[Besançon] des étudiants interrompent le conseil d’administration de l’Université. Le choix de laRépression à l’université

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 Est républicain:Le 17/02/2017

À Besançon, la « séquestration » du conseil d’administration par
les étudiants fait du bruit

 

Une mobilisation contre la sélection en master à l’université de
Franche-Comté s’est soldée par des gardes à vue. Si l’action a été
présentée par la faculté et les médias comme une « séquestration
», la vérité est plus complexe. Dix-neuf d’étudiants ont été placés en garde à vue mardi soir,accusés d’avoir « séquestré » les membres du conseil d’administration (CA) de l’université de Franche-Comté, alors qu’ils se mobilisaient contre la sélection en master. Jeudi 16 février, ils
sont tous libres… après 48 heures de garde à vue pour deux d’entre eux.


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the times they are changing (very bad)
En 1997, pour tenter d’empêcher des suppressions de postes, à
l’initiative de tous les syndicats enseignants, nous avons occupé
l’Inspection Académique du Doubs durant 8 jours et neuf nuits. Lors de
notre entrée dans le bâtiment, l’Inspecteur d’Académie fut soulevé
du sol par la foule en colère qui forçait le passage.Pour ma part,
j’ai dormi quelques nuits sur la moquette de son bureau. Nous avons
finalement vidé les lieux après négociation et sans aucune poursuite
ni sanction d’aucune sorte. Un an auparavant, pour dénoncer le chômage
des précaires, nous avions occupé le rectorat de Besançon et « retenu »
le recteur durant une heure, sans sanctions ni poursuites, après avoir
obtenu un réemploi des auxiliaires. En 2000, nous avons réoccupé
l’Inspection Académique, toujours pour les mêmes raisons. Au petit
matin, une vingtaine de CRS nous a poussé dehors, sans un coup de
matraque ni jet de gaz, encore moins de menottes. Ni poursuites. Oui,
c’était possible.
En 2017, une vingtaine d’étudiants, comme des milliers l’ont fait
avant eux à Besançon et ailleurs, intervient pour empêcher le vote
d’une mesure qu’ils contestent par le CA de leur université. Là, le
président, syndiqué au snesup, réputé à gauche, appelle
immédiatement la police et les accuse de « séquestration ». La police
empêche les étudiants de sortir, les plaque au sol et les menotte dans
le dos avant de les enfermer, jusqu’à 48 h, à 7 dans une cellule 4 m2
puant la pisse. Puis la préfecture invente une histoire entièrement
fausse : des « violences » de leur part, qui n’ont jamais eu lieu, comme
une vidéo à paraître en est la preuve formelle. Une moitié
d’entre-eux, claironne-t-elle, ne seraient « pas étudiants », alors que
c’est le cas de deux d’entre-eux seulement, une troisième étant
lycéenne.Tout le monde peut le vérifier. Ils auraient aussi tous
dissimulé leur visage pour commettre leur « délit », alors qu’en
réalité seuls deux d’entre-eux, que tout le monde a immédiatement
reconnu, portaient par dérision une photo du président sur le visage.
Des membres du CA auraient enfin été « choqués » par cette
« séquestration », alors que nombre de ces élus le nient absolument et
disent n’avoir été choqués que par l’intervention totalement
disproportionnée des policiers. La procureure et le recteur en
rajoutent, ce dernier, pourtant historien de métier, poussant le
ridicule jusqu’à parler de « prise d’otage ». La presse diffuse
abondamment le gaz de la désinformation. 19 étudiants sont à présent
visés par une enquête préliminaire pour « séquestration »,
« rébellion », « violences volontaires » et risquent la prison ferme. Ils
sont menacés d’un conseil de discipline qui pourrait leur interdire de
poursuivre leurs études. Deux mois auparavant, l’Unef locale, plus
« modérée » et en meilleurs termes avec l’institution, avait
pareillement bloqué le même CA, sans aucune conséquence…
J’ai le vertige. Que s’est-il passé dans notre pays entre ces deux
moments ? Un spectaculaire durcissement de la répression policière,
judiciaire et symbolique de la contestation sociale, désormais
systématiquement criminalisée. De ce durcissement, à mettre surtout
au crédit d’une « gauche » qui a fini de couper tous les ponts avec ceux
qui luttent pour une société plus juste, ces 19 étudiants sont les
dernières victimes en date, comme les centaines de condamnés, dans
l’indifférence générale, du mouvement contre la loi Travail. Quand
toutes les institutions de l’Etat « démocratique », prônant le « dialogue
social », mentent pareillement pour écraser les oppositions et
parviennent à faire détourner le regard de la majorité, c’est bien
que nous sommes entrés dans une sorte de fascisme à visage libéral.