A propos du livre d’Alexis Escudero : quelques éléments du débat

 

mardi 23 décembre 2014, par Yves

Le samedi 22 novembre un commando dit  » LGBT » a empêché un auteur (Alexis Escudero) d’exposer le contenu de son livre puis a tenté de le vider manu militari du Salon du livre libertaire de Lyon.

Témoin des faits, je ne suis pas intervenu pour trois raisons :

1° – je ne suis pas un partisan de la liberté d’expression totale pour tout le monde contrairement à de nombreux anarchistes. Je n’ai pas oublié l’affaire Faurisson et ses défenseurs ultragauches qui défendaient la « liberté d’expression » des négationnistes ; Chomsky, Baillargeon et Bricmont qui défendent eux aussi la liberté d’expression des fascistes ; ou les défenseurs du groupe raciste antimusulmans Riposte laïque dans le mouvement libertaire.

Si vraiment le contenu de ce livre est aussi réactionnaire que le prétendent ses critiques, je ne vois pas pourquoi un tel auteur a été invité au Salon.

Mais d’un autre côté s’il faut chasser d’un événement libertaire tous ceux qui défendent des thèses contestables au sein du mouvement anarchiste, la tenue même d’un tel salon deviendrait impossible. Chacun, en fonction de ses positions, pourrait facilement établir une liste noire des auteurs, des compagnons de route de l’anarchisme, ou des organisations indésirables : les bouffeurs de viande pour les vegans ; les soutiens des mouvements de libération nationale pour les anars hostiles à tout Etat ; les partisans des coopératives pour les anarcho-communistes conséquents, etc.

2° j’étais influencé (peut-être à tort) par les comptes rendus négatifs de son ouvrage.

3° je ne suis pas anarchiste et ne peux me réclamer de ma foi en une éthique anarchiste me permettant de juger de ce qui est juste – ou pas – dans le cadre de cette éthique militante.

N’ayant pas lu le livre d’Escudero j’ignore donc si cet auteur méritait d’être invité ou pas à ce salon du livre libertaire.

Par contre, pour les avoir entendus crier dans leur mégaphone, je crains que les adversaires d’Escudero par leurs insultes destinées à l’auteur mais aussi à tous ceux et toutes celles qui voulaient empêcher son expulsion, leur refus de débattre et d’avancer des arguments et leur violence aient renforcé les thèses d’Escudero plutôt que contribué à faire avancer leur cause.

Voici deux textes pour éclairer le débat

- Un appel à boycotter la présence d’Escudero au Salon

- Le témoignage d’une personne présente et en accord avec Alexis Escudero

P.S. Je préciserai aussi que, même si je suis partisan de l’égalité des sexes, je ne suis pas « féministe » vu la variété de sens que l’on donne à ce mot. Si le féminisme va d’Yvette Roudy à Emma Goldman, d’Alexandra Kollontai à Anne Zelensky, je crains que ce terme mérite quelques éclaircissements et que les LGBT n’aient pas grand-chose à faire des prolétaires et de la lutte des classes, du moins si l’on en croit leurs textes… Comme le disait une féministe sur un forum « La lutte des classes, ça me saoule »… Pour ma part, je suis prêt à être « saoulé » par la lutte des classes tous les jours, n’en déplaise à tous les postmodernes, déconstructionnistes, relativistes culturels et autres multiculturalistes réformistes.

Y.C. Ni patrie ni frontières, 22/12/2014

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