Membre du BPP (Black Panther Party) pendant deux ans (1969-1971), ce professeur d’université présente ici une histoire synthétique et critique de cette organisation. Il reste convaincu que le parti a joué un rôle très positif, à la base, même s’il est en désaccord avec son apologie de la lutte armée. Son livre commence d’ailleurs par une citation de Huey P. Newton qui découpe l’histoire idéologique de son parti en trois phases : le nationalisme (pendant une courte période), le « nationalisme révolutionnaire » (c’est-à-dire, selon Huey P. Newton, « le nationalisme plus le socialisme ») et enfin « l’intercommunalisme ».
Comme Alkebulan l’explique clairement dans une présentation orale de son livre, pour lui le BPP se situe dans une tradition politique radicale afro-américaine et n’avait rien d’un gang prétendant « protéger la population » comme le suggère la question de l’une de ses auditrices. A son avis, le BPP a eu le grand mérite de faire comprendre aux jeunes Afro-Américains des années 60 que le « peuple disposait d’un grand pouvoir », qu’il devait s’en servir et qu’il lui fallait une organisation disciplinée. Selon lui, les actions et les campagnes du BPP ont permis des changements personnels et collectifs importants au sein des « communautés afro-américaines ». Par contre, l’auteur considère que le parti « n’écouta pas assez les gens » : la communauté afro-américaine n’était pas prête à suivre et à mettre en application les discours sur la lutte armée. Le mouvement des droits civiques avait réussi à réveiller et même radicaliser les Afro-américains mais le BPP était, selon lui, trop en avance. La majorité des Afro-Américains voulait être inclue, intégrée , dans la société capitaliste américaine et ne souhaitait pas la révolution.