Des tentes, des bâches, des cartons, des matelas à même le sol… Soudanais, Erythréens, Syriens, Afghans, quelque 2.000 personnes sont de nouveau installées dans le « triangle des migrants », entre l’avenue de Flandres et les métros Jaurès et Stalingrad, au nord de Paris. Lundi matin 31 octobre, dans un climat tendu, la police a effectué une importante opération de « contrôle administratif » alors que le Premier ministre Manuel Valls a annoncé l’évacuation du camp d’ici la fin de la semaine.
Dans le 19e arrondissement, on s’attend donc à une nouvelle évacuation, une de plus. Le quartier en a déjà connu une trentaine. La précédente opération de grande ampleur remonte à peine à plus d’un mois, le 16 septembre. Près de 2.100 réfugiés avaient été évacués.
(Migrants : vaste opération de contrôle à Paris au camp de Stalingrad, NouvelObs, 31 octobre 2016 à 11h44)
Migrants : opération de contrôle au campement de Stalingrad à Paris
AFP, 31/10/16 à 11:37
L’objectif des autorités est de vérifier la situation administrative des occupants et l’état sanitaire du campement, avant une évacuation attendue dans les prochains jours.
Alors que les opérations de nettoyage se terminent du côté de la « Jungle » de Calais , une opération de « contrôle administratif » était en cours lundi matin sur le campement de migrants du quartier Stalingrad, à Paris, où quelque 2.000 personnes dorment depuis plusieurs jours, a-t-on appris de source policière.
L’objectif des autorités lors de ces opérations de contrôle est de vérifier la situation administrative (c’est-à-dire le droit au séjour) des occupants et l’état sanitaire du campement, avant une évacuation attendue dans les prochains jours.
Dénoncées par les collectifs de bénévoles, elles sont régulièrement pratiquées sur ces sites précaires installés en pleine rue, et sont distinctes des évacuations avec « mise à l’abri » menées par les services de l’Etat et la Ville de Paris.
Un premier travail de déblayage
Lundi matin, deux cordons de CRS ont ainsi encerclé une grosse centaine de migrants, une partie sous le métro Jaurès, une autre au niveau du canal Saint-Martin où sont installés les Afghans.
Dans son coin, une pelleteuse commençait son travail de déblayage des matelas et couvertures. « S’ils ne nous donnent pas d’abri, pourquoi détruisent-ils nos maisons ?« , s’interrogeait un Afghan, tandis qu’un autre assurait : « Il ne me reste plus rien, je n’ai plus que mes vêtements, mes chaussures et mes documents« .
Vers une évacuation rapide
Depuis plusieurs semaines, un campement de migrants (Soudanais, Érythréens, Afghans…) s’est reconstitué dans ce quartier populaire de la capitale. Le campement a beaucoup grossi ces derniers jours avec 2.000 personnes environ actuellement installées à même le macadam, un gonflement expliqué côté associatif par des reports depuis Calais où la « Jungle » était démantelée.
Mais, « ce ne sont pas ceux de Calais qui sont allés à Paris », a assuré samedi François Hollande, en promettant une évacuation rapide. Celle-ci pourrait intervenir dans les jours qui viennent, selon Bernard Cazeneuve.
Pour empêcher la constitution de ces campements, la maire de Paris a décidé d’ouvrir un « centre d’accueil humanitaire », chargé de prendre en charge les migrants pendant quelques jours avant de les répartir sur des structures d’hébergement plus pérennes en régions : des Centres d’accueil et d’orientation (CAO) similaires à ceux qui ont accueilli les migrants de Calais.
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Depuis quelques jours, environ 2 000 personnes se sont réinstallées dans le quartier populaire de Stalingrad, où une opération policière a été lancée lundi 31 octobre.
Organisation précaire
Depuis mai 2015 à Stalingrad, Loïc Horellou, un riverain, voit des campements se faire et se défaire :« Au début je n’y prêtais pas attention. Je me disais : “Il y a des choses, il y a des structures, il y a l’Etat…” Mais en fait il n’y a rien, on s’en est vite rendu compte avec plusieurs voisins. »
Donc depuis plus d’un an, ces particuliers interviennent. « On est passé par un apprentissage de la situation des migrants », explique ce graphiste qui connaît par cœur tout l’historique des évacuations du quartier.
De la simple visite, à la distribution de repas, en passant par l’accompagnement médical et juridique, les voisins se sont transformés en experts de terrain. A tel point que les autorités s’appuient parfois sur leurs connaissances, et que les ONG leur adressent directement des personnes à héberger.
Certains sont organisés en collectif ou en association. Il y a par exemple le Bureau d’aide aux migrants (BAM), le Collectif Parisien de Soutien aux Exilé-e-s (CPSE), La Chapelle debout, Quartier solidaire, ou encore, plus de 130 voisins qui s’organisent chaque matin pour distribuer un petit-déjeuner. Tous essaient de s’accorder, mais « on constate actuellement un cruel manque de coordination entre les institutions, les associations et les riverains », déplore Loïc qui, passant le long des tentes, salue les migrants et les bénévoles qui le reconnaissent.
Sans un soutien franc et assumé de la mairie de Paris, ni une action unique coordonnée par les pouvoirs publics, l’image du campement en pâtit et des tensions émergent.
« Quand quelqu’un arrive sur un campement de 600 personnes avec vingt sandwichs, raconte Loïc, ça crée une mini-émeute. Les riverains qui voient cette scène depuis leurs fenêtres, ils pensent que c’est un camp de zombies. Or, si on organisait un minimum la distribution alimentaire, cela ferait baisser le niveau de tension. »
Plus de 2 000 migrants
« Quand les policiers sont arrivés lundi matin, j’ai jeté ma tente en bas [du quai de Jemappes]. Quand ils seront partis, je reviendrai la planter au même endroit », expliquait Yassin, un Afghan de 18 ans, lors de l’opération de contrôle du 31 octobre.
Depuis cet été, le jeu du chat et de la souris s’intensifie entre la préfecture de police et les migrants. Une conséquence, sans doute, du fait que le gouvernement ne veut plus de campements visibles dans la capitale. « En août, un commissaire nous a clairement dit, pendant une tentative d’évacuation, qu’il fallait que les migrants se dispersent, qu’ils restent par groupe de quatre ou cinq pour éviter d’être embêtés. Sauf qu’en petit groupe, ils n’auront pas le droit à l’évacuation. Ça fait d’eux des SDF », analyse Loïc.
Lire aussi : Dans le nord de Paris, de plus en plus de tentes de fortune abritent des migrants
Par ailleurs, depuis la dernière évacuation, le 16 septembre, il n’y en a pas eu d’autre. Boulevard de la Villette, avenue de Flandre et quai de Jemappes, les tentes débordent bientôt sur la route. A l’intérieur, par deux ou trois, dorment des Afghans, des Somaliens, des Ethiopiens, des Soudanais ou des Erythréens. Parmi eux, des mineurs isolés, des femmes et des enfants. Ils sont emmenés au commissariat ou éparpillés par la police, mais pas « mis à l’abri ».
Or, on estime qu’il y a entre 50 et 70 arrivées chaque jour dans la capitale. Cela représente donc entre 2 350 et 3 290 arrivées depuis mi-septembre. « On en arrive à plus de 2 000 parce que c’est le flux habituel », résume Loïc. Du côté des migrants comme des bénévoles, personne ne constate un afflux massif en provenance directe de Calais.
A la veille de l’évacuation de ce campement oublié des institutions, ils étaient plusieurs centaines mercredi soir, migrants et citoyens à manifester pacifiquement leur ras-le-bol. Ras-le-bol des conditions insalubres, du manque de suivi et d’organisation des autorités, de la violence des forces de l’ordre, ou des délais non-respectés dans le traitement des demandes d’asile. Calais fermé, Stalingrad s’annonce déjà comme le prochain défi, mais le retard dans la prise en charge est conséquent.
france bleu Drôme Ardèche jeudi 3 novembre 2016 à 22:40
Ardèche : les migrants seront accueillis aux Vans
L’Ardèche s’apprête à son tour à recevoir des migrants. Ce jeudi après-midi, le préfet a annoncé que le centre d’accueil et d’orientation serait situé sur les Vans dans l’extrême-sud du département. Les migrants seront hébergés dans l’ancien hôpital de la commune.
Les recherches d’un site susceptible d’accueillir les migrants avaient fait beaucoup parler. Des repérages avaient notamment eu lieu début octobre à Saint-Barthélémy-Grozon dans le Nord Ardèche faisant réagir le Front national. La préfecture avait également prospecté au Teil. Finalement, c’est la troisième option, celle des Vans, qui a été retenue avec l’accord du maire de la commune Jean-Claude Manifacier et de la députée de la circonscription Sabine Buis, qui ont participé ce jeudi après-midi à l’annonce du site retenu (notre photo ci-dessus).
Un maximum de 65 personnes en provenance des campements parisiens
Les migrants seront accueillis dans les locaux vides de l’ancien hôpital de la commune. La capacité maximale sera de 65 personnes. Faute de place à l’école des Vans, il ne devrait pas y avoir de famille accueillie. Il s’agira majoritairement d’hommes seuls en provenance des campements parisiens. Le site inoccupé doit faire l’objet de petits travaux de remise en état. Pas d’arrivée avant deux à trois semaines. Ce CAO sera géré par l’association Entraide Pierre Valdo, qui s’occupe déjà d’un centre d’accueil à Avignon.