Grenoble ( Isère) Démantèlement du camp de Flandrin-Valmy Chroniques d’une expulsion ordinaire

note Grenoble:Aucun étonnement que le 27 décembre Le Dauphiné libéré fasse  la promo de la municipalité de Grenoble, quand à sa position contre le TGV Lyon Turin,mais  lorsqu’on observe sa politique vis à vis  des logements vides ( silence)  et celle concernant  les bibliothèques publiques, Ce qui permet à la municipalité grenobloise  de construire une image de rebelle  de l’autrec ôté des Alpes

Valence:  un article et une photo du journal « le monde du 30 décembre une photo d’un groupe d’Albanais sous un porche d’immeuble mais au cours de l’article page 9:  » Valence débordée par l’afflux de familles, des dizaines d’Albanaise sont  à la rue » on comprends que cette photo est prise devant le porche du diaconat Protestant. Dans cet article aucune critique du maire de valence  qui a supprimé deux squats expulsés dont l’un des deux occupé par des albanais et  après des procès contre une association et  supprimé, après  des  actions en justice de la mairie, un logement HLM à une association non caritative l’ASTIV pour donner des cours d’alphabétisation ( rue verdi à Fontbarlette) .le service de la communication de la mairie  est efficace..

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Haro Grenoble


29 décembre 2016

Mercredi 14 décembre 2016, au beau milieu de l’hiver grenoblois, un campement hébergeant une soixantaines de personnes (majoritairement originaires d’Europe de l’Est) a été évacué par la préfecture et les services de la ville. Il était situé à Flandrin-Valmy, juste à côté du stage des Alpes. Plusieurs lecteurs nous ont envoyé un témoignages de cette matinée. Nous les publions ci-dessous.

Démantèlement du camp de Flandrin Valmy : un premier témoignage

Rdv à 6 heures, des feux de camps émergent dans une nuit froide. Ces feux allumés en 4 endroits résonnent étrangement avec la présence éparpillée d’une vingtaine de militants. Le froid est matérialisé par la présence du givre qui illumine les tentes comme des étoiles paradoxales sur des abris de misères. Le camp, constitué majoritairement de tentes a grossi. Ces tentes sont là, aux yeux de tous, derrière un stade de foot, depuis près de trois mois.

Il y a une soixantaine de personnes qui vivent ici maintenant, des gens de différents pays des balkans, demandeurs d’asiles, des Rroms et d’autres dont on ne saura jamais rien puisqu’ils sont partis dès lundi, lors de la visite des flics, passés en nombre impressionnant. Au moins trois cars de la police nationale et autant de voitures de flics en civils. Leur mission : annoncer aux gens qu’ils seront expulsés dans deux jours, et « peut-être » relogés. Les hommes seuls n’obtiennent pas ces promesses de relogement : on leur dit que ce sera plus compliqué, voire même qu’il n’y a pas du tout de solution pour eux… Aucun papier n’expliquant les procédures à venir n’a été distribué

Revenons à cette matinée du mercredi, où deux jours après cette annonce officieuse de destruction du camp les gens doutent encore : beaucoup ont préparé des affaires, certains démontent leur tente puis les remontent en se disant qu’il vaut mieux attendre au cas où. Des discussions pleines d’incertitudes ont lieu entre les militants et les habitants. Beaucoup de peur et d’incertitude, mais un peu d’espoir aussi. Les flics n’ont-ils pas parlé de relogement ? Mais pas pour tous. Et pour combien de temps ? L’attente est étrange, irréelle et en même temps, pleine d’appréhension, pour tou-te-s.

Au moment où les soutiens du camps commencent à vouloir partir, il est presque 8h du matin : une farandole de keufs arrive en trombe, en effectif un peu moins nombreux que lundi lors de l’intervention « menace-fichage » (depuis ce moment, certaines familles en situation irrégulières ont immédiatement quitté le camp).
Le défilé des cowboys commence, certains encagoulés à la manière des Forces Spéciales et d’autres, visiblement contents de leur action,commencent à expulser les militants présents sous prétexte de mieux trier le cheptel humain du camp. Après ce premier tri, un deuxième s’effectue… par nationalités. Certains sont prévenus qu’il n’y a apparemment pas de solution pour eux. La colère, l’incompréhension et la peur se lisent sur les visages. Des scellés sont placés autour du camp. Un militant qui avait pu rester avec les migrants est expulsé manu militari par un policier qui lui dit, entre autres réflexions finaudes, « de les accueillir chez lui ».

Les employés des espaces verts rentrent en action presque une heure plus tard : les tentes sont une à une broyées par une pelleteuse et jetées dans des bennes. Personne n’a pu récupérer les tentes, les flics n’ayant laissé à personne l’opportunité de les démonter. Toutes les familles présentes, maintenant derrière le scellé, regardent avec incompréhension cet effacement méthodique d’une partie de leur vie. C’est la confusion totale, tout le monde devrait finalement être relogé, mais aucune information précise ne circule, l’incertitude demeure .

Les employés du CCAS tentent de trouver des solutions, en improvisant totalement. Ils auraient été prévenu la veille par le préfet. Ce même préfet qui a ordonné la destruction du camp en pleine période hivernale et qui ne s’est pas préoccupé de relogement…enfin si, pour six personnes seulement et ce, jusqu’au… 31 décembre : Bonne année ! Certaines personnes du CCAS ne cachent pas leur colère vis-à-vis du préfet qui les a laissées se démerder au dernier moment.

A partir de 10h30-11h, des voitures du CCAS font la navette pour emmener les familles à leur hôtel. Toutes seraient relogées. La plupart des personnes est soulagée et voit cet hébergement temporaire comme un répit. Mais l’hébergement en hôtel durera seulement jusqu’au 31 janvier pour la majorité d’entre-elles.
Le parc se vide progressivement, certains militants accompagnent les familles, des enfants jouent, une poule picore. Encore une fois l’avenir s’annonce radieux….
Pour rappel les hébergement en hôtel ne conviennent à personne. Ils sont très onéreux (200 000 euros sur cette opération pour le CCAS, donc pour la Ville de Grenoble) et provisoires.

De surcroît, les personnes relogées, déjà en grande précarité financière, ne peuvent pas cuisiner. Alors que des solutions alternatives existent, comme la réquisition des (très nombreux) logements vides.


« Démantèlement sauvage, paisibles migrants », un second témoignage

David, un autre lecteur, nous a lui aussi envoyé un récit de cette expulsion. Nous ne partageons pas tout de son texte. Nous le trouvons un peu naïf dans sa conception du rapport aux institutions et de l’action politique. Il confond organisation collective et nécessité de se doter d’un chef. Son côté donneur de leçons agacera surement celles et ceux qui militent aux côtés des migrants depuis des années.

Ceci étant dit, le texte de David décrit bien la banalité du démantèlement d’un camp rom au milieu de l’hiver : la manière dont la mairie et la préfecture se renvoient la balle pour ne pas assumer leurs responsabilité, le mépris des institutions pour les Roms, les traducteurs qui partent au bout de 10 minutes sans avoir donné toutes les explications nécessaires, les tractopelles qui rasent le camp sans permettre aux gens de récupérer leurs affaires…

On vous invite à lire son récit directement sur son blog.


Expulsion du camp Valmy : Les tentes reviendront, réquisition !

L’Assemblée des locataires, mal-logés, sans logements nous fait parvenir son communiqué à propos de cette expulsion. Nous vous invitons à la lire ci dessous.

Le 19 décembre 2016

Mercredi 14 décembre à 8h du matin les services de l’Etat ( DDCS, Police Nationale ) et de la Mairie de Grenoble ( CCAS, services techniques et Espaces Verts à l’aide de pelleteuses ) sont venus expulsé une vingtaine de familles ( 59 personnes) qui vivaient sous tente depuis plus de deux mois dans ce rude début d’hiver. Vision trop insupportable pour la vitrine de Grenoble « Terre d’Accueil » – communication cynique s’il en est – quand il s’agit de « faire propre » préfecture et Mairie savent faire concorder leurs moyens.

Ces demandeurs d’asiles d’ex-Yougoslavie et d’Albanie ont été hébergés en hôtel dont 6 familles jusqu’au 31 décembre par la préfecture (bon réveillon !) et 12 familles jusqu’au 31 janvier par le CCAS. Les dirigeants ont donc préparé une opération d’expulsion violente, là où l’hébergement aurait pû et dû être prévus en amont, quand les services techniques sont prévenus avant les services sociaux, le ton est donné : face aux réfugiés il faut montrer les muscles.

Nous rappelons ici l’obligation d’accueil des demandeurs et demandeuse d’asile, par la France dans son préambule à la Constitution de 1946 :

« Article 4. Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République. »

« Article 10. La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement. »

La Mairie de Grenoble a marché dans les pas de la préfecture, elle se retrouve à payer le prix fort ! Là ou les tentes auraient pu être pliées, elles on été broyées, là ou des affaires auraient pu être rangées, les pelleteuses ont remplis des bennes.
A l’heure du plan d’austérité du gouvernement, du « plan de sauvegarde municipal », où le manque de moyen est sans cesse mis en avant, la Mairie de Grenoble et la préfecture choisissent de payer des nuits d’hôtel pour ces familles qui relèvent du droit d’asile, à qui reviennent de droit un hébergement en CADA aux frais de l’État. Nous rappelons ici qu’il manque plus de 1000 places CADA sur les départements : Drôme, Isère Savoie et Haute Savoie (source OFII). Le coût faramineux de ces hébergements inadaptés pour des familles sans ressources financières
( impossibilité de faire la cuisine, promiscuité) est inacceptable quand la Ville, la Métropole , le Conseil départemental et la Préfecture auraient pu s’engager durablement à de moindres frais en réhabilitant et mettant à disposition un ou plusieurs de leurs nombreux bâtiments laissés vides. En programmant l’expulsion avant le relogement, la Mairie se retrouve à bricoler en subissant les décisions de la Préfecture.

Par cette expulsion soudaine, la préfecture et la ville de Grenoble ont cassé toute la solidarité à l’initiative des riverains et habitants qui ont tissés des liens sur places avec les personnes du campement. Les discours de MM. PIOLLE et FERRARI tenus lors des États Généraux des migrations contrastent fort avec la pratique : alors que la société civile se mobilise survient une expulsion aussi
violente qu’improvisée. Nous tenons à dénoncer pour finir les pratiques « inhumaines » de tris entre les demandeurs d’asiles et des gens à la rue en général qu’opère la préfecture de l’Isère.

PAS UN LOGEMENT SANS PERSONNE DEDANS ; PAS UNE PERSONNE SANS LOGEMENT DÉCENT !
UN TOIT C’EST UNE URGENCE, UN TOIT C’EST UN DROIT .


Enfin, le Centre d’information inter-peuple a lui aussi publié un communiqué suite à l’expulsion. Vous  pouvez le lire ici..