lu sur Brèves du désordre
Attaque incendiaire contre l’INCC : « De très peu, obtenir beaucoup »
Lacavale, 31/08/16
« De très peu, obtenir beaucoup ». C’est le slogan de présentation de l’Institut National de Criminalistique et de Criminologie, son objectif principal, sa carte de visite. Inaugurée en 1992, cette institution fédérale qui relève du ministère de la Justice. Sa vocation, c’est d’analyser, d’identifier et d’archiver des traces suspectes et de retracer des modus operandi. Analyses d’ADN et d’empreintes de toutes sortes ; des analyses balistiques et de matériaux utilisés lors d’un crime ; expertises forensiques en tout genre ; bref, la science au service de la police. C’est à partir des traces analysées dans ces dix laboratoires de l’INCC que nombreuses personnes ont été envoyées en prison.
L’INCC se trouve à Neder-over-Hembeek, un quartier dans le nord de Bruxelles. Il est protégé d’un système de vidéosurveillance, mais la nuit il n’y a pas de vigile sur place. Et cela n’a pas échappé à un certain regard attentif. Dans la nuit du 28 au 29 août, vers deux heures du matin, un véhicule volé un mois auparavant défonce les clôtures grillagées de l’INCC. Le véhicule a ensuite poursuivi sa route sur une bonne centaine de mètres et s’est garé le long du côté du bâtiment abritant les laboratoires d’analyse. Deux personnes en salopettes foncées et cagoulées en sont sortis par le côté passager. L’un des auteurs est monté sur le toit de la camionnette pour casser, à l’aide d’une masse, les fenêtres du bâtiment. Tandis que l’autre a déchargé trois bonbonnes (ou bouteilles type fontaine d’eau) contenant du gaz et/ou de l’essence qu’il a déposées sur le toit du véhicule. L’auteur, qui était sur ledit toit de la camionnette, s’en est saisi et les a jetées l’une après l’autre dans le bâtiment avant de s’y introduire à son tour. Son complice a encore déposé sur le toit de la camionnette un seau en plastique noir contenant un liquide ou une poudre de couleur blanche et l’a cette fois balancé lui-même à l’intérieur. À ce moment-là, une troisième personne est sortie du véhicule, toujours par le côté passager, avec une mèche qu’elle est allée placer dans le bâtiment. Puis, les trois sont remontés dans la Peugeot Partner. Démarrant avec le coffre ouvert, ils ont rebroussé chemin et déroulé leur mèche sur une bonne centaine de mètres pour pouvoir provoquer l’explosion à distance, sans risquer de se faire eux-mêmes souffler par celle-ci. La camionnette a quasiment pris feu simultanément et les auteurs se sont évaporés dans la nature.
Pas seulement le feu, mais aussi la fumée et l’eau utilisé par les pompiers accourus sur les lieux ont contribué à détruire un nombre non-précisé d’ « indices » et de dossiers. Six laboratoires sont complètement détruits, les 4 autres labos sont gravement endommagés.
Selon la porte-parole du Parquet de Bruxelles, « il va de soi que plusieurs individus auraient intérêt à faire disparaître des éléments à charge de leurs dossiers judiciaires ». Et il va autant de soi que ces messieurs ne doivent pas venir se lamenter. Au fond, ce sont eux-mêmes qui indiqué quoi faire aux incendiaires inconnus. Avec un peu d’ardeur et de fougue, il est possible d’obtenir un bon résultat, même de peu.