Doel (Belgique) : ouvrir une vanne pour stopper la centrale nucléair

 

Sabotage de la centrale de Doel : « Nous soupçonnons une intention criminelle »

RTL, 08 Août 2014 18h29

La perte d’huile survenue mardi à la centrale nucléaire de Doel 4 relève d’une manœuvre manuelle et délibérée, a indiqué vendredi le patron de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), Jan Bens. Il n’est toutefois pas encore certain qu’il y ait eu intention criminelle.

La fermeture inattendue de la centrale Doel 4, mardi dernier, est due à une perte d’huile de la turbine à vapeur dans la partie non-nucléaire de la centrale, indique Electrabel dans un communiqué jeudi. L’incident provient d’une intervention manuelle volontaire.

L’AFCN a imposé plusieurs exigences à l’exploitant Electrabel et a également contacté l’instance chargée de délivrer les attestations de sécurité au personnel.

« Il y a eu une manœuvre manuelle, délibérée afin de faire couler l’huile. Comme nous soupçonnons une intention criminelle, le parquet de Termonde a été sollicité« , a ajouté M. Bens, qui par le passé dirigeait lui-même la centrale.

Les caméras ne voient pas tout

« Le site est équipé de nombreuses caméras mais celles-ci ne voient pas tout. Plusieurs centaines de personnes ont accès à la zone technique, où les faits se sont déroulés. Le parquet mène l’enquête avec notre aide. L’interrogatoire du personnel doit encore commencer. »

Jan Bens s’est déplacé en personne vendredi jusqu’à Doel pour se concerter avec la direction. Des mesures supplémentaires ont été imposées par l’AFCN à l’exploitant Electrabel. « Je ne peux pas communiquer à ce sujet tant que le contrôle interne n’est pas renforcé« , a-t-il précisé.

Identification avec un badge

Il n’exclut pas que parmi les centaines de personnes qui ont accès à la zone technique, il y ait aussi des travailleurs qui puissent pénétrer dans des zones plus sensibles (nucléaire…). La centrale est toutefois subdivisée en plusieurs zones, entre lesquelles travailleurs et entrepreneurs doivent s’identifier avec un badge.

L’Agence a également pris contact avec l’Autorité nationale de sécurité (ANS), l’instance chargée de mener les enquêtes de sécurité auprès du personnel et des entrepreneurs et de délivrer dans la foulée les attestations ad hoc.


Ouverture de deux enquêtes sur l’arrêt de Doel 4

L’Echo, 16:43 – 08 août 2014

L’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) et le parquet de Termonde ont chacun ouvert une enquête sur l’arrêt inattendu de la centrale nucléaire de Doel 4 mardi après une perte d’huile de la turbine à vapeur dans la partie non-nucléaire de la centrale. Il s’agit de déterminer si cet arrêt résulte d’une erreur accidentelle ou délibérée.

L’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) et le parquet de Termonde ont chacun ouvert une enquête sur l’arrêt inattendu de la centrale nucléaire de Doel 4 mardi, selon des informations de VTM confirmées par l’AFCN et le parquet vendredi.

Le personnel de Doel 4 est actuellement interrogé par l’AFCN. « Presque tous nos enquêteurs sont sur place« , confirme une porte-parole de l’Agence. « Ils interrogent tous les membres du personnel, en commençant par les personnes présentes sur les lieux juste avant l’incident. Leur présence peut être connue avec exactitude grâce au système de pointage des badges.« 

Le parquet a lui aussi décidé d’ouvrir une enquête « Un procès-verbal a été dressé », confirme le magistrat Jurgen Coppens. D’après VTM, un conseil d’entreprise exceptionnel est également en cours. La centrale nucléaire de Doel 4 a été mise à l’arrêt de manière inattendue mardi matin à la suite d’une perte d’huile de la turbine à vapeur dans la partie non-nucléaire de la centrale. L’AFCN et le parquet ne négligent aucune piste et cherchent à déterminer si cet arrêt résulte d’une erreur accidentelle ou délibérée.

L’AFCN, qui après l’incident, s’est rendue sur place pour effectuer les constats nécessaires, parle « d’indications » que le réservoir d’huile ne s’est pas vidé suite à un défaut technique, et ajoute que les recherches continuent. Le producteur d’électricité, lui, est plus affirmatif.  »Après analyse, il apparaît que l’’incident provient d’une intervention manuelle volontaire sur la vanne de décharge du réservoir d’huile« , indique Electrabel dans un communiqué. En fait, ce réservoir contiendrait 90.000 litres d’huile, et est équipé d’une vanne permettant de le vider en cas d’urgence – un incendie par exemple. Or, cette vanne était ouverte, et ce ne peut pas être le fruit d’un accident.

Electrabel ajoute qu’il évalue avec les autorités compétentes « toutes les suites qu’il convient de donner à cet incident« . Déjà, le niveau de sécurité autour des deux centrales nucléaires belges, à Doel et à Tihange, a été relevé, apprend-on. Si le sabotage se confirme, le dossier sera bien entendu transmis au parquet.

Pour le reste, les équipes de la centrale continuent d’examiner les dégâts sur la turbine et les mesures à prendre pour relancer Doel 4 en toute sécurité et dans les meilleurs délais. On ignore quand le réacteur pourra redémarrer. Sur son site « Transparency », la maison-mère d’Electrabel, GDF Suez, évoque la date du 18 août – mais c’est une date qui est susceptible d’évoluer. Il n’est pas exclu que les dégâts à la turbine soient importants.

Si Doel 4 venait à faire défaut cet hiver, alors que Doel 3 et Tihange 2 sont toujours à l’arrêt, la Belgique connaîtrait de sérieux problèmes d’approvisionnement en électricité.