Lla Dépêche / Mercredi 10 mai 2017
Une fois de plus, le mur du collège-lycée Saint-Joseph donnant sur le boulevard Gambetta a servi de «dazibao» à une expression nocturne. Après la série de tags prenant pour prétexte les troubles liés au barrage de Sivens, où le mur avait été tagué à plusieurs reprises, c’est l’élection présidentielle qui a donné matière à un nouveau vandalisme, sous couvert d’expression autogestionnaire. La municipalité se dit «excédée» par ces dégradations et trouve un prétexte supplémentaire à installer les caméras de surveillance. L’une d’entre elles balaiera d’ailleurs toute l’étendue du boulevard Gambetta.
Blocus au lycée Pasteur contre la mascarade électorale
Sans Attendre Demain / mercredi 10 mai 2017
Compte-rendu du blocus au lycée Pasteur de ce mardi 9 mai 2017
Ce mardi matin, 9 mai 2017, après un week-end de trois jour, les lycéen-ne-s de Pasteur ont bloqué leur bahut en réponse à la mascarade électorale du pouvoir. Bien que celle des présidentielles soit terminée, les bouffons en marche, de droite comme de gauche, n’ont pas arrêté leur cirque pour autant. Il ne connaît pas de trêve, puisque les élections législatives arrivent à grands pas. Cette journée n’était pas marquée par une indignation antifasciste à la sauce républicaine, ni par un appel à rejoindre un quelconque parti ou mouvement politique qui pourrait se retrouver derrière le slogan populaire du moment « Ni Le Pen ni Macron ». Au cœur de cette journée se trouvait l’autonomie des luttes lycéennes, et ça fait plaisir à voir.
Après avoir bloqué et saboté les portes d’entrée du lycée avec des poubelles, des palettes, du matos de chantier et de la glue, les murs et grilles du bahut ont été redécorés de pancartes et de banderoles (« élections pièges à cons ; Brûlons les banques » ; « Macron démission » et de quelques tags (« Ni État ni patron » ou le fameux « ACAB »). Des chamboule-tout électoraux ont été installés tout autour du mur d’enceinte. Peu avant 9h, alors que les robocops anti-émeute de la police nationale ont rappliqué illico en nombre, plus de 400 tracts ont été distribués aux lycéen-ne-s. Après avoir tenté de bloquer leur établissement, des lycéen-nes de Jules Haag ont rejoint le blocus en cours à Pasteur.
En début d’après-midi, les flics en manque d’adrénaline, se sont excités sur une lycéenne, lui sommant de circuler sur le champ. Celle-ci ne s’est pas laissée faire, aurait d’abord répliquée par des insultes puis, en prise avec cinq uniformes qui l’ont foutu à terre et rouée de coups, résisté physiquement à son interpellation. Elle a été retenue un peu moins de 4h au comico avant de retrouver un groupe de soutien qui l’attendait devant. Elle sera poursuivie pour « insultes à agent » et « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique ».
Même si on peut trouver dommage que tout ce beau monde ne soit pas parti en manif sauvage, on a vu une rupture avec le formatage scolaire et l’obéissance que nous impose le bahut. Bref, l’objectif qui était de reprendre un peu de temps pour échanger, discuter, s’exprimer librement loin des pions et des profs a été atteint.
Cette journée de blocus s’inscrit dans le contexte de luttes contre les élections qui ont lieu un peu partout dans l’Hexagone depuis plusieurs semaines. Déjà lors de la manif sauvage de la soirée électorale du dimanche 7 mai, les flics avaient été très collants et agressifs vis-à-vis du cortège de 60 personnes. Deux personnes avaient été interpellées pour « dégradations » (des tags sur des banques) après la dispersion place de la Révolution et suite au rassemblement de soutien aux deux gardés-à-vue devant le commissariat plus tard dans la soirée, les manifestant-es ont été pris-es en chasse par ces mêmes bâtards surarmés en manque d’adrénaline.
Ci-dessous le tract distribué durant le blocus :
NI LEPEN NI MACRON, NI PATRIE NI PATRON : RÉVOLUTION !
Nous sommes un groupe de jeunes et de moins jeunes qui refusons de nous faire embrigader par les politiciens véreux de tous bords. Nous sommes des anarchistes, des communistes libertaires, des anti-capitalistes, des « en-dehors » ou simplement des objets de la politique et des gouvernant.e.s.
Nous ne croyons pas aux vertus du travail et de l’argent, mais en celles de la vie. Nous refusons de suivre bêtement le troupeau qui se dirige vers l’abattoir, nous sommes le fruit de plusieurs générations à avoir été exploité.e.s et opprimé.e.s par le joug de l’État et des patrons; nous sommes les braises sur lesquelles souffle un vent de révolte. « Faut pas étouffer la jeunesse ou elle vous pétera à la gueule » : cette expression entendue dans un reportage doit se traduire en acte, c’est pourquoi aujourd’hui c’est le zbeul dans ton bahut. Nous ne revendiquons rien : nous ne voulons pas de ce monde, mais en réinventer un sans exploitation ni autorité !
La majorité d’entre nous est lycéenne, certain.e.s parmi nous ont le droit de vote pour la première fois, d’autres ne l’ont pas encore. Peu importe, nous remarquons dans tous les cas une forte propension des adultes à nous considérer comme immatures, pas en âge d’avoir une pensée politique profonde ou d’agir autrement que sous l’influence de quelqu’un de plus âgé. Nous sommes méprisé.e.s ! Or, nous possédons un cerveau, nous sommes doué.e.s d’une capacité d’analyse et de réflexion, et avons été soumis, comme tout le monde, au matraquage électoral des présidentielles et législatives à venir. Nous possédons le don d’inventer, de créer, comme celui de refuser haut et fort l’élu sorti des urnes ! Nous refusons également d’être gouverné.es, administré.es, réprimé.es, et déprimé.es par un bouffon ! Ne le laissons pas reprendre un quinquennat tranquillement. Boutons Macron hors de l’Élysée avant d’entendre le bruit des bottes ! L’heure est à la RÉVOLTE ! A force de nous taper dessus à coup de tonfa ou de flashball, l’État a crée une génération de révolutionnaires, d’ingouvernables.
Profitons de ce blocage pour échanger, apprendre, créer ou jouer : car s’amuser vraiment, c’est déjà résister à l’esprit bourgeois et docile du citoyen ainsi qu’à l’ennui. Nous pouvons inventer, imaginer de multiples choses, et ne voulons pas que ce potentiel soit détruit par l’apprentissage à la dépendance que nous dispensent nos établissements. Sonnerie, cours, une heure. Autre sonnerie, déplacement jusqu’à une autre salle, cours, une heure. Sonnerie… A quel moment choisissons nous ce qui doit nous être appris, à quel moment nous déplaçons nous comme nous le souhaitons, à quel moment sommes-nous autonomes, à quel moment sommes-nous… libres?
« La seule éducation profonde et sincère, c’est celle qu’on se donne à soi-même », disait Jules Lermina.
Aujourd’hui, fais l’école buissonnière avec nous !