[Terrorisme d’Etat] : Marseille veut doter ses caméras d’une « intelligence artificielle prédictive »

Brèves du Désordre

Marseille va s’équiper de caméras prédictives

Le Point, 26/07/2016 à 19:49

Jeudi 21 juillet, pour la première fois Daech appelle dans une vidéo de propagande à frapper Marseille, deuxième plus grande ville de France. Son maire, Jean-Claude Gaudin, réclame immédiatement au Premier ministre « une mobilisation accrue et significative de tous les moyens humains et matériels nécessaires à la protection des Marseillais, ainsi que des milliers de visiteurs ou de touristes ».

La cité phocéenne n’a pas attendu d’être officiellement menacée par Daech pour renforcer sa sécurité : le nouveau réseau de surveillance a été installé en 2011 et une convention de coordination a été signée entre la police nationale et municipale. La mairie soutient que la synchronisation des informations entre les différents acteurs, entre autres, a permis de réduire d’un tiers la délinquance de la ville. Mais Marseille veut aller plus loin : la ville va s’équiper de caméras fonctionnant avec un algorithme d’intelligence artificielle.

Le précédent Mexico

Ces caméras dernière génération s’inspirent du dispositif de surveillance installé à Mexico il y a cinq ans par le groupe Thalès. Vingt mille caméras, des drones, des boutons d’alerte installés dans les rues ou encore des détecteurs de coups de feu sont disséminés dans la capitale et coordonnés par un immense centre de commandement. Les résultats semblent concluants : le temps d’intervention des forces de l’ordre aurait été divisé par trois et la criminalité aurait baissé de 10 %.

Ces caméras de surveillance sont optimisées grâce à la fusion de la vidéosurveillance, de la big data (sélection d’informations parmi de nombreuses données) et du deep leaming (apprentissage automatique de l’ordinateur). Dans Les Échos, Marc Darmon, directeur général adjoint de Thales, en charge des activités systèmes d’information et de communication sécurisés, explique : « Ce qui importe ce n’est pas le nombre de caméras, mais l’intelligence qu’il y a derrière. En effet, l’intelligence artificielle permet, entre autres, à la caméra, après quelques jours d’apprentissage, d’analyser un comportement anormal par rapport à la situation habituelle, comme par exemple si une même personne revient plusieurs fois au même endroit. Mais surtout l’opérateur sait en temps réel ou sont les secours (police, pompiers, ambulances) et peut les diriger, ce qui a nécessité dans Mexico une refonte totale de la chaîne de commandement. »

Marseille, une safe city en devenir

Début mars, le maire de Marseille a interpellé le ministre de l’Intérieur pour avoir « une nouvelle gouvernance de données pour tendre vers la safe city ». Une mise en commun des données (mains courantes, agenda des événements, travaux de voiries…) a été effectuée à l’échelle locale par les institutions, administrations et collectivités des alentours.

À Marseille, ce système global de sécurité se mettrait en place graduellement, soutient le quotidien économique. Dans un premier temps, les caméras pourraient prédire des rassemblements de masse pour ensuite élargir leurs compétences : contrôle en temps réel de la sécurité, repérage des comportements suspects ou des individus fichés S… Mais ce système à un coût non négligeable : 10 à 12 millions d’euros.


Marseille, menacée par Daech, renforce son réseau de surveillance

Les Echos, 22/07/16 à 17:58

La deuxième ville de France veut doter son réseau de caméras de systèmes d’intelligence artificielle. Pour la première fois, la métropole a été menacée par Daech jeudi.

Les Marseillais tentent de faire face aux nouvelles menaces qui pèsent sur eux. Jeudi, une vidéo de Daech a pour la première fois mentionné la métropole méditerranéenne parmi les prochaines cibles de l’organisation terroriste. Sur les réseaux sociaux, les habitants ont plutôt régi par l’ironie et le préfet de police des Bouches-du-Rhône Laurent Nunez en a relativisé le sens.

Le renforcement du système de surveillance déjà prévu

La ville n’a pas attendu cet événement pour renforcer son système de surveillance. Dans quelques semaines, elle lancera même un appel d’offre pour équiper de logiciels d’aide à la décision le Centre de Supervision Urbaine (CSU) où convergent les images de ses caméras. Une étude du Cabinet d’étude sur la maîtrise des risques numériques Phonesec en a fixé le contour. Ils compileront les données numériques provenant de multiples canaux (voirie, urbanisme, événementiel…). « Il nous dira où déployer nos effectifs, quels moyens matériels mettre en place, s’il vaut mieux fermer telles ou telle rue, déplacer le site d’une manifestation ou changer de date d’un événement à risque », détaille Caroline Pozmentier, adjointe au maire déléguée à la sécurité.

Le projet est dans les cartons depuis 2015 sous le nom de code Big Data pour la tranquillité publique. Dans un premier temps, il sera destiné à la gestion prédictive des quelques centaines de rassemblements de masse. Puis le système pourrait être enrichi de nouvelles fonctionnalités de gestion en temps réel de la sécurité pour permettre par exemple de repérer des comportements suspects ou reconnaître la présence d’individus fichés S.

La mise en place de ce dispositif numérique implique de bouleverser la hiérarchie habituelle de l’ordre public. Dans un courrier adressé début mars au ministre de l’Intérieur, le maire de Marseille réclame « une nouvelle gouvernance des données pour tendre vers la Safe City ». Localement, des partenariats ont été conclus avec les institutions, administrations et collectivités voisines pour mettre en commun des données : prévisionnels de circulation, travaux de voirie, agenda événementiel, mains courantes…

Problèmes juridiques

La question se pose sur les données de police. « Pour optimiser la sécurité, le maire doit disposer de plus de pouvoir judiciaire », insiste Caroline Pozmentier. Des progrès ont été accomplis depuis la signature en 2012 d’une convention de coordination entre la police nationale et municipale.

Le réseau de surveillance mis en place en 2011 a aussi permis de réduire la délinquance d’un tiers selon la mairie, et a « décloisonné les méthodes de travail ». Réunions hebdomadaires, échanges d’informations, le commissariat central dispose d’une ligne numérique qui permet à ses enquêteurs de visionner en direct jusqu’à huit flux et monter les dossiers de réquisition d’images vidéo plus facilement ce qui a permis de tripler le nombre de condamnations .

Dans le monde d’autres villes sont allées beaucoup plus loin. Le système global de sécurité installé il y a cinq ans par Thales à Mexico est impressionnant, même s’il fait un peu froid dans le dos. 20.000 caméras, des drones, des boutons d’alerte installés dans les rues, des détecteurs de coups de feu, des systèmes de contrôle d’accès automatisés. Le tout synchronisé par un centre de commande géant où les ordinateurs surveillés par des dizaines d’opérateurs sont capables de faire le lien entre un son détecté dans la rue, un appel au secours, un objet suspect déposé par un passant, une plaque d’immatriculation reconnue par le logiciel.

« Ce qui importe ce n’est pas le nombre de caméras mais l’intelligence qu’il y a derrière. En effet, l’intelligence artificielle permet entre autre à la caméras, après quelques jours d’apprentissage, d’analyser un comportement anormal par rapport à la situation habituelle comme par exemple si une même personne revient plusieurs fois au même endroit. Mais surtout l’opérateur sait en temps réel ou sont les secours (police, pompiers, ambulances), et peut les diriger, ce qui a nécessité dans le cas de Mexico une refonte totale de la chaîne de commandement » explique Marc Darmon, directeur général adjoint de Thales, en charge des activités systèmes d’information et de communication sécurisés par ailleurs Président du Conseil des Industries de la Confiance et de la Sécurité (CICS). Sur les cinq dernières années, la criminalité baisse de 10 % par an et surtout le temps d’intervention des forces de l’ordre a été divisé par trois affirme le Groupe.