solidarité avec les anarchistes d’azerbaïdjan

Note du laboratoire anarchiste:Nous continuons le combat contre les négationnistes au côté des arméniennes et des arméniens de l’agglomération valentinoise et contre la politique de l’état turque à l’encontre des kurdes** et solidarité avec les anarchistes d’azerbaïdjan face à l’état d’Azerbaïdjan
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repris de http://anarsixtrois.unblog.fr/
Azerbaïdjan, un appel international à « faire du bruit » pour eux entre le 28 mai et le  5 juin, devant consulats ou ambassades.
Les anarchistes azerbaïdjanais lancent un appel à la solidarité pour Bayram Mammadov et Qiyas Ibrahimov, des militants anarchistes détenus par les autorités azerbaïdjanaises pour avoir peint un graffiti, disant « Fuck le système» et «Joyeux jour des esclaves », sur le monument dédié à l’ancien président défunt Heydar Aliyev, en guise de protestation contre les injustices incessantes perpétrées par les élites dirigeantes.
Cela a été fait la veille de l’anniversaire de la mort de Heydar Aliyev le 10 mai 2016, annuellement célébré par le gouvernement de manière ostentatoire. Compte tenu du culte de la personnalité absolue de Aliyev, un tel acte a été sévèrement condamné par le gouvernement (sous la direction de son fils Ilham Aliyev) et les militants ont été arrêtés immédiatement. La police a placé sur eux de la drogue, évitant ainsi l’accusation pour simple motif de hooliganisme.
Ce dernier est passible d’une peine d’emprisonnement allant jusqu’à un an maximum (ce qui, pour le régime Aliyev est une peine « trop légère »), tandis que les charges relatives à la possession illégale d’héroïne sont passibles d’un maximum de douze ans d’emprisonnement. Le fait même que la police ait « découvert » près de trois kilos d’héroïne en possession de chacun des détenus au moment de l’arrestation atteste le fait que l’affaire a été inventée de toutes pièces (penseriez-vous qu’une personne saine d’esprit se promènerait en ville avec une telle quantité d’héroïne cachée dans les poches ?).
Le 12 mai, un tribunal a ordonné leur détention pour une période de quatre mois. Toutefois, s’ils sont reconnus coupables, ils risquent jusqu’à douze années d’emprisonnement. Bayram et Qiyas ont été sévèrement torturés avant et après l’audience au tribunal. Leur avocat Elchin Sadigov a partagé via Facebook, l’exposé détaillé de Bayram sur les tortures qu’il a endurées au 12ème Département de police de Bakou et au Centre de police de la Ville de Bakou.
Ci-dessous, la traduction de la déclaration de Bayram:
Le 10 mai 2016, aux environs de 14-15 heures, 3 personnes en tenue civile, m’ont forcé à monter à bord d’une voiture blanche du type Jeep et m’ont emmené au 12ème Département de police. On m’a amené au bureau de l’Officier en Chef. Il y avait 7-8 officiers en civil. Ils ont immédiatement commencé à me frapper à coups de poings, me gifler et me ruer de coups de pieds. Ils me demandaient pourquoi j’avais pris en photo le graffiti, qui était mon associé, et ainsi de suite. Cependant, je n’étais pas en mesure de répondre à leurs questions car j’ai perdu connaissance. On m’a amené au Centre de police de la Ville de Baku dans une voiture inconnue. J’ai été battu à nouveau et forcé de reconnaître les chefs d’accusation en matière de stupéfiants. Je leur ai dit que je n’avais jamais vu de stupéfiants de ma vie et qu’on ne peut pas m’arrêter pour avoir pris une photo. Cela les a amenés à me battre encore plus fort et exiger de moi d’accepter les charges. Ils m’ont couvert d’injures et insulté. Ils ont baissé mon pantalon et m’ont menacé avec une matraque collée à moi de façon « immorale ». Voilà pourquoi je devais accepter les charges. Et j’ai du « avouer » un témoignage tel qu’ils le voulaient.
Ensuite, on m’a emmené au bureau d’un général et on m’a dit que «si tu déposes des fleurs devant l’État et parle à AzTV, présentes tes excuses à la statue, tu seras libéré ».
J’ai refusé ça, alors ils m’ont battu à nouveau. On m’a amené au Centre de détention provisoire de Narimanov. Le 11 mai au matin, l’Officier en chef m’a ordonné de nettoyer la cour, ramasser les mégots de cigarettes. J’ai refusé et il a commencé à me frapper à coups de poing et me gifler. Je refusais toujours alors il a ordonné à ses hommes de prendre une matraque et de l’enfoncer en moi et a pris une photo. Je devais accepter à nouveau. On m’a donné un balai et une pelle, ils ont pris ma photo. Le tabassage est devenu quotidien.
Après l’audition à la cour du 12 mai, ils m’ont emmené au bureau du chef du Centre de détention provisoire. Il y avait deux personnes en civil. On m’a dit de révéler certains noms et de les rendre coupable de travailler avec moi. On m’a dit de mettre des fleurs en face de la statue, de parler à AzTV et qu’ils me libéreraient avant qu’il ne soit trop tard. Je refusais cela et ils ont téléphoné à quelqu’un à qui ils ont dit «prends soin de lui pendant quelques temps ». Ils m’ont fait descendre plusieurs étages. J’étais menotté pendant qu’ils me battaient à coups de poing, coups de pied et de matraque.
Ils ont même enchaîné mes pieds, ils ont neutralisé ma bouche pour que personne ne m’entende quand ils me battaient.
Ils ont vu que les menottes et les chaînes laissaient des marques de torture sur moi, ils m’ont alors scotché les mains et les jambes dans mon dos. Ils m’ont mis contre le sol, l’un d’entre eux m’a tenu un pieds tandis que l’autre le bastonnait. Puis ils m’ont relevé pour me relâcher d’un coup, me laissant retomber à plusieurs reprises. Après 4 ou 5 fois, les bandes ont été déchirées et cette fois ils ont commencé à m’écraser les mains avec leurs jambes. L’autre continuait de me fouetter le pied. Ensuite, ils m’ont frappé la poitrine et les genoux avec le manche d’une matraque. Je perdais connaissance et ils m’ont laissé à terre. Eux aussi étaient fatigués. Ils ont mis une feuille de papier blanc sur moi et m’ont dit que s’ils la voyait tomber, ils me battraient à nouveau. Ils l’ont fait par la suite.
Après un certain temps, ils ont exigé de moi de nettoyer les toilettes. Quand j’ai refusé ça ils ont commencé à me battre plus fort, cette fois en me filmant avec une caméra.
J’ai perdu connaissance après ça, ils m’ont réveillé en versant de l’eau sur moi. Ils m’ont emmené à ma cellule alors que j’étais pieds nus. En ce moment j’ai beaucoup d’ecchymoses sur les bras, les jambes et les genoux à cause de la torture. Des contusions ouvertes sur les mains et les poignets. J’ai toujours un traumatisme crânien. J’ai des plaies ouvertes sur les jambes aussi. La plupart du temps mon urine est sanguinolente, j’ai d’atroces douleurs à la bouche quand que je mange, ma poitrine, mes côtes, mes bras, mes jambes … chaque partie de moi me fait souffrir.
Ce n’est pas la première fois que les autorités exigent des militants en Azerbaïdjan de présenter des excuses pour leurs actes devant des monuments de Heydar Aliyev et d’y déposer des fleurs. Comme James C. Scott l’a mentionné, « Le remord, les excuses, demander pardon, et globalement, effectuer des amendes symboliques, sont un aspect bien plus fondamental dans presque tous les processus de domination, que la punition elle-même. Ce qu’offrent tous ces acteurs (à travers les excuses) est une démonstration de l’affirmation discursive par le bas, ce qui est d’autant plus utile, car elle contribue à l’impression que l’ordre symbolique est volontiers accepté par ses membres les moins favorisés. »
Les Aliyev ont appauvri la nation et exploité des personnes, ainsi que les ressources du pays pour leur propre bénéfice pendant plus de deux décennies. Pendant ce temps, ils ont été intolérants à toute dissidence politique, et ont sévèrement opprimé les dissidents, usant de leur dispositif de sécurité massif.
Nous appelons à la solidarité de nos camarades d’Europe et d’ailleurs pour Bayram et Qiyas et à protester contre leur détention illégale et la torture, devant les ambassades et consulats azerbaïdjanais de vos pays, exigeant leur libération immédiate.

** cette vidéo a été transmise par la Confédération les İmmigres des Opprimes en Europe