lu sur indymedia .Nantes Mise à jour : le jeudi 12 janvier 2017 à 02:06
Si les criminels d’aujourd’hui les plus couronnés de succès, les exploiteurs les moins scrupuleux de l’humain et de la nature et les chefs autoproclamés de cette planète se rencontrent les 7 et 8 juillet 2017, ce n’est pas pour que nous nous confrontions à eux avec de quelconques revendications pour un meilleur gouvernement ou pour un asservissement plus social et ainsi demander à ce qu’ils soient réévaluer.
Ils ressentiront la rage de la rue lorsqu’ils se dépêcheront d’envoyer leurs troupes dans les rues désertes et discuteront des attaques nocturnes de ces dernières semaines [1].
Cet appel ne veut pas se perdre comme tant d’autres dans des rencontres similaires, dans une analyse de la rencontre du G20 ou de la politique menée par leurs participants. L’injustice dans le monde a déjà été mille fois commentée et celui qui ne ressent aucun besoin de passer à l’action n’a pas besoin d’un énième texte.
Nous voulons parler de ceux qui sont déjà impliqués dans la lutte contre le capitalisme et ses États étant en conformité avec leur société – donc nous souhaitons parler des États-Unis.
Depuis Seattle en 1999, les contre-sommets étaient un catalyseur de la révolte radicale, des individus et des groupes se réunissaient, discutaient, étaient soudés derrière les barricades et ramenaient les flammes de la révolte dans leurs régions. De même que les coups de feu de Göteborg et de Gênes, ou les nombreux indic’ qui se sont introduits clandestinement n’ont pas pu mettre un coup d’arrêt au développement d’un réseau émeutier dans toute l’Europe des courants autonomes, anarchistes et anti-autoritaires.
Puis des critiques de l’événement ont commencé à circuler, comme si quelqu’un avait justement plaidé pour agir en touristes de l’émeute dans une ville quelconque. C’est au milieu d’effluves de champagne de quelques gestionnaires du mouvement que les manifs contre le G20 ont été préparées à Cannes et à Nice en 2011. Il fallait que tout change, s’améliore, se politise. A l’époque, aucun retour ni aucune analyse n’a par la suite été diffusé. La résistance s’était arrêtée purement et simplement, il y avait seulement les ONG habituelles qui passaient leur programme.
Désormais, c’est donc à Hambourg que ça se passe, et les responsables meurtriers du quartier général des services secrets, les services de police et les commandements militaires se tirent les cheveux. Ils craignent que nous venions. Mais nous n’avons pas de leadership qui peut être éliminé, notre résistance ne dépend pas du comportement de cadres de quelques individus isolés. Peut-être que rien ne se passera si toi, qui lis ce texte en ce moment, ne vas pas t’activer. N’attend pas que d’autres personnes préparent quelque chose à ta place, de sorte que tu n’es plus qu’à bondir dessus.
Il y aura sûrement une grande manif d’idiots de la gauche, qui veulent mettre en scène leur rituel démocratique, comme un certain M. Marx ou Lénine l’avaient appliqué il y a 150 ans. Et peut-être que nous serons là aussi, à la manif, ou aux abords, ou derrière les lignes des flics. Il y a encore du temps pour y réfléchir et s’y préparer.
En revanche, nous appelons à une campagne en vue du G20 contre toute forme de domination. Nous voulons détruire jusqu’au mois de juillet 2017 (et même si ça ne peut être que symbolique….) la domination du patriarcat sur les femmes, la domination de l’État aux frontières et dans les centres urbains, la domination du travail sur nos vies quotidiennes, la domination de l’argent sur nos comportements au sein de la société, la domination des marchandises sur nos vies, la domination des flics dans nos têtes quant à la peur de la répression.
A Hambourg et dans chaque ville et village, un nombre interminable de cibles se prêtent à la destruction., donc nous devrions commencer maintenant. Ainsi, en juillet 2017, le fossé entre le monde du G20 et le reste du monde sera devenu si grand que nous n’aurons plus besoin de contre-sommet pour nous retrouver. La campagne combative contre le G8 à Heiligendamm en 2007 pourrait servir de modèle car, mis à part une procédure d’enquête absurde, elle a transmis une nouvelle génération de combattant-e-s par des actions clandestines auto-déterminées et les reculs des flics de Rostock fuyant une pluie de cailloux, un sentiment de notre propre force et des possibilités d’organisation horizontale.
De plus, nous appelons également à un approfondissement théorique de notre praxis, où la présence ou l’absence d’anarchie devrait être revue quant à son acceptation, lors des révoltes comme en France récemment, des spectacles comme en mars 2015 à Francfort, des rituels comme le 1er mai, ou des luttes de quartier au quotidien ou dans la lutte contre les nazis. Car partout où nous ne sommes pas présents, nous ne pouvons pas nous plaindre de la prédominance des réformistes. Là où l’on trouve seulement des phrases vides de sens accompagnées d’un (A), le bavardage superficiel au sujet du « consensus d’action » peut se faire entendre par des distanciations qui s’en suivent. Un tel discours devrait dépasser les rares références au G20 faites jusqu’à présent (et qui méritent d’être saluées) dans les communiqués de revendication d’attaque.
Notre lutte contre le sommet du G20 ne cherche à remporter aucune « victoire », au sens d’empêcher la tenue de cet événement. Cela pourrait tout simplement être le début de quelque chose qui pourrait aussi commencer n’importe quel autre jour : l’auto-détermination de l’individu sur l’existant et l’auto-organisation dans les structures collectives. Il faudrait faire attention à ne pas restreindre l’appel à cela, donc,
Attaquons le G20 !
Dévastons Hambourg !
Détruisons l’Europe forteresse !
[Traduction de l’allemand de linksunten indymedia.org]
NdT :
[1] Dans cet appel publié fin août 2016, les compagnon-ne-s font référence aux attaques nocturnes contre le sommet du G20 réalisées les semaines précédentes. Nous en faisons une liste, forcément incomplète, ci-dessous :
- Hambourg, 30 mai 2016 : le commissariat en pré-fabriqué du quartier de Rissen est en partie incendié. Les dégâts sont importants.
- Hambourg, 6 juillet 2016 : deux guichets automatiques de la HVV, compagnie de transports de la ville, sont incendiés.
- Berlin, 15 août 2016 : la permanence électorale d’un politicard du SPD (soc’-dém) et l’agence de l’entreprise ‘Krüger’, qui tirent profit du contrôle et de l’enfermement des prisonniers, perdent leurs vitres. Davantage d’explications de l’action sont détaillées dans le communiqué.
Pour donner un plus large aperçu de la conflictualité en lien avec le prochain G20, nous avons choisi d’actualiser cette chronologie d’actions directes et de désordre en vue de la réunion des puissants à venir. Elle s’arrête à la fin de l’année 2016.
- Berlin, 8 septembre 2016 : incendie d’une antenne-radio de la police fédérale.
- Hambourg, 23 septembre 2016 : des voitures personnelles du chef de police, Enno Treumann, qui sera notamment en charge des opérations de maintien de l’ordre lors du G20 début juillet prochain à Hambourg, ont été détruites par le feu. Le communiqué de revendication de l’attaque ici.
- Dresde, 3 novembre 2016 : un collabo de l’armée part en fumée. Il s’agit d’un véhicule de THYSSENKRUPP, entreprise connue pour son implication dans l’industrie d’armement.
- Berlin, 6 novembre 2016: incendie de plusieurs véhicules de la DEUTSCHE TELEKOM, connue pour apporter un soutien technique et logistique à l’agence de sécurité européenne FRONTEX.
- Berlin, 12 novembre 2016 : un collabo de l’armée et des frontières, THALES, perd un véhicule dans un incendie. Comme le dit si bien le communiqué de revendication, il s’agissait « de prendre le philosophe de la Grèce Antique aux mots : ?νιαρ?ν ?ργ?α (« l’inactivité est une souffrance). ».
- Berlin, 23 novembre 2016 : Attaque des nouveaux bureaux de l’entreprise de btp HOCHTIEF.
- Berlin, 25 novembre 2016 : incendie d’une pelleteuse de chantier à la Cuvry-Brache, symbole de la gentrification
- Hambourg, 26 novembre 2016 : un groupe d’individus masqués attaquent la « Messe », le pavillon d’exposition qui doit accueillir dans moins de deux semaines un sommet de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). C’est aussi le bâtiment dans lequel se tiendra le sommet du G20 début juillet prochain. Cf Photos des dégâts et texte en français.
- Athènes (Grèce), 30 novembre 2016 : le bureau de l’entreprise de sécurité S.C.S, situé dans le quartier de Zografou, perd ses vitres.
- Leipzig, 6 décembre 2016 : trois véhicules de la police municipale (« Ordnungsamt ») sont incendiés sur un parking.
- Berlin, 7 décembre 2016 : Attaque incendiaire contre le bureau de police de recouvrement des amendes
- Lund (Suède), 27 décembre 2016 : Banque attaquée en vue du G20 à Hambourg.