Archives de catégorie : General

texte:“Une sacrée jaunisse”~ par Gilles et John

M’enfin, les Gilets Jaunes, z’ètes pas sympas d’avoir obligé notre roitelet à écourter ses vacances au ski. C’est presque aussi méchant que les émeutiers de 68 qui avaient obligé la vieille baderne De Gaulle à revenir de chez son (des)pote Ceaucescu pour essayer de mater la canaille.

Mais c’est sympa de vous être fondus nombreux dans la «marche du siècle» pour sauver le climat. Ça a permis à tous les éditocrates de dire que la manifestation « bon enfant » n’était pas celle de Gilets Jaunes, bien que ceux-ci y aient été très visibles et bien que les slogans dominants y aient fait clairement le lien entre vies sabotées et saccage de la planète.* Les Gilets Jaunes n’étant, évidemment, que ces voyous qui cassent tout, y compris des policiers qui sont pourtant si tendres avec eux. Car même ceux qui ne cassent rien mais laissent faire ces voyous sont leurs «complices». Parole d’expert. «Comprendre, c’est déjà excuser» disait hier un autre expert. Pour n’être pas accusé de complicité avec ce qui ressemble fort à une grosse colère, il faudrait sans doute… ne pas manifester. Ou, mieux, se faire auxiliaire des matraques répressives, comme certains fascistes marseillais.

Ce n’est donc pas sympa d’avoir mis le feu au Fouquet’s. Où les Sarkozy futurs vont-ils pouvoir fêter leur accession au trône ? Manquerait plus que vous vous en preniez aux yachts de luxe ! Ça serait vraiment la cata. Pas sympa non plus d’avoir cassé des boutiques de fringues «haut de gamme». Où nos saigneurs vont-ils pouvoir s’habiller maintenant ? Tout de même pas chez Tati ou Emmaüs! Quant au pillage de la boutique du PSG c’est évidemment une inqualifiable agression contre un fleuron des jeux du cirque patriotique, mais ça aura au moins l’avantage de faciliter le travail des policiers en banlieue: Dès qu’ils verront un môme vêtu d’un T-shirt du PSG ils sauront que c’est un pillard sur lequel ils pourront se permettre de baver en toute justice.

Reste le «drame» évité de l’incendie d’une banque qui aurait pu s’avérer grave pour une femme et son bébé habitant au dessus. Gageons qu’on se désole dans les rédactions que ce « drame » ait été évité. On sent bien la déception des éditocrates. Bien sûr, en bons professionnels, ils savent mettre l’accent sur le «drame», de manière à ce que ce soit ça qui s’imprime dans l’esprit des spectateurs, et non le fait qu’il ait été évité. Que voulez vous? C’est un métier. On sait y faire feu de tout bois quand il s’agit de modeler l’opinion. Mais ç’aurait tout de même été beaucoup plus rentable en émotivité spectaculaire si ces innocents avaient brûlé! Et, pour le coup, les Gilets Jaunes auraient été, enfin, totalement discrédités.

Vous n’êtes donc pas sympas avec nos maîtres. Vous les obligez à prendre des poses martiales ridicules, cracher des proclamations exorcistes**, alors qu’en réalité ils sont morts de trouille. Vous leur avez foutu une sacrée jaunisse, qui ne va pas les lâcher. Car ils savent que si votre révolte s’étend et se renforce ils perdront tout pouvoir de nuire.

Alors, arrêtez de les maltraiter. Mettez fin à leur angoisse. Offrez-leur de longues, très longues, très très longues vacances.

Gilles et John.

18 mars 2019.

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* C’est aussi ce qui a permis d’occulter largement la Marche des solidarités de soutien aux migrants et sans-papiers et contre les violences policières qui était une des composantes de cette manifestation.

** «Force restera à la loi» Par quoi il faut entendre : Notre loi s’imposera par la force.

lignes de force

Publication : La Commune de Paris devant les anarchistes – Les groupes anarchistes bruxellois

Ce document rare est une déclaration sur les exploits et les erreurs de la Commune, que publièrent en 1885 Les Groupes anarchistes bruxellois. Groupes dans lesquels se trouvaient – selon des compagnons qui contribuèrent à ce que ce témoignage échappe à l’oubli -, «parmi les plus intelligents et les plus actifs réfugiés de la Commune».

Depuis des siècles que l’humanité est exploitée, les ambitieux ont toujours réussi à la trahir. Il ne faut pas que cela se renouvelle. Que le passé, encore une fois, nous serve de leçon !
Plus de maîtres ! Que la liberté absolue que nous appelons de tous nos vœux vienne supprimer les inégalités sociales.
Pas de discours inutiles. Plus de parlementarisme. Que la violence seule vienne faire comprendre à nos exploiteurs que nous t’entendons plus nous laisser tondre comme des moutons.

Cliquer ici pour télécharger la brochure

[Publié par Editions Anar’Chroniques]

Parution – Avis de tempête #15

Avis de tempêtes – bulletin anarchiste pour la guerre sociale n°15 (mars 2019) vient de sortir.

Pour lire, imprimer et diffuser ce petit bulletin autour de soi (il est en format A5, et celui-ci fait 20 pages), on pourra retrouver chaque nouveau numéro tous les 15 du mois, ainsi que les précédents, sur le blog :

https://avisdetempetes.noblogs.org

« En y prêtant quelque attention, fracasser le miroir de la normalité et se retrouver de l’autre côté pourrait même se révéler plus surprenant encore. Car en plus du renversement provisoire de l’espace et du temps de la domination, c’est jusque la perspective qui pourrait s’en trouver chamboulée. Une fois rompu le charme de la vitrine, une fois le regard capable de se projeter au-delà de sa façade, pourquoi devrait-il en effet s’arrêter en si bon chemin ? La liberté et la rage ne seraient-elles pas aussi contagieuses que la passivité et la soumission ? L’imagination et la perspicacité ne sont-elles pas des qualités pour celles et ceux qui veulent aller plus loin encore ? Et dans ce cas, pourquoi le regard ne continuerait-il pas à vagabonder à sa guise, non seulement derrière les vitrines mais aussidans toutes les autres directions, y compris en bas ou en haut, là où prolifèrent les flux qui les alimentent. Sous nos pieds ou juste au-dessus de nos têtes. Comme une manière de continuer à saccager le problème, et directement à la source. A 10 000 un samedi sur les Champs-Elysées, à quelques-uns en semaine partout où l’on veut. »

lu et copié cracherdanslasoupe

Valence , Drome: le 19 Mars Journée de grève et de manifestation (mise à jour)

La manifestation  départ à 14h  à côté de la clinique Pasteur à Guilherand -Granges

Il y a urgence à adopter un autre modèle de développement et de répartition des richesses.

Emmanuel Macron agit au service du capital et remet en cause les » normes » sociales et environnementales existantes qui sont pourtant déjà bien insuffisantes.

Ne lâchons rien, il ne faut pas que le président des riches puisse appliquer son programme de démolition des retraites, de la fonction publique, des droits des chômeurs, de la protection sociale    nous exigeons la fin de la politique ultra sécuritaire en refusant la vidéo surveillance, les nouveaux fichiers de manifestants( par la surveillance accru des réseaux sociaux, et des portables)

Bien évidemment une seule journée de grève ne suffira pas à faire aboutir ses revendications. C’est bien par l’instauration d’un véritable rapport de force, passant inévitablement par une grève générale reconductible, qu’on pourra changer la donne !

Peut-être pourrons-nous pousser notre avantage et aller vers une société libertaire, sans patrons ni professionnels de la politique !

tract CNTStp 26 en PDF

 

 

Elisa et Gabriel : Libres et dangereux.ses

Anarhija / vendredi 15 mars 2019

Ardire, Scripta Manent, opération Bujo… ça vous dit quelque chose? Voilà seulement quelques-unes des “opérations” judiciaires-policières que notre « clan » a vécu sur sa peau, à cause du fait qu’on est anarchistes et qu’on le reste, jusqu’au but.

On est un clan nomade, qui va de pays en pays à la recherche de complices qui pratiquent l’anarchisme sans demander approbation ni consensus, qui agissent sans se préoccuper des discours « politiquement corrects » (si à la mode de ces temps) qui hantent nos chapelles. Ce n’est pas non plus l’« esthétique » qui nous intéresse, mais l’« éthique », le concret, le réel…

On cherche un anarchisme qui se salisse les mains, qui nos garde éveillé.e.s et toujours en garde (au contraire de toute autosatisfaction) ; cet anarchisme qui ne plaît pas et qui dérange les serviteurs de l’État, qui n’épargnent pas leurs efforts pour nous emprisonner.

Ce n’est pas facile d’aller d’un lieu à un autre. C’est d’autant plus difficile avec notre fille, cette petite beauté qu’on a appelée Iraultza, et avec une compagnonne canine qu’on renoncera jamais à amener avec nous, puisqu’elle est partie intégrante de notre clan.

A ce qu’il paraît, l’État espagnol n’a pas encore arrêté de vouloir m’emprisonner, à cause d’une peine qui me reste à purger, et qui existe seulement dans son esprit pourri et dans ses papiers de merde.

Dans ces conditions, on a décidé de vivre dans l’ombre, en emmenant notre contribution invisible dans tous ces projets qui ont de l’intérêt pour nous et dont nous nous sentons complices.

Nous exprimons toute notre solidarité subversive avec les compagnon.ne.s sous procès en Italie et dans le monde entier. Nous n’avons aucune déclaration à faire dans les salles de tribunal, parce qu’on s’en fiche de leurs théâtres et de leurs mascarades, de leurs accusations et de leurs acquittements.

La meilleure façon de propager l’Anarchie est celle de la vivre intensément, pas celle de la représenter. Mascarades et comédies ne nous vont pas.

Il n’y aura plus de « communiqué » de la part de notre clan : nous sommes libres et nous sommes dangereux.ses.

Pour l’Anarchie !

Le clan nomade-anarchiste
Elisa-Gabriel-Iraultza et la quadrupède

  Attaque

Lyon, France: un adolescent gilet jaune traduit en « justice »

Document interne des renseignements français : Aide technique à la surveillance et filature – le balisage


un Gilet  Gilet jaune de 16 ans présenté au parquet ce vendredi 28 février 
2019   par Justin Boche 
https://www.lyoncapitale.fr/justice/lyon-un-gilet-jaune-de-16-ans-presente-au-parquet-ce-vendredi/
L'adolescent de 16 ans aurait, visage dissimulé et en possession d’une 
barre de fer, jeté des pierres sur les policiers durant trois 
manifestations de gilets jaunes. Un Lyonnais âgé de 16 ans a été 
interpellé ce mercredi. Lors de trois rassemblements de Gilets jaunes le 
5 et le 19 janvier et le 16 février, il avait participé aux 
manifestations le visage dissimulé et en possession d’une barre de fer. 
Il avait également jeté des pierres sur des policiers. “Il était 
identifié par la cellule "Gilets jaunes" de la Sûreté départementale du 
Rhône grâce à l’exploitation de diverses sources photo et vidéo”, a 
déclaré la Direction départementale de la sécurité publique du Rhône. En 
garde à vue, il a reconnu les faits. Il va être présenté au parquet ce 
vendredi en vue de l’ouverture d’une information judiciaire

https://www.europe1.fr/societe/exclusif-gilets-jaunes-europe-1-en-immersion-dans-la-cellule-anti-casseurs-de-lyon-3872282?

La reporter d'Europe 1 a pu suivre les quatre enquêteurs de la cellule
>> d'enquête spéciale "gilets jaunes" de l'hôtel de police de Lyon. Ils 
>> sont
>> chargés d'exploiter toutes les vidéos des manifestations pour identifier
>> les auteurs de violences et de dégradations au sein du mouvement.

Ces images proviennent des caméras de surveillance de la ville de Lyon ou bien de celles de l’hélicoptère de la gendarmerie qui survolait la dernière manifestation. Il y a des plans larges ou plus serrés sur les mouvements de foule. Les enquêteurs doivent ensuite comparer les vidéos pour voir s’il y a un individu violent et le repérer ailleurs, à visage découvert.

Les réseaux sociaux comme source d’informations. L’équipe compte aussi un spécialiste des réseaux sociaux. Son rôle est de scruter toutes les vidéos publiées sur Internet ou dans les médias. « On a une scène de 40 minutes où de nombreuses personnes dégradent le mobilier urbain, caillassent la police, démontent des chantiers en cours de long de l’autoroute », décrit-il. « Là, le personnage avec la capuche jaune, on le voit jeter un caillou sur les forces de l’ordre qui sont à 15 mètres. Donc en revisionnant ces images au ralenti, ça permet de laisser apparaître son visage à l’écran. Et avec un logiciel de reconnaissance faciale, on met un nom sur cette photo. » Cette cellule est également épaulée par la police scientifique qui peut prélever de l’ADN sur un projectile.

Un travail minutieux mais efficace. Ce travail de fourmi a permis d’interpeller en moyenne une personne par semaine depuis le début de l’année. « On est efficaces principalement parce qu’on a des enquêteurs qui sont exclusivement dédiés à l’élucidation de ces affaires-là », explique le commissaire Jean-Daniel Dorent, adjoint au chef de la sûreté départementale du Rhône. »Et comme on en est à l' »acte 18″ [samedi prochain] du mouvement des « gilets jaunes », on améliore notre connaissance de ce phénomène de délinquance et du mode opératoire des fauteurs de troubles dans les cortèges. »

Aucun profil-type qui se dégage. Mais il reste difficile d’établir un profil-type pour ces « casseurs » qui ne sont pas un groupe homogène. « Il y a une part de mineurs de 15 à 18 ans qui est importante mais aussi des pères et des mères de famille qui sont dans une situation professionnelle stabilisée », détaille Jean-Daniel Dorent. « Il y a des gens affiliés à des mouvances contestataires, d’autres non. Des personnes déjà connues de nos services, d’autres qui n’ont jamais été mises en cause… Il y a un panel très large mais la constante, ce sont les personnes qui participent à des manifestations non-déclarées et qui y vont comme dans une sorte d’exutoire et qui adoptent un comportement constitutif d’infractions pénales inacceptable dans un État de droit »,


					

Espagne : La compagnonne Lisa transférée en Catalogne

Lisa a été transférée en Catalogne.
Mercredi 13 mars, nous avons reçu un appel de la compagnonne le soir même affirmant qu’elle avait été transférée en Catalogne, plus précisément à Brians I.

Son régime de détention reste le même qu’à Soto del Real, second degré, sans écoute des communications téléphoniques, ni restriction de courrier et sans être à l’isolement.

Nous continuons d’encourager à écrire et à continuer de rendre la solidarité latente.

Lisa Dorfer

C.P Brians I

Carretera de Martorell a Capellades, Km 23

08.635, Sant Esteve Sesrovires

España

[Traduit par Sans_Attendre de l’espagnol de Contramadriz, 15.03.2019]

Bibliothéque du laboratoire anarchiste: un nouveaux livre: Les Bandits Rouges

Du 14 décembre 1911 (vol de la voiture utilisée la semaine suivante pour leur braquage) au 15 mai 1912 (mort d’Octave Garnier et de René Valet dans l’assaut de la police à leur abri)… L’aventure d’une poignée d’anarchistes illégalistes français n’aura duré que cinq mois, jalonnée de braquages, de fusillades, de meurtres, de fuites et d’arrestations. Cinq mois, c’est tout. Mais cela a suffi pour qu’ils entrent dans l’histoire, grâce à l’appellation que leur a donnée un journaliste : « la Bande à Bonnot ».

À l’époque, le parti de l’ordre est bouleversé par les premiers braqueurs utilisant une voiture pour accomplir leurs coups, et les considère tout de suite comme des criminels féroces qu’il faut exterminer. Rien de moins. Et les amoureux du désordre ? Les anarchistes… Qu’ont-ils dit sur ces compagnons sauvages ? Inutile de cacher que la majorité d’entre eux est restée ahurie, et les considéra comme des provocateurs à blâmer. Rien de moins.

Si leurs actions embarrassèrent même certains individualistes, ils provoquèrent encore plus d’indignation chez les anarchistes les plus calmes et les plus raisonnables. En France, le journal porte-parole du mouvement anarchiste le plus réactionnaire, Les Temps nouveaux, écrivit à propos des illégalistes : « Depuis des années, sous le couvert de la plus surprenante impunité, les chefs, les pontifes et les orateurs du “milieu” excitent à la haine du travail, au dédain de l’amour, au mépris de l’amitié, à la ruse, au sarcasme. Ils célèbrent les beautés et les joies de la monnaie fausse, du vol sournois, du cambriolage nocturne. […] Ils ne sont plus des anarchistes. Hélas ! Ils ne l’ont jamais été ! […] Leur vie, remplie d’erreurs, de faux pas, de gestes sauvages, puis de hantises, d’indignités, de fuites éperdues, de mensonges balbutiés, de supplices moraux et de gênes physiques, je la plaignais, après l’avoir détestée. [1] »

Dans le journal géré par Jean Grave, André Girard corrigea le tir en affirmant qu’« au moment où ils ont commis cet acte [le braquage], ils ont cessé d’être anarchistes. De tels actes n’ont rien d’anarchiste, ce sont des actes purement et simplement bourgeois. [2] » Selon un autre collaborateur du même journal, ils représentaient « l’idéal des dignes fils de cette bourgeoisie, pour qui le plaisir et l’idéal de la luxure ont été formulés par Guizot : s’enrichir ! » La même ligne a été suivie par les syndicalistes comme Alfred Rosmer (La Vie ouvrière) ou par Gustave Hervé (La Guerre sociale), selon lesquels « leurs actions résultent de la mentalité capitaliste, qui a comme but l’accumulation d’argent et la poursuite d’une vie parasitaire ». Les illégalistes étaient des « pseudo-anarchistes, qui déshonorent le noble idéal anarchiste », et en tant qu’assassins de ces « pauvres types travaillant pour cent cinquante francs par mois […] Ils me dégoûtent. Franchement, je préfère Jouin [3] » écrivait Hervé.

Et en Italie ? Qu’ont-ils dit à l’époque, les anarchistes, à propos de ce qui se passait de l’autre côté des Alpes ? Seuls les mots de condamnation d’Errico Malatesta, formulés dans son article « Les bandits rouges », paru dans Volontà en 1913, sont de temps en temps exhumés. Et cela doit suffire. Ce qui n’a jamais été exhumé, c’est le débat intégral dans lequel son texte était inséré. Oui, car les gardiens de l’historiographie anarchiste se gardent bien de rappeler que cet article ne fut nullement casuel. Ce n’était que la première intervention de Malatesta, inaugurant une discussion dans laquelle il s’opposa à Giovanni Gavilli, l’anarchiste florentin, à l’époque rédacteur du journal individualiste Gli Scamiciati.

Si la curiosité est un vilain défaut, elle aide parfois à écarter certains lieux communs. La nôtre nous a amenés à aller à la recherche de tous les articles de cette polémique désormais séculaire, et leur lecture nous a laissés pantois. Nous avons découvert que ce qui motiva Malatesta, ce ne fut absolument pas une apologie désintéressée des illégalistes français (qui à l’époque n’étaient pas encore appelés « bande à Bonnot », mais juste « bandits rouges »), mais bien plus une défense aux yeux de la bourgeoisie ! Car, d’un autre côté, Gavilli ne cache pas son désaccord avec un choix, à son avis légitime, digne, mais suicidaire. La deuxième intervention de Malatesta est tout simplement embarrassante. Ici, la logique, le bon goût et malheureusement aussi l’éthique du plus célèbre anarchiste italien s’envolent. Face aux insinuations calomniatrices de Malatesta contre Bonnot, Garnier et les autres compagnons français, le passionné Gavilli ne pouvait que s’énerver et réagir sur le même ton.

Nous avons ici reproduit le débat intégral qui opposa le célèbre rédacteur de Volontà au rédacteur oublié de Gli Scamiciati. Après avoir esquissé ce qu’il a défini comme « politique du suicide », dans un texte où il ne mentionne pas les illégalistes français, Gavilli revient encore sur le sujet avec « Cui gladia ferit, gladia perit ». Il s’agit d’un long article qui s’inspire de certains faits divers, comme on peut le comprendre par l’intitulé, et qui ne concernait pas exclusivement la « bande tragique ». Faute de place, nous proposons uniquement la partie qui leur est explicitement dédiée. C’est cet article qui a poussé Malatesta à réagir et à déclencher en premier la discussion, avec la publication dans Volontà de « bandits rouges », où il ne fait pourtant pas référence au journal individualiste de Novi Ligure. Prudence inutile, car ce sera Gavilli lui-même qui abordera la question et rentrera dans le vif du sujet, provoquant ce que, dans son article final (coupé lui aussi, car dans une deuxième partie il parle de tout autre chose), il nommera « La fuite d’Errico Malatesta ».

Contre l’amputation intéressée de l’histoire du mouvement anarchiste, contre la pensée unique ou l’absence de pensée de ceux qui ne veulent pas entendre de discussions… Bonne lecture.

Notes :

[1Les Temps nouveaux, no 52, 18e année, 26 avril 1913.

[2Les Temps nouveaux, no 36, 17e année, 6 janvier 1912.

[3L’inspecteur tombé sous le plomb de Bonnot.

P.S. : Les Bandits Rouges
Giovanni Gavilli et Errico Malatesta, Éditions L’Assoiffé, 44 pages, a lire sur place ..

Caen, France : Rien n’est fini…

Tract diffusé dans les rues de Caen (Calvados) sur la lutte en cours.

RIEN N’EST FINI…

Le mouvement dit des gilets jaunes semble être arrivé à un tournant. La répression et la fatigue ont fait leur œuvre, comme les appels incessants à rentrer dans des logiques institutionnelles (Grand débat, élections, RIC…), ou encore le manque de réaction face à la présence de groupes d’extrême-droite et de leur idéologie dont la seule volonté est de renforcer un ordre qui nous piétine. C’est pourquoi nous devons retrouver la force et la détermination de décembre et début janvier. Rappelons-nous le 5 janvier où nous étions nombreux et nombreuses à exprimer notre colère en restant solidaires et en assumant de prendre l’initiative. C’est d’ailleurs l’un des Actes où il y a eu le moins d’interpellations.

Pour nous, retrouver cette force peut passer aujourd’hui par clarifier nos positions contre le système capitaliste et lutter concrètement contre l’exploitation, les inégalités et la domination en général. Déjà, à plusieurs endroits, des Pôles emplois, ces lieux de répression des chômeurs et chômeuses, sont visés en semaine par des personnes en lutte. Des jonctions se font aussi avec des salarié-es grévistes et des boîtes en lutte. Ailleurs, ce sont des locaux de partis politiquesqui sont attaqués, tandis que globalement des actions de blocage économique continuent, que ce soit par des perturbations ou par des sabotages. A nous de trouver un second souffle localement.

La force du début du mouvement était dans sa détermination etsa capacité à imaginer de nouvelles actions, y compris des actions coups de poing en dehors des actes rituels du samedi. Ne pas être là où les flics nous attendent nous donne un avantage. Les reculs du gouvernement lors de la réforme des retraites de 1995, lors du Contrat Première Embauche en 2006, ou plus récemment à Notre-Dame-des-Landes contre le projet d’aéroport international, ont été arrachés par l’action déterminée, en multipliant les blocages et les occupations, en affrontant les flics quand c’est nécessaire, en perturbant le cours normal des choses jour après jour. Marcher n’est pas suffisant pour établir un quelconque rapport de forces. Et l’agglomération caennaise ne manque pas de cibles: lieux institutionnels (Préfecture, mairies, conseil régional), locaux d’élu-es et de partis, dépôts pétroliers, gare SNCF, centre routier de Cormelles, aéroport, périphérique, péage autoroutier de Dozulé, port de Caen-Ouistreham, pôle emploi, Direction départementale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi à Hérouville, zones industrielles de Blainville, d’Ifs ou de Carpiquet, commerces, banques, centres d’impôts, Data center etc.

Il y a encore beaucoup de pistes à expérimenter: des jonctions avec des habitants et habitantes des quartiers populaires, avec des salarié-es, avec des chômeurs et chômeuses, avec des lycéen-nes et des étudiant-es, toujours en s’auto-organisant à la base à travers des groupes affinitaires et des assemblées de lutte indépendantes des bureaucraties syndicales. Les assemblées sont des lieux de discussion, d’échange, de coordination et de prise de décisions. Elles regroupent des individu-es en lutte, syndiqué-es et non-syndiqué-es, en essayant que tous et toutes soient à égalité. Elles ne doivent se transformer ni en chambre d’enregistrement de décisions prises ailleurs (sur des réseaux sociaux, dans des commissions ou des groupes constitués), ni en agora où tout se discute mais rien ne se concrétise. Tout n’a pas à se décider en assemblée –par exemple un sabotage n’a pas besoin de permission –mais sans elle il est difficile d’être une force collective.

Au-delà, l’auto-organisation n’est pas seulement un moyen de lutter. Elle montre que nous sommes capables de se prendre en mains et de nous défaire de nos dépendances aux élu-es, au patronat et à l’Etat. A travers des assemblées de boîtes, de quartiers, de villages, des mutuelles d’entraide, des cantines populaires, des solidarités de base, des bandes de potes rebelles, des communautés séditieuses, nous pouvons nous auto-organiser de manière autonome et sans hiérarchie. C’est ce qui a commencé à se vivre sur les ronds-points. Nous n’avons pas besoin de chefs, seuls les chefs ont besoin de nous et de notre soumission.

L’arrivée des syndicats dans le mouvement n’est d’ailleurs pas une bonne nouvelle. S’ils peuvent contribuer à étendre le conflit en posant des préavis de grève, ce sont aussi les champions de la transformation de la lutte en mise en scène inoffensive et de la cogestion du système. Cela fait des années qu’ils nous baladent sans jamais vraiment lutter. En décembre, la plupart des directions syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU) s’étaient ralliées au gouvernement en condamnant la violence des gilets jaunes. Aujourd’hui, après 4 mois de gazet de coups de matraques, certaines se découvrent des affinités avec la lutte en cours… Mais les syndicats savent très bien faire semblant de mener des actions directes, mimant des blocages en réalité négociés à l’avance avec la Préfecture et le patronat.Ils nous ont déjà fait le coup à plusieurs reprises, comme lors du mouvement contre la réforme des retraites de 2010, où les blocages étaient rendus effectifs qu’à la condition de déborder ceux prévus et négociés par les syndicats. Prévenu à l’avance, lepatronat s’était évidemment organisé en amont et legros descamions de marchandises était déjà parti. Quelques feux de palettes pour les caméras ne créent pas de rapport de force. Souvenons-nous aussi que la CGT avait en 2016 maintenu un espace entre la tête de manifestation et le reste du cortège à la demande du chef de la sécurité publique Papineau afin de faciliter l’intervention des flics… Un exemple parmi tant d’autres de ce que cogestion syndicale veut dire. C’est pourquoi nous avons tout intérêt à maintenir fermement notre autonomie par rapport aux syndicats. Des anarchistes.

Le tract au format PDF


[Reçu par mail]

c’est san  attendredemain  qui a reçu. Mais on le fait suivre