joué un certain rôle dans la capitale catalane et dans certaines villes importantes : les Comités de Défense. Il s’agit d’organismes de type technico-militaire, formés par les syndicats de la CNT. Ce sont eux, en réalité, qui ont dirigé la lutte, et qui étaient, dans chaque quartier, le centre d’attraction et d’organisation des ouvriers révolutionnaires ».
Les Amis de Durruti n’ont pas initié l’insurrection, mais ils furent les combattants les plus actifs sur les barricades, ils distribuèrent un tract qui exigeait la substitution du Gouvernement de la Generalitat par une Junte Révolutionnaire. Les travailleurs de la CNT, désorientés par les ordres de « cessez-le-feu » de leurs dirigeants (les mêmes dirigeants que le 19 juillet ! ! !), abandonnèrent finalement la lutte bien qu’au début ils n’avaient fait aucun cas des appels à l’entente et à l’abandon de la lutte, sous prétexte d’unité antifasciste.

13. Comment furent dissous les Comités de Défense ?
Les comités révolutionnaires de quartier, à Barcelone, sont apparus le 19-20 juillet et ont perduré au moins jusqu’au 7 juin 1937, lorsque les forces de l’ordre restaurées de la Generalitat ont dissous et occupé les divers centres des Patrouilles de Contrôle, et en passant, plusieurs sièges des comités de défense, comme celui du quartier des Corts. Malgré le décret qui exigeait la disparition de tous les groupes armés, la plupart a résisté jusqu’en septembre 1937, lorsqu’ils furent systématiquement dissous et que les bâtiments qu’ils occupaient furent pris d’assaut, un par un. Le dernier siège, le plus important et le plus fort, fut le siège du comité de défense du Centre, aux Escolapios de San Antonio, qui fut pris d’assaut le 20 septembre 1937 par les forces de l’ordre public, avec tout un arsenal de mitrailleuses, de grenades, de tanks et de canons. Cependant, la résistance des Escolapios n’a pas pris fin à cause des coups de feu, mais parce que le Comité Régional leur donna l’ordre de déloger le bâtiment.
Dès lors, les Comités de Défense, camouflés sous le nom de Sections de coordination et d’information de la CNT, se consacrèrent exclusivement à des tâches clandestines d’enquêtes et d’information, comme avant le 19 juillet, mais à présent, en 1938, dans une situation nettement contre-révolutionnaire.
Ils eurent également une publication clandestine, Alerta… ! Entre octobre et décembre 1937, 7 numéros furent publiés. Ce qui revenait dans cette publication, c’était la solidarité avec les « prisonniers révolutionnaires » en exigeant leur libération ; l’information sur les abus staliniens à la Prison Modelo de Barcelone ; la critique du collaborationnisme et la politisation de la FAI ; la dénonciation de la désastreuse politique de guerre du gouvernement Negrin-Prieto et de la prédominance stalinienne au sein de l’armée et des appareils de l’État. Dans cette publication, il y a eu des saluts fraternels envers les Jeunesses Libertaires et le regroupement Les Amis de Durruti. L’une des caractéristiques indélébiles de cette publication était les appels constants à la Révolution et à ce que les comités supérieurs abandonnent tous leurs postes parce que, disait-elle, :
« La révolution ne peut se faire depuis l’État, mais contre l’État ». Le dernier numéro, datant du 4 décembre, dénonçait les Tchekas staliniennes et la persécution brutale des militants de la CNT en Cerdagne.
14. Conclusion
En 1938, les révolutionnaires étaient sous terre, en prison ou dans la clandestinité la plus absolue. Ce n’est pas la dictature de Franco qui a mis un terme à la révolution, mais la République de Negrin.
Les révolutions sociales, les tentatives de réorganisation de la production et de la société sur de nouvelles bases, sont extrêmement rares dans l’histoire. Au-delà des circonstances dans lesquelles elles ont surgi, elles nous apportent toujours une expérience irremplaçable, tant par leur succès que par leur échec. Le grand enseignement de la révolution de 1936 a été le besoin incontournable de détruire l’État et de réprimer la contre-révolution. En reprenant la terminologie des Amis de Durruti : « les révolutions sont totalitaires ou sont défaites ».
Agustín Guillamon
Traduit en Français par Eulogio Fernández

[LYON] Retour sur une manif offensive et déterminée ? (29 novembre 2014)

Nous étions plus de 4000 ce samedi après-midi à Lyon. Les nombreux appels avaient donné le ton et si la mobilisation appelée par les habituels « partis et syndicats de gôche » ciblait uniquement le FN et son congrès, l’opposition du jour couvrait un champ quelque peu plus large : celui du racisme (d’état) et de la violence policière (lesquels s’exercent régulièrement de façon conjointe). Quel intérêt d’ailleurs de s’opposer uniquement à un FN bunkerisé à la tête d’Or protégé par la police, et que médias et politiques ont déjà rendu « acceptable » en reprenant et appliquant ses idées racistes et réactionnaires.

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Le déploiement policier du jour était sans commune mesure pour une manifestation « antifasciste », plusieurs dizaines de camions de CRS, autant de gardes mobiles, la BAC, un canon lance à eau, et même un hélicoptère. Mais depuis plusieurs semaines et les mobilisations anti-répressions, nasses policières [1] et déploiement ostentatoire sont devenus la règle, peu s’en sont étonnés. L’histoire avait déjà été vendue au quidam par les médias et le préfet Carenco : un centre-ville impraticable et des hordes de « casseurs » à la violence prétendument « gratuite ».

La pression policière s’est fait sentir avant même le début de la manifestation : les bus venant de Paris, d’Italie, de Grenoble ou de Berne ont été arrêtés sur le trajet, avec contrôle systématique des papiers et fouille. Certains n’ont pas pu se rendre au point de départ de la manifestation. Sur place des barrages de police sur toutes les rues débouchant à Jean Macé ont permis aux flics de fouiller une bonne partie des manifestants (on vous laisse deviner les critères arbitraires de ciblage) et d’arrêter au moins une personne. D’autres ont été embarqués par la police après des fouille et contrôle dans un bar.

12La manifestation finit tout de même par quitter la place Jean Macé pour remonter l’avenue Jean Jaurès vers 15h. Partis et associations ouvraient le cortège suivi des syndicats (surréaliste camion-scène de concert de la CFDT). La deuxième moitié de la manifestation s’agrégeait derrière le NPA, autour d’un cortège libertaire compact et divers. Les habituels slogans contre le FN et le racisme d’état fusent, quelques pétards explosent le long du cortège, quelques coups de bombes de peinture sur les murs ou directement sur le sol finissent de poser l’ambiance. La présence policière se fait moins pesante aux abords du cortège, les flics sont regroupés devant et derrière la manifestation.

À l’approche de Saxe Gambetta, l’ambiance commence à monter. Quelques banques sont taguées, leurs vitrines et distributeurs prennent des coups. Un flic en civil (DCRI ?) présent au bord du cortège est pris à partie et doit fuir. Les flics commencent alors à mettre la pression sur l’arrière du cortège, et beaucoup de gens remontent sur les côtés. Arrivée sur l’avenue Gambetta, les premières grenades lacrymo tombent. Quelques mouvements de foules font accélérer la manifestation. Jusqu’au pont de la guillotière, les banques continuent de prendre des coups et le Mc Donald perd ses vitrines.

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Vitre de la BNP Paribas...

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Attaque groupée d'une agence CIC

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Banque populaire avenue Jean Jaurès

20Arrivée à la fosse aux ours sur les quais, les CRS chargent le cortège et scindent la manifestation en deux. Une partie des personnes déjà engagée sur le pont fait demi-tour, et fait face à la police, pendant que la fin du cortège se retrouve prise dans une nasse, encerclée par les flics. Le reste de la manifestation continue de traverser le pont, puis de suivre les quais en direction des terreaux. Ceux qui ont échappé à la nasse sont finalement obligés de suivre le reste du cortège sous la pression policière. Un canon lance à eau se met à asperger la foule au croisement de la rue de la Barre. Les CRS talonnent le cortège, projectiles divers contre lacrymo. Cette marche forcée continuera jusqu’à la passerelle du collège, à quelques centaines de mètres seulement de la place des terreaux. Les flics y empêchent le cortège de poursuivre alors que les lacrymo tombent jusque dans les premiers rangs de la manifestation. Quelques groupes continuent dans les ruelles de la presqu’île, d’autres traversent le Rhône sur l’injonction des flics. Si plus rien ou presque ne se passe en centre-ville à partir de ce moment-là, le quadrillage policier se maintient tout le début de soirée, les quelques groupes de manifestants restés sur les quais se retrouvant rapidement face aux flics.

Le bilan répressif de la manifestation, outre les violences physiques d’une police sur les nerfs, s’élève à au moins 17 personnes interpellées selon les informations de la Caisse de Solidarité. Au moins une des personnes arrêtées avant le début de la manifestation a déjà été relâchée.

[Suivi en direct] du bordel un peu partout à lyon pour la manif contre le FN et le racisme d’état

  • 18h40 : Huit camions de gardes mobiles devant la piscine du Rhone et des voitures de la bac autour de la place Raspail.
  • 18h19 : Pour l’instant on en est à 17 arrestations qui ont été signalées à la caisse de solidarité
  • 17h50 : Helico et important dispositif policier au pont de Perrache, de nombreux flics à la gare.
    Pour le progrès : “16h35 : des embouteillages monstres paralysent la circulation en centre-ville
  • 17h06 : La pression se relache autour des gens qui étaient pris dans la nasse de la place du Pont.
  • 17h00 : des flics sur tout le pont du Rhone
  • 16h54 : Les personnes bloquées sur le pont de la guill’ avancent doucement encadrés par un important dispositif policier.
  • 16h45 : 14 arrestations en tout.
  • 16h31 : Une partie du cortège est arrivé à hotel de ville avant de se disperser. Pour l’instant au moins 7 arrestation.
  • 16h20 : une femme sévèrement blesser couchée sur le pont Lafayette.
  • 16h18 : Deux arrestations suite à une charge “vénère” croisement quai jean moulin, pont lafayette.
  • 16h15 : Bateau de pompiers et police sur le Rhone. Canon a eau entre le pont de la guill et rue de la barre.
  • 16h11 : Les cortèges du NPA et de la CNT, environs 200 personnes, bloquée pont de la guill. Ca gaze quai du rhone au niveau du pont Wilson.
  • 16h08 : De l’autre coté du Rhone, rue de la Barre la police aurrait tiré des grenade lacrymogene. Le cortège progresse sur le quai.
  • 16h04 : Le cortège de Solidaire quitte la manifestation.
  • 16h02 : Les flics ont coupé le cortège en deux au niveau du pont de la guill. Le cortège s’étend entre le pont de la guill et le metro.
  • 16h01 : Deux bakeu en ont prit pour leur matricule
  • 15h58 : Le SO de Solidaire démonte une barricade au niveau du metro Guillotière.
  • 15h57 : Le Mac Do de la guill qui avait proposer à la mairie de lyon de débarrasser la place du pont des Rroms n’a plus de vitrine.
  • 15h53 : Hélico au dessus du cortège, la Bac serre l’arrière de la manif.
  • 15h50 : Des vitrines de banques attaquées*. Les flics gazent cours gambetta.
  • 15h49 : La police à tiré (flashball ? lacrymo ?) sur l’arrière du cortège.
  • 15h43 : Un bus en provenance d’allemagne bloqué à l’exterieur de lyon
  • 15h28 : “Chasse aux immigrés, guerre aux ouvriers, c’est le programme des fascistes mais aussi du parti socialiste” un slogan parmi d’autres.
  • 15h19 : Des bus italiens bloqués sur le périph.
  • 15h18 : Un bus de Berne a subi un contrôle d’identité systématique, les gens sont maintenant empêchés d’aller à la manif.
  • 15h14 : Un mini-bus de grenoblois bloqué pour un controôe sur la route entre lyon et grenoble.
  • 14h49 : Environ 2000 personnes sur la place selon La Horde.
  • 14h43 : Une arrestation rue chevreul
  • 14h41 : Bus d’antifa de paris bloqué/fouillé à l’entrée de lyon. @La_Horde Car @CAPAB75 bloqué à 40 km de #lyon par la gendarmerie ; fouille vérification d’identité pdt 1 h #antifa
  • 14h30 : Deux personnes de plus arretées suite à une fouille dans un bar
  • 14h09 : Fouille de sac à toutes les entrées de la place.
  • 14h05 : Une voiture de Bac et une voiture de la nationale devant le local du FN à Perrache
  • 13h30 : De nombreux contrôles de police au métro Jean Macé avec fouilles de sacs.
  • 13h30 : Une arrestation suite à un controle de police. Un opinel à été trouvé sur la personne.

Publiés sur rebellyon,  le 29/11/2014

D’autres récits des compagnons présents à cette manif évoquent un gros bloc anarchiste dont une grande partie cagoulée. Au moment des premières destructions, les orgas/syndicats/partis réformistes et citoyennistes “antiracistes” obéissent à l’injonction des flics en appelant à la dispersion. Le gros du SO de la manif est composé des syndicats, dont SUD et CFDT. Les flics scindent la manif en trois parties, pendant que plusieurs petits groupes partent à l’assaut de ce monde (MacDo, banques, agences immobilières et pour le travail, publicité…) dans le centre de Lyon. D’après les médias du pouvoir, au moins 3 flics ont été blessés lors d’affrontements et d’égarement (en référence aux deux policiers des renseignements en civil qui collaient un peu trop la manif); Pas moins de douze commerces (dont 3 agences bancaires: CIC, Banque Populaire, BNP Paribas) ont été attaquées.

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Une agence immobilière a subi le même sort:

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L’entreprise JC Decaux, qui possède comme dans de nombreuses villes la totalité du parc de mobilier urbain de Lyon (abris-bus, panneaux publicitaires et parc à vélos libre-service), a subi de gros dégâts en plusieurs points du centre-ville…

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Un article de lyoncapitale de ce 30/11/2014, publié à 13h52, reprend la déclaration du procureur de la république Marc Cimamonti dans la matinée du dimanche 30/11 sur la radio lyonnaise radio scoop, disant que trois personnes avaient été placées en garde à vue, interpellées lors de la journée. 11 autres ont été arrêtées avant même le début de la manifestation, place Jean Macé, lors des contrôles de police qui se sont effectués avant l’accès au site de la manifestation. Les forces de l’ordre ont “ramassé du matériel” appartenant aux manifestants, comme “des marteaux, des casques et des effets vestimentaires” sur lesquels elles espèrent maintenant retrouver des traces ADN leur permettant d’engager des poursuites.