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Réflexion autour du « procès de l’extrême-droite »…

non – fides..fr

Pourquoi nous pensons que contribuer au « procès de l’extrême droite » pourrait être une impasse voire un véritable piège

mardi 18 septembre 2018

Mise au point :
En premier lieu, nous tenons à rappeler que si ce texte porte une critique de cet appel à « faire le procès de l’extrême droite » porté un peu partout en France par différents groupes et organisations, il ne vise évidemment pas les proches de Clément Méric et les camarades pris dans la procédure en cours, ni les choix qui leur semblent s’imposer ici et maintenant face aux juges, en premier lieu face aux accusations potentielles qui pourraient s’abattre sur eux. Les auteurs de ce texte ont d’ailleurs largement soutenu, financièrement et par leur présence active dans les manifs, les personnes engagées sur le procès. L’objectif est de réfléchir aux conséquences qu’un tel appel à « faire procès » pourraient avoir, par delà l’affaire du meurtre de Clément.

I) Ce qu’implique un durcissement de la justice et de l’appareil d’État vis-à-vis des fascistes

-  Dans notre rapport aux institutions :

La proposition qui est faite aujourd’hui est un appel à faire le « procès » de l’extrême droite, ce qui en d’autres termes signifie produire une contribution politique et un appui idéologique à la procédure judiciaire en cours, en dénonçant « l’impunité » dont bénéficieraient les fascistes, autrement dit en appelant à un durcissement de l’appareil pénal contre ceux-ci.

D’emblée, il y a quelque chose de paradoxal et malaisant dans le fait de s’engager dans une réflexion qui nous projette du côté des juges, des procureurs, etc. La fonction de défense de l’ordre et du capitalisme par la machine judiciaire ne devrait plus faire aucun doute pour qui prend part au moindre mouvement social, et le paye parfois chèrement.

Même lorsqu’on cherche à travers cette démarche à faire la lumière sur les faits réels, ce qui semble invoqué lorsqu’on en appelle à la « vérité », on sait par expérience que le récit et les descriptions produits durant les audiences sont soumis à un formatage destinés à l’élaboration d’une grille de lecture prétendument « neutre » pour les magistrats. De « vérité », dans un tribunal, on ne trouvera qu’une vérité judiciaire.

Cette méthodologie, qui n’entrevoit le monde qu’à travers la défense mécanique de l’ordre public, vide de leur substance les actions politiques et tend à ramener ces actes à leur dimension individuelle et anecdotique, les réduisant à des faits divers.

Notre situation depuis l’accusation tend au mieux à l’impuissance, à la délégation aux pouvoirs publics d’une vengeance que nous aimerions infliger aux fascistes. Au pire, à un mimétisme des institutions du pouvoir, qui ne semble pas très crédible, et qui, si elle était crédible, n’en serait pas plus sympathique (tribunaux populaires).

Il faut être lucides : dans le cas de l’arrestation et du jugement des assassins de Clément Méric, cette mécanique impuissance/délégation trouve sa source dans la gravité de la situation, qui est telle que l’intervention de l’État via la police criminelle paraît aussi inévitable qu’intrusive.

Mais si on sort de l’enceinte du tribunal et qu’on généralise cette attitude à l’ensemble de l’extrême droite « radicale », cet appel à la fermeté entre inévitablement en résonance avec celui qui, depuis les institutions de l’État et de l’ordre public, veut lui aussi mettre fin à « l’impunité » de groupuscules qui incarnent la frange la plus milicienne du fascisme français.

Or, la structure même de ce discours sur l’impunité est sensiblement la même que celle employée par le pouvoir pour qualifier les pratiques et les groupes les plus combatifs des mouvements et conflits sociaux auxquels nous participons.

Un rapide coup d’œil sur l’histoire des dispositifs répressifs majeurs développés par l’État français depuis un siècle ne manque d’ailleurs pas de nous renseigner sur le piège évident que comporte un appel au renforcement de la répression contre l’extrême droite.

On pourrait citer la Cour de Sûreté de l’État, mise en place dans le but de démanteler et liquider l’OAS, ou encore en 1936 la « loi sur les groupes de combat et milices privées » qui rend possible la dissolution de groupes politiques tout en pénalisant leur recomposition [1]. Ce dispositif est au centre de la protection de l’État vis à vis des groupes politiques les plus virulents. La dangerosité de cette mesure, qui empêche concrètement de s’organiser politiquement, a été éprouvée plus tard par beaucoup de groupes révolutionnaires français dans l’après-68 (Gauche Prolétarienne, Jeunesse Communiste Révolutionnaire, Mouvement du 22 mars…).

Au cœur de la répression de l’extrême droite suite à la mort de Clément Méric, on trouve encore l’utilisation de cette loi, qui a servi à dissoudre les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, Troisième Voie, l’œuvre Française et les Jeunesses Nationalistes. L’application des décrets de dissolution entraîne des mesures extrêmement lourdes allant d’interdictions d’entrer en contact pour des cercles très larges d’individus à celles frappant des pratiques à la fois banales et essentielles, comme les diffusions de tracts, les réunions, rassemblements… Certains de leurs dirigeants ont été poursuivis très récemment pour « reconstitution de ligue dissoute ». La question n’est pas de plaindre des ennemis politiques, mais de comprendre comment des dispositifs juridiques qui touchent ces mêmes ennemis menacent des pratiques et des formes d’organisation, existantes ou potentielles, portées par les luttes et les mouvements sociaux, et dont l’existence et l’extension sont des conditions pour peser dans le rapport de force contre l’État et le capital.

Compte tenu de l’extension de l’aspect judiciaire de la répression actuelle des mouvements sociaux, on peut très sérieusement s’interroger sur le danger que comporte un renforcement de l’arsenal d’État, contre des groupes jugés subversifs par le pouvoir, qu’ils soient formels ou non (la loi s’appliquant notamment sur les associations de fait).

Si de tels dispositifs devaient tomber dans les mains de gouvernements d’extrême droite, il est évident qu’ils serviraient en premier lieu a réprimer les groupes révolutionnaires.

À généraliser le fait de s’en remettre à la justice et à l’intransigeance de l’État face aux actions de l’extrême droite, le risque est évidemment de valider la position actuelle du gouvernement libéral et de l’ordre républicain qu’il incarne, comme seul rempart crédible à l’extension du nationalisme le plus réactionnaire.

La récente mise en lumière de réseaux d’extrême droite se préparant à mener des attaques armées conforte par ailleurs l’appareil répressif anti-terroriste comme étant le seul à même de s’y opposer [2].

Vis-à-vis des fascistes eux-mêmes :

Plus problématique encore, le discours sur la « fin de l’impunité » concurrence celui de l’extrême droite sur le « laxisme de la justice » principalement dans des affaires criminelles.

On a vu comment celui-ci s’illustre ignoblement en Allemagne où toute la gangrène néo-nazie du pays s’est mobilisée le 27 août 2018 à Chemnitz au cri de « nous sommes le peuple » pour exiger une sanction exemplaire suite à un meurtre qui aurait été commis par deux immigrés, en saisissant l’occasion pour mener des ratonnades contre tout ce qui ressemblerait à un migrant.

Peu de temps avant, le 11 août, le groupe Génération Identitaire avait lui aussi tenté de créer une mobilisation suite à la mort d’un jeune à la sortie d’une boîte de nuit à Grenoble. L’opération avait lamentablement échoué, la famille s’étant dit extrêmement choqué par cette récupération politique. La proximité dans le temps de ces deux événements situés à plusieurs milliers de kilomètres, et pouvant regrouper aussi bien des citoyennistes réactionnaires que des nazis en uniforme, prouve que la tactique d’appel à une justice intransigeante est intégrée et systématisée par une aire très large de l’extrême droite, qu’elle soit française ou allemande.

Or, si nous partageons tous l’objectif de démolir le discours qui renvoie les fascistes et les révolutionnaires dos-à-dos, alors nous devons réaffirmer qu’à ce sujet nous entretenons un rapport fondamentalement différent aux autorités policières, judiciaires et aux pouvoirs publics.

Car contrairement aux actions des groupes révolutionnaires, toutes les attaques de l’extrême droite (y compris de la bande nazie la plus versée dans l’action de rue) appellent systématiquement à un renforcement et une intervention de l’État via ses flics, ses procureurs ou son armée… avec le fantasme caractéristique des nazillons de former leurs milices intégrées au bon fonctionnement des institutions.

On a pu le voir à de multiples reprises, à Rennes comme ailleurs : dans l’évacuation du plus grand squat de migrants de France, à Pacé en 2012, dans la défense d’une propriétaire dont une des maisons vide était occupée en 20151, ou encore à travers la tentative de déblocage de l’université Rennes 2 lors du mouvement du printemps 2018… De manière constante, l’extrême droite de rue comme celle de parti cherche toujours à incarner l’avant-garde (et y parvient malheureusement parfois) d’une intervention des pouvoirs publics jugés endormis ou paralysés par la bureaucratie et la « bien-pensance ».

De ce point de vue, notre position se doit d’être radicalement opposée en terme pratique et politique : demander (comme cela a été fait par des « camarades » à Rennes) un renforcement de l’intervention de la préfecture et de la mairie (qui a conduit à la mise en place d’un nouvel équipage BAC de nuit) après une descente brutale de 40 pseudos gudards un soir en centre-ville n’est pas simplement stupide et contre-productif.

C’est une véritable victoire politique pour des fascistes à peine capables de s’organiser en dehors de bastons rituelles, et qui voient chez les bacqueux des modèles virils, racistes, en plus d’alliés objectifs contre nous.

II) Retrouver des perspectives et construire une autonomie politique dans le combat contre l’extrême droite

Pour nous, l’explication d’un tel paradoxe, d’une telle contradiction dans nos positions tient essentiellement à la question de l’urgence et de la réaction : le rapport que la mouvance révolutionnaire entretient à l’extrême droite se pense presque toujours dans des temps où cette dernière est assez puissante pour passer à l’acte, ou pire, lorsqu’elle est aux portes du pouvoir (local ou national).

L’urgence d’agir et l’horreur du moment motive alors assez aisément des discours d’appel à la justice, à l’appareil d’État et par effet de prolongement à l’ordre public… Avec des épisodes massifs comme en 2002 où toute critique pertinente de l’extrême droite était engloutie dans un tsunami républicain que certains rêvent toujours de reconstituer.

Pourtant, nous aurions tort d’oublier nos quelques victoires : si le Front National ne peut plus organiser de meeting à Rennes depuis bientôt quatre ans, c’est bien parce qu’une violente émeute a retourné le centre-ville (LIEN) et remis au cœur des enjeux politiques l’usage de l’ancienne bourse du Travail (où les fascistes avaient été autorisés à tenir leur tribune), réinvestie comme « Maison du Peuple » et épicentre de la lutte pendant le mouvement de 2016.

Si les conférences d’un réactionnaire se revendiquant de la « race celte » ont été annulées sur la fac peu de temps avant, c’est bien qu’une réaction collective et déterminée a pu avoir lieu à Rennes 2 pendant une période où il ne s’y passait quasiment rien.

On pourrait également citer la manifestation nantaise de février 2017, ainsi que l’action menée par des camarades de la ZAD contre les bus chargés de fachos, qui ont montrés un niveau d’organisation collective rarement atteints depuis des années.

Encore plus récemment, il faut saluer l’initiative des camarades qui, sur la brèche, ont bloqué un bus entier en partance pour la dernière Manif pour Tous.

Nous pensons qu’il est vital d’attaquer et ruiner l’extrême droite avant même qu’elle ne mène l’attaque : lorsqu’elle est faible, divisée, y compris lorsqu’elle se cache derrière les apparats victimaires du citoyennisme et de la liberté d’expression.

Qu’en ville, dans les bars, les salles de concert, les stades, les lycées, au boulot ou à la fac, etc., il faut se donner les moyens de tricardiser et tuer dans l’œuf le moindre projet de petit groupe, la moindre velléité d’organisation, qui peut par ailleurs très vite devenir dangereuse et polluer toutes nos activités politiques. Sapons l’action de l’extrême droite avant d’en arriver au point où nous devront solliciter ceux qui nous matraquent, nous jugent et nous condamnent dans nos luttes.

Que ce soit le Front National, le GUD, l’UNI, les hooligans, les soraliens, identitaires, nationalistes bretons d’Adsav ou du Parti Breton, nazillons métalleux et royalistes, aucun ne doit être pris à la légère, dans la mesure où ces groupes sont notoirement poreux et sont capables de s’agglomérer en l’espace d’une mobilisation éclair sur internet (comme au squat de Pacé, lors de « l’affaire Maryvonne » [3], ou encore à Trebeurden), pour faire des coups pensés comme des appels aux pouvoirs publics.

À ce titre, nous devons être absolument déterminés à nous coordonner formellement et à nous tenir prêts à faire face à ces raouts-éclairs, et à ne jamais sous-estimer la vitesse à laquelle le fascisme peut devenir grégaire et engendrer des mobilisations de l’ampleur de Chemnitz et Kothen en Allemagne.

L’extrême droite fait également son beurre sur des mouvements réactionnaires et anti-fiscaux (les Bonnets Rouges, la Manif pour tous…). Elle tente aussi de s’immiscer dans des conflits sociaux et entretien une confusion qui a pour but de faire émerger ses propres mots d’ordre.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, les camarades angevins appellent à une grande manifestation le 22 septembre contre l’implantation du Bastion Social dans leur ville.

Plutôt que de se lancer dans de tristes procès, il nous semble plus constructif de répondre le plus nombreux possible à l’appel, et d’établir un lien durable avec les groupes mobilisés afin d’être capable de bouger sur le grand ouest rapidement et efficacement lors d’initiatives contre l’extrême droite.

Par ailleurs, nous savons tous par expérience que le meilleur antidote contre l’extrême droite est une conflictualité sociale vivante, combative et révolutionnaire, que son absence dans les zones et les pays qui connaissent une forte poussée réactionnaire en Europe de l’Ouest en est une des causes principales.

À bas la justice et l’extrême droite !
Vive le mouvement social !


[1Loi mise en place sous le front populaire après les événement du 6 février 1934 où les croix de feu, un rassemblement d’anciens combattants proche de l’extrême droite, avaient marché sur l’assemblée nationale.

[2Deux groupes d’extrême droite ont été démantelés par la police le premier en octobre 2017 et le second en juin 2018. Le premier s’était constitué autour de Logan Alexandre Nisin et avait des projets d’attentats et d’assassinats politiques. Le second, « Action des Forces Opérationnelles », était un réseau d’ancien militaires et d’ancien policiers qui aurait projeté des actions contre ce qu’ils considéraient être des islamistes.

[3Voir sur le site www.antifabzh.lautre.net « Dossier – l’affaire Maryvonne Thamin : quand les fascistes s’en prennent aux squatteurs »

 

Des animaux assoiffés de liberté

reçu par mail / lundi 24 septembre 2018

Combien de marches pacifiques avant la « fermeture des abattoirs » ?
Combien de pétitions pour mettre fin aux massacres ?
Combien de réformes avant que tous les animaux ne soient libres ?
Combien de lois pour en finir avec l’expérimentation animale ?
Combien de décrets pour anéantir l’anthropocentrisme ?
Combien de SPAs avant d’en finir avec « l’euthanasie de confort » et l’enfermement ?
Combien de partis animalistes pour en finir avec l’« État égalitaire » ?
Combien de « stérilisations éthiques » pour éliminer notre désir de contrôle ?
Combien d’adoptions avant de refuser tout désir de possession ?

A quelques mois de la marche pour la « fermeture des abattoirs », il semble opportun d’apporter un regard critique sur ce qu’ont l’air de devenir aujourd’hui (au moins médiatiquement) les luttes antispécistes. Cette marche existe depuis 6 ans, qu’a-t-elle apporté ? Rien. On pourra nous rétorquer que des aménagements ont été faits dans la Loi mais cela n’a rien changé à ce qui semble être le but de ces marches : les abattoirs existent toujours et tuent toujours au moins autant. Comment peut-on penser sérieusement un seul instant que défiler dans la rue avec des pancartes et des slogans éculés puissent permettre de mettre fin, ne serait-ce qu’à ce pan de l’exploitation animale ?

Quel est le but de ces marches, à quoi aspire-t-on lorsque l’on y participe ? Les moyens de lutte sont-ils efficaces, et permettent-ils vraiment de libérer qui que ce soit ? Est-ce que les personnes qui sont à l’origine de ces marches souhaitent vraiment atteindre ce but ? Depuis que les luttes réformistes et abolitionnistes existent, les animaux non-humains sont toujours tués, enfermés, exploités, identifiés, etc. Peu importe la stratégie utilisée, à partir du moment où celles-ci font des demandes à l’État, elles ne peuvent aboutir qu’à des mesures autoritaires (lois, décrets, normes) qui seront en deçà des attentes de ceux qui désirent mettre fin à l’autorité spéciste. A quel point ce massacre nous est-il intenable pour que nous nous contentions d’accepter tout le temps perdu à quémander des lois ? Aussi, l’autorité ne saurait-elle être insupportable que lorsqu’elle est spéciste ? Qu’entendons-nous par « libération animale » ? Qu’il faut être révolté parce que les animaux non-humains, eux, « n’ont  rien demandé » ? Ou parce que l’exploitation, la mise à mort, l’enfermement, etc. sont en eux-mêmes inacceptables ?

Il semble que les débuts des mouvements de libération animale aient plus été marqués par des positionnements clairs et radicaux que par l’autopromotion médiatique et la servilité face à l’État auxquelles nous assistons aujourd’hui. Un peu avant les années 80, a en effet débuté toute une série de sabotages revendiqués au nom de l’Animal Liberation Front. Jusqu’à aujourd’hui la position de l’ALF a toujours été claire : se battre jusqu’à ce que chaque cage soit vide, et non jusqu’à ce que chaque cage soit confortable. Au début de l’année 1980, une organisation pourtant réformiste concernant la question de la libération animale voyait le jour aux États-Unis : PETA. Cette dernière a néanmoins toujours tenu elle aussi une position claire concernant l’action directe et plus particulièrement l’ALF : refuser de condamner des moyens d’action différents de ceux qu’elle s’était donnée [1].

Un bond dans le présent nous renvoie la réalité amère en pleine figure. Au cours de ces derniers mois (à l’heure de la rédaction de ce texte) diverses actions de sabotage ont été menées contre des commerces vivant de l’exploitation animale. Il n’a pas fallu bien longtemps à une autre organisation réformiste (L214) pour s’empresser de ramper devant les micros des journalistes en se dissociant et en condamnant ces moyens d’action [2]. On peut voir qu’en plus de 20 ans les choses ont bien changé, et pas dans le bon sens.

LA LIBÉRATION ANIMALE A COUPS DE CAMERAS

Les caméras sont décidément des objets très présents dans la vie de L214. L’organisation les introduit dans les abattoirs (que ce soit par activisme pour filmer les « abus » ou via la force étatique dans le but de soi-disant y garantir le « bien-être animal ») ou alors, chaque fois qu’elle en a l’occasion, se pavane devant celles des journalistes. Suite à plusieurs infiltrations et à la divulgation des vidéos en abattoirs, a été tout d’abord proposé par un député socialiste une loi visant à y rendre obligatoire la présence de caméras de vidéosurveillance. Finalement il a été décidé le 28 mai 2018 qu’elles soient durant deux ans « expérimentées » (donc non obligatoires), présentes avec l’accord des gérants des abattoirs et que le contenu enregistré puisse être visionné en interne par les services de contrôles, et par les services vétérinaires. À quoi servent ces caméras ?À prétendre que seul l’abattage méthodique entre quatre murs est intolérable ? Que ces caméras permettront de discerner la mise à mort acceptable de celle qui ne l’est pas ? À partir de quels critères ? N’est-on pas en mesure, sans avoir à visionner ces vidéos sanglantes, de dire que l’existence des abattoirs est forcément aberrante puisque ce sont des établissements conçus pour exécuter des individus ? De la même manière, il est aberrant de s’imaginer que ces caméras puissent être un outil efficace pour arriver à autre chose que des cages plus confortables. Les agents étatiques n’ont-ils pas vu dans cette proposition de loi, une opportunité de se vernir d’éthique et pour les chefs des abattoirs, une possibilité de fliquer les employés ? Car le risque se trouve là : Ne soyons pas dupes, les abattoirs « volontaires » seront bien évidemment ceux qui sont irréprochables en terme de « maltraitance » (aux yeux de la Loi !). Ainsi les caméras pointeront vers les postes de travail où la seule chose à surveiller pourrait bien devenir les cadences. Si les choses évoluent de cette manière, comment l’État pourrait justifier cette exception faite aux abattoirs ? Cela constituerait une brèche dans laquelle pourraient s’engouffrer sans difficulté les autres branches de métiers. Cette situation pourrait donc conduire à long terme l’État à autoriser officiellement l’utilisation de la vidéosurveillance à des fins de flicage des employés [3].

Si la définition de l’antispécisme ne fait pas toujours consensus, on peut néanmoins s’accorder sur le fait qu’il inclut l’opposition à l’exploitation des animaux. Or les êtres humains étant aussi des animaux, si la lutte pour l’antispécisme se fait aux dépens de leurs conditions d’existence, alors elle n’est pas réellement antispéciste. La Libération Animale n’est donc conséquente que si elle passe par la libération de tous les animaux, sans distinction. Pourtant, bon nombre d’individus se réjouissent des miettes-réformes, qui ne constituent en rien une étape étant donné que l’exploitation des animaux et leur domestication, si elle ne se réduit pas aux seuls animaux non-humains, ne saurait encore moins se réduire à l’abattage.

DES CADAVRES NON, DES PELUCHES OUI !

Un aspect de l’exploitation animale tabou jusqu’au sein de l’antispécisme concerne les relations entretenues (et imposées) avec les animaux domestiqués. Les abattoirs ne sont pas les seuls lieux où les animaux sont tués, enfermés et exploités. C’est ce qui se passe aussi du côté des Sociétés Protectrices des Animaux (!) sous prétexte que « c’est pour leur bien » ou encore « qu’on ne peut pas faire autrement ». Il est étonnant que la seule « solution » pour lutter contre les abandons consiste à stériliser les « animaux de compagnie » [4]. Ce sujet est peu abordé au sein des mouvements antispécistes, et lorsqu’il l’est, le consensus semble être que la stérilisation est une bonne chose. Malheureusement, les animaux considérés comme « de compagnie » n’ont pas demandé à naître, et s’ils existent, c’est pour satisfaire une demande, et donc un caprice. L’animal-peluche semble moins trouver grâce auprès des organisations de protection/libération animale que l’animal-cadavre. Cela s’explique sans doute simplement : l’animal « de compagnie » a une vie agréable. Il jouit en effet d’un foyer où il est nourri, aimé, et choyé. Cette vision idéaliste occulte le fait que les animaux non-humains vivent normalement indépendamment de nous, et qu’encore une fois nous les utilisons, ni plus ni moins. L’animal-peluche ne subit pas moins l’exploitation que l’animal-cadavre. Ainsi, la racine du problème est à chercher non pas dans le fait d’empêcher les animaux « de compagnie » déjà présents de se reproduire afin d’assurer notre petit confort affectif, mais bien dans cette recherche de confort affectif auprès d’individus à qui on impose bien souvent cette affection [5].

Pourtant, des « campagnes de sensibilisation » et des articles sur la stérilisation avancent nombre d’arguments en sa faveur. Selon nous, elle n’est que l’expression d’un spécisme bienveillant, c’est-à-dire qu’en se cachant derrière de bonnes intentions, cela permet d’assurer en réalité davantage le contrôle de leur corps. Pour ce faire, ses tenants usent de tactiques dégueulasses comme le recours au chantage, par exemple lorsqu’ils nous font croire qu’il suffirait de stériliser les animaux non-humains pour éviter les abandons. Or, non seulement les animaux sont toujours abandonnés, mais il est logique qu’en générant moins de naissance, il n’y ait pas plus de cas d’abandon que lorsqu’ils sont stérilisés. Avec le même genre de raisonnements insensés, ces « protecteurs des animaux » arrivent à nous vanter les mérites de la stérilisation d’un point de vue sanitaire en nous sortant dans le plus grands des calmes que l’ablation des testicules et des ovaires leur évitera notamment des cancers… des testicules et des ovaires !

La stérilisation doit être un choix personnel (qui serait même souhaitable en ce qui concerne les 7.6 milliards d’individus humains), sinon elle est un acte autoritaire exercé sur autrui. Elle est par ailleurs censée permettre de lutter contre les désastres écologiques. Or, il est absurde de rendre responsables les animaux dit de compagnie en les stérilisant, tout en continuant les élevages. Stériliserait-on pour la même raison, et ce de force, les animaux humains ? La stérilisation permet surtout la servilité et la docilité des individus non-humains – fini les marquages urinaires, les fugues, les bagarres, les miaulements intempestifs, etc., qui pourtant peuvent aussi s’en sortir avec davantage de liberté sans être stérilisés. Dans ces conditions, on se rend compte que la stérilisation n’est qu’un contrôle de plus parmi la myriade d’autres qu’on leur impose : où vivre, quoi et quand manger, quand faire ses besoins, etc.

Lorsque ces derniers, pour quelque raison que ce soit, ne sont plus en mesure de satisfaire les caprices de celles et ceux qui se considèrent comme leurs propriétaires, ils se retrouvent bien souvent entassés dans des « refuges » (principalement ceux de la SPA). On a ainsi vu ces derniers susciter plusieurs scandales en ayant recours à l’euthanasie comme (fausse) solution à la surpopulation [6]. En 2013, ce sont 1007 animaux qui sont euthanasiés à la Société Protectrice des Animaux de l’Indre [7]. La même année 529 animaux sont tués dans un chenil-fourrière dans le Lot-et-Garonne [8]. 1 700 animaux, encore, ont été tués par la SPA de Pau entre 2010 et 2013 [9]. L’euthanasie est aussi pratiquée sur les animaux considérés comme dangereux. Il convient de se poser les questions « Par qui ? », « Pour qui ? » et « Pourquoi ? ». Lorsque l’animal-peluche mord, on s’en débarrasse définitivement. On s’octroie, une fois de plus, le droit de vie et de mort sur des individus, même jusqu’au domaine paradisiaque des « animaux de compagnie ». Encore une fois, quitte à pousser cette logique jusqu’au bout, l’être humain devrait être la cible prioritaire de ses propres injections létales, car en terme d’animal dangereux, peu d’individus non-humains peuvent rivaliser [10].

Ces tentatives de lutter contre cette surpopulation dont nous sommes nous-mêmes responsables (il s’agit d’individus que l’on fait naître par la reproduction forcée, s’il faut encore le rappeler) sont totalement vaines. On le voit, la population « d’animaux de compagnie » ne cesse d’augmenter, de même que celle qui se retrouve dans les refuges.

Le problème se trouve une fois de plus dans le fait même d’avoir besoin de posséder un « animal de compagnie ». Il y a sans doute là de la psychologie qui entre en jeu : la mignonnerie, le pelage que l’on peut caresser, la vision de « l’animal de compagnie » comme une sorte d’enfant éternel, la valorisation sociale, voilà peut-être une partie de ce qui explique l’ampleur du désastre. La rudesse du monde dans lequel on vit, la misère affective, la frustration, etc. se trouvent être moins douloureux à supporter lorsqu’on a l’apaisement, en rentrant chez soi le soir, de retrouver cet enfant éternel, cet animal-peluche. Mais comme la peluche, l’animal-peluche est un leurre. A la différence de la peluche cependant, il est un leurre dévastateur, tant sur le plan du spécisme que sur celui des désastres écologiques. Et pourtant, on continue de voir régulièrement ces campagnes dégueulasses de la SPA visant à encourager l’adoption, et ce sans jamais remettre en cause la domestication. Il ne s’agit évidemment pas de dire qu’il ne faut surtout pas adopter. Il s’agit de prendre conscience du problème que représente la domestication, même quand elle se pare des meilleures intentions. Car ces intentions ne peuvent en dernière instance qu’être mauvaises. Aucun animal non-humain ne devrait être dépendant de l’être humain, et quant à ces mesures (stérilisation et euthanasie) visant à réguler une population que l’on encourage par ailleurs [11], elles sont de toute façon autoritaires, appliquées à des êtres dont on a décidé à l’avance qu’ils étaient notre propriété. Et finalement, lorsque la libération animale s’accoquine à l’adoption, ne devrait-on pas y voir un problème ? Quitter une cage rouillée pour une cage dorée, est-ce là la dignité qu’on veut leur rendre ?

UN NON-PROGRAMME

Nous ne voulons pas que l’État se « veganise », nous souhaitons sa destruction. Aucun texte de loi ne pourra mettre fin au spécisme et à l’anthropocentrisme, de la même manière qu’aucun texte de loi n’a jamais permis d’en finir avec le violences sexuelles. De plus, comment une organisation de pouvoir (l’État) pourrait elle détruire le pouvoir et la domination ? Les lobbyistes et les politiciens qui vivent directement de l’exploitation des animaux n’accepteront jamais de mettre fin à leur gagne-pain. Comme nous l’avons vu plus haut, quand l’État légifère en faveur du « bien-être animal », il crée finalement plus de contrôle et de répression.

Nous ne voulons pas que le monde marchand se « veganise », nous souhaitons sa destruction. Pour les antispécistes et les vegans alter-capitalistes, il est nécessaire de tendre vers une économie respectueuse des animaux non-humains. Repas vegans dans les restaurants, hôtels vegans, produits cosmétiques « cruelty-free » aux prix exorbitants, etc. : les capitalistes ont de nombreuses opportunités pour assurer la pérennité de l’Économie en la « veganisant ». Certaines associations antispécistes vont jusqu’à vendre des pulls et des livres de recettes au nom de la « Cause animale ». D’autres souhaitent la reconversion professionnelle des agriculteurs dans des secteurs qui ne nécessitent pas l’exploitation des animaux non-humains, mais elles ne remettent pas en cause leurs fondements marchands et étatiques. En somme, reconvertir c’est reproduire encore et encore cette société marchande et la rendre désirable.

Nous ne voulons pas « veganiser » le « monde sauvage », nous voulons nous en rapprocher. Sous couvert de « conséquentialisme », des militants « anti-prédation» prennent la position du « penseur du meurtre des prédateurs ». En effet, un des co-fondateur des Cahiers Antispécistes, écrivait :
« En nous abstenant de tuer un lion, nous tuons de nombreuses gazelles. D’un point de vue conséquentialiste, il semblerait préférable de tuer un lion plutôt que de tuer (indirectement) tous ces autres animaux ; et préférable de le faire immédiatement, plutôt que de compter sur des solutions impliquant un long délai »
« Selon cette « éthique » il serait préférable de tuer des animaux non-humains chassant pour se nourrir. Contre la Nature, cet Homo Antispéciste s’érige en quasi divinité pour s’arroger le droit de mort qui n’est pas sans rappeler des positionnements humanistes. S’ils ne souhaitent pas la mort des prédateurs, d’autres militants « anti-prédation » se prononcent en faveur d’ « alternatives » dégueulasses, telles que les modifications génétiques rendant les prédateurs herbivores ou encore la stérilisation forcée. Mais accepteraient-ils d’appliquer sur eux-mêmes ou sur « leurs proches »  ce qu’ils préconisent ? N’est-il pas spéciste de traiter différemment les animaux en fonction de leur « appartenance à une espèce » ?

Ces gestionnaires du monde sauvage projettent leur conception du monde à l’ensemble du vivant, qui au-delà des conséquences écologiques, n’est que la manifestation de leur anthropocentrisme. Selon nous, les personnes qui fondent exclusivement leur antispécisme sur la notion de sentience font fausse route. En effet, un tel positionnement amène inéluctablement à voir la souffrance présente aussi chez les animaux sauvages et donc à chercher à la réduire. Or l’être humain n’est en très grande partie pas à l’origine de cette souffrance, ce qui rend ici l’idée d’« anti-prédation » à la fois absurde et dangereuse. De notre point de vue, la base d’un positionnement antispéciste est l’exploitation qui découle de la domestication et de la privation de liberté des individus.

Ce n’est pas une nouveauté : l’antispécisme, comme un grand nombre d’autres domaines de lutte, n’est pas exempt de réflexions, de personnes, et d’actes fondamentalement réformistes et visant à un renforcement autoritaire (demande de plus de justice, demande de lois pour « limiter les abus », etc.). Par contre, l’antispécisme, sans doute plus que bon nombre d’autres domaines de lutte, est une porte ouverte aux personnes et idées réactionnaires. Et c’est sans doute au sein des organisations que ces idées peuvent le plus facilement s’infiltrer. Car il « faut » être consensuel, et que généralement une organisation ne va pas s’occuper d’autre chose que d’antispécisme. On pourra rétorquer que le mouvement antispéciste se doit d’être uni, « pour les animaux », que la division mène à l’échec, etc. Nous n’avons pas besoin d’être amenés à l’échec, puisque nous y sommes déjà. La question est donc, si tant est que cela soit dans le domaine du possible, comment souhaite-t-on se tirer de cette situation d’échec ? En acceptant des visions du monde qui ne nous conviennent pas, juste pour rester unis ? Les anarchistes, et plus généralement les personnes qui refusent l’autorité, ont toujours souffert de ce genre de stratégies. Dans le même esprit, nous refusons que les perspectives de lutte contre l’exploitation des animaux non-humains écrasent celles contre l’exploitation des animaux humains. C’est pourquoi nous ne voulons pas de la trajectoire légaliste prise par la majorité des organisations antispécistes ; souhaiter de nouvelles lois, c’est souhaiter plus de contrôle, c’est souhaiter en dernière instance renforcer la mainmise de l’État sur nos vies. C’est pourquoi nous ne voulons pas non plus du monde marchand alternatif vegan qui continue d’exploiter des animaux humains, et qui encore une fois finit par renforcer le monde marchand dans sa globalité en le rendant plus légitime, en le vernissant d’éthique (le problème du vernis, c’est que ça finit bien souvent par s’écailler).

Pour conclure, il serait bon aussi de poser la question de l’antispécisme dans l’autre sens. Car si l’antispécisme ne peut se passer d’une critique conséquente de l’autorité sous toutes ses formes, la réflexion et les pratiques anarchistes peuvent-elles se dispenser d’intégrer l’antispécisme ? L’être humain étant lui aussi un animal, qu’est-ce qui justifierait que nous souhaitions détruire l’autorité pour nous tout en acceptant de l’exercer sur d’autres individus ? Lorsque l’on accepte d’être du côté des « libres » tout en ayant des individus humains sous notre joug, nous sommes de fait des tyrans. En quoi cela serait-il différent lorsque les individus sous notre joug ne sont pas humains ?

Évidemment la critique antispéciste est répandue dans les milieux anti-autoritaires, et c’est tant mieux. Mais elle doit encore s’étendre, et l’on ne devrait pas trouver normal, par exemple, que de la nourriture issue de l’exploitation animale soit servie lors d’événements centrés autour de l’anti-autoritarisme, de la même manière que lorsque de tels événements sont empreints d’autres types d’oppression, nous nous devons de réagir.

Lorsque c’est le monde dans lequel on vit qui nous débecte, et que l’on n’aspire qu’à sa destruction, la séparation et le cloisonnement des domaines de lutte sont une plaie.

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Notes :
1. https://www.peta.org/about-peta/faq/whats-petas-position-on-the-animal-liberation-front-alf/

2. https://sansattendre.noblogs.org/post/2018/06/27/lille-france-l214-vole-au-secours-des-bouchers/

3. Sans vouloir verser dans le légalisme, l’utilisation de la vidéosurveillance est actuellement soumise à la condition que les postes de travail ne soient pas filmés. (https://www.cnil.fr/fr/la-videosurveillance-videoprotection-au-travail)

4. Cette expression en elle-même résume plutôt bien le rapport problématique que l’on a avec les animaux non-humains.

5. Cette affection peut conduire à favoriser des relations non consenties – allant dans les cas extrêmes jusqu’à la zoophilie (sujet peu ou pas du tout évoqué par les antispécistes) – empêchant ainsi tout propos critique sur cet attachement imposé.

6. Et d’ailleurs, « surpopulation » pour qui, dans un monde où l’être humain atteint les 7.6 milliards d’individus ?

7. https://www.lanouvellerepublique.fr/actu/euthanasies-a-la-spa-comment-faire-autrement

8. https://www.refugeanimalierdebrax47.com/2014/03/12/chenil-fourri%C3%A8re-de-caubeyre-529-euthanasies/

9. https://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2017/05/10/la-spa-de-pau-suspectee-d-euthanasies-massives-d-animaux_5125588_1652692.html

10. Il s’agit ici d’un raisonnement par l’absurde. Nous ne sommes bien évidemment pas pour la peine de mort.

11. Si l’idée était de s’attaquer aux racines des problèmes, ici il serait plus pertinent de s’attaquer directement aux élevages.

12. https://www.cahiers-antispecistes.org/sur-le-droit-a-la-vie-des-predateurs/

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Le texte à télécharger en format PDF.

Forêt de Hambach, Allemagne : Libération des deux anarchistes Jazzy et Winter – 2 octobre 2018

Forêt de Hambach : Infos sur les deux prisonnières anarchistes Jazzy et Winter, arrêtées lors de l’expulsion de la forêt.

Mardi 2 octobre, Jazzy et Winter ont été libérées à l’issue de l’audience pénale relative à la validité de la détention. Les deux compagnonnes ont passé plus de deux semaines en détention provisoire. Le tribunal de Düren a désormais acté le fait que la détention provisoire ne pouvait pas leur être appliquée. Les deux compas sont désormais libres et ne sont toujours pas identifiées par les autorités ! De plus amples informations en détail et sur le fond suivront prochainement.

Cependant, trois personnes d’Hambi sont toujours incarcérées : UPIII, Andrea (UP 20) et Eule. Toutes ont besoin de notre soutien. Il vous est possible d’écrire un mail à l’adresse abc-rhineland[at]riseup.net, il sera imprimé pour leur être envoyé.

Le 4 octobre a eu lieu l’audience pénale à huit-clos d’UP III (en détention préventive depuis le 18 mars 2018).

[Traduit de l’allemand de ABC Rheinland via Contrainfo, 04.10.2018]

AaRTHUR CRAVAN : INSOUMIS, POÈTE, BOXEUR ET CONFÉRENCIER

 

Arthur Cravan était le polygraphe, rédigeant jusqu’aux publicités

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Et l’annonce de ses propres prestations publiques :

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L’INSOUMIS

De son vrai nom Fabian Lloyd, Arthur Cravan naît à Lausanne en 1887. Il est de nationalité anglaise par son père qui ne s’occupe absolument pas de lui. Sa mère Nelly est française, elle se remarie avec le docteur Grandjean. Arthur a un frère, Otho. Le poète Oscar Wilde (1854-1900) est le mari de la sœur de son père. Arthur Cravan se revendiquera avec fierté de ce parent et se présentera comme l’authentique neveu d’Oscar Wilde.
Arthur Cravan est viré de partout : école, lycée, travail. A 16 ans, il dort sous les ponts de Londres puis traverse les États-Unis, de New York à la Californie. Pour survivre, il est marin, muletier ou cueilleur d’oranges. En 1904, à Berlin, il passe son temps à fréquenter les drogués, les prostituées et les homosexuels. On lui conseille vivement de quitter la ville. La même année, il aurait participé à un cambriolage à Lausanne. Il se vante d’ailleurs d’être l’auteur de plusieurs vols et d’attaques à main armée. En 1906, il est homme de chauffe sur un cargo. Il déserte en Australie où il exerce le métier de bûcheron. Les années suivantes, on le retrouve à Munich avec son frère qui étudie la peinture, puis à Florence et ensuite à Paris. Il est l’ami du critique d’art Félix Fénéon et du peintre Kees Van Dongen, tous deux anarchistes. C’est en 1910 qu’il prend le pseudonyme d’Arthur Cravan. On ne sait toujours pas s’il s’agit d’un anagramme, du nom d’une ville ou bien d’une oie sauvage. Il exerce alors la profession de marchand d’art.
Entre 1914 et 1918, il semble faire tout ce qui est possible pour échapper à la mobilisation et à la guerre. En 1914, il voyage à travers les Balkans. Le 16 août à Athènes, il se fait passer pour un Canadien. En 1916, il est à Barcelone. En 1917, il s’embarque à nouveau pour les États-Unis. Après avoir zoné dans Central Park à New York, il rencontre Mina Loy (1882-1966), poète anarchiste et futuriste. Le futurisme n’est alors pas fasciste, il le deviendra après 1918 en Italie avec Marinetti. Arthur Cravan est en possession d’un passeport russe et il semble qu’il cherche à obtenir le statut d’objecteur de conscience. Au mois de septembre 1917, il parcourt le nord-est des États-Unis et le Canada en auto-stop. Il est parfois déguisé en femme. En octobre, il se fait embaucher sur un bateau danois puis sur une goélette mexicaine. Son projet est de rejoindre Buenos Aires en Argentine.
Le 17 décembre, on le retrouve sur la frontière mexicaine. « Je suis l’homme des extrêmes et du suicide », écrit-il alors. Mina Loy le rejoint à Mexico où ils se marient. Cette année-là, il acquiert la nationalité mexicaine. Ils voyagent ensemble au Mexique, au Brésil et au Pérou. Mina Loy part seule pour Buenos Aires, Arthur Cravan devant la rejoindre plus tard. Ils ne se reverront jamais. Plusieurs versions de sa mort ont été avancées. Mina Loy apprendra que deux corps d’hommes abattus ont été retrouvés sur la frontière du Mexique, le signalement de l’un deux pouvant correspondre à Arthur Cravan. Pour le poète Williams Carlos Williams, il aurait disparu en mer au large de l’Amérique centrale. Pour André Breton, c’est dans le golfe du Mexique que sa légère embarcation aurait sombré. La fille de Mina et d’Arthur, Fabienne, naît en avril 1919 en Grande-Bretagne.

LE POÈTE

L’œuvre connue d’Arthur Cravan se compose d’une dizaine de poèmes et d’exercices poétiques, des cinq numéros de la revue Maintenant, de notes, de quelques articles et de lettres.
On suppose que Cravan est le rédacteur unique de Maintenant. Il signe les articles de divers pseudonymes : Marie Lowitska, Robert Miradique ou bien Edouard Archinard où l’on reconnaît presque l’anagramme du mot anarchie. On retrouve le nom d’Archinard sur des peintures qui ont été exposées en 1914 chez Bernheim Jeune. À cette époque, Félix Fénéon y travaillait et l’on sait qu’il possédait plus tard quatre de ces toiles.
Les cinq numéros de Maintenant proposent quatre poèmes, trois textes sur Oscar Wilde, une satire de critique d’art ainsi que des notes et annonces plus ou moins fantaisistes.
Le numéro 1 de Maintenant paraît en avril 1912. Il le vend lui-même sur une poussette, accompagné de divers personnages (un boxeur, un peintre hongrois etc.). On peut y lire un poème et un document sur Oscar Wilde. Avant l’âge de 30 ans, Arthur Cravan se désintéressait totalement de la littérature. Il projette désormais de se faire passer pour mort afin de mieux attirer l’attention sur son œuvre.
Dans le numéro 2 (juillet 1913), il raconte sa rencontre avec André Gide. Elle commence par : « – Qu’avez-vous lu de moi ? – J’ai peur de vous lire (monsieur Gide) ». Elle se termine par : « – Monsieur Gide, où en sommes-nous avec le temps ? – Il est six heures moins un quart » !
Dans le numéro 3 (octobre-novembre 1913), il prétend qu’Oscar Wilde est toujours en vie et qu’il l’aurait même rencontré le 23 mars 1913. À noter qu’à cette date, Oscar Wilde est enterré au Père-Lachaise depuis 13 ans !
Le numéro 4 est consacré au Salon des Indépendants. Il vend le journal aux portes du Salon. Tous les peintres exposés en prennent pour leur grade. Seul, Van Dongen trouve grâce à ses yeux car il avait le bon goût d’organiser des matchs de boxe dans son atelier. Au Salon, Arthur Cravan est pris à partie par une dizaine de personnes qui veulent lui régler son compte. Pour défendre Marie Laurencin qui est insultée, Apollinaire provoque Cravan en duel. Il sera même condamné à 8 jours de prison pour injures envers elle. Bien qu’ami de Sonia Delaunay, il la critique sévèrement. Ils se réconcilieront cependant l’année suivante. « L’Art avec un grand A, est au contraire, chère mademoiselle, littérairement parlant, une fleur (ô ma gosse !) qui ne s’épanouit qu’au milieu des contingences, et il n’est point douteux qu’un étron soit aussi nécessaire à la formation d’un chef-d’œuvre que le loquet de votre porte, ou, pour frapper votre imagination d’une manière saisissante, ne soit pas aussi nécessaire, dis-je, que la rose délicieusement alangourée qui expire adorablement en parfum ses pétales languissamment rosés sur le paros virginalement apâli de votre délicatement tendre et artiste cheminée (poil aux nénés) ». « Il faut absolument vous fourrer dans la tête que l’art est aux bourgeois et j’entends par bourgeois : un monsieur sans imagination ».
Dans le numéro 5 (mars-avril 1915), il écrit un texte intitulé Poète et boxeur.

LE BOXEUR

Arthur Cravan met sur le même plan la boxe et la poésie. Dès 1910, il pratique la boxe avec son frère. Il devient même champion mi-lourd des novices amateurs puis champion de France. En 1914, il participe à un match à Athènes. Sur les affiches, il est présenté comme boxeur canadien.
En 1916, il est professeur de boxe à Barcelone. Au mois de mars, un match important est organisé. Il va rencontrer Jack Johnson, champion du monde mi-lourd. Il s’agit en fait d’une grosse escroquerie. Johnson s’est enfui des États-Unis, accusé de proxénétisme. C’est un boxeur presque fini. Bien que mis knock-out au sixième round, Cravan touchera une partie de la recette. À noter que le match fut arbitré par un certain Tony Bastos, un nom pareil ça ne s’invente pas !
En 1918, il enseigne encore la boxe à Mexico.

LE CONFÉRENCIER

Pour défendre ses idées sur l’art, la poésie ou l’humour, Cravan organise des conférences d’un genre bien particulier. « Qu’on le sache une fois pour toutes : je ne veux pas me civiliser ».
Le 13 novembre 1913, il engueule le public présent et fait mine de se suicider.
Le 27 novembre 1913, au cercle de la Biche, il réclame le silence à coups de gourdin et au son d’un trompe. Il regrette que le choléra n’ait pas emporté à 30 ans tous les grands poètes. Il raille Marinetti. Il défend la vie moderne, ardente et brutale…
Le 5 juillet 1914, avant de parler, il tire des coups de pistolet. Tantôt riant, tantôt sérieux, il profère des insanités contre l’art et la vie. En se dandinant et en lançant des injures, il fait l’éloge des sportifs, des homosexuels, des fous et des voleurs.
A New York, une conférence est organisée le 19 avril 1917, à l’occasion de l’exposition des Indépendants. Soûlé par ses amis Marcel Duchamp et Francis Picabia, il monte ivre mort sur scène. Il ne prononce pas un mot et commence un strip-tease devant un parterre de dames venues écouter une conférence sur l’art. La police intervient. Il est condamné à huit jours de prison et à payer une amende.
Un autre jour, il provoque un nouveau scandale au Bal des Artistes où il se rend vêtu d’un drap et la tête recouverte d’une serviette de bain. Il déclare alors à Mina Loy : « Tu devrais venir vivre avec moi dans un taxi : nous pourrions avoir un chat ».

Arthur Cravan disait de lui-même : « Je suis toutes les choses, tous les hommes, et tous les animaux ». Il attaquait la société bourgeoise et surtout l’art qu’il considérait comme une imposture suprême. Pour lui, tout art est superflu et même dangereux en tant qu’expression d’une société à l’agonie. Seule comptait pour lui l’intervention de la personne, c’est-à-dire la vie au lieu de l’art. Il s’en prenait à l’intellectualisme de certains cercles parisiens des années 1910. Par ses provocations, sa critique de l’art et des pseudo-avant-gardes, il est le précurseur des dadaïstes qui étaient fascinés par sa personnalité. Pour Blaise Cendrars, « Dada est Dada et Arthur Cravan est son prophète ». On doit à André Breton et aux surréalistes d’avoir sauvé son œuvre et sa mémoire.

Felip Équy

En 1917 il écrit un très impressionnant encore qu’inachevé poème en prose qui sera publié des années plus tard sous le titre « Notes » par André Breton.

« Je me sens renaître à la vie du mensonge – mettre mon corps en musique – bourrer mes gants de boxe avec des boucles de femmes – dieu aboie, il faut qu’on lui ouvre – « 

Ce poème se termine par ce vers :

« Langueur des éléphants, romance des lutteurs »

cravan boxeurpoursite

Œuvres : poèmes, articles, lettres par Arthur Cravan. Ivréa, 1987

Col de Montgenèvre (Hautes-Alpes) : Échauffourées avec les gendarmes, saccage du terrain de golf et du télésiège [MAJ du 26/09]

Communiqué de Chez Jesus

Pour un monde sans frontières ni autoritarismes

mars-infos.org / dimanche 23 septembre 2018

Ici c’est une zone frontière.
Une frontière qui sépare, sélectionne, tue.

Les marchandises se déplacent librement sur les routes, rails, bateaux et avions, en traversant les frontières, les états et les barrières. Les personnes non.
Ces vallées sont traversées chaque jour par des dizaines de personnes qui veulent simplement pouvoir choisir où continuer leur vie, souvent après avoir vécu et s’être échappées de situations insoutenables, comme la guerre, la pauvreté et l’exploitation. Chaque jour, la police, bras armé de l’état, acte une “chasse au migrant” sur les trains, les bus, les routes et les sentiers qui vont jusqu’en France pour empêcher ces personnes de faire librement leur propres choix.

Cette vallée depuis des dizaines d’années subit physiquement la dévastation amenée par la construction de grandes infrastructures de transport et la connexion entre la France et l’Italie. Le TAV, la ligne ferroviaire à grande vitesse qui devrait servir à amener les marchandises et les personnes (sélectionnées) depuis Turin jusqu’à Lyon en est un exemple édifiant.
Le projet du TAV est inutile, un ouvrage projeté seulement pour les intérêts économiques de ses promoteurs, au détriment de tous les autres, de celleux qui habitent ici, et d’un territoire qui est massacré.
Il semblerait que ces jours-ci les travaux d’agrandissement du chantier, ouvert pour la réalisation du TAV, soient en train de recommencer. Encore une fois, ce sont les intérêts économiques et politiques qui dictent la ligne.

Salvini ferme les ports aux migrants et s’amuse à faire de la politique sur le dos de celleux qui ont le moins de possibilités de se défendre.
Les différents politiciens européens, mis en difficulté par la crise généralisée économique, politique et sociale, ont trouvé dans le “migrant” le bouc émissaire parfait pour justifier leur propres politiques sécuritaires et de contrôle.
Pendant que les marchandises courent librement, les politiciens continuent leur jeu électoral et ici comme partout la frontière continue à tuer et à séparer.

La frontière tue sur ces montagnes comme à Vintimille, à Côme et au Brennero. A chaque frontière qui sépare l’Italie des pays limitrophes il se trouve des personnes qui risquent leur vie quotidiennement pour fuir la police et ses systèmes de contrôle.
La frontière tue en Libye et dans la Méditerranée grâce au système de détention et de contrôle financé par les gouvernements européens.
Elle tue à l’intérieur des centres de détention et du système d’accueil, mis sur pied avec l’objectif de contrôler le “migrant” en l’infantilisant et en le rendant dépendant du système qui le gère dans chaque aspect de sa vie.
Elle tue dans les CPR, les prisons pour sans documents, qui jouent un rôle clé dans le mécanisme de déportation vers les pays de départ.
Elle tue avec l’exploitation dans les champ agricoles du nord au sud de l’Italie.

La frontière est un dispositif de sélection et de contrôle qui ouvre et ferme ses mailles en fonction des intérêts économiques et politiques du moment.
Ce dispositif pour celleux qui sont aujourd’hui dans la rue ne doit pas exister et doit être attaqué.

*****

extrait du fil d’infos de la journée de samedi 22 septembre (toujours via mars-infos) :

Journée sportive à Clavière

Levée du camp à Mézélet ce matin vers 10h. Nous sommes parti.es en caravane d’une cinquantaine de voitures en direction de Clavière. Petit blocage d’autoroute pour cause de pneu crevé, petite AG à l’arrivée. Et direction le club de golf privé entre Clavière et Montgenèvre. Au programme : football-golf-rugby-tags et chicanes sur la pelouse si verte du terrain de golf, et jeu de ping-pong lacrymo-cailloux avec les flics français sur la frontière. Tout le monde est rentré tranquillement au campement. Ce soir on enchaîne par un concert.

*****

Mise-à-jour du mercredi 26 septembre : Deux garde-à-vous

(encore via mars-infos)

Dimanche matin un large bouquet de keufs français de plusieurs espèces dont certaines rares bloquaient tous les postes frontières du coin : col de l’Échelle, col de Montgenèvre, col de Montcenis… Au programme des réjouissances : contrôles poussés de tous les passagers, fouilles des véhicules, et prises de photo et d’empreintes pour les premiers servis de la matinée. La suite du menu ne fût pas plus réjouissante puisqu’ils ont ré-arrêté l’un des inculpé de Briançon ainsi qu’une autre personne. Toutes deux ont été placées en GAV pour des motifs que nous ignorons encore actuellement.

lut et trouvé attaque.noblogs.org

A voir et revoir:Exposition «Contre la guerre, contre la paix, pour la révolution sociale»

« Vous cherchez une querelle, gouvernants, craignez de n’avoir la guerre. Non pas celle qui vous intéresse, qui nous décime, qui sème les cadavres des nôtres dans les fossés ; qui, vainqueurs ou vaincus, nous laissent toujours prisonniers des lois, des patrons, de la misère, de l’ignorance…
Mais l’autre, LA GUERRE, la véritable, celle dont les escarmouches se dessinent de loin en loin, dont les combats parfois rougissent les pavés, mais dont il ne saurait tarder de voir s’ouvrir les terribles assises, mettant enfin toutes les forces des combattants face à face.
Il en est qui parlent POUR LA PAIX, moi je parle POUR LA GUERRE. Pour cette guerre qui ne jette pas les hommes aux frontières — la révolution n’en connaît pas — mais qui les dresse contre l’oppresseur de tous les jours, en tous les pays. Et j’ai le désir que cette guerre ne se termine qu’avec la fin de l’autorité, de l’ignorance et de la misère…, dût cette victoire s’étayer sur nos cadavres.
Que cette guerre soit, de notre part, sans pitié, comme sans haine… la vérité ne saurait avoir ni l’une, ni l’autre. »
– Albert Libertad, dans l’anarchie, n° 46, 22 février 1906
Cette exposition a été réalisée à l’occasion de Temps d’Encre, rencontres autour de publications anarchistes, le 23 & 24 juin 2018 à Montreuil (Paris).
L’exposition, en affichettes format A2, est désormais téléchargeable en PDF ici.
[Tratto dal sito internet tumult.noblogs.org, delle edizioni Tumult, Contributions anarchistes à la guerre sociale]

lu et copié sur Selva

Turin (Italie) : Présence solidaire avec les inculpés du procès Scripta Manent, le 3 octobre

Anarhija.info / lundi 24 septembre 2018

3 octobre 2018, 9h
Présence solidaire
Salle bunker de la prison Le Vallette – Turin

En septembre 2018, après la pause estivale, les audiences du procès Scripta Manent ont recommencé, dans la salle bunker de la prison de Turin.  Le 3 et 4 octobre, Anna et Marco seront présents dans la salle.

 

Cette enquête,pour laquelle 8 compas ont été arretés ». (1) (dont 2 qui s’y trouvaient déjà) et 15 autres sont inculpés, concerne une série d’attaques signées par la Fédération Anarchiste Informelle ou la FAI/Front Révolutionnaire International, qui ont eu lieu entre 2003 et 2012, contre les forces de l’ordre (commissaires, casernes des Carabinieri et casernes de formation des futurs Carabinieri, RIS), politiciens (maires, ministre de l’Intérieur), journalistes, entreprises participant à l’aménagement des CRA, ainsi qu’un directeur d’un centre d’enfermement pour sans-papiers. Dans cette affaire a aussi été inclue l’attaque contre Adinolfi, le PDG de Ansaldo Nucleare, revendiquée comme Cellule Olga FAI/FRI par Alfredo et Nicola, qui ont déjà été jugées et sont en taule depuis 2012.

Les accusations sont la constitution et la participation à une association subversive (art. 270bis du Code Pénal), quelques délits spécifiques (art. 270) et en plus l’instigation à crimes et délits et l’apologie de crimes (art. 414), pour des articles, des sites internet, des blogs et des éditions anarchistes.

Ce procès est remarquable car la Justice a utilisé le débat interne au mouvement anarchiste dans un jeu d’interprétations et de différenciations, orchestré à dessein, que le Procureur de service essaye d’utiliser contre les anarchistes eux-mêmes.

De notre côté, nous ne pouvons que réaffirmer notre soutien aux compagnons inculpés et aux pratiques dont ils sont accusés; l’histoire du mouvement anarchiste qui est sous accusation est notre histoire à nous tous.

La critique interne au mouvement anarchiste, même la plus dure et provocatrice, a comme finalité l’émancipation individuelle et collective, dans la lutte pour le développement d’analyses et de pratiques visant l’attaque contre l’existant, sans médiation, contre l’État et le Capital, pour la liberté.

Le 3 octobre, certains des compagnons emprisonnés depuis 2016 seront amenés dans la salle d’audience, tandis que d’autres, pour lesquels l’interdiction de présence a été décrétée, suivront l’audience en visio-conférence.

Nous serons là pour saluer nos compagnons et pour porter notre solidarité et notre proximité à tous les personnes emprisonnées et inculpées pour l’opération « Scripta Manent ».

Conscients que « la solidarité aux prisonniers est déterminante pour la lutte subversive dans la mesure où elle est partie indépassable de l’action subversive et révolutionnaire ».

Liberté pour Anna, Marco, Sandro, Danilo, Valentina, Alfredo et Nicola.
Solidarité avec les inculpés de l’opération Scripta Manent.

(1) Au fait, des 8 incarcérés en septembre 2016 (dont Alfredo et Nicola qui
étaient déjà en taule), Valentina est maintenant aux arrestations
domiciliaires et Daniele aussi est sorti de prison (en effet il été
censé être « seulement » perquisitionné pour Scripta Manent, mais les
flics disent avoir trouvé chez lui du « matériel pouvant servir à
confectionner des engins explosif » et du coup l’ont incarcéré lui aussi
(mais il est sorti – je ne sais pas qu’est ce que ça donne cette
histoire de « matériel… » mais je crois que c’est sur une autre procédure,
externe à Scripta Manent)).

trouvé l’informationattaque.noblogs.org

Vengeance pour Zak Kostopoulos !

nonfides..fr

En recevant les nouvelles de l’horrible meurtre de Zak Kostopoulos à Athènes cette semaine, nous avons été frappés par la nécessité d’une réponse. Bien que nous ne connaissions pas Zak, sa terrible situation résonne fortement parce que nous savons que cela pourrait être notre sort, le sort d’un ami proche ou d’un amant.

Dans un monde qui désire majoritairement voir plus de queers morts, nous reconnaissons cette attaque exactement pour ce qu’elle est – la continuité de la brutalité normalisée contre les homosexuels et les transgenres sous les yeux d’États heureux de nous laisser mourir, que ce soit à travers le refus à un niveau structurel de fournir des traitements adéquats contre le SIDA, la criminalisation des personnes séropositives ou bien les actions de chaque flic permettant à Zak (et à d’autres comme lui) d’être battus à mort.

Non pas que nous attendons quoi que ce soit de ces sales institutions, nous voulons simplement identifier l’ennemi et les tactiques qu’il emploi contre nous. Nique la justice et nique la police – toutes deux sont les armes de nos ennemis et aucun des deux ne nous apportera jamais autre chose que des dommages plus importants. Il ne pourra jamais y avoir de justice pour un meurtre aussi cruel et brutal, il ne pourra jamais y avoir de justice pour Zak. Nous voulons la vengeance pour Zak et les innombrables autres comme lui qui tombent chaque année face à la violence homophobe, transphobe et étatique. Vengeance contre ceux qui commettent ces attaques, vengeance contre la police qui ruine des vies partout et tout le temps, vengeance contre les États qui la supervisent et vengeance contre un monde où l’indifférence équivaut à la complicité. Attendez-vous à voir plus d’escalades bientôt.

Quelques queers armés déjà prêts à mourir.

[Traduit de l’anglais d’Actforfreedom.]