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Paris, France : Procès à venir pour l’incendie de la voiture de flics quai de Valmy

Du 19 au 22 septembre prochains, 9 personnes passeront en procès, accusées de l’attaque d’une voiture de flics quai de Valmy à Paris le 18 mai 2016. Deux attendent toujours en taule, dont l’une depuis maintenant plus d’un an, tandis que six autres sont sous contrôle judiciaire et que la dernière est encore recherchée.

Ce jour-là, en plein mouvement contre la « loi travail », des policiers se rassemblent place de la République pour geindre contre la « haine anti­-flics ». Une vrai provocation après deux mois de manifestations réprimées à coup de lacrymos, de grenades, de matraque, d’arrestations. Une contre­-manifestation est appelée et interdite, mais elle s’élance malgré tout dans les rues de Paris, croisant sur son passage une voiture sérigraphiée avec deux flics à son bord, qui est attaquée puis brûlée.

Pour beaucoup, ce geste a donné de l’air. Comme ça donne de l’air quand ça pète à Beaumont suite à l’assassinat d’Adama Traoré, à Aulnay suite au viol de Théo, ou quand une voiture de police crame à son tour devant le comico du 19e le soir du meurtre de Shaoyo Liu, ou encore quand les rues d’Hambourg s’embrasent pendant le G20. Comme ça donne de l’air chaque fois que sont renvoyées aux flics un peu de l’humiliation et des brutalités qu’ils infligent au quotidien.

La justice frappe souvent fort quand ses larbins en bleu sont attaqués. C’est que justice et police sont toutes deux au service de l’État et des puissant.e.s de ce monde, pour perpétuer l’ordre des choses basé sur l’exploitation, le racisme, le sexisme, l’homophobie, … et qu’il ne faudrait pas avoir l’impression de pouvoir changer les choses.
Alors il faut mettre sous contrôle par la menace de la prison ceux et celles qui, par choix ou par nécessité, sortent des chemins balisés du travail, de la consommation, de la soumission au pouvoir.
Les moyens à leur disposition sont toujours plus nombreux. Que ce soit l’annonce de la construction de dizaines de nouvelles prisons pour enfermer toujours plus, la légalisation à venir de l’état d’urgence permanent, ou encore la nouvelle loi sur la légitime défense des flics. Tout ça à coup de « c’est pour votre sécurité », dans l’acceptation générale, ou presque.

C’est dans ce contexte que le procès va se dérouler, certainement sous une forte pression médiatique où il s’agirait d’en faire un procès exemplaire, celui du mouvement contre la loi travail et plus généralement d’une hostilité diffuse contre la police particulièrement palpable ces derniers temps.
Face à ça, à nous de ne pas nous laisser museler. Exprimons notre solidarité avec celles et ceux qui subissent la répression pour des actes de révolte qu’on partage. Ne laissons pas la salle d’audience aux journalistes et aux parties civiles dont Alliance, syndicat de police ayant appelé à la manifestation du 18 mai 2016, toujours prompt à s’afficher dans les médias pour des campagnes racistes et sécuritaires.
Faisons vivre notre solidarité également dans la rue. Ici ou ailleurs, ne laissons pas la justice condamner dans l’indifférence, sabotons la chaîne du contrôle et de l’enfermement, opposons-nous au flicage de nos vies et aux diverses mesures qui visent à le rendre total et permanent.

Liberté pour les inculpé-e-s de la voiture de flics brûlée le 18 mai 2016 !

Liberté pour tou-te-s !

Procès tous les jours à 13H30 du 19 au 22 septembre, 14e chambre du TGI de Paris, métro Cité.
RDV à venir prochainement pour des discussions et autres initiatives solidaires !

[Publié sur indymedia Nantes, lundi 21 août 2017]

un dispositif d’agitation pour Santiago Maldonado!

https://es-contrainfo.espivblogs.net/files/2017/08/02-4.jpg

Depuis déjà un mois de la disparition forcée de notre compagnon Santiago Maldonado. La gendarmerie l’a clairement arrêté, l’a séquestré et il a disparu. L’état et sa force répressive est évidemment responsable. A partir du 1/9 répondons à l’ appel d’un mois extensif d’une agitation et actions depuis l’insurrection par la révolte et le chaos.

Un feu diffus et des explosions de bombes jusqu’à ce qu’ils(elles) nous rendent Santiago.

Une cellule nihiliste par la révolte expansive.

Berne, Suisse : Attaque de l’ambassade d’Allemagne en solidarité

La nuit dernière [du 28 au 29 août], nous avons attaqué à la peinture l’ambassade d’Allemagne à Berne. Cette action est faite en solidarité avec toutes les personnes blessées, prisonnières, condamnées et rebelles des manifs contre le sommet du G20 à Hambourg, ainsi qu’avec celles et ceux qui s’opposent à la criminalisation et à l’interdiction de la plateforme Linksunten.indymedia. Des personnes qui ne se laissent pas pacifier par les conditions existantes sont poursuivies et punies avec la plus grande fermeté.

Près de 30 personnes sont toujours incarcérées actuellement, en partie pour des raisons fallacieuses. D’autres souffrent toujours des conséquences de la répression. Que ce soient physiquement par des coups de matraque, des fractures, ou bien des problèmes psychologiques par l’attitude barbare des flics. L’agression monstre contre la manif Welcome to Hell ou les multiples blessures graves à Rondenbarg  (lors du blocage du vendredi 7/07) n’en sont que quelques exemples.

Hier, un homme de 21 ans a été condamné à 2 ans et 7 mois de prison et il y aura d’autres procès au tribunal dans les jours à venir. Ils tentent de nous intimider par des jugements absurdes et de nous empêcher de lutter contre la domination. Ils obtiendront l’inverse: nous lutterons d’autant plus que nous nous montrerons plus solidaires !

Dans le contexte des vagues répressives du G20, l’Etat allemand a interdit le média alternatif Indymedia linksunten, mené des perquis’, saisi et mis sous scellé d’innombrables objets. Nous ne voulons et ne pouvons tout simplement pas accepter cette attaque directe contre les structures autonomes.

Il s’avère qu’il est possible de contester les coupables ! ils sont vulnérables et il leur est impossible de protéger suffisamment tout ce qui leur est cher. Montrons-nous solidaires ! Que ce soit par des actions pour des individus, pour des projets politiques ou bien en réponse à des tentatives d’agression à notre encontre !

Car quand une personne est visée par la répression, c’est nous tou-te-s qui sommes concerné-e-s !

Nous considérons également notre action comme faisant partie de la semaine internationale de solidarité avec les prisonnier-e-s anarchistes.

Il y a 90 ans, le 23 août, les anarchistes italiano-américains Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti ont été exécutés en prison. Leur incarcération faisait partie d’une vaste campagne du gouvernement US contre le mouvement ouvrier révolutionnaire.

En juin, deux compagnonnes ont été condamnées à une peine de sept ans et demi de prison pour leur participation présumée à une expropriation de banque à Aachen, en Allemagne [1]. Ce jugement montre une fois de plus que les personnes ayant les mêmes inspirations que nous ne sont pas seulement punies pour leurs actes mais aussi pour leur conviction anarchiste.

A travers les murs des prisons de ce monde, nos salutations s’adressent à nos compagnon-ne-s enfermé-e-s !

Luttons ensemble contre tous les Etats !

Pour une société solidaire par-delà l’exploitation et les prisons !

[Traduit de Barrikade.info, 29. August 2017]

Italie : Des nouvelles des compagnons en prison

Prisonniers de l’opération répressive de Firenze :

L’audience pour la demande de mise en liberté du compagnon anarchiste Salvatore Vespertino a été renvoyée au 6 septembre. Entretemps on sait, via des lettres, que Salvatore demande qu’on lui envoie des textes anarchistes et nous informe que les livres avec couverture rigide ne passent pas. Il dit qu’il va bien et qu’il a la pêche.

Pour ce qui concerne le compagnon anarchiste Pierloreto Fallanca, il a été soumis à la censure de la poste, et le Proc’ lui a ajouté une nouvelle inculpation, pour association de malfaiteurs, en plus de l’accusation d’avoir participé à l’attaque du premier janvier [la bombe contre la librairie fasciste de Firenze; NdT.], pour laquelle il avait été arrêté. En taule, il a reçu deux notifications de procédures internes pour outrage aux matons.

Les adresses pour leur écrire :

SALVATORE VESPERTINO
c.c. Sollicciano
via Minervini, 2r
50142 – Firenze

PIERLORETO FALLANCA
Borgo San Nicola, 4
73100 – Lecce

[Traduit de l’italien de Croce Nera Anarchica par Attaque, 25 août 2017]


Prisonniers de l’opération Scripta manent

Le 23 août, la censure pour les compagnons anarchistes Alfredo Cospito, Nicola Gai, Danilo Cremonese, Valentina Speziale, Anna Beniamino, Alessandro Mercogliano, Marco Bisesti est expirée. Le Parquet de Torino ne peut plus la renouveler, mais la prison si, pour des « raisons de sécurité ». Leur courrier a du coup été débloqué et circule plus rapidement, mais on ne peut pas exclure qu’il soit de nouveau bloqué [par l’AP; NdT]

Les adresses des compagnons :

NICOLA GAI
ALFREDO COSPITO
ALESSANDRO MERCOGLIANO
DANILO EMILIANOCREMONESE

Casa Circondariale di Ferrara
Via Arginone, 327
44122 – Ferrara

BISESTI MARCO

Casa Circondariale
Strada Statale per  Casale, 50/A
15121 – Alessandria

VALENTINA SPEZIALE
ANNA BENIAMINO

c.c. Rebibbia Femminile
via Bartolo Longo 92
00156 – Roma

[Traduit de l’italien de Croce Nera Anarchica par Attaque, 25 août 2017]

Parution d’un livre J’ai rêvé d’un monde en flamme tourbillonnant dans l’infini Bruno Filippi édition l’assoiffé

bruno filippi

Le 30 mars 1900, naissance de Bruno FILIPPI à Livourne.
Anarchiste individualiste italien auteur d’un attentat raté où il perdra la vie.
Fils d’un imprimeur, il est l’aîné de six enfants. Encore adolescent, il se passionne pour les idées individualistes de Stirner. En mai 1915 il est arrêté, lors d’une manifestation contre la guerre, en possession d’une arme à feu. Jugé pour complicité dans l’homicide d’un jeune socialiste durant la manifestation, il se déclare anarchiste et affirme son aversion pour la guerre. Il est condamné à deux ans de prison qu’il effectuera entièrement. Durant l’été 1919, il prend part à diverses actions violentes anticapitalistes.

Le 7 septembre 1919, il meurt dans l’explosion prématurée de la bombe qu’il allait déposer au Cercle des nobles dans la Galerie Vittorio Emanuele de MilanLes autorités profiteront de cet attentat pour lancer une vague de répression contre les anarchistes.
Renzo Novatore publiera l’année suivante dans le journal « Iconoclasta! » de Pistoia, les textes de Bruno Filippi.

repris de .ephemanar.net

 

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Quatrième de couverture  du livre » j’ai rêvé d’un monde en flamme tourbillonnant dans l’infini »:

Soirée du Dimanche 7 septembre 1919..La galerie Vittorio Emanuele II, à Milan . Ici, les richesses, matérialisées dans des pierres grises, et le privilège , célébré dans des voûtes monumentales , accueillent la haute bourgeoisie milanaise venue se reposer et digérer le travail hebdomadaire – l’exploitation des pauvres- aux petites tables des cafés chics. C’est la même bourgeoisie qui, quelque années avant, a fait des affaires grâce à la grande guerre : la même bourgeoisie qui, il y a seulement six mois, dans cette même ville, a adoubé le fascisme pour se défendre de la menace subversive qui a émergé de la révolution russe. Tout à coup, en cette soirée de fin d’été , une explosion déchire l’air et sème la panique dans le présent. Une bombe, destinée peut être au restaurant Biffi, peut- être au club des Nobles, explose avant le terme prévu. L‘unique victime est l’auteur de l’attentat . Son nom est Bruno Fillippi, il a à peine dix neuf ans.Mais, à cause de sa fougue antimilitariste, il a déjà connu la prison. A cause de son espoir dans une catastrophe palingénésique, il a déjà combattu dans les tranchées.A cause de son impatience révolutionnaire, il s’est déjà confronté avec les réformateurs de gauche. Anarchiste individualiste, d’un côté il n’aime pas la foule qui se lamente et implore un paradis futur : d’un autre côté, il hait la clique qui commande et opprime dans l’enfer du présent .Pour la première , il diffusera ses écrits iconoclastes, à la seconde, il jettera sa dynamite et son vitriol.

L’assoiffé, , Marseille, juin  2017

Autour de l’oeuvre d’Armand Robin

reçu par mail:

Je viens de mettre en ligne ce soir sur mon site relooké le texte de mon intervention au Laboratoire Anarchiste,

Résumé

Armand Robin (1912-1961) est né dans une très modeste famille de cultivateurs bretons dont il est le huitième et dernier enfant. Très doué dans l’apprentissage des langues étrangères, il traduira en français une centaine d’auteurs à partir d’une vingtaine de langues. A partir de 1941, il rédige, à partir d’écoutes radiophoniques, des bulletins spécialisés dans l’analyse de la politique internationale. En 1945, il adhère à la Fédération anarchiste et collabore au journal Le Libertaire jusqu’en 1955. Arrêté le 28 mars 1961, il est conduit au commissariat de son quartier, puis à l’infirmerie du dépôt de la préfecture de police, et meurt le lendemain dans des circonstances qui  n’ont jamais été élucidées.

lire la suite

https://jmsauvage.fr/philosophie/autour-de-loeuvre-darmand-robin

Hautes Alpes [france] Sabotages sur le chantier de la THT…la lutte continue

Sabotages sur le chantier de la THT

[Hautes Alpes] RTE part en fumée !

Les chantiers des lignes très hautes tension dans la vallée de la Haute Durance ne se sont pas déroulés sans encombre. RTE dénombre une cinquantaine d’engins mis hors d’état de de nuire. Il semblerai qu’après le sucre dans les réservoirs, les câbles sectionnés et les crèves pneus une nouvelle méthode ai fait son apparition :
- Le 9 février dernier, un préfabriqué de RTE près d’Embrun partait en fumée.
- Dans la nuit de mercredi à jeudi 24 août, c’est une voiture de RTE qui flambe à Chorges
- Sans compter les nombreuses tentatives relevées sur des machines ou des bases de pylones…

Malgré l’avancé des travaux, certain.e.s ne se résigne pas et continuent à mettre des allumettes dans les roues de RTE. Ces feux réchauffent nos cœurs et nous redonnent du courage. Même si nous n’avons pas tous les mêmes méthodes, nous affirmons être solidaires et nous nous battrons à leur côté en cas d’éventuelles poursuites. De toutes façons, tout a été tenté pour arrêter ce projet : les recours n’ont rien donné, les manifestations et les blocages ignorés. Alors on ne nous laisse pas vraiment le choix !

RTE DEGAGE ! RESISTANCE ET SABOTAGE !

Des habitant.e.s de la vallée

[Publié sur indymedia grenoble, dimanche 27 août 2017]

 

HAUTES-ALPES Voiture incendiée sur le chantier THT : RTE dépose plainte

Plusieurs dégradations qui visaient RTE (réseau de transport
d’électricité) ont été relevées à La Bâtie-Neuve, cette semaine.
Une voiture de la société en charge du chantier de la THT (ligne à très
haute tension) a été incendiée dans la nuit de mercredi à jeudi, dans le
hameau des Bernards. Celle-ci était stationnée sur le parking des
employés, face à la zone de stockage de RTE.

En début de semaine déjà, une tentative d’effraction sur un des engins
qui se trouvait sur le site Piolit, au-dessus de La Bâtie, avait été
enregistrée.

À la suite de ces faits, RTE a déposé deux plaintes. Les gendarmes se
chargent de mener l’enquête.

repris du   Dauphiné en date du 24 août:

Villepinte (Seine St Denis) : feu aux voitures des matons !

Cinq véhicules de surveillants incendiés près de la maison d’arrêt de Villepinte

France 3 Paris Île-de-France, 23/08/2017 à 18:03

Des témoins affirment avoir vu deux personnes entrer dans la résidence des surveillants avant le départ du feu.

Des témoins affirment avoir vu deux personnes entrer dans la résidence des surveillants avant le départ du feu. Cinq véhicules ont été incendiés lundi matin à proximité de la maison d’arrêt de Villepinte, en Seine-Saint-Denis. Ils appartenaient à des surveillants habitant une résidence « occupée à 90% par des agents pénitentiaires« , a déclaré à l’AFP Erwan Saoudi, délégué régional de Force ouvrière. Le feu, allumé vers 6h30, a été maîtrisé une heure plus tard.

Selon Erwan Saoudi, des témoins ont vu deux personnes équipées de scooter « contourner la barrière de sécurité » de la résidence, puis « repartir à toute allure » juste avant que l’incendie ne commence. Toujours selon lui, les enquêteurs ont relevé deux départs de feu et des traces d’essence sur les véhicules. Selon le parquet de Bobigny, une enquête a été ouverte. Elle a été confiée au commissariat local.

L’État élimine les agriculteurs

 

Refusons les normes ! Évitons les balles ! Ils ont tué Laronze. « Hors norme » texte du Collectif d’agriculteurs contre les normes.

Ils ont tué Laronze

Jérôme Laronze, éleveur en Saône-et-Loire, a été tué le 20 mai 2017 par des gendarmes. Son nom vient s’ajouter à la longue liste des victimes des forces de l’ordre. Sa mort nous rappelle que les violences institutionnelles n’épargnent personne, pas même les agriculteurs.

Jérôme était harcelé depuis des années par l’administration agricole : contrôles à répétition, pénalités, menace de saisie du troupeau… Cette répression visait à le « mettre aux normes », lui qui refusait de répondre aux injonctions de traçabilité (bouclage des animaux, bordereau de circulation, prophylaxie, etc.). La pression croissante a franchi un seuil en 2016, lorsque les services vétérinaires ont fait appel aux gendarmes, pour effectuer leurs contrôles coûte que coûte.

Lors de leur dernière visite, pas moins de deux contrôleurs et quatre militaires en armes se sont présentés à la ferme par surprise. Pris au dépourvu, Jérôme a décidé de partir en cavale pour dénoncer les agissements de l’administration. Dans le Journal de Saône-et-Loire, il développait sa vision parfaitement claire de la situation : « L’hyper administration n’apporte rien aux agriculteurs, sinon de l’humiliation et des brimades. Cela ne rapporte qu’aux marchands et aux intermédiaires. Mon cas est anecdotique, mais il illustre l’ultra-réglementation qui conduit à une destruction des paysans. »

Malheureusement, son échappée médiatique et politique s’est achevée sous les balles des gendarmes dix jours plus tard. Quand bon nombre de cultivateurs et d’éleveurs dépriment, abandonnent ou se suicident, Jérôme, lui, s’est opposé au système normatif et il a été abattu.

Alors que les services de l’État tentent de le discréditer pour excuser ses gendarmes [1], nous devons reconnaître à Jérôme sa lucidité et son courage dans ce combat qui touche tous les travailleurs de la terre. Le meurtre dont il est la victime rend la destruction des paysans plus visible que jamais.

L’État au service du Capital

L’ultra-réglementation dont il est question s’appuie sur des normes sanitaires et environnementales dont le nombre a explosé depuis vingt ans. Elles prétendent répondre aux problèmes actuels que sont la santé publique et la protection de l’environnement. Mais ces promesses toujours déçues, masquent l’objectif réel. La gestion par les normes ne sert qu’à écrémer la population agricole pour concentrer la production et les profits.

Si la dégradation de notre environnement et de notre santé est incontestable, les normes n’ont démontré ni leur nécessité, ni leur efficacité : aucune étude ne démontre le risque supposé des pratiques paysannes ; aucun protocole industriel n’a empêché la vache folle, les algues vertes ou les lasagnes de cheval. Bien au contraire, l’industrialisation de l’agriculture s’est accompagnée de l’usage massif de produits toxiques pour la nature en général et pour les humains en particulier. La dégradation de nos conditions de vie est intimement liée au développement du modèle productiviste.

Pourtant ces normes, soigneusement agencées par les lobbys industriels, sont imposées à tous sous la forme de règlements. Le système normatif fait disparaître la singularité de chaque ferme et l’expérience du producteur au profit de procédures standardisées. Il nous réduit à de simples exécutants, dépossédés de nos savoir-faire, de nos cultures et de nos outils de travail. Il nous asphyxie financièrement et administrativement. Il dénature le sens de notre métier. Il nous transforme en travailleurs prolétarisés et nous pousse à quitter nos fermes. Il répond ainsi aux besoins de l’industrie : libérer du foncier d’un côté et de la main d’oeuvre précarisée de l’autre.

Les politiques, conseillés par les mêmes lobbys, ont mis en place des mesures financières pour accompagner les réglementations sanitaires et environnementales. Mais ces subventions et autres avantages fiscaux sont rarement accessibles aux fermes modestes car les investissements requis restent hors de portée. Seules les grosses exploitations peuvent y prétendre, et elles en profitent également pour accroître leurs énormes bénéfices en diversifiant leurs revenus (solaire, éolien, méthanisation…).

Ainsi, la gestion par les normes est devenue le principal levier des politiques agricoles pour éradiquer les petites et moyennes fermes, au profit de grandes exploitations et des fermes-usines. En dépit de tout résultat probant sur la santé et l’environnement, la combinaison des réglementations et des aides publiques donne à l’industrie les conditions et les moyens de sa prospérité. Jérôme l’avait bien compris. Il s’y est opposé et il en est mort.

Luttons ensemble pour exister

Il est temps de mettre fin à cette politique mortifère. Beaucoup d’entre nous refusent de se soumettre aux injonctions de l’État. Autant d’actes de résistance nécessaires, mais difficiles à assumer seul, face à une administration répressive et une justice de classe. Le meurtre de Jérôme sonne comme un avertissement : isolés, nous disparaîtrons tôt ou tard, sous les normes ou sous les balles. Seul un mouvement collectif permettra d’enrayer la machine qui nous broie.

Le syndicalisme a montré ses limites. Empêtré dans la cogestion, il ne peut plus être une force d’opposition. Sortons de l’hypocrisie. Il n’y a rien à négocier avec l’ État français et son avatar européen qui concentrent les productions et organisent les rentes de situation pour les empires agroalimentaires. Il faut les empêcher de nuire par la désobéissance collective et l’action directe.

À l’instar de la lutte contre le puçage des brebis, il nous faut rétablir un rapport de force avec l’administration en organisant une présence collective sur les fermes lors des contrôles. Cette présence a le mérite de rompre avec l’humiliation, le sentiment d’impuissance et d’isolement. Mais compte tenu de la situation, nous devons aller plus loin. Il nous faut désormais refuser les contrôles collectivement et s’assurer qu’aucune sanction n’en résulte.

Refusons le système normatif qui tente de nous éliminer !

Pour rejoindre le mouvement, participer aux rassemblements et organiser la lutte, contactez nous à l’adresse suivante : hors.norme [at] yahoo.com.

Nous envisageons notamment une rencontre d’ici la fin de l’année.

Collectif d’agriculteurs contre les normes, 18 août 2017

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repris de grenoble.indymedia.org

Orbeil, France : Feu à l’antenne relais de radio et de téléphonie

[Cette antenne relais, installée sur la commune d’Orbeil (Puy-de-Dôme), est entourée de deux locaux hébergeant d’un côté le câblage dédié aux opérateurs de téléphonie et de l’autre les circuits de 14 radios émettant dans le bassin d’Issoire. Au cours de la nuit de lundi à mardi 22 août, le feu a lentement englouti les rails de câbles jusqu’à rendre inutilisables ces bâtiments. Cet incendie a entraîné de gros dégâts sur les réseaux de téléphonie mobile (SFR, Bouygues Télécom et Orange) et sur les émissions de 14 radios dans tout le bassin d’Issoire jusqu’aux portes de Brioude]


L’été, c’est barbeuk d’antennes relais

Quand t’arrives en haut de la côte, y a la Grande Ourse pile au dessus de ta tête. Et pis en contrebas tu vois les lumières d’Issoire qui font la guerre aux étoiles du ciel. Et surtout, surtout, à côté de toi, y a l’antenne qui te rappelle que t’es pas venu.e pour déclamer des poèmes. Tu boutes le feu…

Au petit matin de ce 22 août, on a mis le feu là-haut sur la colline. À Moidias, deux antennes relais assurant les réseaux téléphoniques d’Issoire à Brioude ainsi que la diffusion de plusieurs fréquences radios ont brûlé. À défaut d’éteindre les lumières de la ville, on a au moins débranché les smartphones.

Parce que ce monde est trop étroit, parce qu’il vise à la normalisation, au contrôle, à l’aseptisation et à la numérisation de chaque individualité. Parce qu’on avait envie de s’offrir une respiration, de se sentir vivant.e plutôt que d’étouffer. Parce qu’on kiffe pas la contestation pacifiée. C’est vrai que ce désir de destruction aurait pu s’assouvir par l’attaque d’un local de la Croix Rouge, d’une ferme d’élevage ou d’un CRA. Nous attaquons pour ne plus être un.e architecte de plus des structures du pouvoir. Attaquer pour le plaisir immédiat et pas pour d’hypothétiques lendemains qui chantent.

Comme l’ont déjà soulevé d’autres communiqués, la technologie – qui nous tient en laisse et colonise nos imaginaires – est un des piliers de cette civilisation. Si on partage ce constat, on ne se satisfait pas d’un simple partage d’idées. On a alors cherché des points sensibles sur lesquels agir. En brûlant des antennes relais, on ne vise pas seulement à infliger le maximum de dégâts aux promoteurs des prothèses technologiques. C’est bien une manière de communiquer, d’interagir, de [se] civiliser qu’on vise à saboter. Pour dérégler le train-train des honnêtes citoyen.ne.s, travailleureuses, consommateur.trice.s, toutes ces personnes qui – riches ou pauvres, jeunes ou vieilles, archi-connectées ou techno-septiques – contribuent à l’essor de cette civilisation du flux tendu où on bouffe de l’info en continu, où on se clash sur la toile et où on baise par texto. Pour plonger les accros des écrans et de l’oreillette dans l’angoissant silence de la déconnexion, elleux qui, en construisant et perpétuant ce type de rapport au monde, sont la garantie qu’il ne coure aucun danger.

Mais cette attaque vient aussi d’une envie de mettre en cause le rapport qu’on entretient avec la médiation technologique du vivant (humain ou non-humain) et la numérisation de l’existant. Elle nous permet de questionner en acte la construction de toutes ces normes (sexistes, racistes, homophobes, spécistes…) véhiculées par les flux incessants d’images et d’informations et qui ont bien failli écraser nos individualités.

Si l’on rajoute à cela le fait que de nombreux.ses compagnon.ne.s se retrouvent visé.e.s par des affaires répressives dans lesquelles ces moyens de communication deviennent, grâce à la collaboration des opérateurs téléphoniques, des outils pour faire tomber celleux qui se révoltent, ça fait un gros paquet de raisons pour faire un barbecue d’antennes. Un gros paquet dans lequel ne figure pas la perspective d’ouvrir une brèche dans la normalité pour qu’advienne la révolution sociale. Si cet espoir nous a un jour étreint, il est désormais mort dans nos cœurs.

On voulait que cette attaque entre en résonance avec la série d’autres barbecues (d’antennes relais, de véhicules ou de locaux d’Énedis…) dont l’été 2017 a fait les frais et dont on partage une bonne partie des critiques et des propositions. À ce propos, on se demande comment ne pas entrer dans des dynamiques compétitives. Comment se laisser inspirer par les actes d’autrui au point d’avoir envie de les reproduire sans que ça tourne au battle de qui a la plus grosse (antenne) ?

Voilà un peu ce qui nous a amené à étudier, planifier et réaliser cette attaque. Ça nous a pris des jours de préparation pour définir les aspects pratiques du plan (comment foutre le feu sans se foutre le feu par exemple) mais aussi pour partager les enjeux, les spécificités, les envies et les limites de chaque individu.e.s prenant part à celui-ci. On s’est mis.es en jeu et on s’est donné les moyens de nos envies, même si c’était dur physiquement et émotionnellement. La beauté de ce processus où nous avons tenté de conjuguer violence de l’intention et bienveillance de l’attention apporte autant de plaisir que la satisfaction d’avoir réussi à détruire ces antennes. On est pas des soldat.e.s, c’est dans ces moments que se concrétisent, se rencontrent, se confrontent nos individualités. Que nous faisons notre synthèse entre théorie et pratique par nos propres moyens. Que nous nous organisons pour détruire les rapports de pouvoirs, pour attaquer les dominations qui nous façonnent et que l’on reproduit autant qu’elles structurent ce monde.

On a détruit ces antennes relais en forçant les portes ou les grillages qui les protégeaient et en plaçant dans les rails de câbles, à divers emplacements, des dispositifs incendiaires. Ceux-ci étaient simplement composés d’une bouteille en plastique d’un litre et demi remplie d’essence sur lequel était accroché à l’aide de fil de fer un bon bloc d’allume-feu.

On voudrait pas terminer ce communiqué sans avoir exprimé notre solidarité avec Krem et Kara ainsi qu’avec toutes celleux qui attaquent ce monde sans oublier qu’ielles peuvent en être les rouages.

B.A.R.J.O

Barbecue d’Antennes Relais Joliment Osé

[Publié sur indymedia Nantes, vendredi 25 août 2017]