Les Luddites et L’usure du  » Vieux monde » (Association contre le nucléaire et son monde)

 

L’existence de l’État et l’existence de l’esclavage sont inséparables. »
Karl Marx
L’énergie nucléaire, sa gestion et sa contestation forment un miroir grossissant du chaos
dans lequel se débat la société moderne. Ellesmontrent aussi les rapports de force dont cette société est l’enjeu. Or il apparaît clairement que l’affaiblissement des nucléocrates ne correspond pas à un renforcement de leurs ontestataires.Si les rapports de force ne fonctionnent pas demanière inversement proportionnelle, comme lesplateaux d’une balance, c’est que le nihilisme de l’époque engendre des appels désespérés à des arbitrages étatiques.
                     Du « vieux monde »
La notion de « vieux monde » élargit et approfondit celle d’Ancien Régime. Elle signifieque l’affranchissement des sujets envers deshiérarchies de type féodal ou royal est un pas insuffisant de l’émancipation humaine. Ceuxqui s’opposent au « vieux monde » savent queles nouveaux régimes fondés sur des constitutions politiques issues des premiers assauts révolutionnairesn’ont pas achevé, mais recomposé,les inégalités sociales sur lesquelles se fondent les dominations et les soumissions. Les utopiesspatiales dont le « Nouveau Monde » de la révolution américaine auquel faisait écho la formule de Saint-Just selon laquelle « le bonheur est uneidée neuve en Europe » furent dépassées par les utopies temporelles animées par les luttes qui segénéralisèrent au xixe siècle. Ces luttes contre la dépossession des existences humaines et lesnouvelles formes de servitude que les organisationsde travail liées à l’universalisation des relationsmarchandes instaurèrent atteignirent leurslimites au xxe siècle. Les perspectives qu’elles ouvrirent se refermèrent par la répression etl’encadrement étatiques. C’est ce que signifiaitl’expression « vieux monde » – qui était censé nepas rattraper le manifestant de 1968 – quand, ily a cinquante ans, il s’agissait d’abattre le mythe des deux « hommes nouveaux », l’un prolétarien et producteur, l’autre libre et consommateur,érigés en modèles alternatifs communiste ou occidental.Ces utopies temporelles doivent à leur tourêtre dépassées, et ce dans un contexte où la dépossession des existences humaines s’est étenduejusqu’au plus loin des centres de production.Le xxie siècle nous montre le « vieux monde »plongé dans une réalité que le plus lucide des révolutionnaires d’il y a cinquante ans envisageait à peine. Les idéologues qui, dans leurs théories, présentaient précédemment la crise économique comme cyclique et passagère conviennent peu à peu qu’elle est devenue perpétuelle. La survie assistée technologiquement va ouvertement de pair désormais avec l’isolement et la déstabilisation continue des moyens de subsister. Les frontières géopolitiques sont ébranlées par la montée de mouvements théocratiquesguerriers, high-tech et vidéophiles,résultant des retournements d’alliance que l’exportation militaire de la démocratie marchandea engendrés. Sur fond de guerre énergétique,l’ennemi générique de la démocratie marchande est maintenant doté des traits hideux d’une infernale religion sanguinaire et non plus des attraits mensongers de l’avenir égalitariste promis par le paradis militarisé du communisme d’État. Ce nouvel ennemi sert de faire-valoir d’autant plus efficace à l’organisation sociale hégémonique quivoudrait neutraliser toute critique.L’obscurantisme religieux étant compatible avec l’aveuglement scientiste, les États moyen-orientaux parient sur la construction de centrales nucléaires. Pendant que les États-Unis négocient « l’indépendance » nucléairede l’Iran, l’Arabie saoudite et quelques émiratspromettent d’acheter des EPR à la France. La Turquie projette la construction pour 2017d’une centrale de quatre réacteurs ATMEA-12(petit frère de l’EPR) à Sinop, au bord de la merNoire – dans le cadre d’un partenariat auquel participent AREVA, Mitsubishi et EDF dont leprojet est validé par l’IRSN (Institut de radioprotectionet de sûreté nucléaire) et l’ASN (Autoritéde sûreté nucléaire) –, et d’une autre de quatre réacteurs russes à Mersin, prévue pour 2020 au bord de la Méditerranée. Dans ces deux régions,le programme est contesté par les populationsLa mise en scène des dangers est devenue un exercice obligatoire désormais, tant ils se réalisent. La conscience du désastre est maintenant généralisée. Fini la période éphémère oùl’écologie frayait avec les idéaux révolutionnaires.Aujourd’hui, cette idéologie verte est partagéepar les administrateurs du désastre. Leur incessantepropagande s’indigne quotidiennement de chacun de ces malheurs qu’eux-mêmes déniaient naguère. Ce sont les nucléaristes de Science et Vie qui titraient en septembre 2014 : « Accident nucléaire : comment la France s’y prépare ». Ce qui leur a valu la lettre ouverte restée à ce joursans réplique d’« Un irradié non consentant »lire page 7).La suite du texte peut être lue  par le PDF texte de l’ACNM en pièce jointe

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