Aachen (Allemagne) : Résumé des audiences des 12 mai et 18 mai du procès de 2 compagnon.ne.s pour braquage

 recopié sur Brèves du Désordre

Bref résumé des 20ème et 21 ème séances du procès de Aachen

Audience du 12 mai

La session du 12 mai s’est centrée sur le témoignage de l’experte en biométrie présenté par le Parquet. Pour commencer, elle a expliqué que la qualité des images (vidéos de sécurité du sous-sol de la banque où se trouve le coffre-fort) était très mauvaise, qu’elles avaient une très mauvaise résolution, ce qui affecte la preuve biométrique Quant à la physionomie du corps, il est impossible de déterminer la silhouette, pas plus que la taille ou la forme de la tête à cause des vêtements que portaient les personnes apparaissant sur les images. Pour ce qui est du visage de la femme, seuls les traits de la moitié inférieure ont pu être comparés et rien de “remarquable” n’est ressorti, juste quelques parties pourraient coïncider mais elles sont très communes chez beaucoup de gens,il est donc impossible d’assurer qu’il s’agit de la même personne, ou pas.
Dans le cas de l’homme qui apparaît dans la vidéo, les traits coïncident encore moins. L’experte a dit que selon elle il ne s’agit pas de la même personne.

La session s’est poursuivie avec une nouvelle “preuve” apportée par le Parquet. Une témoin supposée qui aurait voyagé en blablacar avec l’une des accusées vers la date du braquage. Cette femme (française) travaille dans une entreprise vendant des outils de la même marque que certains ayant été trouvés dans la banque, ce que le Parquet considère comme un indice.
De nouveau, le Parquet a refusé d’ expliquer comment ils sont parvenus à ce témoin (qui a refusé de venir témoigner au procès) dans la mesure où l’enquête reste ouverte et qu’il ne veut pas fournir cette partie du dossier à la défense. Finalement, la procureure a rayé certaines parties du dossier et les a passées aux avocates.

Audience du 18 mai

La procureure a commencé le procès en exposant les informations qu’elle considère comme relevantes en lien avec les voyages que l’un-e des accusé-e-s aurait fait en Blablacar, entre la France et Barcelone.
Il faut dire que le LKA a contacté Blablacar en raison de messages reçus sur un téléphone mis sur écoute par la police et à partir duquel des trajets avaient été réservés. Blablacar a fourni toutes les informations sur ce numéro de téléphone et sur les réservations supposées.
La personne chargée d’expliquer les informations en lien avec les voyages et de blablacar est une flic du LKA participant à l’enquête. Elle a précisé le nombre d’occupant-e-s du
véhicule, les arrêts qui ont été effectués sans qu’il n’y ait de détails importants pour l’affaire. Au cours de la session antérieure, le juge avait contacté la personne qui conduisait le blablacar, pour l’inviter à venir témoigner au procès, ce à quoi elle a répondu qu’elle ne se présenterait pas. Parallèlement à cela, le LKA a également pris contact avec elle et a obtenu quelques réponses de sa part.
Ils lui ont demandé des détails sur le voyage, si il y avait eu des conversations au cours du trajet, où les arrêts avaient été effectués, etc. Ils lui aussi montré la photo de la personne accusée qu’elle a reconnue comme celle qu’elle avait prise dans sa voiture a travers le site internet de Blablacar.

Le matin, a été apporté, comme preuve physique, le tournevis trouvé dans la chambre forte de la Pax Bank, supposément avec l’ADN de l’un-e des accus-e-s. Un long débat s’est ouvert autour de la provenance de cet outil, ainsi que de quelques autres trouvés dans la banque, étant précisé que le tournevis pourrait être d’origine française.
Le Parquet a argumenté que l’ADN obtenu sur le tournevis se trouvait sur une surface plane et que s’il avait été utilisé par une autre personne, l’ADN antérieur aurait disparu, cet argument étant utilisé dans l’argumentation de l’accusation. La défense a démonté cet argument en raison du manque de cohérence dans l’analyse, et le juge a rejeté cet élément comme preuve dans l’affaire. Les avocats ont qualifié les affirmations de la procureure de ” falsche darstellungen” (fausses représentations).

A la fin de la session, des discussions ont eu lieu entre le Parquet et les avocats de la défense, suivies de délibérations entre les juges : ces derniers ont conclu que les preuves apportées par la procureure en lien avec tous les voyages en Blablacar de la France à Barcelone, ne sont ni concluants, ni relevants pour l’affaire, et qu’elles ne feront donc pas partie de l’apport de l’accusation.

Pour tenter de mettre un-e des accusé-e-s en lien avec la gauche radicale et d’en faire une personne connue et active dans les milieux militants, l’accusation a exposé deux éléments :
– L’envoi d’une lettre avec une affiche d’un événement solidaire avec l’affaire, dans laquelle l’expéditeur commente que la réponse a tardé près d’un mois à arriver.
– Des filatures effectuées par la police politique belge (Sûreté de l’Etat) en 2010 à Bruxelles, dans le cadre d’un “No Border Camp”.

Pour la prochaine session, il est prévu de commencer avec les réquisitions du Parquet, puisqu’a été déclarée terminée toute la partie témoignages et preuves, même s’il n’est pas exclu que le Parquet présente une demande de témoignages supplémentaires.

Des personnes solidaires et amies étaient présentes dans la salle pour donner de la chaleur aux compagnon-ne-s accusé-e-s !

La prochaine audience est confirmée pour le 22 mai à 9h.
Les dates du 31 mai, des 7 et 13 juin sont maintenues, sous réserve de changements et/ou de nouvelles.

[Traduit de l’espagnol de Solidaritatrebel, 19 & 20 mai 2017]