Archives de catégorie : General

valence, france: Des lycéen-e-s se mobilisent pour le climat : un millier de manifestant-e-s

 

A Valence, un millier de manifestants, selon les forces de l’ordre, participent ce vendredi 15 mars après-midi à la marche pour le climat. Parmi eux, une très grande majorité de lycéens drômois. Ce sont eux qui sont à l’initiative de cette manifestation. Partis du champs de Mars, ils ont fait un arrêt devant la mairie avant de se rendre devant la préfecture de la Drôme.

reformulé   d’après la presse

Le tract de la libre pensée en PDF n’a pas pu être distribué  vendredi  lors du rassemblement afin d’informer  sur les  tenants et les aboutissants derrière cette opération médiatique, tu peux le lire maintenant

Caen, calvados: – causerie autour du procès de compagnon-ne-s en Belgique, samedi 23 mars, 18h30 au local Apache.

Image associée
Samedi 23 mars au local Apache (35 bvd Poincaré, arrêt de bus aviation
)
18h30 – Causerie autour du procès de compagnons et compagnonnes enBelgique, suite à des luttes contre les prisons et les centres de rétention
Suivie d’une auberge espagnole : on amène et partage un repas.

FIN AVRIL aura lieu un procès contre une dizaine d’anarchistes en
Belgique. Ce que l’Etat veut réprimer à travers celui-ci, ce sont des
années d’agitation intenses contre les prisons et la construction d’un
nouveau centre de rétention. Une enquête ouverte par les flics en 2008
– avec l’ouverture de la bibliothèque anarchiste « Acrata »- a été
clôturée en 2014. Aidé par le qualificatif de « terroriste », les ennemis
de la liberté ont eu accès à toute une gamme d’outils de contrôle et
d’espionnage. À L’occasion de cette soirée, nous proposons une
discussion qui revient sur ces années, non seulement sur la question
répressive, mais aussi sur ces luttes qui visaient à la destruction de
l’état et ses prisons : manifestations, agitation dans les quartiers,
actions directes, discussions afin d’approfondir la critique totale de
ce monde et notre agir à son encontre.

tract en PDF

[reçu par mail]

Brochure sur l’opération étincelle et Manifestation contre les frontières le 30 Mars à Turin

Compilation de textes traduits de l’italien sur les deux opérations
répressives à Turin, Trento, Rovereto en début de l’année 2019.
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Manifestation internationale contre les frontières le 30 Mars à Turin

BLOQUONS LA VILLE !
“Ils font la guerre aux pauvres et ils appellent ça requalification.
Résistons contre les proprios de la ville!”
Gouvernements et proprios essayent de nous étouffer avec une normalité
faite de guerres, militarisation des villes, conditions d’exploitation
de plus en plus dures, traque aux immigrés et haine entre les pauvres.
Ils veulent se débarrasser de celleux qui cherchent à lutter contre la
dégradation des conditions de vie et qui tentent de subvertir cet ordre
social. C’est le cas des 13 compagnon.ne.s arrêté.e.s en février dernier.

Continuons à resister et à lutter!

GIADA, SILVIA, ANTONIO, LORENZO,
NICCO, BEPPE, POZA, STECCO, NICO,
AGNESE,SASHA, RUPERT, GIULIO.

LIBERTÉ POUR TOUS ET TOUTES!

brochure comme une étincelle en PDF

Kiev (Ukraine) : Des anarchistes tirent contre les fenêtres du tribunal de Goloseyevsky

A2day /

Le matin du 12 mars 2019, la police a fait une déclaration à propos d’une attaque contre un tribunal.

La veille, nous, anarchistes de Kiev, avons mené une action en solidarité avec l’anarchiste Azat Miftakhov, emprisonné à Moscou.
En prison, dans les griffes du système pénal, nos compagnons doivent être conscients de notre soutien, qui s’exprime d’habitude avec des concerts, des rassemblements, des lettres… Mais plus important encore est la certitude que leur cause continue à vivre, la certitude dans le bien-fondé et dans la poursuite de leur lutte. Peu nous importe si Azat est impliqué ou pas dans des attaques à l’explosif et dans d’autres faits, puisque, aux yeux de l’État, quiconque se dise anarchiste est déjà coupable et mérite une punition.

Le mieux que nous pouvons faire pour eux est de continuer le combat et la résistance. Dire clairement que la répression n’est pas seulement une raison de montrer de la solidarité, pour camaraderie, mais aussi de comprendre une fois de plus la nécessité de la complète destruction de l’État et des toutes ses expressions. Qu’est ce qu’il pourrait y avoir de mieux pour un compagnon que de voir que la répression ne fait que radicaliser et rassembler le mouvement, que son enfermement n’est pas en vain et que, peu importe ce qui peut lui arriver, sa cause vivra jusqu’à la victoire complète de la révolution sociale.

Cette fois, nous avons décidé d’utiliser la méthode de l’attaque, peu courante dans le contexte de cette affaire, avec des tirs de fusils. On a fait 15 trous dans les fenêtres des juges du tribunal de l’arrondissement de Goloseyevsky, à Kiev.

L’angle de tir et le lieu ciblé n’ont pas été choisis au hasard ; on a pris toutes les mesures pour éviter des blessés parmi les personnes non impliquées. Seulement des personnes qui appartiennent à des structures de pouvoir, des représentants des autorités et des citoyens zélés qui auraient décidé de nous arrêter auraient pu être frappés. Toute victime accidentelle était exclue.

Liberté pour Azat ! Compagnons anarchistes, c’est l’heure de passer des protestations à la résistance ! Avec solidarité et salutations partisanes !

Des anarchistes

De Lyon aux Yvelines : L’envie de liberté est plus forte que leurs barreaux

Lyon : Pourquoi retourner derrière les barreaux ?

Le Progrès / jeudi 14 mars 2019

[…] Condamné à deux ans de prison pour vols aggravés, cet individu était incarcéré à la prison de Villefranche. Mi-janvier, il a bénéficié d’une permission mais n’a pas réintégré la prison. En fuite, il était susceptible de se trouver dans le 1er arrondissement, où il a des attaches. C’est là qu’il a été repéré mardi, rue des Pierres Plantées. Son interpellation n’a pas été facile, car il a pris la fuite en direction du Rhône. Après une longue poursuite, il a finalement été arrêté place Louis Chazette.

À la fin de sa garde à vue, il a été jugé ce mercredi pour évasion et condamné à deux mois d’emprisonnement

*****

Prison de Bois-d’Arcy : Pourquoi laisser les barreaux à leur place ?

Le Parisien / jeudi 14 mars 2019

[…] Deux détenus de 22 et 23 ans ont été déférés ce mercredi au parquet de Versailles. Jugés tard dans la soirée, les deux hommes ont écopé de huit et douze mois de prison ferme pour avoir fomenté un projet d’évasion à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, dans le courant du mois de février.
Le 22 février dernier, les gardiens mènent une inspection dans la prison et découvrent qu’il manque le barreau central à la fenêtre d’une cellule. Ils se rendent compte que les occupants des lieux ont également creusé un trou de trente centimètres sur trente au travers duquel un homme pourrait passer sans difficulté. Les agents mettent la main sur le barreau manquant caché dans la chambrée.
Les deux prisonniers suspects, qui sont incarcérés pour des faits de vol en bande organisée et association de malfaiteurs, sont immédiatement changés de cellule et le parquet demande aux enquêteurs du commissariat de Plaisir d’ouvrir une enquête. « Le trou menait dans la cour de la prison, explique une source proche de l’affaire. Une fois arrivé dans la cour, il faut passer un grillage et le mur d’enceinte avant de recouvrer la liberté, ce qui n’est pas vraiment facile. » […

Turin,Italie: bloquons la ville!

Bloquons la ville ! Manifestation à Turin le 30 Mars

BLOQUONS LA VILLE !

Ils font la guerre aux pauvres et ils appellent ça requalification.
Résistons contre les proprios de la ville !

Gouvernements et proprios essayent de nous étouffer avec une normalité faite de guerres, militarisation des villes, conditions d’exploitation de plus en plus dures, traque aux immigrés et haine entre les pauvres.

Ils veulent se débarrasser de celleux qui cherchent à lutter contre la dégradation des conditions de vie et qui tentent de subvertir cet ordre social. C’est le cas des 13 compagnon.ne.s arrêté.e.s en février dernier.

Continuons à résister et à lutter !

GIADA, SILVIA, ANTONIO, LORENZO, NICCO, BEPPE, POZA, STECCO, NICO, AGNESE, SASHA, RUPERT, GIULIO :

LIBERTÉ POUR TOUS ET TOUTES !

SAMEDI 30 MARS 2019 MANIFESTATION A TURIN

 

 

 

 

 

 

 

 

infos donné Lors de la rencontre& discussion  autour du livre : »ma peste de vie »

condé- sur- sarthe, France Après l’agression de 2 surveillants les prisonniers et leurs familles prises en otages par les surveillants13 /03 (mise à jour)

les matons continuent leur grève le 14 mars les mêmes conditions pour les prisonniers la ministre  d’en fout.. Comme aucune personne attaque cette saloperie de blocage .. Plus de cantine  cellule 24 sur24 continue pour les prisonniers ..  les autres surveillant  et le personnel pénitentiaire et les entreprises qui font du fric sur le dos des prisonniers sont complices de  ce mode d’enfermement ( cette punition collective . si personne réagit  ce système de punition collective  ve se généraliser

[infos reçu par mail]

« Depuis huit jours toutes les communications et toutes les activités sont bloquées..!! Les familles n’ont AUCUNE nouvelle de leurs proches! ils ont bloqué même  le courrier! les repas des prisonniers  sont au minimum de calorie ( soit 1000 ) les détenus auraient dû, pour se nourrir, se contenter des restes de leurs réserves personnelles et parfois seulement   d’une baguette de pain distribuée par les personnels présents. Tout comme les repas, les « cantines » ne sont plus non plus distribuées, privant notamment les fumeurs de leurs cigarettes.Les personnes sont en effet confinées en cellule, privées de tout mouvement (promenade, activités, etc.). Les ordures ne sont plus ramassées. L’accès aux soins est réduit au minimum, seuls un médecin et une infirmière ayant été autorisés à rentrer dans l’établissement le mercredi 6 mars. Plusieurs coupures d’eau et d’électricité rythmeraient les journées des prisonniers depuis le début du blocage. »

infos recueillis à l’OIP

Depuis l’agression de deux de leurs collègues mardi 5 mars 2019, des dizaines de surveillants bloquent le centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe. Seule une vingtaine de membres des ERIS (équipes régionales d’intervention et de sécurité) travaillerait à l’intérieur de l’établissement, contre 108 surveillants en poste en temps normal.

Enfin, le mouvement aurait aussi pour conséquence l’annulation des parloirs.Le vendredi   Mars , deux femmes avec enfants témoignent s’être vu refuser l’accès à la prison – précisons que les proches de détenus de Condé ont souvent parcouru plusieurs centaines de kilomètres pour un parloir.  D’après plusieurs témoignages, les parloirs avocats sont aussi supprimés jusqu’à nouvel ordre.

crève la taule

Image associée

 

 

.ouest-france.fr 13/03/2019 à 11h04

Inauguré en 2013, le centre pénitentiaire d’Alençon-Condé-sur-Sarthe

Les surveillants pénitentiaires de la prison d’Alençon – Condé-sur-Sarthe, dans l’Orne, sont toujours mobilisés ce mercredi 13 mars, une semaine après l’agression terroriste de deux de leurs collègues.

Les surveillants de la prison d’Alençon – Condé-sur-Sarthe sont toujours mobilisés, une semaine après l’agression de deux de leurs collègues par Michaël Chiolo, un détenu radicalisé. Inquiets pour leur sécurité au travail, ils demandent des fouilles plus régulières, des détenus mais aussi des visiteurs.

 

A propos d’un exposé anarchiste sur le droit

Thom Holterman,

Thom Holterman (1942), objecteur de conscience, rédacteur de la revue anarchiste hollandaise de AS, juriste libertaire et ancien professeur de droit constitutionnel à l’université de Rotterdam (EUR), a publié plusieurs livres sur l’anarchisme et le droit. Ce livre est son premier titre en français.

L’anarchisme, c’est réglé. Un exposé anarchiste sur le droit,

Atelier de création libertaire, 2013, 72 p.

 

Thom Holterman est hollandais ; c’est sans doute pourquoi il a pensé spontanément à l’exemple que donnait Kropotkine à propos de la gestion des canaux de son pays, les routes de la Hollande. En effet, tout un chacun aurait pu penser que c’était à l’État d’organiser le trafic. Ce qui ne fut pas le cas. Ce sont des guildes, des syndicats de bateliers qui, entre eux, organisèrent la circulation sur les eaux jusqu’aux pays voisins.Et pour ceux des anarchistes qui ont une idée étriquée de la notion de droit et qui pensent que le droit ne peut être qu’étatique, il y a encore du chemin à faire… Mais, pour Holterman, il y a convergence entre anarchisme et droit.

Ce droit non étatique aurait pour fondement la « réciprocité », l’« interaction », la « coopération », l’« entraide » et le « voisinage ».

Il en est ainsi du droit dit « coutumier » quand ce sont les gens eux-mêmes qui « fabriquent » leur coutume, leur droit.

Mais le droit se crée aussi par contrat entre égaux, et on parlera alors de « droit choisi ».

Il est à noter que le droit étatique est relativement nouveau ; dominateur, il tend à marginaliser le droit non étatique ; cependant la pratique d’un droit non étatique perdure et se signale, encore maintenant, par la « médiation », par « l’arbitrage des différends » au moyen d’un tiers, esquissant ainsi le droit d’une société libertaire à venir.

L’exemple des canaux hollandais pourrait être généralisé à toute la société. Cependant, l’emprise de l’État écarte cet imaginaire ; il faut dire que nous sortons lentement de pratiques de servitude qui ne se sont ouvertes que sur le cul-de-sac des élections organisées périodiquement qui ne servent au peuple qu’à « désigner ses geôliers ». En effet, le système parlementaire conforte la domination, l’oppression et l’exploitation.

On rajoutera que le droit étatique aspire à l’autonomie et s’oriente vers la construction d’un « État fort » qui, dans son accointance avec le capitalisme, ouvre la voie à un régime fasciste. Et la présence d’une crise économique favorise cette corrélation.

Ceux qui combattent l’anarchisme en disant que celui-ci préconise une société sans droit ont tort. Et on s’accordera avec eux pour dire qu’une société sans droit est impossible, mais on insistera pour affirmer que les anarchistes s’opposent tout simplement au seul droit étatique.

Un droit anarchiste ou libertaire sera fondé sur l’association libre de ses participants, lors d’un contrat collectif, tous les associés concourant au bien-être commun. Celui qui refuserait sa participation tout en voulant bénéficier du travail de tous − attitude évidente de resquille − se verrait en butte à l’ensemble car il y a en quelque sorte une obligation « implicite » à donner sa participation.

Que faire dans un tel « modèle de réciprocité » quand l’un ou l’autre ne respecte pas ses obligations ? Il n’y sera pas répondu par des sanctions physiques mais par la diminution des échanges en tout genre et puis, si nécessaire, par la rupture des relations réciproques.

L’anarchie n’est donc pas une société sans règles mais une société sans autorité imposée. Oui, l’anarchisme, c’est réglé !

Thom Holterman écrit qu’« au cours d’un processus historique de longue durée l’État s’est substitué à la communauté » ; c’est un usurpateur qui par la violence de ses lois tend à « casser » et à « infantiliser » les individus.

Ainsi, l’anarchisme peut être appréhendé comme une « source », comme un « potentiel critique » pour « dévoiler les structures imposées », préalable à une reconstruction de la société.

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Zurich, Suisse : Deux lettres du compagnon anarchiste incarcéré depuis le 29 janvier dernier – Février et mars 2019

1er Mars 2019, Prison de Zurich

Chers compagnons, chers amis

Un mois s’est écoulé depuis que, le 29 janvier, j’étais en route en vélo pour le boulot et je venais de tourner de la Langstrasse dans la Josefstrasse, lorsqu’une voiture en civil m’a contraint à m’arrêter et que deux autres flics en civil en vélo me sont tombés dessus par derrière. Il y avait parmi eux une femme dont je me souviens qu’elle m’avait suivi jusqu’à chez moi il y a peu. Ensuite nous sommes partis, en compagnie d’environ 15 autres hôtes non invités, pour une dernière visite dans mon appartement, ma voiture et la bibliothèque anarchiste, où ont entre autres été saisis des supports de données électroniques et des documents.

A présent, j’ai donc atterri dans cette autre dimension, constituée de pièces étroites, de mobilier sommaire, de longs couloirs, de barreaux, encore et toujours des barreaux et des portes en métal, dont l’ouverture et la fermeture dictent le rythme quotidien. Séparé des lieux et des personnes familières juste par quelques centaines de mètres, mais par la violence de toute une société qui préfère un régime de murs et de lois au règne de la liberté et de la conscience. Dehors, nous aimons rêver, expérimenter, nous rebeller, la dignité blessée par les ignominies sur lesquelles repose ce monde, peu à peu nos expériences et nos découvertes se tissent jusqu’à former une vision d’ensemble et nous prenons en compte, en pensée et en acte, les conditions de la domination pour nous en libérer, rejetant sans cesse le catalogue des modèles pré-établis, y compris anarchistes. C’est ainsi que nous développons, comme allant de soi, un projet révolutionnaire, dans lequel la théorie et l’action ne cessent de se lancer des défis et de s’entremêler, nous pouvons nous sentir grandir et nous pensons presque pouvoir embrasser le monde, pourtant crac!, en un instant tout peut se réduire à quelques mètres carrés. Chaque anarchiste le sait et l’a toujours plus ou moins présent dans un coin de la tête. L’existence de cette possibilité, particulièrement emblématique du noyau essentiel de cet ordre social est justement une raison de ne pas faire de notre vie dehors déjà une prison : de conventions et de préjugés, de compromis progressifs et de satisfactions volatiles, qui nous permettent d’arriver au lendemain, de faire contraint et de la peur qui cherche à nous diminuer à nos propres yeux.

Ce projet révolutionnaire que chaque anarchiste développe en soi, continue à se développer même quand on est en prison. Y contribuer et ne pas sacrifier notre initiative propre au diktat de la répression constitue une solidarité révolutionnaire, pas uniquement anti-répressive, et bien entendue humaine, que j’éprouve aussi pour celles et ceux qui croupissent dans les geôles de l’État. Nous pouvons être amenés à accorder trop d’attention à la matraque du flic et à la taule. Mais dans le fond, la répression c’est aussi la propagation de rituels et de contenus symboliques nous enfermant dans un ghetto culturel et nous soustrayant à la réalité de la lutte sociale, l’offre de solutions participatives en échange de petites concessions, le harcèlement de toutes parts par des stimulis et des informations toujours plus dépourvus de signification réelle, la langue qui se vide de sens alors que c’est ce qui nous permet de rendre nos idées compréhensibles à nous-mêmes et aux autres. Tout cela contribue peut-être de manière beaucoup plus déterminante à réprimer tout soulèvement contre les rapports existants. Je pense que ces problèmes devraient au minimum être considérés dans ce même contexte.

En ce qui concerne ma situation personnelle, je vais aussi bien que possible dans ces circonstances. Je suis triste de me voir aussi soudainement arraché aux personnes aimées et aux rêves nourris. Mais je parviens plutôt bien à chercher le large, si ce n’est à l’extérieur, tout du moins en mon for intérieur. J’emploie mon temps à lire et à écrire, à apprendre et à étudier. Il y a quelques personnes avec qui je peux bien discuter. Je me réjouis de recevoir des nouvelles et des analyses sur ce qui se passe dans le monde, des publications anarchistes (à envoyer dans des enveloppes), ainsi bien-sûr que des lettres de compagnons et de connaissances amies.

Je comprends l’Allemand, le Français, l’Italien. L’Anglais et un peu d’Espagnol et de Turc. Comme de bien entendu, le procureur participe aussi à la lecture. Pour finir, j’aimerais remercier chaudement celles et ceux qui me soutiennent avec les moyens possibles.

Je vous souhaite du courage et de la force, là dehors, où ils sont encore plus nécessaires qu’ici, dedans. Du moins, il peut en sortir davantage. Le salut est en vous, comme cela a déjà été dit. Je vous donne l’accolade de tout mon cœur !

Anarchistische Bibliothek Fermento
Zweierstrasse 42
8005 Zürich
bibliothek-fermento [ät] riseup.net


Contribution non tenue à l’occasion de l’événement « Que veulent les anarchistes » le 09.02.2019

Chers compagnons

A l’occasion de la discussion autour de la question  » Que veulent les anarchistes ? », j’ai aussi envie de m’asseoir et de mettre sur papier quelques réflexions qui vous parviendront certainement avec un peu de retard, puisqu’ici tout doit passer par la censure.

Ne pas être en prison. C’est en quelque sorte la première chose qui me vient à l’esprit. Mais cela montre aussi clairement, tout comme les portes blindées devant moi, qu’il ne suffit pas de vouloir quelque chose. Sans les conditions qui permettent de saisir l’objet de la volonté dans la réalité et de le dépasser par l’action, cela reste la simple expression d’un désir, Semblable à celui de celles et ceux qui croient encore au père Noël ou qui, ayant pris de l’âge, croient en une force objective influençant le monde et censée nous libérer un jour. Qu’on l’appelle Dieu, Raison, Dialectique ou Progrès. Rien de tel.

Pour les anarchistes, ces principes abstraits représentent la même tromperie. Et peut-être avons-nous trop peu réfléchi au fait que chez les Grecs anciens, avant de devenir le synonyme de domination, archê désignait le principe premier, à la base de tout. C’est à partir de cet élément religieux originel que s’est développée la justification de l’autorité et finalement du monstre de l’État.

Ainsi, à défaut de Weltgeist [esprit/âme du monde], comme l’appelait Hegel, ou de matérialisme dialectique dans la variante directe de Marx, il nous faut nous libérer nous-mêmes. Et pour cela, il faut manifestement le vouloir. Mais la volonté peut aussi être une prison pour nous. Par exemple, à certains moments dehors, les ignominies qui nous entourent m’ont fait me sentir plus prisonnier qu’ici, dedans. Ici, la volonté se voit nécessairement amenée à réduire son périmètre. Mais dehors, elle se heurte aussi à des murs, moins clairs et pour cette raison même plus perfides. C’est ces derniers que nous devons d’abord identifier et démolir pierre par pierre, pour que les murs concrets des prisons puissent tomber un jour.

C’est pourquoi je ne souhaite pas parler ici de la beauté de l’anarchie, de la pureté des principes anarchistes. Ce sont de nobles choses, à propos desquelles nous pouvons renvoyer à un siècle entier de propagande anarchiste. Je veux diriger mon attention moins sur le problème du « Quoi » que sur celui du « Vouloir“.

Nous ne pouvons vouloir que ce que d’une manière ou d’une autre nous comprenons et que nous pouvons donc nous représenter, même s’il s’agit de la plus étrange de toutes les utopies. Cela signifie que notre vouloir n’est absolument pas aussi libre que ce sur quoi s’est longtemps fondée une tradition volontariste de beaucoup d’anarchistes. Il dépend de notre imaginaire, de notre culture dans le sens large du terme. Ces derniers n’incluent pas seulement la tradition littéraire et la culture générale, mais aussi ce que nous mangeons et comment, la manière dont nous nous habillons, dont nous nous rapportons, dont nous communiquons, dont nous chérissons, bref, tous les aspects de la vie quotidienne. Dans une société qui est sur le point de faire rentrer tous ces aspects dans un cercle fermé, administré par la technologie, le pouvoir se donne la possibilité de séparer toujours plus la culture de la réalité. Cela ne concerne pas seulement la masse majoritaire des exclus, administrés de manière passive, mais ceux-là mêmes qui sont aux postes d’administration. Dans ce sens on peut dire que la technologie annexe progressivement l’État, les anciennes structures de domination politiques et économiques.

Certains ont employé le concept de déréalisation dans une tentative encore incertaine de comprendre cette évolution englobant tout, et qui requiert tous nos efforts. Il ne faut pas comprendre la technologie uniquement comme l’ensemble de ses appareils, mais avant tout comme un voile de formes et de contenus sans substance qui recouvre toujours la réalité, en visant à la remplacer en tant que référence. Une fois ce cercle refermé de manière étanche, les contenus culturels, notre imaginaire, n’ouvriront plus aucuns débouchés d’action libératrice à notre volonté, ceux-ci ayant au moins besoin d’un contact avec la substance réelle du pouvoir dans toute son ampleur et de l’exploitation. La volonté de se libérer se transforme dès lors en de simples ersatz d’actions symboliques, enfermées dans leur propre univers culturel de cadres de pensée séparés. Les slogans et les symboles chargés, les bavardages et les rituels sévissent. Inutile de faire remarquer que les anarchistes sont aussi influencés par cette évolution. Et cela a peut-être à voir avec le fait que nous croyons trop avoir en poche la vérité ou le rosaire des principes, sans avoir besoin de nous atteler à approfondir les problèmes, qui finalement posent constamment problème à l’agir dans la réalité.

Les anarchistes ont une idée de la liberté qui ne se laisse ni diviser en gradations ou en secteurs, ni enfermer dans des mots. Comme ils ne veulent ni une simple adaptation de la domination existante , ni l’avènement d’une nouvelle domination sous d’autres formes, ils doivent partir d’une vision globale. Notre pensée est obligée de saisir le monde dans des concepts et des situations séparés pour aider à orienter la compréhension. Cependant, le monde en tant que totalité, de même que l’idée de liberté, est unique et indivisible et ne trouve de place que dans notre cœur. Sinon, l’affirmation de Bakounine ne serait pas compréhensible, selon laquelle nous ne pouvons être vraiment libres tant qu’un être humain est enchaîné dans le monde. Aujourd’hui plus que jamais, je pense que nous devons apprendre à ne pas faire attention qu’aux mots qui sont souvent trompeurs, mais plus au cœur, à ce qui résonne entre les mots. Si seuls les mots communiquent, la recherche de l’affinité finalement reste vaine. Un jour, quelqu’un a dit que celui qui a une tête d’âne ne peut soudainement découvrir en lui un cœur de lion.

Il me semble qu’aujourd’hui la seule issue pour la rébellion est de viser directement le cercle mentionné précédemment. Et pour cela, il nous faut aussi nous approprier les moyens culturels dont le pouvoir cherche à nous priver sur tous les plans. Un élément est certainement la connaissance sur l’objet de la volonté, celle-ci pouvant néanmoins aussi se transformer en obstacle et perdre le contact avec la réalité lorsqu’elle a une prétention exclusive. Un autre élément, encore plus important, sont certaines qualités, qui peuvent paraître fort peu modernes, mais qui sont la base pour le dépassement de la volonté vers l’action : en premier lieu le courage, la détermination, mais aussi, et absolument pas en opposition, l’amour, dans son fondement universel, l’ouverture aux autres, la sensibilité, la créativité.

Le livre, qui jusqu’alors semblait être au centre de l’évolution culturelle, est sans doute un objet passé de mode, et avec raison dans sa prétention à enserrer le monde dans une couverture. Nous pouvons bien-sûr vouloir l’envoyer au diable. Cependant, c’est un trésor quasiment inépuisable de stimulations devenues rares de nos jours qui pourrait nous échapper, comme occasion de réflexion provisoire d’approfondir et d’enraciner les éléments dont j’ai parlé.

Pour conclure, je pense que les anarchistes veulent la transformation révolutionnaire de l’ordre étatique reposant sur la violence et se fondant tout au long de son histoire sur les guerres, l’exploitation et la misère de masse pour procurer des privilèges à un groupe dominant. Une transformation dans le sens d’une association sans État, décentralisée, auto-organisée, d’individus, de groupes, de communautés, etc. Pas tous, mais la plupart des gens sont d’avis que les conditions de production technologiques actuelles sont incompatibles avec la perspective d’une autonomie en liberté. Les anarchistes veulent s’organiser spécifiquement en minorité révolutionnaire pour se battre à la première personne, ainsi qu’encourager à l’auto-organisation dans les luttes. En effet, seule cette dernière peut être la base d’une transformation révolutionnaire qui n’amène pas un nouveau groupe politique au pouvoir. Pas tous, mais la plupart pensent qu’une telle transformation ne peut être le résultat d’un Grand soir ou d’un simple travail éducationniste, mais qu’elle peut s’accomplir par une longue et parfois douloureuse série de luttes intermédiaires et de tentatives insurrectionnelles des opprimés. C’est pourquoi ils et elles veulent comprendre les évolutions des réalités sociales et des conflits, dans leur sens global, suffisamment pour s’impliquer, non pas comme un élément étranger, mais en y faisant des propositions et en y prenant des initiatives, là où ils voient un potentiel développement dans cette direction.

Bien-sûr, il se peut que je me trompe, mais c’est ce que je crois tirer de l’expérience du mouvement anarchiste, et aussi ce que je pense personnellement. Je pense en outre que des modifications globales du pouvoir sont en cours, qui pourraient signifier notre perte sans que nous le remarquions, si nous ne nous ouvrons pas à un renouvellement. Et le nouveau arrive toujours au travers de l’action.

J’espère que cette soirée a donné lieu à une discussion vivante, dans laquelle personne n’hésite à contredire et à confronter, non pas par volonté d’avoir raison, mais par la volonté de mieux comprendre pour mieux agir. En fin de compte, ayons le toujours à l’esprit, ce n’est rien de moins que notre vie qui est en jeu.

« Il faut encore avoir du chaos en soi, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. »

F. Nietzsche, « Ainsi parla Zarathoustra »

8 février 2019, prison de Zurich

Sans_Attendre a fait la  traductions de l’allemand (Brief1 und Brief2) reçues par mail]


Relire deux affiches en solidarité avec le compagnon:

Des attaques en solidarité avec le compagnon: