Greenoble (Isère):Joyeux bordel : Une bûche dans ton conseil ! Retour sur le conseil municipal de lundi 19 décembre 2016

haro grenoble.info

note: information à tous  ceux qui lisent le numero #6 De Tout Bois ( disponible aussi  au laboratoire) et aussi à nos amis du val de susa et qui ont été piégé  dans le cadre de « Caravana Ciclista No TAV » du val de susa  à Bayonne..

Lundi 19 décembre, pour la 6ème fois consécutive, Piolle et son équipe ont tenu conseil municipal sous protection policière. Bibliothécaires, animateurs précaires, simples citoyens, mais aussi agriculteurs et commerçants, s’étaient donné rendez-vous devant le conseil municipal pour protester contre la politique de la municipalité rouge-verte.

Quelques bibliothécaires en lutte nous envoient ce compte-rendu.

Hôtel de ville de Grenoble lundi 19 décembre à 14h : la police municipale commence à se déployer dans la mairie en vue de rendre inaccessible le conseil municipal où doit être voté le budget 2017. C’est le sixième conseil municipal d’affilé qui se tient sous protection policière pour faire face à la contestation du plan d’austérité.

A 15h, a lieu, dans la mairie, une AG du personnel de la Ville. Les syndicats ont dû batailler avec la Ville pour que les agents puissent se réunir à l’intérieur de la mairie et non dans le froid sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Une cinquantaine d’agents de la Ville sont présents : des bibliothécaires, des agents du CCAS, des animateurs du périscolaire, du personnel de la santé scolaire et du service aux personnes âgées, de l’immobilier, etc., ainsi que des membres de l’intersyndicale CGT-FO-SUD-CNT. Tous décrivent la même dégradation de leurs missions par le plan d’austérité, les mêmes arguments utilisés pour justifier cette casse, les mêmes stratégies de « management par projet » où l’on demande aux agents de co-construire de nouvelles façons de travailler qui sont ensuite utilisés contre eux, etc. Ce qui ressort de cette AG, c’est que tous les services publics de la Ville et du CCAS sont impactés par ce plan d’austérité qui provoque souffrance au travail, perte de sens du métier, dégradations des conditions de travail (faire plus avec toujours moins) et donc du service public pour les usagers.

A 17h nous devons quitter l’Hôtel de Ville si nous voulons qu’une prise de parole des bibliothécaires puisse être faite lors du conseil municipal. Cette prise de parole a été demandée lors du rendez-vous arraché avec le maire le vendredi. Il s’agit d’un chantage porté par le cabinet du maire : si la mairie n’est pas évacuée, pas de prise de parole ! Ainsi l’exaspérant bouffon Julien Zloch (responsable du cabinet du maire) ne cesse de nous répéter que « les manifestants [c’est-à-dire nous] doivent quitter la mairie, sinon pas d’intervention ! » La police municipale est déployée, elle interdit l’accès au hall du conseil municipal, et indique la sortie. Nous décidons de quitter la mairie pour que les deux collègues bibliothécaires, accompagnées par des représentants de l’intersyndicale, puissent faire leur prise de parole.

Alors que nous descendons par une cage d’escaliers, suivis par les municipaux, voici que montent des manifestants criant des slogans contre la politique d’austérité. La police repousse fermement les manifestants. On se retrouve au rez-de-chaussée de la mairie au niveau des parkings. Les flics sont nerveux, ça stagne dans le couloir. Leurs talkies walkies n’arrêtent pas d’indiquer des « intrusions » dans la mairie ce qui semble les paniquer. On les sent dépassés et excédés que nous trainions des pieds. L’alarme incendie se met à retentir dans toute la mairie. Les flics décident de nous sortir : ils nous poussent durement contre les portes de sortie mais ça bouchonne car il y a des manifestants devant les portes à l’extérieur. La police perd son sang-froid, pousse violement, assène des coups de pieds et sort les gazeuses. Alors que nous sommes pratiquement tous sortis, et que plusieurs d’entre nous sommes bloqués dans le sas, elle asperge abondamment de gaz pour accélérer le mouvement. On sort tant bien que mal avec le visage et les yeux en feu. Du sérum phi est distribué pour calmer les brulures. Les manifestants ont compris qu’à chaque conseil municipal la police municipale a la gâchette facile sur les gazeuses : le sérum phi fait donc parti du kit indispensable à tout-e grenoblois-e hostile au plan d’austérité de la municipalité.

Nous remontons sur le parvis de l’hôtel de Ville où sont rassemblées au moins 300 personnes (des agents municipaux, des grenoblois-es, des syndicalistes, des commerçants). Des banderoles (« territoriaux en lutte », « bibliothécaires en lutte ») sont accrochées sur le parvis, d’autres sont tenues en main par des agents de la Maison des habitants Bajatiere opposés à sa fermeture, par les animateurs du périscolaire en lutte, ou encore des commerçants en colère. Un tracteur est stationné à côté des lignes de tram, le hall et les escaliers sont jonchés de pancartes contre l’austérité. En arrivant sur le parvis, on constate qu’il y a de la terre partout (on apprendra, par la suite, que c’est du fumier qui a été jeté par les grenoblois-es), une des vitres, donnant accès à la cour intérieur, a été soulevée et est calée par un charriot, ce qui a permis à plusieurs manifestant de s’engouffrer dans la cour. A peine a-t-on le temps de jeter un œil qu’arrivent plusieurs camions de la police nationale desquels sortent des casqués. Boucliers, matraques, flashball et gazeuses aux poings, ils arrivent au pas de course sur le parvis, passent par la vitre soulevée et frappent à tout va les manifestants dans la cour. Après nous avoir évacué violemment du parvis à grands coups de matraque, ils balancent les gaz. Un nuage de lacrymos’élève devant la mairie. Comme si deux semaines de pic de pollution important n’avaient pas été suffisantes pour ravager nos poumons, les grenoblois-es se retrouvent à inhaler de la lacrymo – merci Eric Piolle !



Alors que les manifestants refluent sur le côté de la mairie, d’autres se retrouvent sur les lignes de tram et la route, bloquant le trafic et la circulation. Beaucoup de gens toussent et sont choqués par la violence de l’intervention de la police. D’autres camions de la nationale se pointent, vomissant leur cargaison de casqués. Quatre chasseurs alpins qui font leur ronde Vigipirate proposent leur aide aux policiers. Qu’est-ce qu’ils peuvent faire ? Tirer quelques salves de Famas sur les grenoblois-es ? Alors que des flics occupent les escaliers de la mairie sous les banderoles des agents en lutte, d’autres se positionnent face aux manifestants et se mettent à charger. Les manifestants refluent plus loin vers le parc Paul Mistral. Le son de la Batucada résonne au loin. Un commerçant énervé vient gueuler sur les flics. Il est outré par la politique de réglementation des marchés de la municipalité qui met à mal son métier et à laquelle la Ville n’a que les coups de matraque et les lacrymos comme réponse. Les nationaux, puis la BAC (flashball et matraques au poing) hésitent à l’interpeller mais décident finalement de ne pas intervenir et le laisse gueuler.

Nous discutons en attendant nos collègues revenir de leur intervention au conseil municipal. Nous accueillons notre délégation par des applaudissements qui est un peu ahuris par l’ambiance surréaliste de l’hôtel de ville avec tous ces flics casqués au milieu des banderoles et panneaux des manifestants. Elles nous racontent leur intervention. Pendant que nous subissions les violences Piollicières, elles subissaient le verbiage Piolliticien : le maire assume les positions qu’il tient depuis 7 mois ; récite sans conviction son blabla éculé sur les finances de la Ville ; ment de façon éhonté sur le maintien du service offert aux grenoblois (habitants, scolaires, etc.) malgré la fermeture de deux bibliothèque et l’amputation de moitié (collections et agents) de la troisième ; et fait un verbiage incompréhensible sur la demande de moratoire faite par le collectif d’habitants « Touchez pas à nos bibliothèques » pour l’arrêt du dépeçage des collections alors qu’une pétition pour la votation citoyenne est en cour. Décryptage de son baratin au conseil : il nous a clairement dit lors de notre rencontre de vendredi qu’il continuera à vider les bibliothèques et que peu importe le nombre de pétitions recueillies. Vider les bibliothèques pour qu’elles ne puissent plus jamais ouvrir. Monsieur le maire, assume se foutre éperdument des agents, du service public et des grenoblois-es.

Cette municipalité, planquée dans sa tour d’ivoire gardée par la police, continue à assumer, dans une inflexibilité puérile, sa casse du bien commun. Ils continuent à faire une ville sans nous et contre nous. A la colère légitime des Grenoblois-es ils n’ont comme réponse que leur suffisance, leur mépris, leur austérité, les gaz et les matraques. Grenoble, ville émancipatrice qu’ils disent, honte sur eux !
Vous n’avez pas fini de nous entendre. Nous continuerons à nous battre

Quelques bibliothécaires en lutte (et toujours déter’)

Ps : On apprend sur le site du Dauphiné Libéré que la Ville de Grenoble, dans un communiqué, dénonce « les dégradations » lors du conseil municipal, et que « toute manifestation, aussi légitime puisse-t-elle être, ne peut empêcher le conseil municipal de se tenir normalement. » On ne peut que doucement rire à ce qu’est un conseil municipal normal pour la municipalité Ecologiste / Parti de Gauche : six conseils municipaux consécutifs barricadés par une police qui n’hésite pas à gazer et frapper les manifestants hostiles à leur politique antisociale. Et qu’est-ce qu’une vitre détériorée comparée à la violence sociale de la politique d’austérité (en particulier dans les quartiers populaires), la souffrance au travail des agents, le mépris des grenoblois-es et du personnel en lutte depuis 7 mois, les violences policières et surtout la casse du service public ?


A lire aussi, le communiqué de Solidaire : « le maire Éric Piolle impose son budget austéritaire à coups de matraques »

PDF - 148 ko