Archives de catégorie : General

Grenoble, France le 28 Mars « La nature comme marchandise », débat et discussion

jeudi 28 mars 2019 20:00 lieu : Step-Adaep adresse :163, cours Berriat

Débat et discussion à partir de son livre (edition  le monde à l’envers)

Protéger et Détruire

Le mouvement des gilets jaunes a mis en lumière la fiscalité écologique et la façon dont l’état la fait peser sur les individus. Car si le prix de l’essence augmente, conséquence de la hausse de la taxe carbone et du prix du pétrole, les plus gros pollueurs sont eux soumis à un autre mécanisme : le marché carbone. Ce mécanisme, dont on peut faire un bilan au bout de quatorze ans, est non seulement inefficace puisque les émissions de gaz à effet de serre continuent de grimper, mais pire encore il se révèle être une nouvelle opportunité de profit pour les industriels. En donnant un prix, une valeur à la pollution et en branchant la nature et la pollution sur les flux monétaires, on achète, on vend, on spécule et on boursicote sur le désastre en cours. C’est pourtant ce choix du marché de droit à polluer qui prédominent dans les grandes instances internationales et pour la mise en place de l’Accord de Paris. Fruit d’un intense lobbying, l’air et la biodiversité deviennent des marchandises. Et dans un même mouvement l’économie achève de détruire en protégeant.

Entrée libre
Apporter de quoi boire et manger….

lu sur indymedia grenoble

Valence , Drôme: Le SPiP fournit une main d’œuvre gratuite pour l’ Agloo afin de faire une zone de « compensation »

Depuis lundi 18 mars,25 personnes sont à pied d’oeuvre pour nettoyer le lac des Couleures, lieu de 15 hectares bientôt classé Espace Naturel Sensible Le projet, porté par Valence Romans Agglo, mobilise sept acteurs publics et privés, comme l’association des canaux de Valence ou le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) de Valence.
« Cette opération de nettoyage a justement été pensée pour le SPIP qui était à la recherche de projets pour les peines de travaux d’intérêt général »(hum), indique l’Agglo. Ce sont donc 14 jeunes du SPIP, accompagnés de 12 autres du comité de quartier de Valence, qui longent les berges du lac des Couleures* pour ramasser et trier cartons, pneus et autres électroménagers entassés près de l’eau. Le projet devrait prendre fin le 29 mars.

reformulé d’après la presse

note du laboratoire: Ce lac est en fait une retenu d’eau artificielle..L’agloo valorise une zone humide  est-ce en vue d’une compensation? « Une  définition plus restrictive des zones humides aurait pour conséquence de limiter le nombre des terrains à compenser, mais également le nombre de terrains pouvant être utilisés pour compenser tout dépendra du travail des cabinets d’études qui définissent les terrains: n’ayons pas de doute sur le fait qu’ils trouveront les deux critères avec facilité, mais seulement là où cela arrange les aménageurs…la législation oblige les maîtres d’ouvrage à limiter au maximum leurs impacts, et en dernier recours, à compenser la biodiversité qu’ils détruisent. A côté de la compensation réalisée au cas par cas après une construction, le projet de loi sur la biodiversité, qui a êté adopté en 2016, institue une « compensation par l’offre » : un opérateur réhabilite en amont un écosystème, puis vend au maître d’ouvrage des parcelles de ce site, dont la restauration et la gestion écologique garantiraient un gain de biodiversité équivalent à ce qui a été détruit. Prometteur pour certains, « permis de détruire » ou « marchandisation de la nature »

 

Carnaval pour l’Andra 12 mars 2019

Ci-dessous, un texte qui nous a été envoyé par des soutiens à la lutte antinuke de Bure :

Le mardi 12 mars, l’ANDRA avait le culot de venir donner des leçons de démocratie à Grenoble. Co-organisatrice des « Rencontres Nationales de la Participation », l’ANDRA y animait un atelier intitulé : « COMMENT CRÉER DU COLLECTIF POUR CONSTRUIRE UN PROJET DANS UN TERRITOIRE RURAL ? ». Une vaste blague, à laquelle on rit jaune.

L’introduction du débat faite par la « responsable de la concertation » de l’ANDRA était si honteux, que des opposant.es présent.es dans la salle – certes venu.es pour perturber l’évènement – n’ont pu se retenire très longtemps et ont crié au scandale.

Comment l’ANDRA peut-elle oser venir parler de « créer du collectif », de « concertation », de « fédérer les acteurs » ?! C’est à vomir. Pour rappel l’ANDRA c’est 25 ans de pratiques mafieuses en Meuse et en Haute Marne, de débats publics « cause toujours » (2005-2013), d’achat des consciences à coup de centaines de millions d’€ et d’opposant.es muselé.es. A l’heure où la répression policière et judiciaire est à son comble à Bure, l’ANDRA a bien du culot de venir donner des leçons de démocratie.

Mais si elle peut se le permettre, c’est bien que certain.es continuent de lui dérouler le tapis rouge. C’est le cas de ces « Rencontres Nationales de la Participation » et du président du think tank organisateur Bertrand Pancher, qui n’est rien d’autre que député de la Meuse!

Ainsi, d’autres individus avaient décidés de viser plus large en s’invitant au cocktail « réseautage » de l’évènement, qui avait lieu le soir, en partenariat avec la ville de Grenoble.

Une dizaine d’activistes ont réussi à s’introduire dans le Musée de Grenoble et ont pu joyeusement perturber ce cocktail en dénonçant une fois de plus l’hypocrisie des différents acteurs présents.

Impossible de savoir dans cette foule si des représentant.es de l’ANDRA étaient elleux même présent.es, mais là n’était pas la question. Le message était clair : laisser l’ANDRA co-organiser, sans doute financer et parler de concertation lors d’un tel évenement est honteux. Les autres co-organisateurs et participant.es doivent prendre leurs responsabilités et savoir que tout évènement de ce type où l’ANDRA tentera de se racheter une conscience seront systématiquement dénoncés et perturbés.

ANDRA dégage, résistance et sabotage !

13/03/2019

L’Andra et l’Ineris signent un accord pour 5 ans

 

Extrait de https://www.andra.fr/landra-et-lineris-signent-un-accord-de-partenariat-rd :

Le 26 novembre 2018, l’Andra et l’Ineris ont signé un nouvel accord de partenariat pour 5 ans prolongeant une collaboration scientifique engagée depuis 2001.

Cet accord intervient à une période importante pour l’Andra dans la perspective, notamment, du dépôt prochain de la demande d’autorisation de création de Cigéo, le projet de stockage géologique de déchets radioactifs. Il permettra de renforcer les connaissances sur les phénomènes à l’œuvre dans le stockage, la surveillance des installations et de l’environnement et la prévention des risques (tels que le risque incendie par exemple). Pour l’Ineris, il a vocation à permettre un approfondissement des connaissances sur le comportement à long terme des ouvrages souterrains et de poursuivre le développement de compétences pluridisciplinaires sur la prévention des risques industriels.

L’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques) est un établissement public contrôlé par le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire.

L’Ineris a son siège à Verneuil-en-Halatte (Oise) mais possède aussi des bureaux à Paris et des équipes à Nancy, Lyon et Aix-en-Provence.

Siège à Verneuil-en-Halatte

Parc Technologique ALATA
BP 2
60550 Verneuil-en-Halatte
Tél. : 03 44 55 66 77
Fax : 03 44 55 66 99

Bureaux à Paris

58 Ter rue d’Hauteville
75010 Paris (7 minutes à pied des Gares du Nord et de l’Est)
> métro Château d’eau (ligne 4) Bonne nouvelle (ligne 8,9) et Poissonnière (ligne 7).
Tél. : 03 44 55 66 77

Équipe à Nancy

Ecole des Mines de Nancy
Campus ARTEM
92 rue du Sergent Blandan
BP 14234
F-54042 NANCY Cedex
Tél : 03 54 40 66 11
Contact : emmanuelle.klein@ineris.fr

Équipe à Lyon

78 rue du 11 novembre 1918
69 100 Villeurbanne
Tél. : 04 78 90 09 86
Contact : sophie.kowal@ineris.fr

Équipe à Aix-en-Provence

Domaine du Petit Arbois
avenue Louis Philibert – Ardevie
CS – 10440 -13592 Aix-en-Provence Cedex 03
Tél : 04 42 97 14 85
Contact : fabrice.quiot@ineris.fr

lesmonstresdecigeo

Grèce : Un entretien avec Nikos Romanos, anarchiste emprisonné

Ils sont anarchistes, donc ils sont des terroristes

La plupart des lois antiterroristes grecques ont été promulguées en 2001, après les attentats du 11 septembre aux États-Unis, par le gouvernement du PASOK (le parti socialiste grec). Leur cible principale étaient le “organisations criminelles”. En 2004, le gouvernement de Nea Démocratie (droite) a introduit l’accusation d’”organisation terroriste” et l’article 187A. Celui-ci définit quels sont la nature et les buts d’une organisation “criminelle” et d’une organisation “terroriste”, ainsi que la définition de “terroriste individuel”. Aucun acte concrète n’est nécessaire pour l’application de ces définitions, qui se basent sur les intentions et laissent une large marge de manœuvre aux juges.
Nikos Romanos a été condamné en 2014, avec d’autres compagnons, à 14 ans et 10 mois à la suite d’un double braquage dans la ville de Velvento, région de Kozani. L’accusation de faire partie de la Conspiration des Cellules de Feu n’a pas tenu, alors l’État grec les a, par la suite, condamnés pour “terrorisme individuel” (ce qui porte à des rallongements des peines écopées pour le braquage). Entre-temps, d’autres compas aussi commencent à être jugées avec cette interprétation extensive de l’article 187A. Ici un autre texte de Nikos à ce propos.

Cet entretien est tiré du journal grec Apatris et traduit en anglais par Crimethink.

Crimethink / mardi 19 mars 2019

Apatris : De quelle façon la nouvelle interprétation de la loi anti-terroriste touche ton cas ?
Nikos Romanos : Cette condamnation a un effet important pour nous, puisque cela signifie que certains d’entre nous passeront deux ou trois ans en plus en prison. Étant donné qu’on est en taule depuis plus de cinq ans, cette condamnation doit être vue comme une tentative de créer un statut de captivité permanente, basé sur loi “antiterrorisme” (art. 187A). Dans sons application, cette loi a pour but de produire le spectre de l’”ennemi intérieur”.

Des sentences déshumanisantes, une nouvelle interprétation répressive et l’application arbitraire de l’article 187A, la criminalisation de l’identité (politique) anarchiste, toutes ensemble ces mesures constituent un réseau de répression pénale qui enveloppe méthodiquement le mouvement anarchiste et ses militant.e.s emprisonné.e.s.

Cette condamnation précise ne doit pas être interprétée comme une attaque contre certains individus. Nous devons reconnaître qu’elle se situe dans la continuité de la politique antiterroriste grecque, qui a pour but de serrer un nœud coulant autour du cou de l’ensemble du mouvement anarchiste.

L’État profite du morcellement et de la manque d’analyse radicale qui caractérise le mouvement, comme la société dans son ensemble, pour intensifier ses attaques.

A. : Votre condamnation pour terrorisme individuel est la première de ce type en Grèce. L’article 187A de la loi anti-terrorisme laisse délibérément beaucoup de marge à l’interprétation de chaque juge, ce qui élargi l’arsenal que l’État a à sa disposition pour réprimer. Comment devrions-nous répondre à une loi de ce type et aux autres condamnations comme la votre, qu’on peut deviner qui suivront ?
N.R. : Ce qui donne des moyens accrus à l’État est la nature politique de la loi 187A, qui légitime toute interprétation possible de cet article. Nous avons affaire à une loi qui réalise en pratique le dogme de la « guerre au terreur » américaine. Cette loi prépare le chemin pour une chasse aux sorcières impitoyable contre les « ennemis intérieurs » et tou.te.s ceux/celles qui sont vu.e.s comme une menace pour l’État et les intérêts capitalistes.

En ce qui concerne notre réponse à ce processus, à mon avis nous devons avant tout comprendre que nous avons besoin d’un mouvement subversif organisé. Un mouvement qui soit capable de déstabiliser et de saper l’État et les plans des patrons capitalistes et de leurs pantins politiques, dans nos régions.

Pour être plus précis, nous devons commencer un processus d’auto-critique afin d’analyser nos erreurs, nos carences, nos faiblesses organisationnelles. Cette auto-critique ne doit ni nous caresser dans le sens du poil, ni laisser de la place au pessimisme et au désespoir. Notre but devrait être celui d’aiguiser la lutte subversive dans toutes les formes qu’elle peut prendre, afin de la transformer en un danger réel pour tout dirigeant. Une partie de ce processus est la reconstruction de notre mémoire historique, de façon qu’elle serve de boussole pour les stratégies de combat que nous employons. Nous devrions recommencer à parler de l’organisation de différentes formes de violence révolutionnaire, des pratiques d’illégalisme révolutionnaire et de la nécessité de les diffuser au sein du mouvement, de façon à triompher des « politiciens » (dans le sens sale et civil du terme) qui ont infecté nos milieux.

Cette discussion sera vide et sans effets si elle n’est pas connectée aux initiatives politiques des compas, afin de combler les lacunes dans notre pratique et d’améliorer nos perspectives à partir de ses conclusions. La meilleure réponse aux attaques judiciaires contre le mouvement est de faire en sorte que ceux qui les décrètent payent un coût politique élevé. Cela devrait arriver à l’entière pyramide de l’autorité – tout le monde, depuis les instigateurs politiques de la répression, jusqu’aux hommes de paille qui la mettent en œuvre, devrait partager la responsabilité pour la répression du mouvement.

Cette réponse est une partie du contexte historique général de notre époque, c’est notre proposition politique. Comme réponse aux guerres entre les nations, nous ne proposons rien de moins qu’une guerre de libération dans les métropoles capitalistes, une guerre de chacun.e contre tout ce qui est favorisé par le capitalisme.

A. : De quelle manière cette nouvelle interprétation de la loi touche les compas en dehors des murs des prisons, qui réfléchissent à s’engager dans l’action ?
N.R. : Cette décision crée un précédent vraiment négatif, qui augmentera l’ampleur de la répression pénale à l’encontre des anarchistes qui agissent et ont la malchance d’être capturé.e.s et et de devenir prisonnier.e.s de l’État grec. En substance, avec cette interprétation de la loi, ce qui est criminalisé est l’identité politique anarchiste. Dans la bouche du Procureur en Appel, ça donne : « Qu’est ce que ces actes pourraient-ils être d’autres que terroristes, puisque les accusés sont anarchistes ? ». Avec la nouvelle interprétation de « terrorisme individuel », ce n’est pas nécessaire, pour le mécanisme judiciaire, de tenter d’associer l’accusé avec l’action d’une organisation révolutionnaire, comme c’était le cas par le passé. L’identité politique de quelqu’un.e et le fait de garder une position intransigeante à son procès sont assez pour qu’une personne soit condamnée comme « terroriste individuel ». Quiconque choisisse de combattre selon les principes de l’anarchie peut donc être condamné.e en tant que terroriste, dés que ses choix la/le mettent au delà du cadre établi par la légitimité civile.

Bien entendu, cela ne doit pas diffuser le défaitisme. Au contraire, c’est une raison de plus pour intensifier notre lutte contre la domination capitaliste. Quiconque arme sa conscience pour arrêter le cycle brutal d’oppression et d’exploitation sera certainement la cible de traitements vindicatifs et autoritaires de la part du régime. Cela ne signifie pas que nous abandonnerons notre combat, dans un tribunal ou ailleurs.

Le fait que l’anarchie est ciblée par l’oppression étatique même dans un époque de reflux du mouvement devrait être source de fierté pour le mouvement anarchiste, la preuve que la lutte pour l’anarchie et la liberté est la seule façon décente de résister au totalitarisme de nos temps.

A. : Suite aux directives de l’Union européenne et à la chasse aux sorcières globale contre le « terrorisme », après le 11 septembre, la loi antiterroriste est devenue un camp de bataille important contre les ennemis, intérieurs ou extérieurs, de l’État grec. Dans cette situation, quand l’État tente d’élargir l’application de la loi par le biais de nouveaux procès, quel type d’action devrait mener le mouvement, pour réponde à cette interprétation de la loi ?
N.R. : A mon avis, il y a le besoin impératif de créer de initiatives politiques contre la loi « antiterrorisme », qui constitue le champ de bataille du code pénal à notre encontre. Nous devons faire passer le mot que cela peut toucher d’autres personnes engagées dans des luttes, si leur actions sont un obstacle aux intérêts capitalistes. Elles aussi seront accusées avec la loi antiterrorisme (art. 187A).

Par exemple, les habitant.e.s de Skouries (en Chalcidique) ont été accusé.e.s de terrorisme parce qu’ils ont agi contre le développement capitaliste et le pillage de la nature. Cela demande une analyse politique prudente. C’est dangereux d’appliquer la loi « antiterroriste » à deux catégories différentes de personnes. D’un côté, les autorités publiques l’utilisent contre celles et ceux dont les actions pourraient être décrites comme une stratégie de guerrille urbaine ; de l’autre côté, elles l’utilisent contre des gens venant de secteurs de la société complètement différents.

Appeler à un front de lutte contre la loi « antiterroriste » ne signifie pas maintenir des illusions à propos de son abolition. La Grèce fait partie de l’Union Européenne, elle a un rôle spécifique dans le capitalisme dans cette région et elle est prête à appliquer inconditionnellement les directives de l’UE sur la sécurité et l’immigration. Peu importe quel parti est au pouvoir, la Grèce n’abolira pas la loi « antiterrorisme » Celle-ci est inséparable des autres intérêts de l’État grec. Dés lors, la lutte contre l’article 187A doit révéler justement cette connexion. Nous devons attaquer et la déclinaison locale de la rhétorique américaine de la « guerre à la terreur », et les récits fallacieux de la gauche social-démocratique, comme SYRIZA. Dans la réalité tous leurs discours sur les droit de l’homme s’arrêtent comme par magie lorsque les intérêts de l’État et des capitalistes sont en jeu.

Une lutte commune contre l’article 187A doit mettre en évidence les contradictions internes du système, montrer le rôle des lois « antiterrorisme » dans le fonctionnement des États de l’Union Européenne et envoyer un puissant message de solidarité à toutes les personnes qui sont emprisonnées à travers le monde à cause de lois comme celle-ci. Cela créera des problèmes politiques pour l’invasive croisade « antiterrorisme » de notre époque. Elle causera des dégâts politiques permanents à l’existence criminelle de l’article 187A, de l’État et du capitalisme, qui, tous, empoisonnent et détruisent nos vies.

La mise en place de cette offensive peut offrir une base aux compas pour communiquer, agir et entreprendre une contre-attaque générale contre le complexe capitaliste et tous ses tentacules mortifères. Voilà pourquoi je considère une telle initiative comme cruciale pour l’évolution des luttes subversives de notre époque.

lu sur Attaque

Invisible mais vrai

Il n’aura pas échappé à certains que les Champs-Elysées en flammes de samedi dernier peuvent être considérés comme une magnifique commémoration de la Commune de Paris. Qui sait combien y ont pensé. «  Paris respirait !… Partout s’agitait une vie intense… Adieu au vieux monde et à la diplomatie » écrivait Louise Michel à propos des événements qui ont débuté le 18 mars 1871 à Paris. « La Commune a été la plus grande fête du XIXe siècle » – commentèrent un siècle plus tard les situationnistes. « Ça a été fantastique, d’une joie impressionnante » – nous a écrit un anonyme compagnon à propos du 16 mars 2019 à Paris. L’ivresse de la révolte, dans l’assaut contre le pouvoir et ses petites mortifications quotidiennes, est un plaisir qui n’a pas besoin de chefs… Ah oui, au fait, et les chefs ?

Quelle tristesse, même les leaders révolutionnaires ne sont plus ceux d’autrefois. Si le 18 mars 1871 l’aspirant général de l’insurrection Blanqui ne put participer au soulèvement, c’est parce qu’il se trouvait en prison. Craignant son influence sur un climat social désormais incandescent, le chef du gouvernement Thiers avait pris des mesures et l’avait fait arrêter la veille. Eh bien, il semble que le 16 mars 2019, même l’autoproclamé héritier de Blanqui n’a pu (tenter de) chevaucher la révolte dans les rues de Paris. Mais pour une raison bien plus vulgaire : il était (et est toujours) en tournée à travers l’Italie pour vendre sa marchandise imprimée.

Le 15 mars, il était en effet à la Book Pride de Milan, un festival servile de l’édition indépendante organisé sous le patronage de l’administration locale (« Nous pouvons maintenant faire de notre mieux sans être contre quiconque », a déclaré sa nouvelle directrice générale). C’est là qu’il a présenté le recueil de textes du Comité Invisible, à peine sorti chez Nero Editions, « maison d’édition présente dans le monde de l’art international depuis 2004 », et dont le catalogue est un véritable waouh ! (du xénoféminisme à la camelote high-tech yankee, en passant par Bifo*). Ce recueil est un beau volume de 354 pages qui contient L’insurrection qui vient, A nos amis et Maintenant, avec une quatrième de couverture des plus sobres (trois citations promotionnelles de Nina Power, The News Statesman et Fox News… pas de la gnognotte). Ce premier rendez-vous milanais a été la première étape d’un véritable Magical Commodity Tour qui l’a aussi mené à Bologne (le 16, à la librairie Modo Infoshop), à Rome (le 18, à la librairie-café Tomo), à Naples (le 20, à l’Ex-Asilo Filangieri), et le mènera à Turin (le 23, à Radio Blackout) puis encore à Milan (le 24, à la librairie Calusca).

D’après ce que nous avons compris, jusqu’à présent à chaque date le petit-fils en herbe de Blanqui a disserté sur les troubles sociaux et les conspirations criminelles en compagnie de ceux qui en connaissent un rayon : des professeurs d’université et des journalistes. A la Book Pride de Milan, il était avec le fidèle Marcello Tarì (auquel Toni Negri et le sénateur du Parti Démocrate Tronti ont déjà eu l’occasion d’expliquer ce qu’est le communisme), à ​​Bologne il était avec Andrea Cavalletti (professeur ambulant, collaborateur au journal de gôche Il Manifesto), à Rome il était avec Luca Pisapia (footballologue militant qui, depuis toujours fan de révolte, collabore au journal de gôche Il Fatto Quotidiano)… et à Naples avec qui ? avec le procureur-maire qui a béni l’espace artistique qui héberge sa présentation ? À Turin, il risque cependant de devoir se contenter des petits-chef No Tav balances et de leurs porte-serviettes, tandis qu’à Milan pour la fin, ça va, il jouera à la maison dans l’auge où tout-mais-vraiment-tout-tout-tout-sert-à-faire-la-soupe…

Mais ce n’est pas vraiment un hasard, en réalité. Professeurs, journalistes, artistes et récupérateurs de tous poils sont en effet les seuls qui peuvent prendre au sérieux le Comité Invisible. Littéralement. Pour s’en rendre compte, il suffit de lire l’hilarante introduction de cette anthologie, écrite dans le parfait style de la double-pensée blanquiste, généreusement reproduite par le célèbre quotidien subversif Il Fatto Quotidiano. Les auteurs mettent comme signature « des contrebandiers franco-italiens », mais s’y plaignent en braves douaniers que les livres du Comité Invisible n’aient connu jusqu’à présent en Italie que des éditions pirates (est-ce à dire… qu’ils ont coffré ceux qui les ont publiés sans avoir acheté et payé les droits d’auteur réguliers ?). D’abord ils observent que « la lumière de la publicité obscurcit tout », puis ils allument à fond tous les néons à leur disposition pour bien mettre en valeur leur produit dans un crescendo de superlatifs commerciaux. Parmi les « vérités » du Comité Invisible ils rappellent le « dégoût de la politique » et « l’anonymat », mais… oups… ils oublient de préciser que ses membres présumés ne les ont jamais pratiquées. Qui a pleurniché sa propre innocence face aux juges jusqu’à leur suggérer quelle piste (allemande) il valait mieux suivre ? Qui est devenu conseiller municipal ? Qui fait la promotion de ses produits éditoriaux, lorsque tout va bien, dans les espaces de la gôche ? Qui participe à des programmes télévisés ? Qui lâche des interviews et des articles aux journaux du régime ? Qui a enterré la ZAD en défendant sa régularisation à travers des négociations avec les institutions ? Et ils ont même l’hypocrisie de soutenir avec morgue que « ce n’est pas avec ceux qui ont niqué le monde que nous le réparerons » !

Allez, mais à qui voulez-vous faire avaler de telles conneries ? A quelques professeurs, quelques journalistes, quelques artistes et quelques récupérateurs, justement. Les gens qui proclament combattre le capitalisme en votant pour le parti Potere al Popolo (Pouvoir au Peuple) ou arrêter le réchauffement climatique en marchant derrière une ado de 16 ans, sont les seuls qui peuvent lire les livres du Comité Invisible en croyant faire l’insurrection. Alors, s’il est vrai que les révoltes modernes sont le fait de « gens qui lisent peu de livres », s’il est vrai que leurs motivations principales sont éthiques et pas politiques, il va de soi que les essais politiques du Comité Invisible ne sont évidemment pas destinés à ceux qui s’insurgent. Ça doit être pour ça que les « contrebandiers » préfaciers du Comité Invisible n’aiment pas les éditions pirates qui circulent parmi les gueux subversifs, préférant de loin vendre des éditions officieuses à un public de bobos radical-chic en manque d’émotions esthétiques-choc… les seuls qui peuvent avaler que « de livre en livre, le Comité Invisible est devenu comme un spectre qui obsède les dirigeants français ». Ainsi donc, après avoir constaté que ceux qui se rebellent ne lisent pas beaucoup, on en conclut que les dirigeants français ne craignent pas les rebellions qui incendient les rues, mais plutôt les livres qui spéculent dessus ?!

Cela ressemble à une blague, n’est-ce pas ? La représentation spectaculaire qui vient faire sa vantarde sur le dos de la vie. Paris brûle et la caricature post-tout de Blanqui est ici en Italie pour faire le paon avec son tam-tam publicitaire pour un livre. Plus qu’une bataille digne de l’Enfermé, c’est un battage digne d’un épicier. Il faut vraiment s’appeler Julien Coupat et ne s’être jamais émancipé d’un fade blanquisme de fond pour croire que l’insurrection ait besoin d’intellectuels narcissiques pour lui servir de porte-paroles et de conseillers-placiers.

sans attendre demain a traduit de l’italien de finimondo reçue par mail, 22 mars 2019]


NdT:
* Franco Berardi « Bifo» est un ex-leader de l’autonomie organisée de Potere Operaio (Pouvoir ouvrier, tout est dit) dans les années 70, qui collabore et publie notamment chez l’éditeur négriste Derive Approdi.

Besançon, France : Beau comme un rêve d’urbanistes qui part en fumée !

sans attendre demain

Tract diffusé aux habitants du quartier des Vaîtes (mars 2019)

Beau comme un rêve d’urbanistes qui part en fumée !

Dans la nuit de dimanche à lundi 25 février 2019, la Maison du projet de l’écoquartier des Vaîtes est partie en fumée. Installée aux abords des voies du tramway chemin du Vernois et inaugurée en avril 2018, cette salle d’exposition d’un coût initial de 90.000 euros était destinée non seulement à promouvoir ce projet urbaniste de grande envergure, mais servait aussi à la société immobilière Icade à commercialiser les milliers d’appartements qui sortiront de terre, tous destinés aux spéculateurs du logement. C’était aussi le lieu de travail des promoteurs, constructeurs, architectes et urbanistes¹ en charge de ce méga-projet écocide, porté par le maire J-L. Fousseret depuis des années.

Nous sommes de celles et ceux, nombreuses et nombreux, à avoir accueilli avec joie la nouvelle de ces flammes dévastatrices. Quoi de plus réjouissant en effet que de voir une partie de cet écoquartier en cendres !

Cet incendie ravageur a montré une fois de plus l’efficacité du sabotage et de l’action directe : d’abord, il a permis de redonner de l’écho à la lutte contre ce projet qui était en sommeil depuis quelques temps. Et quoi qu’en dise l’association citoyenne « Le Jardin des Vaîtes » qui s’est précipitée devant micros et caméras pour s’en distancier et le condamner, il semble difficile de considérer l’avis défavorable au projet prononcé par le conseil de protection de la nature (issu du DREAL) et la décision du préfet de mettre le chantier à l’arrêt pendant quelques semaines comme de pures coïncidences. D’autant que ces deux décisions interviennent quelques heures après ce feu nocturne.

Après les expropriations de terres et le saccage de plusieurs hectares de zones humides et de jardins ouvriers, le rouleau-compresseur urbaniste a marqué une courte pause grâce à cet incendie. Mais lundi 18 mars, le préfet a sifflé la reprise du chantier, et notamment des opérations d’abattage des arbres sur la zone. Il semblerait par ailleurs que l’entreprise en charge de l’abattage des arbres ait fait le choix – peu étonnant – de rentrer, après chaque intervention, ces machines pour la nuit.

Face à ce système qui bétonne à tout va, qui tend à nous maintenir toujours plus en cage, à détruire la planète et ses êtres vivants pour toujours plus de profit et de contrôle, nous n’avons d’autre choix que celui de lutter.

Loin des projecteurs et des vautours médiatiques, luttons directement contre le désastre en cours : C’est en s’opposant physiquement aux machines, en les bloquant ou en les détruisant que nous pourrons espérer venir à bout de leurs velléités autoritaires.

C’est aussi l’occasion de relancer une lutte directe et auto-organisée contre l’écoquartier des Vaîtes. Diverses formes d’actions s’offrent à nous : par exemple en occupant la zone pour y vivre – comme en 2016 pendant le mouvement d’opposition à la loi travail, avec ses jardins potagers autogérés et ses discussions horizontales – ou alors en harcelant les responsables du projet¹ ou bien en s’associant et en formant des petits groupes autonomes et/ou coordonnés pour mener à bien toutes sortes d’action directe (du tag à l’incendie) sur la zone en chantier, de jour comme de nuit.

Il est donc hors de question pour notre part de composer avec des politiciens qui siègent dans les conseils, se dissocient de la révolte, n’agissent jamais par eux-mêmes mais toujours dans le respect des institutions et de l’ordre en place. Leur interlocuteur, c’est l’État, ce monstre froid qui exercera sa violence face à quiconque n’empruntera pas le chemin du spectacle, de la représentation ou de la légalité contre un de ses plans urbanistes dévastateurs et mortifères.

Quelques ennemi.e.s de l’urbanisme « greenwashing », aux Vaîtes comme ailleurs


Note :
¹Tels que La Ville de Besançon ; Territoire 25 (6, rue Louis Garnier à Besançon) ; Territoires Paysagistes (22, rue Mégevand à Besançon) ; Conseil Régional Bourgogne-Franche-Comté (4, Square Castan à Besançon) ; l’ADEME ;

Voir/Télécharger le tract au format PDF en cliquant sur l’image.

A suivre ( mise à jour) ….

La question fondamentale de la civilisation présente des unités indissociables entre guerre, technologie et exploitation

« Que crève leur justice, leurs prisons et le monde qu’elles protègent !
Force et courage à touTEs les révoltéEs, dedans comme dehors, battons nous contre le monde qu’ils essayent de nous imposer. »

« Gilets jaunes », France : Des lettres et des chiffres – Mars 2019

Des lettres…

Depuis le début du mouvement de révolte dit des « gilets jaunes » il y a quatre mois, les sabotages variés tout au long de la semaine en dehors ou à partir des ronds-points occupés n’ont pas manqué. Collectives comme individuelles, elles ont aussi bien touché péages et distributeurs de billets, centres des impôts et trafic ferroviaire ou autoroutier, supermarchés et antennes de téléphonie, permanences de partis et domiciles d’élus ou mairies, pour n’en citer que quelques-unes. Si quelques sites ou publications anarchistes en ont rendu compte, c’est malheureusement lors de l’arrestation de personnes qu’on peut parfois trouver des traces de ces activités nocturnes, puisque les journaflics préfèrent de loin en faire part à cette occasion que tout court. Il y a un mois l’Etat se vantait par exemple de l’arrestation de petits groupes de gilets jaunes auto-organisés pour flamber centre des impôt à Nîmes ou péages à Narbonne, mais d’autres nouveaux exemples sont sortis ces derniers jours.

A Segré dans le Haut-Anjou, deux supermarchés ont été sabotés la nuit du vendredi 8 au samedi 9 février 2019. Tandis que le Super U recevait de la mousse expansive pour bloquer ses portes coulissantes et que plusieurs pompes de sa station-service étaient mise hors-service de la même façon, une cinquantaine de chariots de l’enseigne Lidl recevaient du silicone dans la fente du consigneur en place sur chaque caddie (9000 euros de dégâts). Accusés en outre pour deux d’entre eux de dégradations du centre de tri postal de Combrée et d’avoir muré l’entrée de la sous-préfecture de Segré dans la nuit du 7 au 8 décembre 2018, cinq personnes ont été interpellées le 21 mars et passeront au tribunal d’Angers en septembre.

A Maubeuge dans le Nord, la nuit du 31 décembre le distributeur de Crédit Mutuel est brisé à coups de masse. Durant cette même nuit, à Aulnoyes-Aymeries, les distributeurs de trois banques (Crédit du Nord, Crédit Mutuel et Société Générale) sont aussi fracassés. Le 11 janvier, c’est au tour de celui de La Poste et d’une station-service Carrefour Market de Ferrière-la-Grande. Le 7 février, le distributeur du Crédit agricole et les stations essence d’Auchan et Intermarché à Aulnoye-Aymeries sont aussi attaquées, les conduisant à fermer leurs portes durant plusieurs jours (200 000 euros de dégâts). Le 18 mars, six personnes ont été interpellées avec l’aide des renseignements territoriaux qui ont orienté l’enquête sur des « Gilets jaunes issus de la mouvance anarchiste » suite aux tags ACAB retrouvés à côté de certains sabotages. Elles ont été placés sous contrôle judiciaire. Selon les journaux, certaines auraient parlé en garde-à-vue et d’autres pas. Au total, les dégâts causés sont estimés à près de 200.000 euros.

En Dordogne, la nuit du 23 au 24 décembre 2018 plusieurs bâtiments publics dont la maison des services publics à la Force et la mairie à Colombier ont été incendiés, puis une guinguette municipale pour bobos la nuit du 29 au 30 décembre, suivis de l’incendie d’un engin de chantier du Conseil Départemental à Prigonrieux et d’un pylône de téléphonie SFR à Gardonne (260 000 euros de dégâts). Selon la procureure, l’incendie du pylône de télécommunication avait pour but de « bloquer la communication de la police et de la gendarmerie ». Le 18 mars, cinq personnes de 27 à 50 ans qui « se seraient rencontrés lors de divers événements en lien avec le mouvement » ont été interpellées à Bergerac, deux d’entre elles étant en plus accusées d’avoir participé à la manifestation parisienne du samedi 16 mars, puisque plusieurs habits de grandes marques appartenant aux boutiques pillées sur les Champs Elysées auraient été retrouvés chez elles. Mises en examen pour « incendies par moyens dangereux » et « association de malfaiteurs », trois d’entre elles ont été placées sous contrôle judiciaire et deux incarcérées placées sous mandat de dépôt en préventive. Selon les journaux, elles sont inconnues des services de police, et « tous ont [auraient] reconnu les faits qui leur sont reprochés ».

Enfin, citons deux derniers petits exemples tirés des faits divers et concernant les manifs du samedi. A Niort, dans les Deux-Sèvres, c’est un « Monsieur tout le monde » père de famille de 50 ans comme l’a dit le tribunal, qui entendait protester contre les peines distribuées aux manifestants. Ce type ordinaire, peut-être en mémoire de ses lointaines années d’enfance, a ainsi profité de la manif du 12 janvier pour vider un tube de colle forte dans la serrure de la porte d’entrée du palais de justice de Niort, retardant ainsi son ouverture pour les comparutions immédiates du lendemain. Arrêté et placé en garde à vue le 28 janvier dernier, il a pris le 19 mars un mois de prison avec sursis et 1.111,81 € de facture des réparations à payer. Le second exemple est celui d’un jeune antifasciste de 17 ans résidant en foyer, qui a été interpellé le 13 mars à Ambérieu-en-Bugey (Ain). Il est accusé d’avoir participé à l’attaque éclair de la voiture de police garée devant le bâtiment de la Police aux frontière (Vitres brisées, rétroviseurs arrachés, carrosserie enfoncée, 6000 euros de dégâts) à Lyon lors de la manif sauvage du 23 février dernier. Mis en examen par un juge d’instruction suite aux investigations de la « cellule spéciale gilets jaunes » des enquêteurs, il aurait reconnu les faits, ainsi que sa participation à une manifestation non autorisée à Bourg-en-Bresse en décembre.

Chacun sait qu’une semaine ordinaire dure sept jours, et que le samedi n’est que l’un d’entre eux. C’est ainsi que certains s’organisent à nombreux et de jour pour bloquer des zones industrielles ou commerciales (et parfois des dépôts pétroliers ou des ports), tandis que d’autres s’organisent à quelques-uns de nuit pour saboter leurs installations électriques ou de fibre optique. C’est ainsi que certains pratiquent l’émeute du samedi, et d’autres des attaques variées de l’économie et de la technologie toute la semaine. Et qui sait si ce ne sont parfois pas les mêmes, comme en témoignent encore ces arrestations récentes, même si la question, au fond, n’est pas là : elle est plutôt de savoir, chacun, comment nous souhaitons approfondir l’antagonisme en cours, quelle est de façon plus générale notre perspective autonome, y compris dans ou en dehors d’un tel mouvement de révolte ? Un mouvement qui n’est de toute façon pas anodin, et qui vaut même une avalanche de chiffres récents que nous avons recueilli ci-dessous. Des chiffres qui comme les actes, ne parleront qu’à ceux qui savent les saisir (après tout il n’est question ici que de banques, d’abribus et de bijouteries, et le monde à détruire est vaste). Non pas pour exalter artificiellement la situation, mais pour aller au-delà, en tentant par exemple d’étendre la critique en acte là où elle peine à se faire jour.

…Et des chiffres

Chaque journal s’est évertué ces derniers jours à publier son petit scoop en tentant de se renseigner auprès de qui de droit pour évaluer les dégâts en cours depuis le début du mouvement. Ainsi, « Si l’on regarde plus précisément la manifestation du samedi 16 mars, l’évaluation globale du coût des dégradations est de 30 millions d’euros, et porte donc le coût total des dégradations de 170 à 200 millions d’euros » depuis le 17 novembre, a déclaré Bruno Le Maire devant les commissions des affaires économiques et des finances de l’Assemblée. En dehors des « dégradations » directes, laissons tomber de détail des pertes conséquentes de chiffres d’affaires, en ne relevant qu’un chiffre donné par le Ministre de l’économie : « S’agissant des grands centres commerciaux, la baisse sur les quatre mois de manifestations est de l’ordre de 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en raison de la baisse de fréquentation ».

Concernant les intérêts du groupe JCDecaux, c’est le magazone économique Challenge qui a farfouillé (22/3). La maison mère JCDecaux a compté 471 dégradations en Île-de-France depuis le début des manifestations (kiosques et mobiliers urbains soit abribus, colonnes etc.) et 584 dans le reste de la France, essentiellement à Bordeaux, Nantes et Toulouse. Soit plus de 1.000 mobiliers d’affichage JCDecaux dégradés en France depuis le début du mouvement des gilets jaunes, à Paris et en régions.
Ce week-end des 16 et 17 mars, sept kiosques parisiens ont brûlé, cinq d’entre eux sont totalement détruits. Au total, JCDecaux a constaté sur ces seuls deux jours la dégradation de 77 mobiliers urbains en France, dont 57 en région parisienne.
Le numéro deux du mobilier urbain en France, l’Américain Clear Channel, fait lui aussi face à des destructions dans les villes où il est présent, particulièrement à Avignon, Bordeaux, Rennes, Caen ou Dijon. Au total, il compte six panneaux (dits sucettes) brûlés, deux mobiliers digitaux (des matériels coûteux) détruits et près de 500 vitres brisées ou à remplacer. Clear Channel estime la facture à 250.000 euros.

Concernant les pillages sur les Champs-Elysées du 16 mars que 20Minutes (22/03) a tenté d’évaluer, les responsables de la boutique de cachemire Bompard estiment que le préjudice subi atteint 50.000 euros, hors dégradations, ceux du magasin Hugo Boss le chiffrent à 70.000 euros, tandis que la BRB (brigade de répression du banditisme), elle, enquête sur le saccage des bijouteries Bulgari (700.000 euros de préjudice), Swarovski (500.000 euros de préjudice) et Mauboussin (400.000 euros de préjudice). Bien qu’elles se soient vantées que l’essentiel des bijoux de valeur se trouvait au chaud dans leur coffre-fort, il en restait apparemment assez en vitrine et en magasin pour contenter un paquet de monde.

Concernant les banques, « une des cibles préférées des casseurs lors des manifestations de gilets jaunes », c’est Europe1 (21/3) qui s’y colle : Au total, depuis le début du mouvement des « gilets jaunes » le 17 novembre dernier, 760 agences bancaires ont été dégradées partout en France. Parmi elles, 500 cas sont jugés « importants » par les professionnels du secteur (vitrines et DABS en miettes), et 40 cas sont même qualifiés de « graves » (agences saccagées ou incendiées). Par ailleurs, les différents grands groupes bancaires interrogés n’ont pas souhaité divulguer le montant des dégâts subis par leurs différents établissements.

Allez, comme on dit parfois, à chacun le sien, feu aux prisons et liberté pour toutes et tous!


Pour lire par soi-même :

Bergerac,
hxxps://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/dordogne-des-vetements-voles-sur-les-champs-elysees-retrouves-chez-des-gilets-jaunes-bergeracois-1553178322
Maubeuge,
hxxp://www.lavoixdunord.fr/555867/article/2019-03-21/ils-avaient-detruit-stations-service-et-distributeurs-six-gilets-jaunes
Segré,
hxxps://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/segre-en-anjou-bleu-49500/segre-supermarches-degrades-des-gilets-jaunes-segreens-identifies-6275000

Bruxelles, Belgique : Activités à la bibliothèque Acrata en solidarité avec les compagnons poursuivis par l’Etat belge – Du 24 mars au 8 avril 2019

PROCÈS CONTRE DES ANARCHISTES EN BELGIQUE ?

De 2008 à 2014, l’État belge a mené une vaste enquête visant les luttes multi-formes – mais toujours sans concessions – qui s’attaquaient aux centres fermés, aux frontières, aux prisons et à ce monde basé sur l’autorité et l’exploitation. Dans son collimateur : la bibliothèque anarchiste Acrata, des publications anarchistes et anti-autoritaires (Hors Service, La Cavale et Tout doit partir), des dizaines de tracts et affiches, une bonne centaine d’actions, d’attaques et de sabotages… bref, la lutte contre le pouvoir sous ses différentes expressions.

Initialement poursuivis pour « participation à un groupe terroriste », c’est finalement sous l’inculpation d’« association de malfaiteurs » que 12 compagnons seront jugés tout au long de la semaine du 29 avril 2019.

- Dimanche 24 mars – 17h00 – Passiflore (boulevard du Jubilé 180, 1080 Molenbeek)
Les plantes comme alliées précieuses pour nos luttes ici

- Mercredi 27 mars – 19h00 – l’Agitée (rue Gaucheret 114, 1030 Schaerbeek)
Retour sur la lutte contre la construction d’un centre fermé à Steenokkerzeel ici

- Dimanche 31 mars – 14h00 – l’Agitée (rue Gaucheret 114, 1030 Schaerbeek)
Discussion luttes et enfants ici

- Lundi 1 avril – 19h00 – Acrata (rue de la Grande Île 32, 1000 Bruxelles)
Les « mesures particulières de recherche » de l’État belge ici

- Jeudi 4 avril – 18h00 – NOVA (rue d’Arenberg 3, 1000 Bruxelles)
Projections et souper en soutien à la Lime ici

- Lundi 8 avril – 19h00 – L’Anarchive (avenue Buyl 131, 1050 Ixelles)
Projection du film Point.s de Fissures ici

[Publié sur indymedia Bruxelles, 18.03.2019]