Archives mensuelles : décembre 2014

[ROYBON] Opposition à Center Parcs

reçu par mail de la ZAD

et toujours être attentif au blog

Nouvelles de la ZAD

Depuis une semaine, le chantier est arrêté. La route d’accès au chantier est inaccessible, et les préfabriqués sont occupés depuis la nuit dernière. Tôt dans la matinée les vigiles n’ont pas pu accéder au chantier, et l’huissier accompagné des employés a constaté ensuite l’arrêt des travaux.

L’accès à la MaquiZAD a été bloqué par les barrages des forces de l’ordre du début de la marche au flambeau samedi soir, jusqu’à la fin de la manifestation des sympathisants du Center Parcs dimanche en milieu d’après-midi. Aujourd’hui, les routes d’accès sont ouvertes malgré de fréquents contrôles routiers.

Ce jour, la gendarmerie a continué ses rondes en voiture et à moto dans et autour de la zone, et pour coloniser l’atmosphère, en hélicoptère ! Nous avons donc sonné l‘alerte orange. D’ailleurs, un petit rappel :

– alerte orange : soyez vigilants, et prêts à nous rejoindre,

– alerte rouge : démarrez les moteurs, expulsion en cours.

Enfin, ce soir, tout est calme, et les habitants s’activent à la Maquizad.

 

et aussi cette affiche Version imprimable:   fichier pdf Nos raisons 2012

[Espagne] Lettre de Francisco Solar depuis la prison de Villabona

celà fait un an que la police a débarqué dans notre appartement au cri de :”vous avez quelque chose de chaud ?!”. Ça m’avait surpris et en même temps ça m’avait fait rire. Ensuite on s’est rendu compte qu’ils voulaient savoir si on avait placé des engins explosifs comme piège, ce qui nous a fait encore plus rire.

Cela fait un an qu’ils m’ont séparé de ma compagne par des centaines de kilomètres, et depuis seulement quelques mois je peux écouter sa voix, 5 minutes tous les 15 jours.

Un an enfermé en isolement dans 3 prisons différentes du royaume espagnol. Des prisons qui basent leur politique pénitentiaire sur la psychiatrie, médicalisant les prisonniers dans le but de les étouffer. Établissant un contrôle absolu sur les communications et le contact avec l’extérieur. Dans ces prisons du premier monde on favorise la relation impersonnelle avec l’extérieur, tout ce qui est contact physique est complètement restreint, à la différence de mon expérience dans les prisons chiliennes. La possibilité d’être avec les tiens est impensable dans des endroits pareils.

Cela fait un an que la solidarité s’est fait sentir à chaque minute, spécialement de la part des anarchistes de Barcelone, qui avec leur volonté et initiative ont détruit la dispersion et l’isolement. Ils ont prouvé que la solidarité n’est pas un mot vide, que c’est un contenu inséparable de toute notre pratique et lutte pour la libération totale. Et avec ça une fois de plus le pouvoir est ridiculisé. Il ne comprend pas le moins du monde de quoi se nourrissent nos relations. Les difficultés qu’ils nous posent nous rendent plus forts, face aux adversités nous nous connaissons mieux et lorsque nous apprenons à nous connaître mieux nous rions de ce qu’on avait cru insurmontable. Si nous avons décidé d’affronter l’État c’est parce que ça fait très longtemps que nous avons décidé d’arrêter de vivre à genoux.

Francisco Solar

Centre Pénitentiaire de Villabona, le 13 Novembre 2014

afiche-monicayfrancisco

Pour écrire aux compas :

  • Mónica Caballero Sepúlveda
    Centro Penitenciario Ávila
    Ctra. de Vicolozano-Brieva, s/n
    05194 Brieva
    Ávila (España)
  • Francisco Solar Domínguez
    Centro Penitenciario Villabona
    Finca Tabladiello
    33480 Villabona-Llanera
    Asturias (España)
  • traduit de l’espagnol par camotazo

Athènes : Communiqué de l’occupation du Centre Culturel Melina, dans le quartier de Thissio

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Aujourd’hui 6 décembre 2014, nous avons occupé le Centre Culturel Melina, au croisement des rues Irakleidon 66 et Thesalonikis, dans le quartier de Thissio, à Athènes.

L’occupation se fait en solidarité avec le lutte en cours de Nikos Romanos, 6 ans après la mort d’Alexandros Grigoropoulos.

Notre objectif est le maintien et l’augmentation de l’action anarchiste multiforme. Nous soutenons toutes les initiatives qui contribuent à ce que la guerre sociale se fasse plus aigüe.

Victoire pour la lutte des grévistes de la faim Nikos Romanos, Yannis Michailidis, Andreas-Dimitris Bourzoukos et Dimitris Politis.

Force au compagnon G.S., à Mesolongi, en grève de la faim depuis le 3 décembre 2014.

Nous soutenons la lutte des réfugié-e-s de Syrie.

Un poing levé pour les prisonnier-e-s dans les prisons grecques qui refusent de réintégrer leur cellule, refusent la nourriture de la prison ou sont en grève de la faim symbolique en solidarité avec l’anarchiste Nikos Romanos.

FEU AUX FRONTIERES – FEU AUX PRISONS

NI OUBLI – NI PARDON

Violentes émeutes lors des commémorations de l’assassinat d’Alexis

Le 6 décembre 2008, Alexis Grigoropoulos, un jeune grec de 15 ans était assassiné par la police. A l’époque des émeutes avaient secoué la Grèce pendant des semaines donnant lieu aux plus violents affrontements depuis la chute de la dictature. Depuis, chaque 6 décembre est commémoré par de grandes manifestations qui donnent lieu à de violentes émeutes. Cette année le 6 décembre avait une connotation singulière puisque l’ami de Alexis Grigoropoulos, qui était présent lors de son meurtre est Nikos Romanos, prisonnier anarchiste en grève de la faim depuis un mois. Des scènes de guerre ont eu lieu toute cette nuit à travers toute la Grèce. C’est à Athènes et à Thessalonique que les affrontements ont été le plus violent. A Athènes, de nombreuses banques et grands magasins ont été attaqués, les manifestants ont vidé un magasin Zara de son contenu et l’ont brûlé dans la rue. Au moins une vingtaine de personnes ont été arrêtées dans la capitale. La police répliquant aux bombes à main artisanales et aux cocktails molotov par des tirs d’auto-pompe et des grenades lacrymogènes.
Mise à jour : 200 personnes ont été arrêtées à Athènes, tous ont été relachés sauf 25 qui passeront au tribunal ce mardi. Ils sont accusé de divers délits et crimes : tentatives de meurtre sur policier, vol, destructions, possession de cocktails molotov. Les anarchistes athéniens seront de retour dans la rue cette après-midi dans un cortège pour Nikos Romanos lors d’une manifestation syndicale. Pour la situation de Nikos : il serait très affaiblit et aurait décidé de faire la grève de la soif. Il est difficile d’avoir plus d’informations puisque la direction de l’hopital coopère avec la police et refuse de donner des informations sur son état de santé. La crise en est à un tel point que le premier ministre rencontrera lundi les parents de Nikos Romanos.

ces deux textes ci dessus  ont été repris sur deux blogs dont l’un est ici

[ lettre de prison] Damien Camélio. dernière lettre écrite le 25 novembre 2014

Le « prisonnier anarchiste » Damien Camelio a écrit une nouvelle lettre daté du 25 novembre depuis sa cellule en France. Celui-ci sera bientôt transféré, il est donc recommandé d’attendre sa nouvelle adresse avant de lui envoyer du courrier ou un soutien financier.

Hola,
Voici ma situation actuelle et voici ce qui s’est passé depuis ma dernière lettre.
Donc après une révolte au QI (j’ai fait une barricade et je suis resté quelques jours, tant que mes forces me l’ont permis, cloitré derrière avec de l’huile bouillante et des morceaux de verre en main sans manger ni dormir, menaçant quiconque essayerai d’entrer) et la grève de la faim commune (on était 7 au début et on a été 3 à résister) le contrôleur général des prisons s’est déplacé. Il est venu me voir en cellule avec une commission du Honduras qui enquête pour savoir si le Honduras suivra la même politique pénitentiaire que la France (gestion privée dans les prisons). Nous avons parlé des heures durant, deux jours d’affilée. Il serait long et fastidieux et surtout pas très utile de détailler point par point l’âpre négociation que nous avons eu. Je vais donc m’attacher à l’essentiel, c’est à-dire aux résultats. La très grande majorité de mes revendications ont été accordées. Tout au moins en ce qui concerne les bâtiments ‘ normaux’ car je n’ai rien pu obtenir pour le QI.
A partir de janvier sera mis en place un bâtiment avec un régime réellement ouvert (le CD1) avec un accès au cours de promenade, au sport et aux études de façon autonome. C’est une grande avancée car un tel régime n’existe pas pour l’instant. De plus de nombreuses activités devraient être proposées. Ce régime s’appellera ‘ «Al Respecto». (sisi D)
J’ai grand espoir qu’il permette la désinfantilisation de la population carcérale qui ne trouve pour l’instant que la médicamentation à outrance et le suicide comme exécutoire.Le CD2 restera ce qu’il est,c’est-à dire un régime maison darrêt (isolé en cellule, 2h de promenade collective) et un
régime semi ouvert (cellules ouvertes mais ailes fermées, 2hde promenade). Le QI restera à l’isolement total. En ce qui concerne mon cas particulier, le CGDP a donné l’ordre à la direction de me sortir du QI. J’ai été affecté au régime ‘stricte’ (régime maison d’arrêt). Cependant, je n’y suis resté que quelquesjours. En effet, je suis passé en commission pour ‘incitation à l’émeute‘ et pour ‘reconnu commeétant le leader de la révolte du QI’. Lors de la commission j’ai refusé d’être jugé, ne leur accordant aucune autre légitimité que celle de la force, j’ai agressé verbalement la directrice, refusant catégoriquement d’avoir le moindre comportement social avec ‘la sainte patronne des grands cons asermentés’, j’ai hurlé à cette ‘p… fasciste’ de signer tous les papiers qui lui plairait de signer

.
Quant à moi, je m’en vais tout seul comme un grand aumitard’. Chose que j’ai faite. Quand la cavalerie est arrivée, je leur ai clairement montré ce que j’avais réussi à cacher sur mon corps et qui aurait pu aisément servir d’arme, expliquant que je n’hésiterai pas à gravir un échelon de plus dans la violence contre celui ou celle que je trouverai le plus haut dans la hiérarchie de l’AP au cas où ils ne m’accorderaient pas un parloir téléphonique avec la compagne Noelia.
Après une fouille corporelle minutieuse et musclée,un autre membre de la direction est venu me voir de l’autre côté du sas de sécurité pour m’expliquer que c’était chose impossible car nous ne sommes pas mariés de façon officielle.Il faut savoir démontrer que l’on peut être d’une très grande violence pour prouver que l’on est prêt à assumer les conséquences encas de passage à l’acte.C’est la base de toute négociation. Ensuite il faut prouver que la rage exprimée n’est en rien un coup de nerf irréfléchi mais une action mûrement préparée.
C’est pourquoi, alors que la tension était à son paroxysme, je suis resté d’un calme froid expliquant simplement que nous autres anarchistes étions mariés quand nous le décidions sans attendre d’une quelconque institution, qu’elle soit étatique ou religieuse, la moindre approbation que par ailleurs nous renions et que donc,par voie de conséquence, mariés nous le sommes.
J’ai également rappelé de façon très calme ma menace au cas oùcette revendication ne nous était pas acceptée. Depuis une semaine je suis donc isolé au mitard, dans une cellule sans fenêtre, sans rien, avec un lit en plastique et un urinoir, rien de plus. Je n’ai à manger qu’une très maigre ration quotidienne qui me rend malade et je bois l’eau de l’urinoir. Il fait très froid et je n’ai pas de vêtements chauds. Leschaussures étant interdites, je suis pieds nus. Je suis malade. J’ai de la fièvre, je vomis et j’ai la diarrhée. Mon corps est éreinté. Il faut dire que cette nouvelle lutte fait suite à 4 mois d’isolement, n’ayant eu entre les deux que quelques jours de répit. Il m’arrive de divaguer un peu et d’avoir quelques hallucinations visuelles, mais je reprends rapidement mes esprits lorsque j’entends le verrou de la première porte s’actionner, ne serai-ce que pour montrer force et détermination.
De toute façon les matons du QI/QD (personnel à part qui fait partie des groupes d’intervention)me connaissent bien, ils connaissent ma détermination. Je ne pliepas. Je gagne ou je tombe. C’est pourquoi la Direction interrégionale) a ordonné un transfert disciplinaire. Je dois repasser jeudi 27 en commission pour en négocier les termes. En effet à mon sens les commissions n’ont rien d’un quelconque jugement étant donné que je leur refuse le droit de me juger. Il s’agit ni plus ni
moins que d’une négociation d’ennemi à ennemi. Et mes exigences seront claires
:
Je me fous royalement d’où ils m’enverront et je me fous royalement des conditions d’incarcération qui me seront imposées. Ceci enlève tout moyen de pression sur ma propre personne. MAIS J’EXIGE pouvoir téléphoner à la compagne Noelia qui a besoin de moi, de mon soutien et tant que faire se peut de ma présence pour l’aider à traverser l’épreuve qui l’attend le 15.12.2014. A savoir un jugement ou se joueront 7 ans de sa vie. En cas de réussite, elle sera libérable en 2018.En cas d’échec, se sera en 2025. De mon côté, delà oùje suis, je ne peux rien faire de plus pour elle que ce que je suis déjà en train de faire. C’est pourquoi j’en appelle à chacun(e) de vous, pour agir selon le mode qui lui semblera
approprié, afin de faire reculer la pression étatique, éventrer les murs, déchirer les tombeaux et que des fissures suintes la rage d’espérance, souffle le vent libertaireŒil pour œil. Dent pour dent. Sang pour sang.
Feu aux prisons.
Damien.
PS: Je sais qu’il y aura bientôt une mobilisation pour Noelia à Avila le 16
. Il se trouve que Noelia est actuellement incarcérée avec Monica.Il me semble évident que cette solidarité doit se répercuter à l’extérieur et que donc, cette mobilisation doit se faire également en solidarité avec Monica Caballero.o.

.

Roybon (isère sud):Marche aux flambeaux : on déménage Pierre et Vacances !

lu sur le blog ici

A Roybon, une marche aux flambeaux « pour que la nature-

reprenne ses droits »

Le Monde.fr | 07.12.2014 à 03h00 • Mis à jour le 07.12.2014 à 09h13 | Par Camille Bordenet (Envoyée spéciale à Roybon (Isère))

Après vin chaud, soupe et fanfare pour réchauffer les cœurs, le cortège de manifestants opposés au projet de Center Parcs à Roybon (Isère) s’élance sur la petite route qui monte jusqu’au chantier du groupe Pierre et Vacances, son point d’arrivée. Ce samedi 6 décembre, massés derrière la banderole « Où la Zad – zone à défendre – passe, les chantiers trépassent », les quelque 500 manifestants – 400 selon les estimations de la gendarmerie -, étudiants, familles, jeunes couples, retraités, membres d’association de défense de l’environnement et « zadistes », font corps dans la nuit glacée.

Les horizons et les motivations sont multiples, mais la colère est partagée : il faut empêcher « aberration environnementale » et « gabegie d’argent public » de se réaliser. Certains en sont à leur troisième manifestation, d’autres arrivent pour la première fois. Qu’importe. On avance, comme un seul homme, sur la piste ravinée par la boue, à la lueur des flambeaux, dressés haut et fort comme on lèverait le poing. Un ruban de lumière surplombe bientôt les hauteurs de la commune.

Lire aussi le reportage : A Roybon, la guerre d’usure entre les partisans et les opposants au projet de Center Parcs

Les zadistes remerciés

« Il était un petit zadiste, qui n’avait jamais rien lâché », entonnent des jeunes manifestants, au rythme d’une batucada. Les plus anciens sourient, complices. Car tous, ici, saluent le « courage » et l’« efficacité » des « zadistes », qui n’ont « rien lâché », depuis fin octobre, pour empêcher la poursuite des travaux de déboisement.

Pour Michèle Rivasi, eurodéputée (EELV) drômoise venue soutenir le rassemblement, « la lutte des zadistes sur le terrain est complémentaire à celle menée juridiquement par les associations et les élus opposés au projet ». Même son de cloche pour Michèle Bonneton, députée de la 9e circonscription de l’Isère – qui avait interpellé la ministre de l’écologie sur le projet de Center Parcs – qui « salue le courage et la détermination de ces jeunes, alors que leurs conditions de vie sont difficiles et qu’ils ont fait l’objet d’agressions ».

« Parquer les gens dans un camp dont ils ne sortiront pas »

Le silence se fait à mesure que l’on approche du chantier honni. Un vent bruineux s’engouffre dans la plaine. Les visages s’enfoncent sous leurs épaisseurs. L’heure est venue de faire corps avec le bois. Leur bois. Ce massif forestier séculaire qu’Yvette Devilla, 53 ans, a toujours connu libre d’accès, à pied, à vélo ou à cheval, avec ces étangs bordés de châtaigniers et ces cueillettes de champignons qui attirent les gens du coin. Ce bois sous lequel reposent des eaux précieuses.

« C’est plus qu’un lien affectif, c’est un lien vital », assure la manifestante, visage grave. « Si on veut vraiment faire du tourisme, il faut l’adapter à la vie locale, pas parquer des gens dans un camp dont ils ne sortiront pas et n’auront aucune interaction avec la commune. »

« On déménage Pierre et Vacances »

Leur bois. Pas celui de Pierre et Vacances. « Pas de chantiers dans la forêt, la forêt dans le chantier ! », hurle un opposant tandis que le cortège pénètre le chantier privé. Cinq vigiles apparaissent, mais repartent rapidement, sans heurt. Une poignée d’opposants échauffés taguent les voitures des agents de sécurité et les préfabriqués, tandis que d’autres débarrassent le mobilier qu’ils trouvent à l’intérieur en criant : « On déménage Pierre et Vacances. »

A la place, ils tentent d’y faire entrer des branches et des arbres, « pour que la nature reprenne ses droits ». Un jeune homme demande bientôt le calme : « Y’a plein de gens ici qui ne sont pas d’accord avec ce qu’on fait, il faut aussi les écouter. » La tension retombe, soulageant ceux qui craignaient les débordements, à l’heure où le drame de Sivens est encore vif dans les esprits. « Ça aurait eu pour seul effet de dénaturer notre message », estime Thomas, 54 ans, même s’il comprend que la colère ait besoin de s’exprimer.

Les « zadistes » s’en vont retrouver la maison forestière qu’ils occupent depuis le 30 novembre, tandis que le reste du cortège redescend vers Roybon, dans un silence solennel. Les minces faisceaux des lampes frontales dardent l’obscurité. Certains trouvent encore l’entrain de chanter Ferré, d’autres de citer Brecht : « Ceux qui luttent peuvent perdre, mais ceux qui ne luttent pas ont déjà perdu. »

Demain matin, ce sera au tour des « pros Center Parcs » de défiler. Quant à la semaine qui vient, elle sera encore longue, dans l’attente du jugement du tribunal administratif de Grenoble, qui se prononcera, à partir du 12 décembre, sur la suspension ou la poursuite des travaux de défrichement.

En savoir plus:Source:
http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/12/07/a-roybon-une-marche-aux-flambeaux-pour-que-la-nature-reprenne-ses-droits_4536068_3224.html

Mélodies en sous-sol

L’insomniaque a, parfois, inclus un disque de chansons dans des ouvrages :

« La Belle » accompagne l’anthologie anticarcérale Au Pied du mur ;

« Travailleurs de la nuit », les Écrits du cambrioleur anarchiste Alexandre Marius Jacob ; et « Rebel Voices », le livre de Joyce Kornbluh sur les IWW, Wobblies & Hobos.

Avis aux épiciers : ces chansons appartiennent au prolétariat mondial, ce qui fait pas mal d’ayants droit, mais vous en exclut.

Tout usage de ces enregistrements à des fins lucratives sera rudement châtié par quelques-uns des plus énergiques de ces ayants droit, munis de durs bâtons.

Écoutez ces chansons et téléchargez-les si elles vous plaisent (Clic droit ou Pomme clic + “Enregistrer sous” pour télécharger).

 

Arthur nous parle de Traven

Hommage à notre pote Arthur qui nous parle de la vie de Traven

A propos de Traven

 

Les travailleurs de la nuit

02 – Conseils-a-un-pegre
Daniel Denécheau, Patrick Denain et Denis Benoliel (texte de Léon Pélissard, musique et arrangements : Daniel Denécheau)

03 – La Bande a Riquiqui
Texte de J.-B. Clément mis en musique par Prout ensemble.

04 – La Cellule
Texte de Jules Clarenson mis en musique par les Crabes à la mer.

06 – Quoi Le Gaz
Texte de Plume Latraverse mis en musique par les Plumeaux.

07 -Le Grand Krach
Texte d’Eugène Pottier mis en musique par Trois lignes de bling.

08 – L’usine
Paroles et musique de Fret liner.

09 – La Rue Des Bons Enfants
Anonyme, mis en musique par les Cocotte-minute.

10 – Les Traine Misere
Texte de J.-B. Clément mis en musique par la Clinik du Dr Schultz.

11 – La Diane Du Proletaire
Daniel Denécheau et Patrick Denain (texte de Léon Pélissard, musique et arrangements : Daniel Denécheau).

 

La belle, chants des prisons

01 – Le Transporté
Pat & Dan

02 – Ta Mère elle suce des Matons
DJ tmesdm

03 – Trop de peines à purger
La haine en fusion

04 – Leis Presonniers
Dupain

05 – Régis
Les Résidus

06 – La Chasse à l’enfant
Les Résidus

07 – La Dernière Babillarde
Zonzinc

08 – La Roquette
Schultz

09 – Sondage de barreaux
Lira libra

10 – Destruysons toutes lez prisons
Lira libra

11 – Ley de Fuga
100 % Cotorep

12 – Les Matonnes
Frankus

13 – Uniformes
Frankus

14 – The Old Triangle
The Skaelics

15 – Oui Madame
Jah-X

16 – Bien sûr qu’on peut fermer les prisons
Dan & Pat

17 – La Petite
Dan & Pat

18 – Javazouka
Igor Agar

19 – Partout la Zonz

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Mental Kombat

20 – Chacun pour soi
Mata luna

21 – Pulsions de Meurtre
Le jour de l’addition

22 – Y a du Baston dans la Taule
Le jour de l’addition

Au-delà de la réalité – ou – Un idéal illusoire: la gestion par le Japon pro-nucléaire des flux migratoires lors d’une catastrophe nucléaire

ce texte  a été reçu reçu par mail et les illustrations et photos peuvent se retrouver par ce lien ci http://japanfocus.org/-C__cile-Asanuma_Brice/4221
The Asia-Pacific Journal, Vol. 12, Issue 46, No. 1, November 24, 2014.
Au-delà de la réalité – ou – Un idéal illusoire: la gestion par le
Japon pro-nucléaire des flux migratoires lors d’une catastrophe
nucléaire
par Cécile Asanuma-Brice
Trois ans ont passé depuis le tremblement de terre suivi d’un tsunami le 11 Mars 2011,
qui, faut-il le rappeler, a engendré l’explosion d’une centrale nucléaire dans le nord-est du
Japon. Dès lors, au coeur des préoccupations de la gestion des dégâts, se trouve celle des
hommes et de leur mobilité. Nous avions, en décembre de la même année, rédigé un bilan
précis des dégâts dans le secteur du logement, ainsi que du système de relogement des
victimes à la fois du tsunami et de la contamination nucléaire qui s’est très largement
répandue dans une partie de la région de Fukushima et des départements voisins¹. Le
gouvernement a fait état de 160 000 personnes déplacées, dont 100 000 à l’intérieur du
département et 60 000 à l’extérieur. Suite à la politique publique de retour à vivre dans les
territoires en grande partie contaminés, l’estimation officielle est aujourd’hui de 140.000
personnes réfugiées dans des proportions équivalentes: 100 000 au sein du territoire et 40
000 à l’extérieur. Néanmoins, ces chiffres officiels sont le fruit d’un système d’enregistrement
extrêmement contraignant, auquel une partie non négligeable des habitants n’a pas voulu se
plier². La population déplacée est donc notablement plus élevée que les statistiques officielles
ne nous le laissent entendre. Qu’en est-il aujourd’hui des réfugiés du nucléaires au Japon?
Quelle politique locale de protetion des habitants a été mise en place au cours de ces trois
années de tentative de gestion d’un désastre mondial? Quelles sont les motivations des
autorités visant à contraindre la population au retour dans des zones pour partie encore
contaminées, en dépit du risque toujours présent et en l’absence de toute requête [de
retour]? Tels sont les quelques points que nous tentons d’élucider en partie dans ce dossier.
Les enjeux de la catastrophe
Par «catastrophe», nous désignons ce qui selon la définition de Jean-Jacques Delfour³ est
«l’effet normal d’une série de causes réelles et la mise en visibilité de cette série c’est à dire
des négligences, minimisations, contournements, refus de considération des risques créés».
Comme le rappelle le même auteur, cela désigne « une série causale strictement humainetechnique
». Nous assumons ici le fait que « rien ne discrédite plus promptement un homme
que d’être soupçonné de critiquer les machines »⁴. Mais il est essentiel, lorsqu’on évoque la
gestion des flux migratoires par un gouvernement et afin de pouvoir comprendre les choix
effectués par celui-ci, d’en appréhender la politique tant intérieure qu’extérieure. En outre,
parmi les plus grands paradoxes qui ont suivi la catastrophe dont il est question ici, se trouve
la multiplication des accords internationaux en matière de nucléaire entre la France et le Japon
(Mitsubishi et Areva notamment) pour la construction de nouvelles centrales nucléaires et
l’exploitation de nouveaux gisements [d’uranium], plus particulièrement en Asie⁵. On notera
par ailleurs, mais c’est sans doute une coïncidence, la première participation en Juin 2014 du
groupe Mitsubishi à Eurosatory, le plus grand salon mondial de l’armement terrestre⁶.
——————————————–
1. C.ASANUMA-BRICE (2011) : Logement social au Japon : Un bilan après la crise du 11 mars 2011, Revue Urbanisme, Nov.
2. C.ASANUMA-BRICE et T. RIBAULT: Quelle protection humaine en situation de vulnérabilité totale ? – Logement et
migration intérieure dans le désastre de Fukushima – Rapport dans le cadre du programme Nucléaire, risque et société de la
Mission Interdisciplinarité du CNRS (2012).
3. J.-J.DELFOUR (2014) : La condition nucléaire, réflexions sur la situation atomique de l’humanité, Paris, éditions L’échappée.
4.G.ANDERS (1956), L’obsolescence de l’homme. Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle Paris, Éditions de
l’Encyclopédie des Nuisances, réédition 2002.
5. Entre autre sur le sujet : Le Monde 02/05/2013 : « Le Duo Mitsubishi-Areva va construire quatre réacteurs nucléaires en
Turquie ». Le Parisien (26/10/2013) : “Nucléaire: accord de partenariat entre Areva, Mon-Atom et Mitsubishi”.
6. Le Monde (16/06/2014) : « Le Japon revient dans la course aux ventes d’armes ».
Dans une phase de préparation, en décembre 2012, s’est tenue à Fukushima la
Conférence Ministérielle sur la Sûreté Nucléaire de l’AIEA⁷ (Agence internationale de l’énergie
atomique), réunissant des représentants des pays du monde entier, afin d’y promettre le
développement de centrales désormais sûres et sans danger. La décision politique de
poursuivre et de développer l’énergie nucléaire était prise, engendrant la nécessité d’un retour
à la normale des plus prompts et à moindre coût. Les outils élaborés par la CIPR (Commission
internationale de protection radiologique) en radioprotection, basés sur des «notions de doses
collectives et des analyses coûts-bénéfices» sont utilisés comme fondement des calculs de
profitabilité en situation de risque. Selon la CIPR, la gestion du risque relève d’une équation
attribuant une valeur économique à la vie humaine, qui devra affronter le coût engendré pour
sa protection afin de déterminer la rentabilité ou non de la mise en place de cette protection.⁸
Comme le déclarait Jacques Lochard, membre du comité de la CIPR et directeur du CEPN
(Centre d’étude sur l’évaluation de la Protection dans le domaine Nucléaire), lors d’un
entretien que nous avons mené en novembre 2013, «Ethos ne va jamais sans Thanatos ».⁹ Le
tout est de savoir de quel côté l’on souhaite faire pencher la balance. Attribuer une valeur
monétaire à la vie humaine matérialise certainement l’aboutissement le plus extrême de la
tendance à l’objectivation de l’être humain, devenu objet dans nos sociétés.
On peut découper en trois phases la politique de contrôle des flux de population en
fonction des directives énoncées via les plans de priorité annuels du gouvernement japonais
dans le contexte que nous venons de décrire.
Une politique de gestion des flux à rebours
La première étape a été mise en oeuvre dans l’année qui a suivi la catastrophe. Il fallait
répondre à l’urgence, et cela a été fait notamment par l’ouverture à la gratuité du parc de
logements publics vacants sur l’ensemble du territoire afin d’y accueillir les victimes.
Hâtivement, la tentative de réconfort prend place à l’intérieur du département de Fukushima,
par la construction de l’illusion de la protection. Des mesures concrètes et visibles sont
réalisées.
Les logements provisoires sont bâtis en partie sur des zones contaminées, l’installation des
postes de mesure trafiqués et la décontamination, dont l’inefficacité a été rapidement remise
en cause, sont les plus flagrantes.
La répartition des logements temporaires d’urgence versus la répartition du
rayonnement
La fin de l’année 2012 marque le premier appel au retour via l’arrêt de la décision
nationale de gratuité des logements publics vacants sur l’ensemble du territoire, dont le choix
est désormais remis entre les mains des collectivités locales. Voici un des points
fondamentaux qui caractérise la gestion du désastre, à savoir le déplacement de la
responsabilisation. Déresponsabiliser les pouvoirs publics plus particulièrement
gouvernementaux au profit d’une responsabilisation des collectivités locales est le premier
degré de ce processus. Cela se traduit par un retard considérable dans les plans de
reconstruction, les collectivités locales concernées n’ayant pas les moyens de l’assumer. Ainsi,
ne pas reconstruire tout en appelant au retour en vantant une reconstruction fictive, garantit
un maintien des coûts à un niveau bien moindre comparé à celui des dépenses
qu’impliqueraient de véritables politiques de reconstruction. Mais surtout, les autorités, qui
travaillent à la fixation des populations dans le département afin d’assurer leur suivi statistique
et scientifique, ne sont pas prêtes à investir pour protéger ces populations qu’elles estiment
condamnées. Pourquoi investir dans des logements publics pour un département déjà
dépeuplé et amené à l’être encore plus ?
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7. 15 au 17 décembre 2012, s’est tenue à Fukushima la conférence ministérielle sur la sécurité nucléaire The Fukushima
Ministerial Conference on nuclear safety
8.F. ROMERIO (1994) : Energie, économie, environnement : Le cas de l’électricité en Europe entre passé, présent et futur, ed.
Librairie DROZ, Genève.
9. Entretien réalisé avec T. Ribault à Fukushima en nov. 2013. J. Lochard faisait ici référence au projet ETHOS établi par le CEPN
à Tchernobyl en 1986 et à Fukushima en 2012, visant à donner les connaissance de radioprotection à la population vivant dans des
territoires contaminés afin de permettre le glissement de responsabilisation que nous évoquons ici, soit l’auto-gestion de sa
protection.
Logements temporaires à Aizuwakamatsu
en Mai 2012 – Photo Cécile Asanuma-Brice
Le second échelon vers une déresponsabilisation de l’Etat amène à faire peser la
responsabilité sur les individus qui se voient contraints à la gestion de leur vie dans un
environnement contaminé, ou encore confrontés au choix rendu impossible du refuge.
Pratiquement, le gouvernement ne propose aucune aide financière ou matérielle afin de
permettre aux gens qui le souhaiteraient de se réfugier. Moralement, une politique offensive
de communication est élaborée via des images préconçues et largement véhiculées de
l’impossibilité des japonais de quitter leur pays natal, visant à motiver l’abandon du départ.
S’il est évident que l’éloignement de sa terre est un déchirement d’autant plus fort lorsqu’il
s’agit de celle que l’on a cultivé le temps d’une vie, ce sentiment n’est pas propre au peuple
japonais. Par ailleurs, nombre des personnes que nous avons interviewées lors de nos
recherches, ont exprimé leur désir du refuge malgré leur attachement à la terre, mais elles
étaient confrontées à l’impossibilité matérielle de pouvoir mettre en oeuvre leur désir [en
l’absence d’aide financière du gouvernement].¹º
Mesures à 1 mètre de hauteur > ou = à 0,20 μ Sv/h , ou 1752 μ Sv/an, soit 1,7 mSv/an
1 mSv (millisievert)=1 000 μSv
Limite autorisée pour l’exposition de la population civile aux rayonnements artificiels en
France (et au Japon avant l’explosion): 1 mSv / an / personne (Code de la santé publique, article
R1333-8).
Carte créée par Cécile Asanuma-Brice
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10. C.ASANUMA-BRICE(2013) Fukushima, une démocratie en souffrance, Revue Outre terre-Revue Française de géopolitique,Mars.
Rouvrir pour mieux guérir
Cette politique d’appel au retour se solde par la réouverture d’une partie de la zone à la fin
mai 2013. Cette politique de rétrécissement de la zone de restriction a des conséquences
financières importantes pour les personnes évacuées qui ont droit maintenant à moins de
compensation de la Tokyo Electric Power Company (Tepco). Donc, ce qui peut être une image
publique bonne mais imméritée des efforts de décontamination du gouvernement est une
mauvaise nouvelle pour les personnes qui trouvent maintenant leurs maisons déclarées
habitables quand en fait c’est une fiction car leurs maisons sont situées dans des villes
fantômes encore contaminées. En avril 2011, le gouvernement avait fixé une zone
d’évacuation de 20 km comprenant la ville de Futaba et 8 autres collectivités locales. La
totalité du périmètre est réorganisée. La zone de retour possible après décontamination (dont
le taux de contamination était en deça de 20 millisievert), la zone de retour « confus »
(difficile) (50 millisievert) ont été revues. La zone de règlementation spéciale qui recouvrait les
9 collectivités locales autour de la centrale, dans laquelle le retour n’était pas autorisé, est
totalement supprimée¹¹. Une population de 76 420 personnes est concernée par ces mesures.
67% d’entre eux, soit 51 360 personnes, se trouvent dans la zone de « préparation à
l’annulation de la directive d’évacuation » et peuvent se déplacer librement dans la zone
durant la journée afin d’entretenir leur habitat, [mais ne peuvent pas y rester la nuit].
L’annulation de la directive a été effective en partie en 2014. La zone de restriction de
résidence qui concerne 25 % des habitants (19230 personnes), permet l’entrée et la sortie
libre dans la journée, sans autoriser d’y travailler. La possibilité de revenir travailler dans la
journée concerne 42% de la population soit 32 130 personnes.

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11. Yomiuri, 9 mai 2013 : « Annonce du 7 mai 2013 par le comité de gestion des désastres nucléaires de la suppression de la zone
de surveillance spéciale jusqu’alors interdite à partir du 28 de ce mois. »
12. Fukushima Minpô, 23 juin 2014 : 3 ans après l’accident, tout à moins de 20 msv, mise en place de mesures après la
décontamination de la zone de retour confus, le gouvernement fait les comptes
Néanmoins, les situations varient à l’intérieur d’une même collectivité. Les supermarchés,
centres de soins et autres services ne peuvent pas être remis en fonction, ce qui signifie que
ces zones restent inhabitables, rouvertes pour des raisons pratiques. Une partie des villes de
Okuma et Futaba sont utilisées comme zone test de décontamination, dans la perspective de
rouvrir au retour la zone pour préparation à l’annulation de la directive.
Soumettre par l’illusion de la protection : « résilions-nous ! »
La seconde phase de politique de contrôle des flux s’est traduite par la mobilisation d’outils
conceptuels, et principalement celui de la résilience. Le titre du Livre blanc du ministère de
l’enseignement et de la recherche japonais 2012 annonçait la couleur : « Toward a robust and
resilient society » («Vers une société solide et résiliente»). Les budgets de recherche se sont
alors orientés vers l’étude et la mise en oeuvre politique de ce concept dans les domaines les
plus variés. Anglicisme provenant du terme resiliency, cette notion, dans le domaine des
sciences est d’abord utilisée en physique des matériaux pour décrire l’élasticité d’un corps qui
aurait la capacité de retrouver sa forme initiale après avoir accusé un choc. Emmy Wermer a
introduit cette notion en psychologie, via l’identification de facteurs qui auraient aidé certains
enfants à surmonter leurs traumatismes. Boris Cyrulnick a répandu ce concept en France. Les
cindyniques, sciences qui traitent des catastrophes (du grec κίνδυνος kíndunos danger),
utilisent aujourd’hui ce concept afin de déterminer des modèles qui permettraient à nos villes
de résister aux périls. Reconnaissant sa vulnérabilité face aux aléas, la ville serait dans la
nécessité d’adopter un caractère résilient afin de pouvoir di-gérer les multiples risques
naturels ou humains¹³. Dans le cas présent, tous les outils sont mobilisés et c’est un doux
mélange des approches développées concernant la résilience psychologique, écologique,
urbaine et tant d’autres encore, qui sont bravées afin de suggérer l’abandon de la fuite à ceux
qui obéiraient encore à leur instinct primaire d’angoisse face aux dangers. Parler de résilience
en cas de catastrophe nucléaire, c’est néanmoins faire fi du fait que la peur moteur de
comportements de protection est parfois salutaire.
Utiliser la résilience urbaine comme outil de gestion des catastrophes pose problème. Le
décalage est accru entre le territoire et les producteurs de l’espace, l’être est absent des
explications, qui prennent la ville comme objet, mais également comme sujet au sens d’être
vivant et autonome, qu’il faudrait ou supporter, ou tenter de soigner sans considérer qu’elle
n’est que chose, simple produit construit des humains. Le problème essentiel que cela
engendre est, là aussi, une déresponsabilisation¹⁴ des conséquences de l’action de l’être
humain sur son environnement. Cela entraine l’oblitération de l’être comme acteur de
production et de gestion des espaces, en tant qu’être vivant dans ces territoires, et anéantit
de fait l’inter-action entre le lieu de vie, le milieu, ses habitants, ses producteurs et ses
gestionnaires, ces trois dernières catégories pouvant être confondues. Ainsi, un expert de
l’université de Fukushima en charge de la protection contre les catastrophes, évoquait lors
d’un entretien effectué en juin 2014, la bonne résilience des japonais en cas de tremblement
de terre. Ses propos étaient schématisés sur une diapositive enseignant la bonne équation :
sur une balance se trouvait d’un côté un rond lourd représentant la résilience, et de l’autre un
rond lèger figurant la catastrophe. Selon cette représentation, plus la résilience est lourde et
plus les effets de la catastrophe seraient légers. Alors que je lui demandais ce que cela
signifiait concrètement pour lui, il me répond embarrassé par le fait que trois jours avant notre
entrevue, un tremblement de terre de magnitude 4 avait eu raison de ces concepts : « pour
nous, maintenant, il s’agit d’élargir les routes afin que les gens puissent fuir et que les
encombrements de 2011 ne se reproduisent pas en cas d’une nouvelle catastrophe car nous
les réinstallons au pied d’une centrale nucléaire encore instable». La nécessité de réduire la
distance présente grandissante entre la science et la conscience ne pouvait trouver d’exemple
plus manifeste.
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13. G. Djament-Tran, M. Reghezza-Zitt (2012) : Résiliences urbaines Les villes face aux catastrophes, ed. Le Manuscrit.
14. Cette déresponsabilisation provient de la coupure du lien entre les différents acteurs de production et de pratique de la ville
nécessaire à toute responsabilisation. Cf. J.Tronto « Le terme de responsabilité (…) renvoie à l’idée de « réponse », c’est à dire à une attitude manifestement rationnelle. »(p.103), in Carol Gilligan, Arlie Hochschild, Joan Tronto (2013) : Contre l’indifférence des privilégiés, éd. Payot
De la résiliance à la communication du risque
Le troisième stade de contrôle des mouvements de population a recours au domaine de
la communication sur le risque. Chaque année est un pas supplémentaire vers une plus
grande abstraction. L’Etat n’a de cesse d’appeler au retour, arguant la souffrance
psychologique des réfugiés générée par l’éloignement de leur pays natal¹⁵. Selon les experts
de l’université médicale de Fukushima et de l’AIEA qui se sont rassemblés le 24 novembre
2013 pour une conférence internationale sur la question, les troubles nerveux observés,
notamment chez les habitants des cités de logements provisoires ou des résidants des zones
«perçues» comme contaminées proviendraient entre autre, d’un surplus de protection. Le Pr
Hirofumi MASHIKO, neuropsychiatre au département de médecine de l’université de
Fukushima, explique ainsi que le port du masque, les restrictions diverses liées à l’utilisation
des cours d’écoles, des piscines, à la consommation de la nourriture, etc. seraient autant de
mesures stressantes à l’origine de désordres psychiques, notamment chez les personnes
présentant des prédispositions aux troubles mentaux. A aucun moment, il n’a été mentionné
l’éventualité que ces dépressions puissent être la conséquence de l’impossibilité de pouvoir
quitter les zones contaminées.
Afin de faire passer le message auprès des premiers concernés et de regagner la
confiance des citoyens, une véritable stratégie de communication est adoptée soutenue par un
budget spécifique pour l’année 2014 de plus de deux millions d’euros.
Cette politique agressive vise à « éduquer » aux risques sanitaires pour mieux rassurer,
notamment via l’organisation de workshop sur la radioactivité et le cancer destinés aux élèves
des classes primaires du département de Fukushima¹⁶ ou par la distribution de manuels
apprenant à gérer la vie dans un environnement contaminé¹⁷. Une stratégie
d’endoctrinement, au sens propre, ce qui signifie que la nécessité – qui est et ne peut pas ne
pas être – d’accepter la doctrine, s’applique désormais

.15). Fukushima Minpô, 10 oct. 2013 : Le nombre de suicide en augmentation en raison de l’allongement de la période du refuge -dans le département (de Fukushima), et dans les trois départements dévastés « Le ministère de l’intérieur a reconnu une tendance à
l’accroissement du nombre de suicides dans le département due à l’accident de la centrale nucléaire Daiichi et du désastre du Japon
de l’Est. Cette année jusque fin août le chiffre s’élève à 15 personnes, l’année dernière, sur une année, on dénombrait 13 personnes,
alors que le nombre de suicide était déjà monté à 10 il y a deux ans. Avec 5 fois plus de suicides que dans la préfecture d’ Iwate, le département de Fukushima est celui des trois départements dévastés qui en compte le plus grand nombre. Les spécialistes montrent du doigt la charge nerveuse que représente l’allongement de la période du refuge loin du pays natal. Il est à craindre que la tendance à l’augmentation s’accélère, des mesures d’urgence deviennent nécessaires. »Trad. ABC
16. The 52nd Annual Meeting of Japan Society of clinical Ontology : Kids cancer seminar – Because you live in Fukushima thereis a necessity of education on cancer !
17. NHK, 10 juin 2014, un manuel apprenant à « vivre avec la radioactivité » est désormais distribué dans les collectivités.

Le gouvernement inquiet d’une recrudescence des décès
Plus de 1170 décès relatifs à l’explosion de la centrale nucléaire Tepco Daiichi de
Fukushima sont comptabilisés au 11 septembre 2014¹⁸. Cela inclut les décès parmi ceux qui
ont fui l’explosion et la contamination, et les travailleurs d’urgence à Daiichi. La population
vieillissante relogée dans des logements qui devaient être provisoires, est la première touchée
par ce fléau. Le droit au refuge n’ayant pas été accordé en dépit des recommandations faites
par le rapporteur aux droits de l’homme de l’ONU Anand Grover suite à sa mission au Japon
du 15 au 26 décembre 2012¹⁹, aucun accompagnement financier ne permet à ces habitants le
relogement qu’ils escomptaient. Leurs conditions sanitaires se dégradent au fur et à mesure
du temps qui passe alors que d’autres décident de partir à leurs frais devant l’instabilité
environnementale ingérable au quotidien. La chute dans une spirale de paupérisation touche
une partie d’entre eux, alors livrée à la dépression et à l’alcoolisme. Si l’on s’attache à la
répartition par ville des décès, les villes de Namie (333 décès), Tomioka (250 décès), Futaba
(113 décès) et Ôkuma (106 décès) adjacentes à la centrale dont les fuites d’eau contaminée
sont toujours hors de contrôle, comptent parmi leurs habitants 802 décès identifiés comme
conséquents de l’explosion de la centrale. 55 d’entre eux ont été enregistrés ces six derniers
mois. Le journal Fukushima Minpô, tirait la sonnette d’alarme dans un article du 21 juin
2014²º rapportant les propos du Ministère de l’intérieur sur le nombre de suicides en
recrudescence.
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18. le nombre de morts relatifs au nucléaire dépasse les 1100 personnes, avec une augmentation de 70 personnes en 6 mois Tôkyô Shinbun, 11 sept. 2014
19. Report of the Special Rapporteur on the right of everyone to the enjoyment of the highest attainable standard of physical and mental health, Anand Grover, ONU, Mission to Japan (15- 26 November 2012).
20. les suicides en rapport avec l’accident ne s’arrêtent plus à l’intérieur du département de Fukushima, Fukushima Minpo, 21juin 2014.L’accroissement du nombre de cancer de la thyroïde ou la guerre des experts
La multiplication du nombre des cancers de la Thyroïde doit également être prise en
compte dans le bilan des conséquences sanitaires de l’explosion de la centrale. Selon la
commission d’enquête du département de Fukushima dont les résultats ont été rendus publics
le 24 août 2014, 104 enfants de moins de 18 ans, parmi les 300 000 composant l’échantillon,
ont été diagnostiqués comme étant atteints d’un cancer de la thyroïde²¹.
L’Association japonaise des chefs de clinique (JACRI) estime que le taux naturel de cancer
de la thyroïde au Japon est de 1 à 3 personnes par million.
Des voix d’épidémiologistes, à l’intérieur comme à l’extérieur du Japon, se lèvent pour
contrer la position soutenue par les experts de la commission départementale de Fukushima
selon laquelle ces cancers ne seraient pas conséquents à l’explosion de la centrale. Ces
derniers justifient l’augmentation du nombre de cas de cancer de la thyroïde par l’effet de
screening, soit le perfectionnement des outils radiologiques actuels qui, s’ils permettent une
détection plus affinée des maladies, empêcheraient par là-même toute comparaison avec les
données antérieures. En suivant cette même logique d’une tentative de réconfort morale des
habitants, visant à la fois la réouverture de la zone d’évacuation afin d’y reloger la population
au plus vite, et le redémarrage prévu de deux centrales en septembre–octobre 2014, le
Ministère de l’environnement soutient dans un rapport rendu public le 17 août 2014 via la
chaîne du gouvernement TV-internet²², 5 journaux nationaux et deux journaux locaux, qu’en
deçà de 100 msv/an, aucune conséquence ne serait visible sur la santé²³. Un premier rapport
avait déjà été publié par le gouvernement en février 2014, spécifiant la faible dangerosité
sanitaire d’un environnement à 100 msv/an comme celui d’un environnement à faible dose²⁴.
Le Professeur TSUDA Toshihide de l’université d’Okayama, spécialisé en épidémiologie, a remis
en cause publiquement, point par point, l’enquête de l’université Médicale de Fukushima qu’il
estime erronée, spécifiant d’une part que le rapport de l’OMS (Organisation Mondiale de la
Santé) de 2013²⁵ notifie clairement une augmentation présente et à venir du nombre de
cancer à Fukushima, d’autre part que la position du gouvernement japonais niant les
conséquences sanitaires en deçà de 100 msv est une aberration scientifique que peu
d’épidémiologues étrangers se risqueraient de prononcer²⁶.
Le professeur Keith Baverstock, épidémiologiste, doyen de l’université de Finlande et
ancien membre de l’OMS, dans une lettre ouverte à l’UNSCEAR²⁷ s’en prend quant à lui aux
résultats présentés dans le rapport de l’UNSCEAR 2013, en précisant que ce rapport n’est paru
que trois ans après l’enquête sur laquelle il est fondé en raison des querelles entre les
membres qui composent la commission. L’un de ces membres, le Dr Wolfgang Weiss, s’était
notamment opposé à la publication de ce document qui conclut à la négation d’un
accroissement du nombre de cancer en rapport avec l’explosion de la centrale de Fukushima.
Néanmoins, le document ne nie pas le fait que l’accident n’est en rien fini, puisque, selon les
déclarations de TEPCO (mai 2014), la radioactivité s’échappe toujours de la centrale dans
l’océan Pacifique et dans l’air²⁸.
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21. Cancers de la thyroïde, 104 personnes atteintes, enquête sur 300 000 enfants de Fukushima, Asahi, 24 Août 2014
22. Dr Keiichi Nakagawa (Associate professor, Tokyo University Hospital)http://nettv.gov-online.go.jp/prg/prg10283.html?t=115&a=1
23. Rapport rendu public le 17 août 2014 sous le titre “Pour une connaissance exacte sur la radioactivité” dans cinq journaux nationaux : Asahi, Mainichi, Yomiori, Sankei, Nikkei, et deux journaux locaux : Fukushima Minpô et Fukushima Minyû.
24. http://www.reconstruction.go.jp/topics/main-cat1/sub-cat1-1/20140218_basic_information_all.pdf
25. WHO, Health Risk Assessment, 2013.
26. TSUDA Toshihide, « Autour des 100 msv, sur les expressions qui multiplient les malentendus » Revue Science, Iwanami, Mai 2014, p. 534-540.
27. Keith Baverstock, « 2013 Unscear Report on Fukushima : a critical appraisal », datée du 24 août 2014.
28. http://csrp.jp/posts/1466
Un remède aux migrations : la communication
Devant les querelles de certains experts, d’autres, qui émanent néanmoins des mêmes
organisations (OMS, AIEA, CIPR²⁹) tranchent le débat de façon plus directe. Ce fut le cas lors
des deux journées consacrées au 3e Symposium des experts internationaux à Fukushima,
organisé par la fondation Sasakawa et l’université Médicale de Fukushima les 8 et 9 septembre
2014. Le titre annonçait le dépassement des querelles épidémiologiques pour enfin atteindre
les sommets prometteurs de la résilience et de la reconstruction : «Beyond Radiation and
Health Risk – Toward Resilience and recovery » (« Au delà des radiations et des risques pour la
santé – Vers la résilience et la reconstruction »).
Pour Abel Julio Gonzales, Académicien à l’Académie d’Argentine des sciences
environnementales et de la mer, qui, tout en étant membre de l’UNSCEAR, occupe la fonction
de membre à la commission sur les normes sécuritaires de l’IAEA, tout est une question de
communication. Après avoir répété à maintes reprises que la protection a un coût et que le
refuge ou la migration d’une partie de la population ne pouvait être un but, celui-ci souhaite
revenir sur les mots. La peur des habitants serait notamment due, selon lui, au terme
« contamination » qui, référant à la pathologie, accable l’irradiation d’une image négative,
alors que les radiations nous viennent également du soleil. Idée reprise par Emilie Van Deveter
(OMS) qui propose l’organisation de workshop sur l’irradiation au même titre que sur le soleil,
afin d’enseigner les connaissances de base sur la question aux enfants d’écoles primaires.
« Quoiqu’il en soit, conclue-t-elle, nous devons gagner le pari du coût-bénéfice ». Pour ce faire
et afin de stopper l’hémorragie de population constatée, créer un sentiment de sécurité est
désormais la tâche que se donne Jacques Lochard de la CIPR, notamment « en faisant
accepter aux habitants ce nouvel élément qui fera désormais parti de leur quotidien : la
contamination ». Tous s’accordent à dire qu’il n’y a pas suffisamment de données afin
d’évaluer la contamination interne de la population, mais quoiqu’il en soit, cela ne semble pas
être au sein des préoccupations. Selon J. Lochard (CIPR), il ne s’agit pas de fixer un seuil,
mais de « redonner confiance aux gens en cassant le processus de fuite qui proviendrait
d’archétypes comme Tchernobyl par les mesures individuelles, et permettre ainsi l’autogestion
du quotidien dans un environnement contaminé ». Il reprend pour se faire, les
méthodes proposées par un membre du Ministère de la Santé israëlien, M. Ishay OSTFELD, un
des participants du second symposium organisé par l’université médicale de Fukushima et
l’AIEA du 21 au 24 novembre 2013. Comme le rappelait M. Ostfeld, « Israel generally uses as
a model for its medical response to terror, thus his experience may also serve in the field of
radiation terror. »³º. « Israel l’utilise généralement comme modèle pour la réponse médicale à
la terreur … ainsi cette expérience peut également servir dans le domaine de la terreur du
rayonnement. » Celui-ci proposait alors des techniques utilisées en temps de guerre en Israël
permettant d’atteindre la résilience, soit l’organisation de petits groupes de résidents
convaincus, disséminés sur le territoire, en charge de rassurer la population avoisinante. Ce
travail a été effectué à Fukushima par la CIPR via les workshop ou dialogues du programme
Ethos Fukushima dont le 9e a été organisé en août 2014.
La logique n’est donc pas de mettre en place la protection suite à un désastre via les outils
publics de protection sociale, mais de les détourner au service de la décision politique. Il ne
s’agit en rien d’un complot, mais de l’application d’une planification de gestion des flux de
migrations dans un contexte de catastrophe nucléaire par un Etat qui a opté pour la poursuite
de l’industrie nucléaire sur son territoire. On peut néanmoins se demander si les experts
fermement assurés de la valeur de leurs postulats psychologiques quant aux possibilités
illimitées de manipuler l’opinion ne devraient pas revoir leur copie face aux conséquences
macabres qu’un état des lieux nous a permis de mettre en évidence.
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29. OMS =Organisation Mondiale de la Santé, IAEA = International Atomic Energy Agency, ICRP = International Commission onRadiological Protection.
30. Programme de la conférence, Conférence universitaire internationale: radioprotection, Santé et Société: Implications post-Fukushima pour la formation professionnelle de la santé 21-24 Nov. 2013, p.79.
Présentation de l’auteur : Cécile ASANUMA-BRICE, spécialisée en sociologie urbaine, est chercheuse associée au Clersé – Univ. Lille 1 et au centre de recherche de la Maison Franco-Japonaise de Tôkyô. Résidente permanente au Japon depuis 2001, auteur de nombreux articles sur la gestion de la catastrophe nucléaire de Fukushima, elle a participé à/ou organisé un grand nombre deconférences sur ce même thème en France comme au Japon. Entre autres références :
 2014, Co-organisation « Avant et après le désastre de Fukushima : l’impossible échappée ? », colloque et projection de Gambarô (Courage !), film documentaire sur la condition des survivants du désastre nucléaire ; Maison franco-japonaise Tôkyô,
13 juin 2014, Co-organisation avec A. Gonon, T. Ribault, Symposium « Making the Right to Health a Reality after the Fukushima Disaster: Obstacles and Perspectives », Doshisha University, Kyoto, 22 mars 2013, Fukushima, une démocratie en souffrance, Revue Outre terre-Revue Française de géopolitique, .
mars 2013, Retour sur Fukushima, Interview France Culture, émission Terre à Terre par Ruth Stegassy,
oct. 2013, La mémoire de l’oubli, une forme de résistance à la résilience, Après le désastre, réponses commémoratives et culturelles, Université de Tôkyô, .
8 Mars2013, co-organisation colloque « Protéger et soumettre à Fukushima », Maison franco-japonaise Tôkyô,
15-16 octobre. 2013, Responsable scientifique, PEPS Mission interdisciplinarité du CNRS (Expertise, controverse et communication entre Science et société) : Les controverses scientifiques face à la responsabilité civique.
23-24 juin 2012, Co-organisation du colloque Citizen-Scientist International Symposium on radiation protection,,Inawashiro, Fukushima.
 2012, Co-responsable scientifique ; Quelle protection humaine en situation de vulnérabilité totale ? – Logement et migrationintérieure dans le désastre de Fukushima – dans le cadre du programme Nucléaire, risque et société de la MissionInterdisciplinarité du CNRS.
 2011, Logement social au Japon : Un bilan après la crise du 11 mars 2011, Revue Urbanisme, nov.

un blog consacré entièrement à la catastrophe nucléaire de Fukushima et à ses répercussions au Japon et dans le monde

 

 

Grèce : Déclaration de prisonniers de la prison de Korydallos

Notre codétenu Nikos Romanos est en grève de la faim depuis le 10/11 pour gagner les permissions à des fins éducatives auxquelles il a droit. Ayant passé les examens nationaux d’entrée à l’université en prison, N. Romanos a été accepté dans une université d’Athènes. Mais le Comité Pénitentiaire et le juge d’instruction spécial Nikopoulos n’accordent pas ces permissions et ce de manière vengeresse. Tout comme l’Etat qui se comporte vindicativement avec l’ensemble des détenus des prisons grecques, tout particulièrement sur des sujets telles les permissions et les mises à l’épreuve.

 

À partir d’aujourd’hui, le 6/12 – jour où en 2008 un flic assassina dans les bras de N. Romanos son ami Alexandros Grigoropoulos – et pour trois jours, nous commençons un refus de rentrer dans les cellules au bouclage de midi en signe minimum de solidarité.

Notre solidarité à tous ceux qui en-dehors des prisons se battent aux côtés de N. Romanos.

SATISFACTION IMMÉDIATE DE LA DEMANDE DE NIKOS ROMANOS

QUE LE MINISTÈRE DE LA JUSTICE ARRÊTE DE JOUER AVEC SA VIE ET SA SANTÉ

SOLIDARITÉ AVEC LES GRÉVISTES DE LA FAIM GIANNIS MICHAILIDIS, DIMITRIS POLITIS ET DIMITRIS BOURZOUKOS

Prisonniers des ailes A, B, C, D et E de la prison de Korydallos

[Traduit du grec par nos soins d’Indy Athènes (dont nous ne sommes pas « un contributeur au réseau d’ultra gauche » – dixit le torchon journaflic des inrocks.com).]

Solidarité avec Nikos Romanos en grève de la faim !

 

Venise, Italie : Perquisitions et accusations de terrorisme pour avoir repeint un tribunal

BambiniVenise – Dans les premières heures de la matinée du mardi 2 décembre 2014, les forces répressives ont perquisitionné l’ex-Ospizio Occupato Contarini pour une action No TAV ; l’accusation contre X est celle de 270sexies : l’accusation de terrorisme.

Ce matin, 2 décembre 2014, vers 10 heures 30, une quarantaine de Digos et de carbinieri en civil ont arrêté deux compagnons à l’extérieur de l’Ex Ospizio Contarini Occupato, à Santa Marta. Ils ont donc procédé, après plusieurs intimidations, à fouiller les deux compagnons, soustrayant par la force les clés de la maison occupée à l’un des deux.Les flics sont donc entrés pour perquisitionner les locaux de l’espace, ont emporté des bombes de peinture et des pots de peinture qui reconduiraient à une action de solidarité No TAVayant eu lieu le 16 novembre dernier, durant laquelle la façade du Tribunal de Venise a été repeinte de peinture rouge et de tags. Cette perquisition a pour motif la proximité toujours ouvertement démontrée envers le mouvement No TAV et, nous ne le découvrons qu’après, par le tristement célèbre délit de 270 sexies (actes à finalité de terrorisme), cette fois-ci dirigé contre des inconnus.Le même délit pour lequel Chiara, Claudio, Niccolò et Mattia sont en prison depuis le 9 décembre dernier pour avoir participé à une action de sabotage sur le chantier de Chiomonte !
La façon dont la magistrature de Venise cherche à utiliser les mêmes armes juridiques que celle de Turin apparaît clairement, avec ses manies de protagonisme et de recherche de carrières faciles, et ce afin de frapper, au-delà des No TAV directement impliqués dans des actions de sabotage, toutes les manifestations de solidarité vouées à faire s’écrouler cet infâme, autant que grotesque, château d’accusations.
Comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire, le délit 270 sexies, introduit dans le code pénal en 2005 après les attentats de Madrid, crée un flou juridique dans lequel toute conduite vouée à « pervertir les institutions » (lire : toute protestation qui sorte, même un tout petit peu, des limites de la revendication démocratique) est potentiellement accusable de terrorisme, depuis le sabotage d’un compresseur à, à partir d’aujourd’hui, de la peinture sur un Palais de Justice.

Nous prenons acte du total manque de sens du ridicule de la procureur Francesca Crupi, de la Digos et des carabinieri vénitiens dans leur façon de procéder à une perquisition pour terrorisme en cherchant comme preuves des sprays et de la peinture liées à une opération de recouvrement de façade mais, en ces temps de chasse aux sorcières, plus rien ne nous étonne.Nous réaffirmons avec force notre solidarité envers nos compagnon-ne-s arrêté-e-s et les prochains rendez-vous de lutte contre la Haute Vitesse, à partir des 7* et 8 décembre** en Val di Susa.

Les occupants et les occupantes de l’ex Ospizio Contarini

* renseignements supplémentaire

 

 

Rome : Compte-rendu de deux journées anticarcérales en solidarité avec Maurizio Alfieri

Vendredi 28 et samedi 29 novembre : deux journées contre le système carcéral, sa brutalité et sa normalité.
Nous avons été poussé-e-s par une affaire mise en lumière par Maurizio Alfieri, détenu dans la prison de Spoleto, qui il y a quelques semaines nous faisait parvenir la nouvelle d’un énième homicide d’État, celui d’un prisonnier qui a trouvé la mort en prison le 25 juin 2013, dans la maison de redressement de Terni.

Nous avons pensé que nous ne pouvions pas laisser cette dénonciation de Maurizio rester lettre morte, lui qui s’est en plus exposé dans cette affaire, comme dans d’autres, personnellement, en faisant sortir encore une fois les noms et prénoms des responsables directs.

Mais de cette mort, comme de toutes les autres morts des otages de l’État dans ses prisons, dans ses casernes, dans les cellules de ses tribunaux, c’est le système entier qui en est responsable.

Vendredi après-midi, nous nous sommes rendu-e-s près du siège central du DAP (département de l’administration pénitentiaire) de Rome, avec pour but d’interrompre la routine de leur travail habituellement non dérangé.
Devant l’entrée du bâtiment, revêtus de leur équipement anti-émeute, un groupuscule de flics (trois camionnettes et un blindé) aux ordres d’un grand nombre de DIGOS, et aux fenêtres ceux qui estiment peut-être n’être que de « simples » employés… A tous ceux là a été adressé le cri d’ASSASSINS, répété pendant presque trois heures d’affilée, et interrompu seulement par les voix amplifiées de qui a voulu rendre hommage, avec toute sa haine, à l’infâme occupant de ce bureau.Du DAP et de ses « simples » employés dépendent les vies des détenus et des détenues, et donc leur mort aussi. Et tout ce qui se passe entre les deux.
A la différence de ce à quoi nous nous attendions nous aussi, cette initiative a également représenté un certain intérêt auprès des gens qui se retrouvaient à passer par là ce vendredi après-midi, et qui y passent peut-être tous les jours. Des histoires de vie qui s’entrecroisent, des récits inattendus de vies recluses, des souvenirs de souffrance et des désirs de vengeance qui ont fait que nous ne nous sommes pas senti-e-s seul-e-s face à ce lieu et aux pontes du système de répression italien. Des phrases peintes sur les murs d’enceinte étaient également là pour rappeler aux passant-e-s que ceux qui travaillent au DAP sont des ASSASSINS.

Samedi après-midi, la direction prise a été celle de la prison de Spoleto, où Maurizio est détenu dans la section d’isolement, à cause de son insubordination.
La présence devant cet institut de peine en solidarité avec les détenus a aussi été l’occasion de soutenir la révolte qui avait porté en septembre dernier à la publication d’un document signé par 77 détenus de cette prison pour dénoncer à l’extérieur les conditions de vie auxquels ils sont contraints (dans lequel ils se considèrent « traités pire que des animaux »).
Durant tout le rassemblement, on a également battu contre le portail de la prison. Les interventions au micro ont reçu des réponses de l’intérieur, et probablement même des sections en régime 41 bis – la prison dure en Italie – grandement peuplée dans cette prison.

Comme conclusion au rassemblement, les murs de Spoleto ont été les protagonistes d’une série de tags qui disaient en gros :
FEU AUX PRISONSSOLIDARITE AVEC LES DETENUS ET LES DETENUES EN LUTTEAVEC MAURIZIO ALFIERINON AU 41BIS

Quelques ennemi-e-s de l’autorité