reçu par mail:
lettre à l’inspection académique de la Drôme
Monsieur Daniel TEYSSIER
Président de la Fédération Ardéchoise et Drômoise de la Libre Pensée
Le 30 Janvier 2017
À Madame la Directrice des Services Départementaux de l’Éducation Nationale
de la Drôme
Madame l’Inspectrice d’Académie,
Notre organisation, la Libre Pensée, depuis son origine (1848), a toujours combattu pour la création,puis pour le développement et la défense de l’école publique laïque et républicaine. Elle a compté en ses rangs tous les plus grands noms de ceux qui ont œuvré pour que la conscience des enfants soit protégée de tous les dogmes dans l’école publique, les parents étant libres par ailleurs de leur donner l’éducation(religieuse ou non) de leur choix. Cela s’est concrétisé dans les lois laïques des années 1880.
Nous tenons à vous faire part de notre stupéfaction à la lecture du Dauphiné Libéré du 25 janvier
2017 (voir fichier joint). En effet, l’Evêque est venu « rencontrer les enfants » d’une école publique – le RPIde Serves, Erôme, Gervans – dans le cadre des TAP. Il faut savoir qu’il a donc rencontré les enfants de GS,CP, CE1 et CE2 de l’école laïque de ces 3 villages.
Les textes en vigueur et en particulier la circulaire sur les PEDT précisent :
– que les TAP doivent « permettre d’organiser des activités périscolaires prolongeant le service public d’éducation et en complémentarité avec lui ».
– que « les domaines d’activités prévus (sport, activités culturelles et artistiques, éveil citoyen, etc.) », « ont vocation à s’adresser à tous les enfants ».
– que « le projet éducatif territorial prend la forme d’un engagement contractuel entre les collectivités, les services de l’État et les autres partenaires ».
Les responsables de ces TAP (principalement les trois Mairies, l’Association « Seb Sport Évènements » et nécessairement des responsables de l’Education Nationale) ont donc autorisé la venue du représentant de la hiérarchie catholique du département auprès des enfants d’une école publique laïque.
Certes, la « rencontre » n’a pas eu lieu sur le temps scolaire, ni dans des locaux scolaires. Pour autant,peut-on considérer celle-ci comme « un éveil citoyen s’adressant à tous les enfants » ? L’école publique et laïque a pour objet d’instruire et de protéger la conscience des enfants des pressions mercantiles,politiques ou religieuses, est-il besoin de le rappeler…
Les parents confient leurs enfants à l’école publique, et ils sont aujourd’hui nombreux, ceux qui
travaillent en particulier, à n’avoir d’autres choix que d’inscrire leurs enfants dans les TAP. De plus, il semble que dans le cas présent les transports scolaires sont organisés après les activités périscolaires.Outre l’impression laissée sur la conscience des enfants selon le déroulement de la visite, il est inadmissible que des enfants d’une école publique soient utilisés pour organiser la promotion d’une église quelle qu’elle soit !
Nous n’osons penser que les responsables de l’Éducation Nationale étaient au courant de cette
visite.
Nous vous demandons de veiller à ce que les représentants des communes de votre département
soient informés des règles de neutralité qu’ils doivent appliquer dans le cadre des activités périscolaires,lorsqu’elles concernent les écoles publiques.
Nous vous demandons également de veiller à ce que les responsables et le personnel des écoles
soient également sensibilisés, et invités à la vigilance à l’avenir.
Nous souhaitons vous rencontrer pour vous faire part de nos craintes, qui sont loin d’être infondées pour ce qui concerne les activités périscolaires. Celles-ci sont pour nous, dans leur forme actuelle, à la fois source d’inégalité pour les enfants et danger pour la laïcité.
Nous souhaitons connaître votre position, en tant que responsable de l’Éducation Nationale dans le département de la Drôme.
Veuillez croire, Madame l’Inspectrice d’Académie à l’assurance de notre attachement à l’école
publique laïque.
Daniel TEYSSIER
En pièce jointe, l’article du Dauphiné, daté du 25 janvier. en PDF