Ils sont soupçonnés d’avoir participé aux émeutes de Moirans, l’an dernier. Douze prévenus vont comparaître, lundi, devant le tribunal correctionnel de Grenoble. Ces violences n’avaient provoqué ni mort ni blessé mais elles avaient suscité une virulente polémique.
Une trentaine de voitures brûlées
Le 20 octobre 2015, de 50 à 100 personnes érigeaient une barricade à Moirans, dans l’Isère, sur la RD 1085, près d’un camp de gens du voyage. Alimentée de poubelles, palettes et véhicules volés, la barricade était incendiée par les émeutiers qui bloquaient également la ligne SNCF Lyon-Grenoble, située non loin de là.
Les locaux de la gare de Moirans étaient saccagés, et un restaurant et divers commerces dégradés. Au total, on a dénombré une trentaine de voitures brûlées et plus de 120 trains bloqués pendant une douzaine d’heures, pour un préjudice évalué à plusieurs centaines de milliers d’euros.La raison de cette éruption de colère : le refus d’un juge d’autoriser la sortie de prison du jeune Mike Vinterstein, 24 ans, appartenant à la communauté des gens du voyage, pour assister aux obsèques de son frère de 17 ans, mort quelques jours plus tôt à bord d’une voiture volée au cours d’un cambriolage.
Polémique politique
Les forces de l’ordre mettront de longues heures à éteindre l’incendie, malgré le renfort de plus de 200 gendarmes et policiers.
Et si les émeutes n’ont fait ni mort ni blessé, elles ont été l’étincelle d’une vive polémique politique à quelques mois des élections régionales, l’opposition accusant le gouvernement de « laxisme » et de contribuer au « délitement » de l’autorité de l’État.
Deux mois plus tôt, des gens du voyage avaient en effet déjà organisé un blocage spectaculaire de l’autoroute A1 à Roye, dans la Somme, pour des raisons similaires.
Trois mois d’enquête
A Moirans, il aura fallu trois mois aux enquêteurs pour identifier une vingtaine de suspects à partir de photos, vidéos, témoignages, empreintes digitales et ADN…
Après une vaste opération de la gendarmerie, dix-sept personnes ont été mises en examen en janvier, dont deux ont finalement bénéficié d’un non-lieu, tandis que trois mineurs doivent être jugés par le tribunal des enfants.
Agés de 18 à 58 ans
Douze prévenus, neuf hommes et trois femmes âgés de 18 à 58 ans, doivent donc comparaître à partir de lundi devant le tribunal correctionnel, dont Adèle Vinterstein, 45 ans, mère du garçon décédé et du détenu.
Rares sont d’ailleurs ceux qui reconnaissent leur participation aux faits, la plupart avouant juste s’être rendus sur place en tant que « spectateurs ».
Le procès doit durer 15 jours. Les prévenus, qui comparaissent libres, encourent une peine de 10 ans de prison.
dauphiné libéré 12/08/2016 à 16:54
ISÈRE SUD / JUSTICE Émeutes de Moirans : le procès en septembre avec 12 prévenus
Trente-cinq voitures brûlées, une route nationale coupée, 125 trains à l’arrêt et la France qui pointe ses yeux et ses caméras sur Moirans. C’était le 20 octobre dernier en fin d’après-midi et la ville iséroise de 8 000 habitants ouvrait les journaux des chaînes d’info en continu avec ces images de voitures en feu. Des émeutes nées du refus de délivrer une permission de sortie à un détenu pour qu’il puisse assister aux obsèques de son frère de 17 ans décédé – comme deux autres jeunes Isérois – trois jours auparavant dans la sortie d’une route d’une voiture volée. Des voitures et des poubelles étaient alors incendiées de part et d’autre de la rue Vincent-Martin qui relie la RD 1085 à la gare de Moirans et où se trouve le camp de la communauté des gens du voyage à laquelle l’adolescent appartenait. Une barricade de tôle et de flammes coupant le principal axe routier de la commune. Une autre bloquant l’accès à la gare où une voiture en flammes était jetée sur les rails.
Des prévenus de 17 à 58 ans
Le 20 janvier dernier, trois mois après les faits – le temps que les polémiques sur le délai d’intervention des forces de l’ordre et l’absence d’interpellation le jour des faits s’estompent –, dix-sept personnes avaient été mises en examen. Trois femmes aujourd’hui âgées de 45 à 58 ans et quatorze hommes de 17 à 56 ans. Début juillet, au terme de l’information judiciaire ouverte quelques jours après les faits, le juge d’instruction en charge du dossier a ordonné un non-lieu pour deux des hommes mis en examen, le renvoi devant le tribunal pour enfants de trois jeunes mineurs au moment des faits et le renvoi devant le tribunal correctionnel de trois femmes et neuf hommes. Six des majeurs et les trois mineurs affichent un casier judiciaire vierge.
Les douze majeurs sont convoqués le 19 septembre devant le tribunal correctionnel de Grenoble pour un procès prévu pour durer deux semaines et s’achever le 30 septembre. Les trois mineurs seront jugés ultérieurement par le tribunal pour enfants.
Si aucun des mis en cause n’avait été placé en détention provisoire à l’issue des mises en examen, quatre l’avaient cependant été par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble au mois de février après l’appel formé par le parquet. Tous sont désormais libres.