Archives mensuelles : novembre 2014

Soirée de soutien aux inculpés des manifs émeutières des 1er et 8 novembre

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L'affiche en PDF

Reçu par mail, 12 nov 2014

Suite à la manif du 8 novembre, deux manifestants ont été condamnés à une peine de prison ferme en comparution immédiate: l’un à 4 mois ferme pour “violences sur personne dépositaire de l’autorité publiqueavec mandat de dépôt, l’autre à 3 mois de prison ferme, sans mandat de dépôt. Deux autres personnes ont été condamnées à 3 mois de prison avec sursis.

Deux jours après la manif du 1er novembre dernier, le tribunal correctionnel a décidé de maintenir un manifestant en prison jusqu’à la date du procès, reporté au 15 décembre prochain, étant donné la longue liste des faits qui lui sont reprochés et qu’il a admis devant les enquêteurs : jets des pavés et de parpaings en plusieurs lieux du centre de Toulouse, dégradations de deux agences bancaires.

Deux autres étaient accusés d’avoir jeté des pierres aux policiers, ce qu’ils ont nié. Ils sont ressortis libres du tribunal après avoir été condamné à des peines de un à deux mois de prison ferme (6 mois dont 4 avec sursis et 4 mois dont 3 mois avec sursis et mise à l’épreuve de deux ans). Un autre manifestant a été condamné à 4 mois ferme pour “violences et rébellion sur les policiers” tandis qu’un autre a été condamné à 6 mois de prison dont deux mois revoqués d’une précédente condamnation. Le tribunal n’a pas prononcé son maintien en détention.

Un bilan de l’émeute du 1er novembre:

Cette manif a “entraîné la destruction d’un certain nombre de mobiliers urbains de la société JCDecaux (10 abribus, 7 panneaux publicitaires, 10 sanisettes). Selon la mairie de Toulouse, plus de 200 tags ont également dû être effacés par les services

Thomas, emprisonné en préventive jusqu’au 15 décembre, date de son procès, nous fait connaître son adresse à la prison de Seysses. Dans le noir de cet enfer, une lettre de soutien, un chèque, c’est une fenêtre qui s’ouvre. On rappelle que les courriers sont lus par l’administration pénitenciaire ; donc si vous voulez que ça arrive à bon port, pas de discours trop polémique.

Centre pénitenciaire de Toulouse-Seysses
rue Danielle Casanova - BP 85
31603 MURET SEYSSES
Thomas Rosères - N° Écrou : 27107

[Publication] Avalanche n°3

aval

Sommaire:

  • 03 – Edito
  • 04 – Allemagne – Pas d’illusion, pas de palais de justice, pas de compromis
  • 08 – France – Frapper là où ça fait mal
  • 09 – Espagne – Contre les alliances, contre la centralité
  • 11 – Chili – Nous sommes l’attaque, nous sommes le feu contre l’État
  • 13 – Chili – Pour une critique pratique
  • 15 – Chili – L’action et la solidarité sont urgentes, le reste n’est que prétexte
  • 18 – E-U – Voitures, fusils, autonomie
  • 24 – Syrie – La résistance de Kobani – un exemple de solidarité sélective
  • 27 – Espagne – Notes sur un débat en cours autour de l’anonymat
  • 30 – Grèce – A propos du débat en cours en Grèce sur la question de l’organisation informelle
  • 33 – Grèce – Des journées libératoires d’attaque

Contact: correspondance(A)riseup.net

Les anciens numéros sur le site : avalanche.noblogs.org

[Seine-Saint-Denis] Du blocage à l’incendie de bahuts contre la police et le monde qui en a besoin

Après deux jours de blocages de lycées (incendiaires pour certains) sur Paris et sa banlieue jeudi 6 et vendredi 7 novembre initiés suite à la mort d’un opposant au barrage du Testet et les “violences policières” (mais aussi contre l’expulsion d’un lycéen sans-papiers d’origine mauritanienne, Yero), les blocages et manifs reprennent ce lundi 10 novembre, mais particulièrement en Seine-Saint-Denis.

Au moins six établissements ont été bloqués et certains l’ont été par le feu, selon la direction académique: Cachin et Blanqui à Saint-Ouen, Paul-Eluard (déjà bloqué jeudi), Suger (déjà bloqué vendredi), Bartholdi et l’ENNA à Saint-Denis. Plusieurs poubelles ont été enflammées devant l’entrée du lycée Suger. Le feu a noirci la façade et endommagé les grilles et les fenêtres.

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Un feu a également été signalé devant le lycée Cachin, à Saint-Ouen, mais les pompiers n’ont pas tardé à intervenir pour arrêter la propagation des flammes. La direction a toutefois décidé d’évacuer l’établissement et de le fermer jusqu’à mercredi matin.

Environ 150 jeunes venus de plusieurs lycées ont convergé vers 10 heures vers le centre-ville de Saint-Denis pour rejoindre le centre commercial Basilique. Sur leur passage, des voitures ont été défoncées. Arrivés sur place, ils ont tenté de pénétrer, en vain, dans le magasin Carrefour, dont le rideau de fer avait été baissé préventivement, avec des CRS à l’entrée. Ils s’en sont pris ensuite à un magasin Go Sport. Plusieurs vitrines de commerces ont été pétées et quelques expropriations de marchandises auraient eu lieu.

ccLa station de métro Basilique de Saint-Denis a dû être fermée entre 11h30 et 12h15, tandis que la N1 a dû être coupée. Le trafic du tramway a aussi été interrompu. 200 policiers et gendarmes mobiles ont été déployés.

Reformulé de leur presse, 10/11/2014

[ Turquie] Répression contre les manifestants pour la résistance de Kobané contre Daesh

Il y a deux semaines, la Turquie avait placé en détention un groupe d’environ 250 personnes appartenant au Parti de l’union démocratique (PYD) ou à sa milice armée, les Unités de protection du peuple (YPG), qui avait franchi la frontière en provenance de la ville de Kobané, assiégée par les jihadistes du groupe Etat islamique. Ces réfugiés ont été retenus, officiellement pour vérification d’identité, par les autorités turques qui les soupçonnent d’être liées au PKK. Une centaine d’entre eux avaient été remis en liberté la semaine dernière et avaient rejoint à Kobané les combattants kurdes qui luttent contre l’EI. Les autres avaient entamé une grève de la faim pour dénoncer leur détention dans une salle de sports de la ville frontalière turque de Suruç.
La police et l’armée turque réprime sauvagement les militants qui sont actifs à la frontières turco-syrienne. Kader Ortakaya manifestait ce 6 novembre à Suruç, une ville turque à 15 kilomètres de Kobané, lors d’un rassemblement d’artistes solidaires des combattants kurdes qui résistent à l’Etat Islamique. L’armée turque a attaqué cette manifestation avec des gaz lacrymogènes et des balles réelles. Kader a reçu une balle dans la tète et est morte sur le coup. Un rassemblement a eu lieu à Istanbul pour commémorer sa mort, celui-ci a été attaqué par la police.

[Lutte contre le barrage de Sivens]violences de l’état . ripostes populaires

VIOLENCES POLICIERES
RIPOSTES POPULAIRES

Dimanche 26 octobre, Rémi Fraisse est mort dans des affrontements, tué par la police lors de la lutte contre le barrage de Sivens. Depuis cette date, des mobilisations ont lieu en France et à l’étranger, partout où la douleur d’apprendre la mort de quelqu’un sous les coups de la police est insupportable .Mardi 4 novembre, le pouvoir a finalement répondu à la colère qui monte : les travaux du barrage reprendront, la zone du Testet sera évacuée, on efface tout et on continue
DANS NOS QUARTIERS, DANS NOS CAMPAGNES, LA POLICE MUTILE ET TUE, BRAS ARMÉ DU POUVOIR, ELLE DÉFEND UN ORDRE AU SERVICE DE LEURS PROFITS POUR NOUS CONTRÔLER, NOUS IMPOSER LEURS PROJETS, LEUR MONDE, ILS DÉPLOIENT LEUR FORCE

RÉMI FRAISSE ET TANT D’AUTRES AVANT… … NI SILENCE, NI OUBLI

 

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Leur monde c’est exactement ce qu’approuve le capitalisme, c’est la mort potentielle de millions de personnes chaque jour, c’est le «fonctionnement normal» de la folie nucléaire

NI JUSTICE NI PAIX
CONTRE LE BARRAGE DU TESTET ET LES VIOLENCES POLICIÈRES


Des anarchistes

Sabotages des équipements ferroviaires contre le nucléaire et son monde

Equipements ferroviaires sabotés – 8 novembre 2014

sabotageDans la nuit du 8 novembre, nous avons saboté le réseau ferroviaire de la Deutsche Bahn à plusieurs endroits, dans le but de perturber cela et d’infliger des dommages économiques pour le groupe. Les passants n’ont pas été mis en danger par notre action.

Notre opinion sur le rapport des activistes environnementaux militants pour la DB est connu du public et a été argumentée dans le passé par des camarades. La même chose est probablement vrai pour la soi-disant “sortie du nucléaire”. Par conséquent, nous nous épargnons aujourd’hui la partie investigative et allons directement à l’élément:

Avec cette action nous nous souvenons de l’activiste anti-nucléaire français Sébastien Briat qui a été heurté par une locomotive et est mort il y a 10 ans le 7 novembre 2004, en essayant de bloquer le transport Castor allant de la Hague à Gorleben par une action d’enchaînement aux rails.

La décision de Sebastién de résister était juste, courageuse et cohérente; Sa mort par contre, totalement absurde. Un mouvement qui aime la vie et est prêt à se battre pour ça n’a pas besoin de héros et de martyrs. Sebastién n’est pas mort pour ses convictions, il s’est fait brutalement ôter la vie. Un “accident” évitable, causé par les responsables politiques et économiques et leurs bandes de mercenaires payés. C’est exactement ce qu’approuve le marché, qui signifie la mort potentielle de millions de personnes chaque jour du «fonctionnement normal» de la folie nucléaire.

La lutte contre la destruction des moyens d’existence se poursuivra. Que ce soit contre la technologie de la domination et de destruction, l’exploitation capitaliste de notre planète, ou des projets de construction nuisible comme l’aéroport international de Nantes (ZAD), ou la construction d’un barrage dans le sud de la France, où l’activiste Rémi Fraisse a été tué par une grenade de la police lors d’affrontements sur le chantier de construction il y a deux semaines, Ainsi, nous sommes avec le cœur aussi parmi ceux dont la peine et la rage de la mort violente de Rémi ont explosé ces jours-ci dans les rues de France !

Pour la liberté et la vie !
Notre résistance ne connaît pas de frontières* !

Traduit de l’allemand de linksunten.indymedia

SPIE : Portrait d’un collabo tout-terrain [remise à jour]

SPIE (Société parisienne pour l’industrie électrique) est une société spécialisée dans les « domaines du génie électrique, mécanique et climatique, de l’énergie, et des réseaux de communication ». En 2012 elle a fait un chiffre d’affaire de près de 4,2 milliards d’euros. On retrouve ses nombreuses filiales dans les chantiers et usines qui sont bien à l’image de ce que ce monde de merde peut produire : plate-formes offshore, construction de taules, centres commerciaux, raffineries, lignes de haute tension, centrales photovoltaïques, installation de la fibre optique, centrales nucléaires, et même à l’étranger : Maroc, Pays Bas, Belgique, Gabon, Indonésie, etc …
On peut citer trois de ses filiales, parmi les nombreuses existantes : SPIE Communications, spécialisée dans les domaines de l’informatique, des télécommunications, des réseaux et des systèmes de sécurité. SPIE Oil & Gas Services, spécialisée dans le domaine de l’industrie pétrolière. SPIE Nucléaire, spécialisée dans le nucléaire.
Dorénavant, l’entreprise profite également du juteux business de l’enfermement. SPIE a participé à la réalisation de la prison de Leuze, en Belgique (inaugurée en août dernier).et la constructiondu centre pénitentiaire valence ( image de de synthése du futur centre pénitentiaire)

Le futur centre pénitentiaire de Valence (Drôme)
Outre la distribution électrique, l’éclairage et la détection incendie, la partie sécurité constitue l’un des aspects majeurs de ses prestations. Caméras, interphones, ouverture et fermeture des portes et, plus largement, gestion des accès aux bâtiments, ou comment contribuer à l’emprisonnement par les technologies. Mais comme cette entreprise mène une politique d’économie verte responsable et consciente des enjeux environnementaux et des risques climatiques, SPIE fait de Leuze une prison écolo. Les prisonniers enfermés là-bas seront contents de savoir qu’elle a installé un système de récupération des eaux de pluie pour les toilettes et des pompes à chaleur pour le chauffage.
Pour continuer de dresser le portrait de cette entreprise pourrie on peut citer le Morocco Mall de Casablanca (un gigantesque centre commercial, où SPIE a fait l’installation électrique, et bien sûr des caméras), la traversée du lac Léman en fibre optique, l’EPR de Flamanville (en collaboration avec EDF), le Mucem de Marseille, etc. Et le groupe se targue même de continuer de valoriser les énergies fossiles en apportant son soutien aux mafieux pétroliers et gaziers dans leurs projets d’exploration et d’exploitation.
Membre de l’association AN2V (Association Nationale des Villes Vidéo-surveillées), SPIE a installé des caméras dans plusieurs villes, comme Annecy, Le Havre, Belfort ou Argenteuil. Au-delà des villes, SPIE est aussi responsable des caméras dans les gares de péage sur l’autoroute, et ses compétences en flicage s’étendent aussi à la mise en service de radars automatiques. Et c’est en partenariat avec Thalès que Revolux, filiale de SPIE, a installé 1000 caméras pour la mairie de Paris.
On retrouve cette même entreprise dans des centrales thermiques, des abattoirs, des parcs éoliens, chez Total, Sanofi, etc .

SPIE participe à notre contrôle et à notre enfermement, à produire des énergies toujours plus néfastes, et à créer des lieux d’abrutissement et de consommation.
En bref, SPIE contribue largement à rendre ce monde chaque jour plus moche et nos vies chaque fois plus insupportables. Et il semblerait que cette entreprise ne fasse pas l’unanimité chez tout le monde. Pour preuve, à Paris, dans la nuit du 11 au 12 février 2014, dans la rue Carducci (XIXe), un utilitaire de l’entreprise SPIE part complètement en fumée, et le mardi 13 mai 2014, un autre utilitaire est incendié rue de Mouzaïa (dans le XIXe). Dans les deux cas les attaques sont revendiquées par refus du contrôle social auquel SPIE participe par la mise en place de caméras, et aussi pour sa participation à l’industrie nucléaire.
Ne les laissons plus pourrir nos vies tranquillement.
Leurs bureaux en île de France :
SPIE Île-de-France Nord-Ouest – Siège Social
1-3, place de la Berline
93287 SAINT-DENIS
Spie Ile de France Nord Ouest
Impasse Saint-Eustache
75001 Paris
Spie Ile de France Nord Ouest
33 Avenue du Maine
75015 Paris
Spie Ile de France Nord Ouest
62 Rue de Lille
75007 Paris
Spie Ile De France Nord Ouest
93 Rue Marceau
93100 Montreuil
SPIE Sud Est, ZI Briffaut Est 237 – rue de la Foret, 26000 Valence

Assassinat de Rémi Fraisse :NI JUSTICE NI PAIX

Remi Fraisse a ete tue par les flics le 26 octobre lors
d’affrontements pour empecher la construction d’un barrage dans le Tarn.
Les journalistes sont alles chercher un  frere de Vital Michallon, tue lors d’une
manifestation à Creys Malville en 1977,pour parler des violences policieres, et au
passage condamner « la violence des casseurs ».

Pourtant pas besoin d’aller si loin dans letemps pour rappeler le nom de tous ceux tues
par la police, dans la rue et dans les commissariats (Abdelhakim Ajimi en 2008, Ali Ziri en 2009, AmineBentounsi et Wissam El Yamni en 2012 et encore bien d’autres), et
par les matons dans les prisons ( Jamal Ghermaoui en 2011, Sofiane Mostefaoui en 2013, et encore bien d’autres).La police tue parce qu’elle a pour fonction d’imposer la loi et d’incarner le pouvoir. En dernier recours elle tue pour le faire ; c’est à ca qu’elle sert.
Elle le fera pour garantir les projets de l’Etat, ses centrales nucleaires, sesprisons, ses banques, ses supermarches, etc. Elle le fait et le fera quandelle defend ces insitutions, ou dans les banalite des controles.Les journalistes et les politiciens nous rabattent les oreilles avec la violence des manifestations. La premiere des violences, c’est celle de l’Etat et de sa police. Contre eux, il est necessaire de se defendre, et de riposter.L’Etat ne nous concedera jamais la liberte, il faudra aller la prendre

ni justice ni paix

.Pour avancer dans les reflexions, voilà un texte qui a ete ecrit par Farid ElYamni, dont le frere Wissam, 30 ans, est mort le 9 janvier 2012 à Clermont Ferrand apres une « interpellation musclee » le soir du nouvel an. C’est unelettre destinee à la mere de Remi Fraisse, qui a ete rendue publique. croyait pas. Francois Hollande, luimeme,avait pris ma mere dans ses bras et lui avait
promis qu’il nous aiderait à faire la lumiere

J’ai perdu mon frère dans des conditions très proches de celles dans lesquelles vous avez perdu votre fils. Mon frère qui prenait tant soin de ma mère nous a quitté, il ne reviendra plus. La perte de mon frère était sur le coup une douleur immense que je ressens à chaque fois que l’État assassine à nouveau. « Là où croît le danger croît aussi ce qui sauve » disait quelqu’un. À chaque fois que l’État assassine on a aussi l’opportunité de l’arrêter, de le contraindre à changer et de rendre la dignité perdue à tous les autres.

Par la mort de Rémi se noue beaucoup plus que l’histoire d’une vie, il se noue notre vie à tous, individuellement et collectivement. La criminalisation qui a été opérée est terrible, ça a été la même chose pour nous. J’ai compris plus tard qu’elle était voulue. Je ne voulais qu’une chose, que la Justice fasse la vérité et rende la dignité que méritait mon frère, dans le calme, et que cette histoire profite à tous, à nous les gouvernés pour mieux nous aimer et à la police pour la réconcilier avec la nation. Je pensais que la police ne pouvait accepter dans ses rangs des assassins, je ne la connaissais à l’époque pas assez. Je me trompais. Les quartiers ont brûlé, on a appelé au calme : chaque voiture ou chaque poubelle brûlée était vécue comme une insulte, comme une épine en plein cœur, une épine sur laquelle on appuyait.

Puis le temps est passé, on nous a promis la vérité, mais on n’a eu que des mensonges, que des fausses promesses, comme tant d’autres avant nous. On nous avait prévenu, mais on n’y croyait pas. François Hollande, lui-même, avait pris ma mère dans ses bras et lui avait promis qu’il nous aiderait à faire la lumière sur la mort de son fils. Sans la justice et la vérité, on vivait le temps qui passait comme une condamnation. Nous étions toujours en prison, à suffoquer et à appeler la Justice à l’aide.

Et puis on a compris que notre cas n’était pas isolé, que tant d’autres familles vivaient et vivent la même chose. Il y a tant d’humiliations et de mutilations commises consciemment par la police et couvertes par la justice, tant !

On a aussi découvert la manière de penser des policiers, ça fait froid dans le dos. Voici un exemple : Mercredi dernier, suite à la manifestation sur Paris, un des policiers m’a dit « 1-0 » devant ses autres collègues au commissariat, qui ricanaient lorsqu’ils me voyaient arborer le tee-shirt « Urgence Notre Police Assassine ». Aucun ne l’a repris, aucun… Des exemples de ce genre, tant de français en vivent quotidiennement, ils n’en peuvent plus de cette police et n’en voient pas le bout.

Je comprends l’appel au calme, on l’a également fait. Comprenez également que de nombreuses personnes ne croient plus en ce système qui donne une impunité de facto à la police. Comprenez que l’on ne peut concevoir la non-violence qu’à condition de supposer que le camp d’en face est capable de se remettre en cause : ils en sont humainement incapables, parce qu’ils considèrent que remettre en cause la police, ce serait remettre en cause l’État. Depuis 40 ans, la police tue impunément, à répétition. Depuis 40 ans, on assiste à la même démarche pour noyer les meurtres de l’État, malgré les vidéos, les témoins, les évidences. Depuis 40 ans, il y a des sit-in, des manifestations, des livres, des prises de positions d’hommes politiques, des tribunes adressées au ministre de l’intérieur. Depuis 40 ans, ça ne fonctionne pas.

Voici comment ça se passe : dépêche AFP, mensonge du procureur, enquête de mauvaise qualité et tronquée pour aboutir sur une condamnation ridicule après de nombreuses années, voire à une absence de condamnation. Le pire, c’est que ceux qui vont enterrer l’affaire auront des promotions et ceux qui ont tué nos frères, nos fils ou amis, eux seront traités comme des champions par leurs collègues. Telle est la réalité que vous vivrez vous aussi.

Manuel Valls dit que les violences sont des insultes à la mémoire de Rémi, mais sachez que Manuel Valls, par son inaction à combattre l’impunité policière, est le premier meurtrier de votre fils. C’est un criminel récidiviste. Il est venu à Clermont-Ferrand une semaine avant le rendu du rapport de contre-autopsie bidon dont il connaissait les aboutissants, et il n’a parlé de l’affaire que pour mieux condamner les violences de ceux que la mise à mort de mon frère révoltait.

Madame, les gens se battent pour Rémi, pour leur dignité et pour leurs idéaux. Ils se battent pour vous, pour nous tous, pour que la fraternité soit effective. Ceux qui se battent connaissent assez la malveillance de nos gouvernants pour comprendre qu’on tente de nous fait croire que nous sommes dans un État de droit, alors que nous sommes dans un État de devoir. L’État ne respecte pas la loi qu’il demande qu’on respecte. Il se joue de notre corps, de notre confiance, de notre argent et de notre dignité. Il nous demande d’être à genoux, c’est un impératif catégorique.

Je vous ai écrit cette lettre à vous comme à tous ceux qui me liront pour vous faire savoir que je comprends aujourd’hui plus que jamais combien la non violence dans les affaires de crimes d’État a ses limites. La non-violence, par son impuissance, est parfois plus condamnable, plus meurtrière que la violence elle même. Les gens qui nous gouvernent sont malveillants, arrivistes, sadiques et récidivistes. Ils doivent partir par tous les moyens nécessaires.

Farid El Yamni, frère de Wissam El Yamni, assassiné par la police le 1er janvier 2012 à Clermont Ferrand.


A

Rassemblement et initiative 2014 pour la réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple

Comme tous les ans, rendez-vous à Joyeuse au monument pacifiste à 14h30

Après le rassemblement, projection du film « Les mutins de la Courtine »
(20 000 soldats russes envoyés par le TSAR se sont mutinés après avoir laissé 6000 des leurs sur le « chemin des dames ». Un soviet au cœur de la Creuse)

Censure militaire et policière en 14-18

Maurice Rajsfus nous prévient au début de son ouvrage : quelle est la pire hantise pour un militaire qui se respecte, sinon la propagande pacifiste et encore plus en période de guerre ? Celle-ci devient alors un crime de guerre. D’autant qu’en 1914, après la déclaration des hostilités, le Parti socialiste entre au gouvernement et les syndicats optent majoritairement pour signer l’Union sacrée. À partir de ce jour, ils pratiqueront l’autocensure dans leurs publications contre les auteurs réputés opposés à la guerre. Les minorités antimilitaristes auront beau jeu de se réunir par deux fois en Suisse durant la guerre, ils ne seront jamais entendus tellement la censure s’impose petit à petit sur l’ensemble de l’espace public. Le système répressif se met en place après la bataille de la Marne (6-13 septembre 1914), tandis qu’apparaissent les premières désertions, parmi lesquelles on compte des officiers. Les conseils de guerre ne vont plus désemplir. D’autant qu’après la vaine bataille de la Somme qui coûtera la vie à 136 000 soldats. On dénombre 21 000 déserteurs. Leur nombre atteindra des sommets au printemps 1917 après la terrible offensive du Chemin des Dames qui fera 110 000 victimes.
Mais les livres d’histoire parlent rarement de la révolte de Coeuvres qui vit défiler environ 2 000 hommes armés chantant l’Internationale et d’autres fraterniser sur le front avec les soldats allemands. Peu de traces dans les archives de la préfecture de police des brûlots, le plus souvent rédigés par les femmes, qui rendent compte de ces manifestations de révoltes contre une guerre dévastatrice qui ne veut pas finir. On peut cependant consulter la lettre rédigée par trois courageux parlementaires socialistes qui, passant outre à la censure et le devoir de réserve imposé par les institutions, dénoncent en juin 1916 « la boucherie, le carnage, le massacre, la tuerie, le grand abattoir, le charnier humain, le plus grand crime de tous les temps contre l’humanité ». En effet, durant toute la période des hostilités, les censeurs de tout bord, militaires, préfets et leurs policiers vont s’activer sur trois thématiques : le non-respect de la morale, le pacifisme et le défaitisme. Jusqu’à la fin du conflit et encore un peu après, les policiers appliqueront une censure totale envers tous ceux qui osent formuler des propos hostiles à la guerre, mais également des allusions jugées trop « grivoises ». Une seconde armée est donc mobilisée : celle des censeurs. Ils sévissent dans la presse, s’immiscent dans les échanges de courriers, de télégrammes, afin de faire disparaître à coups de ciseaux les descriptions trop réalistes des conditions de survie des soldats dans les tranchées. Après la réouverture des théâtres, les spectacles subissent le même sort, idem pour le cinéma, les chansons populaires.
Ce système vient s’enrichir d’une spécialité bien française : celle de la délation. Les récalcitrants à la préparation de la « santé de la race future », une fois la guerre terminée, sont traqués et dénoncés par le bon peuple. Les prostituées en font également les frais. La police et l’armée musellent la presse, jusqu’au moindre entrefilet qui ne va pas dans le sens du discours cocardier officiel. Les zélés censeurs acquièrent petit à petit une grande liberté de mouvement et peuvent s’appuyer non seulement sur des consignes strictes, mais en rajoutent de leur propre initiative. Pour eux, les civils sont autant de pacifistes et donc d’ennemis potentiels. Puis, c’est l’église qui est appelée à la rescousse afin de ramener le laïque égaré vers les « bonnes valeurs » de la morale chrétienne : la résignation et l’obéissance aux lois. « Ainsi soit-il ! » Voilà qu’après les années qui ont séparé l’église de l’État le sabre et le goupillon se retrouvent enfin ! L’ouvrage de Maurice Rajfus, abondamment documenté, s’appuie sur les archives officielles, souvent des préfectures, puisque celles de l’armée sont classées « secret d’État ». Dans la première partie, il nous décrit le quotidien d’une presse sous tutelle, avec des anecdotes parfois touchant au surréalisme, la chasse au subversif pouvant se cacher dans une publicité ou une petite annonce ! La deuxième partie raconte l’histoire de la parole confisquée, des atteintes aux libertés, la censure pratiquée sur les femmes pacifistes. Dans la troisième partie, Maurice nous fait découvrir les mécanismes d’une surveillance active sur le courrier. Enfin, la dernière nous éclaire sur la censure culturelle, maisons d’édition, spectacles, chansons de rue, dans le but d’éliminer toute expression antimilitariste, antinationale ou antipatriarcale… En 40 dans la France de Vichy, durant la guerre d’Algérie ou encore en Mai 68, les pères la censure des préfectures de l’Hexagone n’auront plus à se creuser le cerveau pour remettre en place la censure : tout étant parfaitement organisé dans ce programme très bien ficelé de leurs prédécesseurs et qui ne demande qu’à refleurir a chaque période propice…
Patrick Schindler